Chapitre 92 : Fin d’une histoire

ShiroiRyu
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Chapitre 92 : Fin d’une histoire

« Nous sommes à Vaguelone, Téo. Tu ferais mieux de l’emmener maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. » murmura N alors que déjà, des passants se rapprochaient de Reshiram.

Des passants qui n’avaient rien d’autre de mieux à faire que de les regarder ? TSSS ! Il ne voulait pas s’occuper de ça ! Il n’avait pas la tête à ça ! Déjà, des infirmières sortirent du centre pokémon, accompagnés par des Nanmeouies. Elles demandèrent à déposer la Majaspic, l’adolescent demandant à N :

« S’il te plaît, est-ce que je peux y aller ? Je voudrai aussi te parler après. Dans dix minutes, juste pour être sûr … que … que … que tout va bien. »

« J’ai aussi à te parler, Téo. Mais ça peut attendre dix minutes. Par contre, essaye de te mettre quelque chose sur le dos. Tu risques d’avoir froid sinon. »

Ce n’était pas vraiment le moment de parler de ça mais oui ! Il verrait après ! Pour le moment, il devait suivre les infirmières ! Avec lenteur, il se retrouva derrière elles, marchant d’un pas fébrile. Ne pas avoir peu, ne pas avoir … Vélicia … Vélicia ne devait pas mourir ! Elle ne pouvait pas mourir après ce qu’elle avait fait !

Une infirmière le regarda d’un air un peu effrayé, lui demandant s’il allait bien. Il vit ses yeux qui se posaient sur les différentes bosses sur son corps. Ce n’était pas grave ! Ce n’était pas du tout ça qui était grave ! Le plus important était Vélicia ! Il … Il … Il accepta le haut de tissu vert qu’on lui tendit, le mettant tout en demandant des nouvelles de sa pokémon.

« Son pronostic vital est encore difficile à déclarer. Néanmoins, malgré l’ampleur de la blessure et les différents trous dans son corps, elle pourra s’en sortir. »

Il s’écroula sur l’un des sièges muraux, commençant à sangloter mais de joie. Ça allait … Ça allait mieux. Elle allait mieux. Elle allait s’en sortir. C’est ce que venait de dire l’infirmière. Il était soulagé, terriblement soulagé. Il ne se préoccupa pas de son Vokit, laissant ses autres pokémons au centre pokémon avant de se diriger vers l’extérieur de la ville. Là où la plage allait commencer. D’ailleurs, il trouva N qui était seul, regardant l’horizon. Il s’en approcha, l’adolescent aux cheveux verts murmurant :

« Alors … Qu’est-ce qu’elles ont dit ? »

« Qu’elle allait s’en sortir. Malgré les trous … Elle va s’en sortir. »

« Elle a eu de la chance d’être une Majaspic surement. Cela l’a aidée dans sa constitution .Mais c’est une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle. »

« J’ai eu peur, N. J’ai vraiment eu peur ! J’ai eu peur de la perdre ! »

« J’ai vu ça, Téo. J’ai vu … Tu es très proche de ta Majaspic. Et pourtant, elle était en captivité quand tu l’as eu la première fois, n’est-ce pas ? Cela montre que les pokémons et les humains peuvent vivre ensembles. On m’a menti pendant des années, me faisant croire que tous les humains étaient mauvais, battant leurs pokémons sans même chercher à les aimer. Quel idiot, j’ai été. J’aurai dû me forger ma propre opinion. »

« J’ai pu … voir les problèmes avec ton père. Je suis désolé à ce sujet au fait. »

« Hein ? Pas vraiment … Malgré tout ce qu’il a dit, je ne peux pas vraiment m’en empêcher … Enfin, après ce que j’ai pu voir à la fin, je sais que mon père … voulait réellement suivre les idées de ma mère. Il a juste … perdu ses esprits. Il vaut mieux que je pense ainsi plutôt que de le haïr pour ses paroles et ses actes. »

« Je pense que c’est mieux … Et dis-toi dans le fond que tu as toujours un parent … Enfin … Je ne sais pas … Après tout ce qui s’est passé, je … Je crois que je ferai mieux de me taire. »

« Si désir de tuer il y avait réellement, je pense que Senestros l’aurait fait depuis plus longtemps. Mais le pokémon de mon père, malgré les paroles de ce dernier … n’a pas tué un pokémon. Blessé, oui … Mais il n’a pas cherché réellement à tuer. »

« Vélicia ne pense pas pareil de tout ça. » rétorqua sèchement Téo.

