Chapitre 15 : Au-dessus des autres

ShiroiRyu
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Chapitre 15 : Au-dessus des autres

« Et bien, et bien … On dirait que mon petit Kéran est en train de devenir un homme. » annonça la jeune femme aux cheveux bleus en lui souriant.

Il vint rougir, un peu gêné par les paroles de Sélia qui le réconfortaient. C’est sûr… Il avait déjà une meilleure allure maintenant. Mais bon, avoir l’allure ne faisait pas tout, il devait prouver qu’il était capable de se battre. Et pour ça … Y avait-il beaucoup de choses à faire ? Il n’y connaissait rien et il espérait qu’avec l’aide de Sélia, il y arriverait.

« Maintenant ? Que devons-nous faire, Sélia ? Est-ce que l’on doit quitter la ville pour s’entraîner ? Enfin, faire des choses que je ne connaissais pas avant ? Car tu n’as pas appris seule à te battre, je pense ? D’ailleurs … Déjà quand tu es arrivée au village … Tu savais te battre. » murmura l’adolescent aux yeux bleus.

« L’origine de tout cela, il vaut mieux ne pas y penser. Je sais me battre et c’est le plus important. Je t’apprendrai les maniements de base. Enfin, ils seront quand même plus compliqués que ceux de l’armurier hein ? Il va falloir faire des efforts. »

« J’en ferai ! Je te le promets ! Mais … Bon … Je n’ai pas envie que l’on se balade. J’ai envie d’essayer mon arme … Enfin … On peut y aller s’il te plaît ? »

Hum … Il était très motivé, trop motivé même. Qu’il ne commette pas de bêtises avec une telle réaction. Il valait mieux commencer dès maintenant car sinon, il se pourrait que dans un futur très proche, il doive utiliser son épée. Elle soupira légèrement, lui disant :

« Soit. Sortons de la ville. Il faut simplement que l’on demande à quelle heure les portes se referment car sinon, nous allons devoir dormir à la belle étoile. »

« Ca ne me déplait pas forcément. Même si on ne voit jamais le soleil, le ciel est quand même si beau, hein ? » annonça Kéran en rigolant.

Un ciel si beau … Il n’y avait que des enfants ou des ménestrels pour penser de la sorte. Des poètes et des gens qui ne voulaient pas voir la vérité en face. Mais … Elle ne pouvait pas leur en vouloir. Certains étaient nés pour les défendre … Les sauver. Et voir Kéran qui tentait de passer d’un rang à un autre, elle ressentait une pointe de tristesse en elle. Elle ne voulait pas qu’il combatte … C’est pourquoi elle allait devoir tout faire pour qu’il abandonne cette idée.

Ils sortirent de la ville, Kéran attendant qu’elle finisse de discuter avec l’un des gardes qui surveillaient la double porte. Alors, d’après ce qu’il entendait, ils avaient six heures devant eux avant qu’ils ne referment la porte ? C’était plus tôt qu’il ne l’aurait cru. Mais il entendit les gardes répondre qu’il y avait une recrudescence du nombre de créatures ténébreuses et spectrales dans les environs. Finalement, Sélia revint vers lui, un peu embêtée avant de dire :

« Hum … Bon … On va faire de notre mieux pendant ce délai. De toute façon, l’entraînement ne durera pas six heures car je ne pense pas que je tiendrai la cadence. »

« Oh … Sélia risquerait de se fatiguer un peu trop vite ? » dit-il avec une ironie amusée.

« Oh … Le pauvre Kéran va avoir tout son corps qui va crier de douleur. »
Gloups … Il déglutit légèrement, se disant que ce n’était peut-être pas une bonne idée que de la provoquer. Et le sourire qu’elle avait été un mélange de tendresse et d’amusement. Elle n’allait visiblement pas se priver de le faire atrocement « souffrir » pendant les six prochaines heures. Le cri de son corps n’allait pas qu’être une image.

