Archives de catégorie : Tome 5 : Les portes du monde démoniaque

Chapitre 10 : Destin tragique

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Destin tragique

« Onyr. C’est Onyr. »

« Deux démons … et des porteurs de Zélisia et Alzar. Ca sent le traquenard ! POURQUOI EST-CE QUE DES PORTEURS VOUS ACCOMPAGNENT ?! »

Comme s’il était vraiment possible de communiquer avec de telles bêtes. Il avait juste murmuré son nom tout en reculant doucement, soucieux et méfiant. Finalement, la créature légendaire sortit du sol, pour se présenter à tout le monde. C’est vrai … elle ressemblait bien à la taupe géante dont il avait vu la gravure il y a de cela plusieurs années … à Midès. Sauf qu’il ne s’attendait pas à ça.

La taupe devait bien faire trois mètres de hauteur mais au lieu d’une peau brune, elle était parcourue par une épaisse carapace de roche noire et recouverte de fissures. Deux yeux rubis étaient visibles ainsi que son museau parcouru par de petites moustaches qui pointaient au bout de ce dernier. Et ses griffes ! Il valait mieux ne pas les laisser le toucher sinon …

« Deux démons. Deux … et des adeptes de Zélisia et Alzar pour les aider. Vous étiez donc là pour me piéger hein ? Mais je vous emporterai dans le tombe pour les venger ! Vos actes ne resteront pas impunis ! Je vais vous … »

« Assez. J’en ai assez entendu. » marmonna Manelena, des lignes noires paraissant sur son visage alors que Tery remarquait que quelque chose de bizarre était en train de se produire. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il … avait la sensation que tout était déréglé chez elle.

« Manelena, ne faites pas n’importe quoi ! Il risquerait de réagir brusquement et … »

Elle ne laissa pas le couple lui parler, des éclairs venant s’abattre sur Onyr bien que cela semblait totalement inefficace. Elen se tourna à son tour vers l’ancienne maréchale.

« HEY ! Mais qu’est-ce que tu fais, Manelena ?! »

« LAISSEZ-MOI TRANQUILLES ! JE VAIS JUSTE L’ELIMINER ! »

Ce n’était pas normal ! Pas normal ! Il aurait dû s’en douter mais Manelena n’était pas dans son état normal ! Il devait l’arrêter mais Onyr avait maintenant ses yeux en face d’elle, signe qu’il semblait comme l’étudier longuement avant de dire :

« Toi, tu as du … sang royal en ton être. Comme ce garçon aux cheveux bleus. Mais … tu possèdes les lignes d’Alzar. Ton sang est impur. »

« Impur ? NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! SALE MONSTRE ! » hurla Tery, visiblement plus qu’enragé d’entendre ça envers Manelena.

Il posa ses mains sur le sol, des lignes noires paraissant sur son visage. Il n’y avait pas besoin de perdre le contrôle de son corps et de laisser le côté démoniaque prendre le dessus ! HORS DE QUESTION ! Un golem sortit du sol, de taille humaine.

« Golem, n’est-ce pas ? Ce démon est dangereux, plus que dangereux pour manipuler ça. »

Onyr planta une griffe dans le sol, un pieu en sortant pour transpercer le golem et le faire éclater en morceaux comme si de rien n’était. Tery regarda la scène, estomaqué, se remettant debout, cherchant à saisir ce qui venait de se dérouler.

« Tery, recule s’il te plaît. Il semblerait que tes pouvoirs soient inutiles ici. »

C’était Clari qui avait pris la parole, tentant de lui parler gentiment alors qu’il cherchait encore à retrouver ses esprits. Son golem ? Détruit comme ça ? Enfin, ce n’était pas la première fois mais … Onyr avait frappé avec une telle précision que …

« Tery ! Attention ! Il se jette sur toi ! » s’écria une nouvelle fois Clari, un bras venant le tirer sur le côté, le faisant tomber au sol quelques instants plus tard. Encore un peu secoué par tout cela, il se releva, remerciant Clari.

« Pardon, juste un peu … enfin … tu sais de quoi je veux parler, Clari. »

« Ce n’est pas bien grave, Tery. Fais juste vraiment gaffe, d’accord ? Ça serait bête que tu sois blessé alors que je me suis promis de te protéger. »

« Et … et toi ? Ta blessure ? Hein ? Mais tu es blessée, Clari ! »

« Oh, ce n’est rien de bien grave, Tery. Ne t’en fait donc pas. » murmura-t-elle alors que du sang était visible au niveau de sa hanche droite. D’un geste lent, elle passa une main sur la blessure, ses lignes de Zélisia faisant leur office avant que la blessure ne disparaisse. « Et voilà ! Tu vois ? Aucun problème à ça ! Aucun ! »

« Oui mais … quand même, fais un peu attention à toi hein ? Je veux dire … »

« Ne t’en fait donc pas, je suis plus résistante qu’on ne le croit, hahaha ! »

Ce n’était pas de ça dont il voulait parler ! Pfff ! Mais bon, il fit quand même un sourire envers la jeune femme aux couettes blondes. Si elle allait bien, tant mieux. Il était surtout bien plus inquiet pour l’autre femme qui était présente dans les environs : Manelena. Il ne savait pas ce qui se passait avec elle mais il était sûr d’une chose, ce n’était pas bon signe.

Manelena n’était pas dans son état normal mais il n’arrivait pas à expliquer ou exprimer ce qu’était … son souci en fait. Il était … assez perdu dans tout ça, il devait se l’avouer. Mais il finirait bien par trouver une solution quand même à son problème.

Sauf qu’il ne savait pas ce qu’elle avait donc il n’était pas vraiment aidé. Mais bref, il valait mieux patienter un peu et voir plus tard. Pour l’heure, il devait tenir tête à cette taupe géante ! Mais … malgré sa colère, elle était quand même plus calme que les deux autres. Ou alors, ce n’était qu’une mauvaise impression. Elen arriva vers lui, arc en main, demandant :

« Tery ? Tu … ça va ? Je … j’ai vu Clari te sauter dessus pour te défendre. »

« Ca peut aller. Je ne suis pas dans la meilleure forme possible mais je devrais tenir bon. Ne t’en fait donc pas pour moi, ce n’est pas si grave que ça quand même. » répondit-il pour tenter de la rassurer alors qu’il observait la créature légendaire. Celle-ci s’en prenait maintenant à Elise qui avait laissé paraître ses cornes. Néanmoin, Royan étant à côté d’elle, il semblait capable de pouvoir « canaliser » sa rage. Tant mieux, oui, tant mieux. Et du côté de Manelena ? Elle continuait d’envoyer des attaques électriques voire même de frapper avec sa lame sur la carapace d’Onyr. Quelque chose clochait mais quoi ? AH !

« MANELENA ! TON ARMURE ! TU N’AS PAS TON ARMURE ! »

« Son armure ? AH OUI ! C’est vrai ! MANELENA ! »

Elen avait crié à son tour, surprise par la tournure des évènements. Manelena ne devait pas être dans son état normal pour oublier complètement cela. Mais bon, le plus important est qu’elle avait été prévenue et qu’elle allait donc pouvoir réagir.

Ce n’était quand même pas la mer à boire non ? Alors pourquoi est-ce qu’ils ne voyaient pas Manelena faire ça ? C’était juste un déferlement d’éclairs sans aucun effet sur leurs adversaires. Est-ce qu’elle l’avait remarqué quand même ? Car bon … non. Ce n’était pas normal, Manelena ne devait vraiment pas aller bien pour se tromper complètement là.

« MANELENA ! Qu’est-ce que tu fais ?! »

Il avait fini par poser sa main sur l’épaule de Manelena, celle-ci continuant son acharnement sur Odyr sans pour autant affecter ce dernier. Il sentait tous les tremblements dans le corps de la jeune femme, qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce qu’elle était dans cet état exactement ? Ce n’était pas normal, pas du tout ! Elle … était aussi un peu en sueur. Elle avait un souci ? Qu’elle parle au lieu de continuer ça ! Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ?

« Manelena ! Je te parle ! Est-ce que tu entends ce que je te dis ? MANELENA ! »

Rien à faire, rien du tout. Le jeune homme aux cheveux bruns n’arrivait pas à communiquer avec elle. Elle était … comme ailleurs. Soudainement, il vint la baffer et voilà qu’elle réagissait, tournant son visage à la joue rougie en sa direction :

« Tery ? Qu’est-ce que … tu viens de faire ? Tu sais ce que tu viens de faire, n’est-ce pas ? »

« J’en suis parfaitement conscient. Comment vas-tu maintenant ? »

« Comment est-ce que je devrais aller selon toi à cause d’une baffe ? »

« Assez mal … mais au moins, tu as l’air consciente, je suis soulagé. Tu balançais des éclairs sans même répondre, c’était juste stupide de ta part. »

Stupide ? Elle n’en était quand même pas réduite à ça. Qu’il fasse attention à ce qu’il disait car sinon, il allait le regretter amèrement. Elle venait de le prévenir, elle n’aurait aucun remord et aucun scrupule à le frapper. Mais devant la mine déconfite de Tery, elle soupira, mettant une main sur son front avant de lui dire :

« Et arrête de me regarder avec cet air de chien battu ! Il n’y a pas mort d’homme que je sache non ? Je vais bien, compris ? »

« Je me doute, je me doute … mais bon … J’aurai dit mort de femme … et je suis inquiet. »

Tsss ! Elle n’avait pas besoin qu’il lui dise ça ! Elle était une femme adulte ! Elle avait été une maréchale crainte et respectée pendant des années, sans même que lui ne le sache ! Mais maintenant, tout ça semblait comme balayé au vent ! C’était ce qui l’énervait le plus dans tout ce qui se passait autour d’elle. Cette sensation … d’inutilité. Cette sensation d’oubli.

« JE NE SUIS PAS COMME CA ! JE NE ME LAISSERAI PAS DISPARAITRE ! »

Elle allait montrer à Onyr mais surtout aux autres, ce qu’elle savait faire ! Elle se jeta dans la bataille, n’hésitant plus un seul instant maintenant. S’il fallait faire le ménage, elle allait le faire ! MAINTENANT ! Plus de temps à perdre ! Elle tenait fermement son épée, Onyr s’étant mis en mouvement pour lui faire face.

« La princesse du royaume de Shunter. Jusqu’où ce démon ira-t-il ? »

« Il commence sérieusement à m’agacer ce type ! Comme tous les autres à chaque fois ! »

C’était un cri de rage et du cœur que venait de lancer Tery en observant leur adversaire. Mais bon … il devait se calmer. S’il s’énervait, ça n’allait rien arranger, comme bien trop souvent. Onyr était comme les deux autres : démon, démon, démon … il se doutait bien que les créatures légendaires étaient là pour protéger le monde des démons mais il y avait quand même quelques limites ! Sauf que ces personnes s’en fichaient ! Enfin, ces monstres ! Mais bon, demander à des monstres, rien que d’imaginer ça, c’était particulièrement ridicule et stupide … il valait mieux juste le tuer comme tous les autres puisqu’il n’y avait pas d’autres possibilités de toute façon. Il fallait aider Manelena !
Mais il y avait un problème … Un gros problème. Sans même qu’ils ne puissent réagir, Onyr avait coincé Manelena entre l’une de ses griffes, la serrant fortement pour éviter de la lâcher. Il ne devait pas chercher à savoir ce que cette taupe géante allait faire ! Il devait agir … et vite ! Manelena commença à se débattre alors que Tery remarquait que la créature … semblait chuchoter quelque chose à celle-ci, la calmant aussitôt.

« Je m’occuperai du démon plus tard. Une personnalité aussi importante … surtout du royaume où je suis. Je ne serai pas comme lui qui a oublié de prévenir. »

« Qu’est-ce qu’il est en train de raconter là ? »

Et surtout, qu’il lâche maintenant Manelena ! Elle n’était pas une poupée qu’il pouvait traîner comme ça ! Qu’importe ce qu’il … que … La taupe géante s’était jetée sur le sol, creusant un épais trou à l’intérieur avant de disparaître. Il fallait la rattraper ! Tery s’égosilla :

« Que tout le monde cherche à savoir par où elle est partie ! Manelena a été capturée ! »

« Je crois que tout le monde l’a remarqué, Tery. » répondit Royan avec lenteur avant de regarder Elise pour savoir comment elle allait. Les cornes de cette dernière disparurent peu à peu pour laisser place à la chevelure flamboyante et rouges de la jeune femme. « Comment vous portez-vous, mademoiselle Elise ? »

« J’ai … un peu mal au crâne mais … j’ai l’impression que ça va beaucoup mieux. »

« Soit … Vous êtes capable de marcher ou non ? »

« Je peux y arriver. Il nous faut aller chercher mademoiselle Manelena, prince Royan. Comme l’a signalé Tery à ce sujet. On ne sait pas ce qu’Onyr risque de lui faire. »

« Hum, ne perdons pas trop de temps alors. Tery ? Clari ? Elen ? Vous êtes prêts ? Hum … Sérest et Séran, vous aussi ? »

Il avait complètement oublié sur le coup les deux autres personnes. Celles-ci le regardèrent doucement, un petit sourire aux lèvres avant de dire :

« Nous allons les suivre dès maintenant. Manelena ne sera pas difficile à suivre … enfin, surtout Onyr. Il suffit d’observer le sol. »

Le sol ? Tout le monde y jeta un œil, remarquant il était vrai les nombreuses fissures. A partir de là, s’il avait bien compris, il pouvait retrouver Onyr et vite. N’attendant pas les autres, il s’était mis à courir à toute allure en suivant les fissures, disant juste :

« Ne perdons pas de temps ! On ne sait pas si Manelena est en danger ou non ! Même si elle n’a pas de cornes comme moi ou Elise, elle a les lignes d’Alzar et elle était plus que belliqueuse envers Onyr. Il y a de fortes chances qu’il tente de la tuer et je ne veux surtout pas que ça arrive, compris ? Je ne veux surtout pas ! »

« Ne t’en fait pas, Tery. Je suis sûre qu’elle va bien ! Je te rappelle qu’il s’agit de Manelena, pas de n’importe qui ! Tu ne penses quand même pas qu’elle va se laisser faire non ? »

« Je le sais bien mais ça ne change rien à la situation, pfff … vraiment compliqué ça. »

Mais pour le moment, ce n’était pas de ça dont il devait se préoccuper mais surtout de courir ! COURIR ! COURIR ! Il devait suivre les fissures et … quoi ? C’était quoi ça ? Que … NON ! C’était quoi cette blague ?! Il y avait maintenant trois fissures au sol, bien entendu, il fallait qu’elles partent dans trois sens différents !

« JE PARS VERS LA GAUCHE ! »

« Tery ! Attends ! Il faut que l’on réfléchisse tous ensemble à ça et qu’on … »

Mais il n’avait pas le temps d’écouter Elen ! Il se dirigea vers la fissure de gauche, la plus grosse à ses yeux, ne regardant pas s’il était suivi ou non. Il n’avait pas le temps pour ça de toute façon ! Manelena ! Il devait trouver Manelena !

« Je vais te tuer, sale monstre ! Je vais … »

« Tu accompagnes les démons … mais en même temps, ton sang montre que tu es la princesse du royaume de Shunter. Pourquoi est-ce que tu accompagnes ceux qui veulent ravager ce monde ? Pourquoi ? »

« Je n’ai pas à te répondre et … Attends un peu ? Tu ne vas pas m’attaquer ? Chercher à me tuer ? C’est quoi ça ? Les deux autres ne s’en privaient pas. »

« Je ne suis pas les deux autres. Je suis moi-même … et tant que les démons ne sont pas là, je peux être encore un peu sain d’esprit. Après … c’est instinctif. Tu as l’air différente des autres, j’ai pu ressentir aussi le sang d’un prince dans cet adolescent … mais non pas de ce royaume … il semblerait plutôt qu’il s’agissait de celui de Traslord. »

« Qu’est-ce que vous me voulez exactement si vous ne désirez pas me tuer ? »

« Te mettre en garde … contre ces démons. Il semblerait que tu sois proche de celui mâle, n’est-ce pas ? Tu pars du principe qu’ils sont comme toi. »

« Proche de Tery ? Qu’est-ce qu’une taupe comme toi, même ancestrale et millénaire, insinue ?! Il n’y a rien de tout ça avec moi et lui ! »

« Ne me mens pas. Cela se lit si facilement sur ton visage, personne ne peut l’ignorer … et je dois alors te prévenir. Ce que tu vois de la part de ce démon n’est qu’un masque. Il te ment, il ira te trahir … comme l’autre démone. Tu tomberas dans son piège si tu continues. »

« C’est tout ce que tu avais à me dire ? Tery ? Me trahir ? C’est ça la pathétique manipulation que les créatures légendaires mettent en place ? »

« Manipulation ? Nullement … mais tu vas bientôt voir de quoi je veux parler. Je vais t’expliquer ce qui risque d’arriver si tu continues à l’accompagner. »

Ah bon ? Elle était sur ses gardes lorsqu’elle vit la taupe qui s’approchait d’elle, commençant à lui chuchoter quelque chose. Elle écarquilla les yeux au départ. Ce n’était pas possible … d’imaginer une telle chose, de vouloir l’inventer. Il fallait quand même travailler … ça. Il fallait qu’il y ait une parcelle de vérité dans tout ça mais jusqu’à où ?

« Et voilà, tu es la princesse du royaume que je protège. Il fallait que je te mette en garde contre les inactions des démons … que tu saches ce qui t’attends si tu ne fais pas plus attention à toi. Est-ce que tu comprends ? »

« Et pourquoi … est-ce que je devrai te croire ? »

« Car tu sais pertinemment que je ne peux pas imaginer tout cela sur l’instant. Je ne savais pas que je me retrouverai face à la princesse du royaume de Shunter. Je ne savais pas que j’irai la capturer pour discuter avec elle, je ne savais pas qu’elle avait pactisé avec les démons. »

« Pactisé avec les démons, c’est quoi cette blague ? Bref, de toute façon, désolée mais j’ai fait mon choix, je vais profiter du fait qu’ils ne sont pas là pour … »

« Pour ? Oui ? » déclara Onyr, la regardant longuement alors que Manelena n’avait plus son épée. Même sans elle, elle était encore capable de se battre si nécessaire.

« Je n’aurai aucune hésitation à t’éliminer. »

Alors pourquoi est-ce qu’elle n’agissait pas tout de suite ? Pourquoi ? La taupe la regarda longuement, comme amusée par sa réaction avant de tourner la tête en arrière. Humpf … Logique … que certains allaient venir. Ils avaient été assez malins pour se séparer mais en même temps … ils étaient donc moins forts. Cela sera beaucoup plus simple pour les tuer si nécessaire. S’il arrivait à séparer ceux entourant les démons de ces derniers, ça serait déjà une belle victoire, oui. Mais ce n’était pas gagné d’avance.

« Et qu’est-ce que tu comptes faire de moi ? »

« Maintenant ? Je te laisserai en vie si tu ne m’attaques pas … mais il se peut que si je te vois te ranger du côté des démons, je ne ferai pas de différences. »

« Après ce que tu viens de me dire, tu veux me tuer après avoir révélé ça ? Alors que mes paroles pourraient servir à tous les chasser ? »

« Tu sembles bien plus futée encore qu’on ne pourrait le croire mais qu’importe. »

« Fais ce que tu veux … je sais juste que Tery va venir … que ça sera lui qui viendra. »

« La confiance aveugle que tu mets en lui est remarquable. Mais elle est aveugle et risible … tu te trompes lourdement. Tu seras plus que déçue. »

« Je suis libre encore de mes pensées et de mes actes. Nous verrons par nous-même. »

Elle s’était mise assise contre un mur, observant les fissures devant elle. De toute façon, Tery allait arriver, elle en était convaincue. Elle en était sûre et certaine. Cela ne prendrait que quelques minutes pour qu’il arrive et vienne la sauver. Elle en était … convaincue, n’est-ce pas ? Voilà qu’elle … se mettait à douter de lui. Elle était horrible.

« MANELENA ! MANELENA ! »

Elle releva son visage, observant les arbres devant elle. Il y avait … Tery, n’est-ce pas ? C’était exactement ça … elle en était convaincue. Puis elle remarqua une ombre qui se déplaçait à vive allure. En y pensant, Onyr avait emmené Tery dans cet endroit car les arbres allaient le déranger, n’est-ce pas ? Il se trompait lourdement. Tery n’était pas gêné par un tel endroit, il connaissait tellement ce genre de terrain. Cela allait être une mauvaise surprise.

Chapitre 9 : Sous la terre

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Chapitre 9 : Sous la terre

« Oh ils sont là … Je crois que je vais repartir. »

« Reste ici un peu, Manelena ! Au lieu de toujours t’enfuir ! » s’écria Tery alors qu’ils étaient encore tous dehors en train de discuter de tout et de rien.

« Tu insinues que je suis faible, Tery ? Fais attention à ne pas regretter tes paroles. »

« Je ne les regrette pas mais ce n’est pas en partant à chaque fois que l’on touche un sujet sensible que tu dois t’enfuir. Alors s’il te plaît, reste auprès de nous, que l’on parle. »

« S’il te plaît ? Du s’il te plaît après ce que tu viens de me dire ? Tu te moques de moi ? »

Pourtant, toutes les têtes étaient tournées vers elle, la regardant avec attention alors qu’elle marmonnait entre ses dents. Elle revint auprès d’eux, Sérest lui souriant, un peu amusée avant de dire d’une voix douce et calme :

« Pour les rebelles, nous avons voulu vous laisser vous occuper de cela. Bien que nous ayons quelques informations à leur sujet, je ne pense pas qu’elles valent les vôtres. »

« Racontez toujours ce que vous savez sur les rebelles. »

« Hum, ils veulent une nouvelle reine … une ancienne maréchale de Shunter pour être précis. » dit l’homme d’Honoros, ses yeux posés sur Manelena pour bien montrer de qui il parlait. Celle-ci émit un petit grognement en signe de mécontentement.

« De l’autre côté, nous savons où se trouve la créature légendaire en Shunter. Je veux bien entendu parler d’Onyr. » reprit Sérest, Tery clignant des yeux.

« Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée que je me mêle encore de ça. Deux sont mortes par ma faute, je préfère éviter de créer encore plus de problèmes de ce côté. Donc bon, si on peut éviter les ennuis, j’avoue que ça me ferait quand même bien plaisir, entre nous. »

« Il le faudra pourtant. Ils sont la clé de la solution. »

« Et quelle est cette solution ? Vous pouviez bien nous en dire plus, n’est-ce pas ? On a beaucoup de mal à faire confiance à des étrangers comme vous. »

Tery se mit à cligner des yeux après les paroles de Manelena. Ohla ! Qu’elle ne cherche pas la dispute ! Pas du tout ! C’est mieux … beaucoup mieux. Bon, ça ne change pas le problème. Qu’est-ce qu’il doit faire ? Il regarda autour de lui, attendant que les autres s’expriment. Ce fut Royan qui prit la parole à son tour :

« Le problème est que les créatures mythiques sont nos ennemis … et nos alliés en même temps. Ils défendent ce monde mais ils attaquent Tery et Elise. Tout cela parce qu’ils sont des démons tous les deux. Cela me déplait grandement car cela reviendrait à dire qu’ils n’ont pas le droit de vivre. Pourtant, Tery comme Elise arrivent à contrôler leurs émotions. Oh, parfois difficilement mais rien ne les empêche d’exister que je sache, non ? Des personnes qui tuent, pillent, détruisent tout sur leurs passages et surtout de façon consciente, cela arrive tous les jours. Tery, Manelena et Elise ont surtout l’excuse des lignes d’Alzar, pire encore pour Tery et Elise qui ont des cornes de démon. »

« C’est moi ou tu fais dans le sentimentalisme ? » demanda Manelena en clignant des yeux, aussi surprise que les autres par le petit discours de Royan. L’adolescent aux cheveux bleus détourna le regard, voyant celui d’Elise avant de le reposer en face de lui, comme pris en faute. Il vint dire calmement :

« Non. Je ne fais que des affirmations que j’estime être juste. »

« Oui, oui. C’est ce qu’ils disent tous, je n’en doute pas un seul instant. »

Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle n’allait quand même pas provoquer Royan non ? Surtout que … bon, il avait quand même raison. Personne ne cherchait à contredire ses paroles. Finalement, Sérest tapa dans ses mains, disant d’une voix douce :

« Bref, nous avons des nouvelles au sujet de la troisième créature légendaire Onyr. Nous savons où elle se trouve et où elle compte se déplacer. »

« Et vous voulez que l’on fasse quoi ? Lui défoncer la tête ? »

« Non ! Nous devons … quand même chercher le dialogue avec Onyr. » rétorqua Tery après les propos belliqueux de Manelena, encore une fois. « Ça sera bien mieux de notre côté. »

« Attendre qu’il te tue en fait, c’est ça ? »

« Arrête avec tes bêtises. Bref, nous avons deux choix : soit nous allons voir les rebelles et nous allons les contacter en leur montrant que la princesse avec nous, ça ira surement galvaniser leurs troupes … mais bon, cela dépend de ce que veut Manelena exactement. »

« Ce que je veux exactement, qu’est-ce que tu racontes là ? »

« On parle d’une rébellion qui a pour but de retirer ton père du pouvoir, Manelena. Est-ce que tu le hais au point de lui faire ça ? Est-ce que tu es prête à rejoindre la rébellion pour ça ? »

« Je n’ai pas d’avis sur le sujet, loin de là. » dit la femme aux cheveux argentés, prête à partir mais Tery vint la retenir d’une main sur son bras.