« Je me doute bien que tu ne serais pas d’accord avec mes paroles … Je le sais … Mais bon … Je voulais au moins te le dire … Je pense que malgré ses dires, mon père et son pokémon étaient très proches. Enfin … C’est ce que je pense. »

« Je ne sais pas … et je crois que je voudrai mieux que l’on change de conversation. »

« Qu’est-ce que tu vas faire, Téo ? » demanda N, l’adolescent aux cheveux noirs commençant à se frotter le bras droit, un peu confus et gêné.

« Je ne sais pas du tout … Je pense que je vais disparaître de la circulation. C’est la meilleure chose que je peux faire actuellement. C’est la seule chose qui me vient à l’esprit. »

« Téo … Ce que tu as sur le corps … Qu’est-ce que c’était exactement ? Cela semblait … horrible. Est-ce que ça se soigne ? »

« Les tumeurs bénignes se soignent. Mais elles peuvent progresser et ça dépend … Enfin, ce n’est rien de grave, contrairement à ce que tu pourrais croire. »

« Une tumeur reste une tumeur ! Il faut absolument que tu ailles te faire soigner ! »

« Avec quel argent ? Les huit médaillons ne me permettraient qu’à peine de me soigner des tumeurs présentes mais il reste ma maladie. Et ça, ça ne se soigne pas comme ça. De toute façon, je suis déjà prêt à partir définitivement. Je m’y suis fait une raison. Mais je veux partir seul. C’est pour ça que j’ai voulu … Ah … Pourquoi est-ce que je parle de ça ? Et toi ? Qu’est-ce que tu vas faire, N ? Tu ne me l’as même pas dit. »

« Ce que je compte faire ? Je ne sais pas … Explorer d’autres régions … aux côtés de Reshiram. Je pense que je dois voyager … pour comprendre réellement comment ce monde accepte les relations entre les pokémons et les humains. J’ai l’impression d’avoir ignoré la vérité depuis des années. Il faut que je me forge mes propres idées et mes propres opinions à ce sujet. Il faut que … j’apprenne par moi-même. »

« Bonne chance alors. Je vais rester ici. Je n’ai pas besoin d’aller ailleurs. Je ne sais pas exactement ce que je vais faire. Je vais juste vérifier que Vélicia est en bonne santé. »

« Et ensuite ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Tes paroles envers … Bel étaient assez blessantes en un sens. Lui dire de t’oublier définitivement alors que … tu l’aimes … et inversement … Je ne comprends pas ce geste, je ne comprends pas tes paroles. »

« J’ai parlé sur le moment. Je crois que cette fois-ci, il n’y a pas de retour en arrière. J’ai été trop loin … Je ne peux pas revenir en arrière. Et je sais que je n’ai aucune chance. On ne m’offrira pas d’argent aussi généreusement que ça … Ce que tu m’avais dit me semblait être une solution mais ce n’est qu’une chimère. »

« Je pensais que tu voulais refuser de l’argent que l’on te donnait. Bref, que tu voulais te débrouiller tout seul, est-ce que tu ne serais pas un peu stupide ? Du moins idiot ? »

« Je pense que je le suis … un peu trop même. Mais je suis ainsi et je ne peux pas changer ce que je suis. Malheureusement … Je ne comprends pas trop ce que je vais faire … Je sais juste que je vais me laisser mourir, c’est la meilleure chose à faire. Si je disparais, alors, tout sera enfin terminé. Tu vois, j’ai assez trimé … et je sais bien que tous les efforts accomplis ne serviront à rien. Avant de venir jusqu’au sommet du palais, j’ai perdu contre Touko. Touko qui a elle-même perdu contre Bel. »

« Et ça veut donc dire que tu préfères abandonner avant même d’essayer ? Et combien est-ce que tu en retirerais de ces médaillons si tu les vendais tous ? »

« Une certaine somme … Surement de quoi soigner mes tumeurs mais pas ma maladie. Je ne me fais pas d’illusions à ce sujet. Ah … Je devrais aller voir comment va Vélicia. »

« Fais donc … Mais je pense que je vais partir dès maintenant. Un adolescent avec un dragon légendaire, ce n’est pas commun. »

Il confirmait les propos de N. C’était donc le grand départ pour lui, n’est-ce pas ? Alors … Ils allaient être séparés ? C’était ainsi que ça devait se terminer … N devait partir et lui-même n’aurait alors plus aucune attache dans ce monde.

