Chapitre 22 : Il y a dix ans

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : Il y a dix ans

« La championne de Frimapic. Qu’est-ce que vous foutez là, au beau milieu de nulle part ? »

Elle eut un petit air surpris en entendant la voix de Thierry. C’était donc vrai, il ne se rappelait pas d’elle ou des autres… Ni d’elle, ni de personne. Pierrick lui avait signalé qu’il l’avait à peine reconnu lorsqu’ils s’étaient retrouvés. Finalement, elle prit la parole d’une voix qui voulait légèrement enjouée mais qui n’en avait pas le ton :

« Je… C’est ici que je viens me ressourcer quelques fois pour être en communion avec mes pokémons. Mais tu es bien… Thierry ? »

« Tu te répètes, t’as déjà dit mon nom que je sache. Les autres champions t’ont prévenu n’est-ce pas ? Maintenant que t’es là, on va pouvoir s’affronter pour le septième badge ! »

« Non non ! »

Il était hors de question de se battre maintenant ! Qu’est-ce qui prenait au jeune homme de se comporter comme ça ? Il était si différent de celui qu’elle avait connu dans le passé mais elle devait tenter de lui rappeler qui elle était :

« Je… Je suis Gladys ! Tu ne me reconnais pas, Thierry ? »

« Bien sûr que je te connais ! »

Elle poussa un petit soupir de soulagement, heureuse de savoir que finalement, le jeune homme ne l’avait pas totalement oublié. Malheureusement, sa joie fut de courte durée puisque Thierry reprit la parole :

« T’es la championne de Frimapic ! Donc, je dois seulement t’affronter pour avoir le prochain badge glaçon.  Ce n’est pas dur. »

« Mais nonnnnnnnnnn ! »

Elle s’approcha de lui, le secouant légèrement au niveau des bras. Du moins, elle essaya puisqu’elle mesurait bien trente centimètres de moins que lui. Il baissa la tête pour voir la jeune femme aux longues couettes noires qui tentait de le faire réagir.

« Je peux savoir ce que tu fous ? Ne fais pas genre, on se connaît. »

« Non mais Thierry, tu m’as oublié ? Je n’y croyais pas pourtant ! Comment tu as put m’oublier ? Tu ne te rappelles vraiment pas de moi ? Rappelle toi lorsque tu es venu à Sinnoh, j’étais là ! »

« Hein ? Que quoi ? »

Comment cette fille savait-elle qu’il était déjà venu à Sinnoh ? Il l’observa plus attentivement, passant une main sur son crâne pour tenter de retrouver quelques souvenirs enfouis dans sa mémoire. Il grogna longuement et s’arrêta subitement de réfléchir alors que Gladys le serrait dans ses bras en criant presque de joie :

« Je suis si contente de te revoir ! »

« Hein ?! Mais lâche moi ! T’es folle, ma pauvre fille ! »

« Non, je ne suis pas folle ! Je ne pensais pas te revoir mais lorsque j’ai entendu parler de toi dans les journaux ou à la télévision, je me suis demandée ce qui te passait par la tête. Ils sont complètement fous de penser que tu kidnappais Cynthia ! »

« Ca y est, c’est bon, j’ai ma dose. Je ne sais pas de quoi tu parles. Je me barre d’ici ! »

Il se retira des bras de Gladys, ouvrant la porte de la modeste demeure avant de se faire recouvrir de neige en pleine face. La tempête était devenue de plus en plus violente et Gladys éclata de rire lorsqu’il se retourna, recouverte de neige sur le visage. La jeune femme aux couettes noires et au pull bleu autour de la taille s’approcha de lui avec une serviette, lui essuyant le visage en disant :

« Tu ne pourras pas partir avant demain je dirais. La tempête de neige ne risque pas de se terminer puisqu’elle vient de débuter. »

« Je m’en fous ! Lâche moi la grappe ! Je vais sortir à nouveau et aller à Frimapic, je t’attendrais là-bas puisque tu ne veux pas te battre ici. Tu seras obligée de te battre ! »

« Mais je n’ai rien contre le fait de me battre mais c’est seulement ça qui t’intéresse en retrouvant une amie perdue depuis plus de dix ans ?! »

« Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ma folle ?! Je ne crois pas qu’on se connaisse ! »

« Si ! On se connaît tous : Toi, moi, Cynthia et Pierrick ! »

« Ca y est, t’as le cerveau gelé, c’est pas possible. »

Qu’est-ce qu’il avait à se voiler la face ? Est-ce que c’était à cause de ces évènements qui s’étaient déroulés après… leur première rencontre ? Peut-être qu’il essayait de tout faire pour ne pas se rappeler de ce moment. Cela expliquerait beaucoup de choses alors. Elle arrêta d’essuyer le visage de Thierry, l’invitant à s’asseoir sur une chaise.

