Chapitre 46 : Le mal a un nom

ShiroiRyu
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Chapitre 46 : Le mal a un nom

« Ah … Ah … Ah … »

Il avait mal, tellement mal. Quelle heure était-il ? Il ne savait pas … à part que le soleil était déjà levé. Serrant contre lui sa Lianaja, il sentait aussi que ses deux autres pokémons étaient là. Quel idiot … Quel idiot … Quel idiot ! Il émit un petit sanglotement avant de se frotter les yeux. Ce n’était pas grave, pas grave du tout. Il n’avait pas à s’en faire, ce n’était pas important. Il souffrait mais c’était normal dans le fond.

« Qu’est-ce que ça … Ah non ! Pas au réveil quand même ! »

C’était peut-être pour ça qu’il s’était réveillé. Son Vokit était en train d’émettre un petit bourdonnement et de vibrer alors qu’il regardait qui l’appelait. C’était Bel … Il était environ dix heures du matin. Il avait beaucoup dormi. Est-ce qu’on lui avait laissé la possibilité de dormir plus longtemps que prévu ? Et surtout, ce n’était pas dans ses habitudes de dormir jusqu’à une telle heure. Après tout ce qui s’était passé hier, il pouvait néanmoins comprendre son besoin de sommeil. Un besoin bien trop important.

« COUCOU TEO ! »

AAAAAAAAAAAHHHH ! BORDEL ! SES OREILLES ! Il plaça ses deux mains sur ses oreilles après le cri de Bel alors qu’il gémissait de douleur. A cause de cela, ses pokémons commencèrent à s’éveiller tandis qu’il grognait.

« Bel ! Imbécile ! Tu n’as pas vu l’heure ? Mes pokémons dormaient. A cause de toi, elles sont maintenant réveillées. Pardon, pardon … Je suis désolé, vous pouvez vous rendormir. » murmura l’adolescent, caressant le crâne de ses trois pokémons, celles-ci n’hésitant pas à s’emmitoufler une nouvelle fois dans les couvertures. Lui ? Il regardait Bel, se frottant les yeux pour être sûr que rien n’était possible de remarquer. Bel bredouilla :

« Dis, dis, tu dormais ? Si c’est le cas, je suis vraiment vraiment désolée, Téo. Je ne voulais pas te réveiller, enfin, je voulais juste te parler, j’espère que tu veux bien que je te parle. »

« Pas pendant que je suis dans la Team Plasma. Je pensais avoir été assez clair à ce sujet. Bon, pourquoi est-ce que tu veux me parler ? Et oui, tu m’as réveillé, espèce d’idiote. »

« OUPS ! Désolée, désolée, désolée. Je ne voulais pas te réveiller. Vraiment pas et … »

« Et si tu allais plutôt à l’essentiel non ? » déclara l’adolescent, peu enclin à avoir une discussion avec Bel car il ne voulait pas perdre de temps. Il était déjà fatigué rien qu’au fait de l’entendre et de la voir … ou alors peut-être parce qu’il venait de se réveiller.

« Euh … Alors, l’essentiel ? Ben, tu connais très bien ce que je veux dire ! Et tu sais, c’est quoi ? Eh bien, c’est … MERCI BEAUCOUP ! JE T’ADORE, TEO ! »

« Bel ! Tu ne peux pas te taire ? Tu vas réveiller définitivement mes pokémons ! »

« Oups … Oups, oups, oups ! J’ai fait une grosse bêtise on dirait encore une fois. Désolée, Téo mais c’était juste que je voulais vraiment te remercier énormément pour tout ce que tu as fait. Enfin, tout ce que tu as dit, c’était vraiment … »

« Ce n’était rien et je ne veux même pas savoir. S’il te plaît, si tu m’as appelé juste pour ça, j’aimerai plutôt que tu me lâches. J’ai envie de dormir et … »

« C’est vrai que tu as une mauvaise mine. Tu devrais aller te coucher encore un peu, Téo. Mais je veux que tu me promettes que tu manges bien hein ? »

« Oui, oui, je mange correctement. Bon maintenant si tu veux bien me lâcher, je vais aller me doucher. Pour une fois que je peux en prendre une, je ne vais pas me priver. »