« Téo … Promets-moi de ne pas abandonner avant d’avoir lutté. »

« Je ne peux rien promettre à ce sujet. Pas du tout même … »

« Et surtout, ne deviens pas comme moi alors que tu m’as ouvert les yeux … comme Touko, Touya, Cheren et Bel. Il est possible de se lier aux pokémons … mais aussi aux autres humains. Tu te forces à vouloir être seul. »

« Tu ferais mieux de partir avant d’être arrêté. » déclara Téo, voulant stopper les paroles de N avant qu’il ne continue de trop parler. N hocha la tête, sortant Reshiram avant de tendre sa main à Téo. Celui-ci prit sa main, la serrant pendant quelques instants avant de la lâcher. L’adolescent aux cheveux verts monta sur Reshiram avant de s’envoler dans le ciel, disparaissant peu à peu au-dessus de la mer. Voilà … C’était terminé.

« Allons voir … Comment ils vont justement. »

C’était la dernière chose à faire. Il s’arrêta, ses yeux se posant sur son Vokit. Il était en train de s’activer, signe que quelqu’un cherchait à rentrer en communication. Un bref regard lui montra que c’était au moins le cinquième appel de Bel. Elle voulait absolument qu’ils parlent tous les deux. Il pouvait toujours accepter … n’est-ce pas ? Mais s’il faisait cela, ça serait tout simplement abandonner ce qu’il préparait. Il ne pouvait pas la voir en face sinon … Il n’accepterait pas de la voir en face.
« Alors … Je vais lui écrire. »

C’était la meilleure chose à faire. Il allait lui écrire et lui dire de ne plus chercher à le contacter. A chaque lettre qui venait s’inscrire sur l’écran, il tremblait. Il en avait assez … Il en avait assez de cette vie de misère qu’il s’obligeait ! A cause de cette fichue maladie, tout foutait le camp ! Tout était … Ah … S’il n’avait pas été malade, il n’aurait pas eu cet accident, il n’aurait pas eu alors Vélicia qui se serait retrouvée blessée !

« S’il te plaît, ne me contacte plus et n’essaye pas de me retrouver ! Je ne veux plus être une plaie pour toi ou pour quiconque ! Maintenant, je vais disparaître d’Unys et ne plus jamais me présenter. Adieu, Bel, je t’aime. »

Voilà, il avait envoyé cela. Il espérait que le message serait bien passé pour l’adolescente aux cheveux blonds. Mais il était sûr qu’elle n’allait pas comprendre ça ! Il en était sûr et certain ! La preuve fut qu’il reçut un message de la part de Bel, assez menaçant :

« Téo ! Il faut absolument que l’on parle tous les deux ! Si tu ne veux pas me dire où tu es, je demanderai à la police de venir te chercher car tu étais dans la Team Plasma ! Hein oui que tu ne veux pas ça ? Et réponds aussi à mes appels ! Il faut que l’on parle tous les deux ! »

Il n’était pas stupide. Il savait pertinemment qu’en faisant ceci, ça lui permettrait de le repérer. Il n’acceptait pas cela. Il lui répondit néanmoins à travers un dernier message :

« Je t’ai pourtant dit de ne plus penser à moi, espèce d’idiote ! Je suis une plaie et je suis gravement malade ! Je vais finir ma vie en étant seul, comme je l’ai décidé ! Je n’ai pas la force de caractère de Touko, je n’ai pas ces capacités de dresseur comme toi tu les possèdes ! Ce n’est pas avec mes connaissances dans les fleurs que je pourrai devenir quelqu’un ! Je n’ai aucune chance de gagner la ligue pokémon ! Maintenant, laisse-moi seul et ne me contacte plus ! Je ne te répondrai pas ! »

Le message ne passerait pas et il était sûr d’avoir une réponse mais cette fois-ci, elle n’avait même pas à espérer que ça soit le cas de son côté. Il ne lui répondrait pas ! Son Vokit s’activa mais maintenant, il était au centre pokémon.

