Chapitre 12 : Décevoir

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Décevoir

Un coup vint le frapper en plein torse et il avait l’impression que son cœur allait quitter sa poitrine. Comme s’il avait le souffle coupé, il haleta plusieurs fois tout en regardant avec fureur son adversaire. Celui-ci n’avait pas ménagé ses attaques mais surtout, il n’avait eut aucune hésitation. C’était donc ça la différence entre une personne sans son armure et une personne avec son armure ? La différence de force ? Non, la force était la même, c’était plutôt de l’ordre de la résistance que cela était complètement différent.

« Rien à faire, rien à faire, rien à faire ! RIEN A FAIRE ! »

Il se battait pour lui-même puisque personne ne semblait vouloir s’accrocher à sa personne ! Il se battait pour obtenir cette victoire ! Pour quitter cette école ! Pour abandonner tout le monde une nouvelle fois ! Et ensuite ? Il serait encore attaché à d’autres personnes. S’il rejoignait une organisation, qu’est-ce qui changerait réellement dans le fond ? Rien du tout.

« C’est tout simplement ridicule … que de continuer à se battre en fin de compte. »

« Tu as décidé alors d’abandonner ? Hahaha ! »

« Te fout pas de ma gueule ! Hors de question d’abandonner face à un type comme toi ! Je préférerais encore mourir plutôt que ça ! »

Toujours une aussi grande gueule, n’est-ce pas ? Mais quand il allait comprendre la leçon, peut-être que cela lui suffirait pour saisir à quel point il se plantait complètement ? De toute façon, c’était lui qui voulait livrer le combat jusqu’à la fin. Il ne faisait qu’accepter ce qu’il désirait, on ne pouvait pas lui reprocher ça.

« Puisque c’est ce que tu désires, de toute façon, c’est foutu pour toi. »

Et il croyait qu’il ne le savait pas ? Tout était foutu depuis le moment où Sarine avait décidé de l’abandonner comme les autres ! Il ne pouvait pas espérer avoir un sponsor ! Il ne pouvait rien espérer … rien du tout. Il était livré à lui-même, voilà tout.

ET CA NE LE DERANGEAIT PAS LE MOINS DU MONDE ! Même s’il en pleurait, enragé comme une bête sauvage. Il avait réussi à atteindre le chevalier-pokémon d’argent du Cochignon et il avait planté ses dents dans le bras de son adversaire.

« MERDE ! IL VIENT DE ME MORDRE ! Il est complètement timbré ce type ! »

L’imposant adolescent secoua son bras vivement pour faire lâcher prise à Waram. Celui-ci tomba à la renverse, un morceau de peau ensanglanté entre ses dents blanches. Un morceau qu’il recracha, se mettant à quatre pattes.

« Jamais … jamais … juste sur soi-même ! JAMAIS ! »

« Cette fois, t’as clairement abusé ! Cette leçon, je vais te la graver à vie dans ton corps ! » hurla Graphon avant brandir les défenses sur ses poignets. Il allait le planter avec, quitte à lui laisser une cicatrice bien laide. Mais ce qu’il venait de faire, ce petit enfoiré sans son armure, il allait lui faire payer le prix … A VIE ! A tout jamais !
Mais contrairement à ce qu’il pensait, Waram avait encore de la hargne à revendre. Pire ! Il se déplaçait plus rapidement dans cette position à quatre pattes ! Comment c’était possible ?! Ce n’était pas un être humain pour se comporter comme ça ! C’était tout simplement monstrueux. Il avait affaire à un monstre !

« C’est pas un combat, ça ! Je participe pas pour affronter une bête sauvage ! »

Et c’était quoi cette impression malsaine qu’il avait en le regardant ? Du genre, ses mains et ses pieds. Même si ce n’était qu’une émanation de la force qui animait chaque chevalier-pokémon, il avait vraiment l’impression d’avoir affaire à l’armure-pokémon et non le chevalier. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Mais tu vas dégager, sale bête ?! J’ai pas que ça à foutre de me battre avec toi ! »

Un autre coup de pied dans le ventre de Waram et voilà que l’adolescent se retrouve renvoyé en arrière, ouvrant la bouche alors qu’un filet de bave en sort. Un hurlement strident se fait entendre en même temps qu’une vague de puissance émane de lui, soulevant la poussière dans l’arène pour aveugler tout le monde.

