Chapitre 28 : Un futur pour cet enfant

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Un futur pour cet enfant

« Nous nous reverrons demain, Manelena. La chambre d’invité est à ton goût ? »

« Je ne crois pas que tu te préoccupes réellement de savoir si tout va bien se passer pour moi, n’est-ce pas ? Alors bon … Ne t’en fait pas, je peux me contenter de ça »

« Si cela ne te convient pas, tu me le diras au lendemain, d’accord ? »

« Ouais, ouais, on va faire ça comme ça, on va dire. Allez, bonne soirée voire bonne nuit. »

La femme fit un mouvement de la main pour saluer Royan, celui-ci lui rendant la pareille tandis qu’elle fermait la porte derrière elle. Bon, c’était mieux que le lit d’une auberge mais vu que le château de Royan était dans la zone très froide de Traslord, autant dire que ce n’était pas vraiment le meilleur endroit.

« Après, je ne vais pas m’en plaindre non plus. C’est mieux que rien … mais j’ai connu mieux, beaucoup mieux. Franchement mieux … »


Mais elle n’allait pas s’en plaindre. Elle se coucha aussitôt sur le lit, sans même retirer ses vêtements ou autres. Elle n’avait rien d’une reine de Shunter à ce moment précis mais ce que les gens pensaient d’elle, cela lui passait par-dessus la tête. Le lendemain matin, elle se réveilla bien plus tôt que prévu, le froid, malgré les fenêtres fermées, étant présent. Ah … Et ce n’était pas la couette et les épaisses couvertures qui suffisaient. Marmonnant qu’elle se demandait comment Royan avait fait pour dormir pendant toutes ces années de la sorte, elle évita de le dire à voix haute avant de quitter la chambre. La discussion allait reprendre bien assez tôt au sujet des armées et des manœuvres à appliquer.

« Et je pensais être matinale … j’ai l’impression que je ne suis pas la seule. Bonjour Royan, comment cela se fait que tu sois déjà debout ? »

« Rien d’étonnant dans le fond. Depuis notre séparation, je me réveilles assez tôt. Disons que c’est devenue une habitude, peut-être pas réellement une bonne mais … »

« Qu’importe. Je n’ai pas besoin de savoir tes raisons qui te poussent à agir de la sorte, ce n’est pas à moi de te faire la remarque et la réflexion. »

« Aujourd’hui, une nouvelle journée nous attend. Cela ne te dérange pas si on passe tout de suite à l’essentiel après le petit-déjeuner ? »

« Moins de temps nous perdrons pour les commodités, plus vite nous pourrons mettre en place une tactique pour écraser ces démons. » déclara Manelena, Royan faisant un simple hochement de la tête pour confirmer les propos de la reine de Shunter. Ils étaient sur la même longueur d’ondes et cela pour une unique raison : ils avaient perdu tous les deux un être cher.

« Alors … Accompagnes-moi bien que tu connaisses le chemin. »

Il avait une petite question qui le taraudait mais il avait le sentiment que cela ne sera jamais le moment pour la poser. Peut-être plus tard … mais cela concernait justement un être disparu … et il avait le sentiment qu’elle avait déjà été posée de nombreuses fois.


Le petit-déjeuner se passa plus rapidement que prévu bien que toujours en silence. Le jeune homme aux cheveux bleus n’avait pas cherché à discuter avec Manelena et inversement. Pour l’heure, ils n’avaient pas spécialement des choses à se dire et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. De toute façon, ce n’était pas comme si cela était important que d’avoir une conversation au petit matin.

« Manelena, je nous laisse une heure pour nous préparer correctement et nous nous donnons rendez-vous dans la salle de conférence. Est-ce que la nuit t’a porté conseil ? » finit-il enfin par demander lorsqu’ils se levèrent de table, Manelena hochant la tête positivement.

« On va dire que oui … Du moins, plutôt plus qu’il n’en fallait, ce qui est une bonne chose. Mais bon, ça ne veut rien dire … Il faut que cela soit réalisable aussi, ce qui est une donnée importante à prendre en compte. Et toi ? »

« Disons que la nuit m’a porté conseil, plus qu’il n’en faut dans ce genre de situations. Maintenant, tu viens de le dire par toi-même : Il faut espérer que tout soit potentiellement réalisable, ce qui est bien moins sûr, entre nous, si tu veux tout savoir. »

« Pourquoi je sens que l’on va passer de longues journées, toi et moi ? » poussa Manelena comme soupir, une main posée sur son front tout en le massant longuement.

