Chapitre 6 : Sur les rotules

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Sur les rotules

« Bon sang … Je n’ai jamais autant apprécié l’herbe qu’aujourd’hui. »

Il était allongé, face contre la verdure alors qu’il respirait bruyamment. Une semaine. Ça ne faisait qu’une semaine mais tout son corps endolori lui hurlait d’arrêter ce supplice. Pour autant, le jeune homme aux cheveux blonds chercha à se relever mais tout son corps décida de le désobéir, le faisant s’écrouler, face contre l’herbe.

« Je ne peux plus bouger du tout, Klork. On peut arrêter là pour aujourd’hui ? »

« Cela ne fait que quatre heures sans aucune interruption, Zéran de la Vanité. Néanmoins, je sais ce qu’il vous faut et … »

« Non … Non .. ET NON ! HORS DE QUESARGGGGGGL ! »

Un hurlement strident mais pourtant, aucun garde ou serviteur ne vint s’enquérir de ce qui se passait. Au tout début, cela avait même rameuté une dizaine de personnes mais aujourd’hui, plus personne ne s’en inquiétait. La raison ? Tout simplement que les puissantes mains de Klork étaient en train de masser tout l’être qui était allongé au sol, appuyant en de nombreux endroits comme pour viser ses points vitaux.

« Voilà … Ça devrait aller mieux d’ici quelques minutes. Nous pourrons reprendre. »

« Je ne te dis pas merci. Je te le ferais payer au centuple, je te préviens. »

« Vous commencez à accumuler une certaine dette envers moi, non ? »

En plus, il se permettait de faire de l’humour. RAAAAAAAAH ! Il se foutait de sa gueule en plus ! Il allait le lui faire regretter ! Mais pas maintenant, tout son corps semblait maintenant se reposer. Et lui aussi. Ah … Une unique semaine où il s’était concentré uniquement sur cet entraînement. Il avait complètement occulté le reste. Le plus surprenant restait le fait que son père ne venait pas le voir … et que lui-même, ne ressentait pas ce besoin maladif de se présenter devant le monarque du royaume.

« Grand frère, tu manges encore de l’herbe ? Ce sont les vaches qui font ça. »

« Kosmor … Si j’arrive à relever la main, je te promets à toi aussi que tu vas le regretter. »

« Ah bon ? Mais pour ça, il faut que tu y arrives, grand frère. Monsieur Klork, vous n’êtes pas trop méchant avec lui hein ? Ne lui faites pas trop mal. »

« Je serais aussi doux qu’un agneau et … »

« Il veut plutôt dire aussi doux qu’un ours dans un costume d’agneau. Une telle force, ce n’est pas possible. » s’égosilla le jeune homme aux cheveux blonds, cherchant à se redresser, finissant à quatre pattes, visage tourné vers le sol. Il vint recevoir un jet d’eau sur le crâne, son petit frère lui disant de ne pas trop en faire quand même malgré tout. Pour toute réponse, Zéran poussa un grognement de mécontentement mais comprenait qu’il était inquiet, ce qui n’était pas illogique en soi. C’était même plus que normal.

Ah … Ah … Ah … Pfiou. Bon, cela faisait cinq minutes mais il était maintenant debout, droit et fier … et avec les jambes qui tremblaient de partout. Il tenait fermement ou du moins, essayait de tenir dans ses mains deux cimeterres de belle facture. Enfin, des « résidus » selon la qualité de Klork. Et oui, il combattait à arme réelle.

« Je suis prêt, on peut recommencer dès maintenant ! »

« Tant mieux alors … Je ne vais pas m’arrêter jusqu’à ce que vous ne puissiez plus parler maintenant, Zéran. Attention à vous, j’arrive tout de suite. »

Arriver tout de suite ? Comment ça ? Il eut la réponse lorsque l’homme à l’oeil doré était déjà à sa hauteur. VITE ! Il para le coup avec ses deux cimeterres, prenant appui sur ses pieds. AAAAAAAAAAAAH ! Mais qu’est-ce que ça faisait mal ! Tout son corps avait déjà recommencé à lui dire d’arrêter mais il ne se sentait pas le courage de l’écouter.