« Où est-ce qu’il est passé maintenant ? Ca devient franchement glauque et … »

De la sueur glacée s’écoula le long du cou de Graphon lorsque dans le brouillard, deux yeux rouges l’observaient. Deux yeux rouges furtifs avant qu’ils ne se retrouvent en un clin d’oeil à sa hauteur. L’adolescent chercha à se protéger mais rien ne se passa. Seul un cri strident résonna dans l’arène. Lorsque la poussière se souleva, Waram était maintenant au sol, aux pieds de Graphon, évanoui.

« Hein ? Il s’est passé quoi ? J’ai rien fait pourtant. »

« Vain.. .Vainqueur : Graphon, chevalier d’argent du Cochignon ! »

« Wow. Mais … Enfin … Super. » chercha à dire l’adolescent, jetant un regard à Waram qui était au sol. Pourquoi il avait eut l’impression d’avoir affaire à un monstre ?

« Toutes mes félicitations. Tu ferais mieux d’aller te reposer, Graphon. » lui dit l’arbitre alors que l’adolescent secouait la tête, encore surpris.

« Je veux bien mais pour lui ? Faut le transporter ou … »

« Nous allons nous en charger. Il semblerait que quelques petits incidents mineurs se soient déroulés pendant ce combat. Ca ne te regarde pas. Profites plutôt de te reposer car vu ce qui t’attends demain, tu risques d’en avoir besoin. »

« C’est pas faux. Je ne sais pas qui ça va être mais il aura un avantage. »

Graphon poussa un soupir avant de quitter l’arène. Il n’y eut aucun applaudissement, les spectateurs restants les yeux rivés sur Waram, comme pour attendre son réveil. L’adolescent avait montré une telle force de caractère, monstrueuse et animale que cela ne pouvait pas s’arrêter ainsi. Et pourtant, il fut tout simplement soulevé avant d’être emmené ailleurs.

Dans le dortoir de l’adolescent, l’armure-pokémon était avachie sur le lit, le regard plongé dans le vide, autant que pourrait l’être une armure-pokémon. C’est lorsque Raon pénétra dans le dortoir à son tour qu’elle releva la tête.

« Waram n’est toujours pas là, Raon ? »

« Hein ? Euh, t’es pas au courant ? Waram a perdu et salement. Mais faut dire que j’ai appris que tu l’avais quitté en plein combat. C’est aberrant d’avoir fait ça ! Qu’est-ce qui t’a pris de réagir de la sorte, Sarine ? C’est pas ton genre, non ? »

« Hihihi ! Elle a juste donné une bonne leçon de vie au vilain, vilain garçon ! Ca lui apprendra à se comporter de la sorte ! Où qu’il est vilain ! »

« Istiti, arrêtes de parler comme une gamine hystérique. Je discutais avec Sarine. Bref, Sarine, il paraîtrait qu’il a été emmené à l’infirmerie mais quand j’ai voulu aller le voir, on m’a dit qu’il n’était pas là et qu’il n’avait jamais été emmené là-bas. Je sais pas trop ce qui se passe. »

« Il se passe qu’il est pas dans son état normal par notre faute, par ma faute. Toute cette histoire avec Sanphinoa a trop duré, beaucoup trop ! »

« Faut dire qu’il l’a vraiment alignée. Ce combat était juste horrible. »

« Waram ne méritait pas ça ! Sanphinoa non plus ! Mais nous, on a continué à accuser Waram de tous les maux du monde ! Comme s’il était le seul responsable de tout ça ! Je sais que c’est un idiot ! Je sais que c’est un imbécile ! Je le connais depuis des années et … »

« Attends, Waram et toi, vous vous connaissez depuis autant de temps ? Mais il est un chevalier-pokémon depuis combien de temps ? »

« Presque sept ans. Cela fait sept ans que je suis avec lui et … »

« Attends, attends,Waram a quatorze ans maintenant. Mais il en avait treize non ? Donc il t’a connu à l’âge de six ans ? Mais mais mais … Aucun chevalier-pokémon n’a une armure-pokémon aussi jeune ! Ce n’est pas normal ! »

« Et pourtant, c’est notre histoire, à lui et moi. Je sais qu’elle surprend mais nous avons toujours été ainsi, lui et moi. »

« Faudra m’expliquer ça, enfin, me raconter ça plus tard. Pour l’heure, on ferait mieux d’aller le trouver. On part chacun de notre côté, d’accord ? » déclara Raon alors qu’elle quittait le lit pour dire d’une voix lente :

« Dès qu’on le retrouve, on l’allonge à côté de Sanphinoa et on les attache. »

« Ca me semble être une bonne idée. On demandera à une femme-chevalier pokémon adepte des végétaux. Quelques lianes bien serrées seront parfaites pour eux deux. » termina de dire Raon tout en rigolant, quittant le dortoir pour partir vers la gauche.

