Chapitre 26 : Photo

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : Photo

« Désolé de quoi ? »

Elle s’arrêta de sourire, remarquant que le jeune homme semblait avoir du mal à trouver ses mots. Elle se dirigea vers lui, prenant la parole :

« Tu ne voudrais pas marcher un peu ? Nous allons déposer tes pokémons au centre et ensuite, nous parlerons, tu le veux bien ? »

Elle parlait d’une voix étonnamment douce, comme si elle incitait le jeune homme à accepter sa proposition. De toute façon, il n’avait rien d’autre à faire. Il hocha la tête d’un air positif, sortant ses pokéballs alors qu’ils se mettaient en route en direction du centre. Après une vingtaine de minutes, ils se retrouvèrent à l’intérieur, Thierry donnant ses pokémons à l’infirmière qui se trouvait à l’intérieur :

« Vous pouvez les garder pour la nuit ? Deux d’entre eux auront besoin d’un long repos. Ce sont la Togepi et le Nostenfer. »

« Aucun problème pour cela. Vous pouvez simplement me donner votre nom au cas où ? »

« Thierry mais pourquoi cette question ? »

« Oh ! C’est donc bien vous qui avez remporté le combat dans l’arène il y a moins d’une heure ! Je vais m’occuper de vos pokémons tout de suite ! »

L’infirmière disparue avec les nombreuses pokéballs du jeune homme qui semblait surpris par une telle réaction. Il pointa du doigt la femme qui partait, Cynthia ayant un petit sourire aux lèvres avant de dire :

« Tu commences à devenir assez célèbre, voilà tout. Bientôt, tu auras des milliers de fans qui seront prêts à t’acclamer et à t’applaudir, comme dans l’arène de Frimapic. »

« Pfff… Je me contrefous de tout ça. Il y a une seule chose qui m’intéresse et c’est SA mort. »

« Thierry… Je n’aime pas le ton que tu viens d’employer. Viens par là. »

Elle lui prit le bras, Thierry se laissant traîner par la jeune femme sans rien dire. Qu’est-ce qu’elle voulait lui dire de si important ?! Il n’avait rien fait de mal ! Ils s’éloignèrent du centre pokémon, marchant pendant deux à trois minutes avant qu’elle n’installe le jeune homme sur un banc. Celui-ci s’énervait déjà :

« Qu’est-ce qu’il y a comme problème ?! »

« Tu as dit que tu voulais voir quelqu’un mourir. Je n’aime pas vraiment cette psychologie, Thierry. De plus, tu voulais me dire quelque chose… »

« J’en ai plus envie ! Tu commences déjà me fatiguer alors que ça fait seulement quelques minutes que l’on s’est retrouvés ! »

« Thierry… Est-ce que tu pourrais être sincère pour une fois dans ta vie ? »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ?! Comme si il n’était pas sincère dans ses dires ?! Il se releva mais elle posa ses deux mains sur ses épaules, lui demandant de rester assis alors qu’elle venait s’asseoir à côté de lui. Elle dirigea ses yeux vers le ciel enneigé, alors qu’il lui criait presque :

« Je vois pas ce que tu veux dire ! Si t’as… »

« Tu voulais t’excuser. Je t’écoute Thierry. »

Saleté ! Elle changeait de conversation trop rapidement pour lui ! Qu’est-ce qu’il devait lui dire ?! Du moins, de quelle façon ?! Et si il restait soi-même plutôt que d’essayer de se créer une fausse personnalité ?

« Ouais… Et bien, je suis au courant pour tes parents. »

Elle arrêta de sourire et de le regarder. Elle baissa la tête sans rien dire alors qu’il se disait qu’il avait été encore plus imbécile qu’auparavant. Il aurait prononcé : Je sais que tes géniteurs sont crevés et ça se serait terminé de la même manière. Elle prit la parole d’une voix très faible qu’il ne lui connaissait pas :

« Ca ne fait rien… Ils sont morts il y a six ans, je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort pendant toutes ces années. Tant… que je sais qu’ils sont dans mon cœur, cela me suffit amplement. Je n’ai pas besoin d’autre chose. »

« Tu as une gentille famille. Tes grands-parents sont très gentils et Elisa aussi. »

« Ah… C’est vrai, ma grand-mère va bien mieux ? Ma recette a marché ? »

« Oui… Très bien marché même. Tu es très douée contrairement à moi… »

« Pourquoi me flattes-tu ? Tu penses que je suis désespérée ? »

« Non mais… »

Il devait se rattraper, voilà tout. Ce n’était pas très difficile mais bon… Il n’était pas doué pour le social. Il baissa son regard, remarquant l’écharpe blanche qu’il avait autour du cou avant de la retirer. Elle le regarda faire, ouvrant légèrement la bouche en comprenant d’où elle provenait. Il entoura le cou de la jeune femme avec l’écharpe blanche, Cynthia en ayant déjà une noire à la base.