« Sans effort, aucun réconfort, non ? Je crois que c’est comme ça … qu’on dit. »

« Attention à ne pas trop parler, Zéran de la Vanité. Si vous parlez trop, vous allez perdre votre souffle et votre concentration. »

« De la part de quelqu’un qui me fait la leçon sans même que cela ne le dérange, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Bon … Je me tais alors ! »

C’était le mieux qu’il puisse faire dans cette situation. Coup sur coup, il tentait de les rendre mais on sentait les années d’expérience de Klork alors que lui-même débutait avec les cimeterres. Pour autant, il ne s’était jamais senti aussi fort que maintenant. Il avait l’impression qu’il avait tout loupé depuis le début.

« A me demander pourquoi mon maître n’a pas comprit plus tôt … »

Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions inutiles de la sorte. Il fallait se concentrer et uniquement faire ça Le reste pouvait bien attendre. Il prit une profonde respiration, ayant réussi à faire quelques pas en arrière pour éviter les attaques de Klork. S’il y en avait un qui était vraiment émerveillé, c’était Kosmor.

« Waouuuuh ! Grand frère, tu te bats vraiment bien ! Puis aussi monsieur Klork ! »

« Je ne savais pas que votre petit frère était aussi fervent sur ce point. »

« Je te l’ai pourtant déjà dit, non ? Tu ne m’écoutes qu’à moitié ou presque lorsque je t’adresse la parole, j’ai l’impression. Il m’a même déjà demandé si je pouvais te questionner pour savoir si tu voulais aussi l’entraîner un jour. »

« Je me concentre sur vous actuellement mais peut-être qu’en revenant de l’expédition, je pourrais prendre une partie de mon temps pour lui apprendre les rudiments du combat. »

« Hmm .. .Tu n’aurais pas oublié que généralement, il ne reste qu’une seule personne à la fin de chaque expédition ? A partir de là, je verrais difficilement comment tu pourras lui apprendre le combat si tu es mort … vu que je compte gagner. »

« Chaque ancienne expédition s’est terminée comme vous le dites. C’est à nous alors de briser ce cycle ou chacun décède pour ne laisser plus qu’un seul candidat. »

Humpf ! Il n’avait même pas senti la petite pique qu’il lui avait lancée. Rah, ce n’était même pas drôle dans le fond s’il ne réagissait pas aux petites provocations qu’il lui faisait ! Ah … Enfin bon, puisqu’il en était ainsi, il n’allait pas s’en plaindre non plus hein ? En une semaine, il avait fini par saisir le mode de pensée de Klork.
Naïf était le bon terme pour le définir. Il ne semblait pas très futé et malin mais faisait preuve d’une certaine concentration dans ce qu’il désirait accomplir. Simplement, ses objectifs, c’était à se demander s’il voulait vraiment devenir le seigneur des félémons. S’il n’envisageait pas de les trahir un jour ou l’autre, tout cela allait se retourner contre lui un moment.

« Déconcentration … et perte du combat et de la vie. »

Hein ? Il eut juste le temps de comprendre ce qu’il voulait dire par là lorsqu’il sentit un poing s’enfoncer dans son ventre, le faisant cracher et baver. Relâchant ses armes, il s’écroula à genoux au sol, ne comprenant pas ce qui se passait sauf que l’herbe était définitivement trop proche. Qu’est-ce que … euh …

« J’ai du mal … à respirer … » lâcha t-il avec un filet de salive

« Zéran de la Vanité, vous devez vraiment faire attention à vous. Ne pensez à rien d’autre qu’au combat même pendant un entraînement. C’est pourtant la base de tout, non ? »

« Je … le sais bien mais en même temps, je ne m’y attendais pas du tout, ah … ah … Je … »

« C’est bien parce que vous ne vous y attendiez pas que j’ai décidé d’agir de la sorte. J’en suis vraiment désolé mais il vous faut apprendre cette leçon et le plus tôt possible. »

Bien entendu. Ah … ah … Non … Ça voulait presque sortir. Voilà qu’il plaça une main devant sa bouche, comme pour s’empêcher de vomir. Il devait se retenir et bien vite avant que ça ne dégénère et que ça ne finisse par être le cas.

« Messire Zéran ? Vous … Attendez ? Est-ce que j’ai frappé trop fort ? »

Voilà qu’une voix inquiète venait se faire entendre à ses oreilles. Un bref instant, il croyait que c’était celle d’une servante mais seul Klork était accroupi à ses côtés, posant une main gantée de métal sur son visage, le relevant.