« Ne pars pas, ça ne sert à rien. Alors, tu préfères que l’on aille chercher Onyr, c’est cela ? »

« A peu de choses près, c’est exact. Arrête de me prendre la main. »

« Je veux être sûr et certain que tu ne commettras pas de bêtises, c’est aussi simple que ça. »

« Commettre de bêtises ? Pour qui est-ce que tu me prends hein ? Je peux le savoir ? »

Il ne répondit pas mais il relâcha son bras. Il n’avait pas à dire d’autres mots. Normalement, c’était parfaitement compréhensible et il n’avait pas besoin de s’expliquer plus à ce sujet. Pfiou … qu’est-ce qu’il était un peu las de tout ça, il devait le reconnaître. Mais bon, ce n’était pas la première fois qu’il pensait cela et puis bon, à force, il commençait à s’y habituer. S’il n’était pas capable de passer outre les petites remarques de Manelena, il ne pourrait pas avancer. Il reprit finalement la parole :

« Maman, nous partirons dans la soirée ou alors demain. On va se rendre là où se trouve Onyr. Nous n’avons rien à perdre de toute façon. »

« Hum … Je vais aller faire quelques emplettes alors. »

Ah bon ? Pourquoi ça ? Il voulut lui demander mais Elen vint le retenir, disant qu’elle allait juste préparer un dernier repas pour tout le monde. Elle ne voulait pas qu’ils partent le ventre vide mais surtout sans laisser une dernière marque de son passage. Il se gratta le derrière du crâne, un peu gêné par les propos de la demoiselle aux cheveux blonds.
Oui, elle avait surement raison, voire même totalement raison. C’était quand même sa mère et il tenait à elle comme elle tenait à lui. Ah … Bon … Il devait juste accélérer le mouvement et … pourquoi ça ? De quoi est-ce qu’il avait peur ? Finalement, lorsque le repas se déroula, un véritable repas de chef, comme il aurait voulu le dire, il resta muet.

Il valait mieux attendre demain matin. Dormant contre Elen cette nuit, Manelena avait hérité de la chambre d’amis alors que tous les autres étaient partis à l’auberge. Il avait du mal à dormir, tellement de mal en fait. Pourquoi est-ce qu’il devait partir ? Il voulait rester auprès de sa mère qui reconnaissait Elen comme … celle qu’il aimait. Mais en même temps, il n’était pas sûr que … non. Il n’arrivait pas à savoir ce qu’il devait faire.

« C’est si compliqué, Elen. J’ai toujours du mal à mettre de l’ordre à mes idées. »

« Allons, allons, Tery. Dors tout doucement, voilà tout. »

Elen lui caressa le crâne avec tendresse, comme on le ferait pour apaiser un enfant alors qu’il respirait bruyamment. Demain, il prendra sa décision. Il sait ce qu’il devait faire … pour que ça lui fasse moins de mal, bien moins mal, oui. Il finit par s’endormir dans ses bras, plongé dans un doux sommeil dont il ne voulait s’extirper.

« Manelena, Elen, nous y allons maintenant. »

« Tu es sûr de ça, Tery ? Tu crois que c’est le mieux à faire ? »

Il hocha la tête positivement, ne semblant pas vouloir s’embarrasser de tout ça plus longtemps. Il avait préféré quitter la maisonnette à l’aurore pour … éviter de voir sa mère. Il n’était pas sûr de vouloir partir si cela avait été le cas. Lorsqu’il fut assez éloigné, il chuchota à Elen bien que Manelena pouvait l’entendre :

« Elen, je … hum … on retournera tous ensemble là-bas, n’est-ce pas ? »

« Bien entendu, Tery. La question ne devrait même pas se poser de toute façon. »

« Et il semblerait qu’elle nous … qu’elle vous attend. » souffla Manelena sans se retourner, Tery le faisant pour autant. Sa mère était présente sur le pas de la porte, faisant juste un geste de la main pour lui dire de faire attention. Il ne devait pas rester là à la regarder, il ne devait rien faire, rien du tout. S’il reculait maintenant, il ne partirait pas.

Installés à l’auberge, ils attendaient tous les trois que le reste de la petite troupe ne se lève. Contrairement à ce que Manelena avait marmonné, Clari comme les autres étaient rapidement debout malgré l’heure matinale … comme s’ils s’étaient doutés de quelque chose.

« Coucou Tery ! Comment vas-tu ? On part maintenant ? »

Clari ne fit pas dans la demi-mesure, expliquant bien par là qu’elle savait parfaitement ce qu’ils comptaient faire. Elle vint l’embrasser sur la joue pendant de longues secondes avant de s’asseoir à côté de lui. Les autres s’installèrent aussi, regardant Tery.

« Déjà réveillé, il semblerait ? C’est un peu surprenant mais bon. » dit Royan à son tour.

« Il vaut mieux partir le plus tôt possible. Nous serons moins dérangés par les gnomolds et je n’ai vraiment pas envie de tomber sur eux à la base. »

« D’accord, d’accord. Cela me semble logique et raisonnable. Déjeunons donc. Mademoiselle Elise, avez-vous donc faim de votre côté ? »

« Euh … oui, prince Royan, merci de votre préoccupation mais je vais aller commander. Ce genre d’endroits est un peu comme une seconde maison pour moi. Que voulez-vous tous ? »

Chacun commença à commander, seul Tery n’ayant pas vraiment faim. Il ne se sentait pas si bien que ça. Le mal de village, diraient certains. Il prit une profonde respiration, réfléchissant à ce qu’il devait faire. Elen tenta de l’inviter à manger mais il signala que ça ne servait à rien, c’était juste le fait de quitter sa mère encore une fois.
Après le petit déjeuner, il était temps de quitter « définitivement » le village, sans même se retourner. Le jeune homme eut pourtant une petite pensée pour celui-ci, espérant pouvoir revenir après s’être occupé d’Onyr. Car oui, il ne se faisait pas d’illusions : Onyr n’allait pas vouloir discuter avec lui ou Elise. Ils étaient des monstres, toujours des monstres.

« C’est ainsi et pas autrement. »

« De quoi donc, Tery ? Qu’est-ce qu’il y a exactement ? »

« Rien du tout, Elen. Rien du tout. Sérest ? Séran ? Vous passez devant ? C’est vous qui devez nous guider normalement, d’après ce que j’ai cru comprendre, non ? »

« Puisque nous savons où Onyr va se rendre, nous pouvons vous y emmener, oui. » répondit Sérest avec douceur, souriant au jeune homme aux cheveux bruns.

« Alors, ne perdons pas plus de temps que ça. »

Il ne voulait pas répondre à ce sourire, il n’avait pas le cœur à cela. Il avait abandonné tout espoir de communiquer avec les créatures légendaires. Le problème était… le fait qu’il ne savait pas quelles conséquences cela risquait de déclencher.

Car il en était sûr et certain. De tels … actes … ne resteraient pas inaperçus. Plus que la mort des créatures mythiques et la réaction des peuples habitant ce monde, il avait cette impression mauvaise et malsaine … que tout allait être chamboulé. C’était cela … qu’il ressentait actuellement et il n’était pas sûr que ça soit bon, loin de là.

Comment faire ? Comment bien agir ? Tellement de questions, si peu de réponses. Il avait l’impression de n’être … qu’un golem dénué de toute volonté, qui ne faisait qu’obéir à ce qu’on lui disait. Il n’aimait pas cette impression.

« Onyr passera dans les environs d’ici quelques heures. »

« Comment est-ce que vous pouvez être aussi précis que ça ? »

Il avait posé la question que tout le monde avait en tête. Sérest et Séran se regardèrent, souriant doucement avant que Séran ne vienne dire calmement :

« Tout simplement car nous avons pris nos précautions pour que ça soit le cas, voilà tout. Des fois, on est obligé de suivre un chemin bien que l’on ne le désire pas. »

Des paroles qui firent grogner l’ancienne maréchale aux cheveux argentés. Elle se sentait particulièrement visée par des propos ainsi. Mais bon, ce n’était peut-être qu’elle. D’ailleurs, où est-ce qu’ils se trouvaient ? Plongée dans ses pensées, elle n’avait même pas jeté un œil autour de soi. Alors … hmm …
Ils avaient bien marché pendant plusieurs heures, au moins trois ou quatre minimum. Cela devait correspondre à une vingtaine de kilomètres à peu près, ce n’était pas la porte à côté quand même. Ensuite ? Terrain un peu rocailleux, quelques pierres, des petits monts d’une centaine de mètres au grand maximum mais assez importants sur la longueur.

De quoi rentrer à l’intérieur si nécessaire. Il y avait quand même beaucoup de verdure mais peu d’arbres … hum … c’était donc assez dégagé s’ils devaient se battre. Il y avait vraiment de la place. Mais … Onyr allait venir ici ? C’était étrange, trop étrange.

« Et comment pouvez-vous êtes convaincu qu’il fera ce que vous voulez ? »

« Des fois, il est impossible d’avoir le choix, voilà tout. Installez-vous et préparez la réception, il sera surement très belliqueux au départ. »

« Et aussi après hein ? Ne ménageons pas nos efforts, il ne nous aime pas et on le lui rend bien de toute façon hein ? Je vous jure … »

Elle marmonnait cela après les propos de Sérest. Elle n’aimait pas ce couple. Son instinct lui disait clairement de se méfier d’eux … mais personne ne prenait en compte son avis … sauf lui. Elle jeta un œil à l’homme aux cheveux bruns. Lui aussi avait montré de la suspicion à l’égard de Sérest et Séran. Vraiment, il n’y avait que lui sur qui elle pouvait compter ?

« C’est vraiment triste à savoir et à se dire, ça. »

« De quoi donc, Manelena ? » demanda Tery, celle-ci répondant aussitôt :

« HEY ! Mais t’es obligé d’entendre tout ce que je dis ?! Lâche-moi un peu, Tery ! Ca me fera du bien ! Vraiment ! Pff ! Je vous le jure ! C’est chiant, ça. »

Elle disait cela en maugréant, montrant bien par là qu’elle n’aimait pas que quelqu’un « lise » dans son esprit même si ce n’était pas totalement vrai. C’était juste qu’il était toujours à son écoute, toujours là quand il le fallait. C’était juste … aberrant comme homme. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas aller voir ailleurs et la laisser seule un peu ?

« C’est pourtant si simple ! Tery ! Tu comprends ?! »

« De quoi ? Qu’est-ce qui est simple ? Ne t’emporte pas ! Je ne sais pas ce que tu me veux moi … pas du tout même hein ? »

« Tu dois le savoir puisque tu es capable de lire dans mes pensées ! »

« Manelena ! Arrête de crier sur Tery, compris ?! Il ne t’a rien fait ! Tu es em… embêtante à lui crier dessus à chaque fois ! Tu peux pas le lâcher un peu ou être plus calme ? »

Voilà qu’Elen se mêlait de tout ça. Tery poussa un soupir, murmurant qu’il n’était pas là pour le conflit avant de s’éloigner. Il se dirigea vers le couple composé de Séran et Sérest, demandant de leurs nouvelles, surtout pour savoir s’ils avaient une idée précise ou s’il pouvait aider pour stopper Onyr. Sérest vint lui dire :

« Il sortira de gré ou de force du sol, voilà tout. »

Ce n’était pas vraiment la réponse escomptée mais il comprenait que visiblement, ils voulaient garder leur petit secret. Comme ils désiraient. Il vint s’asseoir contre un rocher, Elen venant vers lui pour tenter de se faire pardonner.

« Désolée, Tery. C’est juste que … elle commence à me fatiguer. En fait, elle me fatigue dès que je la vois te crier dessus. Elle ne peut pas s’en empêcher. »

« Tu sais aussi bien que moi que c’est sa façon à elle de s’exprimer. »

« Oui mais ça ne change pas qu’elle pourrait quand même se calmer après tout ce temps. Nous ne sommes pas des étrangers, je sais parfaitement qu’elle … »

Qu’elle ? Il attendit la suite de la phrase d’Elen mais elle n’arriva pas. Bon, comme d’habitude, Elen aussi n’aimait pas terminer ses phrases, toujours sympathique cela. Bon … il comprenait ce que ça voulait dire hein ? Il n’était pas si stupide que ça.

« Reposez-vous pour les deux heures qui suivent. » déclara Séran, passant à côté d’eux, le visage plus sérieux qu’auparavant. Il s’éloigna de la petite prairie, partant au loin par rapport au reste du groupe.

Où est-ce qu’il comptait aller ? Il aurait aimé poser la question mais il savait qu’il n’aurait pas de réponse. Ca ne fonctionnait pas comme ça ici de toute façon. Il le comprenait bien, à force. Il se gratta la joue, un peu confus et gêné avant de réfléchir à tout ça. Bon, s’il avait saisi le message, autant se reposer comme déclaré par Séran.

« Que chacun se fasse une petite occupation. Autant patienter ainsi, le temps qu’Onyr vienne nous dire bonjour. Je ne compte pas me cacher, je tiens à le prévenir donc … »

« Il faut s’attendre à un combat de toute beauté, hahaha ! Ne t’en fait pas, Tery, on va se préparer à se défendre de toute façon … ou plutôt attaquer puisqu’Onyr sera celui qui ne saura pas d’où viennent les attaques sur sa face. »

Clari avait toujours le mot qu’il fallait pour le rassurer. Il s’empêcha de sourire, fermant les yeux alors qu’Elen posait sa tête sur son épaule avant de faire de même. Il garda la jeune femme contre lui, se disant qu’il allait avoir bien mal au dos avec tout ça.

« HEY ! REVEILLEZ-VOUS ! MAINTENANT ! »

Hein quoi ?! Il se redressa, gardant Elen contre lui tout en sursautant à moitié. Qu’est-ce qui se passait ?! HEY ! Le sol était en train de trembler ou quoi ? Il ne rêvait pas le moins du monde ! Il secoua doucement Elen bien qu’elle était déjà réveillée.
« Il faut se mettre debout, Elen ! Vite ! »

Elle s’exécuta tandis qu’il faisait de même. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Le sol ? ONYR ! C’était Onyr qui allait sortir ! Il se tourna vers Sérest et Séran, où étaient les autres ? AH ! Royan était près de Clari et Elise, Manelena restant seule. Il courut vers elle avant de dire :

« Fais attention quand même, Manelena ! »

« Pas besoin de me conseiller ! Pas du tout ! Stop avec ça ! Je sais parfaitement ce que je dois faire et ce que je veux faire ! Arrête de me coller, Tery ! »

« Je ne te colle pas ! Je tente de t’aider et de te sauver ! »

« Je n’ai pas besoin de ça ! » s’écria Manelena alors qu’il était en train d’observer la plaine. Des fissures ? Des fissures étaient en train de foncer vers eux à toute allure ! Il prit Manelena par le bras, Elen aussi avant de courir.
« Et voilà une bonne chose qui est faite. »

II s’arrêta dans son mouvement, Séran venant de calmement reprendre la parole tout en regardant la fissure qui s’immobilisait. Le sol recommença à trembler avant qu’une voix venant de la fissure ne se fasse entendre :

« Démons. Ca sent les démons par ici. Utiliser Zélisia et Alzar pour m’empêcher de continuer mon chemin ? Monstrueux ! MONSTRUEUX ! »

« C’est Onyr, n’est-ce pas ? » demanda Tery en s’adressant à Sérest.

« C’est le cas. Ce ne sont pas de petites magies qui peuvent arrivent à ça. »

« Je m’en doutais mais … hum … »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une griffe qui devait bien faire la taille d’un humain sorti de la fissure, accompagnée par une seconde. Il … était en train de sortir. Onyr était en train de sortir ! Et il était au courant qu’il y avait des démons !

Chapitre 8 : Avoir peur

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Avoir peur

« C’est aujourd’hui qu’ils doivent rentrer, n’est-ce pas ? »

« De ce que j’en sais, je dirai que oui, Manelena. Ne soit pas effrayée. Je suis sûr qu’ils auront beaucoup d’informations à nous donner. Tu n’as pas à t’en faire le moins du monde. »

« Je ne m’en fais pas ! Ne raconte pas n’importe quoi non plus hein ? »

« Oui oui, bien entendu. Désolé d’avoir utilisé ces termes. Sois juste patiente, ils seront bientôt là. Dire que cela fait déjà une semaine, le temps passe très vite. »

« Trop à ton goût ? » rétorqua la jeune femme sans un sourire, Tery haussant les épaules. Il fallait quand même reconnaître qu’il avait pris goût au fait d’avoir de la compagnie autour de lui. Avec Manelena, c’était bien mais y avait quand même un certain manque, il fallait reconnaître … ah … Elen … et les autres, bien entendu ! Enfin, bon … C’est compliqué, très compliqué en un sens. Il se frotta le front, réfléchissant à la situation.

« Enfin bon, le plus important est qu’ils vont tous rentrer, voilà tout. »

« C’est exact mais de là sauter de joie, il n’y a qu’un pas que je n’irai pas franchir. »

Pfff. Il savait parfaitement que cela, elle s’en fichait complètement mais … en même temps, ils avaient fait pour ça pour elle. Il espérait qu’elle leur donnerait un peu de reconnaissance hein ? Juste par principe, quoi de plus. Humpf ! Enfin, il verrait ça sur le moment.

« Pas trop pressée hein ? De les revoir ? »

« Est-ce que j’ai une tête à être enjouée de les revoir ? Non et non. »

Pfff, comme souvent, dès qu’il s’agissait des autres, c’était difficile de communiquer avec elle. Il poussa un soupir. Cette semaine avait été vraiment pas mal du tout mais maintenant, il sentait qu’ils allaient retourner au point mort comme auparavant. C’était toujours ainsi.

« Tery ? Arrête donc de tourner en rond. Vas dehors prendre un peu d’air ! »

« Mais maman, je ne fais rien de mal. Je parlais avec Manelena, rien de plus ! »

« Tu l’agaces et tu m’agaces. Allez zou, du vent avant que je ne m’énerve ! » s’exclama sa mère, le mettant à la porte sans sommation sans même qu’il n’ait son mot à dire. Il grommela un peu de son côté, les mains aux poches avant de se diriger vers le centre du village. Lorsqu’il marcha parmi les villageois, certains se tournèrent vers lui :

« Hey ! Salut Tery ! T’es seul aujourd’hui ? »

« Oui. Faut que je me prépare à accueillir le retour des autres ! Et vous ? Ca va bien ? »

« Ca va, ça va, j’ai la forme hein ? On s’y fait à force, qu’est-ce que tu veux que je te dise exactement ? C’est comme ça la vie. Allez, je te laisse, j’ai encore du travail aussi de mon côté. Bonne chance avec tes amis, c’est quand même une sacrée troupe ! »

« Merci bien. Bonne journée à vous aussi. »

Voilà, les commodités d’usage étaient faites alors qu’il se positionnait devant l’entrée du village, s’adossant à un mur. Les miliciens chargés de protéger l’entrée le saluèrent alors qu’il commençait à faire la discussion avec eux.

« Ah ! Ben, les voilà ! Visiblement, tu n’auras pas eu besoin de patienter trop longtemps, Tery. On les voit à l’horizon, hahaha. »

C’était bien gentil de le prévenir mais bon … il fit quand même un grand sourire en voyant Clari, Royan, Elise mais surtout Elen. Il ne bougea pas de sa position, croisant les bras, adossé à un mur protégeant le village. Il fallait juste attendre bien qu’il bouillonnait à l’intérieur avec son envie de courir en la direction de la jeune femme aux cheveux blonds.

Celle-ci par contre, ne s’en priva pas, courant à toute allure vers lui. WOWOWOWOW ! Calme ! Calme ! CALME ! Si elle fonçait vers lui à toute allure, il allait s’enfoncer dans le mur ! Il ouvrit ses bras pour la réceptionner, la jeune femme dévorant ses lèvres avant de lui demander de vive voix, inquiète et émue :

« Tery ! Tery ! Tu m’as tant manqué, Tery ! Une semaine sans toi, c’était horrible ! »

« Roh, n’exagérons quand même pas, Elen. Mais oui, tu m’as manqué aussi. Par contre, heureusement que j’étais préparé à t’attraper car sinon, je pense que le mur n’existerait plus derrière moi. Enfin, j’exagère un tout petit peu, sans plus quoi. »

« Si peu hein ? De qui est-ce que tu te moques donc ? »

Elle rigola avant de l’embrasser une nouvelle fois, Clari, Royan et Elise arrivant à leur tour. Il les regarda avec amusement, Tery leur demandant :

« Et vous ? De votre côté ? Ça s’est bien passé ? »

« Pas au point de venir t’embrasser car tu nous manquais, désolée, Tery. » murmura la jeune demoiselle aux couettes blondes à son tour, un sourire aux lèvres.

« Oh ? Je ne pensais pas à ce point mais quand même, je note, je note. »

« Hey, si tu veux vraiment hein ? Mais je ne pense pas qu’Elen soit d’accord à ce sujet. D’ailleurs, elle semble déjà à moitié endormie dans tes bras là. »

Il confirma cela d’un hochement de tête, souriant pour lui-même avant de rentrer à l’intérieur du village, accompagné par tous. Bien entendu, il fallait se douter qu’Elen ne le lâchait pas d’une semelle … Et lui-même n’avait pas envie de la lâcher.

« Vous voulez rentrer à la maison tout de suite ? Où est-ce qu’ils sont sinon ? »

« Tu parles du couple ? Ils sont partis de leur côté mais je pense qu’ils ne tarderont pas à venir. De toute façon, qu’est-ce que cela nous importe non ? Nous les connaissons à peine, Tery. » chuchota Elen tout en calfeutrant sa tête contre lui.

« Je me doute, je me doute. Enfin, bon retour … allons chez ma mère. »

C’était mieux … puis … ils avaient à parler de leurs trouvailles. Comme lui et Manelena n’avaient pas été à leurs côtés, cela avait normalement été beaucoup plus simple. Mais bon, il y avait normalement encore beaucoup à faire non ? Il cligna des yeux, attendant la suite des paroles d’Elen qui lui chuchotait :

« Tery, tu m’as terriblement manqué. Les nuits étaient très longues sans toi. »

Et lui n’osait pas dire que chaque nuit, il allait se promener avec Manelena pour que cette dernière arrive à trouver le sommeil. Oui, en un sens, il valait mieux ne pas trop parler de ça, c’était un peu risqué quand même en un sens. Oui oui, il valait vraiment mieux ne pas … discuter de ce genre de choses. Il chuchota :

« Et mes journées alors ? N’oublie pas mes journées, Elen. »

Il avait réussi à rattraper le coup alors qu’elle le regardait, étonnée par ses propos. Elle eut un petit sourire avant de se calfeutrer dans ses bras, poitrine contre torse. Ah ben là, il ne pouvait pas dire autre chose. Elle n’allait pas le lâcher du tout.

« Oh ? Vous voilà donc ? Manelena est partie de bonne heure. »

« J’ai déjà prévenu à ce sujet, maman mais merci quand même. Bon ben euh … je vais ramener vos sacs dans la chambre ! »

Sauf qu’il s’attendait bien à ce qu’Elen vienne le rejoindre. Lorsqu’il referma la porte derrière lui après le passage d’Elen, il entendit un petit *pouf* significatif avant qu’il ne se retourne pour voir Elen, allongée sur son lit, les bras tendus.

« Juste un câlin alors, Elen hein ? Les autres nous attendent. »

« Un gros alors pour combler cette semaine sans toi. » chuchota t-elle sur un ton des plus candides, le faisant fondre sur place avant qu’il ne vienne se coucher sur elle, se pressant contre tout son être pour ressentir sa chaleur. Il referma les yeux en même temps qu’elle.

« On peut rester une bonne dizaine de minutes s’il faut. Je ne pense pas que cela va les déranger de toute façon hein ? »

« Je ne pense pas non. Ils n’ont pas besoin qu’on leur tienne la main … par contre, moi, c’est une autre histoire, Tery. S’il te plaît … Tu ne me serres pas assez fort. »

« Attends un peu, Elen, je sais pourquoi hein ? »

Il commença à lui retirer ses épaulettes avant de soulever la jeune femme pour la faire arriver sur lui. Voilà, c’était à son tour d’être couché sur le lit … et de pouvoir bien mieux la prendre dans ses bras. Elle se pressa contre lui, offrant tous les délices de son corps alors qu’il lui souriait pour venir l’embrasser quelques secondes après.

« Tu es juste délicieuse, Elen. Tellement délicieuse. »

Il prit une profonde respiration, yeux clos tout en la laissant bien s’installer sur lui. Il ne vint plus rien dire, attendant et espérant que cela allait perdurer. Il finit par s’assoupir, sans même s’en rendre compte, Elen elle aussi avant que la mère de Tery ne rentre dans la chambre. Elle soupira doucement, chuchotant :

« Bon, visiblement, pas besoin d’en attendre plus d’eux. On va les laisser ensemble. La réunion pourra attendre de toute façon. »

Elle referma la porte derrière elle, sans un bruit alors que Tery marmonnait, bougeant un peu pour se mettre de côté et mieux serrer Elen dans ses bras. Descendant les escaliers, elle vint dire au reste du groupe dans la cuisine :

« Ils se reposent tous les deux. Attendons Manelena … et hum … les deux personnes non ? »

« Vous voulez parler de Sérest et Séran ? Je pense qu’ils arriveront d’ici peu. » répondit Royan tout en hochant la tête. « Ils ne sont pas partis avec nous mais ils voulaient confirmer quelque chose de leur côté. Nous les avons laissé faire. »

« Soit, soit, avez-vous faim ? Avec ce long voyage, je me doute que oui … et que d’autres ont besoin de dormir … que ça soit dans les bras d’autrui ou non. »

La mère de Tery leva les yeux en l’air, un sourire aux lèvres, son visage légèrement tourné vers les escaliers. Bien entendu, nulle difficulté à savoir de qui elle parlait en évoquant de tels propos. Mais bon, parfois, il n’y avait pas besoin de plus de précisions.

