Chapitre 18 : Souffrir seul

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : Souffrir seul

« Téoooooo ! Téooooooo ! » cria Bel alors que le matin venait à peine de se lever.

« Bel … Tu ne veux pas arrêter ? Certaines personnes dorment encore à cette heure-ci. Tu n’as même pas dormi correctement cette nuit. » répondit Touko, la suivant avec lassitude.

« Mais peut-être que Téo n’est pas loin. Je dois le retrouver avant qu’il ne soit trop tard. »

« Hum … Et si tu le laissais souffler un peu aussi ? C’est peut-être pour ça qu’il ne t’apprécie pas, contrairement à ce que tu veux croire. »

« Mais ce n’est pas vrai. Tu as entendu le professeur hier ? Il ne me déteste pas ! Et puis, il doit maintenant se sentir tout seul. » répondit calmement Bel mais avec un grand sourire aux lèvres. Elle ne perdait pas du tout son caractère …

« Humpf … Fais comme tu veux bien que je pense qu’il y a une autre solution que de réveiller toute la ville avec tes cris. Par contre, les garçons dorment encore. Des grosses larves … »

Une autre solution ? Elle voulait bien l’entendre. Mais Touko resta muette, ne semblant pas se préoccuper de ce qu’elle disait il y a encore quelques secondes. Bon ! Ben, comme elle ne voulait pas en parler, elle n’allait pas perdre plus de temps avec ça ! Elle recommença à crier, du moins, elle essaya avant qu’une main ne se mette sur sa bouche.

« Ah non ! Tu vas t’arrêter ! Ce n’est pas humain de torturer les gens de la sorte ! »

« HUMPF ! HMMMF ! HUMPF ! » marmonna l’adolescente aux cheveux blonds, essayant de retirer la main de Touko sur sa bouche.

« Non, je ne te lâcherai pas. Tu as intérêt à te calmer avant qu’il ne soit trop tard … Respire un bon coup, reprend ton souffle et ensuite, je te retire ma main. Tu me promets de ne pas crier ? Bel ? Tu me le promets ? »

« … … HUMPF ! » dit Bel alors que Touko retirait sa main. « AH ET BIEN MERCI ! MAIS POURQUOI EST-CE QUE TU AS … »

« Mais tu ne m’as pas écouté ! » s’écria Touko après lui avoir remis la main sur la bouche. « Et dire que j’avais une idée pour que tu puisses retrouver à coup sûr Téo. »

Bel s’arrêta aussitôt dans ses mouvements, étant particulièrement tranquille tandis que Touko l’observait pendant quelques secondes. Hum … Bon … Est-ce qu’elle était vraiment calme cette fois ? D’après le regard émeraude, c’était le cas. Elle retira sa main, s’apprêtant à la remettre aussitôt que Bel ouvrit la bouche. Pourtant, ce fut d’une voix inquiète que Bel pris la parole, murmurant faiblement :

« Alors … Dis … Dis … Dis-moi c’est comment que je peux retrouver Téo ? »

« Hum ? Te voilà bien docile. Dorénavant, si je vois que tu continues à faire la folle, je crois que je te menacerai de faire du mal à Téo. Je suis sûre que ça marchera parfaitement. » répondit Touko, Bel posant ses mains sur ses épaules.

« S’il te plaît ! Tu ne m’as pas dit ce que je dois faire ! Téo est tout seul ! »

« Hum ? Je t’ai déjà dit de te calmer ! Mais sinon, l’idée est toute simple. Il faut juste que l’on accélère le rythme et ensuite, nous nous rendons à l’arène pour le second badge. Si nous nous dépêchons, nous arriverons avant lui. Bien entendu, il faudra questionner la championne de l’arène pour être sûr qu’il ne soit pas déjà en possession du badge. »

« Et ensuite, s’il n’a pas son badge, je l’attends discrètement derrière un mur et je lui fais la plus grosse surprise de sa vie ! »

« … … … Quand tu parles comme ça, tu me fais vraiment peur, Bel. Tu le sais ? » dit Touko alors que l’adolescente aux cheveux blonds rigolait fortement. Pourtant elle semblait plus qu’apprécier l’idée de son amie d’enfance.

