Chapitre 21 : Coopération ou non

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 21 : Coopération ou non

« Chef ! Chef ! On a réussi à en choper cinq qui tentaient de fuir ! »

« C’est bien les gars. Ligotez les, bâillonnez-les et préparez-les pour le transport. Ca leur apprendra à vouloir nous rendre visite sans y avoir été invités ! »

La situation pouvait être pire, bien pire mais voilà que des hommes et quelques rares femmes aux longues oreilles pointues et aux tailles impressionnantes étaient en train de frapper sur le crâne de divers êtres cornus pour les assommer.

Quelques minutes plus tard, chaque démon était solidement attaché, un bandeau sur les yeux et un bâillon dans la bouche alors qu’ils se retrouvaient tous les cinq entassés comme des bottes de foin sur une charrette. Autour d’eux, un groupe d’une quinzaine d’honoriens marchait tranquillement, lourdement armés malgré le nombre bien moins imposant d’adversaires en face d’eux. Une simple mesure de précaution pour ne pas avoir de plus gros problèmes qu’ils n’en avaient déjà.

« Héhéhé, ils sont pas si impressionnants que ça ces démons en fin de compte. »

« Fais pas trop le fier, tu ne sais pas à quoi t’attendre avec eux. Là, on a évité à tout prix qu’ils puissent attaquer et réagir mais si cela avait le cas, ça aurait put très mal tourner. »

Impossible de prétendre le contraire dans une telle situation. C’est vrai qu’il faisait le fanfaron mais c’était aussi la première fois qu’il avait la possibilité de partir avec les autres pour la chasse aux démons, chasse devenue récurrente depuis quelques mois. Marchant aux côtés des autres honoriens, le jeune homme aux cheveux blonds lui allant jusqu’au cou reprit la parole, demandant d’une voix lente :

« Mais sinon … Ces démons, ils sont vraiment impressionnants quand ils se battent ? »

« Tu ne veux pas les avoir en face de toi s’ils décident d’utiliser leurs lignes d’Alzar. Ils peuvent utiliser les autres éléments, si tu as bien compris ce que je viens de dire. » répondit un autre honorien, visiblement bien plus âgé en raison de sa chevelure grise et des nombreuses cicatrices parcourant ses bras et son torse.

« D’accord mais vous êtes expérimentés maintenant. Vous devriez pouvoir les combattre plus aisément alors qu’ils ne savent pas comment réagir, non ? »

« Foutaises ! Mon petit gars, si tu veux survivre plus longtemps dans ce monde, t’as pas trop le choix : tu évites de considérer chaque bataille comme perdue ou gagnée d’enfance. Tu attends qu’elle soit terminée Si tu es mort, c’est que ce n’était pas ton jour et que tu ne verras pas le prochain se lever, compris ? Si c’est le cas, maintenant, tu vas gentiment avancer comme les autres et te concentrer. On ne sait jamais sur qui ou quoi on risquerait de tomber jusqu’à ce que l’on soit arrivés au campement. »

« Pas … Pas de problème ! Le message est bien passé ! Je vous le promets ! »

Le jeune homme était encore un peu tremblant devant le ton autoritaire de son aîné de bien trois décennies au minimum. Pourtant, il était en position, bien concentré sur ce devait faire.

Le chemin jusqu’au camp se déroula sans encombre. Aucune bête sauvage n’osait les attaquer, il fallait dire que s’en prendre à des soldats honoriens était de la pure folie. Ces êtres étaient entraînés pour la guerre depuis leur plus tendre enfance pour la majeure partie des citoyens. A partir de là, il n’était pas rare qu’un adolescent honorien puisse battre un soldat adulte provenant d’un autre royaume.

« Encore des démons ? On commence à en avoir une sacrée collection. »

« Tant qu’ils évitent de se bouffer entre eux, ça me convient. Sinon, faudra éliminer tout le groupe. On voudrait éviter que le scénario d’avant se reproduise. »

« Ouais, ouais, je m’en rappelles, c’est encore frais dans ma tête aussi, ne t’en fait pas. Bon, puisqu’il en est ainsi, suivez-moi, vous allez avoir de nouvelles cages. Les autres sont remplies. Y a quelqu’un qui se charge d’écrire une lettre à la reine de Shunter ? »

« Je m’en occupe ! Ca sera fait dans l’heure ! Mais tu veux que je lui racontes quoi exactement ? J’en ait aucune idée, là, moi ! »

« Tout ce qui s’est passé ces derniers jours. L’annonce de nouvelles captures de démons, le fait qu’elle pourrait nous rendre une visite et tout le reste. »

« D’accord, d’accord, tout de suite, si tu t’expliques mieux, ça passe. »

Et voilà que chacun retournait à ses occupations dans le campement. Il n’était pas bien grand, comportant ce qui semblait être une centaine voire deux cents soldats d’Honoros. Des tentes quelques bâtiments branlants faits en pierre, on voyait parfaitement que tout cela n’avait pas pour but de perdurer. Entassés dans différentes cages éloignées les unes des autres malgré qu’elles se trouvaient toutes dans la même zone, les démons grognaient, gémissaient, se plaignaient sans que pour autant, cela ne semble concerner les honoriens.