« Bon, bon, bon … Et est-ce que vous voulez boire ou non ? »

Quelques hochements de tête pour lui répondre par l’affirmative et voilà qu’elle était déjà en train de se mettre au fourneau pour leur préparer quelque chose pour le repas. Ce n’était pas forcément le mieux pour discuter entre eux mais qu’importe.

« Alors, racontez-moi tout. Avez-vous été assez loin ? Dans les environs ? Car de notre côté, les rebelles comme les soldats impériaux ne viennent que très rarement. »

« Ah ! Je me disais bien que j’avais une question en tête ! Madame Vanian, je voulais savoir : est-ce que … vous avez justement reçu la visite des soldats impériaux ? »

« Hum ? Oui, oui, notre village en a reçu. Mais comme nous sommes isolés et guère menaçants, ils sont vite partis en remarquant que Tery n’était pas là. Ils reviennent une fois par mois en espérant le retrouver mais bon, ne vous inquiétez pas. Ici, nous sommes tous très solidaires et nous n’allons pas livrer l’enfant d’une femme veuve. »

« Oui, ça me semble plus qu’honnête comme réaction. Et puis, Tery semble apprécié dans son village même s’ils ne le voient que très peu depuis quelques années. »

« Tery a grandi, voulait partir, avec des rêves d’aventures plein la tête. Beaucoup ne cautionnent pas son choix, habitués à la tranquillité de notre village, mais tous le respectent. Et puis, généralement, les enfants qui habitent ici reviennent souvent voir leurs parents. On peut le remarquer avec Tery à l’instant. »

« Il est vrai que Tery n’arrête pas de parler de vous quand on se rapproche du village ou que l’on cherche à s’y rendre ou même alors quand il veut vous écrire une lettre. Bon, c’est souvent en mal, en disant que vous faites peur et tout le reste mais … »

« Oh ? Il dit vraiment tout ça ? » murmura la mère de Tery sur un ton sec, le couteau qu’elle tenait en main s’abaissant subitement sur sa planche à couper.

« Euh euh euh … Je ne pense pas qu’il pensait à mal, hein ? Madame Vanian ! » commença à dire Clari, ayant été stoppée par la mère de Tery. Même pour elle, cet acte était inquiétant et elle avait perdu son sourire habituel.

« Oh ? Je vous aie fait peur ? C’était un peu le but recherché. Ne vous inquiétez pas, je sais parfaitement que mon fils m’aime et inversement. Bon … Manelena ne devrait plus tarder. »

Pendant qu’ils mangeaient buvaient en parlant principalement de Tery, plusieurs coups à la porte se firent entendre, la mère de Tery se levant, déclarant qu’elle allait ouvrir. Quelques secondes plus tard, Manelena s’insinuait dans la cuisine, haussant un sourcil en les voyant … sauf deux personnes. Elle tourna sa tête vers la mère de Tery, demandant :

« Où est-ce qu’ils se trouvent ? »

« Tery et Elen ? Ils dorment dans la chambre de mon fils. Laissez-les se reposer. Elen semblait plus qu’épuisée par cette longue enquête. » déclara la femme d’un certain âge, Manelena émettant un léger grognement avant de chercher à s’asseoir.

« D’accord, d’accord … et l’autre couple se trouve où par hasard ? Je ne le vois pas. »

« Ils arriveront bientôt normalement. » répondit Elise, ayant toujours un peu peur de se mêler à la conversation, surtout quand Manelena posa ses yeux sur elle.

« Bref, en attendant, nous pourrions donner déjà un petit aperçu de ce que nous avons pu entendre en discutant avec quelques rebelles par-ci, par-là ? »

Ce fut au tour de Royan de s’adresser aux autres, Manelena le fixant aussitôt. Comme il rentrait directement dans le vif du sujet, elle attendit qu’il parle, faisant un petit geste de la main pour l’inciter à continuer ce qu’il avait commencé.

« Majoritairement, les rebelles sont … pour le retour de Manelena sur les terres de Shunter. Plus que le fait qu’elle fut presque sacrifiée par son propre père, Manelena était un symbole pour l’armée et pour les citoyens. Maintenant qu’elle n’est plus du côté de son père mais aussi qu’ils ont découvert que c’était la princesse, ils veulent … »

« Assez, je crois que j’en ai déjà assez entendu. On va attendre que tout le monde soit là puis ensuite, on continuera. Je pars dehors. »

« Hein ? Mais, Manelena, nous n’avions pas … »

La femme aux cheveux argentés ne laissa pas celle aux couettes blondes terminer sa phrase, quittant la pièce puis la maisonnette. Dehors, elle jeta un œil à l’étage, poussant un soupir avant de s’éloigner pour se diriger à la taverne du village. Pas besoin d’être une génie pour savoir ce qu’allait être la suite de tout ça. Pfff, elle n’était pas prête, juste … pas prête, rien de plus, rien de moins. Elle en avait déjà plus qu’assez.

« Hmmm. Qu’est-ce que je fai moi ? Pourquoi est-ce que j’ai dormi et … »

Il n’eut pas la possibilité de terminer sa phrase, comprenant parfaitement ce qu’il avait fait. Voilà donc … Elen était de retour. La jeune femme était dans ses bras, sans cette demi-armure qu’elle avait habituellement sur le corps. Tant mieux, oui, tant mieux. Il l’embrassa sur le front pour la saluer, celle-ci gesticulant avant de se déplacer un peu.

« Je descends déjà, Elen. Je vais voir ce que les autres font. Comme tu sais déjà surement ce qui s’est dit, je ne pense pas qu’ils aient besoin de toi pour la discussion. »

« Hmm, reste encore un peu s’il te plaît, Tery. J’ai besoin de toi. »

Roh, elle exagérait grandement. Avoir besoin de lui ! Ah ! Il revint auprès d’elle, déposant un tendre baiser sur ses lèvres. Elle l’attrapa par la peau de la nuque pour l’emmener à elle mais il ne tomba pas cette fois, faisant un petit geste du doigt pour lui dire que non. Finalement, alors qu’elle boudait légèrement, il descendait au rez-de-chaussée. Ils n’étaient pas là ? En entendant des voix dehors, il comprit qu’ils étaient tous partis hors de la maison.

Il quitta la maisonnette, se dirigeant vers le banc avant de tous les retrouver. Oui, sa mère était assise avec toutes les autres personnes. Hein ? Hum ? Il n’y avait pas Manelena ? Comme c’était vraiment étrange ça, vraiment très étrange même. Et un peu dommage.

« Où se trouve Manelena ? Et bonjour à vous tous. Enfin, à nouveau quoi. »

« Encore endormi à moitié, n’est-ce pas ? Tery, je te jure, la prochaine fois que tu as des invités, évite donc de dormir quelques minutes après leurs arrivées. »

« Je sais, je sais … maman … je suis vraiment désolé, tout le monde. Mais Elen semblait exténuée et … euh … enfin bref, quoi de nouveau ? »

« Nous pensions attendre Manelena pour le dire mais on dirait bien qu’elle ne compte pas revenir alors autant le déclarer maintenant, Tery. Alors bon, on va pas perdre plus de temps. Tery, les rebelles veulent Manelena comme reine. »

« … … … Attends un peu. » murmura le jeune homme après les paroles de Royan, venant s’adosser contre un mur avant de se frotter les yeux.

« Je sais que la nouvelle est un peu difficile à digérer mais … »

« Non, non, disons qu’il n’y a pas que ça, loin de là. Enfin, c’est un peu compliqué, il faut avouer. J’ai encore du mal à tout comprendre. Manelena, la princesse déchue de Shunter par son propre père, les rebelles la veulent comme reine ? Donc ils veulent créer une passation de pouvoir dans la monarchie ? Et euh … ils connaissent bien Manelena ? »

« Les rebelles sont en partie composés d’anciens soldats de l’armée de Shunter qui ont quitté cette dernière après les actes du roi et des généraux lors de la grande bataille entre les empires. Il n’y a rien d’étonnant alors à ce que Manelena leur serve de figure et d’exemple. Qu’on le veuille ou non, Manelena était quelqu’un d’emblématique dans l’armée. Encore plus lorsqu’ils ont pu voir son véritable visage et savoir ses origines. »

« Oui, maintenant que tu me le dis, ça semble plus que logique. »

Mais bon, ça ne changeait pas que visiblement, elle avait beaucoup de mal à digérer ça. Humpf, il allait devoir lui parler. Mais une voix féminine lui demanda de lever la tête, lui permettant de voir Elen par la fenêtre :

« Je descends tout de suite. Je ne savais pas que vous étiez dehors ! »

Qu’elle se dépêche alors au lieu qu’ils ne perdent trop de temps. Enfin, ce n’est pas comme s’ils étaient pressés non plus. Il ne fallait pas exagérer, enfin, pas trop ou plus que d’habitude mais bon, ça serait quand même pas mal par rapport à tout ça. Ils avaient beaucoup à faire dernièrement et donc parler de tout ça … permettrait d’y réfléchir plus que nécessaire.

« Me voilà, tout le monde. Bonjour. »

Il se tourna vers Elen, souriant en voyant l’une de ses mèches blondes rebelles qui pointait vers le ciel. En y réfléchissant bien, c’était peut-être ça qui l’avait attiré chez elle. Elle était naturelle … et puis sa chevelure un peu en bataille, à la garçonne, qui maintenant, se laissait poussée un peu sur le côté des oreilles. Oui, plus il la regardait, plus il l’aimait.

« Tu viens par-là, petite demoiselle ? »

« D’accord, mon grand monsieur. »

C’était un … peu bizarre en fait, quand il parlait comme ça. En fait, c’était même carrément très louche, il fallait le reconnaître. Mais bon, Elen ne vient pas se priver, allant s’asseoir sur lui tout en émettant un grand sourire candide.

« Et si nous reprenions la discussion ? » dit-elle ensuite, bien moins gênée qu’auparavant par la position sur Tery. Dire … qu’il aura fallu tellement de choses pour arriver à ce résultat. Mais bon, maintenant, tout cela était derrière eux.

« Hum … Cela me rappelle un peu ma jeunesse. » murmura la mère de Tery alors que celui-ci s’immobilisait sur place. Elle n’allait quand même pas parler de son père hein ? « Enfin bon, c’est une époque révolue. Continuez donc, Royan. Qu’est-ce que tu disais ? »

« Hein ? Euh … oh oui, par rapport aux rebelles, je … »

« Oh ! Visiblement, vous êtes tous déjà là ! Quelle bonne nouvelle ! »

Royant n’avait eu guère le temps de prendre la parole qu’une voix féminine s’adressait à eux. Tous les regards se tournèrent vers le couple qui avançait vers leur direction. Sérest et Séran étaient finalement de retour ? C’était une bonne nouvelle finalement.

« Qu’est-ce que vous racontez de beau sur les rebelles ? » reprit Sérest dans un grand sourire avant de murmurer : « Nous avons d’autres nouvelles à vous raconter de notre côté. »

Chapitre 7 : En quête d’informations

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : En quête d’informations

« TERY ! Tu as osé ?! »

« Il le fallait bien car tu ne l’aurais pas fait de ton côté. Désolé mais c’est ainsi. »

« Je vais vraiment te tuer et t’exterminer et … »

« Si tu fais ça, aucun de nous ne viendra t’aider. » coupa sèchement Elen en allant prendre le bras de son homme, celui-ci soupirant légèrement en écoutant Manelena.

« Tsss, faites comme vous voulez mais ne vous attendez pas à des remerciements de ma part, c’est compris ? J’ai bien mieux à faire ! »

« Nous nous en doutions pas le moins du monde toute façon. »

Une réplique assez cinglante de la part d’Elen et voilà que cela allait raviver quelques tensions. Néanmoins, vu qu’ils étaient tous chez la mère de Tery, celui-ci ayant voulu présenter le couple, il valait mieux s’abstenir de faire trop de bordel.

« Ici, vous obéissez à mes règles, compris ? Alors, je vais vous demander de vous calmer sinon, je serai obligée de le faire par mes propres méthodes. » déclara la mère de Tery après les propos d’Elen et Manelena. « Si j’ai compris, Tery, Manelena, vous restez ici tous les deux et je vous surveille. Pendant ce temps, vous autres, vous irez trouver des informations sur le roi de Shunter et aussi sur l’avis général, c’est bien cela ? »

« A peu de choses près sauf que Tery n’est pas obligé de rester avec Manelena. » marmonna Elen en regardant le jeune homme avec appréhension.

« Il le faut bien, Elen. Je serai inutile … et surtout en Shunter, je serai recherché. Je vois mal les rebelles nous donner des nouvelles si moi ou Manelena nous nous présentons à eux. »

« Je le sais bien mais … avec Manelena, je n’aime pas te laisser seul. »

« Si tu considères que je ne suis pas intéressé par cet imbécile, tu te fourres le doigt dans l’œil. » émit Manelena en grognant en même temps, déjà plus qu’agacée par les propos d’Elen. Les autres ne dirent rien, peu étonnés à force de ce petit spectacle habituel entre le trio. Pourtant, tous la regardèrent subitement, comme si quelque chose clochait dans ses propos. Elle s’écria « Qu’est-ce que j’ai dit ?! »

« Hum, passons outre cela, si vous le voulez bien. Il semblerait que parfois, certaines paroles sortent sans que l’on s’en rende compte. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire ?! Et pourquoi est-ce que tu l’on me regarde comme ça ? Tery, pourquoi est-ce que tu rougis aussi bêtement ? »

« Hahaha. A cet âge, on assume encore aussi difficilement ? » dit Sérest tout en ne pouvant s’empêcher de sourire face aux propos de Manelena, celle-ci étant toujours plongée dans l’incompréhension, sans avoir compris ce qui se passait. Après quelques secondes de réflexion, se répétant les mots dans sa tête, elle s’empourpra légèrement.

« Même pas en rêve ! Je pars me promener un peu ! »

La porte claqua sèchement, la mère de Tery fronçant les sourcils avant de sourire, chuchotant doucement bien que tous pouvaient l’entendre parler :

« Malgré le fait qu’elle soit une adulte, il semblerait qu’elle reste encore une adolescente. »

« Comment ça maman ? » demanda Tery avec étonnement.

« Oh, tu es encore un peu trop naïf de ton côté, je ne me vois pas perdre mon temps à t’expliquer cela, Tery. Loin de là. »

« Pourquoi j’ai l’impression que j’ai été insulté ? »

« Car c’est le cas, Tery. Car c’est le cas. » soupira sa mère une nouvelle fois avant de mettre une main sur son front pour se masser le dernier. Des fois, elle avait l’impression que son fils n’était pas totalement éveillé, ce qui pouvait être … problématique.

« J’avoue que je comprends rien à rien sur le coup. »

« Je m’en doute, Tery. Je m’en doute. Bon, laissez-le-moi, je pense que je vais l’enfermer dans sa chambre pour éviter qu’il ne se perde. »

Il y eut quelques rires alors qu’il vint rougir. MAMAN ! Elle exagérait ! Pas devant tout le monde ! Il grommela jusqu’à ce qu’Elen vienne l’embrasser, lui disant qu’elle se sentait plus confiante s’il restait non-loin de sa mère. Lui-même marmonna qu’il n’était pas motivé à ça mais s’exécuta quand même de son côté.

Il rentra dans sa chambre, venant se coucher sur le lit avant de fermer les yeux. Il prit une profonde respiration, attendant qu’ils partent tous, chose qui n’arriva pas de suite. Il entendit des bruits de pas venir jusqu’à lui, la voix d’Elen lui chuchotant :

« Nous revenons vite, d’accord ? Prends soin de toi … hum … je … mon amour. »

Il piqua un fard aux paroles d’Elen, rouvrant les yeux juste au moment où elle se penchait pour l’embrasser brièvement. Elle remarqua le regard de Tery, continuant le baiser pendant quelques secondes avant de reprendre :

« Je vais y aller. Je pense que cela prendra quand même quelques jours. Il faut aller questionner les environs. Je me déplacerai quand même avec le prince et les autres. Le couple n’aura qu’à aller se renseigner de leur côté. »

« Même s’ils sont avec nous … enfin de notre côté, il vaut mieux rester méfiant, oui. »

Il hocha la tête, chose assez ridicule dans la position dans laquelle il se trouvait. Il fronça un peu les sourcils, Elen l’embrassant sur la joue avant de quitter la chambre. Il referma les yeux, sans un mot, entendant la porte qui s’ouvrait puis se refermait. Voilà, il n’allait pas revoir Elen pendant quelques jours. Auparavant, il aurait réussi à s’y faire mais là … vraiment pas. Mais vraiment pas du tout même. Elle lui manquait déjà énormément.

« Tery ? Tery ? Est-ce que tu dors ? » demanda la voix de sa mère avant de rentrer dans la chambre. Il garda ses yeux clos, ne répondant pas. « Je vois, il est vrai que tu dois être exténué. Autant te laisser te reposer. »
Oui, surement ça. Il était … « fatigué », oui. Il plongea dans un léger sommeil, cherchant à trouver ce dernier sans y arriver. Puis finalement, il s’endormit, sans même se poser plus de questions. Lorsqu’il put rouvrir ses yeux, il faisait nuit.
Quel idiot. Dormir en pleine journée, voilà le résultat. Sa mère l’avait laissé dormir sans même lui poser plus de questions à ce sujet. Il se redressa dans son lit, gémissant un peu avant de regarder devant lui. Humpf … Vraiment …

« J’aime pas ça du tout. Et j’ai un peu faim. »

Il se leva, quittant sa chambre avant de descendre les escaliers. Il observa la cuisine, il n’y avait personne, bien entendu Pourquoi il y aurait eu quelqu’un ? D’ailleurs, est-ce que Manelena était rentrée ou non ? Il n’avait aucune nouvelle d’elle, ça ne le rassurait pas.

« Hmm ? Y a quelqu’un ? »

Il s’était rapproché de la fenêtre de la cuisine. Il pouvait voir que la lune brillait dans le ciel. Vu qu’il était proche des montagnes, aucun souci de fumée et de nuage qui cachaient la belle vue étoilée qu’il avait. Vraiment …

« Tiens ? Ca ne serait pas … »

Manelena ? Installée sur un banc ? Elle ne dormait pas ? Il était quelle heure ? Il ne s’était pas posé la question, pas du tout. Il quitta la maisonnette, se dirigeant vers le banc, disant :

« Est-ce que la place est libre, mademoiselle Manelena ? »

« Arrête tes bêtises et viens t’asseoir au lieu. Tu es ici chez toi, je n’ai pas à te refuser ça. »

« Je m’en doute. » murmura le jeune homme, venant s’asseoir à côté d’elle. « Tu n’arrives pas à dormir non plus ? Je ne sais même pas quelle heure il est. »

« Aussi ? Tu plaisantes ? Tu es tombé comme une souche. Quand je suis rentré, ils étaient tous partis, sauf toi. J’ai mangé avec ta mère qui m’a fait passer un interrogatoire. »

« Tu comprends pourquoi je tenais si bien ta séance de torture à l’époque ? »

Il avait sourie en sa direction, Manelena le regardant pendant quelques instants avant de tourner légèrement le visage, un léger sourire peint sur ses lèvres avant de dire :

« Je le vois parfaitement. Avec une telle mère, ça parait presque normal. »

Il évita de la prévenir qu’elle avait un joli sourire, il ne voulait pas la mettre en colère. C’est surtout que c’était si rare de la voir ainsi, il ne voulait pas l’embêter avec ça. Il poussa un petit soupir avant de s’étirer longuement, reprenant la parole après quelques instants :

« Mais c’est ma mère et je l’aime comme elle est. Tu aurais dû la voir y a quelques années, juste avant que je fasse ma fugue, elle était énorme ! »

« Tery, même si je n’accorde pas vraiment d’importance au physique vu le mien, il n’est pas vraiment conseillé d’insulter le physique de sa mère devant une autre femme. »

« En vue du tien ? Tu es très bien physiquement, Manelena. »

« Ah … tu étais obligé de dire ça, n’est-ce pas ? »

« Si je le pense, je préfère ne pas cacher la vérité, Manelena. Mais ça, tu dois te douter que je pense ainsi de toi depuis des mois. Ce n’est pas nouveau et c’est même une raison de la jalousie d’Elen envers toi. Même si elle se fait des idées. »

Il ne lui parlait pas de son petit comportement de la journée, ni même de la scène où elle avait quitté la maison avec rage. Elen était tout pour lui … ou presque. Il y avait un petit coin secret, qu’il gardait scellé de tous les côtés pour que nul ne le découvre.

« Elle se fait des idées, elle se fait des idées, on ne fait jamais rien pour éviter qu’elle ne s’en fasse aussi hein ? Je tiens à le signaler. »

« Je me doutes mais tu sais aussi bien que moi qu’elle est parfois … très têtue. »

« Et pas qu’un peu. Il n’y a pas que ça, loin de là. Ah … Je vous jure, les femmes de nos jours. Vraiment, elle est une belle source d’ennuis, tu le sais ? »

« Euh, nous sommes tous les deux plutôt doués dans ce domaine. Enfin, surtout moi, Manelena, donc je vais éviter de juger Elen là-dessus. »

« C’est vrai, c’est vrai. Tery Vanian, l’homme qui s’est mis à dos les cinq royaumes et les créatures légendaires juste pour sauver la « princesse » de Shunter d’une mort horrible. »

Il allait dire que les créatures légendaires n’avaient aucun rapport avec elle mais bon, il se retint. Elle semblait un peu lasse ou fatiguée avec toute cette histoire. Il redirigea son regard vers le ciel étoilé, chuchotant après quelques secondes :

« Vraiment, c’est l’une des choses qui me manquaient le plus par ici. »

« Discuter avec la princesse de Shunter sur un banc ? Il t’en faut peu. »

« Y a de ça … mais aussi la vue que l’on peut avoir la nuit. » répondit Tery tout en rigolant, amusé par les propos de Manelena. Il avait l’impression qu’elle était un peu différente quand ils étaient seuls … mais surtout en pleine nuit, quand tout le monde dormait.
Comme si les défenses « naturelles » de la jeune femme aux cheveux argentés, habituées à être toujours en alerte, s’affaissaient la nuit tombée. Cela lui permettant alors de souffler un peu de son rôle de princesse, de maréchale, de femme qui était supérieure sur tous les points … enfin, cela dépendait du point de vue justement à ce sujet. Il poussa un petit soupir, une nouvelle fois, se demandant de quoi il pouvait discuter avec elle.

« Ces idiots. Ils sont prêts à tout pour venir nous aider, Tery. »

« Oui mais que veux-tu que je te dise, Manelena ? Ils t’apprécient, même si ce n’est pas réciproque de ta part en vue de la façon dont tu leur parles. »

« Tu sais parfaitement que ce n’est pas comme ça ! C’est juste … »

« Pas besoin d’en dire plus. Comme tu l’as déclaré, on sait bien ce qu’il en est. »

Il allait stopper une discussion embarrassante avec elle. Il cernait le caractère de la demoiselle depuis si longtemps maintenant qu’il pouvait la comprendre sans parler. Il resta immobile, sur le banc, se triturant les doigts avant de dire :

« On devrait peut-être rentrer, il commence à faire froid, non ? »

« Si ce n’est que ça, tu n’as qu’à te rapprocher. Que je sache, je ne mords pas. Mais tu gardes tes mains sur toi et il ne t’arrivera rien de mal. »

« Je ne pensais rien te faire. De toute façon, j’ai Elen et je ne suis pas assez fou ou téméraire pour tenter quoi que ce soit envers toi. »

« Tiens donc. » ironisa-t-elle alors qu’il se rapprochait, finissant par s’asseoir à côté d’elle. « Toi ? Pas assez fou et téméraire ? Est-ce que tu rigoles, Tery ? On parle quand même de la personne qui a décidé de tout sacrifier pour éviter que je ne meure. Donc bon, niveau folie et témérité, je crois que tu as un quota assez important. »

« C’était sur le moment et bon … je ne regrette pas mon choix. »

« AH ! Il ne manquerait plus que ça soit le cas, Tery. Cela aurait voulu dire que tu me hais et que tu préférais m’avoir morte plutôt qu’à tes côtés, c’est bien ça ? »

« Oui mais comme ce n’est pas le cas et que c’est tout le contraire, Manelena … »

« Tout le contraire ? Humpf. Oui. Peut-être. »

Elle ne cherchait pas à prétendre le contraire. Il était sûrement trop tard pour ça. Après quelques instants, elle finit par se lever, s’étirant longuement alors que Tery détournait la tête, un peu gêné en évitant de la regarder.

Car oui, il était quand même avec Elen et il avait du self-control. Il poussa un petit soupir avant de se relever à son tour, se demandant ce qu’ils allaient faire. Elle fit un geste de la tête, lui signalant par là qu’elle voulait marcher. Vu l’heure, il n’était pas sûr que ça soit la meilleure chose à faire mais elle lui dit :

« Faisons une promenade. Comme ça, ça me fatigue. »

« Euh … oui, bon … d’accord hein ? J’ai rien contre, je dois t’avouer. Si tu penses que c’est le mieux, alors ça doit l’être. Allons-y sans plus perdre de temps. Mais quand même, il est assez tard, tu n’as pas un peu froid, Manelena, tu es sûre ? »

« Tu ne crois quand même pas que je vais aller dans tes bras non plus hein ? Tu te fais des illusions, Tery. Je ne suis pas comme ça et je ne le serai jamais, compris ? »

« Pourquoi est-ce que l’on pense tout de suite à mal dès que je propose une chose comme ça ? J’aimerai bien le savoir. »

« Car tu es un homme, je suis une femme. Tu es un homme avec une compagne, je suis une femme sans aucune attache avec le sexe opposé. Si tu n’arrives vraiment pas à comprendre ça, je ne peux plus rien du tout pour toi. Je n’ai pas de temps à perdre. »

« Je le comprends, je le comprends. Ne t’énerve donc pas, Manelena. Bon, je veux bien que l’on se promène et que l’on fasse ce que tu veux. »

Qu’il fasse attention surtout à ce qu’il disait. Ce genre de propos n’était vraiment pas à prendre à la légère. Pourtant, il continua de lui sourire, comme si de rien n’était alors qu’elle poussait un profond soupir désespéré. C’était ça le problème avec lui ! C’était ça !

