Chapitre 21 : Lui ressembler

ShiroiRyu
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Sixième partie : Être un humain ou un monstre

Chapitre 21 : Lui ressembler

« Est-ce que tu peux arrêter de me suivre d’aussi près ? C’est vraiment perturbant là ! »

« Si tu me fais la promesse de ne pas chercher à t’enfuir, je veux bien arrêter cela. » répondit aussitôt le jeune homme alors qu’elle pestait intérieurement. Depuis qu’elle lui avait dit cela, au sommet de ce mont, il était encore plus à ses bottes qu’auparavant.

« C’est bon, c’est bon ! Je te fais la promesse alors maintenant, lâche-moi un peu d’accord ? »

« Soit … Je peux donc m’éloigner un peu sans risque de te perdre de vue. »

Pfffffffff ! Fatiguant ! Voilà ce qu’il était complètement ! Il était fatiguant et elle aimerait bien pouvoir souffler un peu car là, elle était exténuée par tout ça. Quelques heures s’étaient écoulées depuis qu’ils étaient descendus et il semblait savoir se rendre où il fallait. Le problème ? C’est qu’elle, elle ne savait pas. Et il n’avait pas voulu lui dire. Et ça, c’était plus énervant que tout le reste ! Néanmoins, elle prenait sur elle, cherchant à se contrôler. Avec … ce Gélator … Enfin, depuis qu’il avait changé, ça ne servait à rien de s’énerver, ça n’apportait que du malheur à l’heure actuelle.

« Nous allons nous reposer dans un coin tranquille. Là où nous rendons, normalement, il y aura un lac artificiel, crée pour les pokémons aqueux. Nous n’irons pas à côté mais nous resterons dans les environs pour nous abreuver. »

« Ah tiens ? Tu daignes enfin me dire où on va ? » répliqua t-elle avec ironie.

« Je pensais toujours te le dire … Je ne vois pas pourquoi je mérite ton dédain envers ma personne, Pygmalia. Simplement, il était inutile de te l’annoncer auparavant alors que les récents évènements … »

Un poing dans le visage et il se stoppa aussitôt, du sang s’écoulant de sa bouche alors qu’elle s’était mise à haleter de colère. Qu’il arrête … Qu’il arrête … QU’IL ARRÊTE MAINTENANT CAR SINON … CAR SINON …

« Stoppe cela … vraiment Pygmalia. Je suis peut-être bien gentil mais il ne faudrait quand même pas trop pousser. » annonça clairement Gélator en passant une main sur sa lèvre ouverte. Elle ne se retenait plus. Et elle semblait plus qu’énervée.

« J’arrêterais quand TU arrêteras, c’est bien compris tête de nœud ?! »

« … … … Je comprends. Je comprends vraiment … Je suis désolé, Pygmalia. Je suis juste un peu surmené et chamboulé par tout ce qui nous entoure. Je ne sais pas si tu saisis … que nous ne sommes plus que tous les deux. Le Microcosme Pokémon est coupé généralement du monde quand on ne chercher pas à communiquer. Ainsi, sans nos communications, il n’y a que peu de chances que des personnes viennent nous chercher avant un bon mois, le temps que les proches s’inquiètent du non-retour de ceux qui étaient ici. »

« Comme si mes parents étaient inquiets … » marmonna t-elle, comme calmée par les paroles de Gélator. Elle … Elle avait mal au crâne à force de tout cela … à force de le voir ainsi … mais aussi de toute cette histoire. Elle voulait retourner chez elle … Retourner voir Hémera qui lui manquait terriblement. Ses parents ? Même pas en rêve.

« Il ne faut pas dire cela … Samus … Hum … Ta mère doit se faire du souci pour toi. Il en est de même pour ton père. Pourquoi n’as-tu pas confiance en eux ? »

« Qu’est-ce que tu en sais de ma confiance hein ?! Et d’eux ?! Tu ne sais pas du tout ce qu’ils font … ou ce qu’ils ne font pas justement ! »

« J’ai visé un point sensible, je n’aurai pas dû. Pardon. Avançons avant qu’il ne soit trop tard. Il va sûrement faire nuit bien assez tôt … si le Microcosme Pokémon n’est pas trop déréglé. »

Et maintenant, c’était un long mutisme qui s’était installé entre eux. Plus aucune parole, plus aucune réaction, ils ne se parlaient plus. Ce n’était pas qu’elle était gênée ou autre … Simplement, après cette longue discussion, elle n’avait plus rien à dire. Quelques heures plus tard, la nuit était tombée et ils se retrouvaient à trois à cinq cents mètres du fameux lac artificiel dont parlait Gélator. Néanmoins, chanceux ou non, aucun pokémon ne venait les déranger. Ils allaient pouvoir souffler un peu. Le jeune homme était parti récupérer de la nourriture, laissant son Grotadmorv pour protéger Pygmalia. Protéger, protéger, protéger, il n’avait que ce mot là à la bouche ou quoi ? Elle n’était pas complètement idiote non plus ! Pendant qu’il n’était pas là, elle s’était mise assise, les jambes recroquevillées contre son ventre tandis qu’elle fermait les yeux à moitié. Mais au moins … Au moins … Elle savait qu’elle n’avait pas à s’inquiéter d’être agressée maintenant.

