Chapitre 13 : Difficile à accepter

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : Difficile à accepter

« Kéran ? Kéran ? Il est l’heure de se lever. » murmura la voix de Sélia alors qu’il ouvrait faiblement ses yeux. Il regarda à gauche et à droite, remarquant qu’il n’y avait qu’un lit défait … Celui dans lequel il dormait. Est-ce qu’ils … avaient dormi ensemble ? Il ne se le rappelait pas, n’ayant que peu de souvenirs de la nuit d’hier, trop exténué pour ça.

« Je … Je me réveille vite … Ne t’en fait pas pour ça … Sélia. » marmonna l’adolescent.

« Ne fait pas la marmotte, nous allons quitter la ville dès que tu seras mieux réveillé. »

« Pour … Pour aller où ? » demanda t-il une nouvelle fois alors qu’il se redressait dans le lit, rougissant légèrement à cette idée qu’il avait eu quelques secondes auparavant.

« Et bien … Nous allons quitter la ville comme prévu et nous rendre dans une ville plus importante … Là-bas, nous irons voir pour rejoindre une organisation, ce n’est pas ce que tu voulais ? Tu débuteras là-bas … mais au moins, tu seras en sécurité. »

« Ah ! Oui ! Bien sûr que je le veux ! Je me prépare tout de suite ! » répondit-il avec zèle, quittant le lit pour s’habiller correctement. Aller ! Aller ! Plus vite que ça ! Il devait se dépêcher sinon il allait perdre cette chance ! Maintenant que Sélia était de bonne humeur, il devait vite en profiter avant qu’elle ne change d’avis ! Quelques minutes plus tard, il était finalement prêt, disant avec un grand sourire : « Voilà Sélia ! Nous pouvons y aller ! »

« Et bien et bien … Tu m’as l’air très motivé … Tant mieux car le voyage sera un peu long, Kéran. Tu risques de devoir te reposer assez souvent. »

« Ça ne fait rien … On n’y va maintenant oui ou non ? On doit éviter de perdre du temps. »

« Oh … Du calme, du calme … Tout doux, Kéran. Les organisations ne nous attendent pas hein ? Pas besoin de se presser … Respire un bon coup. »

Il prit une profonde inspiration aux paroles de la jeune femme aux cheveux bleus. VOILA ! Maintenant, il était prêt ! Ils pouvaient y aller ! Elle lui prit la main pour le calmer. Kéran sa calma aussitôt, ses yeux bleus posés sur Sélia.

« Hum … Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai une tâche, Kéran ? » demanda t-elle doucement.

« Non … Rien du tout … Ca va très bien … On peut y aller ? Je mangerai quelque chose en cours de route … Un morceau de pain me suffira pour caller l’estomac. »

« Mais oui … On va y aller, Kéran. Tu veux te comporter comme un adulte non ? Alors, évite de montrer ton impatience à tout va, d’accord ? »

« … … … Je suis pressé, voilà tout. » marmonna-t-il en baissant un peu la tête, confus.

Contrairement aux derniers jours, tout allait pour le mieux au début de la journée et ça, il l’avait remarqué, c’était plutôt important. C’était pour cela qu’il voulait que ça continue avec elle. Main dans la main, ils quittèrent la ville avant de se diriger vers la ville dont parlait Sélia. Il se demandait à quoi elle ressemblait … si elle était encore plus grande que celle où ils avaient dormi ces derniers temps. Hum …

Sur le chemin, ils commencèrent à parler tous les deux de tout et de rien, sachant que selon elle, ils allaient mettre plusieurs heures avant d’arriver à ce nouvel endroit. Rien de bien spécial mais au moins, ils avaient des sujets de conversation, surtout que Kéran avait beaucoup à demander à la jeune femme.

« Tu penses alors que je dois continuer à m’entraîner à l’épée, Sélia ? Dis dis ? »

« C’est le cas, Kéran … C’est le cas … C’est la meilleure des choses à faire. Néanmoins, dès que c’est possible, je te rappelle ce que tu dois faire par rapport à cette … arme. »

« Oui … Je le ferai si c’est possible. Je te le promets. Par contre, est-ce que ça veut dire que je vais devoir porter aussi une armure sur mon corps comme toi ? » demanda t-il calmement.

