Chapitre 14 : Bien se préparer au combat

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Bien se préparer au combat

« Nous voilà enfin arrivés … » murmura Sélia tandis qu’ils dépassaient plusieurs gardes qui venaient de les laisser passer. L’adolescent aux cheveux blancs regarda autour de lui, un peu surpris et étonné par la quantité immense de bâtiments, échoppes et diverses choses.

« Quand même … Comment ça se fait que ça soit aussi grand ? Ils n’ont pas du mal à bouger dans les rues ? Pour avancer ? C’est encore bien plus grand qu’auparavant ! C’est tout simplement immense non ? » demanda –il en s’adressant à Sélia.

« C’est le cas … Mais au moins, ici … Nous aurons de quoi trouver sûrement un métier. Suis-moi et colle-toi bien à moi. Si je devais te perdre dans les rues, je ne suis pas sûre que je pourrai te retrouver … Et ça ne serait pas très « mâle » de pleurer en criant mon nom, n’est-ce pas ? » répondit la jeune femme en lui souriant avec amusement.

« Hey ! Je ne suis pas un gamin que je sache ! Viens, on va tout de suite trouver de quoi bien s’équiper ? Je suis sûr qu’il doit y avoir une armurerie non ? J’aimerai bien essayer les épées alors … Enfin … Si ça ne te dérange pas d’y aller tout de suite. »

« Hum … Je ne sais pas trop … Avant de penser à ton arme, pense plutôt à ton ventre. Allons manger, ça sera bien mieux car nous n’avons que très peu déjeuné ce matin. »

Il fallait dire … qu’il avait dormi assez longtemps … et elle aussi. Mais bon … Rien que le fait d’y penser le faisait rougir comme un gamin. Il devait se donner une plus grande contenance ! Il était un grand garçon quand même hein ? Il lui répondit :

« D’accord ! Je veux bien te suivre, Sélia. Cherchons d’abord alors une auberge. »

Elle hocha la tête, lui prenant la main tandis qu’il remarquait de plus en plus … qu’elle était proche de lui mais que en même temps … Il paraissait plutôt ridicule comparé à la jeune femme. Celle-ci était grande … au moins une tête de plus voir deux que lui. Elle avait une vingtaine d’années, voir vingt-et-un. Et lui dans tout ça ?
Bientôt dix-huit ans, le passage à l’âge adulte et il sentait qu’il restait simplement un enfant pour elle. Il ne devait pas se faire d’illusions, ce n’était pas possible ce genre de relations avec Sélia. De toute façon, elle le considérait comme son petit frère et lui-même la considérait comme sa grande sœur. Comme ça, les Ecreumeuhs étaient bien gardées et tout se déroulait très bien entre eux deux. Voilà !

Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes, Kéran regardant les petites échoppes, certaines vendant des herbes, d’autres des potions aux couleurs étranges. C’était quoi comme ville ça ? C’était simplement gigantesque. Est-ce qu’ils allaient vraiment s’installer ici ? Il se le demandait mais en vue de l’humeur de la jeune femme, il y avait des choses. Il s’était promis de ne plus recommencer à lui parler au sujet du regard sur son arme. C’était une question qu’il ne fallait plus poser s’il voulait garder une bonne relation avec elle.

« Que penses-tu de cette auberge, Kéran ? Elle m’a l’air plutôt potable … On devrait pouvoir manger correctement. Enfin … D’après l’allure extérieure. »

« D’accord ! Allons à l’intérieur au lieu de rester plantés devant ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, les deux personnes pénètrent dans le bâtiment. Plusieurs regards se tournèrent vers eux, tous plus dirigés vers la jeune femme que vers l’adolescent qui l’accompagnait. Des petits ricanements fusèrent en leur direction. Ces personnes, elles n’avaient rien à voir avec celles de son village. Il faut dire que là-bas, ils se connaissaient tous mais eux … Les yeux lubriques ne laissaient guère place à l’hypothèse concernant ce qu’ils pensaient de Sélia. La jeune femme désigna une table isolée au milieu d’autres tables vides. Elle lui dit avec douceur :

« Va t’asseoir là-bas pendant que je commande, Kéran. Qu’on évite de nous prendre la place avant qu’il ne soit trop tard. »

« Tu ne veux pas plutôt que je reste avec toi, Sélia ? » demanda-t-il avec un peu d’inquiétude.