« Brrr … Vraiment, je trouve qu’il ne fait pas super chaud hein ? »

« Arrête de te plaindre un peu, Tery ! Tu es légèrement fatiguant sur les bords, là ! »

« Roh … ce n’est pas le but de notre marche ? » dit Tery tout en rigolant légèrement de cette blague plus que douteuse. Manelena s’arrêta, se positionnant en face de lui jusqu’à rapprocher son visage près du sien. Il perdit son sourire, déglutissant avant qu’elle ne dise :

« Ne joue donc pas trop au petit malin avec moi Tery. Tu sais que tu perds. »

« Ah ça ? Je préfère jouer que gagner hein ? »

Elle colla son front contre le sien. Oups, il avait peut-être exagéré avec la jeune femme aux cheveux argentés surtout … quand elle était aussi proche de lui. Surtout quand elle était bien plus grande que lui. Ohlala … que vous avez de belles lèvres, Manelena.

« Sauf que dans la vie, si tu perds, tu meures. Ne l’oublie jamais, Tery. »

« Non, ce n’est pas la vie, ça, c’est la guerre. Si tu perds dans la vie, tu peux avoir des personnes proches qui t’aident à te relever si tu tombes. C’est pour ça que je serai là pour toi dans ces moments précis. A toi de ne pas l’oublier. »

Son front le repoussa légèrement de quelques centimètres, leurs lèvres étant proches, jusqu’à ce qu’elle souffle sur un ton légèrement agacé par les propos de Tery :

« Tsss … Imbécile. N’essaie donc pas de me faire la morale, ça ne marche pas comme ça. »

« Je ne te fais pas la morale, je tente juste de te rassurer »

Elle lui donna un petit coup de tête, le faisant gémir de douleur. Ce n’était pas comme ça qu’il allait trouver le sommeil à cette allure, aie, aie, aie. Il se frotta le crâne, allant rejoindre Manelena qui avait décidé de s’éloigner pour la petite balade à deux en pleine nuit.
Les minutes s’écoulèrent, Tery saluant deux gardes de la milice qui lui demandaient ce qu’il faisait cette heure tardive avec Manelena. Il expliqua que c’était juste une promenade pour trouver le sommeil, les hommes les laissant tranquille ensuite.

« Tu vois ? Ce n’est pas mieux, Tery ? »

« Façon de parler … façon de parler … pfiou … »

« Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il y a encore ? »

« Disons que faire de la marche sur une pente de la sorte, ce n’est pas vraiment ce que j’estime être bon alors que nous sommes en pleine nuit hein ? »

« Toujours à te plaindre, Tery. Toujours à te plaindre, profites un peu de tout ça au lieu ! » s’exclama-t-elle alors qu’il avait un petit sourire forcé.

Ce n’était pas si facile à expliquer hein mais l’entendre dire ça alors qu’elle se plaignait le plus souvent, c’était assez ironique en soi.

Mais bon, il n’était pas là pour s’énerver. Et surtout pour l’énerver. Il termina de la suivre, arrivant jusqu’au sommet du petit mont où elle avait voulu l’emmener pour s’asseoir une dizaine de minutes. Finalement, après ça, elle avait décidé qu’il était temps de rentrer. Tant mieux ! Dire qu’il s’était à peine levé pour aller retourner se coucher, ce n’était pas vraiment la meilleure chose à accomplir mais bon.

Finalement de retour à la maison, il regarda Manelena brièvement avant de l’embrasser sur les joues, lui souhaitant la bonne nuit. Elle fit de même de son côté, partant vers la chambre d’ami que la mère de Tery lui avait proposée.

Lorsqu’il se recoucha, il cligna des yeux plusieurs fois, comprenant finalement ce qui venait de se produire. Il passa sa main sur sa joue, cherchant encore à trouver une explication rationnelle à tout cela. Mais bon, finalement, il ne se compliqua pas plus l’existence.

« C’est juste une très bonne nuit, rien de plus, rien de moins, voilà tout. »

C’était aussi simple que ça et des fois, il ne fallait pas se poser plus de questions sur le sujet. Il referma les yeux, cherchant un sommeil réparateur qui ne tarda pas à se faire omniprésent en lui. Il avait … vraiment besoin de se reposer.

« Coucou, Manelena. Tu as bien dormi, »

« Hum ? Comme un loir, rien de plus, rien de moins hein ? Cela m’a fait du bien. »

« Je me doute, je me doute… Enfin bon, une fois mais pas deux. »

Elle haussa les épaules alors que lui-même ne disait plus rien, profitant de prendre son petit-déjeuner en sa compagnie. Sa mère n’avait rien dit sur leur discussion alors qu’il se murmurait à lui-même que cela sera moins difficile que prévu de passer quelques jours avec elle. Cela pourrait même être plutôt bien au final. Très bien … oui.

Chapitre 6 : Le trône de Shunter

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Le trône de Shunter

« Non, non et non ! Je ne veux pas d’eux. »

« Manelena, je sais parfaitement que cela t’agace mais plus nous serons de personnes, mieux nous pourrons combattre les créatures légendaires. »

« Combattre les créatures légendaires ? T’écoute ce que tu dis ? Tu as envie de les affronter encore une fois, c’est ça ? Je pensais que tu voulais discuter avec eux ! »

« Je pensais discuter avec eux d’abord mais après deux échecs, tu me permets de douter de la légitimité d’une telle action, non ? »

« Tsss … Oui, c’est vrai aussi. Ce n’est pas forcément la meilleure des choses avec ce qui s’est passé à côté, je vous jure. Et zut, fais ce que tu veux, j’en ai strictement rien à foutre ! » déclara Manelena, visiblement plus agacée par autre chose que par cette histoire. Il allait devoir voir avec elle … enfin discuter à deux.

« Manelena ? Ne t’éloigne pas trop quand même. Il faut que l’on discute tous ensemble. »

« J’ai bien déclaré que j’en avais rien à foutre ! Je vais pas me répéter, bordel ! »

Vraiment … Quand il l’entendait, il était désolé mais il ne voyait pas le côté princesse de l’ancienne maréchale de Shunter. Il poussa un soupir, reprenant la parole avec lenteur :

« Bon … et vous autres ? Elen ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Ca ferait encore plus de personnes dans notre groupe … et je t’avoue que … je les trouve un peu bizarres entre nous mais ils n’ont pas l’air dangereux. »

« Clari ? » dit Tery, se tournant vers l’autre femme aux couettes blondes, celle-ci haussant les épaules avant de dire avec une pointe d’amusement :

« Plus on est de fous, plus on rit, non ? Et si vraiment, c’est problématique, on pourra résoudre cela d’une certaine manière ou leur dire de partir. Je ne suis pas asociale comme Manelena donc ça ne me dérange pas. »

« Royan, maintenant ? Qu’est-ce que tu en penses ? Toi qui a l’habitude pouvoir juger les personnes de loin en tant que prince de Traslord. »

« Hum ? Je dois vraiment parler ? Bon, de mon côté, je ne les connais pas assez pour les juger … donc je ne leur fais pas confiance. A voir sur la durée et plus tard alors. »

« Je prends ça pour un oui. Et toi ? Elise ? Tu es la dernière, désolé … »

« Il n’y a pas de quoi. De ce que je peux voir, en tant que … serveuse, je dirai qu’ils sont très enjoués et souriants. C’est le genre de personnes qui sont tout ou rien. Soit elles manipulent parfaitement les autres avec leurs sourires … soit ce sont de bons vivants. Je préfère toujours juger par rapport au second qu’au premier, si je peux me permettre de dire cela. Donc pour ma part, ils ne me posent aucun problème et je pense qu’on peut les avoir avec nous. »

« Merci beaucoup, Elise. Bref, majoritairement, c’est positif et … »

« Et toi, Tery ? Tu n’as pas réellement donné ton avis. » dit Elen en s’approchant de lui, prenant doucement sa main avec une certaine tendresse.

« Hein ? Moi ? Hum … Je ne pense pas que ça soit très intéressant. Le mieux est quand même d’avoir les vôtres, je trouve ça plus normal en un sens. Mais ne t’en fait pas, ce n’est pas bien grave ou important en fin de compte hein ? Pas du tout même. »

« Si si ! Donne-le au lieu ! Ne fait pas ton timide, Tery ! » déclara avec amusement Clari.

« Vous voulez vraiment savoir ? Je trouve ça étrange et suspect. Je sais bien qu’ils n’ont aucune intention mauvaise … mais je ne sais pas … j’ai comme un certain malaise en les voyant. J’ai l’impression qu’ils ne sont pas … « réels » ? Enfin, que ce ne sont pas eux, juste des petites poupées ou autres à qui on a donné vie. En clair, que ce sont des golems sans réelle motivation et fonction. C’est bête non ? Comme s’ils ne vivaient pour rien. »

« C’est étrange ce que tu dis … mais donc … tu es d’accord ou non ? »

« Je ne sais pas du tout, Elen. Je dirai que oui. »

Manelena s’était rapprochée à nouveau du groupe, regardant Tery longuement, comme pour l’étudier. Celui-ci était fixe et immobile, n’osant plus bouger. C’était bête ce qu’il venait de dire, il le savait parfaitement mais bon … au moins, il avait bien répondu à la question non ?

« Alors, c’est décidé, ils vont venir avec nous, comme ça, ça sera fait ! »

Si c’était aussi simple ? Mais bon, pourquoi pas ? Il hocha la tête positivement, Manelena s’éloignant à nouveau alors que Tery commençait à faire quelques pas, disant à Elen :

« Je vais voir ce qui cloche avec Manelena au cas où. Ne bougez pas de là ou retourner à l’intérieur, mais ne donnez pas encore la réponse. Ils n’ont pas besoin de savoir. »

C’était quand même compliqué quand il s’exprimait autant de la sorte, non ? Mais bref, il fonça vers Manelena, arrivant à sa hauteur avant de se mettre à discuter :

« Tu en penses quoi de mon choix, Manelena ? »

« Je n’ai pas à décider. De toute façon, j’ai beaucoup mieux à faire que de palabrer à ce sujet. Si tu veux bien me lâcher et … »

« Qu’est-ce que tu veux faire, Manelena ? »

… … … Il se moquait d’elle, n’est-ce pas ? Elle se tourna vers lui, le regardant longuement pour voir s’il plaisantait ou pas. Elle fronça les sourcils pendant quelques instants. Pfff … Bon, elle n’avait rien de mieux à faire de toute façon.

« Bon, tu me lâches un peu, Tery ? J’aimerai être tranquille et ne pas t’avoir sur mon dos si c’est possible hein ? J’ai bien mieux à faire de mes journées, de toute façon. »

« Oui mais non, dis-moi plutôt ce qui ne va pas ? Je sais bien que tu n’apprécies pas ce couple … depuis le départ, même si ça me rappelle quelques souvenirs mais bon, quand même, à part ça ? Tu es sûre que ça va bien ? Ou non ? »

« Je pense à autre chose qu’à deux imbéciles amoureux, Tery ! J’ai mieux à faire ! »

Elle se répétait et était agacée. Mais bon … cela ne changeait en rien le caractère qu’elle affichait actuellement au jeune homme, celui-ci restant pleinement stoïque par rapport à tout ça. Il cligna des yeux plusieurs fois, attendant qu’elle termine avant de dire :

« Manelena … Dis-moi alors ce qui te pose problème, cela sera bien mieux. »

« Pourquoi est-ce que je t’en parlerai hein ? Qu’est-ce qui te rendrait si différent des autres ? »

« Rien du tout. A part que je veux t’aider … et que tu me fais confiance, n’est-ce pas ? » demanda calmement Tery, reprenant la parole : « Je veux juste t’aider. »

« Et où est-ce que tu penserais m’aider ? Dans quel domaine exactement ? Si tu le trouves, j’envisagerai de voir si c’est possible ou non. »

« Cela concerne tout simplement ton père … et le royaume … ainsi que les rebelles. A quoi est-ce que tu penses exactement, tu veux bien me le dire ? »

« Tu as visé juste, ça en est presque étonnant. » chuchota Manelena avec un ton agacé par la situation et le fait que Tery avait trouvé facilement son problème.

« Bref, qu’est-ce que je peux faire avec toi ? »

« Rien du tout, maintenant que tu sais le problème, tu n’es pas forcé de m’aider, compris ? » déclara Manelena avec énervement comme à son habitude.

« Et comme je ne suis pas forcé, ça sera donc avec un grand plaisir, Manelena. Viens, on va en parler tous les deux. Je pense que les autres n’ont pas forcément besoin de nous. »

« Hum ? Et tu crois qu’elle ne va rien dire, Elen ? Tu es en train de blaguer, n’est-ce pas ? »

« Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. Je pense que maintenant, elle a terminé d’être jalouse. C’est passé de mode, si je peux dire ça comme ça. »

« Passé de mode ? Tu te fous de moi ? Tu sais que je déteste que l’on plaisante à ce sujet. »

« Et est-ce que j’ai l’air de plaisanter ? Tu restes toujours aussi agressive, qu’importe le temps qui passe entre nous. Je me demande si tu changes ou non … enfin, si tu changeras. »

« Et tu crois vraiment que ça m’intéresse ce que tu dis ? »

Pas le moins du monde. Il poussa un profond soupir désabusé, montrant bien pas là qu’il était toujours aussi las et exténué d’écouter la femme aux cheveux argentés. Pourtant, il fit un petit sourire jusqu’à ce qu’il se prenne une baffe de sa part, Manelena disant :

« Et tu te moques réellement de moi ?! Perd ce sourire, Tery ! »

« Je ne le perdrai pas tant que je ne saurai pas ce que je peux faire pour toi. Par contre, évite de trop me frapper, je crois bien qu’Elen n’apprécierait pas vraiment ça. »

« Qu’est-ce que j’en ai à faire d’Elen ? Je suis libre de faire ce que je veux ! Si je veux te cogner, je te cognerai. Rien ne m’en empêchera, compris ? »

Oui, oui, c’était bien de ça dont il parlait. Il haussa les épaules doucement, ne disant plus un mot alors que Manelena le regardait. Après plusieurs secondes, elle décida de s’asseoir sur un banc, Tery faisant de même, attendant sagement.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Tery hein ? Mon père est en danger, je le hais, surtout pour tout ce qu’il a fait. Pour tout. Et toi, tu comprends parfaitement comment on peut haïr son paternel … mais il est encore en vie contrairement au tien. »

« Et c’est aussi la seule famille qui te reste, n’est-ce pas ? » murmura doucement le jeune homme aux cheveux bruns, Manelena ne répondant pas à cela.

« Alors, si une bande de rebelles s’en mêle, je vais devoir aller les cogner. Je ne compte pas rester avec vous, ça ne vous concerne pas le moins du monde, Tery. »

« Ah bon ? Et depuis quand ? Y a toute une armée qui veut ma mort mais à côté … enfin … y a un peu plus que le fait que ton père soit le roi et les rebelles, non ? »

Il avait eu une sinistre idée … mais il n’osait pas en parler. Voyant le regard un peu inquiet de Tery, Manelena le fixa un long moment avant de tapoter le sommet de son crâne, disant :

« Je pense que tu vois ce que je compte faire. Même si tu es particulièrement stupide, pour ce genre de choses, tu as toujours réussi à savoir ce dont je parlais. »

« J’aurai aimé que ça ne … soit pas ça … mais … Manelena, est-ce que tu comptes devenir … reine de Shunter ? » chuchota Tery pour que personne ne l’entende.

« C’est le cas, est-ce que ça cause un problème ? »

« Pas du tout, pas du tout … enfin … juste un. Tu ne seras plus avec nous. »

Elle leva un sourcil, un peu étonnée de la remarque de Tery avant de soupirer. Pourquoi est-ce qu’elle s’était doutée d’une telle réponse de sa part ? Elle murmura :

« Et alors ? Être reine ne m’empêchera pas de partir quand je le désire … mais si … je veux qu’il vive, je dois empêcher la rébellion de détruire Shunter. »

« Est-ce que … tu as besoin d’aide ? Peut-être que la rébellion a des informations ? »

« Je ne sais pas, je n’ai aucune information à ce sujet. Et je suis pieds et mains liés, je n’ai que la possibilité d’interroger des rebelles mais … comment est-ce que je suis censée trouver ce genre d’informations ? Dans ce village, je n’ai rien du tout. Rien du tout, oui. »

« Sois patiente, je pense qu’il faut en parler avec les autres … sauf Sérest et Séran bien entendu. Eux, ils n’ont pas à être au courant de tout ça. »

« Je l’espère bien, c’est personnel ! Et les autres aussi ne devraient pas être au courant ! »

« Euh, pourquoi ça ? Autant pour Clari, je me doute qu’avec sa grande bouche, il vaut mieux éviter, autant Elen et les autres, je … »

« Je n’ai pas envie, c’est tout. C’est personnel, ça ne les regarde pas et je n’en ai pas envie. Compris, Tery ? Je ne veux surtout pas que ça sorte d’ici. »

« Manelena, ils sont là depuis des mois voire des années pour certains. Arrête de te renfrogner et accepte l’aide qu’ils t’offrent, voilà tout. Je suis sûr que si nous travaillons tous ensemble, on peut se renseigner pour avoir des informations pour les rebelles. En fait, ce sont même eux qui vont nous aider à ça, voilà tout. »

« Nous aider ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu racontes, Tery ? Je ne veux pas d’aide de leur part hein ? Qu’ils restent là où ils sont ! »

« Non, il faut qu’ils nous aident … car sinon … nous aurons de gros problèmes. Les gens ne nous feront pas confiance. Nous sommes bien connus par rapport aux autres. »

« C’est vrai … Grrr … Bon, je verrai plus tard. Ça peut attendre demain. » murmura la femme aux cheveux argentés avant de s’éloigner. Tery fit un mouvement vers elle mais s’arrêta. Il valait mieux la laisser vraiment seule de toute façon. Pourquoi est-ce qu’elle ne faisait pas confiance aux autres ? Cela allait la perdre à force … la perdre terriblement.
« Alors ? De quoi est-ce que tu discutais, Tery ? »

« De quelque chose dont elle vous parlera normalement, enfin, je l’espère pour elle. » murmura doucement le jeune homme aux cheveux bruns, regardant Elen qui lui avait posé cette question. Ce n’était pas à lui d’y répondre.

« D’accord, d’accord. Tu sais que je n’aime pas beaucoup les secrets. »

Il le sait parfaitement même si au départ, entre eux, ce n’était que ça hein ? Bon, tout avait changé au fil du temps pour devenir plus fort, plus intense. Pour toute réponse, il emmena Elen contre lui et l’embrassa doucement, la stoppant dans ses paroles.

« Hey, il y a des auberges pour ça, les tourtereaux ! »

« Désolé Clari, une envie soudaine. » répondit le jeune homme tout en émettant un petit sourire à l’attention de la femme aux couettes blondes. Celle-ci fit un petit soupir amusé, les mains sur les hanches avant de reprendre la parole :

« Pas grave, pas grave. Puis bon, par contre, on ne poursuit pas Manelena ? »

« Non non, elle viendra vers nous lorsque ça sera le bon moment. Ca ne sert à rien de forcer les gens s’ils ne désirent pas qu’on leur vient en aide. Voilà tout. »

Il haussa les épaules après les dernières paroles qu’il venait de dire. Il ne cherchait pas querelle, loin de là … juste que bon … c’était un peu lassant, il devait se l’avouer. Après, c’était devenu une telle habitude qu’il préférait tout simplement se dédouaner de tout ça.

« Retournons leur dire qu’on veut bien qu’ils rejoignent la troupe. Normalement, on devrait avoir quelques informations de leur part. Enfin, il vaut mieux pour eux. »

« Car sinon, ils ne restent pas avec nous, c’est bien ça ? »

« C’est à peu près ça, oui, Elise. Je ne veux pas que l’on fasse tout ça pour rien, je dois t’avouer. Je trouverai ça déplaisant. »

« D’accord, d’accord, Tery ! D’accord, c’est bien compris. »

Hmm ? Quand elle parlait comme ça, il n’était pas sûr si Elise se moquait de lui ou non. Mais bon, il n’y avait pas que ça, loin de là. Ah … bon … Il était un peu fatigué avec tout ça. En fait, il se fatiguait rapidement ces derniers temps. Trop d’effort ? Ou alors, c’était l’effet de dormir avec Elen … qui l’épuisait plus que nécessairement ? Hum ?

« Pourquoi est-ce que tu me regardes ainsi, Tery ? »

« Car tu es jolie, Elen. Je n’y suis pas autorisé ? »

« Hmm … D’accord, d’accord même si tu es toujours étrange quand tu parles de la sorte. »

Etrange ? C’est vrai. Parfois, il parle ainsi. Il était comme ça ! Il émit un petit rire avant qu’ils ne retournèrent tous dans l’auberge. Là-bas, Sérest et Séran n’avaient pas bougé, s’étant juste commandé à manger et à boire en les attendant. La femme aux cheveux noirs se tourna vers Tery, demandant dans un sourire :

« Alors ? Quelle est votre réponse à notre égard ? Positive ou négative ? Pardonnez-nous mais nous avions un petit creux donc nous avons préféré manger. »

« Pas de problèmes. Je tenais juste à vous dire que nous avions décidé que vous pouviez nous rejoindre. Enfin, qu’il n’y a aucun problème à cela. »

« Oh, enfin une bonne nouvelle, n’est-ce pas, Séran ? »

« C’est le cas. Nous pourrons alors parler plus longuement de la créature légendaire qui sévit dans le royaume de Shunter. Je pense que vous connaissez son nom ? »

OH ! Hum … Ca remontait à quelques années … mais avec le Léviathan et le Phénix, les souvenirs étaient plus rapides et il s’écria rapidement :

« Onyr, n’est-ce pas ? C’est bien son nom si je ne me trompe pas ? »

« C’est le cas. Visiblement, tu es très vivace par rapport à ça. Nous avons quelques informations à son sujet, si tu le désires. Elles peuvent t’être utiles, suivant ce que tu comptes faire bien que nous savons tous que ça ne sera pas possible de dialoguer avec Onyr. »

« Je m’en doute, je ne suis pas stupide … mais bon, j’aurai aimé que ça soit le cas, néanmoins. Enfin bon, on ne peut pas tout avoir dans la vie. »

« C’est exact bien que ta phrase fut dite sous un ton un peu condescendant. »

Ce n’était pas vraiment le but recherché. Il jeta quelques regards furtifs vers l’entrée de l’auberge. Manelena ne semblait pas vouloir revenir. Grmbl … Ce n’était pas quelque chose qui le plaisait, pas du tout. Il n’aimait pas vraiment ça … le fait de la laisser ainsi, toute seule. Elle était quand même la princesse de Shunter et bon nombre de personne voudraient l’importuner. Néanmoins, elle était forte, diablement forte et il ne pouvait pas l’oublier.

« Qu’est-ce que tu fais, Tery ? » demanda Royan, remarquant ses regards insistants en arrière avant de reprendre : « Elle ne reviendra pas pour le moment. »

« Je m’en doute, je m’en doute … mais bon, je peux toujours espérer, n’est-ce pas ? »

« Tu le peux. Rien ne t’en empêche. Du moins, pas moi. »

Royan haussa les épaules pour montrer sa parfaite indifférence. C’est vrai … de toute façon, qui aimait réellement Manelena dans le groupe ? Enfin, l’appréciait ? A part lui, il n’était pas sûr que les autres pouvaient la comprendre. Peut-être Clari ? Clari était juste une femme très spéciale, vraiment très spéciale. Difficile de savoir ce qu’elle avait en tête.

Il n’était pas convaincu que … cela se passe ainsi. Enfin, que Manelena s’emporte et aille de son côté. Il n’était pas motivé à ce qu’elle s’éloigne. Il n’avait pas fait tout ça pour qu’elle parte. Mais il comprenait … ce qu’elle désirait. Même en haïssant son père au plus profond de son âme, cela restait son père. Et dans le fond … est-ce que cela allait créer quelques problèmes par rapport aux lignes d’Alzar ?

« Tery ? Tery ? TERY ! TERY ! »

« Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? » bredouilla le jeune homme, regardant autour de lui avec un peu d’étonnement avant de comprendre qu’Elen s’adressait à lui.

« Où est-ce que tu étais encore parti hein ? Vraiment … rester sur place sans même bouger. Tu déranges les autres personnes, viens par-là ! »

Elle lui prit le bras, le forçant à la suivre alors qu’elle poussait une chaise pour qu’il puisse s’y asseoir. Il regarda à nouveau l’entrée mais rien à faire : Manelena n’était pas là. Il prit une profonde respiration, se décidant finalement à ne plus s’en préoccuper.

