Chapitre 60 : Réunion et séparation

« Je vous laisse une trentaine de secondes pour me donner votre réponse. » reprit la femme en armure noire, le jeune homme continuant de trembler. La maréchale … La maréchale … C’était elle … Il l’avait vue pour la première fois sans son armure … Elle était aussi belle à l’intérieur qu’effrayante à l’extérieur. Ah … Ah … Ah … Il fit un petit pas en arrière, s’arrêtant aussitôt dans sa démarche. Il ne devait pas reculer !

« Maréchale … Nali … Il y a sûrement un moyen de s’arranger, non ? » balbutia t-il avec un peu de crainte dans la voix alors que la femme masquée restait surprise du changement de Tery. Il était vraiment horrifié par elle ? C’est vrai que dans cette épaisse armure … Mais NON ! Elle prit le bras de Tery, disant à son tour :

« Oui … Il y a surement une solution … Mais elle risque de ne pas te faire plaisir, Tery. Si c’est elle qui t’a mis dans cet état, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce ! »

Elle avait déjà fait apparaître son arc, Tery venant subitement l’enlacer de sa main gauche tout en la retournant, s’écria avec force :

« NON ! Arrête ça Elen ! Ne l’attaque pas ! Elle … Elle est bien différente … Des autres … »

« Tu crois que je vais la laisser faire, Tery ?! Je vais m’en occuper ! Ne t’inquiète pas ! Elle ne pourra même pas me toucher avec … » criait la jeune femme masquée, forçant Tery et elle à se remettre face à la maréchale. Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que celle-ci pointait sa main gantée de noir en leur direction.

Un vent violent vint subitement se plaquer contre eux, durant à peine quelques secondes. Lorsqu’il se termina, un morceau du masque blanc de la jeune femme tomba au sol, dévoilant une partie du menton avant qu’elle ne pousse un cri de surprise. Aussitôt, le jeune homme se plaça devant elle, fronçant le regard.

« Ne lui faites pas de mal, maréchale Nali. »

« Depuis quand espères-tu me donner des ordres, Tery ? Tu n’as pas l’air de remarquer qui je suis comparée à toi, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas une question de maréchale ou non ! Si vous préférez, je peux vous appeler par votre véritable prénom ! Manelena, arrête tes idioties ! »

Un bruit métallique se fit entendre, la main droite de la maréchale s’étant refermée aussitôt après qu’il eut terminé de parler.

« De quel droit … penses-tu pouvoir me tutoyer ? Penses-tu réellement que Manelena est mon véritable prénom ? Visiblement, la torture ne t’a pas suffit … On dirait que tu n’as pas compris la leçon, Tery. Je vais devoir y aller beaucoup plus fortement. Clari, occupe-toi de récupérer les médaillons chez eux, c’est un ordre. »

La femme aux couettes blondes hocha la tête, commençant à s’avancer peu à peu avant qu’un mur de glace n’apparaisse entre elle et le trio. Un gigantesque mur de glace, d’au moins cinq à dix mètres de hauteur d’après ce qu’il était possible de voir.

« Enfuyons-nous. » murmura tout simplement Royan avant de se mettre à courir, Tery et Elen commençant à le suivre. Pourtant, le sol s’était mis à trembler, se fissurant légèrement jusqu’à réussir à les faire tomber.

« Ne comptez même pas m’échapper. Tery … Je considère ta réaction comme une véritable trahison cette fois-ci. Tu n’as aucune excuse. »

La voix de Manelena … Ou alors de la maréchale. Ce n’était pas … Ce n’était pas … Il se redressa, gémissant de douleur à cause de son bras droit cassé. Il chuchota :

« Continuez à courir … Je vais la retenir … Pendant ce temps … »

« Hors de question de te laisser seul cette fois, Tery ! Tu me prends pour une idiote ou quoi ?! Je pensais t’avoir dit que je ne voulais pas que ça se répète ! »

Elle n’appréciait pas le moins du monde les paroles du jeune homme et elle n’allait pas se priver de le lui rappeler. Elle lui avait dit clairement ce qu’elle pensait de tout ça ! Elle lui avait pourtant dit ! Pourquoi est-ce qu’il n’écoutait pas ?! POURQUOI ?!

