Chapitre 18 : Prière

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : Prière

« Une fois mais pas deux, t’es prévenue. »

« Je n’ai rien dit du tout, je ne vois même pas de quoi tu veux parler. »

Il était sorti de l’hôpital après une dernière inspection pour voir si il était en bonne santé. Il était de nouveau près à conquérir les deux derniers badges et ils s’étaient dirigés vers un bateau. Il semblait bien plus calme qu’auparavant et ils n’eurent aucun mal à trouver un marin capable de les emmener dans une des villes les plus proches de Frimapic. Il était bien possible d’y aller par bateau en faisant un long détour mais il avait signalé qu’il préférait la marche à pied plutôt que de se laisser se reposer sur un bateau.

« J’ai une question… Thierry. Est-ce que je peux te la poser ? »

« Je suis pas obligé d’y répondre alors tu peux toujours essayer. »

« Qu’est-ce que tu vas faire après avoir combattu le maître de Sinnoh ? »

Hu ? Ils se laissaient emporter par les vagues sur le bateau. Il tournait son visage étonné vers elle pour voir si c’était une vraie question ou alors une blague. Encore une fois, elle ne rigolait pas. Il poussa un léger soupir ennuyé avant de demander :

« Mais en quoi ça te concerne ? Dis moi sincèrement, tu penses me coller encore combien de temps après tout ça ? »

« Non mais… Je ne disais pas ça comme ça ! Juste que… Je voulais savoir. »

« Je ne sais pas trop… J’aurais accompli ce que je voulais. »

« Est-ce que tu resterais le maître de Sinnoh ? »

« Non ! »

Il avait dit ça avec véhémence comme si c’était si évident qu’il refuserait une telle chose. Il ne voulait pas devenir le maître de Sinnoh. Elle fut surprise par le cri du jeune homme, s’approchant de lui pour attendre sa réponse.

« Et tu peux m’expliquer pourquoi ? »

« Je n’en vois pas l’intérêt. T’es le plus fort et alors ? Ca te sert à quoi ? Tu vas affronter des petits jeunes et un jour, l’un d’entre eux prendra ta place de plus fort. Ca sert à quoi d’être maître de Sinnoh ou de je ne sais quelle région. Donne moi une bonne raison. »

« La célébrité ? Le fait d’être admiré par des milliers voir millions de jeunes personnes qui rêvent d’arriver devant toi ? »

« Très peu pour moi, je vais pas me prendre la tête avec ça. »

« C’est vrai qu’elle est déjà plutôt grosse quand tu combats les champions d’arène. »

« Fais pas la maligne ! »

Elle rigola légèrement alors que la discussion se terminait. Finalement, plusieurs heures s’écoulèrent et il observait ses différentes pokéballs. Il avait sorti ses pokémons brièvement après qu’il soit réveillé pour ne plus les inquiéter mais après… Il ne restait plus que deux champions dont l’une était assez jeune… Cela avait été assez difficile d’avoir des informations sur elle mais le problème n’était pas la championne de Frimapic… mais celui qui se trouvait à Rivamar. Qu’il le voulait ou non, contre lui, il n’allait pas pouvoir faire des paris stupides comme avec les autres. Ils arrivèrent dans un petit port d’une ville dont le nom était sans importance vue son manque de renommée.

« On part tout de suite ou tu as faim ? »

Il s’était tourné vers elle, attendant sa réponse pour voir ce qu’elle allait dire. Depuis quand se préoccupait-il d’elle et de savoir si elle voulait faire quelque chose avant de partir ? Cynthia l’observa de ses yeux argentés, disant avec un petit sourire :

« Et bien… Allons s’acheter de quoi manger mais sur la route, d’accord ? »

« Comme tu veux, De toute façon, je m’en fous. »

Il n’était pas honnête avec lui-même puisqu’il lui avait demandé il y a moins de quelques secondes si elle voulait s’arrêter pour se ressourcer. Finalement, ils prirent chacun un sandwich avant de sortir de la ville. Ils ne parlaient pas durant la marche et pendant qu’ils mangeaient, Thierry semblant en pleine réflexion au sujet de ses pokémons.

« A quoi tu penses ? Tu veux bien me le dire ? »

« De toute façon… Tu aurais continué à me poser cette question si je n’y réponds pas. Je pense au dernier champion, celui de Rivamar. Sa puissance est si proche de la ligue, je sais qu’il sera le plus dur de mes ennemis… Je me demande simplement si j’y arriverais. »

« Hum ? Ca ne va pas, Thierry ? »

Le voir douter sur ses capacités était intriguant. Ils avaient fini de manger mais force était de constater que le jeune homme aux cheveux bruns semblait en proie au doute. C’est vrai que contre Charles, il avait failli perdre mais ce dernier était reconnu pour avoir des pokémons seulement axés sur la défense. Le Kicklee de Thierry n’était pas assez fort pour passer outre cette défense de métal… du moins pas en un seul coup.