« Je tiens à m’excuser. Je ne pensais pas … que j’y avais mis trop de force. Je suis vraiment désolé, pardonnez-moi. Ce n’était vraiment pas ce que je désirais. »

« Ne … t’en fait pas, Klork. C’est juste que si je dois apprendre cette manière pour que cela rentre en moi, disons que c’était pas cher payé … ah … On peut juste se reposer ? »

Tout ce qu’il désirait ! Il sentit son corps se faire soulever comme un vulgaire sac de patates. La honte … Il éprouvait une alors qu’il sentait les puissantes mains de Klork le déposer enfin sur un banc. Le regard perdu vers le ciel, il tenta de parler mais n’y arriva pas.

« Je vais chercher de quoi boire, vous en avez vraiment besoin. »

« Je t’ai … déjà dit … de me tutoyer, Klork. Je croyais … que c’était passé. »

« Pas après ce que je viens de commettre. J’ai quelques restrictions et je compte bien m’y tenir. Déjà que ma famille n’apprécie pas que … Non rien. »

Hum ? Hein ? Qu’est-ce qu’il venait d’entendre ? Il tenta de baisser son visage pour s’adresser à Klork mais celui-ci était déjà parti chercher de quoi boire. Kosmor n’était plus là non plus. Est-ce qu’il avait mal compris les propos de Klork ? Ce n’était pas possible. Est-ce que son imbécile de famille tentait de lui signaler qu’il ne pouvait pas le voir ? Lui ? Un membre de la famille de la Vanité ? Le prince des félémons ?

« Foutue famille. Qu’est-ce qu’elle peut y comprendre ?! »

Elle ne comprenait pas la chance qu’elle avait de pouvoir converser avec le prince des félémons et que leur candidat n’était pas jeté comme un malpropre en venant ici. Foutue famille … ah … bon sang … Pourquoi est-ce qu’il supportait aussi aisément Klork ?

« Ce type ira me planter une lame dans le dos, j’en suis certain. »

Comme les autres candidats. Il ne voyait pas un autre cas de figure se présenter. Est-ce que Klork comprenait qu’il entraînait peut-être son futur assassin ? Oui … Enfin pour ça, il fallait que son père accepte de le nommer, ce qui n’était toujours pas fait pour le moment, loin de là.

« Je ne sais même pas ce qu’il pense de ce qui se passe ici. »

De toute façon, pour l’heure, depuis qu’il n’avait pas été au rendez-vous donné par son père lorsqu’il s’était battu contre Klork, le roi des félémons n’avait plus envoyé de nouvelle invitation à ce qu’il puisse le voir … et lui-même n’avait pas cherché cela.

« Je ne préfère pas me présenter devant lui, ça sera mieux … pour tous. »

Il avait encore honte de ce retard et de tout le reste. Le jeune homme aux cheveux blonds referma ses yeux rubis, ne cherchant pas à savoir où étaient Klork et Kosmor. Il avait tout simplement envie de se reposer. Et dire qu’il voyait son père que de rares fois, au repas.

… … … Pourquoi est-ce qu’en en ouvrant les yeux, il remarquait que le temps dans le ciel avait changé et s’était un peu obscurci ? Est-ce qu’il s’était endormi sur un banc ? Vraiment Il tenta de se mouvoir mais tout son corps lui en voulait grandement pour la torture orchestrée quelques heures auparavant. Il tourna son visage vers la droite, voyant son petit frère qui était assoupi, sa tête posée sur ses genoux. Est-ce qu’il avait veillé sur lui ?

« Le petit malin. Avec un visage aussi mignon lorsqu’il dort, j’imagine que les servantes ont préféré ne pas le réveiller malgré qu’il avait des cours et … »

Hein ? Voilà qu’il regarda maintenant vers la gauche. Klork ? Il était là lui aussi ? Il dormait aussi, les bras croisés, yeux fermés. Pourtant, il était impressionnant … même dans son sommeil. Il ne laissait aucune ouverture. C’était … vraiment … effrayant.

Effrayant ? Bien entendu ! Comment est-ce qu’il pouvait espérer le trahir et le tuer s’il ne lui permettait même pas une simple ouverture ? Oui, cette pensée froide et sinistre était encore présente dans sa tête alors qu’il approchait son index de la joue de Klork.

« Pouic … Pouic … Tu dors d’une étrange façon. »

« Hiiii ! Qu’est-ce que ?! » s’exclama subitement Klork, se mettant debout en regardant tout autour de lui comme pour voir où est-ce qu’il se trouvait. Zéran cligna des yeux : ce n’était … pas vraiment la réaction à laquelle il s’était attendu, il devait avouer.