« Mangeons donc un peu. Ce n’est pas le repas de ma mère mais ça ne peut pas nous faire de mal non plus … sauf quand elle apprendra que l’on a mangé ici mais je m’en occuperai. »

Chapitre 5 : Simplement le destin

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Simplement le destin

« Tery ? Hum …Euh … j’ai un peu de mal à dormir, je t’avoue. »

« Je sais bien que c’est un peu serré, pardon mais … j’ai préféré laisser la chambre à ma mère. Nous n’en avions que trois mais ils ont tous préféré aller à l’auberge. Ça te convient quand même ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns en regardant Elen dans ses bras.

« Bien sûr que oui ! Et … puis … comme ça, j’ai l’impression que tout est officiel. »

Ils étaient dans le lit de Tery, un lit qu’il n’avait pas pu honorer de sa présence depuis tellement de temps. Sauf que cette fois-ci, il n’était pas seul, le lit était trop petit pour deux personnes … et Elen était logée sur lui, dans ses bras. D’ailleurs, le fait de dormir chez lui, avec la femme de sa vie dans ses bras, cela lui donnait des idées … des plus saugrenues.

« Hiii ! Tery ! Qu’est-ce que tu fais à te frotter comme ça ? Tu … Oh … Euh … » commença à dire la jeune femme aux cheveux blonds, rougissant violemment. « Tery, nous sommes chez … ta mère. Je ne crois pas que … ça soit une bonne idée. »

« Et si je te fais taire avec un baiser, est-ce que ça marchera, tu crois ? »

« Si ce baiser dure aussi longtemps que les idées que tu as en tête pour me faire taire, je crois que je … enfin nous pouvons essayer. »

Il eut un petit rire tendre avant de chercher ses lèvres pour y coller les sienne, ses mains glissant sous les couvertures, venant caresser la femme qui était dans ses bras. Celle-ci ne fut pas en reste, déposant bon nombre de baiser sur le visage du jeune homme, son cou et ses épaules. Rapidement, les habits tombèrent au sol alors que Tery se retournait, se retrouvant sur Elen pour la contempler.

« J’espère juste qu’après toutes ces années, mon lit … ne fera pas trop de bruit. »

« Euh … oh … je crois avoir compris. »

Elle eut un petit rire tendre avant de le laisser faire, passant ses bras autour de lui pour qu’il puisse l’aimer de tout son être et toute son âme. Elle se retint de gémir, ses petits cris s’étouffant grâce aux lèvres de Tery collées sur les siennes.

Une heure plus tard, les deux personnes étaient en sueur, Elen la tête posée sur le torse de Tery. Celui-ci avait lui-même sa main droite collée sur le dos de la jeune femme, pour mieux la garder auprès de soi avant de dire :

« C’était … meilleur que les autres fois. Tu crois qu’il y a une raison ? »

« Outre le fait que toi et moi, nous commençons à cerner ce qui fait tellement plaisir à l’autre ? Je dirai … peut-être le fait que nous soyons chez toi ? Cela … peut être excitant. »

C’est vrai. C’est vrai. Surement ça. Il glissa une main sous la couette pour caresser Elen, celle-ci rigolant en lui disant qu’elle était fatiguée. Lui-même l’était mais … il voulait juste la sentir encore mieux contre lui. Ils finirent par s’endormir tous les deux après quelques temps.

Le lendemain matin, la mère de Tery ne posa pas de questions, les regardant justement brièvement tout en leur servant à déjeuner. Après quelques secondes à les voir manger l’un à côté de l’autre, elle demanda :

« Qu’est-ce que vous comptez faire de vos journées maintenant ? »

« Hein ? Euh … Nous reposer un peu même si … avec les problèmes du royaume, il vaut mieux que nous ne restions pas trop près de toi, maman, car ça risque d’être très dangereux. »

« BAH ! Qu’est-ce que cela m’importe ! Les soldats peuvent venir, je ne parlerai pas. Par contre, Tery, bizarrement, les lettres que tu m’envoyais provenaient toujours d’Omnosmos. Comment cela est possible ? Tu ne me les envoyais pas directement ? »

« Ah non non ! J’ai trouvé deux personnes très agréables à Omnosmos qui m’ont aidé pour ça. Elles servent d’intermédiaires et ça permet alors d’éviter que les soldats remontent jusqu’à moi, maman ! Ils sont vraiment très sympathiques, je te le promets. »

« Hum ? Et quels sont leurs noms ? Vraiment, Tery, tu fais confiance trop facilement. »

« Je préfère ça que de ne faire confiance à personne, maman. Euh … Alors, leurs noms ? Monsieur Périk et madame Jésiana, ce sont de vieilles personnes qui dirigent la bibliothèque d’Omnosmos. Ils ont d’énormes livres ! C’est super impressionnant ! »

« Je me doute, je me doute. Bref, d’accord. Si ce sont de vieilles personnes, tant mieux si tu leur fais confiance. Finis de manger et va donc te balader avec tes amis. »

« HEY ! Maman ! Ne me parle pas comme ça ! Ça donne l’impression que je ne suis qu’un gamin ! Je n’aime pas ça du tout ! Pas du tout ! »

« Hahaha ! Merci beaucoup madame Vanian. Nous allons y aller, Tery et moi. Allez, viens par-là, Tery. Ne perdons pas plus de temps. »

Elen s’était levée, récupérant la main de Tery pour qu’il se lève à son tour. Les deux jeunes gens saluèrent la mère de Tery, remerciant pour le petit-déjeuner avant de quitter la maisonnée. Lorsqu’ils firent quelques pas pour descendre au village, Manelena était adossée à une barrière, les bras croisés au niveau de sa poitrine.

« On fait la grasse matinée car on sent qu’on est chez soi ? Tsss. »

« Non, juste que je pensais que ça serait une bonne chose. Et toi ? Comment ça s’est passé ta première journée au calme ? Sans personne pour t’embêter ? »

« Tu rigoles, j’espère ? J’ai eu le droit à Clari qui m’a emmer… embêtée toute la soirée ! Ne commence déjà pas à me prendre la tête avec ça ! »

« Je ne te prend pas la tête. Mais je vois … tu as dû essayer de dormir avec Clari plutôt car elle est du genre très loquace pendant la nuit. » déclara Tery en soupirant, amusé.

« Et pas qu’un peu, elle parle, elle parle … et elle arrive ! » dit Elen en venant saluer Clari d’un geste de la main, Manelena soupirant à son tour mais de dépit.

« J’espère qu’elle ne va pas parler de nos discussions d’hier. » souffla-t-elle.

« AH ! Tery ! On parlait de toi hier, avec Manelena. » déclara la femme aux couettes blondes tout en émettant un petit sourire amusé.

« Ah bon ? Tiens donc ? Et à quel sujet exactement ? » demanda Tery, se laissant embrasser sur les joues par la demoiselle aux couettes blondes.

« Tu l’ouvres, je te tues, Clari. » coupa sèchement Manelena.

« Oh, bien entendu, bien entendu, les menaces, pour ne pas changer, c’est devenu une vilaine habitude, tu sais, Manelena ? » dit Clari en rigolant, le prince et Elise arrivant à leur tour. « Oh ! Ne me dites pas que vous avez dormi aussi ensemble, tous les deux ? »

« Evitez donc de proférer de telles inepties, Clari. » murmura le prince Royan en fronçant les sourcils, visiblement peu amusé par les propos de la femme.

« Oui enfin bon … Vous voudriez visiter les environs aujourd’hui, tout le monde ? » demanda Tery après quelques instants, sentant que l’ambiance devenait électrique, chose plus que problématique. Ils étaient dans son village, pas dans n’importe quelle forêt ou ils pouvaient laisser libre court à leurs folies, voilà tout ! Non mais oh ! Hmm … Y avait de l’animation ou c’était lui ? Il se trompait peut-être ? Qu’est-ce qui se passait au village ?

« Il y a une animation aujourd’hui ? Je n’étais pas du tout au courant. »

« Ah nous, on ne sait rien de notre côté. » dit Clari après les propos de Tery qui cherchait visiblement une réponse à sa question. Bah ! C’était facile alors.

« Autant s’y rendre, ça sera beaucoup plus simple. Comme ça, on verra ce dont il s’agit, vous ne trouvez pas que c’est mieux ? »

Pourquoi pas ? Tout le monde accepta les propos du jeune homme aux cheveux bruns, tous se mettant en route pour aller sur la place principale du village. Autant dire que ce ne fut pas bien difficile à trouver vu que celui-ci n’était pas forcément très grand à la base.

« Vous êtes vraiment une membre de Zélisia ? »

« Non, non, je suis d’Alzar, contrairement aux apparences. Mon homme est celui qui suit les préceptes de Zélisia, je sais que cela semble étonnant. »

« Euh, pas qu’un peu … c’est même carrément étrange. Vous venez faire quoi ici ? Enfin dans notre petit village, vous savez. »

« Oh, la raison de notre présence est finalement arrivée. »

Une voix féminine ? Il avait du mal à la reconnaître mais il était sûr d’une chose : il l’avait déjà entendue. Lorsque les villageois se poussèrent, il put enfin mettre un visage à cette voix. C’était quoi le nom de cette femme ailée de belles plumes blanches ? Aux cheveux noirs ? Il ne s’en rappelait pas exactement mais ça allait bien lui revenir en mémoire !

« Sérest ? C’est bien cela, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Je vois que tu te rappelles de nous. Il y a aussi … »

« Séran, si je ne me trompe pas. Cela me fait bizarre de vous revoir, tous les deux. » déclara Tery en regardant les deux personnes, un peu étonné. Ce n’était pas … vraiment normal.

« C’est le cas. Je ne pense pas que tu t’attendais à nous voir arriver dans ton village, n’est-ce pas ? » déclara doucement la femme aux ailes blanches, Tery hochant la tête négativement.

« Pas du tout même. C’est un peu étonnant. Enfin, je vous fais visiter aussi ? »

Il avait proposé ça comme ça, sans même remarquer qu’au final, ils allaient être un beau petit groupe de huit personnes, c’était peut-être beaucoup ? Par contre, présenter sa mère à ces personnes, qu’il ne connaissait au final que très peu, il n’était pas sûr que ça soit une bonne idée. Sérest émit un petit rire avant de dire :

« Pourquoi pas ? Nous venons d’arriver. »

« Vous n’avez pas été attaqué par les Gnomolds sur votre chemin, j’espère ? Surtout que l’on a l’un des plus hargneux au monde, je tiens à le dire. »

« Non non, aucun problème de ce côté, je peux le confirmer, tout simplement. »

Ah bon ? Même pas un peu ? Bon … si c’était ainsi, alors autant se motiver tout de suite. Maintenant qu’ils étaient tous ensemble, avec de nouveaux compagnons, ils allaient avoir beaucoup à faire normalement. Enfin, de ce qu’il en savait ! Il n’était pas sûr, pas sûr du tout que ça convienne à chacun et chacune.

Mais après une bonne heure de marche, ils finirent par s’installer à l’auberge. Rapidement, quelques personnes vinrent les haranguer, cherchant visiblement plus à rencontrer les nouvelles personnes qu’à saluer le retour de Tery parmi eux.

« Honoro, Claudiska, Traslord, y a personne qui vient de Mekalarma par hasard ? Autant finir la boucle, non ? Pourquoi pas hein ? Je pose juste la question, rien de plus. »

« Tu en poses beaucoup trop déjà à mon goût. »

Manelena avait répondu aux propos de l’homme qui s’était avancé vers eux, les autres reculant quand elle vint les fixer. Ils s’éloignèrent, visiblement peu enclins à chercher à converser avec elle. Tery ne put s’empêcher de pouffer avant de dire :

« Au moins, je sais qu’avec toi, nous sommes tranquilles, Manelena. »

« N’en rajoute pas toi. Si tu as du temps à perdre, vas plutôt nous chercher à boire. Et n’oublie pas pour Royan, quelque chose de non-alcoolisé. » grogna Manelena alors que Royan répliquait aussitôt qu’il se rapprochait de sa majorité et qu’il n’avait aucun problème à cela.

« Visiblement, il y a beaucoup d’animation avec vous tous, n’est-ce pas ? » demanda Séran, toujours le sourire aux lèvres, signe qu’il trouvait cela amusant.

« A peu de choses près, oui. Et encore, je considère que vous n’avez rien vu sinon, ça aurait été encore plus fameux, je tiens à le dire. »

« Tant que ça ? Hahaha, je vois, je vois. Merci bien alors, merci. »

Pas de quoi hein ? Il haussa juste les épaules comme pour montrer que ce n’était pas vraiment un problème avant de se remettre en route. Bon, ça faisait beaucoup de voyage pour aujourd’hui à cette allure. Par contre, il restait suspicieux par rapport aux deux personnes. Pourquoi est-ce qu’elles étaient ici ? Il allait leur poser la question à la fin de la visite.

« Ce village est quand même bien placé. Je ne pense pas que les soldats de Shunter ou des autres royaumes soient au courant de son existence, n’est-ce pas ? »

« N’exagérons pas. Je ne sais pas pour les autres royaumes mais Shunter est déjà venu par ici. Enfin, il est rare que l’armée se déplace jusqu’ici par contre. »

« Oh, je vois, je vois … princesse de Shunter. Visiblement, il est toujours très bien accompagné, n’est-ce pas ? » dit Sérest, gardant son sourire alors que le jeune homme aux cheveux bruns ne savait pas où se mettre. C’était … problématique.

« Evitons de lancer des sujets fâcheux, d’accord ? Qu’est-ce que vous pensez d’aller … boire une nouvelle fois ? Enfin, une nouvelle fois, je veux dire qu’il va faire chaud et vu que nous sommes aussi nombreux… mais d’ailleurs, les ailes ne dérangent pas ? »

« Hum ? Dans une taverne ? Si peu, mais je peux les ramener dans mon dos, tu sais. Elles prennent de la place à la verticale mais si je ne les déploie pas, elles ne sont pas si volumineuses hein ? » répondit Sérest à Tery.

« Mais elles sont très bien entretenues. » murmura Elise après quelques secondes de silence, semblant avoir eu du mal à l’avouer.

« Merci pour ce compliment, jeune demoiselle. Je ne crois pas vous connaître non ? »

« Je m’appelle Elise, je suis enchantée et je … hum … comment dire… »

« Il s’agit d’une démone, Sérest. » chuchota Séran pour que seule la table puisse l’entendre, Elise baissant la tête avant que Sérest ne reprenne :

« Ce n’est pas bien grave, n’est-ce pas ? Puisqu’elle n’est pas la seule à cette able à l’être. N’est-ce pas, Tery ? Si je ne me trompe pas. »

« Comment … est-ce que vous le savez ? »

« Les rumeurs vont vite, très vite. Et même si cela commence à dater un peu, autant dire que tu n’es pas passé inaperçu. Mais bon, ce n’est pas bien grave … pas bien grave bien que ça soit la raison de notre présence en ces lieux si tu veux tout savoir. »

Manelena se releva aussitôt mais Tery fit un geste de la main pour lui demander de se calmer. Elle grommela, restant debout, attendant que le jeune homme dise quelque chose :

« Cela m’étonne quand même. Disons que … j’ai pu voir le regard de quelques villageois quand je suis venu bien que j’ai évité d’en parler. Mais vous ? Vous le savez délibérément … et surtout, vous êtes des adeptes de Zélisia et Alzar. »

« Et ? Quel est ton point de vue ? Est-ce que tu peux me l’expliquer ? »

« Hum … Je ne sais pas trop. Je ne sais pas comment l’expliquer, je dois l’avouer. »

« Soit, soit soit … mais il n’y a pas à s’inquiéter, n’est-ce pas ? Je te promets que Séran et moi, nous ne voulons pas de mal, loin de là. »

Ce n’est pas pour cela qu’il devait se sentir plus rassuré hein ? C’était même tout le contraire. Il n’était pas prêt à donner sa confiance comme ça, comme si de rien n’était. Mais comment leur dire ? Hmm … Discrètement ? De telle façon qu’ils ne le remarquent pas ?

« Et à part savoir ce que je suis, qu’est-ce que vous comptez faire ? »

Ah ! Les boissons arrivaient finalement et il commença à boire doucement, évitant de se rappeler les mauvais souvenirs … plutôt récents, ahem. Il observa toujours le couple puis les compagnons de son groupe. Visiblement, tous semblaient très soucieux par rapport à la présence du couple près d’eux.

« Hmmm ? La même chose que vous, non ? »

« C’est-à-dire … mademoiselle Sérest ? » continua de demander Tery. C’était à lui de converser, pas aux autres. Manelena grommela, allant finalement s’asseoir.

« Si je vous dis le mot Léviathan ? »

Aussitôt, Manelena revint se lever, des veines noires apparaissant sur ses mains. C’en était trop pour elle ! Ils voulaient jouer à ce petit jeu ? Ils allaient être deux ! Elle n’allait surtout pas se laisser faire ! Pas du tout même ! PAS DU TOUT !

« Manelena, s’il te plaît, calme-toi. Tu te donnes en spectacle. »

« Tery, je ne sais pas ce que tu manigances mais je les hais ! »

« Comme beaucoup de personnes, Manelena. Je le sais bien. Je veux juste écouter ce qu’ils ont à dire pour … prononcer de tels mots. »

« Nous pourrions aussi parler du Phénix Ardent … mais je pense que vous voyez où nous voulons en venir, n’est-ce pas ? »

« Sérest, non, je ne vois pas. Pourquoi nous parler de ça ? A part le fait que vous soyez au courant de nombreuses choses qui peuvent paraître très déplaisantes. Pourquoi est-ce que vous êtes … là ? C’est ça que je veux savoir … et évitez de détourner mes paroles. Cela agace. »

« Et pas qu’un peu. » marmonna Manelena, ne sachant pas si elle devait se rasseoir ou non. La colère continuait de l’envahir à cause de tout cela.

« Pour venir vous aider, tout simplement. Nous sommes là pour vous épauler par rapport aux créatures légendaires, voilà tout. »

« Créatures légendaires ? Nous aider ? Vous êtes sérieux ? »

Il avait du mal à y croire, beaucoup de mal même. Il fronça les sourcils en les regardant. C’était … bizarre, très bizarre … et il se montrait plutôt méfiant par rapport à ça. Mais bon, avoir de l’aide, ça ne serait pas une mauvaise chose.

« Nous sommes plus que sérieux, tous les deux. Nous étions partis à ta recherche après le Léviathan, nous savons que cela est le destin … »

« Le destin ? » dit Tery en haussant un sourcil interrogateur maintenant.

« C’est exact. Nous réagissons simplement que par rapport au destin, rien d’autre. »

« Je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir avec de telles paroles, vous savez. »

« Nous sommes en quelque sorte le couple de héros des légendes liées à la porte démoniaque. Nous sommes là pour accomplir notre destinée. » compléta Séran.
Destinée ? Héros de la légende ? Il commençait vraiment à être perplexe. Le souci, c’est qu’ils semblaient sérieux, très sérieux même. Et donc, c’était effrayant en un sens. Pourquoi est-ce que ces personnes voulaient les rejoindre ? Manelena l’observa sans un mot, comme le reste des personnes. L’ambiance était … inquiétante.

« Nous ne voulons pas de mal, je tiens à le répéter encore une fois. »

« Ce n’est pas vraiment ça le problème, pas du tout même. C’est un peu plus compliqué que ça, madame Sérest, c’est tout. »

« Compliqué à quel point ? Notre aide serait la bienvenue. »

« C’est pas ça, c’est pas ça. Laissez-moi en discuter avec les autres dans la journée. Ca sera mieux, je pense qu’il faut que l’on parle entre nous. »

« Comme vous le désirez, nous nous reverrons donc demain ? Nous allons explorer les environs du village, pour nous renseigner un peu sur l’endroit dont est originaire Tery. »

Mieux valait qu’il ne dise rien. Il regarda le couple partir et s’éloigner avant de soupirer. Bon … Il y avait beaucoup à faire, énormément même. Et surtout, il sentait bien que peu seraient d’accord avec le fait qu’ils les rejoignent. Comment réussir à les convaincre ?

« Hum … Et si nous voyons avec un test ? Nous sommes plus nombreux non ? Et nous avons quelques pouvoirs quand même. » déclara Elen alors qu’il se demandait si elle avait lu dans ses pensées. Un test ? Pour savoir s’ils étaient sincères ? Pourquoi pas ?

Chapitre 4 : Mise au point

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Mise au point

« Alors, je veux bien les présentations même si tu m’en as souvent parlé. Hum … En fait, je pense essayer de deviner. Facilement, Royan étant le seul garçon qui t’accompagne, je peux en conclure que j’ai affaire au prince de Traslord. Bienvenue à vous, prince. »

La mère de Tery s’inclina respectueusement, Tery clignant des yeux pour se demander s’il n’avait pas rêvé le moins du monde. D’ailleurs, la mère de Tery continua, reprenant la parole en tournant son visage vers la femme aux couettes blondes :

« Tu es Clari. Tu es pétillante et toujours pleine de vie. Cela se voit au sourire que tu arbores à chaque instant. Merci de veiller sur Tery. »

« Hahaha …Visiblement, mon véritable rôle est découvert. »

Véritable rôle ? Bien entendu, bien entendu. Il n’y croyait pas du tout … ou presque … car il s’en doutait en un sens. Mais bon, il valait mieux que sa mère continue son petit jeu. D’ailleurs, elle était maintenant tournée vers Elise :

« Toi, tu es sûrement la jeune Elise, la dernière du groupe de Tery non ? Elle m’a dit que tu parlais beaucoup avec le prince Royan, je ne me trompe pas. »

« Je … c’est entièrement ça ! Vous êtes très forte, madame ! Enfin … euh … madame … »

« Vanian. Notre nom de famille est Vanian. » déclara la mère de Tery tout en souriant, regardant Elen ensuite : « Il semblerait que tu te sois enfin décidée à montrer ton véritable visage, n’est-ce pas ? Il est très beau … et je pense que mon fils peut en profiter tous les jours, si je ne me trompe pas, non ? Ne me répond pas, nous en parlerons plus tard. Quant à la dernière personne qui semble m’étudier depuis le départ … votre majesté. »

Encore une fois, elle s’inclinait respectueusement mais avec plus d’insistance envers … la princesse de Shunter. Celle-ci ne vint rien dire, détournant juste la tête brièvement alors que la mère de Tery avait un petit sourire aux lèvres :

« Je vous remercie de bien supporter mon fils. Il me fait honte … »

« HEY ! Maman ! S’il te plaît ! Ca ne se dit pas comme ça ! »

« Mais bon, il reste ma dernière famille donc … est-ce que je peux vous le confier, princesse ? » termina de dire la mère de Tery, celui-ci ne sachant plus du tout où se mettre.

« Qui vous a fait croire que j’accepterai de faire une telle chose ? »

« Votre visage et vos réactions à mes paroles. Je pense que ma question était rhétorique car je connaissais déjà la réponse avant même de la poser. »

« Tsss … Je déteste les personnes comme vous, sachez-le. Je comprends parfaitement d’où vient son côté agaçant à Tery. Et vous, qu’avez-vous à cacher ? »

« Je ne saisis pas le pourquoi de cette question, princesse. Maintenant, je pense que vous avez faim, je vais donc devoir faire bien plus que d’habitude. Installez-vous bien. Il faudra un peu se serrer et je ne pense pas avoir assez de chaise … mais … nous verrons comment faire. » termina de dire finalement la mère de Tery avant de se diriger vers la cuisine.

Bon, ça c’était mieux passé que prévu visiblement. Il poussa un petit soupir soulagé. Tant mieux … tant mieux oui … Il était … heureux de voir que tout allait bien se résoudre dans le fond. Il pouvait souffler un peu. Il fit un petit sourire à Elen, lui disant :

« Un peu soulagée quand même, Elen ? Tu semblais tendue. »

« Je crois que je n’étais pas la seule. Tu n’as pas vu les autres aussi ? Enfin … je … oui. »

« Bon, je ne sais pas pourquoi elle veut te parler ensuite mais c’est rassurant en un sens, je trouve … enfin à mes yeux. Je me trompe peut-être aussi. »

« Je ne sais pas, je dois t’avouer, Tery. Mais au moins, maintenant, c’est fait. Mais tu as entendu au sujet de tout le monde ? Ce qu’elle disait ? C’est … impressionnant. »

« Impressionnant ? Ne commence pas à la complimenter hein ? Manquerait plus qu’elle prenne la grosse tête et je ne veux surtout pas ça. »

« TERY ! Je t’entends de la cuisine ! Fais gaffe à toi ! » s’écria sa mère alors qu’il baissait aussitôt la tête, confus et battu sans même avoir chercher à gagner. Brrr ! Rien que l’entendre, ça lui donnait quelques frissons. Enfin, il était si heureux … de lui parler.

« Bon ben … Visiblement, il valait mieux que je ne parle pas trop … »

« Il faut aussi avouer que tu as été un peu virulent envers ta mère, Tery. » répondit Elen tout en rigolant, amusée par sa réaction. Il se releva, déclarant qu’il allait voir s’il n’y avait pas une chaise ou autre qu’ils pouvaient prendre dans les chambres.
Il revint quelques minutes plus tard, tenant, deux chaises, une provenant de chaque chambre alors qu’il y avait déjà cinq chaises autour de la table. Peut-être pas si grande que ça mais si on collait Elen et lui côte à côte, ça devrait passer normalement quand même.

« Et voilà pour vous tous. Pfiou ! Cuisiner pour sept personnes au lieu d’une, c’est quand même bien plus de travail qu’auparavant … mais c’est une bonne chose. »

« Bon appétit ! » répondit Tery avant de commencer à manger, ne se préoccupant plus des personnes autour de lui, trop concentré sur la nourriture qu’il avait en bouche.

