Chapitre 69 : Rejeté

ShiroiRyu
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Chapitre 69 : Rejeté

« En clair, je ne suis plus le bienvenu ici. »

Il avait dit cela avec une petite pointe d’amertume alors qu’Anthea venait l’enlacer aussitôt. Non ! Ce n’était pas ça ! Pas ça du tout ! C’était plus compliqué qu’il ne le croyait ! Bien plus ! Mais … Elle ne pouvait pas le lui expliquer comme ça. Elle garda l’adolescent contre elle, lui murmurant doucement :

« Tu resteras toujours en contact avec moi, Téo. Avec moi, maître N mais aussi Carmine. »

« Carmine ? Qu’est-ce … Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce vieil homme voudrait rester en contact avec moi ? C’est à peine si je lui ai parlé. »

« Oh … Tu sais, les sept sages ne sont pas des monstres hein ? Même si ils sont ceux qui dirigent la Team Plasma sous la tutelle de Ghétis et de maître N, ce sont des hommes comme les autres hein ? Ils ont aussi des sentiments ou de l’affection. »

« Ah bon ? Enfin oui … Je vois où tu veux en venir Anthea … mais juste à moitié. »

« On dirait bien alors que tu as réussi à attirer l’attention de ce vieil homme qu’est Carmine. Ces personnes sont souvent sans famille, tu sais. La Team Plasma leur a permis d’avoir une vie sociale alors qu’ils étaient prêts à terminer leurs vies en étant seuls. Donc, tu sais, en quelque sorte, tu es le petit-fils qu’il n’a jamais pu avoir et qu’il n’aura jamais. »

« Petit-fils est quand même un bien grand mot, je trouve. Je ne pense pas qu’il envisage la chose comme ça. Du moins … »

« Tu ne peux jamais savoir ce qui se passe dans la tête d’autrui, Téo. »

Il haussa les épaules une nouvelle fois. Elle avait totalement raison, il le savait parfaitement mais qu’importe, ce n’était pas ça qui l’intéressait. Loin de là même. C’était cette nouvelle qui était effarante, vraiment très effarante même.

« Et comment est-ce que je suis sensé me débrouiller ? Où est-ce que l’on va m’emmener ? Car je pense que je vais quand même être emmené ailleurs non ? »

« Je ne sais pas du tout. Peut-être Parsemille ? Mais avant toute chose, je vais essayer d’arranger les choses. Tu ferais mieux d’aller dormir, Téo. »

« Tu penses vraiment que je peux aller dormir après ce que tu viens de me dire ? »

« Pas le moins du monde. C’est pour ça que je vais rester avec toi et veiller jusqu’à ce que tu finisses par tomber de sommeil. »

« Comme tu veux … Ce n’est pas un souci. » souffle l’adolescent, plus perturbé qu’il ne le croyait par les propos d’Anthea. Au moins … C’est comme ça qu’il voyait les choses : on le rejetait à cause de sa maladie. Bel ? Elle avait toujours acceptée celle-ci. Sa place n’était pas auprès de la Team Plasma mais … de quelques rares personnes de celle-ci. Il discuta avec Anthea jusqu’à finir par s’endormir, trop fatigué pour penser au lendemain.

Le lendemain, Anthea vint le réveiller, Téo demandant si tout ce qui s’était passé n’avait été qu’un mauvais rêve. Elle ne fit qu’hocher négativement la tête sans lui répondre. Elle l’aida à se mettre debout avant de murmurer :

« Quelqu’un aimerait te voir avant que tu ne partes. »

« Qui donc ? Si ce n’est pas trop indiscret de demander … bien entendu. Car je n’ai pas vraiment confiance. J’espère que ce n’est pas un piège. »

« Téo, je sais bien que ce que la Team Plasma va te faire est abject mais tout le monde n’est pas ainsi. L’être humain … n’est pas foncièrement mauvais au départ. Il est difficile d’inculper cela même à maître N. »

« Ca ne fait rien … Bon … Où est-ce qu’il faut que j’aille ? »

Elle lui indiqua le chemin à suivre, marchant à côté de lui. Il n’était pas rassuré le moins du monde mais qu’importe, il n’avait pas à s’en faire … d’après elle. La jeune femme lui fit traverser plusieurs couloirs jusqu’à toquer à une porte.

« Téo est présent. Je vous l’emmène. »

« Qu’il entre donc. » murmura une faible voix avant que Téo ne s’exécute. Anthea restait de l’autre côté sans le suivre.

Bon … Qu’est-ce que … Carmine lui voulait ? Le vieil homme était assis de l’autre côté d’un bureau, les coudes posés dessus. Il le fixait longuement, attendant que l’adolescent s’installe avec difficulté sur la chaise en face de lui.

« Téo … Téo … Téo … Nous ne nous voyons pas souvent malgré le fait que tu sois de mon côté dans la Team Plasma, n’est-ce pas ? »

« Disons que les rares missions que j’ai eu à faire, elles concernaient des objectifs où je devais faire semblant de ne pas être de la Team Plasma. L’esprit d’équipe, très peu pour moi. »

« Hahaha … Je vois, je vois … Mais bon, est-ce que tu as une idée de la raison qui m’a poussé à venir te contacter ? » demanda Carmine, un petit sourire aux lèvres.

