Chapitre 61 : Ressemblances

ShiroiRyu
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Chapitre 61 : Ressemblances

« Vous êtes sûre que c’est une bonne idée ? Je veux dire … Vous pourriez quand même faire autre chose que de rester là à ne rien faire. »

« Je ne fais guère rien. Je vous surveille. » déclara Anthea alors qu’elle coupait une pomme. Lui ? Il était assis dans le lit, encore une fois. Il pouvait un peu bouger mais pas trop. On lui avait conseillé de se reposer grandement, le temps que les nouveaux médicaments emmenés fassent leurs effets. Il dit d’une voix un peu troublée :

« Je croyais qu’on avait dit de ne pas nous vouvoyer ? »

« Hum ? Et donc ? Si vous le faites, je le fais, non ? » répondit-elle dans un sourire, tendant l’un des quartiers de pomme à Téo qui vint rougir faiblement.

« Je suis fautif … Si je commence à te vouvoyer, c’est normal que tu fasses de même. »

« Je pense que je peux te pardonner, Téo. Raconte-moi donc comment tu as connu maître N, comment tu as rejoint la Team Plasma, bref, tu devrais me parler un peu de toi. »

« Anthea, tu ne devrais pas se faire fatiguer notre hôte. » déclara une voix derrière la jeune femme aux cheveux roses. Celle-ci se retourna, reprenant la parole :

« Je voulais seulement m’intéresser un peu plus à l’invité de maître N. »

« Bien entendu, bien entendu. Mais il est vrai qu’il est très rare de voir des adolescents dans la Team Plasma mais surtout des personnes proches de maître N. Je pense que je veux bien entendre ton histoire aussi. » annonça finalement Concordia.

Elle prit une seconde chaise, venant s’asseoir à côté d’Anthea qui lui tendit un quartier de pomme pour qu’elle puisse la peler à son tour. Il avait un peu honte … Il avait l’impression de se servir de ces deux femmes. C’était un peu monstrueux en soi. Du moins, c’est comme ça qu’il voyait la chose. Après, il n’était pas sûr que ça soit … vraiment ce qu’il pensait.

« Je ne sais pas vraiment qu’est-ce que je pourrai vous raconter. Ma vie n’est pas très intéressante, vous savez. » bredouilla Téo. Depuis qu’il était là, il était vraiment confus et perturbé. Il avait l’impression que … ces femmes étaient différentes de toutes celles qu’il avait connues, même sa propre mère ne semblait pas aussi … tendre.

« Oh … Nous sommes sures que si. Toute vie est potentiellement intéressante. »

« Anthea, je ne crois pas que ça soit une bonne chose. Sincèrement, je … »

« Téo, si tu nous racontes comment était ton enfance, nous te raconterons celle de maître N. »

« Anthea ! Quelle proposition est-ce là ? » s’exclama Concordia, surprise par le ton employé.

« N … Peut-être que … Oui … Peut-être que je peux vous en parler un peu mais n’ayez pas pitié, d’accord ? C’est surtout ça. » murmura Téo. En apprendre un peu plus sur N … grâce à ces deux femmes, c’était une bonne chose. Du moins, il le voyait comme ça.

Finalement, il parla plus que nécessaire. Il le sentait dans sa voix puisqu’il racontait comment il était né, comment était son père, comment était sa mère. Il racontait aussi comment il avait décidé de fuguer, les petites histoires de son enfance, toutes ces choses. A la fin de son histoire, Anthea avait perdu son sourire, baissant la tête.

« Ce n’est pas très … joyeux si je peux me permettre. » déclara-t-elle.

« Ce n’était pas vraiment le but de mon histoire. Je suis désolé … Je ne voulais pas vous déprimer mais bref, voilà … comment ça se passait. »

« Même si normalement Anthea n’aurait jamais dût le promettre, nous allons te raconter l’histoire de maître N. Nous pourrons même te faire visiter sa chambre d’enfant. »

« C’est sûr que vu l’endroit, il peut se permettre d’en avoir plusieurs. » répondit l’adolescent, essayant de rigoler un peu pour retirer l’ambiance qu’il avait installée avec son histoire.

« Peut-être devrions-nous plutôt d’abord répondre à tes questions si tu en as ? » demanda Anthea. Des questions ? Au sujet de quoi ? De qui ? De N ?

« Je ne sais pas vraiment ce que je pourrai demander. Est-ce que N a toujours été ainsi ? Il semble en vouloir quand même énormément aux hommes. »

« Disons qu’il a été peu à peu incité à devenir de la sorte. » répondit doucement Anthea. Incité ? Cela voulait dire que quelqu’un l’avait forcé peu à peu ?

« Je crois qu’il vaut mieux que vous me racontiez tout … Enfin, si vous le désirez bien toutes les deux, je ne peux pas vous forcer. »

« Est-ce que tu es capable de te lever ? » demanda Concordia alors qu’il répondait que oui. Pourtant, lorsqu’il fit un premier pas, Anthea vint prendre son bras, lui murmurant de s’accrocher à elle et Concordia. Hahaha … Il pouvait se considérer comme chanceux mais bon … Il n’était pas fait pour draguer, loin de là. Il était plutôt réservé.