« Bouclez-là ! Vous avez voulu nous tuer, vous avez de la chance qu’on ait décidé de vous laisser en vie, bande de monstres ! »

« Dès que nous pourrons fuir, on vous exterminera ! VOUS ENTENDEZ ?! ON VOUS ELIMINERA ! ON VOUS FERA REGRETTER ! »

« Bien bien entendu, j’entends ça depuis des jours maintenant. Vous êtes juste une bande de charognards qui envisage de se bouffer entre eux pour devenir plus puissants. Vous êtes moins que des hommes et des femmes. Continuez de vous dévorer et restez sous la surface, on ne veut pas d’êtres comme vous. »

« C’est pour ça que vous attendez que l’on sorte pour venir nous attraper ? Vous n’êtes même pas capables d’assumer vos propres actes. Les êtres de la surface sont vraiment pathétiques. En combat singulier, vous ne pourriez rien faire face à nous. »

« Y a des chances, oui. Sauf qu’ici, c’est la réalité et que si vous espérez de la bonne conduite et de l’honneur pendant un combat, vous vous trompez lourdement. On est là pour survivre, pas pour se faire des gentillesses pendant que l’on s’affronte. Vous allez bientôt me faire croire que vous êtes comme les chevaliers de Shunter, toujours droits et fiers ! Hahaha ! »

Et voilà comment la majorité des conversations se déroulaient entre les démons et les honoriens. Ces derniers retournèrent à leurs occupations, nourrissant uniquement les démons lorsque cela était nécessaire, ne se préoccupant pas plus d’eux, sauf pendant quelques interrogations. Le plus dangereux et ce qu’il fallait surtout surveiller, c’était les alentours. L’ennemi, ce n’était pas que les démons et ils le savaient tous très bien.

Les éclaireurs discutaient entre eux, juchés sur des tours faites de pierre et de bois, observant les environs. Si des nuages de poussière et de fumée étaient aperçus, autant signaler qu’ils étaient prêts à réagir en conséquence. Ainsi, il ne fallait pas espérer les surprendre. Bon … Le souci viendrait plutôt du nombre d’ennemis en face. Si cela devait se produire, autant signaler que ça ne sera guère très reluisant.

« Ah … Encore une journée tranquille. Sont marrants ceux qui partent en expédition. Nous, on est obligés de rester cloîtrés ici à ne rien faire. »

« Ouais ouais … Mais tu sais jamais sur quoi on risquerait de tomber. On ferait mieux de rester sur nos gardes. Si ces griffes sanglantes décident encore de lancer un assaut mais avec bien plus d’hommes, on risque d’avoir de sérieux problèmes. »

« Oui … Je sais, je sais … Mais bon … Nous aussi, on devrait avoir des renforts. Il paraîtrait qu’une livraison de matériaux va arriver d’ici quelques heures. On va devoir agrandir le campement. A cette allure, on va finir par fonder une ville. »

« Hey ! Faudrait pour ça qu’on ait plus de filles quand même. Ca manque par ici. Et disons que celles présentes, c’est pas le summum de la féminité. »

« Fais gaffe plutôt à ce que tu dis, je te rappelles que certaines ont une ouïe très fine. En fait, je te déconseilles de regarder en bas, y en a deux qui t’attendent … et armées. »

« HEIN ?! » s’exclama l’éclaireur à son compagnon, penchant aussitôt la tête dans le vide pour voir au pied de la tour. « Mais y a personne. »

« Si, si, jettes mieux un œil, je te dis. Tu devrais voir un imbécile au sommet de la tour. »

« Un imbécile au sommet de la tour ? Mais, dans cette position, je vois que le s… ESPECE D’ENFOIRE ! Tu te fous de ma gueule ! »

« J’ai même pas besoin d’en rajouter, hahahaha ! » s’exclama le second éclaireur tout en éclatant de rire devant la mine colérique de son compagnon d’infortune. « Non mais plus sérieusement, fais gaffe à tes propos. Tu sais bien que nos femmes sont hargneuses même si paraîtrait que la reine de Shunter est aussi un sacré bout de femme ! »