« Hihihi ! Pourtant, je ne suis pas effrayante ! Mais il faut que j’aille capturer un troisième pokémon pour l’arène ! Ce n’est pas facile du tout ! »

« Euh … Tu n’as pas besoin d’avoir un troisième pokémon. D’après ce que j’ai appris, il n’y a que deux pokémons à affronter. Donc tu n’as pas à t’en préoccuper d’en avoir un troisième. »

« Alors je vais entraîner mes deux pokémons ! » termina-t-elle de dire avec un grand sourire. Ah … Bon … S’il suffisait simplement de parler de Téo pour qu’elle soit aussi joyeuse, c’était bien plus simple à noter pour les prochaines fois. Ce Téo … Qu’est-ce qu’il avait de si spécial pour mettre dans cet état Bel ? Vraiment, elle ne comprenait pas.

Ailleurs, l’adolescent au béret rouge et aux cheveux noirs était en sueur, marchant avec lenteur. Il commence à tousser violemment alors qu’il s’arrête de marcher. Il posa une main sur un arbre, respirant bruyamment.

« Aller … La ville n’est pas si loin que ça … Pas du tout même. J’y suis presque. Maillard est à portée de la ville. Ah … Ah … J’aurai dû en prendre plus. »

« Vipé ? VIPELIERRE ! » s’écria aussitôt Vélicia en remarquant le visage rouge de l’adolescent. Il était en chaleur ou quoi ? Non … D’après ce qu’elle remarquait, ce n’était pas du tout ça. Il se sentait mal … très mal même.

« Non, non … T’as pas besoin de gueuler, Vélicia. Je vais bien. Faut juste qu’on trouve la ville et ensuite … Et ensuite … On verra plus tard. »

« Larveyette ? Larve, larve ? » demanda la petite chenille alors qu’il cherchait à rassurer ses deux pokémons. Bon … C’était juste … un petit problème. Rien de bien grave. Ah … Il n’y avait pas du tout à s’en faire à son sujet.

« Je vais vous prouver que je vais bien. Regardez-moi ! »

Avec lenteur, il recommença à marcher. Du moins, il faisait un pas en avant par un pas, l’autre pied se traînant lamentablement au sol. Sur son visage, on pouvait apercevoir toute la souffrance de cette action. Des lianes l’empêchèrent d’avancer plus longtemps, Vélicia le regardant avec un peu de colère. Elle reprit :

« Vipé ! Vipélierre, vivi, vipélierre ! »

« D’accord … Je me repose juste cinq minutes. Pas besoin de t’exciter sur moi sinon je t’abandonne directement, c’est compris ? »

Il pouvait toujours parler, il savait qu’il n’était pas écouté par ses pokémons. Mais bon … Il ne pouvait rien y faire. Il vint s’asseoir contre un arbre, sans sourire, ni rien. Ah … Ah … Qu’est-ce que ? Ils étaient au beau milieu de l’après-midi et pourtant, Vélicia sortit la couverture offerte par la Team Plasma pour la mettre sur lui.

« Vipé … Vipérlierre, vipé, vivivi … Vipélierre. »

« Je ne suis pas en état critique … Même si c’est vrai que … J’ai un peu froid. » murmura-t-il faiblement alors que sa main droite fouillait dans le sac banane qu’il ouvrit. « Je peux te demander quelque chose ? Car je ne crois pas que Lisanée en sera capable … »

« Vipé ? Vipélierre ! Vipé vivi vipélierre ! »

« Merci bien … Car tu peux te déplacer plus rapidement qu’elle. Bon … Tiens … » chuchote l’adolescent, sortant les petites boîtes de caoutchouc complètement vides. Il les tendit à la Vipélierre, celle-ci les récupérant grâce à ses lianes. « Essaye de trouver quelqu’un ou quelque chose … Ou je ne sais quoi … Je vais t’attendre avec Lisanée. »

C’était plus grave qu’il ne le faisait croire. Il avait l’air calme et serein, comme habitué à tout ceci. Mais pourtant, elle était aussi inquiète que la Larveyette. D’ailleurs, Lisanée avait poussé des petits cris, Vélicia retirant la couverture. Qu’est-ce que… La petite chenille commençait à cracher sa sécrétion, enroulant ses jambes puis son corps et ses bras dans une toile solide jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que la tête qui soit au-dehors.