« D’accord ! Moi, je suis déjà dehors, tu as pu voir ? Enfin, non, je suis pas dehors mais je suis toujours dans Méanville, j’ai dormi là-bas avec Touko et les autres, c’était vraiment très drôle et plaisant mais surtout, qu’est-ce que j’ai été heureuse que tu dises tout ça à mon père ! Tu ne peux pas savoir à quel point, je … »

« Rappelles-moi donc dans une demi-heure ou une heure. Je coupe la conversation. »

Il n’écouta pas les suppliques de l’adolescente alors qu’il terminait la conversation en appuyant sur le Vokit. Ah, ça faisait du bien quand ça s’arrêtait. Il se tourna vers ses pokémons, celles-ci restant à moitié avachies dans le lit. Il vint leur dire qu’il allait prendre une douche, les trois pokémons acquiescèrent d’un hochement de tête tandis qu’il s’enfonçait sous la douche.
Quelques minutes plus tard, il en sortit, ayant pris ses médicaments en même temps. Il observait ses deux mains qui tremblaient encore mais bon, tant qu’elles bougeaient, c’était bon … Enfin, c’était sa vision des choses. Une vision un peu sinistre et pessimiste et parfois optimiste … Pendant qu’il avait pris sa douche, les trois pokémons parlaient entre elles. Oh punaise, trois pipelettes. Surtout depuis que Vélicia avait évolué.

« Vous dites si je vous dérange mesdemoiselles. » signala l’adolescent.

« Liana. Lianaja jaja. Liana. » déclara la Lianaja, hochant la tête avant que le Vokit ne se remette à bourdonner et à vibrer.

« Non mais bon sang ! Elle est pire qu’une sangsue. J’y crois pas … »

Il n’arrivait pas à croire qu’elle avait décidé de l’appeler exactement trente minutes après qu’il lui a dit de le rappeler. Elle le faisait exprès hein ? Ce n’était pas possible autrement, ce n’était pas possible autrement de sa part ! Elle cherchait à se faire frapper !

« BEL ! Quand même ! T’abuse un peu, tu ne le sais pas ? »

« Hein ? Mais pourquoi ? J’ai attendu une demi-heure ! Comme tu me l’avais demandé ! Je n’ai pas fait de bêtises pourtant, Téo. »

« Oh tu le fais exprès, n’est-ce pas ? Espèce d’idiote … J’en ai marre. Bon, qu’est-ce que tu veux encore me dire ? J’en ai assez de t’écouter. »

Hein ? Mais pourquoi ? Elle n’avait rien dit de mal non ? Elle n’avait rien fait de méchant, non ? Alors pourquoi est-ce qu’il disait ça ? Elle ne comprenait pas du tout où il voulait en venir. Elle, tout ce qu’elle désirait, c’était de parler avec lui, uniquement avec lui. Bon, bien entendu, Touko n’aimait pas qu’elle fasse cela mais elle était quand même assez grande pour savoir ce qui était bien ou non hein ?

« Téo, Téo, quand est-ce que tu reviendras à Méanville, dis, dis ? »

« Je ne compte pas revenir à Méanville, contrairement à ce que tu crois, c’est aussi simple que ça. Je ne compte pas revenir du tout. »

« Oui mais tu reviens quand à mes côtés alors ? » demanda t-elle une nouvelle fois. Est-ce qu’elle le faisait exprès ou quoi ? Dire qu’hier, il avait encore vanté les mérites de son intelligence. A croire qu’il allait devoir revenir sur ses paroles.

« Jamais, c’est clair ? Bon, ne me fatigue pas, j’ai pas que ça à faire. Je suis quelqu’un d’occupé. » déclara l‘adolescent avec un peu de colère.

« Alors, tu sais quoi ? On va garder la communication ouvert entre nous deux et on ne parle pas. Comme ça, on ne fait que se voir sans parler mais ça me suffit ! Moi, tant que je vois que tu vas bien, je suis sûre que c’est une bonne chose. »

« On met cette idée en exécution dès maintenant. Tais-toi et ne parle plus. » coupa Téo, Bel mimant un geste sur ses lèvres pour dire qu’elle était muette.

