Chapitre 29 : Doutes

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Doutes

« Euh… Et bien… »

Il ne savait pas vraiment ce qu’il devait dire. La femme venait de le prendre au dépourvu et elle le regardait avec un sourire dessiné sur les lèvres. Elle semblait si heureuse et joyeuse… malgré la bataille qui venait de se dérouler ici. De plus, il sentait bien que ce n’était pas le moment de l’affronter malgré les soins qu’elle venait d’administrer à tout le monde.

« Le bonheur… C’est… lorsqu’on est heureux ? »

Shala se donna une petite claque sur le front alors que Nelya poussa un profond soupir désabusé en écoutant la réponse de Xano. Le jeune homme venait de se ridiculiser et un puissant rire se faisait entendre : Luna avait presque les larmes aux yeux alors qu’elle s’approchait de Xano. Galpha s’occupait de réveiller Pandora tandis que Tyrania marchait en direction du jeune homme. Ekriné venait d’atterrir sur le sol, ne préférant rien faire.

« Xano, tu as vraiment tant de choses à apprendre ! Le bonheur, ce n’est pas ça ! »

« Reine de Carreau, donne nous donc ta réponse. »

Ah ! Elle faisait moins la fière maintenant. Le sourire de Luna disparu alors qu’elle toussotait. Elle s’était mise à réfléchir rapidement à la situation bien qu’elle connaissait déjà une partie de ce qu’elle allait dire. Elle reprit la parole :

« Alors le bonheur pour moi, c’est d’être avec les gens que l’on aime, savoir qu’ils vont bien, qu’ils sont en sécurité et que rien ne peut les atteindre. »

C’était déjà une meilleure réponse et elle en était fière. Elle se tourna vers Xano, en tirant la langue pour lui dire de faire mieux. Il haussa les épaules en la regardant avec amusement : Leurs relations étaient au beau fixe. Miviari observa Luna pendant quelques secondes avant de murmurer d’une voix délicate :

« Cela semble plus juste… bien que ça ne soit pas correct. Dans votre idée du Bonheur, vous ne pensez qu’à votre bonheur personnel et à celui de vos amis, de votre famille… mais et celui des autres ? Y avait vous penser ? »

« Ah… Je… Disons que… »

« Le bonheur doit être universel : Nul ne mérite plus qu’un autre de vivre heureux et en paix. C’est pourquoi votre réponse est incorrecte Reine de Carreau. Vous devez imaginer un monde où tout le monde serait heureux. Dans l’idée de paix, il y a celle de la guerre. Certains n’obtiennent ce bonheur que par la voie des armes, c’est pourquoi il ne faut pas imaginer un monde où la guerre n’existerait pas… Elle se doit d’être présente mais elle ne doit pas blesser des personnes innocentes. »

« Le bonheur universel n’existe pas. »

Tyrania s’était mise à côté de Xano alors qu’elle venait de dire ces quelques mots. Miviari haussa un sourcil mais ne semblait pas pour autant décontenancée. Tyrania entoura le cou de Xano de ses deux bras, déposant un fin baiser sur sa joue gauche.

« Il n’existe pas car chacun ne travaille pas à ce dernier. Si tout le monde était réunit sous une même unité, alors nous avancerions vers le bonheur universel. »

« Et vous dites cela alors que ce monde est coupé en quatre royaumes. »

« Mais pour autant, y a-t-il des querelles entre ces royaumes ? »

« Comment pourrait-on le savoir ? Nous ne sommes là que depuis quelques temps. »

« Les quatre royaumes vivent en harmonie, les quatre Rois ne sont pas ennemis entre eux. »

« Normal, ils sont contre nous. »

« Pourriez-vous me laisser terminer Joker Blanc ? »

« Oups… Je m’excuse. »

Il passa une main dans ses cheveux blancs, confus d’avoir dérangé… son adversaire ? En y réfléchissant, elle était au service de Gigana alors pourquoi n’attaquait-elle les Reines et lui-même ? De plus, elle avait soigné tout le monde même Ekriné et les deux autres Atouts.

« Même si cela ne se voit peut-être pas aux premiers abords, les Rois sont chargés de protéger ce monde. Ils feront tout ce qui est en leurs devoirs pour accomplir cette chose. »

« Protéger ce monde… Il faut comprendre que nous ne sommes pas là pour détruire ce monde, ce n’est pas dur à comprendre pourtant ?! Je veux juste éliminer Malar et récupérer ce qu’il m’a volé ! Cette idée de prophétie me passe par au-dessus de la tête. »

« Tu n’es pas contre les Rois… mais tu dois les combattre. »

Elle avait dit cette phrase avec lenteur pour être sûre que Xano avait bien compris ce que cela impliquait. Visiblement, le jeune homme ne savait pas où elle voulait en venir mais elle ferma ses yeux noirs. Ils n’avaient plus le temps. Elle se tourna vers Ekriné :