Il se passait quelque chose de malsain dans l’air. Il ne savait pas pourquoi mais il n’arrivait pas à détester la jeune femme qui s’était réfugiée dans la cuisine. Il tentait de concentrer le maximum de ses souvenirs pour se faire une idée sur cette personne mais il ne restait rien… rien du tout. Seule cette chose était dans sa mémoire, cette chose du passé… La raison de sa présence à Sinnoh.

« Dis moi, qu’est-ce qui t’as pris d’aller à Frimapic par ce temps ? Tu aurais dut attendre un peu quand même. Une tempête de ce genre, ça n’arrive qu’une fois par année. »

« Je n’avais pas que ça à faire, je dois aller le plus rapidement à la ligue pokémon et abattre le maître de cette dernière. Je vais leur faire payer. »

« Ah… Je comprends, je comprends. »

Elle préférait ne pas lui dire qu’ils étaient portés disparus depuis déjà plusieurs années… Depuis cinq ans pour être précis : Cynthia était devenue la maîtresse de Sinnoh à l’âge de quinze ans et ils n’étaient plus restés maîtres de cette ligue après ça. Toutes ces choses s’étaient enfin terminées et une ère de paix s’était installée. Elle arriva avec une casserole et deux assiettes qu’elle déposa l’une en face de l’autre. Elle fit glisser un liquide dans l’assiette : De la soupe avec quelques croûtons de pain dedans.

« Tiens, bois un peu de ça. Tu me diras ce que tu en penses d’accord ? »

« Qui a dit que je voulais boire ton truc ? »

« Arrête de faire la tête et bois seulement, ça me fera très plaisir que tu me dises ce que tu en penses, d’accord ? »

« Si tu le dis… Arrête de croire qu’on est amis. »

« Mais c’est le cas ! Tu es dur de la feuille quand tu t’y mets ! C’est moi la championne de Frimapic, je suis sensée me comporter comme une fille froide et distante mais tu veux prendre mon travail ou quoi ? »

Elle rigola longuement alors qu’elle revenait avec deux cuillères, s’installant en face de lui. Ils commencèrent à manger tranquillement, Thierry ne disant aucun mot tandis que Gladys tentait de lui parler et de lui faire la conversation :

« Ca fait quand même très longtemps. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis contente de te revoir, Thierry. Mais tu sais… »

« Stop. On mange, ensuite je me barre d’ici. »

« Mais arrrrrrrrrêteeeeeee avec ça ! Tu ne partiras pas d’ici avant demain, je t’en empêcherais ! Tu dormiras avec moi ce soir ! »

« Hors de question. »

Ils terminèrent de manger et il observa la tempête de neige par l’une des fenêtres du petit chalet dans lequel ils se trouvaient. Au final, cet endroit était bien plus grand que prévu. Il fit sortir ses quatre pokémons, les invitant à se rapprocher du feu alors que Gladys s’exclamait :

« Ils sont si mignons ! Ils sont tous à toi, Thierry ? »

« Ca ne se voit pas ? Tu as besoin d’une paire de lunettes ? »

« Ils doivent bien t’aimer, surtout le Nostenfer. Allez y, rapprochez vous du feu. Pour ma part, mes pokémons resteront dans leurs pokéballs. »

« Normal… On n’aurait pas idée de laisser se rapprocher du feu des pokémons aimant le froid hivernal et la neige. »

« Exactement hihi ! Allez, viens ! On va parler un peu de tout et de rien ! »

Visiblement, il n’avait même pas le droit de discuter qu’il se retrouvait déjà assis auprès du feu, Gladys couchée sur le ventre en battant des pied dans le vide. Elle semblait si heureuse de le voir mais il ne savait pas pourquoi. Est-ce qu’ils se connaissaient vraiment ? Pourtant, il ne se rappelait pas d’avoir déjà vu Cynthia ou Pierrick dans le passé. Alors elle…

« Raconte moi comment tu as battu Kiméra ! Il paraît que tu ne l’as fait qu’avec un seul pokémon. C’est vrai n’est-ce pas ? »

« A ce que je vois, je suis sacrément célèbre. Oui, c’est bien le cas. C’est lui qui s’est chargé des trois pokémons de Kiméra. Ramène toi Mimolet et viens te présenter à la jeune fille. »

Gladys poussa un petit rire en voyant le M.mime qui s’avançait vers elle en hochant la tête pour la saluer. Thierry ne disait plus rien, attendant qu’elle prenne la parole :

« C’est un drôle de nom pour un M.mime mais je trouve qu’il lui va bien. Alors, toi, c’est Mimolet et les autres ? »

« Le Nostenfer, c’est Soprallegro. La Leveinard, c’est Lachanceuse et enfin le Saquedeneu c’est Têtdenoeu. »

Elle éclata de rire en écoutant les noms des pokémons de Thierry et celui-ci se demanda si il devait être vexé ou non. Les quatre pokémons regardaient leur dresseur puis la jeune fille qui essuya quelques larmes de choix en disant :