La maréchale réapparut, comme si de rien n’était. Ils n’avaient même pas put faire une cinquantaine de mètres … Et ils étaient encore dans la forêt. Elle se présentait face à eux, Clari ayant sortit sa claymore. Pourtant, la jeune femme aux cheveux blonds semblait peinée et embêtée par la situation. Elle montrait complètement qu’elle ne désirait pas se battre. Pourquoi est-ce qu’il fallait obligatoirement passer par là à chaque fois ? Pourquoi ?

« Je ne compte pas trahi l’armée de Shunter. Du moins … Je ne compte pas vous trahir, maréchale Nali. » répondit avec lenteur le jeune homme alors que la maréchale s’arrêtait dans ses gestes, s’immobilisant.

« C’est déjà fait, Tery. Te mettre de leur côté, c’est s’opposer au mien. »

« Et si vous essayiez de voir un peu entre les deux ? Car je suis du côté des deux groupes. Je ne suis pas spécifiquement dans un groupe sans essayer de me lier à un second. Enfin, je m’explique mal mais … Je suis avec tout le monde ! »

« … … … Ce sont tes dernières paroles ? » questionna la jeune femme en armure noire, craquant ses deux poings, sortant son épée bâtarde avant de la prendre à deux mains.

« Je serai toujours du côté de l’armée de Shunter ! Et je serai toujours du côté de l’Ombre ! » s’écria t-il avec un peu d’appréhension en reprenant : « Je serai TOUJOURS du côté d’Elen mais aussi du tien, Manelena ! Mes amis passent avant mon royaume ! »

« Tutoiement, intérêt personnel avant intérêt du royaume, ton cas est terminé, Tery. »

De l’électricité parcourut l’épée qu’elle tenait entre ses deux mains, le jeune homme aux cheveux bruns tentant de croiser ses bras avant d’hurler de douleur. Sur le coup, il avait complètement oublié son bras droit qui était cassé. La maréchale s’apprêtait à envoyer les éclairs qui entouraient sa lame mais s’arrêta aussitôt, un mur de vent se positionnant entre elle et le trio. Clari fit quelques pas en leur direction, se retournant pour se retrouver en face de la maréchale, sa claymore entre ses deux mains.

« Pardonnez-moi maréchale … Je n’ai rien contre vous personnellement … Mais vous en pendre à Tery, c’est vous en prendre à ce qui m’est important. Je ne peux pas vous laisser faire cela. Laissez Tery réfléchir vous dire ce qu’il faudrait faire et … »

« Trahison de ton côté aussi. Visiblement, il va falloir que je purge l’armée. »

Les éclairs traversèrent en partie le mur de vent, moins puissant que celui de la vouivre. Pourtant, Clari plaça son arme devant elle, celle-ci se retrouvant électrocutée. Elle lâcha aussitôt l’objet, reprenant l’arme après quelques secondes pour être sûre de ne pas recevoir une nouvelle décharge électrique.

« ECOUTEZ-LE BON SANG ! Qu’est-ce que ça vous coûtes, maréchale ?! »

« Comment oses-tu lever la voix en ma direction, Clari ?! Dois-je te rappeler ce qui est arrivé à ta famille ?! Tu veux entacher son honneur ?! Je pensais que tu avais compris la première fois ! » répondit la maréchale avec véhémence, la femme aux couettes blondes semblant stupéfaite bien qu’elle restait en place.

Sa famille ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? La première fois … Il savait qu’elle faisait partie d’une famille noble mais il n’en savait pas plus. Et puis … Ses paroles … Il était aussi important que ça pour Clari ? Au point que la jeune femme salisse le nom de sa famille ? C’était vraiment … gênant mais ce n’était pas le moment d’être gêné.

« Ca ne change rien … Ecoutez-le … Je pense qu’il a une bonne idée … à nous donner. »

« Euh … Pas vraiment, Clari … mais merci … Aie, aie, aie … » répondit-il en se disant qu’il était au centre de l’attention, ce qui était un peu déplaisant.