« Ca ne me conviens pas ce que tu dis. »

« Qu’est-ce que j’ai dit ? »

« Depuis quand tu te poses des questions ? Je croyais que tu voulais écraser tous les champions et cette ligue pokémon. Aie confiance en tes capacités, voilà tout. »

« Il serait temps que j’entraîne mes pokémons à nouveau… Ils n’ont pas encore évolué et c’est là le problème. Lachanceuse, Soprallegro et Têtdenoeu peuvent encore évoluer mais pour ça… Deux d’entre eux doivent être très heureux avec moi. »

« Et tu penses que ce n’est pas le cas ? »

« Je… »

Il se tourna vers Cynthia, le regard légèrement incrédule et incapable de répondre avant de se remettre en route. Ils ne devaient pas perdre de temps, il y avait plusieurs chemins pour se rendre à Frimapic mais la majorité nécessitait de passer par le mont Couronné ou ses alentours. Il n’allait pas lui répondre voilà tout. Il n’avait pas à lui parler de toute façon, ce n’était pas si difficile à comprendre pourtant.

« Tiens… Deux Roucools ? »

Elle avait dit cela en levant les yeux, les deux oiseaux bruns se dirigeant vers elle pour y déposer deux lettres. Thierry observa les deux enveloppes avant de détourner le regard : Ce n’était pas ses affaires. Elle avait une vie à côté, il ne devait pas l’oublier. Un petit rictus se dessina sur les lèvres de Cynthia à la lecture de la première lettre : Encore une annonce déplaisante. La seconde lettre transforma son rictus en un regard surpris et elle baissa la tête, subitement triste avant de refermer ses deux lettres.

« Allons y Thierry. Plus vite nous serons à Frimapic, plus vite tu avanceras. »

« Je suis tout à fait d’accord mais… »

Il ne termina pas sa phrase alors qu’elle avançait à toute allure, sa marche augmentant subitement et forçant le jeune homme à tenter de la suivre. Il n’allait pas lui poser de questions pour savoir ce qui venait de se passer, ce n’était pas son problème mais quand même… Qu’est-ce qui lui prenait d’aller aussi vite ?! Ils marchèrent pendant une trentaine de minutes avant qu’elle ne dise sur un ton légèrement autoritaire :

« Sors Soprallegro, on ira plus vite en volant. »

« D’accord mais qu’est-ce qu’il y a ? »

Cette fois-ci, il ne pouvait pas s’empêcher de lui demander si elle avait un problème. Même si il était du genre à se rebeller ou à lui crier dessus, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui parle de cette façon. Elle fit apparaître sa Carchacrok nommée Tellus avant de grimper dessus. Il fit apparaître son Nosferalto, celui-ci observant Tellus dans les yeux. Elle lui répondit d’un petit hochement de la tête alors qu’ils se mettaient à décoller dans les airs.

« Tu vas me dire ce qui se passe ?! »

« RIEN ! Il y a RIEN du tout ! On va à Frimapic, c’est ce que tu veux non ?! »

« Non mais comment tu me parles ?! »

Voilà qu’ils se disputaient à nouveau mais cette fois-ci, cela provenait de Cynthia qui s’était mise en colère contre lui sans qu’il n’en comprenne la raison. La colère de la jeune femme aux cheveux blonds était-elle portée sur lui ou sur quelqu’un d’autre ? Il ne savait pas mais il n’allait pas se laisser faire ! Là, ils étaient en plein vol mais quand ils allaient atterrir au sol… Ce fut le cas après trois heures de vol et dès l’instant où ils posèrent un pied au sol, il lui prit le bras en lui criant :

« On va régler ton problème tout de suite ! Tu m’as agressé avant, tu vas t’expliquer maintenant ! »

« Lâche moi ! Je n’ai rien à te dire ! Tu as tes secrets, j’ai les miens ! Vas à l’auberge, je t’y rejoins dans une heure, j’ai quelques achats à faire. »

« Non mais… Attends un peu petite garce ! »

C’était bien beau de crier ça mais il était resté immobile alors qu’elle était déjà partie dans la ville de Froivernal, l’une des dernières villes avant que la neige et le froid s’abattent sur le terrain. Pfff… Ca lui prenait la tête, sérieusement la tête ! Elle faisait quoi au final ? Il se dirigea vers l’auberge, les mains dans les poches en rappelant Soprallegro alors que Cynthia se dirigeait vers la pharmacie.
Une heure plus tard, elle était revenue, le visage et les yeux rouges mais il n’alla pas lui poser de questions. Elle avait des emmerdes ? Alors qu’elle se débrouille avec ! C’était bien son genre à elle ça : Elle s’occupe de tout et tout de le monde mais dès qu’il s’agit d’elle, niet, que dalle, nada, fallait pas compter sur elle pour venir te dire ce qui la préoccupait.

