Chapitre 25 : La beauté lyrique

ShiroiRyu
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Chapitre 25 : La beauté lyrique

« Katé … rina ? Qu’est-ce … que tu fais ici ? » balbutia l’adolescent, se rapprochant d’elle pour se retrouver à quelques centimètres de son corps.

« Oh, je passais dans le coin, je me disais, pourquoi pas se balader en ville et essayer de draguer un puceau pour qu’il me paye une bonne bouffe ? »

« Euh … Est-ce que tu m’attendais ? Tu donnes l’impression que … tu savais où j’allais venir. » dit-il avec un peu d’appréhension.
« Ouais bien sûr que je t’attendais. Je peux même deviner à l’avance ce que tu vas faire. Et je peux aussi deviner ce que tu as fait auparavant. Et ouais, je suis trop forte ! »

C’était vrai ? Il la regarda avec étonnement, l’adolescente posant une main sur sa bouche. Elle n’arrivait pas à croire … qu’il la croyait. Elle s’exclama avec véhémence :

« Mais bordel ! T’arrête d’être con ! J’ai pas des pouvoirs paranormaux ! Je ne sais pas lire dans l’avenir, ni voir dans le passé ! C’est juste que t’es tellement pathétique et prévisible. »

« Katérina … Qu’est-ce qui s’est passé alors ? » demanda Kéran, non pas pour la mettre à l’épreuve mais plus pour comprendre lui-même ce qui venait de se dérouler avec Sélia.

« T’as dit à ta blonde que tu voulais rejoindre l’Enceinte aux esclaves alors qu’elle était toute heureuse de pouvoir aller dans une organisation avec toi. Bien entendu, t’as foutu en l’air ce joli moment qui aurait pu se terminer par ta première et surement unique partie de jambes en l’air. Tu veux que je continue ? Alors on va continuer. Elle s’est sûrement énervée et t’as voulu faire le caïd en levant la voix comme quoi tu veux rejoindre l’Enceinte car ils pourraient t’aider avec ton arme maudite. Au final, elle a sûrement pété un câble car elle semble haïr plus que tout l’Enceinte et t’as aussi insulté. Comme tu t’y attendais pas, tu es parti en courant et limite en chialant comme un gamin. C’est ça, je parie. »

« Je … Euh … Je … C’est … C’est exactement ça. »

Il était si facile à deviner. Si facile … à manipuler. Si facile … à lire. Il était si … si … Sans un mot, il se détourna de Katérina. Il commença à marcher pour s’éloigner de la ville et de l’adolescente tandis que Katérina haussait un sourcil.

« Je peux savoir ce que tu fous ? La vérité est si difficile à accepter ou quoi ? »

« Je ne sais pas ce que je fais. » dit-il sur un ton un peu perdu.

« Mais moi, je sais ce que je vais faire. » souffla-t-elle sur un ton menaçant avant de marcher en sa direction. Elle le força à se retourner, collant son genou dans le ventre de l’adolescent, Kéran se retrouvant accroupi, ses mains posées sur son ventre. Pourtant, il ne se releva pas, le visage toujours si près du sol.

« Ca ne changera rien … qu’importe le nombre de coups donnés. »

« Ca veut dire que je peux continuer ? C’est sympa de me prévenir. »

Elle n’hésita pas à lui donner plusieurs coups de talon dans les hanches et dans le dos, Kéran se recroquevillant sur lui-même comme pour se mettre en boule. Il se savait pathétique, il se sentait pathétique, il était pathétique. Il ne réussissait rien de bien depuis le début.

« MAIS PUTAIN DE MERDE ! TU VAS LE BOUGER TON GROS CUL ?! »

Il ouvrit ses yeux au bon moment avant de sentir le pied de Katérina dans son ventre, le projetant sur le côté pour le faire rouler sur deux à trois mètres. Il sentait qu’elle y avait mis une partie de sa force et il poussa finalement un gémissement. Pourtant, il ne se releva pas, restant couché sur le dos en regardant le ciel bleu.

« T’es vraiment un cas irrécupérable, Kéran ! » s’écria Katérina avant qu’il n’aperçoive la culotte blanche de l’adolescente ainsi que sa tenue bleue. Sans aucune gêne, elle s’installa sur le ventre de Kéran, reprenant la parole : « Tu vas te mettre à pleurer, c’est ça ? Comme un gros bébé ? Et tu voudrais que la gentille petite Katérina te chante une berceuse pour calmer les vilains sanglots qui vont t’envahir ? »

« Snif … Arrête, Katérina. Ce n’est pas drôle … Pousses-toi de moi. »

« T’as dit s’il te plaît ? Je crois pas alors je ne compte pas me barrer ! »

« S’il te plaît … Katérina. Laisse-moi tranquille. J’ai pas besoin qu’on se moque de moi. » chuchota-t-il, passant une main devant ses yeux. A cette allure, il allait vraiment commencer à pleurer devant tout ce qui lui arrivait.

