Chapitre 76 : Une décision difficile

ShiroiRyu
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Sixième axe : La fin d’une monarchie

Chapitre 76 : Une décision difficile

« Roi Theor ? Que comptez-vous faire pour réparer tout cela ? »

« Grand prêtre, cela n’est pas de votre gouverne et n’a aucune relation avec la déesse Zélisia. »

« Je m’excuse mais je reste potentiellement inquiet de la tournure des événements à Shunter. »

« Pourquoi cela ? Bien que les rebelles soient nombreux, le noyau dur de mes armées reste toujours soudé et loyal. De plus, les rebelles continuent de perdre les territoires qu’ils tentent de récupérer. Ce n’est qu’une question de semaines avant que la révolte ne s’arrête. »

« Qu’est-ce qui vous faire croire cela, roi Theor ? »

L’homme qui était un genou au sol devant le monarque n’avait rien d’un soldat ou d’un noble, non. Tout simplement de blanc vêtu avec quelques parures assez sobre, l’homme avait acquis un certain âge tout en fixant le roi de son regard.

« Tout simplement que ça ne sera pas la première révolte menée et que ça ne sera pas la dernière. De plus, j’ai déjà été de l’autre côté de la barrière et je sais alors comment tout cela se passe. Ils ne peuvent pas me surprendre. »

« C’est exact. Vous étiez le général de votre père avant de devenir le roi, il ne faut pas l’oublier. Beaucoup ne s’en rappellent guère. »

« Et peut-être qu’au final, les évènements du passé vont se reproduire. »

Hum ? Le grand prêtre releva le visage, clignant des yeux plusieurs fois en écoutant la voix fatiguée du roi Théor. Celui-ci poussa un profond soupir avant de se lever de son trône :

« La réunion avec les généraux va bientôt commencer. Vous allez pouvoir disposer. »

« Comme vous le désirez, roi Théor. Néanmoins, j’ai une petite chose à vous dire. »

« Et quelle est donc cette chose qui doive me retarder de ma réunion ? »

« Tout cela ne se serait jamais produit, vous le savez ? S’il n’y avait pas eut cette idée de sacrifier votre propre fille pour calmer les troupes ennemies. »

« Tout cela ne se serait jamais produit si j’avais décidé de ne pas m’intéresser aux différents médaillons de ce monde. Tout cela sous vos conseils, grand prêtre. N’oubliez donc pas votre position, il vaut mieux pour vous. »

« Il est vrai que mes paroles peuvent paraître agressives, j’en suis fort désolé, Roi Theor. »

Vraiment désolé ? Le roi leva un sourcil suspicieux alors qu’il commençait à faire quelques pas, passant à côté du grand prêtre qui restait sur sa position, tête baissée. Il n’osait pas la relever et il valait mieux pour lui éviter de le faire tant que le roi était là.

Celui-ci quitta la salle du trône, laissant seul le grand prêtre qui prit une profonde respiration, comme soulagé qu’il ne se soit pas fait mettre aux arrêts par le roi. Il finit par se redresser, murmurant pour lui-même :

« Bien sûr que oui. Les médaillons étaient tous réunis. Il fallait juste en profiter, rien de plus. Et pourtant, même cela est difficile. C’est désolant. »

Mais qu’importe, l’objectif principal avait été accompli et pour cela, il ne pouvait qu’exprimer sa gratitude envers ceux et celles qui avaient réussi à tous les réunir. Grâce à eux, les créatures légendaires avaient fini par se réveiller.

« Et dire que tout cela est au final bien arrangeant pour tout le monde, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas mais bon … Je ressens leurs présences dans le royaume. Cela veut dire qu’ils sont finalement arrivés. » répondit une seconde voix, aussi chevrotante que celle du vieil homme, celui-ci continuant les paroles de cette voix :

« Les événements des prochaines semaines risquent de chambouler le monde entier. »

« Mais nous ne sommes que spectateurs, pas acteurs, de tout cela. »

« Je pense que cela peut s’arranger très facilement, non ? » vint dire calmement le vieil homme avec lenteur, l’autre voix émettant un petit rire, comme amusé par sa réponse. C’était le cas, c’était bien ça … ils pouvaient facilement devenir acteurs de ce futur acte.

