Chapitre 9 : Il suffit d’un rien

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Il suffit d’un rien

« Téoooooooooooo ! Téoooooooooo ! » s’écria l’adolescente aux cheveux blonds, sortant du restaurant où ils avaient mené une lutte sans merci pour avoir leur premier badge … ensemble ! Bel se retrouva rapidement à sa hauteur, un grand sourire aux lèvres tandis qu’il fit mine de l’ignorer. Après son effusion de joie, il évitait de la regarder. Tournant la tête à gauche et à droite pour ne pas la voir, elle se plaça finalement en face de lui, prenant son visage à deux mains avant de dire : « Mais tu m’écoutes un peu hein ? Hein ? Téo ! »

« Lâche-moi, Bel ! C’est bon ! » répondit-il en lui retirant ses mains. Voilà ! Il la regardait ! Qu’est-ce qu’elle voulait alors ? Qu’elle parle maintenant !

« On va fêter notre victoire tous les deux ? On a réussi à avoir notre premier badge ! Il faut fêter ça ! On a un peu d’argent en plus maintenant ! »

« Je dois garder mon argent pour des choses plus importantes. Je refuse donc de l’utiliser pour une futilité telle que fêter ma victoire pour un premier badge plutôt simple. »

« Tu es trop vaniteux et tu es trop avare ! » cria Bel avant de rigoler, plus amusée qu’autre chose par les dires de l’adolescent. Qu’il soit avare et vaniteux, c’était son problème. Ça ne la concernait pas ! Il annonça sèchement :

« Maintenant que tu sais ce que je suis, tu peux me laisser tranquille ? Je me repose et ensuite, je vais me préparer pour la seconde arène, voilà tout. »

« Oui … Mais non ! Tu viens avec moi ! » s’exclama l’adolescente aux cheveux blonds avant de lui prendre la main et de courir avec lui.

Mais qu’est-ce qui clochait chez elle ? QU’EST-CE QUI CLOCHAIT ? Il voulut retirer sa main mais elle la serrait avec tellement de force qu’elle l’empêchait par tous les moyens d’enfuir ! Il était obligé de la suivre même s’il n’en avait pas envie ! AH ! Qu’elle le lâcheeeeeee ! PUREE ! Ah ? Qu’est-ce que … La main de Bel se retira de la sienne pendant quelques instants alors qu’ils avaient arrêté de courir. Il pouvait s’enfuir ?

« Bonjour monsieur le vendeur ! Vous auriez quelques confiseries pour Téo et moi ? » demanda l’adolescente avec joie. Alors que Téo s’apprêtait à faire quelques pas pour s’éloigner, la main de Bel reprit rapidement la sienne, le forçant à rester en place. Elle se prenait pour qui ? Une gamine ou quoi ?

Devant son air ravi tandis que le marchand lui montrait tous ses échantillons, il la laissa faire. Lui ? Il regardait le ciel, étudiant celui-ci pour tenter de deviner l’heure. Le soleil n’était pas encore prêt de se coucher mais il n’était pas aussi haut que ça dans le ciel. Hum … Ils devaient être au milieu de l’après-midi.

« Téo ? Téo ? Tu ne prends pas de bonbons ? Regarde comme ça a l’air bon ! »

« Je t’ai déjà dit que je ne voulais rien acheter. Prends-toi ce que tu veux et laisse-moi tranquille, d’accord ? Bon … Maintenant … »

« C’est moi qui te les achète ! Goûte ce marshmallow ! » annonça Bel tout en lui fourrant un morceau de guimauve dans la bouche, l’adolescent ne s’y attendant pas. Il l’avala d’une traite, toussant un peu avant de s’exclamer :

« Mais tu es folle ? J’aurai pu m’étouffer ! Je n’ai pas envie de bonbons ! C’est pourtant … »

Hein ? Elle avait dit qu’elle lui en achetait ? Il écarquilla les yeux, semblant en proie au doute. C’était offert … de la part de Bel. Donc c’était gratuit. Mais en même temps, c’était Bel quoi. S’il acceptait une telle chose, elle allait se faire des idées et … Hum … Bon. Ce n’était que des bonbons n’est-ce pas ? Il prit simplement quelques friandises caramélisées et d’autres bonbons à sucer dans la bouche. Elle ? Elle avait décidé de prendre trois sucettes et quelques confiseries à mâcher. Elle remercia l’homme avant de rigoler, un grand sourire aux lèvres en observant Bel. Celui-ci ne la regardait pas, mangeant ses bonbons sans un mot. Il semblait prendre le maximum de temps pour les déguster, mettant cinq à dix bonnes minutes pour finir ne serait-ce qu’un seul d’entre eux.