« Ce sont des noms supers ! Je n’ai jamais doutée de toi. Tu as toujours des chouettes noms pour eux. Quand même, Têtdenoeu et Lachanceuse… Ou alors Soprallegro et Mimolet. »

« Hey ! Ce sont des noms qui leur convient très bien ! »

« Au moins… Snif… Tu les aimes beaucoup pour leur donner un nom personnalisé. Généralement, les dresseurs se fichent royalement de leurs pokémons ou ne sont pas assez proches d’eux pour leur donner un petit surnom affectif. »

« Hey ! Ne raconte pas de bêtises ! Je n’aime pas mes pokémons ! »

« Et moi, je dis le contraire ! Alors ne me contredis pas ! »

« Non mais elle me cherche ! »

Il se releva, visiblement furieux alors qu’elle faisait de même mais avec un grand sourire sur les lèvres. En un sens, elle ressemblait à Cynthia. Elle était l’une des rares filles à l’énerver et cela arrivait à le mettre sur les nerfs. Ce n’était pas possible qu’une telle femme existe ! Dans Sinnoh, jamais il n’avait trouvé des personnes qui lui portaient autant sur les nerfs que Cynthia ou Gladys !

« C’est bon ! Fini de s’amuser ! Il est temps d’aller au lit ! »

« Ben vas te coucher et me gonfle pas ! »

« Tu peux venir dormir avec moi. De toute façon, tu n’auras pas le choix, il n’y a qu’un seul lit ici et c’est celui qui se trouve dans cette chambre. Il est une place donc il faudra se serrer. »

« HORS… DE… QUESTION ! Je préfère encore dormir sur le sol plutôt qu’avec une folle et une inconnue ! De plus, j’ai des gros problèmes qui me forcent à vomir si je reste trop près d’une personne humaine. »

« Non mais c’est quoi cette blague ? »

Mais il ne blaguait pas ! C’était vraiment le cas ! Il suffisait de se rappeler la scène avec Cynthia ! Cela s’était très mal terminé en un sens ! Il se posa machinalement une main sur le ventre alors qu’elle lui murmurait :

« Me dit pas que tu es gynéphobe quand même ? »

« Hein ?! Mais ne raconte pas n’importe quoi ! Je n’ai pas peur des femmes ! Pareil pour les hommes ! Seulement, je n’aime pas être en contact avec les autres ! »

« Tu dis des bêtises. On va faire un test. Tu restes une heure avec moi. Si tu vois que tu te sens mal, tu pourras t’en aller sinon… Tu restes. »

« Et pourquoi je devrais t’écouter ? »

Elle hocha les épaules avec un petit sourire, retirant le pull autour de ses hanches. Quelques secondes après, elle retira ses chaussures et ses longues chaussettes et il se posa une question qui paraissait absurde sur le moment : Elle n’avait pas froid avec cette tenue ? Finalement, il se laissa faire, intrigué par la jeune femme qui devait avoir tout au plus deux ans de moins que lui. Elle s’installa dans un lit une place mais recouvert d’une grosse couverture épaisse en laine. Il grogna légèrement :

« Une seule heure, ensuite, je m’en vais. »

« Sauf si tu veux rester. »

Elle alla se réfugier sous la couverture se mettant de dos en rougissant. Finalement, tout n’était pas perdu pour Thierry. C’était un peu dommage qu’il ne se rappelle pas d’elle mais bon, il ne semblait pas être aussi méchant que le désignait tous les autres champions. Un peu Ursaring sur les bords mais qui ne l’était pas ? Thierry alla se mettre dos à dos par rapport à Gladys alors qu’elle lui disait bonne nuit. Il poussa un simple grognement en fermant les yeux, se disant que d’ici quinze minutes, il allait dégueuler à nouveau.
Finalement, rien de tout cela ne se produisit. Il ne sentait mal à l’aise ou n’avait pas mal au ventre comme il s’y attendait. Cela faisait déjà bien une heure qu’il était dans le lit, les yeux grands ouverts en observant la tempête de neige dehors. Il y avait un problème… Est-ce que le fait de passer ses journées avec Cynthia avait réussi à le soigner de son mal ? C’était impossible ! Après dix ans, il ne pouvait pas se soigner comme ça ! Ou alors, c’était cette… Gladys qui prétendait le connaître. Le fait qu’il se sente en confiance auprès d’elle, confiance qu’il n’avait jamais ou très rarement donnée ces dernières années à des personnes lui permettait de se sentir mieux ? C’était peut-être pour ça… que la dernière fois avec Cynthia sur lui, il ne s’était pas senti mal. Etait-il… vraiment en train de changer ? Et est-ce que c’était une bonne chose ? Il ferma ses yeux rubis, s’endormant une dizaine de minutes après. Pendant la nuit, Gladys alla se retourner pour se coller contre le jeune homme pendant son sommeil, murmurant :

« Tout les quatre… ensemble. Ses plus grands fans. »

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