Ailleurs, dans le royaume de Shunter, au beau milieu d’une plaine, le groupe de huit personnes marchait à pas lent, regardant autour d’eux et derrière eux tandis que Tery menait toute la petite troupe dans un silence presque religieux. Nul ne parlait tandis qu’il fronçait les sourcils, comme pour observer au loin.

« Intéressant … j’ai l’impression que d’autres personnes sont passées récemment. Regardez les branches cassées … cela nous permet de … »

« On peut aussi voir les traces de pas, Tery. Au lieu de te donner un air savant qui ne te convient pa du tout, qu’est-ce que tu en dis ? »

Il eut un petit rire embêté. C’est vrai, elle n’avait pas tort du tout. C’était plutôt l’inverse … Ah … Vraiment … Il plaça une main sur son front avant de soupirer :

« J’aurai aimé pouvoir me vanter de quelque chose une fois dans mon existence. Je ne t’en remercie pas alors, Manelena. Pour ne pas changer … ah vraiment … »

« De rien, j’aime bien rendre sévice dans ce genre de situations. » s’exprima tout simplement la femme aux cheveux argentés alors qu’il haussait les épaules comme si de rien n’était.

Puisqu’elle voulait titiller son amour propre, autant ne pas chercher à la contredire. Il n’avait pas que ça à faire, loin de là. Il regarda tout simplement à nouveau le décor puis décida de marcher vers l’est, à l’exact opposé des traces de pas. Autant éviter de rencontrer des personnes qui n’étaient pas forcément bien intentionnées.

« Nous pourrions nous rendre au village de Leskar, tu en dis quoi, Tery ? »

« C’est une mauvaise idée, Elen. Même si je sais bien que les gens là-bas ne diraient rien à mon sujet, il en est pas de même pour les gardes qui doivent sûrement patrouiller autour. pMême si ça commence à dater, ils sont toujours sur le qui-vive et prêts à nous prendre en chasse. Nous ne sommes toujours pas acceptés ici, je tiens à te le rappeler. »


Il avait pris la parole avant que Manelena ne lance cette réplique car ils étaient autant d’accord l’un que l’autre sur ce point : c’était trop risqué que de rencontrer d’autres personnes. Surtout avec un groupe aussi grand que le leur.

C’était de la pure folie. Mais au moins, ils étaient dans Shunter et comme auparavant, ils envoyaient Elise et les autres prendre des informations. Ils étaient toujours coupés en deux groupes dans ces moments :lui, Elen, Clari et Manelena d’un côté. Royan, Elise, Sérest et Séran de l’autre. Mais au moins, cela permettait à chacun et chacune de se rendre utile. Car il était vrai que cela pouvait être blessant pour Royan … de ne pas être comme eux.

Mais bon, Royan le prenait bien. En fait, il donnait même l’impression de ne pas en avoir grand-chose à faire. Peut-être qu’il se faisait des idées ? Oui, c’était sûrement ça. Bah ! Quelle idiotie de sa part. Vraiment, à ne pas faire attention, ça lui apprendra. Il leva la main en direction du ciel avant de dire calmement :

« Il est l’heure de faire une pause. Je pense que l’on a assez marché pour la journée. »

Tous acquiescèrent. Ce n’était que le début de l’après-midi. Ils pouvaient facilement reprendre la route dans une heure ou deux, le temps de quoi manger et boire. Mais ce n’était pas suffisant pour rassurer Tery qui était songeur.

« Sincèrement … comment on va faire pour avoir des nouvelles ? D’ailleurs, par quoi est-ce que vous voulez commencer ? J’envisageais d’avoir des informations au sujet des rebelles mais ce n’est pas suffisant … je ne vais pas me présenter à eux. »

« Des fois, la solution la plus stupide peut être pourtant la meilleure. »

« Hein ? Tu ne veux pas que … l’on fasse ça, Manelena ? » demanda Tery, la regardant avec étonnement, clignant des yeux pour être sûr d’avoir bien compris.

« Je préférerais éviter car ton idée est vraiment très stupide. »

Ah, bien entendu. Si elle le dit, c’est que c’est vrai. Il poussa un léger soupir désabusé. Pourquoi se compliquer la vie pour des choses aussi futiles ? Bon, il valait mieux qu’il réfléchisse à un autre moyen pour avoir des informations sur les rebelles. Mais pour le moment, il valait mieux qu’ils mangent tous un morceau.
Le déjeuner fût assez silencieux, Tery étant songeur. Une solution pour communiquer avec les rebelles … une solution. Hmm, pour le moment, il n’en avait malheureusement aucune idée. Rien ne lui traversait l’esprit alors qu’il avançait avec lenteur par rapport à tout ça. Il ne cherchait même pas à faire la communication avec le autres, ni Elen, ni Clari. C’était compliqué, vraiment très compliqué. Il marmonna quelques mots pour lui-même.