« Tu dormais. Comme quoi, je n’étais pas le seul à avoir besoin de me reposer, on dirait bien mais … pourquoi tu ne m’as pas réveillé ? Je suis sec et puant à cause de la sueur. »

« Zéran ? Enfin … Zéran de la Vanité ? Moi-même et votre petit frère, nous avons préféré vous laisser ainsi car vous en aviez bien besoin. Je m’excuse de m’être endormi dans votre domaine, cela ne se reproduira plus. »

« Euh … Je ne vais pas commencer à t’harceler à cause de ça. Il ne faudrait pas trop pousser non plus hein ? Ce n’est pas bien dramatique non plus … Mais c’est juste étonnant, un peu comme le cri que tu as poussé. Et dire que je pensais que tu serais un adversaire vraiment coriace à battre. Te faire surprendre par un doigt … »

« Ce n’est pas très drôle de se moquer ! Je n’étais pas sur mes gardes et … Arrêtez ! »

Il était tout simplement en train de rire. Malgré la stature de l’homme aux cheveux verts, malgré sa cicatrice qui le rendait borgne et cet œil doré qui donnait l’impression de pouvoir vous transpercer avec aisance, il ne s’était tellement pas attendu à ça. Bon … C’était décidé ou presque : Il allait le tuer en dernier lorsqu’il faudra se battre pour la place de monarque après avoir récupéré le coeur du précédent roi. Par contre, où étaient ses cornes ?

« Vous avez fini ? Ce n’est pas très drôle … Vraiment… »

« Ca l’est et pas qu’un peu. Bon, au moins, je sais maintenant que personne n’est parfait lorsqu’il s’agit de combattre, n’est-ce pas, hein ? Comme quoi, me dire de me concentrer pendant le combat, il va falloir que certains appliquent cela aussi dans leur sommeil. »

« Mais mais mais … Arrêtes donc, Zéran ! Vraiment … »

Ah … L’air gêné de Klork valait le détour mais avec les paroles du membre de la Rage et ses propres rires, voilà que Kosmor se réveillait en se frottant les yeux, demandant ce qui se passait. Il s’apprêtait à tout lui raconter mais le regard colérique de Klork l’en empêcha. Ooooh ! Il pouvait donc faire ce genre de visage ?

« Rien de spécial, Kosmor. Dis-moi, petit brigand, tu n’avais pas quelques cours ? »

« Ben … C’est dommage pour eux, grand frère ! Il faudra les rattraper demain ou alors peut-être après-demain ou alors encore un autre jour ! » s’exclama l’enfant aux cheveux blancs avec un grand sourire faussement innocent. Est-ce que Klork allait tomber dans le piège ?

« Jeune Kosmor, n’abandonnez pas vos cours. Ils sont très importants pour votre futur. D’accord ? Un jour, vous en comprendrez le besoin. »

Sans même qu’il ne sache pourquoi, il remarqua que son petit frère venait d’être rouge aux joues, bredouillant quelques mots en baissant les yeux, murmurant un :

« Euh … d’accord, monsieur Klork … Je veux bien faire un petit effort. »

« J’en suis vraiment ravi. Vous verrez qu’un jour, cela vous sera très utile. »

« Mais seulement parce que vous le dites hein et pas autre chose ! Sinon, je ne croirais en rien d’autre, je tiens à vous le dire hein ? Je ne suis pas comme ça ! »

« On dirait presque une réplique miniature de vous-même, Zéran de la Vanité. »

« Heureusement vu qu’il s’agit de mon petit frère. » dit le jeune homme aux cheveux blonds en souriant un peu aux propos de Klork. Bien entendu … Hum ? Pourquoi est-ce que l’homme aux cheveux verts commença à le regarder puis Kosmor ? Ah … Il voyait ce qui le dérangeait un peu. Il reprit : « Pour Kosmor et moi, je … »

« Je n’ai pas posé de questions car je ne veux pas de réponse, Zéran. Ce n’est pas à moi que vous devez répondre. Des fois, ces phrases ne sont pas nécessaire. »

Peut-être. Il devait aisément comprendre pourquoi lui et son petit frère étaient visiblement très différents en terme de chevelure. Ce n’était pas le plus difficile à saisir mais parfois, certains ne comprenaient pas exactement pourquoi une telle chose était possible.