« Bon ben au boulot. » se dit l’armure-pokémon du Diamat pour elle-même.

Sauf qu’elle n’avait aucune indication sur l’endroit où Waram pouvait se trouver. C’était le désert complet, comme si tout cela était impossible à deviner. L’adolescent avait totalement disparu et même l’arbitre ne savait pas où il se trouvait.

« Mais zut ! C’est pas possible ! On veut pas me faire une farce quand même ? »

Elle avait passé l’âge d’être prise pour une idiote ! Même si elle n’était faite que de métal, cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas le droit aux sentiments ! De plus en plus anxieuse, elle accélérait ses pas, interrogeant tous les élèves.

« Waram ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Rien à faire de ce type. »

« Tu le cherches ? Après l’avoir abandonné ? Sérieusement ? T’as pas mieux à faire ? Fallait pas l’abandonner si tu voulais pas le perdre. »

« J’ai cru entendre des dires comme quoi il avait disparu, subitement, comme ça ! »

Des dires ? Des rumeurs ? Disparition complète ? AH ! Il n’y avait qu’un endroit où Waram pouvait se trouver ! Mais pourquoi est-ce qu’elle aurait fait ça ? Courant à toute allure, l’armure-pokémon fonça tête baissée vers la porte du bureau de la principale mais ne la percuta pas, bloquée par un pouvoir psychique.

« Sarine, ce n’est pas de cette manière que l’on toque à une porte. »

Impossible de voir la personne mais elle reconnaissait cette voix. Elle tourna sur elle-même, comme pour se demander si elle allait paraître quelque part mais la porte s’ouvrit, tout seule avant qu’elle ne pénètre dans le bureau.

« Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Sarine ? Tu crées un peu de désordre dans l’école. »

« Je recherche Waram. Je n’ai aucune nouvelle à son sujet depuis le combat qu’il a perdu et je commence à être réellement inquiète à son sujet. Vous avez des nouvelles ? »

« Bien entendu. Il se repose dans le bureau de la principale. »

« Ah ! Pfiou, tant mieux, je vais aller la … HEY ! Mais je suis dans le bureau de la principale ! » s’exclama l’armure-pokémon avant de regarder de tous les côtés. Elle repéra l’adolescent couché sur le canapé, une couverture en laine verte sur son corps.

« Et il se repose, oui. Alors, il va falloir éviter de crier, d’accord ? Je suis sûre que tu comprends cela. » continua de dire la femme masquée aux cheveux verts.

« Oui, oui, je comprends, je comprends parfaitement, bien entendu mais … »

« Pourquoi ? Tout simplement qu’en vue du spectacle que Waram a fait, je ne pouvais décemment pas le laisser dans l’infirmerie. »

« Vous … Vous voulez bien me raconter ? J’ai osé faire une chose que je regrette terriblement. Vous voulez bien ? » répéta Sarine longuement.

« Bien entendu, je ne vois aucune raison de te refuser cela. Est-ce que tu veux t’installer aux côtés de Waram ? Je pense que ta présence est nécessaire. »

« Je ne suis pas sûre que je mérite cela, madame. »

« Ne fait donc pas trop de chichis. J’imagine que Waram t’aura déjà pardonné demain. Mais pour cela, il va falloir que tu restes présente à ses côtés. Surtout que je ne peux pas rester sans rien faire après ce qu’il a accompli. Il va me falloir prendre des sanctions. »

« Sa… Sanctions ? Ne le renvoyez pas de l’école, je vous en prie ! Je sais que ça se passe très mal ces derniers jours mais ça va s’améliorer ! Je vous le promets ! »

L’armure-pokémon s’alarma, visiblement effrayée à l’idée que Waram se retrouve à nouveau seul, comme auparavant. Avec des tremblements dans le corps de métal, elle reprit :

« S’il vous plaît ! Réfléchissez ! Je vous en pries ! Ne lui faites pas subir cela. »

« Qui a dit que je parlais de le renvoyer de l’école ? Chaque élève est aussi important à mes yeux. Hmm … A qui est-ce que je peux faire croire ça ? Je ne suis pas parfaite. J’ai moi-même mes préférences et mes petits chouchous. »

Est-ce qu’elle voulait dire par là que Waram en faisait partie ? Le sourire sous le masque était énigmatique, ne laissant pas vraiment de réponse à cette question. Surtout qu’elle était certaine que la principale était en train de lire dans ses pensées. Les pensées d’une armure-pokémon ! Comme si ce n’était pas surprenant !