« Douce chaleur qui réchauffe nos cœurs et corps … »
He … Hein ? Il retira sa main, surpris par la voix mélodieuse qu’il entendait. Katérina avait fermé les yeux, le visage tourné vers le ciel alors qu’elle reprenait doucement :

« Reverrais-je ta tendre lueur encore ? »

Mais elle chantait réellement ? C’était elle qui chantait ? Katérina qui avait une aussi jolie voix. Il voulut prendre la parole mais préféra se taire. Il préférait … l’écouter.

« Tu es voilée par les sinistres ténèbres.

Camouflée par les créatures funèbres.

Un adolescent est perdu sur son chemin.
Il ne sait nul ce que sera son lendemain.

Et pourtant, il a tellement à apprendre.

Mais si seulement, il cherchait à comprendre. »

Elle … Elle parlait de lui ? C’était de lui dont elle parlait ? Enfin, elle chantait … Elle chantait si bien. Il avait déjà entendu de nombreuses chansons paillardes, grivoises des alcooliques du village. Ou alors, les petites chansons des mères pour calmer leurs enfants mais ça … Ca, c’était autre chose. C’était d’un autre niveau, d’un autre monde. C’était juste sublime bien qu’il était étonné qu’elle chante. Car il devait avouer qu’il ne s’y était pas attendu, pas venant de cette adolescente habituellement trop vulgaire.

« Ô belle lumière, entoure tout mon être.

Ô rayon ardent, moi qui veut disparaître.

Délicat éclat, purifie toute ma chair.

Les apparences sont quelques fois trompeuses.

Simulacres d’une vie semblant merveilleuse.

Mon Kéran, ne juge pas ceux qui te sont chers. »

Elle s’était finalement arrêté de chanter, l’adolescent restant immobile, subjugué par ce qu’il venait d’entendre. C’était beau … Très beau même … Il fallait dire que la poésie et la chanson, ce n’était pas un domaine qu’il connaissait particulièrement. Katérina rouvrit ses yeux faiblement, le regard tourné vers l’horizon lointain.

« Pardon … Ce n’est pas forcément très … joli à entendre. Cela m’est venu sur le moment. » murmura-t-elle doucement, gardant le même ton employé lors de sa chanson.

« Non ! Non ! Katérina, c’était magnifique ! C’était … C’était … Waouh … » répondit-il alors qu’il redressait le haut de son corps, Katérina assise entre ses jambes. « Je ne savais pas que tu étais capable de chanter ! Et puis … Et puis, tu as une belle voix. Même si je n’ai pas tout compris, j’ai compris que … tu parlais de moi. Enfin pas totalement … Mais tu parlais aussi de la lumière du soleil … et aussi … Je crois de toi. C’est vrai ce que tu as dit ? »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? »

« Tu veux … vraiment disparaître ? » chuchota Kéran, une faible rougeur arrivant sur les joues de Katérina. Celle-ci le repoussa pour le forcer à rester couché au sol avant qu’elle ne se relève. Elle dit sur un ton irrité :

« Je ne crois pas te connaître, non ? Alors, évite de me poser ce genre de questions. Il en est de même pour la dernière phrase que j’ai chantée. Ca ne voulait rien dire, il fallait juste que cela sonne bien à l’écoute, c’est compris ? »

« Co … Compris, Katérina. Est-ce que je peux me remettre debout ? »

« Tu le peux, Kéran. » répondit-elle en se grattant la nuque puis le bras.

L’adolescent se releva, s’époussetant. Bien qu’il avait presque eut envie de pleurer et de disparaître, il avait complètement oublié tout ça. Maintenant qu’il avait pu entendre la chanson de Katérina, il se sentait bien mieux.

« Euh … Je pense que je vais peut-être devoir retrouver Sélia, ça serait la meilleure des choses à faire, Katérina. Il faut que je lui parle calmement. »

« C’est peut-être ça qu’il faut faire, j’en ai rien à batte personnellement. »

« Dire que ça n’a duré que quelques instants … Retour aux paroles grossières, n’est-ce pas ? »

« Vas te faire foutre, connard. Je parle comme je veux, c’est compris. » répondit-elle sèchement avant de croiser les bras au niveau de sa poitrine.

« Hahahaha ! Je me sens vraiment bien mieux ! » s’écria-t-il, prenant une profonde respiration avant de se rapprocher d’elle.

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu n’es même pas capa … »

Il l’embrassa sur la joue très rapidement, faisant aussitôt un saut en arrière alors qu’elle donnait un coup de lame dans le vide. Elle avait réagi brusquement et lui aussi. Bien qu’il semble violemment embarrassé, il murmura :

« Je voulais te remercier pour ce que tu as fait pour moi. »

« Et tu me prends pour une pute à m’embrasser comme ça ? Enfin, t’as même pas eu les couilles pour le faire sur les lèvres et avec la langue ! »

« Euh … C’est la première fois que j’embrasse une autre fille que Sélia sur la joue hein ? D’habitude … Je ne fais pas ça … Mais bon, tu as été très gentille de ton côté et … »

« Vais te le dire en plusieurs syllabes : TA … GU-EULE ! »

« D’accord ! D’accord ! Je ne te dérange pas plus que ça ! » dit-il en levant les mains en l’air. « Sinon … Katérina, merci encore pour tout. Mais je vais rentrer en ville. Quand je serai dans l’Enceinte aux esclaves, je ne sais pas si on va se revoir mais dans le fond, tu m’as quand même bien plus aidé qu’autre chose. »

« Continue sur cette voie et je peux te promettre que je vais te rayer de la surface de ce monde, c’est bien clair, Kéran ? » répondit Katérina, prête à s’emporter et à s’énerver.