Ils s’éloignèrent de la ville d’un bon kilomètre, ce qui prit une dizaine de minutes. Ils se retrouvaient dans une petite plaine parsemées de nombreux rochers de différentes tailles. Mais néanmoins, ils étaient seuls et c’était le plus important pour ne pas déranger autrui. Elle s’installa sur un rocher de grande taille, s’asseyant pour le regarder. Elle lui dit :

« Fais donc quelques mouvements d’épée … Donner un coup à droite, à gauche, en avant pour donner un coup d’estoc … Bref, montre-moi ce dont tu es capable, Kéran. »

Hein ? Euh, comme elle voulait. Il sortit l’épée, donnant quelques coups dans le vide alors qu’elle l’observait brièvement. Elle ne faisait qu’hocher la tête plusieurs fois de suite tandis qu’il continuait jusqu’à ce qu’elle lui demande d’arrêter. Il fallut attendre une trentaine de minutes pour que ça soit le cas et il était vraiment épuisé.

« Je peux reprendre mon souffle un peu … Sélia ? »

« Hum … Je te laisse deux minutes de repos. Ensuite, tu iras t’entraîner avec moi mais je te préviens, tu risques d’en baver sérieusement. »

Ah ? Pourquoi est-ce qu’il n’était pas rassuré le moins du monde ? Car c’était ainsi qu’il percevait ce qui allait l’attendre. La jeune femme se leva avec calme, sortant l’une de ses haches. HEY ! Il se redressa subitement, faisant quelques pas en arrière avant de crier :

« On ne va quand même pas se battre avec ça ? Ce n’est pas du jeu, là ! Tu risques de me blesser sérieusement, Sélia ! »

« Hum ? Tu aurais donc peur d’être blessé ? Mais je pensais que tu voulais devenir un combattant ? Ce n’est pas ainsi que tu pourras me protéger ou être là à surveiller mon dos. Je pensais beaucoup mieux de toi … »

Beaucoup mieux de lui ? HEY ! Il n’avait pas dit qu’il abandonnait non plus ! Mais elle savait se battre bien mieux que lui ! Il suffisait de voir ce dont elle était capable. D’ailleurs, si elle avait perdu contre Katérina, qu’est-ce que Katérina devait être ? Enfin, il ne pardonnait pas à l’adolescente ce qu’elle avait fait …

« Et bien ? Mes paroles t’ont fait autant d’effet, Kéran ? Si tel est le cas, il vaut mieux que tu abandonnes l’idée de combattre. Voilà tout. » dit-elle en faisant un demi-tour.

« Tu ne devrais pas tourner le dos ! » s’écria l’adolescent avant de courir vers elle à toute vitesse. Il allait en profiter pendant qu’elle ne le voyait pas !

La hache tomba au sol dès qu’il fut à sa portée. D’un geste vif et rapide, elle le prit par le bras, le soulevant au-dessus d’elle avant de le faire retomber lourdement sur le sol sur le dos. L’adolescent poussa un petit cri de douleur avant de sentir la lame de la petite hache près de son cou. Elle l’avait récupérée … aussi rapidement ?!

« Ca ne me plait pas … car je n’aime pas agir de la sorte … Mais je te demanderai de ne plus jamais attaquer dans le dos, Kéran. C’est une tactique vile et lâche … Et même si je l’utilise contre des spectres et des créatures ténébreuses, je ne veux pas que tu fasses comme moi. D’accord ? Je veux que tu me le promettes, Kéran. » murmura la jeune femme avec lenteur.

Gloups … Il hocha la tête pour dire qu’il acceptait. Sélia lui sourit, retirant sa hache avant de lui permettre de se relever. Il se redressa, reprenant son arme en tremblant un peu. Il serrait son épée à deux mains, attendant qu’elle soit prête. La jeune femme avait brandit ses deux haches en même temps, reprenant la parole :

« Maintenant que tu sembles un peu plus motivé … Allons-y. »

Allons-y ? Dit comme ça, il sentait qu’elle aussi venait de gagner en motivation. Bon, il allait faire de son mieux … surtout pour qu’elle soit contente de ses progrès. Le reste pouvait bien attendre. Il courut vers elle, son arme empoignée avec ses deux mains. Malgré la force qu’il venait de mettre dans le coup, la jeune femme fit un simple geste en diagonale avec sa hache, la lame de Kéran allant se planter dans le côté.

« Trop de force ne veut pas forcément dire meilleur … Kéran. Il va falloir vraiment t’apprendre toutes les bases. Pourtant, tu m’accompagnais depuis tellement d’années. C’est bien différent, n’est-ce pas ? D’être acteur au lieu de spectateur. »

« C’est … différent mais c’est aussi bien je trouve. J’aime beaucoup. »

Il aimait ? Il aimait se battre ? Ce n’était pas comme ça qu’il devait voir les choses. Non … Elle ne voulait pas qu’il se batte. Elle pensait que voir à quel point se battre était dangereux … lui aurait fait changer d’avis. Mais non ! Ce n’était pas comme ça qu’il devait réagir ! Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas compris le sens caché de ce combat ?