Mais ça, il ne le montrait pas. Il ne le montrait pas à Bel. Il n’avait pas envie … de se rapprocher d’elle. Même si, au final, il se sentait mal à cause de ce qu’il avait fait et dit. Il avait quand même blessé l’adolescente par rapport à ses sentiments. Il savait qu’elle était quand même très attachée à lui, voire même un peu plus mais … mais … Non. Il ne pouvait pas se le permettre, c’était tout. Il ne pouvait pas.

Il aurait bien aimé y répondre mais ce n’était pas dans son caractère. Ce n’était pas lui. Il n’en était pas réellement capable, contrairement à ce qu’elle pouvait s’imaginer. Ah … Il se demandait ce que Bel faisait maintenant. Ses yeux se posèrent sur son Vokit. Après sa nouvelle trahison, il était sûr et certain que Touko et les autres allaient tout faire pour l’empêcher de la voir mais en même temps, il ne voulait pas.

« Nous y sommes, Téo. Nous sommes devant la chambre de maître N. »

Anthea avait remarqué le petit voile dans les yeux de Téo, ne disant rien. Seule Concordia avait pris la parole, montrant la porte en face des trois personnes. C’était là que N avait passé son enfance ? Cela semblait tout ce qu’il y avait de plus basique en extérieur.

Anthea l’invita à pénétrer à l’intérieur, l’adolescent se retrouvant entre les deux femmes alors qu’ils rentraient tous les trois. Cette chambre … C’était vraiment une chambre d’enfant mais une chambre à jouer ? Avec le petit son d’une boîte à musique comme si elle ne s’arrêtait jamais … En même temps, il y avait aussi un petit train qui continuait de rouler sur les rails. Des cubes, des peluches, il y avait un peu de tout.

« Est-ce que je peux … dire que c’est un peu sinistre ? »

« C’est normal. Cet endroit a été délaissé pendant des années mais nous avons tenu à nous en occuper car maître N aime retourner là-bas quelques fois. »

« Ah … Je vois, je vois … Ce n’est pas vraiment sinistre, pardon. C’est plutôt triste. »

Les deux femmes se regardèrent longuement, comme pour étudier ce qu’il venait de dire. Est-ce qu’il avait prononcé quelque chose de problématique ? Il se sentait un peu intimidé.

« Il est vrai que la vie de maître N n’a pas été forcément très joyeuse. Est-ce que tu veux retourner dans ta chambre pour que nous te racontions son histoire ? »

« Je préférai … ici … J’ai l’impression que c’est ici la place la plus importante pour N. »

« Oh … Nous voyons, nous voyons. Tu n’as pas totalement tort. » répondirent les deux femmes ensemble alors qu’ils se mettaient en cercle, le fond sonore se faisant entendre grâce à la boîte à musique. Elle était vraiment belle cette musique … mais triste.

« AH ! Désolé, j’ai un petit souci, je le règle tout de suite ! »

Il venait d’entendre son Vokit qui s’allumait, signe que quelqu’un cherchait à le joindre. Les deux femmes le regardèrent alors qu’il voyait le nom de Bel qui s’inscrivait. Il ne … Il ne devait pas l’effacer même si cela s’avérait nécessaire. Il ne voulait pas.

« Voilà, c’est réglé, je ne serai plus dérangé. » dit l’adolescent après quelques instants.

« Peut-être était-ce une personne importante ? Néanmoins, si tu es capable de communiquer avec l’extérieur, comptes-tu trahir la Team Plasma ? »

La question était grave, très grave, de la part de Concordia. Elle lui avait posé une question des plus pointues mais surtout pertinentes. Il ne pouvait pas lui mentir.

« C’était une personne très importante mais je ne peux pas lui répondre. Quant à communiquer avec l’extérieur, je ne le ferai pas. Enfin, je ne trahis pas la Team Plasma car je n’en fait pas partie. Je suis aux côtés de N, pas de la Team Plasma. »

« Oh. » murmurèrent les deux femmes en même temps, semblant satisfaites de la réponse de Téo. Celui-ci ne soupira même pas de soulagement, n’ayant jamais été réellement inquiet par tout cela, loin de là même. Alors … Il était temps de parler de N, non ?

Et il y en avait beaucoup à dire à ce sujet. Anthea fut celle qui raconta l’histoire, semblant être faite pour ça. Elle murmura à Téo que N avait toujours été un enfant solitaire. Aucun humain ne pouvait s’approcher de lui à part Ghétis. Il fallait dire que N était promis à devenir le futur roi. Aucune personne ?

« Vous voulez dire que … N n’a jamais connu d’autres personnes de son âge ? »

« Pas avant ses quinze ans, jour de son intronisation. » répondit Concordia.