« Et bien … Tu n’es pas forcé d’en porter une … Cela dépendra de la façon dont tu aimes te battre … Pour ma part, malgré le fait que je n’utilise pas de grosses armes, je préfère perdre de la mobilité pour gagner en protection, voilà tout. »

« De la protection … Donc éviter que je sois blessé … Mais si je devais t’écouter, je serai sûrement complètement recouvert par une armure triple épaisseur ! »

Elle rigola à la légère provocation de l’adolescent bien qu’elle savait que ce n’était pas réellement voulu qu’il lui lance une telle pique. C’est vrai … Si elle voulait éviter qu’il se blesse, elle devait lui mettre une épaisse armure. Mais en même temps … Trop le recouvrir et l’empêcher de se mouvoir.

« C’est à voir, Kéran, c’est à voir. Si tu n’arrives pas à bouger correctement, une armure t’est inutile et est plus un poids qu’autre chose. Il faut déjà voir si tu arrives à supporter ne serait-ce qu’une simple armure de cuir. »

« Quand même …Une armure de métal sur mon corps … Qu’est-ce que ça donnerait ? » demanda-t-il en tournant sur lui-même.

« Difficile de t’imaginer de la sorte, Kéran … Difficile … Mais bon, ne sois pas pressé … Rien ne presse, d’accord ? » répondit la jeune femme en rigolant, semblant réfléchir à quelque chose avant de changer subitement de conversation : « Dis-moi … Comment est-ce que tu me trouverais avec les cheveux coupés courts ? »

« Hein ? Coupés courts comment ? Tu veux te les couper ? »

« Attention ! J’ai dit couper … Mais je veux rester féminine hein ? Mais bon … Peut-être que les cheveux longs ne sont pas faits pour moi … » dit-elle, désignant de sa main l’endroit où elle pensait couper ses cheveux. Aux environs du cou … Peut-être que … Ca pouvait lui aller. Il prit ses cheveux, disant avec calme :

« Mais ils sont quand même très bien tes longs cheveux. Pourquoi est-ce que tu veux les couper sinon ? Ils ne te plaisent pas vraiment ? Moi … Je ne sais pas vraiment … Ca peut t’aller plutôt bien … Mais bon … Enfin … Entre nous … Tu es déjà très bien. »

Hum ? Quoi ? Elle avait parfaitement entendu les paroles de l’adolescent, celui-ci ayant quelques rougeurs aux joues tout en se les grattant du doigt. Il avait détourné le regard, toussotant un peu. Elle émit un petit rire, passant son bras autour de sa hanche pour l’emmener contre elle. Elle lui murmura avec douceur :

« Et bien … Depuis quand est-ce que tu me dis des choses comme ça ? »

« Hein ? Non ! Non ! Vraiment … Je suis sincère, Sélia. »

« Et bien … Merci beaucoup, Kéran. Je pense que je vais devoir exprimer un peu plus ma féminité visiblement. » termina-t-elle de dire avant de l’embrasser sur le sommet des cheveux.

Elle savait qu’il adorait particulièrement cela, comme la caresse des cheveux qu’elle vint joindre quelques secondes plus tard L’adolescent ferma les yeux, marchant à côté d’elle tandis qu’elle regardait en direction du ciel. Malgré l’obscurité … Il était hors de question pour elle d’abandonner Kéran. Elle le sera avec un peu plus de force contre son armure.

« Accélérons le pas … Normalement, nous y arriverons d’ici demain ou après-demain. Alors, nous ferons des escales, c’est compris, Kéran ? »

« Bien entendu, Sélia. Je suis d’accord avec toi. Je veux juste qu’on se dépêche un peu quand même … Le mieux serait d’arriver demain mais assez tôt pour que tout ne soit pas fermé. »

Mais bien sûr. Rah … Voulait-il vraiment se faire passer pour un adulte ? Rien qu’à la voir la joie et l’impatience dans les yeux de Kéran, elle savait que c’était plus que difficile. L’adolescent allait peut-être devenir un jeune homme … mais il n’était pas bâti pour une telle aventure, que cela soit physiquement ou mentalement.