« Pour avoir la paix, il faut faire la guerre. Les démons sont une engeance qui mérite que l’on prenne du temps à s’en occuper. »

« De bien belle paroles, tu les sors d’où, Royan ? Je ne te savais pas aussi poétique hein ? »

« Je ne vois aucune raisons qui devrait te pousser à te moquer de moi, Manelena. Je suis sûr et certain que tu aurais été capable de dire les mêmes. »

Pour toute réponse, elle vint hausser les épaules alors qu’ils se dirigeaient vers la salle de réunion, là où les attendaient plusieurs hommes et femmes. Oui, elle-même était venue avec quelques membres importants de son armée. Hémurion, par contre, le chef des anciens rebelles de Shunter, était toujours là-bas par mesure de précaution. Elle étudia brièvement d’un coup d’oeil ceux qui servaient Royan avant qu’ils ne se retrouvent tous debout autour d’une table. Royan était de loin le plus jeune du groupe mais cela ne changeait rien l’allure générale qui émanait de lui : celle d’un roi prêt à tout pour écraser les démons.

« Commençons dès maintenant alors ce qui nous attends. J’écoute vos propositions si vous le voulez bien. Qu’est-ce que vous avez à me dire ? »

« Tout d’abord, avant de préparer quelques assauts, il serait bon d’avoir des nouvelles par rapport à votre entretien avec l’ambassadeur de Claudiska, roi Royan. Pouvez-vous nous dire comment cela s’est terminé ? »

« Ils se sont montrés plus que réticents à s’en prendre aux démons. Il faut dire qu’avec leurs îles qui volent dans le ciel, ils n’ont généralement rien à craindre. Il n’existe que peu de foyers de démons chez eux … car ces derniers n’ont pas eut la possibilité de survivre sous la terre de ces îles, aussi grandes et importantes soient-elles. »

« D’accord mais … est-ce que cela veut dire que nous ne sommes plus alliés avec eux ? » questionna un second homme recouvert d’une belle armure bleutée.

« Je n’ai jamais évoqué cette possibilité avec eux. Que nous ayons une divergence d’opinion au sujet des démons ne doit pas briser plusieurs millénaires d’amitié pour cela. Je ne suis pas mes frères, je ne suis pas mes parents et j’ai mes propres convictions. Mais je sais aussi ce qui est bon pour mon peuple et en cela, il est hors de question d’abandonner notre alliance avec Claudiska, j’en fais le serment. »

« C’est rassurant de vous l’entendre dire, roi Royan. Ces derniers temps, l’inquiétude grandissante de vos citoyens se faisait entendre. Je suis certain que si vous évoquiez ceci en discours officiel devant ces dernier leur permettra de ne plus s’en faire. »

« Je verrais ça en temps et en heure. Retournons sur le sujet des démons, si vous le voulez bien. Est-ce que vous avez des choses à me signaler ou me déclarer, je vous pries ? »

« Vous voulez les derniers rapports ? Les deux personnes que vous recherchez, d’après les descriptions données, n’ont fait aucune apparition malgré l’envoi à nos soldats sur les différents fronts de Traslord. D’un autre côté, les démons sortent de moins en moins souvent à cause des nombreux tours de garde aux alentours de leurs centres d’apparition. »

« Soit … En voilà une bonne nouvelle mais d’autres choses à signaler ou déclarer ? Sinon, nous pouvons écouter vos différentes propositions pour annihiler ces êtres. »

« J’ai une petite question, roi Royan : est-ce que ces démons sont aussi mauvais que vous les dites ? Non pas que je vous prends pour un menteur, je n’oserais jamais mais … »

« Ces démons sont sans foi, ni loi. Ils n’hésitent pas à manipuler les plus faibles d’esprit pour profiter de la moindre occasion pour leur faire commettre ces actes horribles. C’est bien à cause de d’entre eux que le monde est aujourd’hui en proie à l’assaut de ces créatures. »

« Je suis … désolé. C’est simplement que ce sont des humanoïdes comme nous. Peut-être que nous sommes en guerre contre eux mais … vu qu’on doit les tuer à vue, je dois avouer que parfois, ce n’est pas si simple que ça. »

« Est-ce que vous feriez preuve de faiblesse ? Et cela malgré votre grade militaire ? » questionna Royan en se tournant vers la femme à l’origine du dernier échange avec le jeune roi aux cheveux bleus, celle-ci hochant la tête négativement.