« Qu’est-ce que … tu fais ? »

« Larveyette ! Larve ! Larveyette ! » cria la petite chenille, grimpant sur le cocon de toile jusqu’à venir se loger juste au niveau du col de l’adolescent. Elle avait pénétré dans le petit espace entre le haut du cocon et le cou de Téo.

« Idiote … Tu n’as pas besoin de faire tout ceci pour moi. S’il te plaît, Vélicia. »

« Vipélierre ! » annonça la pokémon avant de faire apparaître d’autres lianes. Aussitôt, elle se balança d’arbre en arbre, disparaissant au loin tandis qu’il poussait un profond soupir.

« Si on m’avait dit un jour que je devrais compter sur mes pokémons … pour tout ça … Je n’y aurai jamais cru. Je pose plus de problèmes que je n’en résous … »

« Larve ? » demanda la pokémon en le regardant de ses petits yeux globuleux. Elle pencha le front en avant, les petites boules dessus tentant de trouver le front de Téo. Il se pencha faiblement, nouant le contact entre lui et sa pokémon. Ah … Vraiment … C’était bizarre qu’il réagisse ainsi. Pourtant, il se laissa faire, la pokémon poussant un petit cri inquiet.

« Bon … T’en fais pas, c’est devenue une habitude. Mais bon … Je le montres pas … »

Pourtant, la pokémon restait quand même un peu inquiète. Inquiète, inquiète, inquiète. S’il était devenu un dresseur, c’était pour éviter les inquiétudes. Bon … Il ferma les yeux, la Larveyette revenant s’installer correctement. Brrr … Et il en était certain … Qu’est-ce que Bel se serait imaginé hein ? S’il avait été dans cet état.

« Elle aurait encore piqué une crise et m’aurait rendu encore plus malade que je suis maintenant. Euh … Bon … Par contre, de toute façon, elle n’est pas là. »

Et si elle avait été là, il lui aurait hurlé dessus, quitte à ne plus avoir de voix. Ah … Bon … Les yeux fermés, il devait se laisser tranquille. Ah … Non vraiment, il ne devait pas dormir. Il ne devait pas avoir l’envie de dormir. C’était la pire des choses à faire. Il devait dialoguer … avec sa Larveyette. Il prit la parole une nouvelle fois :

« Lisanée ? Tu veux bien parler avec moi ? De tout et de rien … »

« Larve ? Larveyette ? Lalala ! Larve lar … » répondit avec douceur la pokémon.


Tant mieux alors … Mais maintenant, il devait réfléchir à quoi il devait parler. Un sujet … Un sujet de conversation tout simple. Il devait parler, dialoguer, faire quelque chose. Il rouvrit ses yeux, regardant la petite créature qui l’observait elle aussi. Purée … Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas pris un Venipatte ? Ca aurait été plus … viril ou fort non ? Enfin … Bon, peut-être que c’était pas le plus impressionnant comme pokémon.

« Alors, qu’est-ce que tu faisais avant que je te capture par inadvertance ? Car tu traînais avec un Venipatte non ? Ou alors, vous vous affrontiez tous les deux ? »

« Larveyette ! Larve larve, larveyette, yette ! »

« Vous étiez alors en train de vous bagarrer … Je vois, je vois. »

« Larveyette … Larveyette … Larve ! » répondit avec entrain la petite créature.