« C’est bon hein ? Hein ? » demanda Bel, une sucette à la bouche, le regard rieur en s’adressant à lui. Pour toute réponse, il remua la tête de haut en bas sans un mot.

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Tout simplement s’asseoir sur un banc tout en dégustant les bonbons achetés. Pendant qu’il observait le badge qu’il venait d’avoir, elle tentait de lui faire la conversation, Téo l’écoutant brièvement sans chercher à lui répondre. Dans le fond, c’était plutôt un monologue qu’un dialogue.

« Téo ? Dis … Dis … Je peux te demander quelque chose ? » murmura-t-elle faiblement.

« Même pas en rêve, Bel. » répondit-il aussitôt, finissant un caramel.

« Alors … Euh, je me disais … Puisqu’on a eu notre premier badge ensembles … » reprit l’adolescente, se triturant les doigts en baissant la tête. Ce n’était pas vraiment qu’elle était gênée mais une fausse manœuvre verbale avec Téo et c’était fichu.

« Je refuse tout de suite. Ne cherche même pas à me poser cette question. »

« Mais tu peux quand même me laisser te la poser non ? Tu peux y réfléchir un peu, Téo ! » bredouilla l’adolescente, posant ses mains sur ses épaules.


Grumpf … Il valait mieux la laisser parler. Avec son petit coup d’éclat pendant … le combat en arène, il se méfiait un petit peu d’elle. Mais il ne l’appréciait pas, il ne fallait pas rêver. Cette fille était comme une verrue au pied dont il fallait se débarrasser à tout prix. Il arrêta de sucer son bonbon, posant ses yeux bleus sur elle en attendant qu’elle reprenne.

« Tu sais, c’est quand même très triste de voyager tout seul quand on est un dresseur pokémon ! Tu ne trouves pas ? » dit-elle, essayant de parler implicitement. Elle n’était franchement pas douée pour cela mais elle essayait de faire de son mieux.

« J’arrive à m’en incommoder. Enfin, à la base, c’est ce que je comptais faire mais depuis le début du voyage, j’ai une épine dans le pied. »

« Mais tu ne te sens pas un peu seul ? » demanda Bel en rapprochant son visage du sien.

« Si je devais m’embarrasser de tels sentiments, il y aurait longtemps que je me serais senti seul. Je ne me sens pas seul, pas le moins du monde. »

« C’est bizarre … ce que tu dis … » murmura l’adolescente aux yeux verts, penchant la tête sur le côté. Non ! Elle ne devait pas perdre son idée de départ ! « Enfin … Euh … Comment dire … Je voulais te demander quelque chose. Alors, comme je pensais que tu te sentais seul et qu’il valait mieux, enfin, si tu en as envie … »

« Pas le moins du monde. Je me répète une nouvelle fois, c’est non. » coupa sèchement Téo sans même une once d’hésitation dans ses propos.

« Mais laisse-moi finiiiiiiiiiiiiiir ! » cria Bel dans un long râle rempli de désespoir.

« Mais pourquoi perdre ton temps à me demander quelque chose dont tu connais déjà la réponse ? » questionna l’adolescent avant qu’elle ne prenne son visage à deux mains. Elle colla son front contre le sien, leurs visages proches à quelques centimètres l’un de l’autre. Son souffle chaud caressait les lèvres de l’adolescent, celui-ci restant imperturbable.

« Car tu ne peux pas savoir avant d’avoir entendu. Donc, je disais … euh … Qu’est-ce que je disais ? AH OUI ! Je sais ce que je voulais dire ! Est-ce que tu veux bien que l’on voyage ensembles tous les deux ? Ca sera encore mieux ! » annonça l’adolescente avant de murmurer en trois temps, un petit sourire charmeur : « S’il … te … plaît ? »

« Hors de question. » annonça Téo, retirant les mains de Bel de son visage.