Pourtant, les heures passèrent et rien ne changea. Malgré la fatigue, l’adolescent tenait bon et ne semblait pas vouloir s’arrêter. Oh … Elle, elle avait l’habitude de ce genre d’entraînement mais lui, il ne voulait pas stopper … Il ne lui disait pas « Assez ! Je ne veux plus le faire ! ». Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il continuait ? C’était tout simplement stupide ! C’était trop dangereux pour lui de suivre la même voie qu’elle !

« Kéran … Viens … Nous devons rentrer. »

« D’accord mais on peut y aller doucement s’il te plaît ? J’entends mon corps qui crie de douleur. » murmura Kéran alors qu’elle s’était mise à rigoler.

« Espèce d’idiot … Je n’ai pourtant jamais été sérieuse pendant l’entraînement. »

Ah bon ? Et bien, ça promettait pour les futurs entraînements. La nuit n’était pas encore tombée mais ils étaient en fin d’après-midi. Ils pouvaient facilement se balader dans les ruelles marchandes pendant une bonne heure encore. Retournant dans la ville, les gardes fermèrent les portes derrière eux. Visiblement, ils étaient arrivés au bon moment … ou plutôt au dernier. Maintenant ? Ils allaient faire quoi ?

« Est-ce que tu veux aller te laver, Kéran ? Nous pourrions aller dans cette source d’eau chaude. J’ai vu ce bâtiment quand nous sommes passés avant de partir. Ca peut nous faire que du bien … Tes douleurs partiront après quelques minutes. »

« Je me disais plutôt … Qu’est-ce que l’on doit faire pour essayer de rentrer dans une organisation, Sélia ? Tu dois bien le savoir non ? » demanda l’adolescent, espérant changer de conversation à ce sujet. L’idée … de se baigner dans une source avec elle. Il préférait plutôt l’éviter pour le moment.

« Ce que vous devez faire ? C’est simple ! C’est si simple pourtant ! »

Hein ? Il se tourna vers la personne qui venait de crier. Un homme qui devait avoir la trentaine d’années mais qui semblait si petit et ridicule, mesurant au grand maximum 1 mètre 40. Même lui était plus grand que ce petit homme ! Il avait une bouteille à la main, du liquide violet s’écoulant de ses lèvres alors qu’il avait tout du parfait alcoolique.

« Vous devez tout simplement tuer les spectres ! Le plus grand nombre de spectres ! Plus vous tuerez de spectres et de créatures ténébreuses, plus vous vous ferez remarquer ! C’est pas compliqué mais faut savoir utiliser sa jugeote ! Mon frère, il pensait pareil mais c’était un abruti ! Et vous savez ce qui lui est arrivé ? Il a été possédé y a des années de ça ! L’est rentré chez nous et il a zigouillé toute ma famille ! Ouais ! Comme ça ! Moi, je suis le seul qui a survécu ! HIP ! Paraitrait que maintenant, les spectres et toutes ces choses ténébreuses, elles sont plus malignes que nous. Ils réfléchissent maintenant ! Paraitrait que dans les environs de la ville, y a des chefs ou je ne sais quoi … Ce sont eux qui dirigent ces créatures ! OH MERDE … Je me sens mal ! »

L’homme s’écroula sur le sol, personne ne semblant venir l’aider. Kéran amorça un geste pour le relever, Sélia s’apprêtant à l’arrêter avant de le laisser faire. Non … C’était sa décision donc, elle ne devait pas juger ses actes. Elle le regarda soulever l’homme pour le déposer contre un mur. D’après ce qu’il avait compris, cet homme avait perdu toute sa famille à cause d’un spectre. Ce n’était qu’un cas comme s’il y en avait tant d’autre dans ce monde. L’homme s’était endormi, complètement abattu par l’alcool.

« D’ailleurs … En parlant de ces créatures … Vous avez entendu ? Il paraîtrait qu’il y a eu un véritable carnage de leur côté. Les routes sont bien plus sûres pour au moins une semaine … Mais les soldats et les marchands ont relevé d’innombrables corps sur les côtés. Vous pensez qu’ils ont essayé de s’entretuer ? Ca ne serait pas la première fois. » murmura une voix autour de Kéran et Sélia, l’adolescent étant retourné auprès de la jeune femme.