« Hum ? Et tu dis que tu m’aimes bien et que ça ne te gêne pas que je t’ai capturé ? Je l’espère bien … Car sinon, ça risque de poser quelques problèmes lorsqu’il faudra que tu combattes pour moi. Tu penses pouvoir m’écouter ? »

Elle ne lui répondit pas, ayant fermé ses yeux tandis qu’il se retrouvait en train de soupirer. Bon … D’après ce qu’il avait compris, ce n’était pas encore pour maintenant qu’il allait recevoir de l’aide. Le plus gros souci … C’était de se faire comprendre. Est-ce que la Vipélierre allait réussir ou non ? Car malgré le cocon et la couverture qu’avait mise Vélicia avant de partir, il avait un peu froid.
« Brrrr … Si ça ne tenait qu’à moi … Je n’aurai jamais décidé … de faire ça. »

Mais bon, c’était ainsi. Et il avait pris sa décision lorsqu’il avait remarqué à quel point la vie était difficile. C’était pour ça … qu’il était maintenant assis contre un arbre, en train d’agoniser comme une créature blessée. Bon … Ce n’était pas la fin … Enfin pas encore. Mais là … Il ne pouvait plus tenir. Il était tellement fatigué, tellement exténué … Il ferma ses yeux à son tour, plongeant dans un sommeil profond.

« Vipélierre ! Vipé ! Vipélierre ! »

« Quoi ? Tu me dis que ton dresseur est ici ? Purée … Ca en fait du chemin depuis Maillard ! Je me demande même qu’est-ce que tu faisais avec des médicaments, toi. »

Une voix bourrue et masculine se fit entendre en plus de celle de la Vipélierre. La petite créature verte fit son apparition, utilisant ses lianes pour se déplacer alors qu’un homme de quarante ans, à la forte ossature, se présentait derrière elle. Lorsqu’il remarqua le cocon, il poussa un petit cri de surprise avant de dire :

« Ben mazette … Si je m’attendais à ça ! »

« VIPE ! VIPELIERRE ! VIPELIERRE ! » s’écria Vélicia, grimpant à toute allure vers Téo. Elle s’apprêtait à lui donner des claques au visage avec ses lianes mais l’homme l’arrêta.

« Ohla, ma petite … Tu vois bien qu’il respire … Par contre, l’a pas l’air en bon état quand même. Il est juste en train de se reposer. Et y a une drôle de cr… Oh bordel ! C’est une Larveyette, c’est une amie à toi ? Ou alors, elle s’est installée comme ça ? »

« Vipélierre … Vipé … Vi … vivi… lierre ? »

« Mais je te dis qu’il va bien … Enfin, je crois … Tant qu’il respire, c’est bon. Par contre, t’as gardé les petits médicaments avec toi ? Car va falloir les emmener à l’hôpital. »

La petite lézarde verte hocha la tête positivement, s’apprêtant à soulever son dresseur avec ses lianes bien qu’elle sentait qu’elle n’en aurait pas la force. L’homme l’arrêta d’une main avant de sortir une pokéball. Il cria :

« Ouvrifier ! Viens nous filer un petit coup de main ! »

Un pokémon plus que robuste et sérieux, malgré son nez de clown rouge, fit son apparition. Bandant les muscles, il s’approcha du cocon avant de le soulever avec ses deux mains. Il le plaça au-dessus de sa tête, disant :

« Ouvri ! Ouvrifier ! Ouvri, ouvri, ou ? »

« Y a un peu de chemin à faire mais je ne pense pas que ça va te déranger hein ? Ça te fera les muscles, Ouvrifier. On ne perd pas de temps. Direction Maillard et son hôpital ! »

« Vipélierre … Vipé … Vipélierre. » murmura faiblement Vélicia.

« Mais arrête de t’en faire à son sujet. Tu verras bien que c’est moins dramatique ça en a l’air. Tu rentres dans ta pokéball ? Ou alors, si tu peux récupérer ses affaires … »

Oui. C’était exactement ça qu’elle allait faire. Même si … L’adolescent était loin d’être parfait, elle était son premier pokémon. Et il avait bien montré qu’il n’était pas si monstrueux que ça malgré ce qu’il tentait d’être. Elle espérait que tout allait bien.

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