« Qu’est-ce que tu dis, Tery ? »

« Rien du tout, Elen. Rien du tout. Rien de bien important. Mangeons, mangeons. »

Réfléchir alors à autre chose. Aller dans une taverne ? Une auberge ? Comme d’habitude ? Non, ils étaient à Shunter et ils seront facilement repérables. Il ne doit pas se faire d’illusions. S’ils se font attrapés, ça en est fini. Il ne peut pas se le permettre, c’est trop risqué.

Alors quoi ? Quoi faire exactement ? Il n’en a strictement aucune idée alors qu’il met devant sa bouche pour commencer à bailler. Ne pas trouver de solution, ça le fatigue, ça l’use et ça lui donne envie de ne plus rien faire. Mais il ne peut pas se l’autoriser.

« Je me disais, comme je suis une ancienne serveuse, il me sera moins difficile d’obtenir des informations dans les villages où nous allons. Disons que contrairement à vous autres, je n’ai pas vraiment ne personnalité qui impressionne. Et je pourrais utiliser mes charmes féminins pour permettre à quelques langues de se délier. »

« Je refuse cela, mademoiselle Elise. Vous n’êtes pas un morceau de viande qu’on ira jeter à d’autres personnes pour obtenir ce que l’on désire. Mon sang royal ne l’autorise guère. »

« Oh … Euh … Ce n’était qu’une idée comme ça, rien de plus, prince Royan. »

« Oh, oui, sûrement, ce n’était qu’une idée comme ça, Royan. Il ne faut pas trop croire à toutes choses, tu sais ? » répéta Clari avec une petite voix fluette et douce, comme amusée.

« Quelles sont ses insinuations douteuses, Clari ? Je n’aime pas cela. »

« Je n’insinue rien du tout, Royan. Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Mes réactions ? Elles sont pures et innocentes, rien de plus, rien de moins. »

L’adolescent aux cheveux bleus émit un grognement de mécontentement avant de plonger dans le mutisme. Sérest et Séran souriaient en sa direction, Elen s’adressant à Elise :

« Je pense qu’il vaut mieux éviter tout ce qui est charme et autres. On n’a pas besoin de ça. On est quand même mieux que ça. On ne nécessite pas de telles choses. Ne t’en fait pas ! »

« Je ne faisais que proposer, rien de plus. Si ce n’est pas apprécié, ce n’est pas grave. Mais oui, on va trouver une autre solution, je vous fais confiance. »

« Oh que oui, y a tellement d’autres façons, tu n’as pas à t’en faire, je dirais ! »

Voilà qu’Elen était en train de rassurer la demoiselle aux cheveux flamboyants. Oui, elle n’avait pas à s’en faire le moins du monde toute cette histoire. Elle n’avait qu’à patienter. Ils finiront bien par trouver de quoi obtenir ce qu’ils désirent.

Mais pour ça, ils allaient devoir se concentrer un peu plus … et ce n’était pas une chose très simple, loin de là. Hum … Elle remarquait que Tery n’avait pas décroché un mot depuis maintenant une bonne quinzaine de minutes. Il n’était pas vexé par les propos de Manelena hein ? C’était un grand garçon, il valait mieux que ça !

Bon, les deux heures de repos s’écoulèrent rapidement et il fut le premier debout. Avec une extrême lenteur, ses yeux fixèrent Manelena, comme pour l’étudier. Celle-ci se posa la question de savoir si le jeune homme lui en voulait vraiment pour ce qu’elle avait dit.