« Ca m’étonnerait. Elles sont intelligentes … Elles savent que ce n’est pas bon pour elles de commettre un tel acte. Vous pensez que la Sainte Alliance est passée par là ? »

« HAHAHA ! Quelle bonne blague ! Cette ville n’est pas assez grande pour qu’ils envoient des membres capables de tuer autant de créatures aussi facilement ! »

Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait mais d’après ce qu’il entendait … Ils n’avaient eu aucun mal à arriver jusque dans cette ville parce que les routes étaient plus sûres ? Enfin, il n’avait pas remarqué de cadavres sur le chemin. Bizarre … C’était vraiment bizarre. Mais bon, ce n’était pas un problème.

« Sélia … J’aimerai plutôt que nous retournions à l’auberge. On va dire que ce sont des blessures de guerre ce que j’ai sur le corps. »

« Hum … Comme tu le désires … Libre à toi. C’était pourtant une proposition amicale, rien d’autre, je peux te le promettre avant que tu ne te fasses des idées. »

« Je le sais parfaitement, Sélia. Je le sais parfaitement. Mais avec ce qui vient de se dire, l’alcoolique, toutes ces choses … Enfin, je ne sais pas. » murmura Kéran avec une petite pointe de tristesse, signe qu’il ne semblait pas être au mieux de sa forme.

« Hum. On va quand même y aller en fin de compte. Et ce sont sûrement des bains séparés, tu n’as pas à t’en faire. Tu ne verras rien du tout, Kéran. »

Elle n’était pas obligé de dire ça comme ça … Il avait quand même la fâcheuse impression qu’elle se moquait de lui, ça ne lui plaisait pas vraiment. Mais bon, elle venait de le titiller sur ce point précis car elle savait parfaitement de quoi il parlait. La jeune femme lui prit la main, l’emmenant à travers les rues pour trouver le bâtiment.

« Nous devons nous reposer … et ne pense pas trop à cela pour l’instant. Prends ton temps pour progresser à ton rythme. »

« D’accord, d’accord, j’ai saisi le message, Sélia. » répondit l’adolescent aux cheveux blancs tout en la suivant. Bon … Ce n’était pas forcément le plus ardu à faire. Et puis, dans le fond, ce n’était pas si mal … Cela allait être la première fois qu’il allait dans un tel endroit.
Ailleurs, loin de la ville, alors que les bâtiments étaient à peine visibles si on les regardait d’une hauteur respectable, un pied dénudé se balançait tranquillement à côté d’une branche. Située en hauteur, une demoiselle aux cheveux argentés observait la ville avec neutralité. Elle se trouvait presque au sommet de l’arbre dans lequel elle avait grimpé. Deux grosses lames étaient plantées dans l’écorce de l’arbre au-dessus et au-dessous de la branche sur laquelle elle était à moitié avachie.

« Ah … La vie citadine, ce n’est pas vraiment fait pour moi, ça. »

Elle poussa un petit soupir avant d’éclater de rire, levant sa main en l’air. La main se posa sur le manche de son arme avant qu’elle ne saute de la branche. Elle récupéra sa seconde arme en même temps, traçant deux lignes verticales sur l’arbre qui fut fendu en deux. A ses racines, de nombreux cadavres de pokémons et d’humains s’y trouvaient. Une partie d’entre eux était de simples créatures qui étaient passées par là au mauvais moment. Elle ne faisait aucune différence entre les bons et les mauvais, pourquoi se préoccuper de cela quand ils étaient tous si faibles ? Les faibles n’avaient pas le droit de vivre.

« De toute façon … Il devra bien sortir de sa tanière un jour ou l’autre. Je suis sûre que cela me permettra de me divertir. HAHAHA ! » s’exclama-t-elle, prise d’un puissant fou rire avant de se mettre à marcher d’un pas lent à travers la forêt.

Ce monde, ces villages, ces populations, ces êtres, rien n’était fait pour elle. Elle ne se préoccupait de rien, ni personne. La seule vision du monde qu’il l’importait était la sienne. Le reste … pouvait bien crever. Le reste … pouvait bien disparaître.

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