Aaaaah ! Ca changeait tellement des repas qu’il préparait mais aussi ceux des auberges. C’était totalement différent des repas … habituels. Il mangea d’un bon appétit, ne remarquant pas le sourire de sa mère alors que les autres l’observaient en silence.
Quand le repas fut terminé, sa mère lui signala qu’elle allait d’abord laver tout ça et qu’après, ils auront tout le temps de discuter. Elle avait des questions pour tout le monde donc impossible pour eux d’échapper à cette interrogatoire … de toute façon, ils savaient tous qu’il valait mieux éviter cela, n’est-ce pas ? Cela serait trop risqué.

« Tery, ta mère … est-ce qu’elle habitait dans ce village auparavant ? »

« Leskar ? Je ne sais pas du tout … je sais juste que depuis que je suis né, ce fut toujours le cas, Manelena. Ah ! Ne me dit pas que … tu comptes vraiment te renseigner à son sujet ?! »

« Ta mère est un cas unique … et je compte bien m’y intéresser, que cela te plaise ou non, Tery. Je lui arracherai les informations et … »

« Hum ? A qui comptez-vous faire cela, princesse Manelena ? » murmura la voix de la mère de Tery, celle-ci posant une main sur l’épaule de Manelena, se trouvant derrière elle sans que nul ne l’ait remarquée.

« Pourriez-vous retirer votre main de mon épaule ? Je ne pense pas que nous soyons assez familiers pour cela, madame. » dit calmement Manelena sans bouger, Tery commençant à trembler. Ah non non ! Si les deux commençaient à se battre, ça voulait dire que … AH ! Sa mère retira sa main comme si de rien n’était, reprenant la parole :

« Des fois, il vaut mieux ne pas trop en savoir. Je pense que vous comprenez ce point de vue, n’est-ce pas, princesse Manelena ? »

« Tsss … Oui, je vois de quoi vous voulez parler. »

« Tant mieux alors si nous nous comprenons toutes les deux, cela permettra une conversation bien plus intéressante. Bon, bon, bon … Tery, tu ne veux pas faire visiter le village ? »

« Faire visiter le village ? Mais normalement, ils le connaissent déjà. Je ne vois pas pourquoi est-ce que je ferai ça, c’est assez … enfin … »

« Fais-le, s’il te plaît. Je veux pouvoir parler avec Elen, en tête à tête. Tu ne vas quand même pas refuser cela à ta mère, n’est-ce pas ? »

« D’accord, d’accord. Si tout le monde veut bien me suivre. »

Et si personne ne voulait, ce n’était pas grave non plus. Il haussa les épaules comme pour montrer sa parfaite indifférence à tout ça. Mais bon il fut rapidement rejoint par tout le monde, Manelena marmonnant :

« Mieux vaut que j’aille prendre l’air de toute façon, moi aussi. »

« Madame, vous êtes sûre que … je dois rester ? » demanda Elen en la regardant, un peu gênée mais surtout grandement embêtée de laisser Tery partir sans elle.

« Assis Elen. Je me dois de connaître quand même ta personne … pour diverses raisons qui normalement devraient te sembler évidentes, n’est-ce pas ? »

« Je … d’accord, je comprends parfaitement. Je vois ce que vous voulez dire. Je vais m’asseoir et ne plus rien dire alors. »

« Bien bien bien. Vous autres, nous nous revoyons dans une demi-heure. »

Rien à faire. Tery soupira, remarquant que malgré le sang royal dans Manelena et Royan, les deux obéissaient sagement à sa mère. Même Clari était étrangement calme tandis qu’Elise regardait la mère de Tery avec des étoiles dans les yeux, admirative.

« Elle est vraiment terrifiante quand elle le veut. »

« Est-ce que tu parles de ta mère, Tery ? » demanda Manelena à côté de lui alors qu’il hochait positivement la tête. Oui, oui … Bien entendu.

« Vous avez donc put l’apercevoir. Je suis désolé du spectacle. Enfin, je … »

« Tu étais comme un enfant face à elle, Tery. Mais elle est vraiment remarquable comme femme. » coupa Clari en rigolant. « Vraiment, même Manelena n’osait pas ouvrir la bouche face à elle. Comme quoi, le maréchale craint quelques personnes. »

« Tsss, foutaises. Ce n’est pas du tout ça, ne raconte pas n’importe quoi. »

« Hahaha ! Surement, surement, ça ne doit être que le fruit de mon imagination sordide, j’en suis certaine même. » répéta Clari, montrant par là qu’elle ne pensait pas un traître mot de ce qu’elle était en train de dire.

Ah bon … Leur faire visiter le village, c’était bien beau mais à part ça ? Qu’est-ce qu’il devait faire exactement ? Il n’en avait malheureusement aucune idée. Il était pieds et mains liés. Hum … Bon … D’accord, ce n’était pas bien compliqué de toute façon hein ?

Dans la maisonnette de la mère de Tery, celle-ci était en train de faire les cent pas, Elen assise bien sagement sur une chaise. Elle regardait la femme d’un certain âge devant elle, n’osant pas ouvrir la bouche, attendant qu’elle prenne la parole.

« Voilà donc celle que mon fils appelait affectueusement l’Ombre … ou Elen. On peut aussi rajouter le fait que tu aies voulu essayer de le tuer, que cela fait quelques années que vous vous connaissez, que vous avez vécu tellement de choses ensemble, n’est-ce pas ? »

« O… Oui … madame Vanian. Je tenais juste à vous dire qu’entre Tery et moi, je … »

« Je n’ai pas fini de parler, Elen. Si tu t’inquiètes au sujet de ta relation avec Tery, sache juste une chose, je ne vais pas m’en mêler. Il est libre de faire sa vie avec qui il veut. »

« Mer … Merci beaucoup, madame Vanian. J’avais peur que … »

« Je n’ai pas fini de parler, Elen. Cela ne veut pas dire que je te laisserai faire n’importe quoi avec lui. Il est le dernier membre de famille qu’il me reste. Si je vois qu’il souffre par ta faute, je pourrai me montrer très … mauvaise dira-t-on. Bien entendu, cela s’adresse à n’importe qui mais toi, tu es encore plus proche de Tery que les autres. »

« Je … oui … je sais parfaitement ce que vous voulez dire. Je vous jure de ne jamais faire souffrir Tery. Je … enfin … vous savez … c’était la première fois que … je rencontrais un garçon de l’extérieur de l’orphelinat ? Si vous voulez, je peux tout vous raconter sur comment tout ça s’est passé depuis le début. Enfin, si vous le voulez. » bredouilla Elen.

« Pourquoi pas ? Le temps qu’ils reviennent, de toute façon, nous avons donc une bonne quinzaine de minutes voire une demi-heure devant nous. »

« Je n’ai rien contre, pas du tout … enfin … mais … je commence par où ? »

« Comme tu le désires, c’est moi qui t’écoute, c’est toi qui parle. »

Elle ne savait pas du tout où se mettre dans une telle situation. Elle tremblota légèrement, impressionnée et intimidée par la personne en face d’elle. Bon ! Allez ! Un peu de courage, ce n’était pas la mer à boire quand même. Elle prit une profonde respiration avant de dire :

« Alors, je vais commencer par notre rencontre ! Puis peut-être vous expliquer ce que je trouve chez votre fils … et ce que j’espère être pour lui ? »

« Pourquoi pas ? Cela me semble un bon sujet de conversation. Commencez donc, nous avons encore tout notre temps, visiblement. »

D’accord, d’accord. Pas besoin de la presser, elle ne supporterait pas la pression de toute façon, dans de telles conditions. Elle préférait être au calme et rester zen, voilà tout. Elle prit une profonde respiration, cherchant ses mots avant de dire :

« Alors tout a commencé quand Tery a décidé de quitter en cachette le village de Leskar et que j’étais à la recherche des médaillons du royaume de Shunter. Je me rappelle que je l’ai sauvé d’un Gnomold … ou quelque chose du genre. Attendez, ça va me revenir. »

Ailleurs, dans les rares rues du village, Tery était en train de citer tous les bâtiments qu’il voyait, expliquant telle ou telle bâtisse aux femmes et à Royan. Il y avait beaucoup à raconter pour pourtant si peu de choses. Il murmurait :

« La-bas, c’est le poste de la milice. C’est là que tous les soldats du village vont voir. Il y a aussi d’autres endroits, attendez un peu … Hum … »

« Est-ce que ça va être aussi long ? Comme tu hésites dans tes paroles, ça nous fait perdre encore plus de temps qu’auparavant. »

« Tant que ça ? Bon ben, désolé pour toi mais tu vas devoir continuer à m’écouter. »

Il avait répliqué cela en haussant les épaules, visiblement peu concerné par Manelena. Il avait encore beaucoup à raconter ! Et surtout, les autres semblaient plutôt intéressés par ses paroles donc bon … pourquoi pas ? S’ils voulaient l’écouter, il allait parler, voilà tout.

« Bref, où est-ce que j’en étais avant qu’elle ne me coupe la parole ? »

« Tu en étais au poste de milice, Tery. Qu’est-ce qu’il y a de … si spécial ? » demanda Clari.

« Rien à part le fait que c’était là où mon père travaillait … il en était même le chef, je crois. Je n’en suis pas sûr. Enfin, il avait des compétences assez … hautes … sauf que cela n’a pas suffi contre Rokar, voilà tout. Enfin, passons à un autre bâtiment bien plus intéressant, j’en suis sûr et certain même. Il y a beaucoup mieux à faire. »

Charmante façon de dire qu’il ne voulait plus parler de ça mais qu’importe pour lui, il n’allait pas faire dans le sentimental, pas en ce moment. Enfin, c’est ce qu’il voudrait faire et dire … mais revoir son village, ça lui faisait toujours la même émotion.

« Nous devrions bientôt retourner chez moi. Par contre, il faut que je demande quelque chose à ma mère. » déclara Tery après quelques minutes.

« Et on a le droit de savoir ce dont il s’agit exactement ou tu vas nous le cacher ? » demanda Manelena en haussant les épaules, un peu agacée.

« Simplement de comment vous allez dormir tous ensemble chez nous. »

« Humpf. Si ce n’est que ça, c’est vite réglé, je ne compte pas dormir chez toi. » répliqua la femme aux cheveux argentés. Ah … Encore une fois, elle l’énervait, n’est-ce pas ?

« Aucun problème, Manelena. On va tout simplement aller se rendre dans l’auberge du village pour que tu puisses avoir une chambre, ça sera plus simple. Vous autres ? »

« Le mieux est d’en discuter avec ta mère, Tery. »

Enfin, voilà que Clari avait tellement raison. Il était maintenant temps de se rendre là-bas … et de voir quoi faire exactement. Il retourna dans la maisonnée, regardant à l’intérieur tout en écoutant la discussion entre sa mère et Elen. Du moins, il aurait pu … si le fait de rentrer n’avait pas écourtée celle-ci, pas du tout même. Il poussa un petit soupir déçu.

« Est-ce que l’on dérange et on doit repartir ? »

« Je ne pense pas, Tery ! Je suis contente de te revoir. Moi et ta mère, on a beaucoup discuté mais bon … c’est terminé ! Et la balade dans le village ? Tu m’en feras une aussi ? »

Elle ne lui laissa pas vraiment le choix, l’emportant avec elle, délaissant tous les autres alors qu’il clignait des yeux. Elle semblait très motivée ou alors, c’était lui qui s’imaginait des choses ? Enfin bon, il allait devoir encore se promener, visiblement.

« Bon … A vous de vous asseoir, il faut bien que je vous parle à tous. Ensuite, je ferai comme avec Elen, que cela vous dérange ou non. »

Les yeux de la mère de Teythanaus s’étaient posés aussitôt sur Manelena, sans pour autant dire ouvertement qu’elle était ciblée par ses propos. Manelena émit un grognement, venant s’asseoir en face d’elle avant de croiser les bras.

« Dites-nous aussitôt quel est le problème, que l’on vienne le régler tout de suite et que l’on passe à autre chose, j’ai mieux à faire que de perdre du temps. »

« Hum ? Jeune demoiselle ? Car je ne pense pas utiliser le terme de princesse, ici, vous êtes chez moi … donc il va falloir se calmer, n’est-ce pas ? » dit doucement la mère alors que des veines brunes apparaissaient sur son visage et ses bras. Manelena haussa un sourcil : même si ce n’était pas une puissance capable de l’égaler, la force dont elle faisait preuve … était loin d’être celle d’une paysanne. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle n’était … pas normale.

Ailleurs, en pleine forêt, un attroupement d’une vingtaine de Gnomolds était présent autour de ce qui semblait être deux personnes. L’une d’entre elles portait une belle tenue rouge, ressemblant à une robe mais surtout possédait des cheveux noirs qui cachaient un œil vert sous une frange. Enfin, sa particularité était d’avoir de belles ailes de plumes blanches.

« Grmbl … Si vous ne savez pas trop, je n’aime pas que des gens comme vous passent dans cette forêt … même si vous êtes ce que vous prétendez hein ? »

« Je me doute bien, je m’en doute mais … ne nous sommes pas assez persuasifs pour cela ? »

« Ne t’en fait donc pas Sérest. Nous avons tout notre temps et ils savent parfaitement que nous ne sommes pas belliqueux. Eux non plus, n’est-ce pas ? »

La personne qui venait de s’adresser à la femme de Claudiska avait tout d’un géant, provenant d’Honoros en vue de sa taille et de sa forte stature. Cheveux et yeux bruns, toujours le sourire aux lèvres, il ne semblait nullement inquiet par la tournure des évènements.

« Je le sais, Séran, je le sais … surtout quand nous avons affaire à celui qui dirige dans l’ombre tous les Gnomolds vivant en Shunter, n’est-ce pas, messire Rokar ? »

« Tsss, ce que je déteste le plus dans les nouvelles races, c’est leur habilité à venir fouiner dans des affaires qui ne les concernent pas, vous comprenez ce que je veux dire ? » déclara un être bossu, plus grand que les autres. Il émit un petit rictus, disant à nouveau : « Qu’est-ce que vous comptez faire exactement hein ? Répétez pour voir. »

« Tout simplement nous rendre au village de Leskar, là où se trouve ceux que nous recherchons. Je pense que vous avez une idée de qui il s’agit, non ? »

« Tss, parfaitement. Qu’est-ce que vous manigancez, vous, les nouvelles races ? »

« Ce que le destin nous réserve, tout simplement. Nous sommes prêts depuis des années, à ce qui doit nous arriver, pourquoi s’arrêter maintenant ? »

« Faites comme vous le voulez. Laissez-les passer, ils savent ce qui risque d’arriver ! »

« Hey, z’êtes sûrs, chef Rokar ? Ils sont que deux de toute façon ! »

« Ils possèdent les lignes d’Alzar et Zélisia … mais surtout, ils semblent être au courant. »

« Merci bien. Allons-y Séran, je pense qu’il vaut mieux ne pas tarder. Il ne manquerait plus que notre petit groupe quitte Leskar sans même que nous les rencontrions. » déclara Sérest dans un grand sourire, sourire rendu par son homme.

« D’accord, d’accord. Messire Rokar, enchantés de vous avoir connu. »

« Tsss … Enchantés ? Mon œil. Disparaissez de mon champ de vision avant que je ne décide de changer d’avis ! Et vite ! »

Les Gnomolds se séparèrent, prenant le chemin inverse du couple qui, lui, partait vers Leskar.

Chapitre 3 : Du beau monde

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Du beau monde

« Attention, une patrouille ! »

Une seule phrase et tous se figèrent sur place, n’osant plus bouger pour laisser passer plusieurs soldats de Shunter. Ils devaient être une dizaine, ce n’était pas grand-chose mais cela permettait d’éviter que des groupes de Gnomold ne s’en prennent à eux en les attaquant par surprise. Manelena observa la patrouille qui s’éloignait avant de dire :

« Nous pouvons y aller à nouveau. Dépêchons nous avant qu’ils ne reviennent. »

La femme aux cheveux argentés avait pris les commandes, comme à son habitude lorsqu’elle était encore dans les armées. Sous ses ordres, le groupe continuait d’avancer, traversant les chemins et les bois pour se déplacer avec vivacité, Tery poussant un soupir d’apaisement.

« Qu’est-ce que cela fait du bien de retourner à Shunter. J’ai toujours l’impression qu’il me manque quelque chose quand je ne suis pas ici. C’est assez bizarre en soi. »

« Bizarre ? C’est peut-être parce que cela te rappelle quelques souvenirs. »

« De bons souvenirs, Elen, de bons souvenirs ! Pfiou, le pire est passé ! »

Il parlait visiblement plus de la soirée à l’auberge d’il y a deux jours plutôt que des évènements dans les autres nations. Même si dans les deux cas, cela n’avait pas fini de façon joyeuse, il reconnaissait parfaitement que le travail accompli était exceptionnel. Bon, le souci, c’est que tout cela n’annonçait rien de bon pour les prochains.

Il restait trois créatures légendaires mais aucune ne cherchait alors à s’exprimer ? Quelle idiotie. Tout simplement parce qu’il avait des cornes sur le crâne, il était alors un monstre. C’était peut-être réellement le cas hein ? Il ne le niait pas … mais on ne lui laissait pas la possibilité de s’exprimer alors, comment est-ce qu’il devait réagir ?

Il ne savait pas, il n’avait aucune réponse à cela, rien du tout, rien de rien. Il poussa un profond soupir, se disant que ce n’était pas normal … et juste. Mais bon, cette fois-ci, le soupir n’avait rien d’heureux. Elen lui prit le bras, lui faisant un doux sourire comme pour le rassurer avant qu’ils ne se remettent en route. Ils avaient encore beaucoup de marche et …

« HEY ! VOUS ! Ne bougez plus de là ! »

Il se statufia sur place, tout son groupe faisant de même alors qu’il tremblait légèrement. Il remarqua que Manelena avait déjà sa main posée sur la garde de son arme, Il devait vite la prévenir avant que la patrouille n’arrive :

« Manelena, pas de faux mouvements, s’il te plaît. »

« Si je les vois qui nous menacent ou nous posent des problèmes, je te préviens que je n’hésiterai pas une seule seconde à sortir mon arme. Tu as compris ? »

« J’ai parfaitement compris le message, Tery … et je t’ai juste prévenu. Je n’aurai aucune hésitation à faire couler le sang si cela s’avère nécessaire. »

Grmbl. Cela n’arrangerait en rien la situation ! Il se tourna vers les autres personnes présentes. Elles étaient calmes et stoïques … alors pourquoi pas lui ? Car avec les dernières situations, il avait du mal à l’être pour de telles choses. Bon … pfiou …

« Oui, messires ? Qu’est-ce que nous pouvons faire pour vous ? »

Clari avait décidé de prendre la situation en main. Pas que ça le rassurait, loin de là mais il valait mieux regarder ce qu’elle comptait faire. Il l’observa alors que la patrouille était à leur hauteur. Normalement, même si Manelena avait été révélée au grand jour, les gens ne l’avaient vu qu’une première fois de toutes leurs existences. C’était donc impossible ou presque qu’ils arrivent à savoir qui elle était.

« Que faites-vous ici ? Un groupe aussi important que vous, ce n’est pas commun. »

« Nous voyageons de royaume en royaume. Nous sommes un groupe d’aventuriers qui cherche de nouvelles personnes sans jamais ne serait-ce que s’arrêter. »

« Un groupe d’aventuriers, hum ? Et qu’est-ce que vous cherchez comme aventures ? » demande une seconde fois l’un des hommes de la patrouille, tourné vers Clari alors que les autres continuent d’étudier Tery et le reste du groupe.

« Oh des Gnomolds, des bêtes, tout ça. Nous provenons d’Omnosmos, si vous voulez tout savoir. Nous avons beaucoup à faire avec les derniers évènements et vous ? Comment est-ce que cela se passe de votre côté ? Par rapport à la rébellion et au roi ? Les rumeurs vont vite. »

« Cela ne vous concerne pas. Vous pouvez disposer. »

« Merci bien, nous allons y aller. »

Les regards ne lui plaisaient guère. Il avait l’impression d’être surveillé et ça ne lui convenait pas. Il avait peur … vraiment très peur même. Mais quand ils purent commencer à avancer sous le regard inquisiteur de chacun, il se sentait … un peu nauséeux.

« Ben tu vois, Tery ? Ça se passe plutôt bien, non ? »

Clari lui fit cette remarque alors qu’ils étaient en train de marcher depuis une dizaine de minutes, mettant plus de distance qu’il n’en faut avec la patrouille. Lorsqu’elle lui adressa la parole, Tery poussa un profond soupir de soulagement avant de dire :

« Oui, c’est bon … enfin, j’espère qu’on aura pas trop de problèmes. »

« Ah ça, c’est à nous d’en décider. Mais je sais bien que tu ne voulais pas de conflit donc bon … autant tout faire pour que ça soit pas le cas hein ? »

« Oui, merci beaucoup pour tout ça, tu as été une ange sur ce coup. »

« Une ange, une ange. Fais attention, Tery. On dirait que tu me complimentes, tu sais parfaitement ce que je fais avec ça. » répondit-elle avant de l’agripper et de le prendre dans ses bras en rigolant, Elen poussant un petit cri de surprise.

« HEY ! Clari ! Lâche donc mon Tery ! »

« Oh, je ne fais rien de spécial, Elen. Ne t’inquiète donc pas à ce sujet, n’est-ce pas, Tery ? » dit la jeune femme aux couettes blondes, embrassant le jeune homme sur les joues avant de lui tapoter le crâne. Celui-ci vint rougir violemment, n’osant pas trop parler.

« Clari, qu’est-ce que j’ai déjà dit à ce sujet ? »

« Que si je fais ça, Elen risque d’être jalouse, je le sais, je le sais. Ne t’inquiète donc pas, voilà je le lâche parfaitement. Compris ? C’est bien ? »

« Et tu recules un petit peu quand même de lui. » demanda Elen, attrapant Tery dès qu’il fut libéré des crocs de Clari. Celle-ci éclata de rire, faisant quelques pas en arrière tout en levant les mains. Voilà, tout doux, tout doux. C’est parfait.

« Et tu ne t’en approches plus de la journée, Clari ! » dit Tery, essayant d’imiter la voix d’Elen, celle-ci répliquant par une mine boudeuse. Elle faisait ça pour lui aussi ! Ce n’était pas très drôle de se moquer de la sorte ! Pfff …

« Si vous avez du temps pour des choses aussi ridicules que ça, veuillez l’utiliser pour de meilleures raisons, vous trois, compris ? »

« Et voilà qu’elle s’en mêle. Cela ne te concerne pas du tout, Manelena. Laisse-nous tranquille, avec Clari et Tery. Si cela nous amuses, tant mieux. »

Elen allait encore provoquer une bagarre inutile et Tery décida aussitôt de s’en mêler. Il garda Elen contre lui, sans même s’en préoccuper. Maintenant que cette patrouille était partie, ils pouvaient à nouveau avancer sans se préoccuper du reste.

Pendant une demi-journée, ils avancèrent, arrivant en plein Shunter alors que Tery avait pris maintenant les rênes, sachant par où se rendre. Il fallait dire qu’avec Elen, ils avaient un peu visité le royaume … mais surtout les environs où ils se trouvaient.

« Je connais le chemin normalement. Enfin, même si je ne sortais pas vraiment de chez moi, on peut remercier Elen qui m’a fait une visite éclair des environs. »

« Disons que je me rappelles des gnomolds, cela commence à dater, Tery. »

« Oui, c’est vrai, Elen. Bref … Suivez les guides. » déclara Tery en rigolant, amusé par la situation alors que Manelena haussait un sourcil. Pendant ce temps, Royan et Elise parlaient entre eux, comme à leurs habitudes.

« Qu’est-ce que je suis pressé de retrouver ma mère, Elen. »

« Et moi aussi ! Je veux lui … montrer … enfin … toi et moi. »

Il savait de quoi elle parlait et il était parfaitement d’accord. Il voulait quand même l’accord de sa mère pour une telle décision. Bien entendu, même s’il ne l’avait pas, ça ne serait pas plus dramatique que ça mais bon … cela lui ferait tellement plaisir.

Comme les heures s’écoulèrent à toute vitesse, le jeune homme se permis d’accélérer le rythme, voulant espérer arriver au village dans la journée, même si cela devait être en pleine nuit. Ce fut Elise qui chercha à calmer ses ardeurs, lui signalant :

« Tery, il vaudrait mieux que nous nous reposions. Si votre village est gardé et que nous nous montrons à ces heures nocturnes, les soldats se poseront des questions et demanderont alors plus d’informations à notre sujet. Ce n’est pas vraiment ce que nous recherchions, je crois. »

« Je le sais bien … je le sais bien … bon … jusqu’à demain alors mais on se lève à l’aube. »

Aucun grommellement de la part de Manelena, cela lui changeait. Ils passèrent une nuit paisible, non-dérangée par les gnomolds de la région tandis que lui-même avait un peu de mal à trouver le sommeil. Il tournait et se retournait, jusqu’à ce qu’Elen arrive à le calmer en le prenant dans ses bras. Il s’endormit dans ces derniers, la tête posée contre le cœur de la jeune femme. Il était si excité … et si terrifié en même temps.

« C’est aujourd’hui ou rien, tout le monde, d’accord ? »

« Si seulement tu avais montré autant d’entrain à faire de la marche lorsque tu fus dans l’armée. » soupira Manelena, ne semblant pas gênée par le fait de devoir marcher longuement encore aujourd’hui. Heureusement, d’ailleurs, pour eux, tous étaient motivés à accélérer la marche aujourd’hui, ce qui allait permettre un déplacement plus rapide et une possibilité d’arriver jusqu’au village aujourd’hui. Le jeune homme ne chercha même pas à dialoguer, avançant à pas rapide. Plus ils étaient proches, presque il était possible de le voir courir pour aller encore plus vite, toujours plus vite.