« Alors, par où devons nous commencer ? Par le comportement étrange, à moitié animal de Waram. Est-ce que tu es au courant ? »

« O… Oui, je suis au courant à ce sujet. C’est vrai qu’il a eut quelques moments de … »

« Et tu as omis le fait que toi et Waram, vous vous connaissez depuis des années non ? »

« C’est le cas mais … on ne m’a jamais posé la question. Comment vous pouvez savoir ceci ? Est-ce que Raon vous l’a dit ou alors… »

« C’est exact. Je lisais déjà vos pensées lorsque vous étiez en train de discuter, tous les deux, il y a de cela quelques minutes. »

« AH ! C’était donc pour ça mais … on peut parler de ça plus tard ? Enfin de moi et Waram, mais plus tard. Je veux juste savoir ce que vous allez lui faire. Mais aussi ce qui s’est passé pendant le combat après mon départ. »

« Soit soit soit … Rien ne presse et nous pouvons facilement discuter le temps que Waram se réveille. Quel pauvre enfant. »

Le soupir qui sortit de sous le masque blanc de la femme aux cheveux verts sembla interminable aux oreilles de Sarine. Celle-ci baissa sa tête de métal, n’osant plus regarder la principale, attendant qu’elle reprenne la parole et lui raconte tout.

Où est-ce qu’il se trouvait ? Il entendait deux voix féminines mais rien de plus. Ses yeux s’ouvrirent légèrement, observant le plafond au-dessus de lui. Au moins une bonne chose, il avait un toit sur la tête mais après ? Où est-ce qu’il se trouvait ?

« C’est donc ce qui lui est arrivé. Mais je ne sais pas pourquoi maintenant … Cela faisait depuis si longtemps … même en Afrique, ce n’était pas arrivé. »

« Cela doit être relié à ses sentiments. Avec la confusion et le désarroi qui l’ont animés, il fut perdu et à partir de là, complètement décontenancé. »

« C’est peut-être ça, oui … mais je … »

« Il semblerait que Waram se soit réveillé. Nous pouvons alors commencer à l’interroger. »

La principale avait coupé la parole à Sarine, celle-ci se tournant vers l’adolescent qui gesticulait sur le canapé. Il se redressa sous la couverture, se mettant assis en gémissant, comme si un violent mal de crâne venait de l’envahir.

« Aie … Aie … Aie … Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? On peut me le dire ? »

« Bien entendu. Tu es dans le bureau de la principale. Je suis la principale et voilà Sarine, l’armure-pokémon qui est la tienne. »

« Je suis pas d’humeur à l’humour, principale. Ah … Mal au crâne. Trop mal. »

« Je ne le suis pas non plus ,Waram. Surtout pas après ce que tu as accompli. »

Accompli ? Rapidement, ses neurones commencent à se reconnecter entre eux. Ah oui ! Il s’en rappelle maintenant ! Tout ce qui s’est passé. Et Sarine est là ? Celle qui l’a abandonné lâchement ? Comme un moins que rien ?

« Ce n’est pas vraiment l’heure d’en vouloir à Sarine, tu ne crois pas ? »

« Je ne crois en rien. Pourquoi je ne suis pas dans un lit de l’infirmerie ? Je sens à peine mon corps, j’ai l’impression que tout est brisé. »

« Pourquoi est-ce que tu aurais voulu te retrouver là-bas ? »

Il n’allait pas lui répondre. S’il signalait que cela était principalement pour voir l’état de Sanphinoa, elle se moquerait de lui et …

« Oh, je vois. C’est une raison très appréciable mais elle aussi va bien. Beaucoup parlent de coma mais cela reviendrait à dire que tu l’as blessée très gravement. Elle a juste besoin de repos, de très long repos, Waram. Mais maintenant, nous allons parler de toi et de la sanction que tu vas encourir pour avoir agit de la sorte pendant le tournoi. Tu dois te douter que tu as perdu, n’est-ce pas ? Mais as-tu une idée de la façon ? »

« Pas le moins du monde. Qu’importe la méthode, seul le résultat compte … et visiblement, j’ai été plus que mauvais, vraiment très mauvais. Tss, pathétique encore une fois. »

« Je ne dirais pas cela mais tu es libre de le penser. Néanmoins, tu n’es donc pas au courant. Nous allons donc devoir tout t’expliquer depuis le début, aussi déplaisant cela est-il. »

Aussi déplaisant cela est-il ? Ah oui ? Et qu’est-ce qu’elle allait encore inventer pour lui causer des embrouilles ? De toute façon, tout était fichu. Il ne fallait pas espérer obtenir le soutien de quelqu’un maintenant, il en était convaincu. Tout avait été une nouvelle fois voué à l’échec. Encore … une fois. Encore une fois.

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