« Hein ? MAIS MAIS MAIS MAIS … Et le sourire ? Et puis la phrase dite toute lentement ? Pourquoi est-ce que tu n’as pas accepté ? Ça devrait marcher ! C’est comme ça dans les livres ! Ca marche tout le temps dans les livres ! »

Mais ils n’étaient pas dans un livre, seulement dans la vie réelle. Elle allait devoir arrêter de confondre la réalité et la fiction. Maintenant qu’elle avait fini de raconter sa vie et surtout d’essayer de l’amadouer, ils allaient pouvoir enfin se séparer. Il se leva du banc, Bel faisant de même, comme un automatisme.

Elle n’allait pas le laisser tranquille ! Malgré les apparences, elle était quand même du genre très tenace. Enfin, il avait pu le remarquer depuis leur première rencontre. Lorsqu’elle avait une idée en tête, elle ne se privait pas pour tout faire pour qu’elle s’accomplisse. Elle se positionna en face de lui, le fixant longuement. Il voulut passer à côté d’elle mais elle fit un pas sur le côté, se remettant en face de lui.

« Bel … S’ il te plaît, lâche-moi la grappe. Tu sais aussi bien que moi que tu me parasites. »

« Tu veux dormir à l’hôtel aujourd’hui ? »

« Bel, vraiment tu … Oh et puis zut, laisse tomber. Tu connais encore une fois ma réponse. »

Il fit un petit geste de la main pour dire qu’il n’en avait rien à faire. Il fit un demi-tour sur lui-même mais déjà, elle se retrouvait en face. Elle attendait sa réponse ? Et bien, qu’elle patiente car il ne lui répondrait pas. Pourtant, elle ne comptait pas abandonner la lutte verbale. A chaque mouvement qu’il faisait, elle était à ses côtés. Qu’elle était casse-pieds lorsqu’elle le désirait ! Il devait quitter cette ville et la laisser seule !

« Téoooooooo ! Tééééééoooooooooo ! Tu peux attendre dix minutes ? Je dois passer un coup de téléphone et ensuite, on peut aller à l’hôtel ! »

« Fais ça et tu ne me verras plus jamais. » répliqua l’adolescent mais elle était déjà partie.

Ah ? Elle voulait jouer à ça ? Alors, elle allait avoir une sacrée surprise ! Dès qu’elle fut hors de son champ de vision, il commença à courir à toute allure vers la sortie de la ville. Il ne restait plus qu’une heure ou deux avant que le soleil ne se couche. Après une dizaine de minutes, exténué et le souffle rapide, il était enfin sorti de la ville. Voilà ! Bon, il n’allait sûrement dormir bien au chaud dans un lit douillet mais ce n’était pas un souci. Bien entendu, il pouvait aussi oublier la tente mais qu’importe.

Humpf … Ce qu’elle allait devenir, il s’en fichait particulièrement. Il savait juste que se débarrasser d’elle était souvent plus compliqué qu’on ne le croyait. D’ailleurs, il avait même l’impression de l’entendre. Malgré qu’il avait quitté la ville, il semblait encore sa voix. C’était tout simplement impossible ! Si c’était le cas, il devait se cacher !

« Téoooooo ! Téoooooo ! Dis-moi où tu es ! Téooooooo ! » cria l’adolescente alors qu’il se cachait derrière un arbre, un rocher, n’importe quoi ! La nuit n’était pas encore présente donc elle pouvait facilement le repérer si elle cherchait.

« Hors de question qu’elle me trouve ! » marmonna t-il en se mettant assis derrière une pierre de grande taille. Il l’entendait crier son nom une nouvelle fois mais … Il y avait un problème dans le ton. Il entendait quelques trémolos :

« Téooooo ! Rép … Répond-moi ! Téoooooooo ! Snif … Snif … »

Hu ? C’était une drôle de manœuvre ça. Faire semblant de pleurer pour le faire sortir de sa cachette. Le gros souci dans ce qu’il pensait ? C’est qu’il ne s’imaginait pas l’adolescente avoir une telle tactique pour le manipuler. Qu’est-ce qui se passait ?

« Ce n’est pas mon problème de toute façon. » chuchota Téo en restant derrière son rocher.