« Si c’est par rapport au fait que je vais être viré de la Team Plasma car je suis un poids … faites vite s’il vous plaît. » répondit Téo, le sourire du vieil homme disparaissant aussitôt.

« Hum … C’est en partie par rapport à cela même si ce n’est pas forcément ce que tu crois. Du moins, ce que tu penses croire plutôt, devrai-je dire. »

« Et qu’est-ce que je dois croire donc … en réalité ? »

« Téo … Je sais parfaitement que ce n’est pas une bonne chose ce qui se passe. Comment est-ce que … la Team Plasma ose faire ça. Même si nous voulons libérer les pokémons du joug des humains, nous sommes pires que des animaux d’abandonner ceux qui ont besoin de nous. Téo, tu es comme un pokémon malade et ce n’est pas normal que l’on fasse ça. »

« Je ne crois pas être un pokémon. Je ne sais pas … Comment est-ce que je dois prendre ces paroles ? Comme un compliment ou non ? »

« Comme tu le désires personnellement. Ce n’était pas des paroles pour me moquer de toi. Mais bref … Téo … Voilà. »

Voilà quoi ?Il vit l’homme qui plongeait une main dans un tiroir du bureau avant d’en sortie un porte-monnaie. Qu’est-ce que … Il ne comptait quand même pas.

« Téo, prends cet argent. Ce n’est pas assez pour te soigner, loin de là mais … Avec cela, tu devrais avoir assez pour tenir plusieurs mois, non ? »

« Je ne veux pas de votre argent, messire Carmine. Je ne vois pas pourquoi j’accepterai de … » commença à dire Téo avant que l’homme ne l’arrête d’un geste de la main.

« S’il te plaît, accepte cet argent. Je ne te demande aucun remboursement, ce n’est pas de l’argent que je te prête mais que je te donne. Moi, en tant que membre des sept sages, je n’ai pas besoin de cet argent. J’ai déjà tout ce qu’il me faut. »

« … … … Non, je ne peux pas. Qu’importe ce que vous dites, je ne veux pas. »

« Tu es une vraie tête de mule, n’est-ce pas ? Considère alors cela comme un payement de départ. C’est la moindre des choses après ce que nous allons faire. »

« Comment … Non ! Je ne peux pas ! Ce n’est pas une question d’argent ! »

« Tu as souvent été seul, n’est-ce pas ? Pour ne pas accepter les mains que les autres te tendent … Est-ce que je me trompe dans mes paroles ? »

« Ne dites pas n’importe quoi. Ce n’est pas comme ça. Ce n’est pas ce que vous croyez. Je veux réussir à me débrou … »

Il s’arrêta dans ses paroles. C’était exactement ce que … Bel lui reprochait. Il ne voulait pas de l’aide d’une autre personne. Et voilà … Pourquoi … Comment ? Non …

« Si je prends votre argent, je vous promets de vous rembourser. »

« Tu n’as pas à me promettre une telle chose. Tu es libre de faire ce que tu veux de cet argent après que je te l’ai donné. »

Prendre cet argent … Vraiment … Il ne savait pas. Il n’appréciait pas cette idée, loin de là. Mais en même temps, il devait faire des efforts. Avec lenteur, il prit le porte-monnaie de la part de Carmine, soufflant entre ses lèvres :

« Je vous rembourserai … Je ferai tout ce que je peux pour vous rembourser. »

« Téo … Pour être sûr … Prends donc ce numéro de Vokit. » murmure le vieil homme. Le numéro de Vokit ? Le sien ? Pourquoi ? Pourquoi faire ? Qu’est-ce que … Ah … Pour rester en contact … C’est vrai. Bien entendu. Il fit un faible sourire.

« D’accord, voilà le mien aussi au cas où. Je vous contacterai si nécessaire. »

« Bonne chance, Téo. Je sais que tu en auras besoin. »

Il remercia le vieil homme avant de récupérer l’argent. Un argent bien nécessaire. Peut-être qu’en économisant une partie et en prenant les médicaments, il serait alors plus proche qu’il ne le pensait de son objectif ? Ou alors, plus le temps passait, plus les moyens coûtaient chers ? Il ne savait pas du tout, il devait se l’avouer.

Il quitta la place après les derniers adieux envers cet homme. C’était bizarre … Vraiment bizarre mais il se sentait un peu triste sur le moment. Anthea s’approcha de lui, faisant un léger sourire avant de murmurer :

« Alors … Téo … Comment ça s’est passé ? »

« Tu ne t’étais pas trompé à son sujet. Tu avais entièrement raison, Anthea. Je crois que dans le fond, ce n’est pas la communauté qui est mauvaise, juste quelques individus. Je … »

« Ne tremble pas à cause de l’émotion, Téo. Je sais parfaitement ce que Carmine a fait. Maintenant, je vais t’accompagner jusqu’à Parsemille. »

Jusqu’à Parsemille ? Avec elle ? Tout d’abord, ils allèrent déjeuner tous les deux alors qu’il prenait un peu de ces médicaments. Il ne pouvait même pas dire au revoir à N, n’est-ce pas ? Ça ne faisait rien. Il ne voulait pas voir l’adolescent se battre pour qu’il reste.