« Pourquoi devrai-je écouter un traître ? Quelqu’un qui va mourir ? »

« … … … Manelena … Maréchale, c’est votre véritable prénom, n’est-ce pas ? » dit le jeune homme avec un petit sourire confus, la maréchale reprenant :

« Et alors ? Que ça soit le cas change quoi ? Tu vas disparaître bientôt. »

« C’est plutôt joli comme prénom quand on y réfléchit bien. Ca me fait penser à Neel, Elen. Au final, toutes les deux, vous avez un faux prénom ainsi qu’un vrai … Le faux est issu du vrai. Maréchale … Nali … Manelena … Ca se ressemble n’est-ce pas ? »

« … … … Où est-ce que tu veux en venir ? »

« A rien. » termina t-il en baissant la tête. Il n’était pas doué pour les explications et les yeux rubis de la maréchale l’observaient avec furie tandis qu’elle serrait son arme. Personne n’osait faire de mouvements … Elle était au-dessus d’eux … Elle savait parfaitement tenir ses lignes noires et … AH ! Il montra un visage surpris, comme si il venait de comprendre quelque chose qui semblait assez étonnant. Quand il y réfléchissait bien, c’était plutôt impressionnant oui … Enfin, quand il savait au sujet de la maréchale … « Maréchale … Est-ce que je peux vous poser une question ? »

« Si c’est ta dernière … avant de mourir, je veux bien te laisser la possibilité de m’adresser la parole. » reprit-elle alors qu’un léger souffle venait les percuter.

« Pourquoi est-ce que vous m’avez aidé à utiliser mes lignes d’Alzar alors que je suis incompétent ? Pourquoi vous avez fait ça ? Rien ne vous y obligeait … Surtout si c’était pour faire une telle chose à la fin. Rien ne vous y obligeait … » chuchota le jeune homme.

« Ne fallait-il pas essayer de gagner votre confiance ? Je pense avoir parfaite … »

« Il y a aussi d’autres points qui me semblent suspicieux. Du genre, quand je vous ai dis au sujet de la personne que je fixais dans mes pensées, vous avez réagit … »

Une entaille, assez légère mais bien présente vint se dessiner sur son torse, en diagonale. Il poussa un petit cri de surprise, un fin filet de sang sortant de sa nouvelle blessure.

« Il vaut mieux parfois se taire, Tery. Ne m’oblige pas à te … »

Elle s’arrêta aussitôt dans ses paroles. Ne pas l’obliger à le quoi ? Elle serrait son arme entre ses mains. A force de parler … A force … Elle commençait à en avoir assez de tout ça ! Finalement, elle poussa un profond soupir, baissant son arme avant de dire :

« Deux de Claudiska, les trois de Mekalarma. »

« Deux de Claudiska ? » demanda la femme masquée de blanc avant que Royan ne prenne la parole finalement à son tour.

« Elle veut deux des médaillons de Claudiska et trois de Mekalarma. Au final, elle demande simplement à ce qu’ils récupèrent les médaillons qu’ils ont … »

« Tu ferais mieux de te taire. » coupa une nouvelle fois la maréchale en s’adressant à lui.

… … … Et elle ne plaisantait pas visiblement. Il pouvait toujours le dire à voix haute qu’au final, elle voulait juste récupérer leurs médaillons déjà acquis et les deux que Tery avaient réussi à avoir à Claudiska. Il fallait dire que c’était grâce à lui qu’ils avaient survécu et réussi à les battre, c’était alors dans la logique des choses.

« Et bien … Ne me forcez pas à me répéter … C’est maintenant que nos chemins se séparent … avant que j’envisage de vous tuer définitivement. »

Elle semblait sur les nerfs, même plus que ça. Avec réticence, Elen sortit deux des trois médaillons de Claudiska. Le reste était déjà chez la maréchale. Tery prit les deux objets, s’approchant de la maréchale. Celle-ci les récupéra avec une certaine violence dans le geste :

« Et maintenant … Nous nous en allons. Tu nous suis, Tery. »

« Hein quoi ? Hors de question ! Avec toi à ses côtés, tu risques de le malmener ! Tery quitte l’armée de Shunter dès aujourd’hui ! » s’écria l’Ombre alors qu’il semblait surpris.

« El … L’Ombre … Ne complique pas la tâche, s’il te plaît. » murmura t-il avec douceur.

« Je ne complique rien du tout ! Encore une fois, on va être séparé à cause d’un gros … »

« Je ne pense pas que la maréchale m’empêchera de t’écrire. Et dis-toi qu’on a réussi à éviter une catastrophe hein ? C’est quand même … moins pire qu’auparavant non ? »

Moins pire ? Rien que le terme utilisé surpris la jeune femme masquée de blanc. Comme pour l’encourager à accepter, il reprit :

« Et puis bon … Au moins … Tu sais que cette fois, il ne m’est rien arrivé de mal non ? »

« Mais il peut t’arriver quelque chose … Clari ne m’inquiète pas … Mais cette maréchale … »

« Je peux encore t’entendre, petite impertinente. » répondit celle qui fut nommée par l’Ombre.

