Chapitre 45 : Pour son bonheur

ShiroiRyu
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Chapitre 45 : Pour son bonheur

« Tu es sûr que tu as perdu ? Tu pourrais te régénérer je pense… Je ne peux pas garder plus longtemps cette aura autour de moi… »

Oui… Il allait pouvoir se soigner et tout allait recommencer une nouvelle fois. L’ambiance terrifiante et malsaine disparut après quelques instants, laissant cours aux soins d’Oricalk… qui n’arrivèrent pas ? Celui-ci posait une main sur le trou formé au niveau de torse, quelques morceaux de métal tombant au sol.

« Un bon roi sait reconnaître quand il doit abdiquer… Et c’est mon cas. »

« Abdiquer ? Abandonner ? Si tu es encore capable de te battre, tu devrais pouvoir… »

« Stop. Arrête-toi là, Alan. Cela suffit… Si j’ai décidé de me laisser mourir, ce n’est pas seulement parce que je ne peux plus me soigner mais parce que je suis plus nécessaire. Voilà tout. » annonça Oricalk en mettant sa main devant lui comme pour dire de ne pas s’approcher, le jeune homme aux cheveux blonds ayant fait quelques pas vers lui.

« Plus nécessaire ? Tu n’as plus besoin de vivre ? Tu ne vas pas te suicider quand même ?! C’est contre-nature ! »

« Et c’est toi qui lui dit ça, Alan ? Je te rappelle ce que tu as tenté de faire ? Ou tu préfères plutôt te taire ? De toute façon, on ne peut pas parler de suicide dans son cas… Il est déjà presque mort dès le moment où tu lui as donné ce coup… Je me trompe ? » demanda Mana en s’adressant à l’intéressé.

« Je l’ai pourtant signalé… Et oui… Il n’est plus nécessaire pour moi de rester dans ce monde. Au final… Moi et Plitana, nous nous sommes trompés en un sens… Nous pensions que créer Chiss lui aurait permis d’être heureuse… Mais ce n’était pas le cas… Elle a déjà trouvé sa joie de… vivre mais ailleurs… Et ce n’est pas grâce à nous. »

Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Le jeune homme et la jeune femme regardaient Oricalk avec un peu d’appréhension. Est-ce qu’il était parti dans un délire pré-mortem ? Jamais ils ne s’en seraient douté… Pourtant, il semblait encore assez calme… A part que son trou s’élargissait et que son bras droit venait de se briser en une multitude d’éclats métalliques qui tombaient au sol.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Et c’est qui elle ? »

« La femme qui se trouve tout simplement à côté de toi. »

Hein ? Elle s’immobilisa, tout son corps se raidissant alors qu’elle était prise d’un spasme nerveux. Qu’est-ce qu’il racontait comme bêtise ?! Lorsqu’il se pencha en avant, une partie de sa joue droite s’effrita, une fissure apparaissant sous l’œil alors qu’il murmurait :

« Bonjour maîtresse… Cela faisait longtemps que nous nous n’étions pas vu… »

« Ce genre de blagues vraiment douteuses ne me fait pas du tout rire, Oricalk. Tu es un pokémon qui a participé à la bataille contre le Grand Spectre mais… »

« J’étais avec Plitana pour te protéger… Rappelles-toi que les pokémons psychiques… et leur propriétaire sont capables d’utiliser leur mental pour battre leur adversaire. C’est même pour cela que les humains peuvent utiliser des pouvoirs psychiques s’ils s’entraînent durement avec leurs pokémons. »

« Arrête tes bêtises… Tu n’es pas mon pokémon ! Je n’ai jamais eu de pokémons aussi stupides que toi ! Hahaha… Mes pokémons dirigeaient Chiss… Hahaha… Ce n’est pas possible, ne te fout pas de ma gueule ! Je déteste… Je déteste ça ! »

Si c’était le cas, elle se serait souvenue d’eux mais ça ne l’était pas ! Elle n’arrivait pas à se rappeler des deux pokémons qui étaient avec elle… pas avant maintenant… Pourquoi elle ne s’en rappelait que maintenant ?! Elle se tenait la tête entre les deux mains, tombant à genoux en regardant le sol tandis qu’Alan essayait de voir ce qu’elle avait.

