Chapitre 35 : Terne

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Terne

« Bonjour Thierry. »

« Bon… Bonjour Cynthia. »

Voilà l’une des rares discussions qu’ils avaient depuis quelques jours, depuis cet instant… Il n’osait plus vraiment la regarder en face et il n’arrivait plus à s’énerver autant qu’auparavant. A chaque fois qu’il la voyait, il se focalisait sur ces lèvres… ces lèvres qui s’étaient posées sur les siennes. Rien que le fait d’y repenser le mettait dans un état proche de la transe. Ils n’avaient pas discuté de ce baiser et il ne ferait pas le premier pas. C’était aussi son premier baiser en un sens et… RAHHHH ! Il ne devait plus y penser !


Pendant ces quelques jours, ils s’étaient rapprochés de plus en plus de Rivamar et la ville côtière faisait son apparition sous la forme d’un magnifique phare. Cynthia s’arrêta, baissant la tête comme si elle était en pleine réflexion. Quelque chose la gênait mais quoi ? Il s’était arrêté à son tour, se tournant vers elle :

« Il y a un problème ? Nous ferions mieux de nous dépêcher, on pourrait y arriver avant la nuit. Sauf… Si tu as quelque chose à me dire. »

« C’est… à ce sujet… au sujet de moi… et de toi. »

Il évitait de montrer sa surprise, tremblant légèrement en la regardant. Est-ce qu’elle voulait parler du baiser ? De celui qu’elle lui avait donné ? Il hocha la tête d’un air négatif en fermant les yeux, non, ça ne pouvait pas être ça ! Qu’il arrête de se bercer d’illusions !

« Est-ce… que tu m’en voudrais si je t’ai menti depuis le départ ? »

« Hein ? De ? Attend un peu… De quoi tu veux parler ? »

Mentir à quel sujet ? Rapidement, il tentait de voir de quel mensonge elle pouvait parler ? Le baiser ? La mort de Teram ? Son histoire ? Sa famille ? Non… Attend un peu… Elle ne pouvait pas lui mentir sur sa famille, celle-ci ne pouvait pas être complice donc non, ce n’était pas ça. Mais alors quoi ?

« Et bien voilà… Je… Disons… Que… Je ne suis pas réellement dresseuse de pokémons. »

« Ah ? Mais ça, je le savais depuis le début ! »

Il lui fit un sourire, le premier depuis qu’elle le connaissait. Il s’approcha d’elle alors qu’il l’observait de ses yeux rubis. Depuis qu’elle l’avait embrassé, il la voyait un peu autrement. Il ne savait pas comment l’expliquer mais ils s’étaient mal compris puisqu’il reprit la parole :

« Si tu étais vraiment une dresseuse de pokémons, tu aurais récupéré les badges en même temps que moi ! A part ta Carchacrok, je ne sais pas si tu en as d’autres mais tu n’as pas à t’en faire pour ça. Ne fait pas cette tête. Bon, on se dépêche ou non ? Car j’aimerais y arriver avant la nuit, on pourra prendre un hôtel et j’irais affronter ce Tanguy. »

« Mais je… Ce n’était pas… »

Il reprit la route, la laissant un peu en arrière. Ce n’était pas de ça qu’elle voulait parlé. C’était au sujet… de son rôle de maîtresse de Sinnoh et de… Ah… Elle n’y arrivait pas ! Elle aussi se rappelait le baiser qu’elle lui avait donné. Dire qu’elle n’avait jamais pensé à sa vie amoureuse avant de passer ses journées avec Thierry, maintenant, elle se disait que tout… allait très mal se finir dans cette histoire. Elle devait retarder l’échéance au plus tard.