« Je pense que nous devrions arrêter maintenant l’entraînement, nous en avons déjà assez fait aujourd’hui, non ?  Sauf si vous voulez continuer encore … »

« Non, non, je pense que c’est largement suffisant pour ce soir, enfin à mes yeux. Kosmor, tu vas pouvoir aller retourner en cours … encore que vu l’heure approximative, j’imagine qu’ils sont tous terminés malheureusement, ah … »

« Hahaha ! Et oui, grand frère ! C’est vraiment bien dommage pour eux ! Euh … Monsieur Klork, vous venez manger avec nous aussi ou pas ? »

« Je ne peux pas, cela est peut-être beaucoup trop pour un simple félémon comme moi. Il ne faut pas oublier que je ne suis que le candidat de la Rage, rien d’autre. Je ne peux pas m’installer à la même table que les deux princes et le monarque du royaume. »

« Je ne crois pas que cela dérangerait mon père et mon petit frère. » déclara Zéran tout en haussant les épaules, l’oeil doré de Klork se posant sur lui :

« Mais je dois donc comprendre que cela vous causerait du tort, Zéran de la Vanité. »

« Je n’ai pas dit ça non plus … mais je ne voudrais pas que les autres pensent que nous soyons amis, toi et moi. Ils vont commencer à se poser beaucoup de questions à ce sujet. »

« C’est exact. Nous ne sommes pas amis, ni camarades. Je dois m’en aller. »

« Grand frèèèèèère. » dit Kosmor sur un ton indigné alors que les deux regardaient Klork qui s’éloignait seul à l’horizon, disparaissant dans un couloir comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kosmor ? Tu en fais une tête. On dirait que tu es en colère. »

« Ben oui que je le suis ! Pourquoi tu as dit des choses aussi méchantes à monsieur Klork ?! »

« Des choses aussi méchantes ? Qu’est-ce que j’ai prononcé ? Je n’ai rien dit d’insultant envers sa personne que je sache, non ? »

« Ce n’est pas ça ! Tu as dit que ce n’était pas ton ami ! C’est pas gentil de ta part ! Il vient tout le temps pour t’entraîner et tu dis que c’est pas ton ami ! »

« Car ce n’est pas le cas ? C’est juste un professeur temporaire, rien de plus, rien de moins. Tu sais, je devrais le tuer un jour, petit frère. C’est comme ça que ça se passe depuis le début. Ça ne changer pas tout simplement parce que tu l’espères hein ? »

Comme s’il venait de découvrir la vérité, son petit frère ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Il aurait bien répliqué à Zéran mais sur le coup, il ne savait pas quoi dire alors sa bouche se ferma quelques secondes après, ses petits poings se serrant avec force.

« On va juste dire qu’il est un peu mieux considéré que les autres félémons, rien de plus. Un ami ne vous trahirait pas sans la moindre hésitation. »

« C’est vrai. Un ami ne ferait pas ça … et monsieur Klork non plus, Kéran ! »

« Ça, tu ne peux pas le savoir exactement, Kosmor. Tu n’es pas dans sa tête et peut-être qu’il aurait put très bien nous tuer pendant que nous dormions, toi et moi. »

« Et il ne l’a pas fait ! Ça veut dire que ce n’est pas ça qu’il veut faire, c’est tout ! T’es vraiment trop bête ! Ben, pour la peine, moi, je te boude et je vais faire mes devoirs ! »

Tiens ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit de si méchant ? Faudrait peut-être pas le faire passer pour un monstre alors que ce n’était pas du tout son but ! M’enfin, son frère qui le boudait, c’était peut-être une première. Du moins, pour une raison qui paraissait des plus sérieuses. Est-ce qu’il avait été assez mesquin envers Klork ?

« C’est vrai que Kosmor a l’air de bien l’aimer mais bon … des gens que Kosmor n’aiment pas, ça doit se compter sur les doigts d’une main et encore, peut-être celle d’un manchot. »

Ah … Par contre, avec tout ce qu’il avait fait aujourd’hui, il avait bien besoin d’une douche et du genre très forte et efficace. Il était vraiment en train de nager dans ses vêtements et il espérait que ça ne perdure pas trop. Par contre, en relevant ses manches, il constatait qu’étrangement, ses muscles ne lui faisaient plus trop mal sur le coup.

« Hahaha … J’espère juste que je finirais pas comme lui. »

Pas qu’il était vilain garçon ce Klork mais disons que sa carrure était plus effrayante qu’autre chose. Il était à peine plus grand que lui mais il semblait si … fort.

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