« Ce monde… est notre façon à nous de se faire pardonner… car nous n’avons pas pu te protéger à ce moment-là… Plitana et moi… savions que tu voulais un monde comme cela… Même si ça n’a duré que quelques temps… »

Un monde comme ça ? Un monde en paix ? Elle serrait les dents, le flot de souvenirs revenant dans sa mémoire à une vitesse affolante. Elle s’en rappelait parfaitement… Elle parlait avec ses deux pokémons… Ses deux pokémons métalliques… Ses deux pokémons qui étaient ses seuls amis véritables… Les seuls à qui elle pouvait avoir confiance.

« Encore une organisation criminelle en moins… Combien… Non… Ca ne sert à rien. »

« Maîtresse ? Vous ne vous sentez pas bien ? »

« Plitana, aide-moi à la téléporter, nous l’emmenons ailleurs. »

Les deux pokémons n’étaient pas capables de s’exprimer normalement mais simplement par la pensée… Une pensée qui reliait les trois êtres entre eux. Elle s’était retrouvée allongée dans l’herbe, les bras tendus alors qu’elle observait le ciel de ses yeux rubis, ses longs cheveux gris étalés autour d’elle alors que ses deux pokémons restaient à côté d’elle.

« Je suis fatiguée… J’en ai marre… Regardez-moi… Je suis tachée de sang… C’est à peine si on aperçoit mon visage… »

« Ce n’est pas de votre faute maîtresse. Ces hommes ne voulaient pas vous écouter… »

« Oricalk… Les Hommes n’écouteront jamais les autres Hommes… Ca ne changera pas… même en plusieurs milliards d’années… Ca ne changera jamais… même si… J’aimerais parfois souffler un petit peu… »

Elle s’était allongée sur le côté, passant un doigt sur une tulipe avant de fermer ses yeux. Elle entendit quelques grondements, le Metalosse gris et l’Archeodong bleu venant se déposer au sol pour arrêter de léviter.

« Si seulement il était possible qu’un jour… Tout soit calme… Même pour une journée… Que je n’ai rien à faire… Rien du tout… Je n’ai aucune obligation… Je le sais… Mais j’aimerais vraiment qu’un jour, je puisse me dire : « Enfin… Ce monde est en paix. » »

Elle redressa son regard pour observer Oricalk… Oui… C’était bien son Metalosse à elle… Il n’y en avait pas deux comme lui… Mais… Mais… Le trou dans son torse… Elle posa ses yeux rubis sur Alan, celui-ci détournant le regard en murmurant qu’il était désolé.  Même si la phrase ne lui était pas destinée, Oricalk répondit :

« Ce n’est pas de ta faute… Tu ne pouvais pas savoir et j’ai décidé de me taire… comme Plitana. Il pensait nous manipuler… comme les autres… et même si tout ça n’est qu’une illusion… Je suis content d’être humain… »

Son sourire disparu, laissant place à la surprise alors qu’il penchait dangereusement sur le côté. Son pied gauche venait de se séparer du reste de son corps, alors que Mana criait son nom en le réceptionnant. Elle était en larmes, les mêmes gouttes ensanglantées qui s’écoulaient de son visage lorsque Plitana était morte… Elle s’en rappelait… C’était pour ça… qu’elle avait pleuré lorsqu’elle était morte… Même si sa tête était heureuse de la voir disparaître à cause de ce qu’elle avait fait à Alan… Son cœur en avait décidé autrement.
« Les pokémons… n’aiment pas voir leur maître triste… Et ce n’est pas parce que nous sommes faits… de métal et que nous sommes… psychiques… que c’est différent pour nous. »