« Elle ne me fera rien … Et puis, je suis rôdé avec elle ! Elle peut toujours me torturer … Je résisterai, je te le promets ! »

C’était une promesse assez pathétique en un sens mais il fallait cela pour rassurer l’Ombre. Celle-ci se jeta dans ses bras, le jeune homme lui caressant le dos de sa main gauche. Allez … Qu’elle arrête d’être triste. Il lui chuchota qu’un jour, ils iraient parcourir à nouveau ensemble le monde et que cette fois-ci, rien n’allait pouvoir les séparer. Il devait la rassurer … Après deux bonnes minutes, elle quitta ses bras, murmurant :

« Protège-toi bien, Tery. Je t’enverrai une lettre dans une semaine ou deux. »

Elle se rapprocha de Royan, celui-ci hochant la tête pour dire qu’il était prêt à partir avec elle. Les deux personnes s’éloignèrent bien que la femme masquée se retournait plusieurs fois pour être sûre de bien le voir. Elle ne voulait pas l’abandonner à ces deux femmes … mais elle n’avait pas le choix. Pas le moins du monde … Elle devait juste … écouter ce qu’il disait. Elle attendrait la réponse à sa lettre avec impatience. Mais bon … Elle ne voulait pas le quitter … Mais elle devait accepter. ELLE DEVAIT …

« Qu’est-ce qui va m’arriver … maréchale Nali ? » demanda t-il après quelques minutes de marche alors qu’ils partaient de leur côté. C’était la question qui le taraudait depuis le début.

« Toi … Tu ferais mieux de te taire car tout est de ta faute. Nous aurions pu en terminer définitivement avec cette histoire si tu ne t’en étais pas mêlé ! »

Elle semblait furieuse et il la comprenait mais elle avait quand même faux sur quelques points. Il reprit la parole sur un ton un peu distant :

« Ce n’est pas possible … L’Ombre avait déjà plusieurs médaillons avec elle. S’il y en a quinze, elle devait sûrement en avoir déjà deux ou trois par rapport à Shunter. »

« Tu veux aggraver ton cas, n’est-ce pas ? Est-ce que je dois te rappeler à cause de QUI elle possède deux des trois médaillons ?! » hurla t-elle en s’arrêtant, se mettant en face de lui. Clari restait sur ses gardes, ne prenant pas la parole. Ca ne la concernait pas mais elle restait quand même méfiante par rapport à toute cette histoire. Elle ne voulait pas que ça dérape trop … Si ça commençait … Elle allait alors devoir s’en mêler bien que ce n’était pas dans ses intentions à la base, loin de là même.

« A cause de ma personne, je le sais très bien maréchale … Mais ce que j’ai dit est vrai, vous savez hein ? Je compte bien servir l’armée de Shunter mais avant, je compte vous servir. »

« … … … Je suis l’armée de Shunter, ça n’a aucun sens ce que tu dis. »

« Non … J’ai fait la différence. Avant l’armée de Shunter, je compte vous servir personnellement. Si un jour, vos opinions divergent de celles de l’armée, ça sera les vôtres que je servirai en premier. »

Il se prit une violente claque métallique sur la joue, le faisant tomber sur le côté alors qu’il restait couché sur le sol, à moitié assommé par le coup.

« Je sers l’armée de Shunter ! Je n’ai pas besoin de tes paroles ou de ta personne, est-ce bien compris, Tery Vanian ?! » s’écria t-elle avec véhémence.

« O… Oui … Bien sûr … Juste … Je disais simplement ça … comme ça. » balbutia le jeune homme en tentant de se redresser, Clari venant l’aider.

« Et bien, je vais te promettre une chose. Lorsque nous rentrerons, tu vas subir un entraînement draconien … Tu auras tes os brisés, ta chair va t’implorer d’arrêter ce traitement … Tu vas voir, Tery. » murmura la maréchale alors qu’il déglutissait.

Il allait être torturé à nouveau ? Et il venait de promettre à l’Ombre qu’il n’allait pas souffrir. Quel idiot … Vraiment … Pfff … Il avait du mal à croire ça … Mais la maréchale semblait plus que sérieuse. Peut-être qu’il pouvait essayer de discuter ?