« Je vais arrêter là. Je m’en vais maintenant. Au revoir, Katérina. »

« Ouais, ouais, salut, casses-toi et bon débarras. » dit-elle sans même faire un geste pour le saluer alors que l’adolescent repartait en direction de la ville. Lorsqu’il fut assez éloigné, elle poussa un profond soupir en hochant la tête négativement.

Quant à elle, elle n’avait pas à se rendre dans ce genre d’endroits, loin de là même. Ce n’était plus pour elle. Elle commença à courir, puis à accélérer de plus en plus vite jusqu’à passer au beau milieu des arbres, s’agrippant à une branche. Elle sauta d’arbre en arbre, venant s’adosser à l’un d’entre eux avant de planter ses lames au-dessus d’elle.

« Je ne pensais pas recommencer à chanter un jour … »

Oui … Ce n’était pas quelque chose à laquelle elle s’était attendue tout ça était venu naturellement, sans même qu’elle le souhaite ou non. Tout ça à cause de cet adolescent beaucoup trop stupide. Il lui faudrait une bonne mort proche … du genre celle de Sélia pour qu’il commence à changer de comportement !

« Oh et toute façon, qu’est-ce que je m’en branle hein ? »

Il faisait sa vie, elle faisait la sienne. C’était aussi simple que ça ! Mais elle avait bien envie de le dévorer un jour. Elle se lécha les lèvres, passant une main sur sa joue. Oui … Miam.

L’adolescent était revenu en courant vers l’auberge, remontant les escaliers avant de pénétrer dans la chambre pour voir qu’elle était vide. Où est-ce que … Où est-ce que Sélia était partie ? Il redescendit pour questionner l’aubergiste, celui-ci lui désignant une table éloignée des autres. Sélia était assise … avec plusieurs verres vides devant elle ?

Il s’approcha de la jeune femme, celle-ci ayant les joues rougies par l’émotion. Lorsqu’elle le remarqua, elle se releva aussitôt, s’écroulant à moitié sur lui. Elle n’était quand même pas … Ah ben … si … D’après son haleine, c’était le cas. Il l’aida à aller dans la chambre, signalant que pour les boissons, ils payeraient plus tard si ce n’était pas déjà fait.

« Zincè… Zincèrement … Kéran. Pouquoi tu es pati ? »

« Je ne suis pas parti. Je comptais revenir. » mentit-il alors qu’il emmenait la jeune femme dans la chambre, refermant la porte à clé. Il voulut la déposer sur le lit mais elle resta agrippée à lui, marmonnant dans ses bras :

« Mais … Mais … Z’étais en colère … Et puis … Je ne veux pas qu’on … se sépare … hic ! »

« Mais on ne va pas se séparer hein ? Enfin, on ne sera pas dans les mêmes organisations mais ça ne veut pas dire qu’on ne pourra plus se voir. Enfin … Sauf si tu ne veux plus me voir. »

« QUOI ?! Ne plus te voir ! JAMAIIIIIIIIIS ! » s’écria Sélia, collant tout son corps contre l’adolescent, celui-ci penchant en arrière. Elle était quand même bien plus grande que lui et donc plus imposante et … AHHHHH ! Il s’écroula sur le lit, Sélia au-dessus de lui. Elle le regarda avec des yeux larmoyants, reprenant : « Je … Je t’adore, Kéran. Je ne veux pas que tu deviennes … comme eux. »

« Je resterai ce que je suis … Sélia. Enfin … Je tenterai … Sélia ? Tu es un peu lourde. »

« Tu ne sais même pas … paler … à une femme ! On ne dit pas ça … à une femme ! Je suis une femme … aussi ! Moi ! M’oublie pas car ze t’oublierai pas, Kéran. »

« Je ne risque pas de t’oublier, Sélia ! Il en est hors de question ! Tu iras dans la Sainte Alliance et moi dans l’Enceinte aux esclaves, c’est tout. Mais on restera toujours en contact, on s’écrira s’il faut … Tu n’as pas à t’en faire. »

« C’est … promis ? » chuchota la jeune femme.

« Promis juré … Maintenant, est-ce que tu peux te pousser s’il te plaît ? »

« Tant mieux … alors … » marmonna Sélia avant de fermer ses yeux.

« Sélia ? Sélia ? Euh … Sélia ? Est-ce que tu peux … »

Visiblement, ça ne servait déjà à plus rien. La jeune femme s’était rapidement endormie sur lui. Il rougit légèrement par cette scène, passant une main dans ses cheveux bleus.

« C’est la première fois que je te vois dans cet état. Je ne suis … pas vraiment doué avec les filles. » dit-il avant de se reposer lui aussi. De toute façon, il ne pouvait pas bouger.

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