« Téoooo, réponds … réponds moi s’il te plaît ! MOUINNNNNNNNNNNN ! »

Oh bordel ! Elle allait alerter tout le monde, même les pokémons sauvages si elle commençait à pleurer de la sorte ! Et pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Il sortit de sa cachette, faisant quelques pas vers elle. Elle était assise sur le sol, les jambes entrouvertes comme le serait un enfant qui venait de s’écorcher le genou. Elle avait de grosses larmes aux yeux, reniflant bruyamment en apercevant Téo. Elle se redressa, courant vers lui avec difficultés, son visage parcouru par les pleurs. Ah … Ah … AH NON !

« Désolé mais pour l’accolade, va te trouver une peluche Ronflex. » annonça l’adolescent, faisant un pas sur le côté alors qu’elle avait essayé de le serrer contre elle. Elle se pencha en avant, s’apprêtant à s’écrouler au sol mais il eut la décence de tendre son bras au niveau du ventre de l’adolescente, la rattrapant à temps. Il poussa un profond soupir. Il aurait mieux valu qu’il … ET MERDE ! Il venait de commettre une grosse erreur !

« Snif … Snif … Pourquoi tu es parti, Téo ? » bafouilla l’adolescente, passant ses deux mains autour du torse de Téo, se serrant contre lui, collant sa tête contre son torse.

« Car je veux me débarrasser de toi. Tu ne t’es quand même pas mise à chialer à cause de ça ? Je te l’ai pourtant déjà dit plein de fois. »

« Snif … Beuh … Téo, c’est pas de ta faute, snif. »

« Ah mais je l’espère bien car je m’en voudrai pas le moins du monde. » répondit-il sèchement, nullement apitoyé par les pleurs de Bel qui semblaient s’être arrêté peu à peu.

« Snif … Je peux rester s’il te plaît ? » demanda Bel après une trentaine de secondes de reniflement aiguës. Cette position n’était pas inconfortable mais elle pouvait donner quelques quiproquos. Et surtout, surtout … Il ne savait pas pourquoi elle pleurait !

« Tu m’expliques ce qui se passe ? »

Il ne lui répondait pas par l’affirmative car ne le tentait pas plus que ça qu’elle soit dans ses bras. Surtout qu’il ne faisait aucun geste chaleureux envers l’adolescente. Il avait juste les bras qui pendai… Ah non. Il avait toujours la main sur son ventre. Il la retira avec dextérité, levant les yeux en direction du ciel. Vraiment, qu’elle le lâche … et dans tous les sens du terme cette fois. Elle chuchota :

« C’est … Ce n’est pas grand-chose, Téo. Promis … »

« Bien entendu, tu as donc l’habitude de pleurer pour rien ? En plus d’être une hystérique complètement folle et enjouée, ça t’arrive d’avoir des sauts d’humeur et de pleurer sans raison ? Je dois t’appeler comment dorénavant ? Bel qui rit, Bel qui pleure ? »

« Mais nonnnnn ! C’est … C’est pas ça ! C’est … C’est personnel. »

Ah. Le domaine personnel. Comme il ne s’intéressait pas à elle, il n’allait pas poser plus de questions à ce sujet. Il n’aimerait pas aussi qu’elle commence à s’immiscer dans SA vie. Il poussa un profond soupir, se disant que cette fille n’était qu’une source d’ennui. Il ferma ses yeux saphir, s’immobilisant en laissant le temps qui s’écoulait. Puis finalement, il sentit que la pression exercée sur son dos et son torse se faisait moins forte. Elle releva son visage, le regardant de ses yeux émeraude mais rougis par l’émotion.

« Téo … Merci beaucoup. » dit-elle finalement après une vingtaine de secondes de fixation.

« Tu n’as pas à me remercier car je n’ai rien fait. Bon … Puisque tu as fini avec tes larmes de … Qu’est-ce qu’il y a encore ? »

« S’il te plaît … Viens dormir à l’hôtel, toi aussi. Je me sentirai moins inutile. »

« Je m’étais pourtant exprimé à ce sujet, Bel. » conclut l’adolescent, se préparant à partir maintenant qu’elle ne le serait plus. Néanmoins, Bel lui tira faiblement sur sa veste, le forçant à stopper son amorce de mouvement. Il l’étudia, remarquant à quel point elle semblait si vulnérable. Il s’était passé quoi alors au final ? Demain, c’était la dernière échéance !

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