« On peut être à la maison mais au final, ça ne changera rien. Je suis condamné comme Manelena et Clari à ne pas pouvoir me reposer dans un village. »

« C’est le moment sentimentaliste, Tery ? Car si c’est le cas, évitons de continuer ça et allons plutôt nous mettre à refaire quelques kilomètres de marche. »

« Des kilomètres ? Je dirais plutôt quelques dizaines, on ne va pas s’arrêter en chemin. Je tiens à prévenir tout de suite. On se reposera, peut-être … mais on va essayer de se rapprocher de plus en plus de Midès. Peut-être pourrions nous aller dans la forêt où nous avions été une fois, Manelena ? Tu sais, avec ce … Glumarx je crois ? Le truc gélatineux et super grand, qui est en fait acide et qui fondre tout ce qu’il touche. »

« Et donc être plus à la portée des soldats du roi qui n’auront alors qu’à nous cueillir, c’est bien ça ? Mais est-ce que cela t’arrive de réfléchir, Tery ? Enfin bon … On va faire comme ça. Ca sera peut-être aussi plus simple d’avoir des informations. Et ça ne serait pas étonnant que quelques rebelles se trouvent dans les environs. »

« On pourra alors chercher à converser avec eux, non ? Ca me paraît pas mal. »

« On pourra, oui … on pourra. » soupira Manelena en plaçant une main sur son front, comme pour l’éponger alors qu’elle n’était pas en sueur.

Hmm, est-ce qu’il était en train de l’agacer sans même le remarquer ? Nullement. Mais le souci, c’est qu’ils restaient sans aucune information sur ces rebelles. Tout le monde était suspicieux et gagner la confiance d’une personne était presque impossible.

« Qu’est-ce que tu fais maintenant, Tery ? Bouges tes fesses ! »

« Oui, oui, pas besoin de crier, tu sais que je t’entends hein ? Tu n’as pas besoin de t’exciter non plus. Vraiment … des fois … Non, qu’est-ce que je raconte ? »

Il était un peu perdu et en retrait alors que c’était lui qui devait diriger les autres. Il plaça une main sur son crâne, le massant à son tour après le geste de Manelena. Bien sûr, il devait se remettre en action et vite !

Voilà, un premier pas puis un second et il était là, en train de tous les guider. Pas de forêt, juste un chemin de terre. Parfois, ils rencontraient des charettes, des marchands mais aucun voleur n’osait s’en prendre à eux, même s’ils étaient en bande. Cela serait trop risqué.

Beaucoup trop risqué pour eux, bien entendu. Ils étaient huit, dont un prince, deux démons et plusieurs adeptes de Zélisia et Alzar. Ca serait tout simplement de la pure folie que de chercher à les affronter. Ah … Bon, les autres, ils avançaient eux aussi ? Il avait finit par s’arrêter brièvement, regardant maintenant à l’horizon tout en déclarant :

« On a encore beaucoup de chemin avant Midès. Au moins plusieurs jours. »

Manelena s’apprêtait à lui faire une remarque mais s’arrêta dans son geste. Pourquoi chercher la provocation ? Surtout si elle était complètement inutile. Juste qu’il n’y avait pas besoin de préciser la durée avant d’aller jusqu’à Midès. Ils étaient bien assez loin et ils connaissaient, pour une partie d’entre eux, la distance jusqu’à la capitale de Shunter.

« Vous me le confirmez ? Est-ce vrai ? »

« Sûr et certain. Par contre, les hommes du roi sont eux aussi au courant et se sont mis en quête de les trouver. Il y a des chances que le roi lui-même lance un appel. »

« Tsss, c’est problématique si ça doit arriver. Il faut que vous nous teniez au courant à ce sujet. Où sont-ils ? Est-ce que l’un d’entre nous a déjà tenté de nouer le contact ? »

« Ils semblent se diriger vers la capitale. Peut-être pour rencontrer le roi ? Ils posent aussi quelques questions au sujet des rebelles. Mais qu’est-ce que nous devons faire ? Les laisser nous contacter ou non ? C’est très dangereux et on ne sait pas si on peut leur faire confiance, non ? Ca serait très difficile. »

« Ce n’est pas à toi de décider cela ou de le proposer. Ca ne te regarde pas ou alors qu’à peine. Néanmoins, tu ne fais que confirmer ce dont beaucoup doutaient : ils sont de retour et en tant que tel, la situation dans Shunter va arrêter de stagner. Un camp ou l’autre va finir par prendre le dessus. Mais pour cela, il faut que nous arrivions à les convaincre de nous suivre. »

« Qu’est-ce que nous faisons alors ? Prévenir les autres camps de rebelles ? »

« C’est bien ça. Envoyez des lettres à tous et à toutes. Que cela soit fait dans les délais les plus brefs. Plus vite les autres camps seront sur le qui-vive, plus vite nous pourrons réagir en conséquence. Tu peux partir de la tente. »