« Arrête de parler… Vous êtes deux gros idiots ! Vous auriez du me le dire dès le départ ! »

« Et pourquoi cela ? Pour que tout recommence ? Encore et toujours ? Et puis… Cela se voyait avec Alan… Lui a réussi là où nous avons échoué… »

« Echoué ? Où est-ce que vous avez échoué ?! »

« A te rendre heureuse… J’ai pu le remarqué de nombreuses fois… Même Plitana m’a envoyé un dernier message mental… avant qu’elle ne meure… Nous sommes heureux de mourir… tant que c’est pour toi. »

« Mais quel bande de connards ! Vous êtes vraiment arriérés pour avoir des idées comme ça ! C’est ça votre conception du bonheur ?! »

« Mai… Maîtresse… Je ne devrais pas… vous tutoyer… Excusez-moi. »

Au diable les formalités ! Qu’est-ce qu’elle en avait à faire maintenant ?! Elle sentait la main gauche de son pokémon qui caressait sa joue pendant quelques instants avant de se désagréger. Elle… Elle ne voulait pas… Elle ne voulait pas de tout ça !

« Ca me sert à quoi un monde parfait si je n’ai pas ceux auxquels je tiens près de moi ?! »

« Vous… Vous avez cette personne… Elle est près de vous… Ca nous suffit… Alan est un garçon… sympathique… mais… Vous devez le protéger… »

« Me protéger ? Pourquoi ça ? Qu’est-ce qu’il y a avec moi ? »

« Ce n’est pas terminé… Celui qui est à l’origine de tout ça… Alan… Tu ne devrais pas le savoir mais… Ton âme a été préparée pour l’accueillir… Tu n’es qu’un simple corps utilisé pour réceptionner la créature qu’il tente de réveiller… »

« La créature ?! De quoi est-ce que tu parles ? Oricalk ! »

« Alan… Si… S’il… S’il te plaît… Ne le force pas… Je t’en prie. »

Il ne pouvait pas contredire les paroles de Mana… Surtout pas en ce moment… Mais qu’est-que ça voulait dire ?! Le second pied d’Oricalk se décomposa, son corps commençant à se désagréger au niveau de ses hanches. Néanmoins, il répondait à Alan :

« Il n’a pas apprécié… de s’être fait battre… Il a joué le jeu… Tout simplement joué le jeu… Son pouvoir est encore plus immense qu’auparavant… Tout ça n’est qu’une illusion… Mana… Nous sommes des pokémons… et nous le resterons à jamais… Nous ne pouvons pas devenir des humains… Jamais… Sauf si il est possible de nous réincarner. J’aimerai bien… qu’un jour… Je devienne un humain… Ou alors redevenir un pokémon… Je ne sais plus ce que je veux… Mais j’aimerai juste… que l’on se retrouve… comme avant… J’aimais bien… ces moments. Hahaha… »

Il eut un petit rire : Il venait dire qu’il aimait quelque chose. C’était bizarre… Mais il le pensait sérieusement… Mana restait près de lui, Alan se mettant à genoux à côté d’elle en passant une main dans ses cheveux.

« Alan… Tu es le seul qui pourra arrêter tout ça… Tu es le seul qui peut décider… Ca sera à toi de choisir… Je ne t’obligerais à rien. Tu as combattu et tu as gagné… »

« M’obliger à quoi ? De quoi est-ce que tu veux parler, Oricalk ? Dis-moi ! »

« ALAN ! Tais-toi un peu ! Tu ne vois pas que… »

« C’est bon… C’est bon… De toute façon… Il va venir… Il était toujours… derrière nous… Je faisais juste semblant d’ignorer… sa présence… Maîtresse… Je suis désolé… J’ai échoué dans ce que je voulais faire… Un monde parfait pour vous… Pardonnez-moi… »