« Venez me suivre mademoiselle Ekriné. »

« Et Granor et Orvonix ? »

« Je me charge de les prendre sur mon dos et dans mes mains. Joker Blanc, nous nous retirons. Tu as la possibilité de combattre les Rois mais réfléchis à ceci : Si tu élimines les Rois, que se passera t-il ? Qu’est-ce qui arrivera de ce monde ? »

Il voulait ouvrir la bouche mais se tut en observant Miviari. Elle ne voulait pas l’affronter ? Mais qu’est-ce qui se passait ici ? Il voyait Miviari qui soulevait Granor et Orvonix avec facilité malgré la taille imposante du premier. Lentement, ses ailes blanches la soulevaient au-dessus du sol alors qu’Ekriné jetait un dernier regard à Xano avant de rejoindre Miviari. Les quatre Atouts s’éloignèrent dans le ciel.

« Aliréna ! »

Il se tapa le front, se retournant avant de courir vers la maisonnette. Il n’avait pas vu la jeune femme sortir ! Peut-être qu’elle avait des problèmes ?! Il pénétra à l’intérieur de la maisonnette, se dirigeant vers la chambre de la jeune femme avant de pousser un soupir de soulagement. Elle était toujours là… debout devant la fenêtre.

« Aliréna, tu pourrais quand même répondre quand je te parle. »

« DornRek ? Les Atouts sont partis ? »

« Oui mais… Je ne me sens pas très fier… »

Elle se tourna vers Xano, ouvrant ses bras avant de l’enlacer avec tendresse. C’est vrai… Plus les combats se déroulaient, plus il se demandait si ce qu’il faisait était juste ou non. A force de vouloir toujours tout tuer pour éviter que ses amis soient blessés, il créait tellement de soucis. Aliréna lui dit :

« Ce qui doit être fait sera accompli même si… Ce n’est pas ce que nous désirons. Xano… Nous allons nous rendre dans le royaume central. »

« Pourquoi ça ? Tu ne veux quand même pas que j’aille affronter les Rois ? »

« Il le faudra un jour… si tu veux combattre Giradès. »

« Je vais aller leur parler. »

« Ils ne t’écouteront pas. Ils ne peuvent pas… »

« Tu me caches des choses, Aliréna. Qu’est-ce qui se passe réellement ici ? »

Elle posa un doigt sur ses lèvres pour lui dire que c’était un secret qu’elle ne pouvait lui révéler. Même si il avait du mal à le reconnaître, la présence d’Aliréna dans ses bras lui était assez familière. Une présence chaleureuse et plaisante… comme un rayon de soleil qui lui réchauffait le cœur. Il ne devait plus douter…

« XANO ! Qu’est-ce que ? »

Tyrania venait de pénétrer dans la chambre d’Aliréna, remarquant ce spectacle incongru et déplaisant à regarder. Il retira subitement la femme aux longs cheveux blonds de ses bras, tremblant de tout son corps. Tyrania avait vu… tout vu. Ca allait mal se finir, très mal se finir. Il devait trouver une explication et vite !

« Alors euh… Tyrania, comment dire… »

« Je t’ai déjà dit que si tu as besoin d’un câlin, je peux te le faire ! »

Hein ? Quoi ? Elle se jetait sur lui, le serrant dans ses bras avant de l’embrasser avec envie et amour, joignant leurs deux langues dans la bouche du jeune homme qui restait stupéfait. Aliréna eut un petit rire avant de s’éloigner, refermant la chambre derrière eux pour les laisser en tête à tête. Elle ne s’était même pas énerver ! Qui avait changé son ancienne Tyrania avec celle là ? Il retira ses lèvres, la regardant éberlué alors qu’elle lui faisait un grand sourire, ses joues rougies de gêne.

« C’était comment comme câlin ? »

« Heu… Je dois donner une note ? Dix sur dix ? »

« Ouiiiiiiiiiiiiiiiii ! »

Elle l’embrassa à nouveau alors que cette fois-ci, il lui caressait le dos. Le baiser dura cinq minutes puis finalement, elle lui murmura à quel point elle l’aimait. Il hésita pendant quelques secondes avant de lui dire la même chose. Quittant la chambre, le couple alla se réunir avec les autres dans la cuisine, Pandora étant réveillée et consciente. Tout le monde discutait sauf Shala qui détournait le regard, quelque chose semblant la gêner.