« Hey, c’est elle l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter non ? J’ai entendu pas mal d’anecdotes à son sujet même si depuis quelques années, ce n’était plus le cas. Enfin bon, on va pas se préoccuper de ce qui ne nous regarde pas. »

« Comme tu dis, comme tu dis. Ils ont déjà leur lot de problèmes à Shunter, nous, on a les nôtres avec ces enfoirés du clan des griffes sanglantes, je vous jures. Une fois mais pas deux. On sait à quoi s’attendre de leur part dorénavant. Ils ne nous auront pas par surprise. »

Les deux éclaireurs étaient en position pour cette raison. Non pas pour éviter que les démons ne viennent les agresser mais bien à cause de ce clan composé de traîtres : Les griffes sanglantes. Ce premier clan qui avait annoncé ouvertement qu’ils travaillaient avec les démons pour pouvoir récupérer plus de terre.
La seule « qualité » qu’il était possible de reconnaître chez eux, c’est qu’ils ne tergiversaient pas dans leurs propos et actes. Dès l’instant où ils avaient dit cela, de nombreuses menaces sur le clan avaient commencé. Mais c’était déjà trop tard. Avec l’aide des démons, ils étaient presque intouchables. Difficile de lutter quand l’ennemi est issu de ses propres terres.
C’était pourquoi le campement était sur le qui-vive. Une attaque des démons ou du clan des griffes sanglantes risquerait de causer de lourdes pertes et des dégâts importants. Et c’était pourquoi des éclaireurs se trouvaient dans chaque tour, permettant alors de prévenir s’il y avait du mouvement. Tout était réglé au millimètre près pour empêcher le pire d’arriver.

« ALERTE ! ALERTE ! ON NOUS ATTAQUE ! QUE TOUT LE MONDE SOIT SUR LE PIED DE GUERRE ! CE N’EST PAS UNE BLAGUE ! »

Dommage que ça ne l’était pas, les honoriens se mettant déjà en position. Au loin, un nuage de fumée s’élevait mais pas seulement. Quelques créatures de cauchemar volaient dans le ciel, certain hommes et femmes aux oreilles pointues les utilisant comme montures. Alors que l’on aurait pensé à quelques animaux capables de voler, la réalité était toute autre lorsqu’ils se rapprochèrent à vive allure d’eux.

« Les … Les démons. Ils utilisent les démons comme montures ! »

C’était nouveau et ce n’était surtout pas rassurant ! Déjà, quelques archers prirent position, bandant leurs arcs, d’autres préparant les balistes. Aux grands maux les grands remèdes ! Honoros était une nation guerrière et chaque clan allait de son inventivité pour réussir à asseoir leur domination dans le domaine militaire.
Que cela soit par les armes lourdes, les armes blanches ou alors les armes à distance, chaque clan avait sa petite spécialité et dans le cas de leur propre clan, c’était les armes à distance … et les armes lourdes à distance. Ainsi, il n’y avait aucune hésitation dans le geste alors que plusieurs duos d’hommes et de femmes prenaient de lourdes arbalètes, ciblant les créatures dans le ciel, des flèches de la taille d’un bras humain quittant l’arme pour toucher leurs cibles en plein vol. Et un de moins !

« Continuez comme ça ! Eliminez-en un maximum à distance ! S’ils sont trop nombreux à se rapprocher, on est foutus ! VOUS COMPRENEZ ?! »

Parfaitement qu’ils comprenaient ! Le souci, c’est que ce n’était pas en criant que tout allait s’arranger hein ? Tous et toutes ciblaient du mieux qu’ils le pouvaient les traîtres à l’humanité vivant à la surface, ces traîtres qui n’avaient aucune décence, n’envisageant que leur propre survie, un peu comme ces mékalarmiens !

« PRESQUE ! VOUS POUVEZ LE FAIRE ! CROYEZ EN VOUS ! »

« AAAAAAAAAH ! C’EST QUOI CES BÊTES ?! J’EN AIT JAMAIS VU ! »

Des créatures cornues, se déplaçant à quatre bêtes mais surtout de taille colossale. Elles devaient bien faire dans les cinq à six mètres de largeur pour une hauteur avoisinant les quatre mètres. Et sur elles ? Plusieurs être aux oreilles pointues. Encore des honoriens ? Ce qui voulait dire que ces créatures …

« Ce sont des démons ?! Ils ont réussi à contrôler des démons carnivores ?! »

C’était ainsi qu’ils appelaient les démons qui avaient déjà commencé à se dévorer entre eux. Ce processus était horrible mais visiblement, cela ne les dérangeait guère. D’après ce qu’il était possible de saisir en vue des diverses notes qu’ils avaient pris, plus les démons se dévoraient, plus ils devenaient puissants … mais incontrôlables aussi.