Lui pardonner ? Elle ne savait pas trop… S’il n’était plus vivant… A quoi cela lui servirait de lui pardonner ? Elle le serra une dernière fois contre elle alors que sa tête se fissurait avant de se briser comme le reste du corps… pour ne devenir qu’un tas de métal… Mana explosa en sanglots avant de se faire recouvrir par les bras d’Alan, celui-ci la gardant contre lui.
Il n’osait rien dire… Il ne pouvait de toute façon pas s’exprimer ainsi… pas après la mort de quelqu’un… Il savait très bien ce qu’elle ressentait… puisqu’il était passé par là… Il le savait plus que bien… Et puis… Maintenant… C’était terminé… Toute cette histoire… Toute cette histoire avait finalement une fin…

« La partie vient de s’achever. Le roi noir vient de gagner. »

Hein ? Il ouvrit ses yeux en grand, tournant son visage autour de lui. Il avait cru entendre une voix… Puis un bruit singulier… Celui d’une plume qui écrivait sur du papier… Un bruit particulier… Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Mana avait arrêté de pleurer bien que les larmes restaient sur ses joues, Alan lui demandant :

« Tu n’as pas entendu une voix, Mana ? »

« Si… Si… Je crois en avoir entendu une… Je ne suis pas sûre de ça par contre… »

« Mais maintenant, il doit rencontrer le maître du jeu.
Celui à l’origine de cette partie d’échecs.

Mais pourquoi avait-elle été lancée au départ ?
Y avait-il une raison cachée derrière tout ça ?
Il était temps de montrer le réel enjeu…
Et de commencer enfin SON règne… Celui des spectres !
»

La voix venait de reprendre la parole, Alan sursautant en se rappelant où il l’avait entendu. Avec tout ces évènements… Il avait complètement oublié mais… Non… Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Devant leurs yeux, marchant sur les restes métalliques d’Oricalk se tenait tout simplement… Erèbe, celui-ci ayant une plume dans sa main droite, un livre dans celle de gauche. Un livre à la couverture violette. D’une voix douce, il reprit :

« Erèbe, L’Avènement des spectres, Verset Premier. »

Il referma son livre alors que le visage de Mana se décomposait, la jeune femme aux cheveux gris quittant les bras d’Alan pour se jeter vers Erèbe mais celui-ci disparu avec un petit rire amusé, réapparaissant à quelques mètres de là :

« Et bien… Quel accueil… plus que chaleureux, Mana. »

« Toi… J’en étais sûre… Maintenant qu’Oricalk m’a tout dit… »

« Oricalk pensait que je ne savais pas qu’il était au courant… Quel idiot. Il s’est laissé manipuler exprès… Peut-on encore appeler cela de la manipulation ? Ou alors de la bêtise ? »

« ALAN ! C’est lui ! C’EST LUI LE GRAND SPECTRE ! Ce foutu Magirêve ! »

« Pour vous servir… » ironisa Erèbe tout en faisant apparaître un chapeau de sorcier.

Il déposa son chapeau sur le sommet de son crâne avant de le retirer tout en s’inclinant respectueusement et faussement. Il se redressa après quelques instants, gardant son sourire aux lèvres avant de reprendre :

« Tu devrais être heureuse, Mana… Tu es devenu ce que tu as combattu pendant la grande guerre. C’est dommage en un sens non ? »

« Attend donc un peu, espèce de… »

« Tu ferais mieux de réfléchir à deux fois avant de m’attaquer. Alan ne connait pas ta véritable forme… n’est-ce pas ? »

Véritable forme ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle s’immobilisa, le jeune homme ne comprenant pas véritablement ce qui se déroulait devant ses yeux. L’homme avec qui il jouait aux échecs était donc… celui qui avait disparu avec Mana ? Lors du sacrifice forcé de cette dernière ? Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Il passa une main sur son front, cherchant à saisir toute la portée de ces paroles et nouvelles qu’ils venaient d’apprendre.

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