C’était bête … mais elle se sentait en confiance et tranquille. Le Grotadmorv n’était pas n’importe quoi comme pokémon … Elle le savait parfaitement, c’était peut-être pour cela qu’elle se sentait bien. Ah … Bon … Ses yeux clos, elle ne se préoccupait plus de rien, laissant passer le temps qui s’écoulait en attendant que Gélator revienne. Ce n’était pas forcément … déplaisant que le jeune homme soit devenu ainsi. Oh … Il y avait toujours des choses qui lui donnaient envie de mettre des claques dans sa tête mais … cette nouvelle personnalité était plaisante en même temps. Oh … Il pouvait toujours rêver pour qu’elle le lui dise en face.

Elle finit par s’endormir, semblant soulagée ou apaisée d’après son visage. Plus tard, le jeune homme revint avec quelques morceaux de viande ensanglantés. Visiblement, il les avait récupérés sur une chair plus que fraîche. Il déposa la viande sur le sol, repartant en hochant la tête en direction de son Grotadmorv. Plusieurs allers et retours, voilà qu’il ramenait du bois et de l’eau dans les bouteilles issues des sacs qu’ils portaient. Enfin, lorsqu’il termina d’allumer un feu, il s’approcha de Pygmalia, la secouant légèrement.

« C’est l’heure de se réveiller, Pygmalia … Si tu dors maintenant, tu vas passer une nuit blanche, tu ne le veux quand même pas ? »

« Hum … Qu’est-ce que … C’est qui ? Hum … Merci … Gélator. » marmonna l’adolescente aux cheveux argentés, se frottant les yeux, à moitié encore endormie.

Elle mit une main devant sa bouche, n’arrivant pas à croire qu’elle ait dormi de la sorte dans une telle situation. Elle regarda le jeune homme, remarquant un faible sourire sur ses lèvres, un sourire … comme un ange gardien. Elle rougit légèrement, reprenant :

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? Je suis ébouriffée ou quoi ? Ça ne se fait pas de m’observer comme ça, je ne suis pas un phénomène de foire non plus. »

« Oh rien du tout … Si tu viens de te réveiller, tu n’auras peut-être pas trop faim mais j’ai pris des herbes comestibles, je te le promets. Tu peux aussi avoir de la viande. »

« De la viande ? Où est-ce que tu as trouvé de la viande ? » demanda t-elle sur un ton légèrement incrédule, prenant un morceau avant de le planter sur un épais morceau de bois. Il commença à le faire chauffer au-dessus du feu, disant :

« Dès que tu auras goûté, je te le dirai, d’accord ? Nous n’allons pas nous mettre en colère. »

Hum ? Le ton était plus doux qu’auparavant et aussi naturel que d’habitude. Elle hocha la tête positivement, un peu surprise. D’accord … Si c’était ce qu’il voulait … Lorsque le morceau fut assez cuit, il tendit la viande à Pygmalia qui l’observait avec interrogation. Elle souffla sur le morceau, arrachant un bout avec ses dents avant de le mastiquer. C’était plutôt bon … n’est-ce pas, fit muettement le visage de Gélator.

« C’est même fameux. Comment ça se fait ? On dirait que tu as cuit la viande parfaitement. » dit-elle en s’exclamant un peu de joie.

« Ce n’est pas la cuisson qui est parfaite mais la viande à la base. »

« Alors ? Qu’est-ce donc ? » demanda Pygmalia, espérant une réponse. Pourtant, il attendit qu’elle termine sa viande avant de lui répondre :

« De la viande d’Ecremeuh. Ne sois pas offusquée mais je n’avais pas le choix. Nous ne pouvions pas nous nourrir exclusivement d’herbes. Le corps humain a besoin de beaucoup plus de nutriments que cela. Est-ce que tu m’en veux d’avoir tué une Ecremeuh ? »

« Hein ? Pas du tout. Tant que tu as vérifié que l’Ecremeuh n’était pas contaminée ou qu’elle n’était plus infectée, ça me suffit. »

De toute façon, si cela était le cas, c’était trop tard. Elle serait déjà morte car consommée de l’intérieur. Devant le regard étonné du jeune homme, elle comprit qu’il s’était attendu à ce qu’elle s’emporte pour un tel acte. Elle se gratta derrière l’oreille, marmonnant :

« Je suis pas un monstre non plus. Je ne m’énerve pas pour un rien. »

« Je ne pensais pas cela. Enfin … Peut-être que si. Reposons-nous, notre excursion pour ta survie n’est pas encore terminée, loin de là. »

« Si tu le dis … Enfin bon … Ma survie, ma survie … Tu ne parles que de moi. »

Et quand c’était ainsi, ça lui rappelait ce que sa mère lui racontait lorsqu’elle n’était qu’une enfant … Dans les rares moments où ses parents étaient là … Et où elle ne s’était pas encore mise à les détester … Sa mère le lui disait souvent … Que son père était un imbécile qui n’avait guère peur pour sa vie, simplement celle de la femme qu’il aimait et des autres personnes chères à son cœur. Ah … Ses parents …

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