« Allez ! Vite vite ! Vite vite ! »

« Tery ! Attends nous un peu ! Tu es trop rapide ! »

« Mais non, mais non ! Je sais parfaitement où nous sommes, Elen ! »

« Je m’en doute ! Je me rappelle de cet endroit aussi mais les autres ne connaissent pas ça ! S’il te plaît ! Attends-nous un peu quand même ! TERY ! »

RAH ! Ils n’avaient fait que cinq heures de marche ! Ils n’étaient quand même pas fatigués non ? C’est vrai que le terrain devenait assez spécial, avec des montées et des descentes, quelques petites escalades et autres, mais y avait pas de quoi pleurer non plus !

« Vous êtes tous prêts ou non ? Car nous allons arriver d’ici vingt minutes au grand maximum. On va juste éviter d’embêter les gnomolds. Ils sont … très teigneux. »

« Tu penses vraiment que les Gnomols iraient chercher le conflit avec six d’entre nous ? » répliqua Manelena, Royan disant calmement :

« Il est vrai que le taux de Gnomolds est anormalement grand en Shunter contrairement aux autres royaumes. Cela ne serait pas anormal de tomber sur certains d’entre eux. »

« Disons qu’ici habite l’un des pires Gnomolds que je connaisse. »

« Quel était son nom ? Je n’ai jamais été mise au courant à ce sujet, Tery. Et pourtant, je pense avoir eu un réseau d’informations des plus importants. »

« Rokar, c’était son nom. Mais cela ne m’étonnerait pas que tu n’aies aucune nouvelle à son sujet, Manelena. Ce n’est pas comme s’il était vraiment connu. »

« Il faut dire que l’endroit où tu habites est quand même dénué d’intérêt ou presque. »

Il haussa un sourcil aux propos de Manelena. Ce n’était pas vraiment fait pour lui plaire, loin de là même. Il s’immobilisa, tout le monde faisant de même sauf Manelena qui mit quelques secondes avant de comprendre que quelque chose clochait.

« Qu’est-ce qui se passe ? Vous êtes finalement fatigués ? »

« Manelena, c’est mon village dont je parle. C’est là où j’habitais. S’il te plaît, corrige tes propos. Ce village est parfait à mes yeux ou presque. C’est un bel endroit où vivre. »

« Je dis tout simplement ce que je pense. Je n’ai pas à m’excuser d’affirmer mes propos. »

« Tu as dit cela comme un avis général, ce qui n’est pas le cas. Je veux juste que tu t’excuses sur ce point, Manelena. » reprit Tery, visiblement peu enclin à continuer tant que Manelena n’avait pas fait d’excuses. Celle-ci se rapprocha de lui, plaçant sa main sur son col avant de le serrer, ne faisant rien d’autre comme geste.

« Je n’ai pas de temps à perdre, Tery. Compris ? Alors arrête ce petit jeu. »

« Et tu crois que j’ai l’air de plaisanter, Manelena ? »

« … … … Tu es agaçant et très énervant sur ce coup, Tery. Je m’excuse, voilà tout. Je verrai ton village de mes propres yeux, ça te convient ? »

« … … … On va dire peut-être que oui. Enfin, c’est bon. Au moins, tu l’as dit, c’est le plus important à mes yeux, merci beaucoup Manelena, c’est très sympathique de ta part de comprendre mon problème. Allons-y. »

Il savait qu’ils étaient proches d’y arriver. Il le ressentait parfaitement. Il connaissait le chemin ! C’était l’histoire d’une heure au grand maximum ! Revoir sa mère ! Il allait revoir sa mère ! Comment est-ce qu’il ne pouvait pas être heureux à ce sujet ?

Qui ne serait pas heureux de revoir sa famille hein ? C’était juste complètement absurde ! Il était pressé, très pressé même d’y aller ! Revoir sa mère ! Il allait pouvoir la serrer dans ses bras avec tendresse et surtout lui présenter ses nouveaux compagnons.
Combien de temps est-ce que cela faisait ? Des mois bien entendu. Mais plus d’une année ? Hum, il n’en était pas si sûr que ça, loin de là. Cela ne faisait pas depuis aussi longtemps qu’il était parti. Aaaah … Mais depuis la dernière fois, tout avait été chamboulé, que cela soit avec l’apparition des monstres légendaires ou alors tout simplement sa relation avec Elen et les autres. Celle qui s’était développée avec … Elen … ah. C’était le genre de surprises qu’il aimait beaucoup, il devait le reconnaître, une très bonne surprise, hahaha.

« Tery ! Le village est en vue ! » s’exclama Elen après une bonne heure de marche.

« Mon village natal … Dépêchons-nous ! Elen ! »

Il lui serra la main, courant à toute vitesse avec elle jusqu’aux portes du village. Là-bas, il s’arrêta devant la milice. Toujours la même … sauf si on rajoute les cheveux grisonnants d’un des hommes. Ces derniers s’observèrent pendant quelques secondes avant de dire :

« Te… Tery ? Tery Vanian ? C’est bien toi ? Tu es sûr de ça ? »

« Je suis sûr de ce que je suis, oui … mais vous ? On dirait que vous avez vu un fantôme. »

« Bien … Bien sûr ! Attends, tu sais que tu es recherché dans tout Shunter ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns perdit son sourire alors qu’il regardait Elen. Les autres personnes arrivèrent après lui et Elen, se demandant ce qui se passait. Il voulait juste voir sa mère, c’est tout ! Rien de plus ! Il n’embêterait pas le village et …

« Oh bon sang ! Regarde donc ! Tery a emmené une fille avec lui ?! Et tu crois vraiment qu’on a la tête à se demander s’il faut le dénoncer ou pas ? Arrête tes bêtises, va ! Tu sais parfaitement qu’on le laisse passer. Tery, vas voir ta mère. Par contre, ce sont tous tes compagnons ? Et … » dit le second garde, s’arrêtant devant elle avant de bafouiller : « Est-ce que … c’est vraiment … Tery ? Tu es sûr que … »

« Oui, oui, c’est bien … d’elle. Je vous présente la princesse de Shunter : Manelena. Et aussi, il y a le prince Royan de Traslord. Et enfin, Clari qui est d’une famille noble et Elise, qui est une demoiselle très spéciale elle aussi. »

« Sincèrement ? Tu n’exagères pas un peu ? Tu as vu tout le monde que tu nous ramènes ? »

« Dé … désolé, je vous promets, on ne vient pas créer d’embrouilles. Je voulais juste passer voir ma mère, c’est tout. S’il vous plaît. »

« Fais donc va … Fais donc. Tu peux rentrer … et tout le monde aussi. » dit le premier garde avant de poser son regard sur Elen , l’étudiant longuement de haut en bas avant d’émettre un sourire. Elen commença à rougir violemment.

« Hey, ne l’embêtez pas ! Elle vient à peine de battre sa timidité … enfin, ça fait quelques temps mais c’était la jeune femme masquée de blanc à une époque ! »

« Oh ! La demoiselle de Zélisia, c’est ça ? Visiblement, il fallait bien une personne plus que spéciale pour que l’on puisse te faire craquer comme ça. Elle doit être unique dans le monde, Tery, n’est-ce pas ? Toi qui étais vraiment du genre à éviter tout contact humain. »

« Bon euh … On va éviter de raconter tous mes déboires ! Elen, les autres, venez. »

Il lui prit la main une nouvelle fois, l’attirant contre lui avant de pénétrer dans le village. Puisqu’ils étaient un beau petit groupe, autant dire que les regards étaient tous tournés vers eux. Si on rajoutait en plus le fait qu’il n’y avait pas n’importe qui … bref, de toute façon, c’était pas grave du tout ! Il s’en fichait complètement ! Il se dirigea à toute allure vers la maisonnette où habitait sa mère mais en vue du capharnaüm causé dans le village, la porte était déjà ouverte lorsqu’il la vit au loin.

« Ma mère … est là. Je … »

Il relâcha la main d’Elen, marchant à toute allure, ne courant pas vers sa mère. Celle-ci n’avait pas bougé de sa position, tendant juste les bras lorsqu’il fut presque arrivé. Il vint l’étreindre longuement, la gardant contre lui.

« Bonjour maman … J’espère que tu vas bien. »

« Tery, est-ce que je te brise les os maintenant ou pas ? Pour l’inquiétude que tu m’as donnée, qu’est-ce que tu en penses ? Je te laisse décider. »

« Plus tard, maman. Plus tard, j’ai beaucoup de personnes à te présenter. Enfin, tu en connais déjà quelques, je crois bien. Je vais les emmener jusqu’ici, nous sommes un peu fatigués. »

« Je ne suis pas sûre que j’ai envie de te relâcher, Tery. Qui me dit que tu ne vas pas t’échapper une nouvelle fois ? En me rendant morte d’inquiétude après tout ce que tu as fait hein ? Est-ce que tu te doutes un seul instant de ce que je ressens ? »

« Désolé … maman … est-ce que je peux te raconter tout ce qui s’est passé ? Mais pour ça, il va falloir que tu me lâches. Que je puisse respirer un peu, s’il te plaît. »

« D’accord. Désolée … je ne vais pas te ridiculiser devant tes amis. »

Ce n’était pas vraiment une question de ridiculiser ou non, pas du tout. C’était juste que … Il avait certaines préoccupations dont il voulait lui faire part et pour ça, il avait besoin que tout le monde soit là et surtout … qu’il rentre dans la maison. Il retourna auprès du groupe, disant d’une voix lente et tremblante :

« O … On peut y aller, ne vous en faites pas. »

« Elle m’a l’air d’une gentille femme. » déclara Elise.

« Elle l’est, elle l’est. Enfin, méfiez-vous de l’eau qui dort quand même. Elle reste quand même très impressionnante. Et zut, je me répète. »

« Tery ? Tu lui as déjà parlé de nous deux ou … »

« Pas encore, Elen, pas encore. Tu veux me prendre la main ? »

Il avait posé cette question tout en la regardant tendrement. Elle répondit par l’affirmative, venant chercher sa main pour la serrer en croisant leurs doigts. Ils pénétrèrent dans la maisonnette, accompagnés par Manelena et les autres, la mère de Tery refermant derrière eux, évitant par là tous les regards que les villageois portaient en leur direction.

« Je pense que je vais avoir besoin de beaucoup d’explications. Vous allez devoir me raconter … tout … surtout en commençant par cette recherche … de vos personnes. »

Chapitre 2 : La révolte gronde

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : La révolte gronde

« Ahem, les amis, j’ai un petit problème. »

« Ah oui ? Lequel ? » demanda Clari, s’approchant de Tery à toute allure, souriant de toutes ses dents alors que le jeune homme montrait quelque chose au loin. Des mouvements étaient présents … mais surtout bon nombre de soldats.

« Visiblement, ils ne nous accueillent pas mais ils surveillent les frontières. »

« On peut juste les ignorer, non ? » dit Elen après les propos du jeune homme, l’adolescent aux cheveux bleus répondant ensuite :

« Si cela était aussi simple, ça se saurait. Néanmoins, on peut essayer d’attendre qu’ils fassent leurs rondes … ou alors passer quelques kilomètres à côté. Il y a bien un endroit qu’ils ne doivent pas surveiller … normalement, je pense. »

« Prince Royan, ça me semble très raisonnable comme idée. » déclara Elise tout en souriant à l’adolescent, reprenant la parole : « Le royaume de Shunter ne peut pas surveiller chaque mètre non ? Faisons juste quelques mouvements pour nous déplacer jusqu’à trouver un endroit où nous pourrons nous installer normalement. »

« Ça me semble être une bonne solution. Il y a surement des auberges où les soldats ne passent pas. De toute façon, nous ne sommes pas forcément tous connus physiquement donc même si des soldats passent, ce n’est pas obligé qu’ils nous remarquent. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le groupe continua sa marche, voyageant pendant une nouvelle heure jusqu’à trouver une auberge éloignée des routes, entourés par de petits monts. Un coin qui semblait être bon pour l’isolement. Rien de meilleur pour leur cas précis ! Ils pénétrèrent à l’intérieur, plusieurs têtes se tournant vers eux.
C’était assez rustique, une dizaine de tables en bois, tout en plus, la moitié à peine occupée par quelques personnes alors que Tery désignait l’une des tables les plus grandes pour qu’ils puissent tous s’y installer. A peine le temps de faire un mouvement que la tavernier, un homme à la moustache brune à contrario de son crâne chauve s’exclama :

« Ah ben, en voilà une belle troupe d’aventuriers ! Je vous sers quoi ? »

« Euh … On va y réfléchir ? J’avoue que sur le coup, je n’y ait pas pensé. »

La réplique de Tery fit rire l’homme ainsi que les rares personnes présentes, Manelena poussant un profond soupir. Il venait encore de se ridiculiser à moitié avant de s’asseoir, se tournant vers le reste du groupe avant de demander :

« Qu’est-ce que l’on prend ? Vous avez faim ? Soif ? Par contre, je ne suis pas partisan pour l’alcool pour Royan. Il est encore un peu jeune. »

« Je pense pouvoir supporter cela, Tery. » dit sèchement le prince de Traslord.

« Vous êtes sûr, prince ? On peut toujours essayer puis de toute façon, si on commande des chambres, il n’y aura rien à craindre. Nous l’emmènerons là-bas. »

« Mademoiselle Elise, je pense être capable de tenir l’alcool. »

« Je me doutes hein ? J’ai commencé plus jeune, un petit verre et … mais qu’est-ce que je raconte-moi ? » dit Elise en bredouillant, rougissant jusqu’aux oreilles par ses propos.

« Oubliez tout, s’il vous plaît ! » reprit-elle, plus que gênée alors que Clari éclata de rire :

« Ah ben, visiblement, on a une petite alcoolique parmi nous. C’est ton ancien métier ? Enfin, un petit verre, payé par les gens du coin, tout cela ? »

« Oui … Un peu comme ça, c’est … exact. »

« Bon, visiblement, comme tout le monde est partant pour cela, je vais chercher d’alcoolisé mais de tout. Manelena, tu veux aussi boire ? »

« Pourquoi est-ce que tu me poses la question si tu connais la réponse ? »

C’était une simple politesse, hey ! Il s’éloigna, regardant le visage grognon de Manelena avant de soupirer. Pourquoi est-ce qu’il s’efforçait même de chercher à converser hein ? C’était tout simplement stupide. Mais bon, au moins, pendant ce temps, il …

« Ahlala … T’as entendu les dernières nouvelles de Shunter, toi ? »

« Ouais, bien entendu, comment ça ne pourrait pas être le cas ? Ca n’arrête pas de parler de ça. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? »

« Je sais pas moi, ce que tu veux hein ? Je ne suis pas fait pour lire dans tes pensées ! »

Hum ? Shunter ? Qu’est-ce qu’il y avait à Shunter ? Il commanda les boissons, les mêmes pour tous, un alcool plutôt léger, il restait méfiant pour Royan. Pour le repas, il en était de même. Ils avaient l’habitude de manger tous ce qu’ils préparaient, sans se poser de questions donc bon … il voyait mal quelqu’un faire le ou la difficile maintenant.

« Tu crois que les soldats visitent les environs pourquoi ? »

« Pour les rebelles non ? Semblerait qu’il y en ait pas mal. Enfin, pas ici car on est proche d’Honoros mais dans tout Shunter. Ils veulent mettre à mal le roi, il paraitrait. »

« Il paraitrait ? Mais je te le confirme, moi ! Qu’est-ce que tu crois ? »

« Je sais pas … bref, toute façon, malgré les révoltes, le roi est toujours là à Shunter, juste que ça va continuer et qu’il pourra de moins en moins les calmer. »

« Peut-être le temps qu’il y ait un nouveau monarque. Ca ne me semble pas être une mauvaise idée entre nous. Mouaip. Ou alors, on perd le monarque et on fait comme à Traslord. »

« Le coup des princes qui sont là pour la décoration, c’est ça ? Je sais pas trop. »

Il en avait assez entendu … et vu comment ils parlaient assez forts, il n’était surement pas le seul. Lorsqu’il revint s’asseoir, le silence planait maintenant à sa table, son visage se tournant vers Manelena avant qu’il ne murmure :

« Manelena, ce ne sont que des … »

« Les rumeurs ont souvent une part de vérité. Surtout si elles sont émises à des distances aussi lointaines que celles-ci. Alors bon, arrête ton char, je ne suis pas née de la dernière pluie. »

« Manelena, je voulais juste te dire que … »

« Tery, tais-toi. Je suis là pour boire. Je vais peut-être boire juste un peu plus que d’habitude et ça passera, voilà. Maintenant, mets-la en veilleuse. »

« D’accord, d’accord, Manelena. »

Il retourna s’asseoir à côté d’Elen, semblant soucieux maintenant. Il n’y avait pas besoin d’être aussi virulente. Comme souvent, il ne pensait pas à mal mais tout de suite, elle le jugeait de la sorte, ne lui laissant même pas le temps de répondre.

« Manelena, est-ce que tu … »

« Tery, laisse-la tranquille. Elle ne veut pas parler, qu’elle ne parle pas. C’est bon, je pense que le message est bien passé, on a compris avec elle, voilà tout. »

« D’accord, d’accord, c’est bon, oui. »

Il se renfrogna à son tour, plus déçu qu’autre chose par la situation actuelle. Boire tous ensemble, cela permettrait un peu de sourire, de se décoincer, enfin … de paraître moins froid, tout ça … maintenant, il n’en était plus aussi sûr malheureusement.

C’était maussade, très maussade. Les repas furent servis avant les consommations et il mangea en silence, se concentrant uniquement sur son assiette, sans un mot. Il n’était plus motivé à faire la conversation, surtout avec les rumeurs de la sorte.
Alors, ainsi, le roi était menacé ? De ce qu’il avait compris, ça parlait de rébellion et autres. Ce n’était pas bon signe, pas bon du tout. Comment est-ce … non. Enfin, le roi, malgré ce qu’il avait dit pour Manelena, il se rappelait de quelqu’un de juste et droit, enfin presque. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas voulu reconnaître sa fille ?

« Tery, tu es bien plus songeur que d’habitude, qu’est-ce qui se passe ? »

« Pas grand-chose, si tu veux tout savoir, Elen. Je ne pense pas que ça soit bien important ou grave donc ne t’en fait pas le moins du monde. Continue de manger, je fais de même. »

Finalement, l’alcool arriva jusqu’à eux, permettant de s’abreuver. Il avala une simple gorgée avant de s’apprêter à terminer son repas. Vraiment ? C’était … comme ça, n’est-ce pas ? Même pendant les consommations, c’était le silence le plus total. Très joyeux, vraiment très joyeux, il adorait cela … ou presque … pfff … qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ?

« Attention, prince Royan, même si ce n’est pas très fort, buvez lentement. »

« Mademoiselle Elise, je suis parfaitement capable de m’abreuver, sachez-le ! »

« Oui mais c’est une mesure de précaution, prince Royan. Si vous buvez trop vite, l’alcool vous montera à la tête et vous serez tout simplement saoul sans même avoir pu profiter de celui-ci. Vous devriez le savoir non ? »

Tery murmura juste aux deux personnes de ne pas parler trop fort. Si les gens apprenaient qu’il y avait le prince Royan à leurs côtés, il serait alors très facile de deviner qui accompagnait ce dernier … ce qui serait alors plus que problématique pour le reste des évènements, beaucoup trop problématique même.

« Tery ? Tu veux boire un peu ? Tu n’as pas touché à ton verre. »

« Je pensais plus à comment retourner dans mon village, Elen, rien de plus, rien de moins. »

« Et … qu’est-ce que cela donne exactement, Tery ? »

« Rien de bien joyeux. » soupira le jeune homme aux yeux verts, ceux-ci posés sur son gobelet. Il fallait bien se douter qu’avec le comportement de Manelena puis ses propres problèmes, rien de tout cela n’allait être arrangé, loin de là même.

Juste revoir sa mère pour être sûr qu’elle aille bien et ensuite ? Il ne savait pas trop. Il était un peu perdu et perplexe mais à part ça … Enfin bon … comment … est-ce qu’il pouvait exactement faire ? Il n’en était pas sûr, pas sûr du tout même. Zut … de zut … Voilà qu’il était anxieux pour pas grand-chose. Il fit un petit mouvement de la main, comme pour faire fuir quelque chose avant de boire d’une traite sa consommation.

« W… Wow. Euh … Royan, évitez de faire pareil que Tery, s’il vous plaît. »

Mal au crâne. Il avait déjà plus que chaud avec ses bêtises. Il émit un gémissement de douleur, posant sa tête sur la table pour ne plus bouger. C’était tout simplement horrible ce qu’il subissait comme torture cérébrale ! Horrible !

« Tsss, en voilà un qui ne supporte pas l’alcool visiblement. C’est vraiment ridicule, Tery. »

« Parle pas si fort, Manelena. J’ai rien fait pour mériter ça, que je sache, aie aie aie. »

« Tu ne sais même pas comment déguster de l’alcool. Boire d’une traite, tu crois que ça va te faire oublier tous tes problèmes ou quoi ? »

« Je ne sais pas du tout, pas du tout même. Je vais rester couché contre la table pour une petite dizaine de minutes. Vous pouvez continuer à parler mais pas trop … »

« C’est un peu pathétique de ta part, je tiens à te le dire. » répéta une nouvelle fois Manelena alors qu’il marmonnait quelques paroles incongrues.

« C’est à cause de toi s’il est ainsi ! Tu lui causes trop de soucis ! »

« Parlez pas si fort, s’il vous plaît ! » s’écria-t-il pour qu’Elen arrête d’élever la voix. Il avait mal à la tête, elle ne comprenait pas ? Pourtant, c’était aussi simple que ça !

« Pardon, Tery. Pardon … Bon, je crois que je vais aller me coucher. Tu viens, Tery ? »

« J’arrive, Elen … J’arrive. Bonne nuit à vous tous. Et Manelena, t’es qu’une imbécile. »

« Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Fais attention à ce que tu dis, je suis pas … »

« On est ensemble depuis tellement longtemps alors pourquoi dès qu’il y a un problème, tu vas dans ton coin en train de bouder hein ? Si t’aimes tellement pas notre présence, on te retient pas du tout ! Mais si t’as envie que je pleure, ben je vais y arriver et … »

« Tery, on va se coucher. » murmura Elen, l’aidant à se relever pour qu’il se taise, le jeune homme aux cheveux bruns reniflant avant de se laisser traîner par la femme aux cheveux blonds. Lorsqu’ils furent remontés, Elise chuchota :

« Vous voyez, prince Royan, boire d’une traite produit cet effet. Cela dépend de la personne mais ça permet de montrer ce que les gens pensent vraiment. »

« Tsss, il raconte n’importe quoi. Comme si je pensais ça de mon côté … » marmonna Manelena, tournant son doigt sur le bord du gobelet, le fixant longuement.

« Il faut dire aussi, Manelena, que tu ne fais aucun effort pour Tery hein ? »

« Qu’est-ce que tu racontes encore, toi ? Fais attention à ce que tu dis, j’ai vraiment pas envie de plaisanter à ce sujet, je ne suis pas d’humeur et … »

« Je parlais juste du fait que dès qu’il y a un problème, Tery vient te voir pour essayer de le comprendre et t’aider, toi, tu le jettes comme un moins-que-rien. Si tu continues comme ça, tu vas finir vieille fille ans même t’en rendre compte hein ? Enfin, là, je suis là pour profiter du verre, pas me compliquer la vie avec tout ça. Les problèmes, je les oublie pour la soirée. » compléta Clari avec lenteur, buvant une nouvelle gorgée.

« Je crois qu’on va vous laisser tranquilles, n’est-ce pas ? Messire Royan, je vous raccompagne à votre chambre avant de vous souhaiter la bonne nuit. »

« Hein ? Euh ? C’est déjà fini, mademoiselle Elise ? Oh … euh … »
Le prince semblait un peu perdu avant de se mettre debout, en réponse aux propos d’Elise. Il salua respectueusement Clari et Manelena, cette dernière ayant la tête soutenue par son coude posé sur la table, marmonnant quelques mots. Lorsqu’elles furent seules, Clari but une nouvelle gorgée, complétant ses paroles :

« Maintenant que nous sommes en tête à tête, tu veux pas me dire quel est ton souci avec Tery ? Ca fait des mois que ça tourne en rond. »

« J’ai rien à dire à ce sujet. Laisse-moi finir mon verre tranquille, sans que tu viennes me parasiter la vie, c’est aussi simple que ça, j’ai mieux à faire de mon existence. »

« Et à part me sortir ton baratin que même un gamin de six ans n’arriverait pas à croire ? Tu n’as pas mieux à faire justement ? Tu sais, je viens d’une maison issue de la noblesse donc bon, les petits mensonges de la sorte, je ne tombe pas dans ça. Je ne suis pas Tery. »

« Fais gaffe à ce que tu dis, je ne suis pas de bonne humeur. »

« Je m’en serai doutée toute seule pour cette nouvelle. Tu ne m’apprends rien du tout. Alors continues de parler et de vider ton sac. »

« Je n’ai rien à vider. Arrête de m’agacer, je ne suis vraiment pas d’humeur à jouer à ce genre d’enfantillages, compris ? J’en ai déjà assez. »

« Tu n’avais qu’à pas créer de problèmes si tu en as assez, c’est aussi simple que ça. Pourtant, j’ai pas l’impression que tu aies compris ce principe si particulier. »

« Créer des problèmes ? Où est-ce que je crée des problèmes hein ?! Fais gaffe ! Fais attention à ce que tu dis, Clari ! J’ai pas la tête à ça ! »

Très impressionnante, vraiment très impressionnante. Mais elle espérait faire peur à qui avec une telle réaction hum ? Clari resta parfaitement de marbre, visiblement peu inquiète par l’excitation grandissante de la femme aux cheveux argentés en face d’elle. Elle termina son gobelet, se levant à son tour avant de dire :

« Fais comme tu veux, Manelena. Tu sais, tu as de la chance de nous avoir. Tu peux même considérer que si Alzar et Zélisia existent réellement, ils t’ont laissé une chance de vivre ta vie grâce à l’acte de Tery. Tu regrettes cela ? Tu n’as qu’à mettre un terme à ta vie alors. Ca sera tout simplement du gâchis mais bon, vu ton caractère, ce n’est pas vraiment étonnant. »

« La ferme et va dormir, ça me fera des vacances. »

« Je compte bien aller me reposer, j’ai mieux à faire. Bonne nuit. »

« Oui, oui, bonne nuit, laisse-moi tranquille. Ta présence m’exaspère. »

Tant mieux, elles étaient deux dans ce cas précis alors. Clari monta à l’étage, délaissant complètement Manelena qui fut seule. Celle-ci passa un doigt le long de son gobelet, regardant le contenu qui s’était déjà bien vidé depuis le temps.