Elle le savait pertinemment au fond d’elle. Kéran voulait une vie comme la sienne … mais elle ne pouvait pas se permettre de la lui offrir … Cette arme … Elle détestait cette arme maudite … Toutes ces armes, armures et autres objets maudits … Toutes ces créatures ténébreuses et spectrales. Elle voulait les voir disparaître. TOUS DISPARAÎTRE ! Ses yeux rubis se fixèrent sur l’arme qu’avait Kéran à la ceinture, haineux comme si ils étaient capables de brûler quiconque les observait trop longtemps.

« Aie ! Sélia … Tu me fais un peu mal … Avec ton armure, j’ai un peu la face écrasée. » marmonna Kéran alors qu’elle le libérait, surprise par son geste.

« Pardon, Kéran … Pardon … Ce n’était pas voulu. »

« Ca n’a pas l’air d’aller … Tu me sembles un peu en colère, Sélia. » murmura le garçon aux cheveux blancs alors qu’il se tenait en face d’elle, ayant vu son regard ravagé par la haine.

« Mais non, mais non. Pourquoi est-ce que tu dis une telle chose ? »

« Sélia … Est-ce que tu es en colère parce que je garde Swar avec moi ? »

« Mais non, mais non. Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu sais bien que ça me dérange mais pas au point de me mettre en colère contre toi. » répéta la jeune femme.

« Alors … Pourquoi j’ai l’impression que tu veux me tuer ? »

Il venait de jeter un grand froid entre eux deux, la jeune femme reculant un peu. Ils n’allaient pas se disputer encore une fois hein ? Hein ? Elle n’avait pas du tout envie de se disputer une nouvelle fois avec lui. Ce n’était pas cela … qu’elle désirait … Elle déglutit, cherchant les mots à employer, les mots justes pour lui.

« Je vais être sincère … Kéran … Ce n’est pas toi que je veux tuer … Pas du tout … Je veux juste détruire et réduire cette arme en poussières … et éliminer définitivement la créature qui tente de te parasiter. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ? »

Elle avait tendu sa main vers lui, un petit sourire aux lèvres. Oui, elle lui souriait pour essayer de le rassurer … pour le convaincre de la justesse de ses paroles … pour qu’il comprenne ce qu’elle voulait pour lui. Simplement … qu’il soit heureux … qu’il soit en sécurité … Kéran était beaucoup pour elle, beaucoup plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Il était son unique famille … et elle faisait tout pour qu’il ne prenne pas la mauvaise pente.

« Tu me fais des fois vraiment peur, Sélia. Regarde un peu l’air de démente que tu as … »

« Ne m’insulte pas, Kéran ! Je ne suis pas folle ou démente ! C’est compris ? Je ne te permets pas de m’insulter alors que je n’ai rien fait pour ça ! »

« Alors pourquoi est-ce que tu veux détruire quelque chose qui ne m’a rien fait pour l’instant hein ? Hein ? Swar est pour … » commença-t-il à dire avant d’être coupé par Sélia.

« Swar est une créature ténébreuse ou spectrale ! Elles sont toutes malsaines et mauvaises ! Tu ne comprends donc pas ? Elle attend simplement le bon moment pour prendre possession de ton corps ! Kéran ! C’est toi qui te voile la vérité ! Accepte-la ! »

« Et moi … Je te demande d’accepter que pour l’instant, Swar ne m’a rien fait de mal. Il m’a même sauvé la vie … Je ne sais pas ce qui s’est passé auparavant … Mais si tu veux pas m’expliquer, alors il vaut mieux que nous … »

« Je t’arrête tout de suite. Je ne te dirais pas ce qui s’est passé … Tu peux considérer que je n’existais pas avant que je te rencontre, c’est tout ce que tu as à savoir car c’est le plus important à mes yeux, Kéran. Tu es bien trop important pour moi. »

« Moi aussi … Moi aussi … Bon … Pardon … Mais arrête de regarder mon arme … Je ne vais pas m’en débarrasser maintenant. »

 

… … Alors, ils faisaient la paix ? Les yeux rubis de la jeune femme se posèrent sur son visage comme pour essayer de lire dessus. Elle attendait simplement la suite de ses paroles pour lui répondre. Si … Elle … évitait de regarder son arme, cela pouvait aller.