La journée se passa sans autre évènement et ils arrivèrent finalement à Rivamar. Le jeune homme aux cheveux bruns alla au centre pokémon pour vérifier si tous ses pokémons étaient en parfaite santé alors que Cynthia cherchait un endroit pour la nuit. De nombreuses têtes se retournaient à chacun de ses pas : Rivamar était la dernière ville avant la Ligue Pokémon de Sinnoh et donc… Beaucoup plus de monde la connaissait. Elle avait honte… honte d’être présente en public… honte de ce qu’elle cachait à Thierry. Elle se mit à courir pour échapper aux regards. Elle n’osait plus se montrer. Dire que si elle avait décidé de garder la cape blanche de Thierry… Mais attend un peu ! Elle l’avait gardé ! Le jeune homme bien que chamboulé depuis ce moment, restait toujours sur ses gardes et lui demandait de l’être tout autant. Elle ouvrit son sac, sortant la cape blanche avant de se la mettre de telle façon que son visage et sa chevelure blonde était cachée.

« Comment ça, tu me trouves différent ? »

« … »

« Non mais c’est vrai… Tu as totalement raison mais tu n’as pas à t’en faire, je n’abandonne pas mon premier but seulement… J’ai aussi d’autres choses en tête maintenant. »

« … »

« Oui mais non… Enfin, si… Peut-être. Je ne peux pas te dire. Ne t’inquiètes pas, je ne t’oublies pas. Tu restes ce qui est de plus important à mon cœur, je te le promets. »

Il s’excusait encore envers un pokémon mais cette fois-ci, il l’avait en face de lui bien qu’ils étaient seuls dans la pièce. Heureusement que personne n’était là pour voir avec qui il parlait. Après une bonne demie-heure, il récupéra finalement ses six pokémons qui n’avaient pas besoin de soin en particulier. Il sortit du centre pokémon, cherchant du regard l’endroit où aurait put se rendre Cynthia. Après une vingtaine de minutes, il préféra demander quelques informations à une personne dans la rue, cela montrant qu’il avait changé depuis le temps. Il y a plusieurs mois, il ne lui aurait même pas adressé la parole.

« Pardonnez moi mais… n’auriez vous pas vu une jeune femme à peu près de mon âge avec de longs cheveux blonds et une sorte de veste noire sur le corps ? »

« Mais vous parlez de Cynthia ! Si je savais où elle était, je ne l’aurais pas dit ! »

Hum ? Il restait stoïque, se demandant comment ce type connaissait le nom de Cynthia. Puis rapidement, il se mit à s’inquiéter : Et si ce type était au service des maîtres élémentaires ?! MERDE ! Ils venaient bien de mettre un avis de recherche sur le nom de la jeune femme ! Il devait se dépêcher ! Il prit une pokéball, la faisant grandir avant de sortir Soprallegro :

« Bon mon grand ! On a un problème ! Aide moi à la retrouver ! »

« Nostenfer ! »
C’était la première fois qu’il voyait son maître aussi inquiet et il se disait que cela devait être très grave. Soprallegro poussa un second cri, s’envolant dans Rivamar pour partir à la recherche de Cynthia. Il lui fallut une dizaine de minutes pour voir une personne qui se cachait sous… La cape blanche de Thierry ! Le Nostenfer s’approcha de la personne, se positionnant devant elle. Un petit cri féminin sortit de sous la cape :

« Soprallegro ! »

« Nostenfer ? Nosten enfer ! Nostenfer ! Nostenfer enfer ? »

Il lui demandait de le suivre pour qu’il l’emmène à Thierry. La jeune femme fit un bref mouvement de la tête pour lui dire qu’elle était d’accord. Cinq minutes passées, elle voyait le jeune homme au loin. Sans crier, elle courue vers lui en lui sautant dans les bras quelques secondes après. Le petit moment de joie passé après quelques secondes, Thierry prit la main de Cynthia dans la sienne avant de lui murmurer :

« Il faut absolument qu’on trouve un endroit pour la nuit ! Reste sous cette cape ! Tu es recherchée, ils ont sûrement mis ta tête à prix. Je te l’avais bien dit ! »

« Désolée Thierry, je suis vraiment désolée… Mais ils ne me recherchent pas pour la chose à laquelle tu penses, je suis vraiment désolée… »