L’homme s’inclina devant un autre, assis devant une table tandis que plusieurs papiers étaient déposés dessus. L’homme en prit un, respirant puissamment avant d’expirer :

« Dire que nous les suivions depuis tous ces mois. Avec les assassins envoyés par les nobles qui veulent renverser le roi en éliminant sa fille, c’était une chose facile que de se tenir au courant. Mais de là à ce qu’ils viennent jusqu’ici … dire que nous n’avions plus aucune information après que les assassinés ne furent pas revenus de leur tentative … C’est étrange mais à quoi est-ce que joue l’ancienne princesse de Shunter ? »

Difficile de le savoir. Est-ce qu’elle venait récupérer son trône ? Aller voir son père et lui pardonner ? Non, après une telle trahison, il était tout simplement impensable qu’elle rejoigne son père. Venir avec les rebelles ? Peut-être …

« Impossible, ça serait de la pure folie … sauf si … »

C’était compliqué, bien plus compliqué qu’on ne pouvait le croire. Bien plus compliqué qu’on ne voulait le croire. Toute cette histoire arrivait simplement trop vite, beaucoup trop vite pour qu’ils puissent être prêts. Tous savaient qui était les responsables des morts des différentes créatures légendaires. Même si cela n’était pas de leur domaine, de telles informations leurs parvenaient. Alors pourquoi avoir abandonné contre la dernière ?

« Tout ça est trop étrange même si personne ne sait où elle se trouve. Généralement, ils arrivent à les attirer. Alors pourquoi celle-ci, ce n’est pas le cas ? »

Bah, les créatures légendaires, ça ne les concernait pas. Lui et son groupe n’avaient pas une tête à se mêler de toute cette histoire. Le plus important restait Shunter et ses habitants. C’était pour cela qu’il se battait du côté des rebelles.

Ailleurs, assez éloigné des villages et villes, au beau milieu d’une plaine, les tentes étaient déjà montées pour le groupe de Tery. Celui-ci était en train de préparer le dîner du soir, ayant récupéré un peu de viande sur un sanglier issu de la chasse. Manelena était revenue avec lui sur ses épaules. Malgré un tel poids, elle n’avait eut aucun mal à le ramener. Et même si cela faisait déjà plusieurs minutes que tout ça s’était déroulé, Elen marmonna :

« Visiblement, être de grande taille semble être bénéfique pour de telles charges. »

« Est-ce que tu as fait une remarque, Elen ? » demanda Manelena à la femme aux cheveux blonds, celle-ci haussant les épaules en soupirant :

« Je ne crois pas, non. Je devrais, tu penses ? »

« Il vaut mieux pas, ça serait bête qu’un accident soit si vite arrivé. »

« Et ça serait bête que ni l’une, ni l’autre, n’ait à manger si vous commencez tout de suite à vous disputer, que Manelena m’ait apporté le sanglier ou non. Au cas où, je tiens à rappeler que le sanglier, la viande est assez difficile à mastiquer à la base. »

« Comment ça ? Je dois être punie moi aussi ? Pour ses paroles à elle ? C’est quoi cette blague ? Je peux savoir ? » questionna Manelena une nouvelle fois, visiblement en colère.

« Ne t’emporte pas, Manelena, çe ne servirait à rien. Vous aurez à manger, qu’importe ce que vous dites ou faites, vous le savez parfaitement, non ? »

« Tsss, bien entendu. Pourquoi cela devrait changer ? Ce n’est pas comme si tu avais une mentalité qui se basait sur le principe de faire souffrir autrui. »

« Merci de me traiter de larve sans colonne vertébrale. »

« Pour une fois que je ne t’insulte pas, tu arrives à te plaindre quand même ? C’est maladif ou quoi ? Je vous jure, à croire que je vous traumatise. »

« A peu de choses près, je suis sûr que ce fut le cas de nombreux soldats, Manelena. Je te le dis en toute honnêteté, tu n’as pas à t’emporter pour ça hein ? » vint lui répondre Tery tout en commençant à servir le repas à chacun et chacune.

« Pourquoi est-ce que tu imagines que je vais m’emporter sur un fait certifié et véridique ? Il est normal que certains pensent à moi comme une tortionnaire ou un monstre. C’était le but désiré depuis le départ. Pas de familiarité avec autrui. »

« Et sous cette carapace se trouve une belle femme. » dit Tery. Oh, il vaut mieux qu’il se taise.

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