Voilà … Il était finalement sorti du bâtiment alors qu’Anthea était assise à ses côtés. Ah … Il ne se sentait pas du tout rassuré, loin de là même. Mais bon … Il ne regardait même pas par le hublot de l’hélicoptère qui l’emmenait à Parsemille.

« Téo … J’ai aussi quelque chose à te donner de mon côté. »

« Si c’est de l’argent, Anthea, je le refuse catégoriquement. Je me sens déjà plus que mal à cause de celui de Carmine. Je ne sais même pas pourquoi j’ai accepté ça. »

« Car tu changes … et en bien, heureusement. Mais voilà, ce n’est pas de l’argent, Téo. Je ne sais pas si c’est important à tes yeux mais je l’espère … »

Elle prit sa main droite, y déposant un petit morceau de papier qu’il s’empressa de lire. Mais c’était un numéro ? Mais qu’est-ce que … C’était ce qu’il pensait ? Il la regarda, la jeune femme hochant la tête tout en faisant un grand sourire. Elle reprit doucement :

« Tu ne trouves pas ça anormal que Carmine soit le seul à avoir ton numéro et pas moi ? Alors que je pense que tu es plus proche de moi que de lui ? »

« Anthea … Tu … Mais tu es de la Team Plasma ? »

« Et alors ? Ca ne m’empêche pas d’avoir des relations avec autrui que je sache. De même, je suis sûre que maître N pencherait en ma faveur par rapport à ce que je fais. Garde ce numéro et appelle-moi quand tu veux, d’accord ? Je ne peux pas sortir souvent du palais mais quand ça sera le cas, je te contacterai pour que l’on se revoie. »

Comme elle le voulait. Il ne disait plus un mot alors qu’elle gardait la main dans la sienne. Cette jeune femme était beaucoup trop gentille pour lui. Il n’était pas sûr de mériter tellement d’attention de sa part. Mais bon …
Il ne disait plus rien alors que l’hélicoptère arrivait maintenant aux abords de Parsemille. Là-bas, il descendit alors qu’Anthea faisait de même. Elle vint le prendre dans ses bras pendant de longues secondes, soufflant dans son oreille :

« Arrête de croire que tu peux toujours te débrouiller seul, d’accord ? »

« Je ne peux pas … J’ai vécu plus de quinze ans comme ça, Anthea. Je veux bien changer mais ça ne se fera pas du jour au lendemain, je suis désolé. »

« Vas donc retrouver cette adolescente nommée Bel, d’accord ? Avec elle, je suis sûre que tu changeras d’avis. D’ailleurs, tu as changé à ses côtés. »

« Tu as raison. Je verrais ce que je dois faire. Il vaut mieux que tu repartes maintenant. Le pilote t’attends. Merci pour tout ce que tu as fait. »

Ce fut lui qui amorça la nouvelle étreinte, la jeune femme l’embrassant sur les joues avant de remonter dans l’hélicoptère. Il la regarda partir au loin, dans ce véhicule volant. Il avait une petite pointe au cœur et ce n’était pas à cause de sa maladie. Il avait à nouveau son sac sur le dos. C’était un retour à la case départ alors qu’il avait été éjecté comme un malpropre.

Ah … Vraiment … Il se sentait mal d’avoir été évincé ainsi. C’est un peu comme si … tout ce qu’il avait fait depuis le début avait été voué à l’échec. C’était triste, vraiment triste même. Mais bon … La seule chose à faire, c’était de prendre sur lui-même.

« Et dire que je n’ai même pas été mangé. Qu’est-ce que je suis bête … »
Qu’est-ce qu’il était stupide d’avoir cru en ça ! Qu’il était bête ! Il poussa un petit sanglot suivi d’un trémolo avant de se diriger à l’intérieur de la ville. Il était à peine neuf ou dix heures du matin. Personne n’était encore dans les rues ou presque. Ah … Ah … Il ne remarquait même pas que l’œuf qui était dans son sac commençait à se fissurer légèrement. Assis à l’intérieur d’un café, il demanda tout simplement un chocolat chaud ainsi qu’une viennoiserie. Il ne pouvait pas se permettre d’en prendre plus.

« Peut-être que … Je devrai contacter Bel et essayer de la voir ? Ca serait bien mieux avec elle, non ? Ca serait tellement mieux même … »

Mais il ne pouvait pas. Ca serait une marque de faiblesse de sa part. Il ne pouvait pas aller jusqu’à Janusia. Il devait faire autre chose. Récupérer son badge ? Oui … S’il récupérait le badge de cette ville puis ceux d’après … Non … Il avait déjà ce badge ? Ah non. C’était bien ici le sixième badge normalement.

« Peut-être que si je me dépêche … et que je préviens Bel, elle peut m’attendre à Janusia pour le huitième badge ? Mais je dois récupérer mes badges du premier coup. »

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