« Maréchale … Vous savez … Ce n’est pas forcément une bonne idée. »

« Ouvre-la et je te brise dès maintenant tes deux jambes et ton bras valide. Je te laisse ici te faire dévorer par les créatures environnantes. Est-ce bien clair ? »

« … … … D’accord, je vais me taire si tel est votre souhait, maréchale Manelena. »

« Redis une nouvelle fois mon prénom et tu le payeras de ta vie, est-ce bien clair ? Si j’apprends que les autres sont au courant, tu passeras un mauvais quart d’heure. »

« Je ne suis pas assez fou pour cela, maréchale Nali. » termina t-il la discussion.

Il y avait des choses dans lesquelles il ne se risquerait pas et c’était l’une d’entre elles. Au moins, il avait réussi à calmer le jeu avec Elen et Manelena. La maréchale s’était même montrée plutôt sympathique sur ce point … Dans le fond, depuis qu’il l’avait vue sans son armure, il avait du mal à reconnaître cette femme … De l’autre côté avec Elen, il s’était sentit encore plus proche qu’auparavant. Maintenant qu’ils étaient à nouveau en contact, il espérait vraiment la revoir bien assez tôt. C’était bête de penser ainsi mais elle lui manquait déjà. Il appréciait ses réactions peut-être parce qu’il s’y était habitué ? Mais maintenant … Il allait retourner dans l’armée de Shunter et reprendre une vie … normale ?

Ailleurs … Loin … Aux abords de Shunter, à la frontière de celle-ci, dans une simple auberge, une flamme dévasta tout un étage, balayant ce qui se trouvait à cette hauteur. Plusieurs cris fusèrent, des personnes sortant du bâtiment avec effroi.

« Qu’est-ce qui se passe ici ?! Des soldats nous attaquent ?! »

« NON ! Il n’y a rien de ce côté ! Ca vient de l’intérieur ! Quelqu’un a mis une bombe ?! Ce n’est même pas une bombe ! Il n’y a plus rien du … »

Du côté de l’étage … Ou presque … Une seule personne trônait au milieu de l’étage dévasté. Une femme aux cheveux bruns, des pointes rouges au bout de ces derniers, une frange cachant son œil droit. Son autre œil était rouge, rouge comme le sang alors que des lignes noires apparaissaient sur ses deux bras. Habillée comme une serveuse d’auberge, elle observait les alentours, murmurant :

« Maintenant qu’ils sont tous entre des mains humaines … Entre nos mains … Je vais pouvoir commencer à tout mettre en place. »

« Elise ?! La petite Elise ! Tu t’en es sortie indemne ?! Descends de là ! » répondit une voix facile à reconnaître pour elle puisqu’il s’agissait de celle de l’aubergiste.

Elle tourna son visage vers l’homme qui se rapprochait des cinquante ans. Elle claqua des doigts, son corps flambant subitement, ne laissant que des cendres et des os calcinés alors que d’autres cris se firent entendre. Qu’ils arrêtent … Qu’ils arrêtent de crier … C’était lassant … et énervant. La femme posa une main sur son œil gauche, des larmes s’en écoulant alors qu’elle recommençait à claquer des doigts, des explosions balayant les alentours. Elle sauta de l’étage qu’elle avait ravagé, chuchotant :

« Il est temps d’aller le chercher … pour qu’il m’accompagne. »

Elle passa une main sur sa joue, essuyant ses larmes alors que deux bosses apparaissaient sur le dos de son crâne. Peu à peu des cornes en spirales se présentèrent, lui donnant un air bien plus monstrueux. Mais ce n’était rien par rapport aux deux autres bosses dans son dos, le vêtement se déchirant sur celui-ci pour laisser paraître deux ailes dont les membranes étaient constituées de tissus et sans plumes.

« Monstre … Monstre ! »

« On peut m’appeler ainsi … Mais il s’avère que nous sommes présents avant même que vos races ne naissent … Je n’ai pas de temps à perdre. »

Elle s’envola, laissant quelques rares survivants dans ce qui avait été l’auberge où elle travaillait. Elle avait reçu comme un choc électrique dès l’instant où le dernier médaillon était passé dans les mains d’un humanoïde. Il n’y avait plus de gardien … Aucun …

« A moi de le retrouver. Ensemble, nous pourrons rouvrir la porte vers le monde supérieure. »

Elle disparut dans le ciel. Tout cela n’était que le début … pour un projet bien plus grand qu’une simple récupération de médaillons. Ils étaient temps … de les libérer.