« Non non ! Loin de là ! C’est simplement que certains rapports … évoquent des enfants. »

« Une astuce comme une autre pour vous apitoyer et vous faire prétendre qu’ils sont comme nous. Qu’ils soient enfants, femme ou homme, âgé, vieillissant ou autres, ce sont des êtres sans scrupules qui ne laisseront jamais passer une occasion de vous prouver qu’ils n’hésiteront pas à utiliser des enfants contre vous. »

« Mais voir leurs corps juvéniles … c’est juste … »

« Veuillez quitter cette salle dès maintenant. Vous êtes congédiés. Je ne pensais pas cela de vous mais il s’avère que l’on peut se tromper. Vous ne faites plus partie de ce conseil. »

Elle avait tenté d’ouvrir la bouche mais en voyant le regard froid de son monarque, elle ne fit qu’un seul mouvement de la tête, passant à côté des autres personnes et Manelena. Celle-ci avait simplement croisé les bras, comme si de rien n’était, ne semblant guère affectée par ce qu’elle voyait actuellement. Pourtant, ce fût elle qui brisa le silence quelques instants après :

« Si vous avez terminé tout ceci, est-ce que l’on peut passer aux choses sérieuses maintenant ? Car je ne voudrais pas perdre trop de temps en futilités. »

« Qu’est-ce que tu as exactement comme idée, Manelena ? Nous t’écoutons tous. Laisses-nous écouter ton savoir dans le domaine de la guerre. »

« Je ne sais pas si le ton employé est moqueur ou non donc je vais tout simplement l’ignorer, Royan. J’imagine que tu comprends bien pourquoi, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas du tout mon genre d’agir de la sorte mais soit … Mes généraux et lieutenants n’attendent que tes propos pour en apprendre plus sur l’art de la guerre. »

Humpf ! Elle eut une petite mimique de dépit. Il pouvait parler comme il le désirait, elle n’était pas aussi crédule qu’il le pensait. Elle voyait très bien dans son jeu, malgré toutes les belles tentatives qu’elles lui lançaient pour l’amadouer.

« Nous devons parler d’exploration. De notre côté, à Shunter, nous avons eut le problème des Gnomolds. Je ne sais pas si c’est le cas chez vous mais ils sont de plus en plus affectés par rapport aux démons et aux grottes de ces derniers. Dernièrement, nous avons même eut de nombreux rapports nous signalant que les Gnomolds s’en prennent aux démons et les agressent à vue. Il s’avère que les petites scènes qu’a sûrement vue cette femme qui est partie il y a peu de la pièce, n’est rien par rapport à ce que les Gnomolds font subir aux démons. »

« Hmm, mais de base, les Gnomolds ne sont-ils pas des créatures très faibles ? Du moins, chez nous, ils ne sont pas vraiment ennuyeux si on prend nos précautions. » vint dire l’un des généraux de Traslord, Manelena posant son regard rubis sur lui.

« Aux yeux d’une majorité, c’est exact … mais c’est là que vous vous trompez fortement. Les plus anciens Gnomolds sont les plus dangereux. Même si vous avez peut-être visité Omnosmos dans votre vie, il n’y a que peu de chances que vous ayez vu le grand archimage qui réside dans la tour des archimages, n’est-ce pas ? »

« Non, pourquoi cela ? Où voulez-vous en venir exactement, reine de Shunter ? »

« Le grand archimage est un gnomold du nom d’Ernold. Il doit bien se rapprocher de la centaine d’années et sa magie est plus terrifiante et dévastatrice que nulle autre dans notre monde. Il s’avère que les Gnomolds que vous rencontrez et combattez sont généralement issus des jeunes tribus belliqueuses. Les anciens gnomolds, les plus vieux d’entre eux, ne cherchent pas les confrontations et résident dans des tribus isolées du reste du monde. »

« Manelena, est-ce que … c’est vrai, cela ? Tu as fait des recherches sur le sujet ? » questionna Royan, visiblement aussi étonné que les autres par rapport à cette nouvelle.

« Qu’aurais-je à y gagner à mentir maintenant ? Je n’ai fait que prendre mes précautions. »

Le simple fait de voir un archimage gnomold lui avait mis la puce à l’oreille. Qu’un membre de cette race puisse atteindre ce rang, sans que cela ne pose un problème aux autres archimages, c’était étonnant. Etonnant, surprenant … et peut-être étrange.
Elle avait été le revoir après les événements d’Omnosmos et avait décidé alors de le questionner. Il avait signalé qu’il ne pouvait pas répondre à tout ce qu’elle désirait mais qu’elle pouvait être certaine d’une chose : les Gnomolds iront combattre les démons en priorité. Mais aussi, elle avait demandé comment il avait obtenu ce titre ? Cette fois-ci, il était resté plutôt mystérieux et elle avait presque cru lire de la lassitude et de la fatigue dans son regard. Les autres archimages aussi avaient été comme … dérangé par cette question.