« C’est à toi. Je te la rends. Je n’ai pas à garder ce qui n’est pas à moi. »

« Ah… Je… C’est vrai que c’était mon écharpe… mais lorsque je n’étais qu’une enfant. Je crois que c’était avant… »

Elle ne termina pas sa phrase, retirant l’écharpe pour la remettre autour du cou de Thierry avec un petit sourire triste. Elle lui allait si bien avec sa cape blanche… Quasiment habillé entièrement de blanc alors qu’elle était entièrement habillée de noir… Ils étaient si différents et pour la première fois, il s’était surpris à rougir en la laissant faire. Pour éviter de rendre ce moment trop gênant, il prit la parole :

« Je voulais savoir… Est-ce que l’on se connaît, Cynthia ? »

« Hein ? Mais qu’est-ce que tu veux dire par là ? Bien entendu que l’on se connaît. »

« Non, je veux dire… Est-ce que l’on s’est déjà vus… avant ? »

Elle fut surprise par les propos de Thierry : Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle le regarda longuement, ayant fini de lui remettre l’écharpe blanche autour du cou. Elle restait là, le fixant pour réfléchir à la question, est-ce qu’elle connaissait déjà le jeune homme ?

« Je ne crois pas… Du moins… Je ne pense pas. Tu es déjà venu à Sinnoh, non ? »

« Hein ? Mais comment tu le sais ? »

Oups… Elle venait de gaffer et le jeune homme la regarda d’un air surpris. Cynthia était au courant de ça ? Pourtant, d’après ses connaissances, il n’en avait jamais parlé. Il allait ouvrir la bouche mais Cynthia fut la première à prendre la parole :

« Et bien, je… Comment dire… Ne me regarde pas comme ça, c’est simplement que… Voilà, tu me rappelais quelqu’un dans mon passé. »

C’était faux, elle ne se rappelait pas de lui et elle lui avait dit il y a quelques secondes auparavant qu’elle ne pensait pas le connaître. Mais c’est vrai que… En y pensant pendant quelques instants… Elle n’avait rien à perdre ! Elle mettait une main dans sa poche droite :

« Thierry, je vais te montrer quelque chose qu’à part ma famille, nul n’a jamais vu. Tu me promets de ne pas te moquer de moi ? »

« Hum… Sauf si c’est vraiment quelque chose de comique… »

« Thierry, promet le moi ! Si les autres le savaient, je suis sûre que l’on me prendrait pour une enfant voir une gamine. »

Elle le regardait étrangement avec presque des larmes dans ses yeux argentés. La dernière fois qu’il les avait vus, il n’avait rien put faire contre ça. Et cette fois… C’était encore le cas. Il hocha la tête pour promettre à la jeune femme qu’il se tairait. Elle eut à nouveau un petit sourire, sortant une sorte de portefeuille avant de l’ouvrir. Elle regarda à l’intérieur avant d’en extraire une photo :

« Normalement… Je ne le la montre à personne mais voilà… Il y a quelque chose qui me fait penser que tu aurais un rapport avec ça. Les deux autres enfants sont Gladys et Pierrick. Tu les connais bien, ce sont les champions actuels de Charbourg et Frimapic. »

Il ne lui répondit pas, observant avec inquiétude la photo qu’elle lui avait tendue. Ces deux adultes… Il les avait déjà vus. C’était les parents de Cynthia. A côté du père de Cynthia, un autre homme se tenait là : Des cheveux rouges foncés et assez mal-coiffés, il avait un léger sourire aux lèvres ainsi qu’une barbe naissante. Il portait une sorte de cape déchirée et noire autour du cou et avait ses deux mains posées sur les épaules d’un jeune garçon d’une dizaine d’années. Celui-ci avait des cheveux de la même couleur que l’homme et portait une paire de lunettes devant ses yeux. L’homme avait un léger sourire sur la photo.

« Ce sont Charles et Pierrick. C’était rare de le voir sourire. »

A côté du jeune garçon se tenait une jeune fille qui devait avoir huit ans au maximum. Elle portait une jupe brune et un gros pull bleu sur elle. Elle avait deux yeux orange et des petites couettes noires. Elle semblait assez ridicule avec son gros pull bleu et ses grandes chaussettes rayées de blancs et bleues. Il ne répondit pas à la seconde phrase de Cynthia :

« Gladys. Tu as remarqué qu’aujourd’hui, elle préfère ne plus avoir de pulls sur elle ? Elle n’aimait pas ça, elle étouffait à l’intérieur. »

Cynthia avait son regard posé sur la personne à sa gauche avec un grand sourire et il se statufia en voyant qui se trouvait sur cette photo. Un jeune garçon d’une dizaine d’années, des cheveux bruns partant dans tous les sens, ses yeux rouges observaient la personne qui semblait prendre la photo. Entre ses mains se trouvait un œuf d’une vingtaine de centimètres rayés de brun et rose.