« Pourquoi est-ce que tu ne me parles pas, Sélia ? Je t’ai demandé une chose toute simple. Je n’aime pas que l’on soit fâché tous les deux. »

« C’est aussi mon cas, Kéran … si tu ne l’avais pas encore remarqué après toutes ces années et tous ses instants … C’est même encore plus présent maintenant. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il pencha la tête sur le côté, Sélia comme lui étant immobiles depuis maintenant quelques minutes. Elle n’était pas motivée à lui répondre, hein ? Enfin plus que ça … Mais il avait aussi lancé les hostilités. Quel imbécile. C’était de sa faute s’ils s’étaient disputés cette fois … Encore une fois.

« Je m’excuse de m’être emporté, Sélia. »

« Excuses aussitôt acceptées, Kéran. Mais évitons à l’avenir de nous disputer pour ce genre de futilités … Il faut vraiment que l’on avance. Nous perdons du temps … Tu as compris ? »

Perdre du temps ? Elle utilisait ses mots pour lui rappeler qu’il voulait qu’ils se dépêchent, n’est-ce pas ? Sélia … Ah … Il s’était sûrement trompé en regardant ses deux yeux rubis. Ils ne pouvaient pas être haineux et colériques. Il n’était encore qu’un enfant … Un sale petit gamin impertinent qui ressemblait à un animal qui venait mordre la main de celle qui voulait le sauver. Il baissa la tête, murmurant :

« C’est vrai … On devrait se dépêcher sinon on va jamais y arriver. »

Elle revint à sa hauteur, passant une main dans ses cheveux. Au moins, ils s’étaient disputé maintenant et non pas lorsqu’ils se trouveraient dans la ville. C’était mieux ainsi … Et cela permettrait alors aux deux personnes d’éviter un nouveau drame.

« Kéran … Ce soir, comme nous n’avons qu’une seule tente …Tu pourras dormir comme ce matin si il le faut, cela ne te dérange pas ? »
Comme ce matin ? Qu’est-ce que ça vo… Non ? Il avait réellement dormi avec elle ? C’était vrai qu’avec tout ce qui s’était passé hier … Ils étaient exténués, fatigués, lessivés, lassés, bref, au bout du rouleau mais quand même … Peut-être qu’il ne l’avait pas remarqué … Enfin, non, c’était le cas. Ce matin, lorsqu’il s’était réveillé, il s’était posé la question mais rien n‘avait été confirmé … avant cet instant.

« Euh … Est-ce que je peux y réfléchir un petit peu ? » chuchota-t-il en rougissant.

« Comme tu veux, Kéran. Mais maintenant que nous sommes plongés dans l’insécurité permanente car nous n’avons plus de toit stable, je veux te surveiller le plus souvent possible pour être sûre que tu ne sois pas en danger. »

« D’accord, je veux bien dormir avec toi, c’est bon, Sélia. Maintenant que nous ne pouvons compter que sur l’autre, ça me parait normal ! »

Il devait montrer qu’il était quand même un homme. S’il rougissait … à cause du contact avec une fille, pour qui est-ce qu’il allait passer ? Pour un avorton ? Il en était hors de question ! Il prit la main de Sélia, la serrant avec un peu de force bien qu’il remarquait qu’il ne lui faisait nullement mal. Pour ce soir et pour après, il allait se comporter en homme.

Et dire que pendant ce temps, Swar ne prenait guère la parole. C’était clairement un esprit très discret … Il se demandait même au final … S’il était réellement une créature spectrale ou ténébreuse. C’était peut-être simplement un esprit errant ? Sans une seule once de pouvoir ? Ce n’était pas pour ça qu’il devait baisser sa garde. Bientôt … Il irait dans une ville.

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