« Vous savez que cela ne sert à rien de cacher la vérité, n’est-ce pas ? Elle finira par éclater un jour ou l’autre, Ernold. Ce jour-là, s’il s’avère qu’elle est déplaisante … »

« Alors, je serais prêt à en subir les conséquences. Je n’ai pas vécu aussi longtemps pour être effrayé par l’avenir, jeune reine de Shunter. »

Le fait qu’il l’avait appelé ainsi sur le moment l’avait faite un peu tiquer mais elle n’avait pas cherché à relever les propos du gnomold. Ce n’était pas un ennemi mais elle n’était pas certaine qu’il soit réellement un ami. Elle n’avait aucune preuve qu’il soit responsable de l’ouverture des portes démoniaques mais en même temps … Il était celui qui avait tellement incité Tery à aller combattre les créatures légendaires.

« Manelena ? Manelena ? Est-ce que tu es toujours parmi nous ? » demanda Royan plusieurs fois, la femme aux cheveux d’argent sortant de sa torpeur dans laquelle elle s’était plongée.

« Je réfléchissais aux gnomolds. Ces dernier sont à considérer comme une troisième force. On ne peut pas les considérer comme enclins à nous apporter leur aide. Pourtant, on peut aussi compter sur ces derniers pour épurer les démons. »

« D’accord, d’accord. Tu avais déjà évoqué cela dans le passé, si je ne me trompes pas. Tu as juste obtenu plus de détails mais .. qu’est-ce que cela nous apporte exactement ? »

« Si on laisse les Gnomolds se charger de la protection de la surface, nous pouvons alors mettre bien plus d’hommes et de femmes dans l’exploration de leurs nids. Chose que nous n’avons pas encore fait depuis qu’ils sont apparus. »

« Que vous n’avez pas encore fait, tu veux préciser, Manelena. De notre côté, nous avons déjà envoyé plusieurs groupes mais il s’avère que de nombreux démons et surtout d’imposantes portes, comme des postes de garde souterrains sont présents, ce qui empêche à nos soldats de continuer à avancer. Et impossible pour nos plus puissants sorciers de les détruire. »

« Je … vois que vous en quêtes au même stade que nous. Je vois … »

Elle venait de replonger dans ses pensées. Il y avait des progrès … mais ce n’était pas suffisant. Royan s’était bien caché par rapport à ça. Il ne lui avait pas expliqué qu’ils avaient été jusqu’à ces fameuses portes souterraines. Elle-même l’avait nullement signalé dans ses lettres. C’était … bien à cause de ses échecs sur ce point qu’elle avait évité d’en parler. Et du côté de Royan, il devait sûrement s’agir de la même excuse.

« Manelena, est-ce que tu espères le retrouver ? »

« Cette question n’a aucun rapport avec le sujet actuel, Royan. Sujet qui est du domaine du privé et dont j’aimerai éviter que tu en parles devant autrui. »

« Non, ma question est nécessaire : je veux savoir si je peux t’autoriser à accompagner mon armée. Tu sais exactement à quoi il ressemble et son mode de pensée. »

« … … … Je pourrais te poser la même question, non ? Tu veux la revoir, n’est-ce pas ? »

« Je ne l’ai jamais caché, Manelena. Néanmoins, en tant qu’actuel roi de Traslord, je ne peux plus me déplacer aussi librement qu’au … »

« Arrêtes de te chercher des justifications vaseuses pour ton incapacité notoire. Que je sache, le fait que tu sois un prince ne t’a pas dérangé pendant des années, non ? Alors pourquoi maintenant et pas auparavant ? » rétorqua Manelena, un général de Traslord finissant par se lever, déjà prêt à agir mais Royan fit un mouvement de la main pour le calmer.