« Pourquoi iraient-ils te chercher sinon ? Je suis là pour te protéger, je te le promets. Tu sortiras de Sinnoh sans encombres et en vie… contrairement à mon père. »

« Mais… Thierry. »

Pourquoi c’était de plus en plus dur de tout lui dire ? Elle se laissait emportée par le jeune homme, celui-ci gardant sa main dans la sienne. Elle était si chaude… si forte. Ses yeux argentés étudiaient Thierry : Sous ses airs de grand dur, il était vraiment quelqu’un de… très protecteur, quelqu’un qui se souciait des personnes qu’il appréciait. Elle préférait dire ce mot puisqu’elle n’était pas sûre des sentiments à son égard.

« Tiens ! Un hôtel ! Par contre, ce soir… Exceptionnellement, on dort dans la même chambre, d’accord ? Je préfère prévenir que guérir. »

« Je… Euh… D’accord, Thierry ! Fais comme tu le désires, je suis sous ta protection. »

Quand elle eut terminée de parler, il l’observa et eut un geste envers elle dont elle ne se serait jamais doutée. Il passa sa main dans ses cheveux blonds tout en caressant sa joue droite. Elle trembla sur le moment, se demandant ce qui se passait. Il retira sa main, subitement gêné par ce qu’il venait de faire tout en murmurant :

« Je suis désolé… Je n’aurais pas dut. Suis moi, je prends la parole et tu restes muette. »

Elle hocha la tête alors qu’il se dirigeait vers l’hôtel avec elle. A l’intérieur, il s’avança devant l’accueil, demandant une unique chambre pour deux tout en sortant la monnaie nécessaire pour la nuit. Ils montèrent au second étage, Thierry ouvrant la porte pour inviter Cynthia à rentrer à l’intérieur.

« Je… dormirais sur… »

« Dans le lit avec moi. J’ai… besoin que l’on me protège. Plus sérieusement, tu en fais beaucoup trop pour moi, Thierry. Je ne mérite pas toute ton attention. »

« Nous devons nous préparer. Demain, je récupère le huitième badge et ensuite, je m’en prends au conseil des quatre. »

« Pourquoi tu sembles plus confiant ? Je pensais que Tanguy t’inquiétait. »

« Tout a changé… depuis quelques jours. »

Il ne la regardait pas, refermant la porte derrière lui avant de la fermer à clé. Sans expliquer ce qu’il voulait dire par là, il déposa son sac près de la salle de bain, pénétrant à l’intérieur pour s’observer dans le miroir. C’est bien… Il n’avait pas une sale tête. Il semblait ne pas avoir entendu les paroles de Cynthia au sujet de l’endroit où il dormait. Il revint dans la chambre, Cynthia couchée sur le lit, les bras tendus, ses yeux posés sur le plafond.

« Qu’est-ce qui a changé, Thierry ? Tu veux bien m’expliquer ? »

« J’ai… changé mes plans. »

Il la regarda pendant quelques instants et elle remarqua très vite qu’il parlait d’elle. Elle rougit comme une enfant que l’on complimentait avant de se lever du lit. Elle devait arrêter tout ça avant qu’il ne soit trop tard. D’une voix tremblante, elle lui dit :

« Thierry… Ne… te fais pas d’illusions à mon sujet. Je ne veux pas que tu sois malheureux à cause de moi. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? A nouveau, son cerveau se mit en ébullition pour réfléchir à toute vitesse. Elle le regardait d’un air désolé qui voulait dire tant de choses mais pour lui, cela lui faisait la sensation d’une douche froide. C’est sûr qu’il s’était fait de fausses idées mais… AH ! Il devait se ressaisir, c’était de sa faute.

« Oui… Enfin, je vois ce que tu veux dire, Cynthia. Ca ne fait rien. »

Il lui fit un petit sourire pour lui dire que ce n’était pas grave, un faux sourire. Cynthia baissa la regard : Elle avait l’impression qu’ils s’étaient mal compris ou alors… Qu’il pensait à autre chose. Elle se leva, se dirigeant vers la salle de bain avec son sac. Elle poussa un profond soupir tandis que Thierry s’asseyait sur le lit. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Mais qu’est-ce qu’il allait faire ?!