« Pfff, qu’est-ce qu’ils peuvent comprendre ? Je n’ai pas besoin de tout ça, de cet excès. »

Excès de gentillesse. Ca la rendait malade. Elle n’avait jamais eu besoin d’une telle chose. C’est eux qui avait désiré ça ! Qu’elle les accompagne et rien de plus, rien de moins ! Tsss … vraiment … elle en avait assez de toute cette troupe. Elle ferma les yeux, songeuse.

« De toute façon … qu’est-ce que j’en ai à faire de cette histoire ? C’est n’importe quoi. »

Elle valait mieux, normalement, bien mieux. Elle termina son gobelet, montant à l’étage à son tour pour aller dormir. Demain serait une autre journée … et elle était pressée de voir l’état dans lequel Tery allait se retrouver après avoir bu d’une traite son verre d’alcool.

« Aie, aie, aie … Mal de crâne. Maaaaaaal. »

Le jeune homme émit un long gémissement avant de se frotter le crâne. Ce n’était pas bon, pas bon du tout même. Il n’appréciait pas cela … pas cela. Il fut le premier debout, le tavernier le regardant en rigolant, lui demandant s’il voulait un remontant pour pallier au mal de crâne ou non. Le jeune homme signala que non, c’était sa punition et …

« Manelena ? Tu es déjà debout ? Toi aussi, tu … »

« Non, je ne suis pas aussi faible et ridicule que toi, je n’ai mal au crâne pour de telles stupidités. Installes-toi au lieu de rester debout sinon, tu risques d’avoir des vertiges. »

Il s’exécuta, ne voulant pas désobéir à celle qui fut sa supérieure il y a de cela quelques années, ça commence à remonter. Assis en face d’elle, il n’osa pas la regarder, préférant attendre que le temps passe, sans qu’il ne vienne déranger la maréchale. C’était mieux … qu’il se taise plutôt que tout le reste. Il n’avait pas envie de chercher le conflit.

« Et le bonjour habituel, tu ne me le dis pas ? Tu me fais la gueule ? »

« Hein ? Mais non, mais non ! Pas du tout ! Qu’est-ce que tu t’imagines, je … Enfin, bonjour à toi, Manelena, comment est-ce que tu vas ? »

« Je ne suis pas habituée à l’alcool donc cela me change un peu des matinées trop banales. Et bonjour à toi, Tery, comment te portes-tu ? Visiblement, pas comme un charme. »

« J’ai mal au crâne … je ne suis vraiment pas fait pour ça, pas du tout même. »

« Tu ne sais pas profiter des bonnes choses, voilà tout. Rappelle-moi de ne jamais t’inviter à aller boire un verre de vin, ça serait du gâchis, entre nous. »

« Tu m’aurais réellement invité, Manelena ? » demanda le jeune homme alors qu’elle ne lui répondait pas, ne faisant que détourner la tête pour avoir le petit-déjeuner.

« Bonjour, Tery ! Bonjour … … …. Manelena. »

La voix d’Elen le sortit de sa torpeur. Elle vint l’embrasser doucement, lui demandant s’il avait bien dormi. Il expliqua la même chose qu’à Manelena alors qu’Elen vint s’asseoir à ses côtés, un petit sourire tendre aux lèvres comme pour le rassurer.

« Nous partirons dans la journée, c’est ça, Tery ? »

« A peu de choses près, au début d’après-midi, cela ne me semble pas être une mauvaise idée. » compléta le jeune homme aux cheveux bruns.

« Il faut attendre qu’ils se réveillent tous. Je me demande comment est-ce que le prince a supporté sa première soirée de la sorte … si encore, c’était vraiment sa première fois. »

Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire en écoutant les paroles d’Elen. Ah ça, bien entendu, il fallait attendre le réveil de Royan pour voir les résultats. Hahaha !

Chapitre 1 : L’heure est proche

ShiroiRyu
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Premier axe : Une taupe dans le royaume

Chapitre 1 : L’heure est proche

« Bon. Avec notre massacre gratuit sur deux créatures légendaires, les faits sont là. Nous sommes des meurtriers sanguinaires, sans foi, ni loi. »

« Manelena, je n’utiliserai pas un tel terme pour nous désigner. » murmura Tery avec lenteur, observant la femme aux yeux rubis avant de soupirer. « Nous n’avons fait que nous défendre. Je pense que tu t’en doutes bien que si nous avions pu discuter, je l’aurai fait depuis … »

« Je te rappelle qu’on a assisté à un sacré massacre de la part d’Elen. Et dans le genre violent, même moi, je ne crois pas être de sa catégorie. Je me demande juste ce qu’elle est. »

« Je suis humaine ! Je suis parfaitement humaine même ! » s’écria la femme aux cheveux blonds avec exaltation, venant prendre le bras de Tery entre les siens.

« Une personne humaine ? Capable d’avoir les lignes de Zélisia et Alzar dans un seul et même corps ? Personne n’a jamais eu cela, aucun livre n’en parle. »

« Et alors, Manelena ? Quel est le problème ? J’ai des cornes, je suis un démon. Je ne crois pas que beaucoup parlent aussi de moi, n’est-ce pas ? »

Il avait tout simplement répliqué cela à l’ancienne maréchale, celle-ci pestant légèrement avant de se renfrogner, coupant court alors à la discussion entre elle et lui. Pfff … Vraiment, il n’avait pas envie de se disputer mais depuis la mort du phénix ardent, ils vagabondaient simplement sur le frontière entre Honoros et Shunter. Ils ne savaient pas où aller, ils ne savaient pas quoi faire Bref, ils n’étaient pas aidés le moins du monde.

« Nous devrions nous reposer pour la journée. La marche sous cette chaleur nous énerve tous. Qu’est-ce que vous en pensez ? Même si nous sommes plus proches de Shunter que d’Honoros, ça n’en reste pas moins étouffant. »

« Je pense que ça me convient. Hep, vous deux ! » s’écria Clari, désignant Royan et Elise, les regardant avec amusement avant de reprendre : « On fait une petite pause ! Arrêtez donc de discuter dans votre coin, tous les deux. Venez nous en faire profiter ! »

« Je n’ai rien à te dire, Clari. Je parlais simplement avec mademoiselle Elise. »

« Ne soyez pas donc si grognon, prince Royan. Nous n’avons aucun problème à cela, Clari. Je parlais avec le prince de Traslord. Maîtrisant l’élément du feu, je pensais que ma place serait peut-être ici … mais alors que vous m’aidez tous à me contrôler, je ne vois aucune raison sincère qui me pousse à quitter ce groupe. »

« Elle ne va pas commencer à faire dans le sentimentalisme ? » demanda Manelena en désignant Elise du regard, Tery rigolant :

« Bah, avoir une nouvelle compagne d’aventure, ce n’est pas un mal si grand. »

« Humpf. Je vois surtout que la parité homme-femme dans le groupe, ce n’est pas encore ça. » répliqua Manelena en haussant les épaules, Tery clignant des yeux avant de comprendre. Roh, c’était plutôt vil et bas comme attaque de la part de la femme aux cheveux argentés.

« Comme si cela avait une réelle importance dans le fond, Manelena. »

« Humpf. Peut-être. Si nous avons du temps à perdre pour parler … autant y aller »

Comme elle le désirait. Il haussa juste les épaules en réponse à ça, ayant un petit sourire aux lèvres. Il y avait beaucoup plus à faire ou presque. Mais pour le moment, ils étaient maintenant tous réunis donc bon …

« J’ai peut-être une idée à proposer sur le chemin à suivre. »

« Humpf. D’accord. » continua de marmonner Manelena alors qu’il poussait un profond soupir. Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression que tout cela allait être difficile, très difficile même ? Son intuition ? Peut-être juste qu’il se faisait des idées.

Mais quand même, se retrouver près de la frontière entre Shunter et Honoros, cela lui rappelait quelques souvenirs. Il se tourna vers Clairi, la regardant en souriant. Elle lui rendit son sourire, attendant quelques secondes avant de dire :

« Ben pourquoi tu me souris comme ça, Tery ? Tu me trouves si belle ? »

« Je serai méchant si je disais que non mais … c’est plus en rapport avec … le début … Enfin, quand Manelena, quand je ne savais pas qui elle était … enfin, tu sais le groupe pour Honoros, avec les médaillons et tout le reste. Quand nous étions cinq. »

« Wow … cela date quand même ! Tu ne vas pas quand même me dire que c’était le bon vieux temps ? Encore que je crois que tu m’avais raconté qu’une demoiselle t’avait offert ce médaillon, si je ne me trompe pas, hein hein ? »

« Demoiselle ? Qu’est-ce qu’elle raconte, Tery ? »

Gloups. Qu’est-ce que Clari avait besoin de reparler de ça ? Il se tourna vers Elen, cherchant à lui sourire bien qu’il était plus que confus, bredouillant :

« Rien de bien important, Elen. Ne t’en fait vraiment pas. »

« Clari, tu voudras bien m’en parler un peu, s’il te plaît ? » demanda Elen en se tournant vers la jeune femme aux cheveux blonds comme elle, bien que coiffés en tresses.

« Euh, je veux bien mais je ne sais pas grand-chose moi hein ? C’est plus Tery qui l’a connue, rien de plus, rien de moins. Mais au moins, ça a été sacrément utile, nous avons récupérés le médaillon et ensuite, nous avons juste … »

« C’est bon, Clari ! Je crois qu’Elen a parfaitement compris le message ! » s’exclama Tery avant de pousser légèrement Clari. Pourquoi avait-il décidé de discuter avec elle hein ? Ah … vraiment … bon, il allait devoir calmer le jeu cette nuit, voilà tout. Peut-être qu’avec quelques caresses et enlacements, il arriverait à apaiser Elen. Surement … oui.

« Non ! Je n’ai pas compris, Tery ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! »

« Hum … Bon, tu verras bien, c’est tout, Elen. Je te raconterai ça ce soir. Je n’ai pas envie de me disputer et je ne sais pas pourquoi elle a lancé le sujet. »

« Pourquoi est-ce que je l’ai lancé ? Hey, hey, hey … Tery, que je sache, c’est toi qui a commencé à parler d’Honoros. Ne te dédouane pas de tout ça hein ? »

« Non non … oh et puis zut. J’en ai assez. J’ai pas à m’expliquer sur tout aussi. »

Il fit un geste de la main pour dire que pour aujourd’hui, il avait déjà son quota d’énervement et d’agacement pour la journée donc il comptait passer à autre chose, que cela plaise ou non ! Il poussa un profond soupir avant de se remettre en route. Il avait une idée en tête et maintenant, il ignorait complètement Elen et les autres.

« Mais … hey … Tery ! Tu vas trop vite ! Attends-nous quand même ! »

Elle s’exclamait mais lui-même, de son côté, en avait rien à faire. Ils avaient voulu se rappeler quelques souvenirs, c’était comme ça qu’on le remerciait. Merci bien mais il n’était pas stupide au point d’accepter cela sans même se poser de questions.

Le temps passa, les secondes s’écoulèrent, puis les minutes et trois bonnes heures. Il était resté imperméable à toute conversation, ne cherchant même pas à écouter les excuses d’Elen car dans le fond, elle n’avait pas à s’excuser. C’était normal de vouloir en savoir plus.

Alors bon, il n’était pas soucieux par rapport à ça … juste ennuyé, terriblement ennuyé même. Il poussa un petit soupir, se demandant quoi faire avant de se mettre à réfléchir à tout cela. C’était compliqué, n’est-ce pas ? Très compliqué … il était … énervé ? Angoissé ?

« Retournons à Shunter. » murmura-t-il après quelques instants, s’étant arrêté pour prononcer ces mots, se retournant vers le reste du groupe.

« Retourner à Shunter ? Pour combattre la troisième créature légendaire ? » demanda Elen, heureuse de voir que Tery voulait à nouveau leur adresser la parole.

« Pas vraiment. On a besoin de repos, voilà tout. On voyage, on voyage, on visite … mais on n’a pas d’endroit où nous sommes sûrs de pouvoir nous reposer. »

« Tu oublies une chose très simple : nous sommes recherchés dans toutes les nation, Tery. »

« Je le sais parfaitement mais ça ne change rien à ce que j’ai dit, Manelena. Si on va dans mon village, je pense que nous serons à l’abri. Il est assez éloigné du reste et il semblerait qu’il n’y ait personne qui puisse nous déranger là-bas. »

« Tu nous laisses y réfléchir ou non ? Car ce que tu demandes, c’est pas rien, hein ? »

« Bien entendu, Manelena, bien entendu. Vous êtes libres de refuser, on prendra ça en compte. Ce n’est pas moi qui dirige le groupe. » dit-il en haussant les épaules. Il n’avait jamais voulu donner cette impression … et espérait que les autres ne pensaient pas ainsi de lui.

« Ah bon ? Première nouvelle. » déclara la femme aux cheveux argentés.

Comment ça, première nouvelle ? Il s’était jamais considéré comme un type de la sorte hein ? Enfin, comme le chef de la troupe. Jamais ! Jamais ! Jamais ! Attention à ne pas confondre ! Il avait bien mieux à faire que ça. Mais bon, il espérait que … enfin … qu’ils acceptaient.

« Pourquoi tu veux aller à Shunter, sincèrement, Tery ? »

« Hein ? Euh … Manelena ? Car en même temps, la troisième créature que l’on recherche se trouve là-bas, tu t’en doutes, n’est-ce pas ? Alors bon, je me disais que … »

« Et la vérité ? Car je n’aime vraiment pas que tu mentes. Ca me donne l’impression que tu me prends pour une idiote, une impression très énervante. »

« … Je veux revoir ma mère, voilà tout. C’est bien d’écrire des lettres, c’est mieux de la voir physiquement. Et en même temps, si … je peux tous vous présenter à elle … ça sera mieux. »

« Ce n’est pas déjà le cas, Tery ? » demanda Elen alors qu’il faisait un hochement négatif de la main pour lui répondre presque aussitôt d’une voix calme :

« Il faut bien que je présente …enfin … Elen autrement. Et puis en même temps, qu’elle nous revoie tous et toutes, ça ne peut lui faire que du bien. »

« Humpf. Il est vrai … que ta mère était … assez spéciale. »

Hein ? Manelena venait de faire … un simili-compliment par rapport à sa mère ? C’était vraiment surprenant. Le genre de choses auquel il ne s’attendait pas du tout. Il chercha quelque chose à dire, bredouillant :

« Oui, enfin, très spéciale même … si après tout ce temps, elle s’est assagie. Mais elle reste très forte, vraiment très forte même hein ? Ce qui est étrange. »

« Etrange ? Surprenant même. Je n’ai pas pu le constater directement mais même de loin, elle n’a rien à voir avec une paysanne lambda. Les gens de la sorte sont incapables d’avoir des capacités aussi développées dans le domaine de la magie. »

« C’est bien ce que je disais ! Elle est vraiment … enfin … bon … euh … voilà ma proposition. Comme je l’ai dit, c’est à vous de voir. »

Il avait préféré arrêter de parler de sa mère. Il voulait juste la revoir, c’était plus important ue tout le reste à ses yeux pour le moment. C’était … tout. Il baissa la tête, un peu gêné et embêté. C’était égoïste de sa part de penser de la sorte.

« Bon, de mon côté, ça ne me dérange pas. Je veux bien retourner à Shunter et aller voir la mère de Tery. De toute façon … hein. » compléta Manelena après quelques minutes.

Elle ne voulut pas terminer sa phrase, remarquant le regard joyeux de Tery envers elle. Humpf. Qu’il ne croit pas qu’elle faisait ça pour lui. Elle avait beaucoup mieux pour s’occuper que de rester à ses côtés. C’est juste … qu’il faisait une tête maussade.

« Et arrête de faire une tronche de la sorte ! »

« Hein ? Que ? Mais ça va bien, tu sais. Pas besoin de s’inquiéter. »

« M’inquiéter ? Pour qui ? Pour toi ? Tu ne te crois pas un peu trop prétentieux sur les bords par hasard ? Comme si j’étais inquiet à ton sujet, Tery. »

Il le savait parfaitement, il hocha avec lenteur la tête. Enfin, elle ne l’avouera jamais en public alors que lui ne se gênait pas de le déclarer ouvertement … enfin, sauf quand Elen était très proche de lui, c’était quand même assez gênant.


Enfin, surtout assez … perturbant ? Non non. Bon ! Bref ! Il prit Elen par le bras, la tirant à lui pour venir la serrer contre son cœur avec tendresse. Il chercha à rester ainsi pendant plusieurs secondes avant de chuchoter doucement dans son oreille droite :

« J’ai envie de te présenter … à ma mère … par autre chose qu’une connaissance. »

« Oh … Euh … De quelle façon, alors ? » bredouilla la femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus, Tery la regardant tendrement avant de répondre :

« Hum ? Je ne sais pas trop ? Comme une amie ? C’est mieux que simple connaissance ? »

« Tery, ne gâche pas ce que tu as commencé par des paroles de la sorte. » souffla Elen tendrement, attendant la réponse de Tery qui soupira :

« Je le sais, je le sais … mais j’ai encore du mal à y croire, c’est tout. Je pense que ma mère comprendra parfaitement la situation en nous voyant tous les deux, de toute façon. »

« Tu as du mal à concevoir que c’est possible ? »

« Oui … mais surement pas pour les raisons que tu crois. »

Et en même temps, il n’osait pas avouer à sa mère au sujet de ses cornes … enfin … du fait qu’il soit un démon. Sa mère était peut-être terrifiante … mais en même temps, c’était la femme la plus douce et gentille qu’il connaissait. Enfin, à part Elen. Mais bref, il savait ce qu’il voulait dire dans ses pensées … juste qu’il était un peu perturbé actuellement et donc qu’il avait du mal à se concentrer sur ce qu’il voulait faire.

« Et quelles sont ses raisons, Tery ? Tu veux bien me les dire ? »

« Je … veux bien … mais bon, c’est assez compliqué. Disons que c’est juste à cause de ça. »

« Ça ? » demanda-t-elle avant qu’il ne désigne son crâne. Elle ne comprit par sur le moment avant de remarquer qu’il parlait des cornes qui apparaissaient lorsqu’il était … non pas dans son état normal. Elle eut un petit sourire, chuchotant :

« Tu n’as pas à t’inquiéter, Tery. Moi aussi, je ne crois pas être très … normale, hein ? »

« Tu l’es quand même bien plus que moi, il ne faut pas l’oublier. Mais … voilà. »

« AHEM ! Vous avez fini de parler tous les deux ? On vous attend, là ! » s’écria Manelena, un côté rageur peint sur son visage.

« C’est bon, c’est bon. On devait juste discuter, elle et moi. Ce n’est pas quand même si dérangeant que ça ? Si ? Ou non ? »

« C’est toi qui voulait que l’on se rende à Shunter. C’est toi qui connais le chemin donc bon, c’est toi qui nous guide. Si tu restes en arrière, on fait comment ? »

« J’ai compris, j’ai compris. J’arrive. Désolé Elen, je repasse devant. »

« Pas de problèmes, Tery. Je t’accompagne. » répondit Elen tout en lui faisant un sourire, venant prendre sa main pour qu’il puisse diriger la petite troupe.

Maintenant qu’ils étaient tous prêts, ils pouvaient recommencer la marche. Refaisant un nouveau geste de la main, il invita tout le monde à le suivre avant de se mettre en route. Bon, y avait du chemin, pas mal de chemin. Au moins plusieurs heures voire jours de marche. Mais … en même temps, il devait avouer qu’il était heureux.

Il allait pouvoir revoir sa mère et rien que pour ça, ca valait le déplacement. Puis avec les évènements actuels, c’était quand même mieux s’il pouvait la revoir … et tenter de lui expliquer tout ce qui se passe. Si on rajoute aussi le fait que lui et Elen … étaient ensemble. Oui, il avait encore du mal à croire à cette chance … et il se demandait si sa mère accepterait une telle relation ? Enfin, elle était paysanne donc il ne pense pas que ça la dérangerait.

« A quoi est-ce que tu penses, Tery ? » demanda Elen à côté de lui.

« Simplement à ma mère. Tu crois qu’elle t’acceptera ? »

« Si elle ne m’accepte pas, qu’est-ce que tu feras, Tery ? » questionna Elen avec le plus grand sérieux du monde, le jeune homme aux cheveux bruns réfléchissant à cela.
Ce qu’il ferait ? Hum … La question était légitime très légitime même. Et c’était bien celle qu’il avait en tête. Ce qu’il ferait ? Il n’avait jamais apprécié son père … Enfin, surtout après ce qui s’était passé. Maintenant, la différence … c’est qu’il … enfin non. Comment est-ce qu’il pouvait expliquer ça ? Et Elen attendait une réponse !

« Je penserai toujours à toi et je ne compte pas t’abandonner. Je suis adulte et responsable, même si cela peut déplaire à ma mère. »

« Je dois prendre ça alors pour un oui, si j’ai bien compris. » dit-elle dans un grand sourire avant de venir se calfeutrer contre lui.

« Tu peux considérer cela comme tel. C’est une bonne nouvelle non ? »

« Disons plutôt que c’est juste la confirmation de ce que je ressentais. »

Ils parlaient beaucoup mais ils avaient beaucoup à se dire, surtout depuis que tout le groupe avait été d’accord pour retourner en Shunter. De plus, comme ils n’avaient pas encore trouvé la créature légendaire vivante dans le royaume, autant dire qu’ils allaient faire d’une pierre deux coups, ce qui était bénéfique sur tous les points.

Ah … Revoir sa mère, présenter Elen … comme petite amie ? Non, pas comme ça. Il fallait l’annoncer autrement. Une petite amie, ça ne faisait pas de telles choses ensemble non ? Il ne savait pas, Elen était la première femme de son existence.
Comme femme ? Est-ce qu’il devait la présenter en tant que telle ? Enfin de la sorte ? C’est compliqué, terriblement compliqué. Peut-être juste dire Elen … et hum … dire à sa mère qu’il aimait Elen du fond du cœur ? Rah ! C’était niais quand c’était dit comme ça !

Enfin … il … bon … Elen, c’était sérieux, très sérieux, c’était visible depuis des mois, peut-être des années ? Même si parfois, il avait ses pensées tournées … vers non. Il ne devait pas avoir d’autres femmes en tête, c’était tout simplement immoral.

« Hum ? Tery ? Pourquoi est-ce que tu regardes Manelena étrangement ? » demanda Elen alors qu’il était vrai qu’il était en train d’observer la princesse de Shunter.

« Peut-être parce qu’il n’a aucun intérêt à te regarder, toi ? »

« MANELENA ! Ca ne se dit pas ça, surtout quand c’est faux et infondé ! »

Le jeune homme aux cheveux bruns avait réagi aussitôt aux propos de Manelena, venant embrasser avec ardeur Elen pour lui montrer parfaitement qu’il n’avait rien à se reprocher. Ou alors le fait qu’il réagisse de la sorte représentait tout le contraire ? Il ne savait pas !

« Convaincue, Elen ? » demanda-t-il lentement.

« Je … hum … euh … je … je dirai que oui, Tery. »

« Tant mieux alors. Accélérons le pas ! On a beaucoup de chemin à faire, visiblement ! » s’écria le jeune homme aux cheveux bruns avant de se déplacer plus rapidement. Il ne comptait pas dormir dans une auberge ce soir de toute façon.

Mais bon, après les récents évènements, il fallait avouer que l’idée de se reposer dans son village était vraiment une bonne chose, très bonne chose même. Ca leur permettrait de décompresser car il avait l’impression que … Manelena était un peu sur les nerfs dernièrement. Du moins, il en était presque convaincu.
Après, il pouvait bien entendu se tromper, il préférait même que ça soit le cas mais bon … encore une fois, même ainsi, ça ne voulait pas dire … pfff … c’était ennuyeux, très ennuyeux tout ça. Peut-être que lorsqu’ils arriveront, il aura alors plus de temps pour se calmer et réfléchir … et envisager donc tout ce qui allait se produire dans l’avenir.

Oui, l’avenir … il ne savait pas ce que ce dernier allait lui emmener. Quelque chose de bon ? De mauvais ? Ah … et la réaction de sa mère ? Surtout que bon, depuis la dernière fois, elle avait terriblement maigri. Il espérait juste que ce ne fut pas encore le cas ou alors, il ne lui resterait plus rien sur les os. Ah … sa mère lui manquait. L’écriture était une chose, il connaissait le sujet avec Elen, mais le contact physique était tout autre. Il était pressé de pouvoir enlacer sa mère, il espérait juste qu’il n’y aura pas de problèmes d’ici là.