« C’est tout simplement n’importe quoi ! POURQUOI ILS SONT AUSSI NOMBREUX ?! »

« J’en sais rien, moi ! Vas tenter de prévenir les autres avant qu’il ne soit trop tard ! Je n’ai pas envie de mourir à cause de tout ça ! »

Trop tard, c’était trop tard. Ils comprenaient que le clan des griffes sanglantes avait décidé de sortir une grosse partie de leurs effectifs, tout ça pour pouvoir obtenir quelques petits démons en plus ? C’était ridicule, complètement ridicule.

« Qu’est-ce que l’on va faire ? Je … Je n’ai pas envie de mourir ! »

« Moi non plus, qu’est-ce que tu crois ? Mais … Je ne vais pas reculer. Je ne veux pas apporter le déshonneur à ma famille. Je … Je vais continuer. »

C’était un combat jusqu’à la mort et même s’il y avait plusieurs échappatoires, ils se l’interdisaient. C’était ainsi, c’était dans leur sang. Leur sang leur disait de se battre jusqu’à ce que ça soit eux ou leurs adversaires qui mordent la poussière. Qu’importe les moyens qu’ils utilisaient en face pour obtenir la victoire, ils combattront jusqu’au bout !

Deux heures plus tard, il ne restait plus rien du campement ou presque. Tout avait été ravagé et oblitéré, seules les cages contenant les démons étant encore en bon état bien que les cadavres étaient nombreux tout autour de celles-ci.

« Emmenez les autres démons au loin. Il vaut mieux éviter qu’ils ne se rapprochent d’eux, ils risqueraient de vouloir les boulotter. On va éviter ça. Bon, quant à vous, sortez de là et pas de mauvais gestes, vous avez sûrement remarqué qu’on est tous du même côté. »

Un coup, deux coups, et voilà que les verrous éclataient pour laisser les cages s’ouvrir, les unes après les autres. Les démons se regardèrent pendant quelques secondes, finissant par sortir avant que l’un d’entre eux ne dise d’une voix lente :

« Vous … êtes … le clan … dont parlait les autres … démons, n’est-ce pas ? Vous voulez travailler avec nous, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Et n’oubliez pas qui vous a sauvé, cela sera parfait. Nous partageons nos connaissances avec vous et inversement. C’est donnant-donnant. Je pense que vous voyez où je veux en venir, non ? Bon, suivez-nous, on va vous remettre d’aplomb. »

« … … … Je ne comprends pas pourquoi les autres démons coopèrent avec vous. »

« Ce n’est pas un climat de confiance mais simplement d’intérêt commun, héhéhé. Si tu ne saisis pas cela, tu risques de finir dans l’estomac d’un autre démon. »

« On va éviter, je suis déjà heureux d’être en vie mais … qu’est-ce que vous comptez faire de nous ? Vous avez sûrement une idée, n’est-ce pas ? »

« Oh même plus qu’une idée, beaucoup plus. Mais pour ça, il va falloir que tu te décides. Est-ce que tu veux nous accompagner ou non ? »

« Ce n’est pas comme si vous me laissiez le choix de toute façon, n’est-ce pas ? »

« Oh … Si, tu as le choix ! Tu as même plus que le choix. Bon, sauf que l’un d’entre eux t’emmènera à une mort lente et douloureuse mais je te laisses y accéder. Je ne suis pas ainsi, héhéhéhé. Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Tu nous accompagnes ? »

Pour toute réponse, le démon finit par faire un mouvement positif de la tête, son visage baissé et tourné vers le sol. Maintenant qu’ils étaient sauvés, il fallait voir si ce n’était pas pour mieux mourir d’ici quelques jours. Mais bon … Il ne restait vraiment plus rien de ceux qui avaient réussi à les capturer. C’était étrange … mais pas déplaisant.