Si seulement ça pouvait être vrai. Il avait beaucoup de mal à croire en cela. Il regarda l’adolescente à travers le Vokit, celle-ci semblant être en train de marcher sur le trottoir de Meanville. Ils n’allaient quand même pas faire quelque chose d’aussi risible non ? Pourtant … Ca semblait être le cas puisqu’elle ne parla plus.

« Si seulement ça pouvait être vrai … Pfff … C’est pas une mauvaise idée. »

Ça ne lui déplaisait pas le fait qu’il la voit en permanence, loin de là même. Au moins, il savait où elle se trouvait et inversement. Bon, il était temps de rappeler ses pokémons. Il prit ses trois pokéballs, demandant à Vicélia et ses deux comparses de rentrer à l’intérieur, chose qu’elles firent. Il quitta la chambre, se dirigeant vers la cantine du QG avant d’être interrompu dans sa marche par une voix.

« Hey. Bonjour Téo. J’ai quelque chose pour toi. »

Quelque chose pour lui ? Et c’était qui qui venait de parler ? Il se tourna pour remarquer N. Celui-ci tenait un sachet dans les mains, un petit sourire aux lèvres.

« De quoi ? Qu’est-ce qui est pour moi ? C’est quoi ? » demanda l’adolescent, un peu suspicieux par rapport à ce que N venait de dire.

« C’est exact. Je pense que cela te sera utile. Enfin, je l’espère car je ne sais pas exactement ce qu’il te fallait. Bref, tiens, voilà. » répondit N avant de lui tendre le sachet. Téo jeta un œil à l’intérieur, regardant ce qui s’y trouvait. Des médicaments ? De toutes sortes ?

« Euh ? Et pour quelle raison est-ce que tu me donnes ça ? »

« Et bien pour que tu ailles mieux non ? Par contre, qu’est-ce que ces pharmaciens sont des imbéciles. Si tu n’as pas d’ordonnance, tu ne peux pas acheter la majorité de ces médicaments. Comment est-ce que je suis sensé savoir si cela va être efficace ou non ? »

« La majorité m’est inutile parmi ce que je vois. » déclara Téo avec neutralité, regardant les médicaments sans les étudier plus que cela.

« Ah … Je vois, je vois … Dommage. J’aurai bien aimé essayer de faire quelque chose de sympathique envers un humain mais on dirait bien que ce n’est pas possible. »

« Ouais enfin bon … Merci. C’est au moins l’intention qui compte. » soupira Téo, un peu perturbé. Il faisait vraiment pitié, n’est-ce pas ? Pour que même N se préoccupe de ça. « De toute façon, les médicaments dont j’ai besoin ne sont pas ceux-là. Il faut une ordonnance et généralement, ils sont beaucoup plus forts. »

« Si tu me disais ta maladie, peut-être serait-il alors possible d’envisager comment te soigner ? Même si ce n’est que de la retarder. »

« Je me suis déjà exprimé hier à ce sujet et je … »

Et il ? L’adolescent s’était arrêté dans ses paroles, regardant N longuement. S’il allait devoir travailler sous ses ordres, il valait peut-être mieux le lui dire. Et après ce que N avait dit hier, c’était peut-être pas une si mauvaise idée que d’en parler, n’est-ce pas ?

« Enfin bon … De toute façon, ce n’est pas une maladie commune donc bon, je ne vois pas en quoi cela t’intéresserait de le savoir, N. »

« Dis-toujours, tout problème a sa solution. » répondit aussitôt l’adolescent aux cheveux verts.

« J’aimerai bien ne pas le dire en public si nécessaire. Je préfère encore que l’on retourne dans ma chambre si ça ne te dérange pas. Je vais te le dire. »

Ah ? Enfin ? Il allait le lui révéler ? N accompagné Téo dans sa chambre. Lorsqu’ils furent tous les deux dans celle-ci, il ferma la porte à clé. Il ouvrit ensuite son sac banane, sortant plusieurs médicaments avant de les tendre à N.