« Peut-être que c’est exact … mais qu’est-ce que je dois faire ? Je n’ai pas combattu pendant aussi longtemps sur le terrain. Avec Tery et les autres, cela était beaucoup plus simple de pouvoir voyager. Là, il s’agit de gérer une armée voire deux si on compte la tienne. Tu as le caractère et le charisme pour, ce n’est pas mon cas. »

« Bla bla bla, des excuses, toujours des excuses. Est-ce que tu crois vraiment que je vais me contenter de ça ou quoi ? Bon, c’est décidé. Vu que l’on recherche tous les deux quelqu’un, tu viendras m’accompagner sur le terrain. Que je sache, tu as bon nombre de diplomates et autres personnes pour gérer le royaume comme lorsque tu étais absent, non ? »

« C’est exact … mais question : si tu le retrouves, qu’est-ce que tu feras ? »

« Je l’éliminerai. C’est à moi de mettre un terme à sa vie et à personne d’autre. Je ne peux pas laisser ce fardeau à quelqu’un qui ne serait pas apte à ça. »

C’était parfaitement compréhensible. Le jeune homme aux cheveux bleus fit pourtant un mouvement négatif de la tête reprenant la parole d’une voix qui se voulait neutre :

« Est-ce que c’est vraiment … le bon choix pour cet enfant ? »

Elle ne répondit pas sur le moment. La question se posait, elle était légitime. Elle avait pesé le pour et le contre avant de mettre tout ça de côté. Elle ne devait pas penser avec son coeur, cela serait trop dur pour elle. Elle devait juste … laisser faire sa main au moment venu et se déconnecter de tout le reste. Lorsque ce moment arrivera …

« Je serais la main qui tiendra la garde de cette lame qui s’enfoncera dans sa chair. »

« Tu sembles décidée mais le moment venu, il ne faudra pas trembler. » termina de dire le roi de Traslord alors que l’idée de fusionner les deux armées arrivait maintenant sur la table. Il y avait tellement de démarches à faire et à suivre, de décrets à signer et des règles à établir. Encore une fois, cela n’allait pas prendre qu’une seule journée.

Ailleurs, au beau milieu de Shunter, dans un coin isolé et à l’abri du danger, une jeune femme aux cheveux blonds fit un petit sourire à la dame à ses côtés. Celle-ci le lui rendit, surtout lorsque la jeune femme la parole :

« Bonjour madame Vanian. Comment allez-vous aujourd’hui ? »

« Bien mieux depuis le jour où tu as repris la parole. J’ai même écrit une lettre à Manelena dès l’instant où j’ai entendu ta voix. »

« Il ne fallait pas vous forcer pour moi, vous savez. Mais si vous êtes contente, je le suis. »

« Est-ce que c’est le fait d’avoir appris que Tery est encore vivant qui te rend heureuse ? »

« Oui … Il va devenir papa. Ne devrais-je pas l’être, madame Vanian ? »

« Bien sûr que si, bien sûr. Mais bon, pour ça, il va falloir que tu te remettes à marcher plus souvent, que tu parles et que tu te déplaces, d’accord ? »

« Mes jambes sont assez faibles, madame Vanian. Je devrais peut-être ne pas trop en faire, non ? Pour ne pas faire du mal au bébé. Dites … Je voulais savoir : est-ce ça fait mal ? » questionna la jeune femme aux yeux bleus, posant ces derniers sur la mère de Tery. Pour toute réponse, celle-ci plaça sa main sur la chevelure dorée d’Elen avant de dire :

« Sincèrement ? Cela est presque horrible. Tu as l’impression que tu es déchirée de l’intérieur et en même temps, tu sais que tu vas assister au plus beau moment de ton existence. Ne t’en fait pas. A ce moment précis, je serais là pour te tenir compagnie et tu pourras serrer ma main, d’accord ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Est-ce que vous pensez … que Tery sera là lui aussi ? J’aimerai … tellement qu’il soit là. » souffla la jeune femme alors que le sourire disparaissait chez la mère du jeune homme.

« On va faire de notre mieux, d’accord ? On le ramènera par la peau des fesses si c’est nécessaire. Je vous jure ! Il va très vite comprendre son erreur ! »

« Ne lui faites pas de mal, s’il vous plaît. Je sais bien qu’il ne voulait pas … Ce n’était pas lui … mais quelqu’un d’autre à ce moment. »

Hum … Comment expliquer à la jeune femme assise sur cette chaise à bascules que Tery n’était sûrement pas au courant qu’elle était enceinte ? Avec les derniers événements et autres, il n’y avait eut aucune possibilité de lui transmettre cette information. Peut-être que … si en demandant à Manelena, elle pouvait en parler avec Royan et donc indirectement les soldats ? Non, c’était de la pure folie.

« On ne peut pas demander à toute une nation de nous aider. »

« De quoi parlez-vous, madame Vanian ? Y a t-il un problème ? »

Elle signala que non, passant une main dans sa chevelure blonde. Il n’y avait aucun problème. Il n’y avait que des progrès … et un futur enfant qui allait naître bientôt.

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