« Tu te fais du souci pour moi ? Ne t’en fait pas, je pense que je suis assez grande pour pouvoir aller jusqu’au comptoir et demander ce que l’on veut. »

Ce n’était pas vraiment ça … dont il s’inquiétait mais visiblement, elle ne voulait pas qu’il la suive. Il se dirigea vers la table qu’elle avait signalée, s’asseyant en la regardant partir. Il la vit se rapprocher du comptoir, montrant deux doigts tout en prenant la parole. Les pochetrons à moitié avachis sur le comptoir se redressèrent, semblant vouloir lui parler. Pourtant, elle les ignora superbement, retournant à la table avant d’adresser un sourire à l’adolescent. Celui-ci fit de même, baissant un peu la tête d’un air confus. Elle remarqua la gêne de Kéran, reprenant la parole :

« Et bien … Tu aurais voulu jouer au héros, Kéran ? »

« Hein ? Mais non … Non … Pas vraiment … Je te le promets … »

« Hum … Tu es sûr de cela ? Tu m’as l’air assez dépité … Ne t’inquiète donc pas, tu auras bien d’autres occasions pour montrer ta valeur. Je pense qu’ils ne vont pas me laisser tranquilles ces deux types du comptoir. Mais bon … S’ils me connaissaient … »

« Ils sauraient qu’il vaut mieux éviter de te chercher des ennuis, oui. » termina t-il de dire alors qu’il attendait que le repas arrive.


Une serveuse s’approcha d’eux, deux assiettes en main. Elle lança un petit clin d’œil à Kéran, chuchotant qu’elle le trouvait plutôt mignon tandis que Sélia commençait déjà à manger tranquillement comme si de rien n’était. Quelques secondes plus tard, la serveuse revint avec de quoi les abreuver, signalant qu’il y avait un peu d’alcool dans la boisson. Lorsqu’elle repartit, Sélia murmura calmement :

« On dirait qu’elle croit que tu es déjà majeur. Dommage que ça ne soit pas le cas, n’est-ce pas, Kéran ? Sinon, tu aurais eu surement toutes tes chances aujourd’hui. »


Sans même lui laisser le temps de parler, elle prit la boisson de l’adolescent, buvant d’une traite le liquide à l’intérieur avant de goûter un peu à la sienne. Elle tendit son verre en direction de Kéran, reprenant la parole :

« Voilà … C’est de l’eau … Tu peux boire tranquillement. Pas d’alcool pour les enfants. »

« Euh … Mais tu as bu dedans, Sélia. Enfin un tout petit peu mais … »

« Et bien alors ? C’est quoi le souci ? Je n’ai pas la gale que je sache hein ? » répondit-elle en rigolant, l’adolescent tournant un peu la tête, confus.
Bon, ce n’était pas si … dramatique que ça non plus hein ? C’était juste … Il avait juste à tourner un peu le verre pour que ça ne le dérange pas plus longtemps. Il prit la boisson, laissant s’écouler liquide à l’intérieur de sa bouche. Lorsqu’ils eurent fini de manger et de boire, Sélia alla payer le tout, les deux hommes avachis au comptoir étant déjà prêts à la recevoir. Comme elle lui avait demandé de l’attendre près de la sortie, il n’avait rien entendu … Mais il pouvait tout voir.

Cela avait été rapide … très rapide … Trop rapide même. L’un des deux hommes voulu lui prendre son bras mais d’un geste vif, ce fut elle qui prit la main de l’homme pour la poser sur le comptoir. La maintenant dessus, son autre coude vint s’abattre sur le bras de l’homme avec violence. Un cri résonna dans l’auberge, la voix de Sélia l’accompagnant :

« Je ne te l’ai pas brisé … Mais avec ça, tu devrais éviter de faire trop d’efforts dessus … La prochaine fois, tu éviteras ces allusions douteuses, d’accord ? »

« Sale garce ! Tu me le payeras ! » répondit l’homme avec force, se massant le bras fortement endolori par le geste de Sélia. Celle-ci lui dit sur le même ton :