« Ce jeune garçon me fait penser à toi… Regarde qui est à sa gauche et derrière eux. »

Il avait du mal à détacher son regard du jeune garçon mais le fit, remarquant la petite fille aux couettes blondes qu’était Cynthia. Celle-ci semblait plus âgée que sur la photo qu’il avait déjà vue et il remarquait les petits rubans noirs dans ses cheveux. Elle avait encore sa jupe blanche et il remarqua que la jeune fille était assez proche du jeune garçon. Le problème était la personne derrière eux : Un homme qui avait une main posée sur l’épaule de la jeune fille et du jeune garçon. Des cheveux bruns qui s’étalaient sous la forme d’une mèche au milieu de son front, il devait bien avoir la trentaine voir le milieu de la trentaine. Il avait deux yeux bleus et un magnifique sourire aux lèvres, signe qu’il était heureux. Cynthia reprit la parole :

« Cet homme… était mon héros. Et le jeune garçon était son fils. Le jeune garçon n’est venu qu’une fois pendant environ un mois. »

« Tais toi… »

Elle s’était plongée dans ses souvenirs alors que la main de Thierry tremblait légèrement en tenant la photo. Qu’est-ce que cette photo foutait là ?! Comment Cynthia avait-elle une photo de ce genre avec elle ?! Ce n’était pas possible. Elle n’avait pas entendu les paroles de Thierry et continuait de dire :

« C’est bête de penser ça à mon âge… D’avoir un héros alors que j’ai vingt ans… Mais cet homme restera mon idole, celui que je ne ferais qu’admirer à chaque fois. Je garde cette photo car j’espère retrouver son fils un jour. Ces seigneurs élémentaires… »

« Tais toi, Cynthia. »

« Pour… Thierry ? Ca ne va pas ? Tu as froid ? »

Elle s’approchait de lui, alertée par les tremblements qui se produisaient sur le corps du jeune homme. Il n’arrivait pas à les contrôler et ses spasmes étaient de plus en plus nombreux et violents. Sans se préoccuper de la photographie qui tombait sur les genoux de Thierry, elle enlaça le jeune homme, cherchant à arrêter ses tremblements.

« Thierry… Est-ce que tu es son fils ? Le fils de Quentin ? J’ai oublié son nom, j’ai oublié son souvenir, cette photo est la seule chose qu’il me reste de lui. »

« Je… Je ne suis pas ce… ce… celui dont tu… tu parles. »

Il lui mentait délibérément et elle ne savait pas comment réagir face aux paroles de Thierry. Si il n’était pas le fils de Quentin, il ne se serait pas mis à trembler comme ça, ce n’était pas possible… ou alors il avait froid, très froid. Elle se colla un peu plus contre lui, frottant le dos du jeune homme alors que la buée sortait de leurs bouches :

« Cet homme… était vraiment quelqu’un admirable. Fort, puissant et humble… Il relevait des défis que d’autres pensaient impossibles. Les seigneurs élémentaires étaient craints mais ce furent eux qui tremblaient au fur et à mesure des badges que Quentin récupérait. Le pire était qu’il prenait son temps… Il est resté à Sinnoh et était admiré de la majorité des personnes, qu’importent ce que disaient les journaux. Il savait tellement bien s’occuper de ses pokémons et était si gentil… Il était quelqu’un que l’on ne pouvait pas détester sauf si on était jaloux ou un adversaire haineux. Il disait toujours qu’il se battait pour son fils mais n’a jamais parlé de sa femme. En fait, nous ne l’avons jamais vu mais je sais qu’il ne répondait pas aux questions la concernant. Thierry ? Tu es vraiment sûr… »

« OUI JE TE DIS ! Lâche moi un peu ! »

D’un geste étonnamment doux, il rendit la photo à la jeune femme aux longs cheveux blonds avant de quitter ses bras pour se lever. Il l’avait fait d’une manière assez violente qui contrastait avec celle d’il y a quelques secondes. Sans rien dire, il mit les deux mains dans les poches et marchait d’un pas rapide pour s’éloigner de là. Cynthia rangea sa photo avant de se mettre à sa poursuite, lui criant :

« Mais Thierry ! Pourquoi tu réagis comme ça ? »

« LÂCHE MOI JE T’AI DIS ! Je ne suis pas ce gamin et je ne le serais jamais ! »

« Mais même si tu ne l’es pas, ça ne change rien ! »

« Tu veux tout savoir ?! C’est ça ?! T’aimerais savoir qui sont mes parents ?! Je vais te le dire ! Comparé à toi qui a vécu des années heureuses avec ton père et ta mère, moi, je n’ai rien eut de tout ça ! Je n’ai JAMAIS eut de mère ! »

« Qu’est-ce… »

« Elle est morte quand je suis né ! Tu as compris ça ?! MORTE ! Alors est-ce que je pourrais être heureux si j’étais le gamin de ta photo ?! »

Elle le rattrapa avec vélocité alors qu’il s’était mis à tousser à force de parler et de crier. Il s’était arrêté et il n’eut pas le temps de se remettre en route qu’elle venait se mettre contre son dos avec tendresse. Maintenant, elle pouvait le comprendre de mieux en mieux et c’était une chose qui lui faisait extrêmement plaisir. Elle était sûre que Thierry était le jeune garçon de sa photo et si… il était son fils alors…

« Et merde… »
Les deux mots résonnaient comme une longue plainte alors qu’il s’était mis à pleurer. Dire qu’à la base, il avait parlé à Cynthia pour se faire pardonner et s’excuser, la réconforter si cela s’avérait nécessaire et là… C’était lui qui se faisait réconforter au final.

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