« Essaie donc de voir si tu sais de quelle maladie il s’agit. »

« Je ne suis pas vraiment spécialiste dans ce domaine donc il y a de fortes chances que je me trompe, je tiens à te le signaler au cas où. »

« Ça ne fait rien, tente toujours. Qui ne tente rien n’a rien. » déclara Téo, un peu soucieux de ce qu’il était en train de faire. Maintenant, il était trop tard pour retourner en arrière.


Quelques minutes passèrent, N étant en train de lire à voix haute les différents médicaments. Pyridostigmine ? C’était un nom vraiment très savant mais qu’est-ce que cela permettait ? Car les médicaments indiquaient les composants mais pas forcément leurs effets.

« Je ne vois pas du tout. Cela ne me dit rien du tout, désolé. »

« Cholinestérase. Du moins, c’est un peu ce que l’on dit. En clair, mon corps perd peu à peu de sa mobilité au fil des jours, des semaines, des mois, des années. Pour l’heure, comme je prends tous ces médicaments, cela ne se voit pas mais je m’épuise très rapidement, je marche et je ne coure assez lentement, rien à voir avec celle d’une personne normale de mon âge. »

« Est-ce que cela veut dire que tu te paralyses peu à peu ? »

« Cela ne se voit que très peu mais si je ne prenais aucun de ces médicaments, mes yeux seraient bien affaiblis, mes paupières s’abaisseraient à moitié sans que je puisse faire quelque chose contre ça. Oh … Il n’y a pas que les bras et les jambes mais là, pour l’heure, je suis disons à la seconde étape de ma maladie. Plus tard, tout un pan de mon corps ne répondra plus, voilà tout. C’est aussi simple que ça. Peu à peu, mes muscles seront paralysés, qu’ils soient là pour la mobilité ou alors … »

« Respiratoires. Peu à peu, tu vas avoir du mal à respirer, non ? De quoi est-ce que je parle ? C’est quoi cette maladie ? Il y a surement un moyen de la soigner, non ? »

« Si c’était aussi simple que ça, il y a peut-être un moyen, je n’en suis pas sûr. Ça ne se soigne pas comme ça, un long traitement est nécessaire, très long traitement même. Du moins, là, je la stoppe depuis des années et elle ne progresse que très lentement. Mais je pense qu’au bout d’un moment, ces médicaments ne feront plus effet. De toute façon, on ne peut pas soigner une myasthénie comme ça. Sauf avec des moyens horriblement chers, loin de ma portée. »

Ailleurs, dans Méanville, une adolescente aux cheveux blonds s’était arrêtée de marcher, le bras droit pendant lamentablement en direction du sol. Bras qu’elle avait emmené à son oreille il y avait encore quelques minutes..

« Téo … Téo … » chuchota-t-elle plusieurs fois à la suite avant de se mettre à serrer le poing droit. Avec lenteur, elle appuya sur le Vokit pour stopper la conversation. Elle avait décidé d’écouter ce qu’il disait avec N mais maintenant, elle en savait assez. Beaucoup trop même … Elle en savait beaucoup trop. Avec ce que Téo venait de dire …

Avec ce que Téo venait de dire, elle savait maintenant pourquoi il était comme ça. Elle savait aussi pourquoi il n’avait jamais voulu en parler. Elle devait faire semblant … Elle devait faire semblant, comme si elle n’avait rien entendu. Juste faire semblant quand elle le reverrait. Elle sanglota avant de bafouiller :

« Mais c’est trop dur ! Comment est-ce que je suis sensée rester là sans rien faire alors que Téo souffre ? Hein ? Comment ? »

Elle se frotta les yeux pour ne pas pleurer, remarquant que plusieurs têtes se tournaient vers elle. Sans même attendre que quelqu’un lui demande si ça va, elle s’était mise à courir à toute allure en direction d’une pharmacie. Dès qu’elle pénétra à l’intérieur, elle cria :

« Je veux tout savoir sur la myasthénie, s’il vous plaît ! Mais je veux vraiment tout savoir ! Tout ce qu’il faut pour aider quelqu’un qui l’a ! Je veux vraiment tout savoir s’il vous plaît ! Aidez-moi s’il vous plaît ! Je veux tout savoir ! »

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