« Et bien, j’attendrai ce moment avec plaisir. On verra ce que tu vaudras. Je n’ai plus de temps à perdre avec toi maintenant. »

Elle rejoignit Kéran, lui murmurant de l’accompagner alors qu’elle se faisait insulter. Elle ne fit guère attention à l’insulte, l’adolescent ne sachant plus du tout où se mettre. Mais en un sens, il était heureux de ce qui s’était passé. Maintenant qu’ils avaient fini de manger, ils pouvaient se diriger vers le lieu le plus important pour la journée : l’armurerie.
Ils ne tardèrent pas à trouver le bâtiment, celui-ci mettant en vitrine de nombreuses armes, bien différentes les unes des autres. Certaines étaient des épées, d’autres des masses, des troisièmes des fléaux … Mais il n’y avait pas que ça. Il pouvait apercevoir aussi de magnifiques armures mais qui semblaient bien trop grandes ou lourdes pour lui. Il était un peu perturbé par cet objectif qu’il n’allait jamais pouvoir atteindre.

« Arrête donc de baver devant la vitrine et rentrons dedans, Kéran. » annonça la jeune femme avec tendresse, rentrant la première dans le magasin.

« Ah ! Attends-moi un peu, Sélia ! » s’écria Kéran, l’accompagnant.

« Bonjour, mademoiselle ? Messire ? Que puis-je faire pour vous ? » annonça un homme plutôt bien habillé malgré son statut d’armurier. La trentaine d’années d’après ce qu’il estimait, l’homme portait des vêtements en cuir mais surtout … Il n’était pas crasseux. Pourquoi est-ce qu’il pensait à ça ? Car ça lui rappelait Ronard, celui qui avait été le forgeron de son village avant qu’il ne soit détruit.

« Ce n’est pas vraiment pour moi mais plutôt pour l’adolescent qui m’accompagne. » dit la jeune femme aux cheveux bleus en montrant Kéran.

« Hum ? Il va donc devoir se battre ? Mais il m’a l’air un peu chétif si vous voulez mon avis … Il ne devrait peut-être pas risquer sa vie de la sorte. » répondit le commerçant avec neutralité, signe qu’il ne faisait que donner son opinion.

« Ca ne fait rien … Il a décidé de me suivre, je n’ai donc pas vraiment le choix. On ne dirait pas mais c’est une forte tête …Si vous pouviez voir aussi pour une épée longue. »

Une épée longue ? Mais n’en possédait-il pas déjà ? Enfin le client était roi … Il demanda à l’adolescent de l’accompagner, lui montrant plusieurs modèles d’épées longues. Certaines étaient plus légères que d’autres, d’autres avaient une garde un peu plus grosse pour une meilleure prise de main. C’était compliqué … vraiment compliqué.

« Dis … Sélia ? Est-ce que je peux tester les armes avant ? Au cas où ? »

« Hum … Ce n’est pas à moi que tu dois demander ça, Kéran mais au vendeur. »

« Suivez-moi dans l’arrière-boutique. Vous n’êtes pas le premier à me demander cela… J’ai donc pris mes initiatives. » répondit le marchand, Kéran ne disant plus rien.

Dans l’autre pièce, des mannequins s’y trouvaient. Des mannequins ? Des épouvantails recouverts d’armures dans un triste état, d’une épée et d’un bouclier qui n’étaient guère mieux. Le marchand dit que c’était l’équipement qui ne se vendrait plus alors autant qu’il soit utile à autre chose. Kéron ne répondit pas, serrant l’arme sur laquelle il avait jeté son dévolu.

Le vendeur lui dit de faire quelques mouvements, de viser le bouclier en donnant plus coups d’estoc. D’estoc ? Il parut surpris, jusqu’à ce que l’homme lui signale que cela consistait à frapper en avant, comme pour planter son arme. AH ! D’accord ! Il s’exécuta, lâchant l’arme lorsque celle-ci percuta le métal du bouclier. AIE ! Ça faisait mal cette bêtise !

« Je me demande ce qui se passe dans la tête de votre amie … »

« Je …Je … Je dois apprendre à me battre pour ne pas la déranger, voilà tout ! » répondit-il nerveusement, Sélia étant trop loin pour l’entendre.