« Vous avez terminé tous les deux ? »

« Bien sûr hihihi. Xano est à moi, rien qu’à moi ! »

« Merci Xano… pour m’avoir protégé après… mes actes. »

Pandora venait de lui adresser quelques paroles mais il hocha la tête d’un air négatif. Il n’avait rien à voir dans cette affaire. Même si il l’admettait avec du mal, il devait annoncer la vérité à la jeune demoiselle. Il toussa légèrement avant de dire :

« Pandora… C’est à moi de te remercier. Je ne savais pas que tu pouvais… te battre. J’ai toujours évité de te mêler à ça malgré ton statut de Bouclier mais bon… J’avais tord. »

« Non, non Xano ! Comment dire… C’est la première fois que l’on essaye de faire que je sois heureuse et sans contrepartie. Auparavant, on se fichait pas mal de ce que je ressentais mais toi… Tu es quelqu’un de vraiment bien. Je n’ai pas l’habitude de me battre et je suis de nature assez fragile mais…Si je peux donner ma vie pour que tu puisses progresser et avancer, je le ferais ! Voilà ! Tu es comme un grand frère… Je sais que c’est stupide de penser ça… »

Elle baissa son regard émeraude pour observer ses pieds. Qu’ils étaient beaux… vraiment très beaux. Elle venait de lui dire quelque chose d’assez gênant et le jeune homme ne savait pas quoi dire. Les Reines avaient un petit sourire à part Shala mais il se reprit :

« Tu m’as fait perdre mes mots. Ahhhh ! Pandora, ce n’est pas moi qui t’ai sauvé mais Shala. Si tu as quelqu’un à remercier, c’est elle ! »

Aliréna posa son regard saphir sur Shala, un sourire bienveillant se dessinant sur ses lèvres. La femme aux cheveux violets ne broncha pas, évitant de voir Pandora en face d’elle tandis que tout le monde la regardait. La jeune femme aux cheveux bruns et dorés s’approcha de Shala, confuse. Elle n’avait pas l’habitude de lui parler et surtout, elle craignait la femme qu’elle ne connaissait qu’à travers les insultes qu’elle envoyait à Xano.

« Merci beaucoup… madame Shala ? »

« M’appelle pas madame, je fais pas aussi vieille. Je vais prendre un peu l’air. »

« Et tes blessures, Or… Shala ? »

« Je t’ai déjà dit d’arrêter de m’appeler comme ça ! Je n’ai plus de blessures ! »

Elle quittait la cuisine puis la maisonnette avec une légère colère tandis que les autres personnes préféraient ne rien dire pendant quelques secondes. Pandora brisa le silence avec une voix un peu enjouée :

« Elle n’est pas vraiment méchante, je suis sûre. »

« Si seulement, elle pouvait se montrer plus sociable. »

Les personnes soupirèrent de concert avant de discuter entre elles des choses qu’elles allaient accomplir dès demain. Aliréna leur annonça qu’il était temps d’aller dans le royaume central pour y déposer les trois clefs et ainsi ouvrir l’endroit où Giradès s’était réfugiée. Néanmoins, les Rois n’allaient pas les laisser tranquilles et ils devaient mettre en position un plan pour pénétrer à l’intérieur du royaume central en évitant des morts obsolètes. Chacun parlait à son tour, même Galpha semblant se prendre au jeu.

« Fais chier ! »

Elle tapa avec violence contre le sol fait de terre et d’herbe. Pourquoi ?! Pourquoi avait-elle perdu tout contrôle d’elle-même en voyant Pandora dans cet état ?! Elle n’arrivait pas à l’exprimer correctement ! Depuis quand se préoccupait-elle des autres ?! Après ce que Xano avait fait, elle s’en fichait pas mal de ce qui pouvait arriver au Joker Blanc, aux Reines, etc !
Elle était une Arme, un simple objet crée de la main d’un Dieu. Toute son existence était basée sur la destruction, l’élimination des Atouts mais pas uniquement de ces derniers… Détruire des royaumes, éliminer certaines personnes importantes, voilà la raison de sa présence en ce monde. De toute façon… Qui s’intéressait à elle réellement ?

Dire qu’elle était tombée dans ce piège… Elle s’était trop ouverte… Drimali… Juperus… Elle détestait ces personnes qui avaient réussie à lui faire croire qu’elle pouvait mener une vie bien plus paisible ! Maintenant, où elle était ? Dans un monde qu’elle ne connaissait pas ou peu, des ennemis auxquels elle ne portait aucun intérêt, des… soi-disant amis qui ne se souciaient pas d’elle.

« A qui je mens ? Seulement à moi-même. »

Elle détestait ça… Vraiment… Elle détestait plus que tout : S’ouvrir aux autres après ce qu’ils avaient fait… Xano… Ce foutu Xano. Pourquoi ce charme était-il apparu ? Tout cela n’avait été qu’une illusion, une pathétique chimère pour jouer avec ces sentiments. Elle était restée là, sur le chemin qui conduisait à la maisonnette d’Aliréna. Il y avait encore de la lumière et une discussion assez vive. Elle devait y retourner… et essayer de ne plus penser à tout ça. Arrêter de croire à toutes ces choses qui l’entouraient. Au final… Elle n’était qu’une Arme.

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