« Comment est-ce que va Véli … ma Majaspic ? »

« Elle se repose. Quant à vos autres pokémons, ils sont déjà soignés. Est-ce que vous voulez déjà les récupérer ? » demanda l’infirmière.

« Est-ce que je peux … voir ma pokémon ? Quant aux autres, si vous pouvez les garder encore un peu, j’ai une dernière chose à faire. » dit doucement l’adolescent, l’infirmière murmurant que oui avant de l’emmener auprès de Vélicia. Du moins, il la voyait à travers une vitre, il ne pouvait pas la déranger. Il remarquait les nombreux bandages sur sa créature et voilà qu’il était pris d’un trémolo enfoui au fond de sa gorge.

« Vélicia … A cause de ma maladie … A cause de ma maladie … Je t’empêche de vivre paisiblement. Ça commence avec toi … puis ça continuera avec les autres. Maintenant que tu as pris soin de moi, prends soin de toi, c’est tout ce que tu mérites. Adieu ma Vélicia, tu étais vraiment adorable … jusqu’au bout. »

Il posa sa main sur la vitre, comme pour tenter de toucher Vélicia. Il ne pouvait pas l’atteindre et c’était tant mieux. Toutes celles qu’il approchait étaient vouées à souffrir, que ça soit physiquement comme Vélicia ou psychologiquement comme Bel. Il retira sa main de la vitre, s’éloignant de celle-ci. Il passa à côté de l’infirmière, celle-ci disant :

« Jeune homme, vous ne voulez pas attendre le réveil de votre pokémon ? »

Il ne répondit pas, s’arrêtant juste quelques secondes avant de quitter le centre pokémon. Sur sa table d’opération, les yeux de la Majaspic s’ouvrirent faiblement, se posant sur la vitre. Elle avait cru entendre son dresseur. Peut-être était-ce simplement une illusion ?

Le Vokit continuait de sonner, signe qu’il recevait des messages et des appels incessants. Un moment, Bel allait finir par se lasser non ? Il s’était mis à marcher sur la plage, d’un pas lent sans même se préoccuper des rares personnes présentes. La saison était encore belle et permettait les baignades. Lui ? Il ne faisait que marcher, marcher, marcher … Il ne savait pas combien de temps il avait marché mais il avait parfois mis les pieds dans l’eau, arrivant jusqu’à une petite crique isolée. Entourée par de nombreux rochers, il était normalement impossible de s’y rendre par la voie des airs.

« Ah … Je pense que c’est un bon endroit ici. »

Il vint se mettre tout simplement assis sur le sable, les jambes repliées au niveau de son visage. Il valait mieux pour lui qu’il reste ici. C’était le seul endroit convenable. On ne le trouverait pas ici. Ça ne servait à rien … Rien du tout même.

« Mais elle ne s’arrête jamais ou quoi ?! »

Le Vokit continuait de cracher ses sonorités, signe que Bel continuait inlassablement d’envoyer des messages. Il prit son Vokit, l’activant pour voir les en-têtes des messages. Réponds, réponds, réponds, Téo tu es là, réponds, je t’aime tellement. Le dernier en-tête lui arracha un cri rauque alors qu’il tentait de jeter son Vokit sans y arriver, se rappelant qu’il était attaché à son bras.

« Mais moi aussi ! Moi aussi je t’aime, Bel ! Alors arrête de te faire souffrir pour moi ! Je ne le vaux pas ! Même si je survis quelques mois de plus, je deviendrai un monstre avec mes tumeurs ! Je deviendrai … juste monstrueux. »

Juste monstrueux. Est-ce que c’était ainsi qu’on pouvait l’appeler ? Le caractériser ? Toute son existence était non-conforme à ce que le monde voulait. On le laissait en vie … artificiellement … comme ceux qui ne se réveilleraient jamais de leurs comas. Il était comme eux … Il donnait l’impression d’être vivant … mais il était déjà mort. Il referma ses yeux, espérant ne plus jamais avoir à les ouvrir.

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