« Hum … La déranger, bien entendu … Enfin, un client est un client donc je ne vais pas tergiverser plus longtemps à ce sujet. »

Comme il le désirait … Bon … Il reprit l’épée, recommençant à faire quelques manœuvres en espérant y arriver correctement. Le vendeur ne se plaignait pas, continuant de lui donner quelques conseils. Des coups en large, des coups à la verticale. Il lui signalait aussi d’éviter de donner trop de force dans son arme sinon, si il se faisait paré, il n’aurait alors pas le temps de se protéger ensuite à cause du choc.

« Et après ça ? Qu’est-ce que je dois faire d’autre ? » demanda l’adolescent.

« Pour l’instant … Disons que ça peut aller … Il vaut mieux juste éviter que tu rencontres des pokémons trop forts … Cela serait problématique. Qu’est-ce que vous faites, tous les deux ? »

« Nous chassons les pokémons spectraux et ténébreux. » répondit franchement Kéran, passant une main dans ses cheveux blancs. C’était bizarre … mais ça lui plaisait bien d’utiliser une arme. Il se sentait un peu plus utile qu’auparavant.

« … … … Est-ce une blague ? »

« Non non ! Je vous le promets ! Enfin … On a eu des petits soucis … Mais auparavant, je ne faisais qu’accompagner Sélia lorsqu’elle partait en mission. Maintenant que j’ai grandi, je peux finalement l’aider dans son travail. »

« Mais vous faites cela depuis combien de temps ? » questionna le vendeur, partagé entre l’incrédulité et l’incompréhension.

« Euh … Ca doit faire environ sept ou huit ans … Enfin, moi, je connais Sélia depuis tout ce temps … Je ne sais pas ce qu’elle faisait avant. »

« Attends un … peu. Tu vas avoir dix-huit ans, n’est-ce pas ? Et depuis l’âge de dix ans, tu accompagnes cette jeune femme pour combattre les créatures ténébreuses et spectrales ? »

« Bien sûr que oui ! Pourquoi je ne le ferais pas ? C’est si étonnant que ça ? » dit Kéran avec un peu d’étonnement, le vendeur lui répondant :

« Mais … hum … Non … C’est bon, je ne poserai plus de questions à ce sujet. Pour ton armure, je te déconseille d’en prendre une … Du moins … Complète … Nous pouvons voir pour une épaulette droite accompagné d’un morceau de cuir. Bref … Une armure mais qui est nullement complète. Cela te permettra de te protéger un minimum mais néanmoins, tu ne seras pas sans rien contrairement à maintenant. »

Qu’est-ce qu’il y avait de si surprenant ? Il aurait bien voulu continuer la discussion mais visiblement, le vendeur n’en avait guère envie. Est-ce qu’il avait dit une bêtise ? Ou alors, était-ce parce qu’il côtoyait les créatures ténébreuses et spectrales depuis tellement de temps qu’il n’était plus vraiment affecté par cela.

Enfin, une vingtaine de minutes plus tard, il se présenta à Sélia, celle-ci ayant observé plusieurs armes et armures dans un rayon bien particulier. Les prix étaient bien plus hauts que dans les autres rayons. La jeune femme se tourna vers Kéran, poussant un petit cri ravi en l’observant. C’était parfait pour un débutant :

Des épaulettes en cuir sur les deux côtés, elles étaient attachées en diagonale sur son torse. D’ailleurs, il portait un épais morceau de cuir compressé contre son coeur. Enfin, aux jambes, il n’avait que de simples genouillères en cuir là aussi. Dans sa main, il tenait l’épée qu’il avait utilisée pour l’entraînement tandis que Swar était toujours attachée à sa ceinture.

« J’ai fait de mon mieux … Pour l’heure, qu’il supporte déjà ce poids et si, plus tard, il en a encore besoin, vous pourrez revenir me voir. »

« C’est parfait comme ça. Dites-moi votre prix. » répondit Sélia, serrant Kéran contre sa poitrine. Elle semblait folle de joie maintenant. Ça n’avait rien à voir avec la scène de l’auberge. Enfin bon … Désormais, il était préparé pour se battre.

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