« Comment avez-vous réussi à dompter les démons ? Certains, lorsqu’ils ont mangé plus que nécessaire, sont de vraies bêtes sauvages. »

« Ah ça, c’est notre petit secret. Disons que vous vous montrez très dociles si on vous nourrit correctement, comme des animaux. »

« Vous êtes en train de nous rabaisser à des simples bêtes ?! »

« Hum ? Non … Je ne le fais pas, c’est vous-même, d’après tes précédentes paroles, qui vous définissez comme tels. On ne fait qu’utiliser vos propos, hein ? Attention à ne pas tout mélanger, héhéhé … Cela sera vraiment dommage, oui, vraiment dommage. »

Tsss. Bien entendu. Ces types n’étaient pas là pour être considérés comme des sauveurs. Tant qu’ils avaient un intérêt à les garder, ils n’allaient pas s’en priver. Mais il était hors de question que tout cela continue ainsi ! Il allait devoir lui aussi faire preuve d’ingéniosité et il valait mieux dire cela tout de suite avant de perdre trop de temps :

« Vous savez néanmoins que traiter la royauté des démons comme de simples animaux pourraient vous attirer de graves ennuis ? »

« Hmmm ? La royauté des démons ? Tu veux dire par là que vous êtes comme Shunter et Traslord ? Vous avez un roi et tout le reste ? »

« Bien sûr ! Comment pensez-vous que le monde souterrain arrive à survivre ? »

« Et donc, pourquoi est-ce tu me parles de la royauté maintenant ? Est-ce que tu veux insinuer par là que tu en ferais partie, héhéhé ? » continue de dire l’honorien, comme amusé.

« Pas directement, je n’ai pas la prétention d’être lié à la famille directement. Je suis simplement l’un de leurs cousins, donc les liens du sang, bien que moins forts, sont néanmoins présents dans mon corps. »

« Oooooh … Intéressant, intéressant. Donc, si tu devenais une bête, tu serais certainement plus que puissant, n’est-ce pas ? Bien bien bien. Suis-moi donc. »

Une … bête ? Est-ce que son stratagème venait de se retourner contre lui ? L’homme croyait pourtant à ses paroles. Est-ce qu’il venait de commettre une effroyable erreur ? Ce n’était pas une bonne chose, pas du tout. Il allait devoir agir avec une extrême précaution dorénavant. Etant resté en place, le démon ne remarqua pas que l’honorien se retournait vers lui.

« Je peux savoir ce que tu fous ? Je viens de te dire d’avancer. On va rejoindre les autres avec tes compagnons de route, monsieur le « cousin royal. ». »

D’accord, cela voulait tout dire. Ce type ne le croyait pas le moins du monde. Mais il n’envisageait pas de le tuer. Qu’est-ce que ces êtres aux oreilles pointues issus de la surface avaient en tête ? Il n’en avait aucune idée mais il valait peut-être mieux ne pas savoir.

« Bon … Avec vous cinq, on a finit par atteindre la centaine de démons. Vous allez presque pouvoir vous débrouiller pour former une petite colonie ! C’est-il pas merveilleux ? »

Une centaine ? UNE CENTAINE ?! Ils agissaient de la sorte depuis combien de semaines voire de mois ?! Depuis quand est-ce qu’il y avait autant de démons disparus à la surface ?! C’était donc pour ça qu’ils ne revenaient pas ?!

« Une colonie ? Pour faire quoi ? A quoi est-ce que ça vous servira ? »

« A vous acclimater parmi chez nous. On va dire qu’on a pas forcément la terre la plus agréable par rapport aux autres royaumes. Et vous que vous êtes plus du genre souterrain qu’à apprécier la forte chaleur du soleil, il vaut mieux pour vous que vous vous réunissiez et soyez plus aptes à vous permettre de survivre, rien de plus. »

A quoi est-ce que cela leur servait ? Il était certain de ne pas être le seul démon à réfléchir de la sorte par rapport à ces étranges actes de la part de ces hommes et femmes aux oreilles pointues. Il valait mieux questionner les autres démons lorsqu’il allait se retrouver parmi eux. A écouter cet homme, ils étaient déjà une centaine. Vu que les groupes formés partaient tous les trois ou quatre jours avec environ dix membres, si on considérait que la moitié survivait, cela voulait dire que depuis déjà deux bons mois ou presque, ils récupéraient les démons.

Ainsi, les plus « anciens » parmi les survivants allaient pouvoir répondre à ses nombreuses interrogations. De trop nombreuses question qui le taraudaient depuis sa libération. Finalement, dans une charrette, il était assis auprès des quatre autre démons, tous aussi surpris et étonnés que lui par la tournure des évènements.

« Bon … Visiblement, de toute façon, qui vivra verra. »

Pour l’heure, il allait pouvoir enfin se reposer sans envisager qu’il puisse mourir dans les minutes qui suivent. Il allait juste patienter, il n’était plus à ça près maintenant.

2 réflexions sur « Chapitre 21 : Coopération ou non »

Laisser un commentaire