Intronisation. Il avait été fait roi ? Il ne s’était donc pas trompé au sujet de l’adolescent. Celui-ci était bel et bien un roi ! Mais bon, peut-être était-ce tout simplement une invention de la Team Plasma ? Et en même temps …

« N n’a jamais eu réellement d’amis depuis le début. » murmura l’adolescent aux cheveux noirs. Anthea hocha la tête négativement avant de dire :

« Ce n’est pas vraiment le cas. N n’a jamais eu d’ami humain … mais il était entouré par les pokémons que le grand sage Ghétis ramenait. »

Ghétis lui ramenait des pokémons ? Mais pour quelle raison ? Pour que le garçon aux cheveux verts se rapproche d’eux ? Ou alors … Il y avait autre chose ? Alors que Concordia allait reprendre la parole, ce fut Anthea qui vint dire :

« Ces pokémons étaient tous maltraités, depuis le début. Des pokémons qui avaient été battus voire même torturés par leurs anciens dresseurs. »

« Mais qu’est-ce que … A quoi est-ce que … Enfin non … Je … »

« Anthea, tu n’étais pas obligée de préciser cela. Néanmoins, ce qu’elle dit est vrai. Ces pokémons avaient eu une existence horrible et triste mais grâce à maître N, ils purent enfin être heureux et apaisés. Ils le méritaient. »

« Mais tout cela a fait se développer en maître N une animosité envers les humains. Une animosité telle que même les membres de la Team Plasma le laissent indifférents. »

« Mais vous deux ? Vous … »

« Nous nous occupons de maître N depuis l’âge de ses cinq ans. Nous avons toujours été à ses côtés depuis sa plus tendre enfance. Nous sommes les rares personnes avec qui … »

« Les rares personnes qu’il apprécie. » murmura Téo.

« C’est exact, Téo. » répondit Anthea alors que l’adolescent aux cheveux noirs semblait songeur. Quelque chose était bizarre. Pourquoi n’emmener que des pokémons blessés à N ? Quelle était cette raison ? Pourquoi ? Mais surtout, si seul Ghétis était …

« Est-ce que le grand sage Ghétis est le père de N ? »

« … … … Oui. » répondit Anthea après quelques instants, ayant regardé Concordia pour savoir si elles pouvaient en parler toutes les deux.

« Mais la mère de N ? Est-ce qu’elle fait aussi partie de … »

Il s’arrêta dans ses propos, remarquant l’air sombre que venait d’arborer les deux femmes. Ah … Un sujet fâcheux, très fâcheux même d’après ce qu’il remarquait.

« Pardonnez-moi, je n’aurai pas dût en parler. »

« Ce n’est guère de ta faute, tu n’étais pas au courant, comment pouvais-tu le deviner ? » répondit Anthea dans un petit sourire alors qu’il semblait soucieux.

« Je crois que j’en ai assez appris au sujet de N. Est-ce que l’on peut me ramener dans la chambre ? Je crois que j’ai besoin de me reposer. »

« Je te laisse t’en occuper, Anthea. » déclara Concordia avant de se lever, rapidement rejointe par les deux autres personnes. Sans répondre, Anthea tendit son bras à Téo pour qu’il puisse s’y accrocher. A force de rester assis, il avait quelques crampes. Il espérait que tout cela allait bientôt partir car il en avait assez de rester là sans rien faire.

Pendant les prochaines minutes, il ne vint pas parler à Anthea. Cette nouvelle lui montrait à quel point N … était quand même assez proche de lui. Du moins, qu’il lui ressemblait … contrairement à ce qu’il avait pensé au départ.

« Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences. »

« De quoi veux-tu parler, Téo ? Ou alors, tu t’adressais à toi-même ? »

« « C’est le cas, je suis désolé … Anthea. Merci de m’aider à m’emmener dans la chambre. »

Mais de rien. C’était tout naturel de sa part. Lorsqu’ils arrivèrent dans la chambre, il vint se coucher dans le lit, Anthea revenant s’asseoir à côté du lit.

« Tu ne vas quand même pas … encore rester à côté de moi ? »

« Et pourquoi pas ? Je dois veiller sur toi, ce sont les ordres de maître N. »
Ordre ou non, c’était quand même assez gênant à force. Pourtant, il ne vint plus rien dire, regardant le plafond alors qu’il était couché dans le lit. N … avait eu une enfance solitaire. Il ne pensait pas malheureuse car accompagné des pokémons, il avait au moins eu de la compagnie … contrairement à lui.

« Repose-toi encore une fois, Téo. »

« Je pense que c’est ce que je vais faire. Est-ce que tu peux me réveiller dans quelques heures ? Après que je me sois bien reposé ? Ou pour mes médicaments. Merci Anthea. » répondit l’adolescent aux yeux rubis, fermant les yeux pour s’endormir. Là encore, il s’était apaisé, il se sentait tranquille, l’âme en paix. Oui … Par rapport à N, il commençait à mieux comprendre l’adolescent, ce qui était une bonne chose à ses yeux, une très bonne … chose.

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