« Je vais prendre un peu l’air, Cynthia. Est-ce que je peux ? »

« Tu n’as pas besoin de mon autorisation mais reviens vite. Nous devons dormir ensemble. Tu as promis de me surveiller. »

Se moquait-elle de lui ? Après ce qu’elle venait de lui dire ? Il préférait ne pas l’écouter mais… AHHHH ! Il se frotta les cheveux avec frénésie en sortant de la chambre puis de l’hôtel. Elle était finalement prête à aller s’endormir, ayant revêtu sa nuisette noire. Elle se couchait déjà dans le lit mais rester réveillée, elle attendait le retour de Thierry.

Les mains dans les poches, le jeune homme s’était mis à réfléchir sur la situation. Qu’est-ce qu’il devait penser de Cynthia ? Elle était jeune, jolie et surtout très sérieuse. Elle n’était pas du genre à être superficielle alors qu’est-ce qu’il devait penser de tout ça ?! Il devait avoir une discussion avec elle ! Savoir ce qu’elle pensait réellement de lui ! Il s’était laissé avoir par ce sentiment si désirable !

« Pardon. »

« Pardon. »

Il venait de percuter quelqu’un qui s’excusa en même temps que lui. Il ne se retourna pas, marchant dans la ville pendant environ deux heures. Dans la nuit, seul le phare brillait dans le noir. Heureusement qu’il était au-dessus des immeubles et qu’il était plutôt gigantesque sinon la lumière devait fortement gênée les personnes qui dorment. Enfin bon… Il avait réfléchit mais n’avait aucune idée en tête.

« Cynthia ? Est-ce que tu dors ? »

Il était revenu à l’hôtel et remarqua que la porte de sa chambre n’était pas fermée. En fait, la lumière de la chambre n’était pas éteinte mais la jeune femme aux cheveux blonds dormait, un livre posé sur sa poitrine. Elle avait sûrement veillé pour l’attendre mais puisqu’il avait mis tellement de temps, elle n’avait pas résisté à l’appel du sommeil. Il s’approcha d’elle, s’asseyant sur le lit en la regardant.

« Je suis… fatigué de tout ça. Si seulement… Je pouvais tout te dire… à son sujet… et à mon sujet. Je suis le chemin de mon père… jusqu’au bout. »

Il alla embrasser Cynthia sur le front, se demandant si il aurait put l’embrasser plus bas. Non… Ce n’était pas possible. Dire qu’il avait tout fait pour résister à ce sentiment et maintenant… Il se retrouvait comme un gamin amoureux qui ne savait pas s’y prendre avec la personne qu’il aimait, cette personne qui lui cachait des choses.

« Est-ce… que le sceau du secret sera assez fort pour préserver ce que j’ai pour toi ? »

Il se le demandait sincèrement. Il y a plusieurs semaines, il se serait bien foutu de ce qu’elle était mais maintenant, c’était différent. Il s’était occupé de sa grand-mère, il avait appris à la connaître, elle était la jeune fille de son enfance, tant de choses la rapprochaient de lui. Il prit le livre qui était sur Cynthia, le refermant puis le rangeant dans le sac de la jeune femme. Il remonta la couverture sur elle, un petit sourire aux lèvres alors qu’il fermait les yeux pour tenter de s’endormir mais il n’y arriva pas… Du moins, si. Il avait réussi à s’endormir mais le haut de son corps se pencha sur le côté, faisant tomber sa tête juste à côté de celle de Cynthia. Il lui tournait le dos mais la jeune femme aux cheveux blonds poussa un petit soupir durant son sommeil, sentant Thierry près d’elle. En réponse à ce soupir, le jeune homme se retourna. Elle vint placer sa tête sur le torse de Thierry, un petit sourire aux lèvres : Son rêve venait de prendre une tournure plus intime ce qui n’était pas pour lui déplaire.

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