Chapitre 55 : Sentiments perturbés

« Voilà … Je pense que pour aujourd’hui, nous en avons assez fait. Par contre, je suis désolé Midona, mais comme je te l’avais dit … Je ne fais que dormir à la belle étoile. »

« Aucun problème, je te l’ai déjà dit aussi, non ? »

C’est vrai. Il releva légèrement sa tunique, gémissant rien qu’en voyant la vilaine plaie à sa hanche. Où étaient-donc les potions quand on en avait besoin hein ? C’était vraiment triste de penser de la sorte … mais il était plus inquiet pour Midona.

« Hum ? Que regardes-tu, Link ? Est-ce que tu veux que je te soigne ? Je dois bien avoir quelques facultés de ce genre mais le souci, c’est que je ne les utilise jamais. Enfin, on préfère plutôt utiliser une énergie ténébreuse que se soigner … Mais ça ne devrait pas être trop difficile pour moi. Tu veux donc que je te soigne ? »

« Non, non … C’est bon. Il faudrait d’abord que tu te soignes, toi. »

Il cherchait une excuse ou du moins, quelques mots mais rien n’arriva à ses lèvres. Il ne savait pas vraiment quoi dire dans une pareille situation. Il ne fit qu’hocher la tête bien qu’il ne répondait à rien du tout. Rien de rien même.

« Quand même … Link, ça se voit que nous sommes rouillés. Auparavant, nous n’aurions pas été autant blessés, hein ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Je pense surtout que la méthode utilisée pour battre cette … enfin ce monstre, on a été un peu radicaux sur le coup. D’habitude, on ne fait pas tout s’effondrer sur nous. Mais ton dos ? Comment est-ce qu’il va ? Tu n’as pas trop mal ? »

« Je n’ai pas trop mal. Tu pourrais peut-être me faire un massage non ? »

« Je ne crois pas être qualifié pour cela, j’en suis vraiment désolé. »

Elle eut un petit rire, faisant un geste négatif de la main pour lui dire que ce n’était pas bien grave. C’était l’intention qui comptait, n’est-ce pas ? Et elle était sûre et certaine qu’il ferait très attention. Elle s’était mise sur le ventre, incitant Link à venir mais il n’en fit rien.

« Pardon mais vraiment … Je ne crois pas que je peux y arriver, Midona. »

« Ah … Le grand et valeureux Link qui a réussi à terrasser Ganondorf n’arrive guère à rassembler son courage pour masser le dos d’une princesse ? »

« Je ne crois pas que cela soit dans les fonctions d’un héros, pardon. »

« Décompresse donc un peu, Link. Tu donnes l’impression que je vais te manger tout cru. » répliqua Midona, semblant s’amuser des réactions de l’hylien.

« Par contre, Midona, je voulais te dire, je n’ai qu’une seule couverture … donc tu la prendras pour toi. J’espère que cela te conviendra. Enfin, que ça ne te dérange pas. Midona ? Pourquoi est-ce que tu me souris comme ça ? »

« Rien nous empêche de dormir côte à côte, comme auparavant, non ? »

Ils n’avaient pas déjà eu une conversation de la sorte auparavant ? Il n’en était plus aussi sûr mais enfin bon … Il … Enfin, il ne répondit pas, signalant qu’il allait préparer un peu à manger pour ce soir. Elle le laissa faire, toujours amusée par la réaction gênée de Link. Elle adorait voir ce genre de réaction chez lui, c’était ce qui lui plaisait vraiment le plus. Cela n’avait rien à voir avec le reste.

Après le repas, il fut décidé qu’il était déjà l’heure de se coucher. La couverture sur elle, Midona dormait sur le côté, n’ayant pas repris sa forme de diablotine. Bien entendu, elle pouvait toujours le faire … mais elle n’avait pas voulu dans les ruines. C’était aussi simple que ça. Elle ne savait pas pourquoi elle se faisait autant de soucis à cause de cette … épée.

« Après tout, ça ne reste que l’esprit d’un morceau de métal. »

Mais voilà, elle s’imaginait mille choses les plus sinistres. Pfff … Qu’est-ce qui lui prenait de se comporter de la sorte ? Elle agissait comme une enfant. Comme une idiote. Enfin bon … Elle regarda Link qui avait déjà les yeux fermés, adossé à un arbre.

« On ne devrait quand même pas laisser dormir un héros de la sorte. »

Il dormait déjà, elle le savait. Vu la bataille et ses blessures, il devait être exténué, elle le savait parfaitement. Avec lenteur, elle se leva, venant s’asseoir à côté de lui avant de mettre la couverture sur eux deux.

« Ca serait plus simple hein ? Si j’avais juste ma forme de diablotine, tu ne te ferais pas autant de problèmes, n’est-ce pas ? »

Mais en un sens, cela voulait dire que sa forme réelle ne laissait pas Link de marbre. Elle devait alors se sentir flattée, donc, n’est-ce pas ? Elle ne savait pas vraiment … Elle était plutôt … soucieuse et inquiète. Enfin, elle n’avait pas des réactions « saines ».

« Peut-être qu’avec le sommeil, ça passerait mieux. »

Adossée à l’arbre elle aussi, elle ferma les yeux. Sous la couverture, elle vint quand même prendre la main de Link pour la serrer dans la sienne. Sous la couverture, personne n’avait besoin de savoir ce qui se passait.

Quelques instants plus tard, l’épée fissurée et incomplète commença à trembler. Une petite aura se forma autour d’elle, une faible voix murmurant :

« Mes données concernant mon maître Link de cette génération semblent erronées. Du moins, incomplètes. Les rapports de sa liaison à l’incarnation de la déesse Hylia sont … inexistants ? Les données parlant de sa relation avec la princesse du crépuscule sont nombreuses. »

Très nombreuses, beaucoup trop pour que cela soit sans incidence. Néanmoins, cela pour le moment nécessitait plus de patience. Elle ne pouvait pas donner un avis propre à la question bien que plusieurs points convergeaient vers une seule et même idée.

« Les rapports reliant maître Link à la dénommée Midona sont complexes et difficiles à appréhender. Si on considère que je suis dans l’impossibilité d’en parler à voix haute, cela nécessite des recherches bien plus approfondies avant de pouvoir déposer un bilan à ce sujet, si bien entendu, mon maître accepte de l’entendre. »

Mais pour l’heure, elle ne pouvait pas se présenter car sa forme était incomplète, comme l’épée de légende. Peut-être donc plus tard … si on lui laissait la possibilité de s’exprimer. L’aura autour de l’épée vint s’arrêter, la nuit se déroulant paisiblement sur les deux personnes, le Motisma s’étant endormi ailleurs pour ne pas déranger la princesse du crépuscule, il ne voulait pas d’ennui.