« Nous devrions… aller nous coucher. »

« Il n’est que le début de soirée ! Si tu veux aller dormir, vas y mais moi j’ai autre chose à faire, non mais je te jure. »

Il se dirigea dans sa chambre alors qu’elle faisait de même. Il n’avait même pas remarqué la pointe de tristesse dans la voix de Cynthia. Elle n’était rien pour lui, c’était normal dans le fond. Il alla se coucher dans le lit, allumant la petite télévision qui se trouvait devant lui avant de se mettre plus à l’aise. Un simple T-shirt blanc et son pantalon, voilà qui suffisait amplement pour laisser passer la soirée tranquillement. Deux heures s’écoulèrent et il fermait les yeux, allant s’emporter dans ses rêves avant qu’une petite voix ne se fasse entendre en même temps que quelques coups sur la porte.

« Thierry, tu dors ? Thierry ? »

« Oui je dors. Merci de bien vouloir ne pas me déranger. »

« Je… D’accord. Désolée… et bonne nuit. »

Ca ne servait à rien : Pourquoi aurait-il fait ça pour elle de toute façon ? Ils ne se connaissaient ni d’Adam, ni d’Eve alors bon… Elle se dirigeait vers sa chambre, posant sa main sur la clenche. Celle de Thierry s’ouvrit subitement alors qu’il ne se mette à dire d’une voix forte :

« Ramène toi ici et viens me dire ce qui se passe au lieu ! »

Elle retira sa main de la clenche, un petit sourire dessiné sur ses lèvres. Elle espérait simplement qu’il accepte sa demande. Elle avait une lettre à la main et portait son habituelle robe de chambre noire qui montrait un peu plus que sa tenue pour sortir. Il jeta un bref regard au décolleté de la jeune femme avant de reposer ses yeux rubis sur son visage. Il lui indiqua de venir dans sa chambre avant de s’asseoir sur le lit :

« Bon, t’as l’air d’avoir envie de me parler alors viens-en aux faits. »

« Je vais devoir partir, Thierry. Je ne reviendrais pas avant plusieurs semaines, voir un mois. »

« Et tu te mets dans cet état à cause de ça ? Que veux-tu… »

Il ne finissait pas sa phrase, il n’en voyait pas le besoin sur le moment. Elle avait toujours les yeux rouges et il se demandait ce qui s’était passé avec elle. Lentement, elle lui tendit une lettre qu’il ouvrit… pour y voir une recette ?

« J’ai acheté tout ce qu’il faut quand nous sommes venus mais… Je ne peux pas y aller. Il te faudra seulement … la faire si tu acceptes. »

« Oh oh oh oh. De quoi tu me parles ? Faire quoi ? Cette recette ? C’est quoi ? »

« Un remède… qui soignerait ma grand-mère… qui habite à Célestia. »

Célestia, petit village paumé et entouré de montagnes, il n’y avait que peu de moyens d’y accéder mais bon… Il savait comment s’y rendre. Mais c’était quoi le rapport avec lui ? Il n’avait rien à voir dans cette histoire.

« J’ai reçu deux lettres… L’une m’annonçait que je devais partir et me rendre obligatoirement à cet endroit. L’autre… était la main de mon grand-père pour m’annoncer que ma grand-mère se sentait très mal… comme la dernière fois. »

« Alors tu attends quoi pour te rendre à Célestia ? »

« Je ne peux pas ! Je ne peux pas du tout ! Je ne peux pas refuser cette première lettre ! Thierry, je t’en prie, vas y pour moi. Vas à Célestia et soigne ma grand-mère, ils sont tout ce qu’il me reste, je ne veux pas les perdre ! »

Voilà qu’elle explosait en sanglots et il ne savait pas quoi faire dans ces moments. C’était quoi cette foutue première lettre qui empêchait une jeune femme d’aller soigner sa famille ? Elle continuait de pleurer, des larmes s’écoulant de ses joues alors qu’il amorçait un geste pour la prendre dans ses bras. Il se ravisa au dernier moment avant de murmurer :

« Je vais y aller… Mais seulement parce que tu me répugnes. Tu préfères partir plutôt que de t’occuper de ta famille. On ne peut en avoir qu’une. »

« Merci Thierry ! »

Elle lui sauta dans les bras en continuant de pleurer, ses larmes s’arrêtant de s’écouler alors qu’il était tombé sur le lit, elle sur lui. Dans quelle galère s’était-il foutu à cause d’elle ? Maintenant, il allait perdre du temps juste pour soigner une grand-mère de quelqu’un dont il en avait rien à faire. Cynthia s’était finalement arrêtée de pleurer sur lui, elle pouvait maintenant partir la conscience tranquille. Heureusement qu’il était là.

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