Chapitre 3 : Agitation

ShiroiRyu
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Chapitre 3  : Agitation

« Ça fait la combientième sale bête aujourd’hui, Tery ? »

« Oh, tu sais, je n’ai pas vraiment cherché à compter mais on doit se rapprocher de la dizaine ! Et cela ne fait qu’une demie-journée depuis que nous sommes réveillés ! »

« Comment est-ce que tu peux savoir ça, Tery ? » demanda Manelena alors qu’elle extirpait sa lame d’un cadavre de ce qui semblait être un sanglier géant boursouflé en de nombreux endroits, ayant une mimique de dégoût.

« Quand tu ne peux plus voir le soleil dans le ciel, il faut bien réussir à deviner plus ou moins combien de temps s’est écoulé hein ? Mais tu verras, les villages souterrains ont leur propre méthode pour définir l’heure. Au final, nous ne sommes pas si différents. »

« Si différents, si différents. Tu n’as pas à t’inquiéter de la façon dont tu t’exprimes, Tery. Je ne crois pas que vous soyez « si différents » de nous, si tu veux tout savoir. »

« Hahaha, disons que c’est simplement une habitude, rien de plus. J’espère que tu ne m’en veux pas trop de réfléchir ainsi. »

Cela ne faisait que deux jours qu’ils étaient dans les souterrains et il était vrai que le jeune homme étudiait chaque réaction de la part de Manelena mais aussi des soldats des différentes races. Comme c’était sûrement la première fois pour tous qu’ils se promenaient dans le monde souterrain, si on pouvait appeler cela une promenade, il était alors normal que de rester un peu soucieux et inquiet par rapport à tout cela, non ?

« T’en vouloir ? J’ai pas mal de raisons de t’en vouloir mais le fait de t’inquiéter pour nous, ce n’est pas une raison valide à mes yeux. »

« Tu n’es pas obligée d’être aussi froide, tu sais. »

« Je le suis car la situation l’exige et car je suis ainsi. Je voudrais bien que l’on trouve un endroit où nous reposer, comme il en était convenu. Nous ne pouvons pas dormir … à la belle étoile … si ça se dit ici, tout le temps. Il nous faut trouver un village ou une ville. »

« Je sais, je sais, pour pouvoir expliquer la situation et surtout tenter de régler toute cette histoire. Tu veux sûrement retourner à la surface le plus vite possible. »

« Oui oui, il ne faut pas exagérer non plus. Je ne fuis pas cet endroit comme la peste mais je n’avais pas prévu de visite chez toi avant quelques semaines voire mois. Peut-être quand j’avais fini de te passer à tabac. »

« Hein ? Me passer à tabac ? Mais euh … Et pourquoi tu voudrais me frapper ? »

« Tu veux vraiment que j’aille énumérer les raisons qui me pousseraient à te frapper ? Sachant que te frapper serait le moindre mal que j’ai prévu pour toi, Tery Vanian ? Peut-être que je pourrais te rappeler avec mes poings ?

« Merci mais non merci en fin de compte. Je suis très bien comme ça actuellement. »

C’était à croire que ce qui s’était passé juste peu de temps après l’éboulement n’était qu’une illusion. Mais bon, il savait pertinemment que c’était la réalité. Mais voilà, à côté, il comprenait qu’en vue des créatures saugrenues et étranges qu’ils affrontaient depuis deux jours, elle n’avait pas vraiment envie de sourire.

Et pendant le repas, qui était composé en partie des rations restantes du groupe mais aussi de la « cuisine » démoniaque à partir des animaux souterrains, il voyait bien que les démons restaient distants de l’armée composée de Manelena. Hmm … Entre ça et le fait qu’il fallait vérifier que la nourriture n’allait pas emmener de mauvaises influences sur les démons, et surtout les rendre … comme eux justement.

« Manelena, si je te dis quelque chose, tu peux me promettre de le garder pour toi ? Je ne voudrais pas que cela pose encore plus de problèmes dans le groupe. »

« Hmm ? C’est donc quelque chose de déplaisant à entendre. Pour moi ? Pour toi ? Ou pour les soldats ? Enfin, qu’importe, maintenant que tu as commencé, tu devrais terminer. »

« Les démons parlaient entre eux. Ils sont fatigués et usés … et ils pensent que si nous nous faisons autant attaquer par les créatures souterraines, c’est à cause de vous. »

« Comment est-ce que nous ferions un tel prodige ? Nous sommes toujours avec vous et on a aucune raison de nous en prendre plein la tête. »

« Je pense néanmoins qu’ils n’ont pas totalement tort. Si les monstres ont une bonne odorat, il y a de fortes chances que le fait qu’il y ait de nouvelles races dans le monde souterrain leur titille les pupilles gustatives. »

« Donc, parce qu’ils n’ont jamais goûté de shunterien, honorien et autres, nous serions bien plus à leur goût et ils veulent nous dévorer ? »

« C’est plus ou moins ça. Mais après, rien n’est confirmé hein ? Mais juste, c’est une hypothèse. Et je n’ai pas trouvé quelque chose pour la réfuter. »

« Humpf… Au moins, tu es honnête alors… pourquoi est-ce que tu n’as pas cherché à régler tout cela auparavant ? »

« Tout cela, auparavant ? De… quoi est-ce que tu parles ? »

« Tu le sais bien. Je préfère que tu évites de faire l’ignorant. Je veux parler… depuis le moment où tu as passé ces portes. »

« Oh… Ah… J’avais peur… et honte… et j’avais du remord. J’avais tellement de raisons de ne pas revenir. Je n’ai pas oublié tes propos non plus. Même si je n’étais pas directement responsable de tout ça, savoir que j’ai… fait ceci… »

« Ce ne sont pas des excuses que je veux. Je veux savoir pourquoi tu n’as pas eu le courage auparavant ? Tu n’as jamais eu peur contre des créatures légendaires qui faisaient dix fois ta taille ! Pareil contre les armées et là, tu veux me faire croire que tu avais peur de nous ? De moi ? C’est bien ça ? Tu te fous encore de ma gueule. »

« Est-ce si… impossible à imaginer que j’avais peur de vos réactions ? Après ce que j’ai fait ? Car… je tenais à vous ? Savoir que je m’en suis pris à Elen, savoir que je t’ai blessé ouvertement, savoir que j’ai fait cette erreur et… »

« Des erreurs, tout le monde en fait. Et peu le regrettent. Tu as surtout eu de la chance qu’elle n’en soit pas morte, avec son enfant. Là, tu aurais eu des regrets et jusqu’au restant de ta vie. »

« J’en ai toujours et… » commença t-il à dire avant qu’elle ne lui donne une claque sur le front, le repoussant un peu en arrière bien qu’elle le retenait d’une poigne ferme sur le bras.

« Ça ne veut pas dire que tu dois te morfondre sur ton sort. Tu peux réparer tes erreurs. Je ne vais pas me contenter de simples excuses pour ma part. Et l’ouverture des portes démoniaques, j’ai surtout l’impression que tu n’étais pas le seul responsable dans cette histoire. Je veux dire, la voix, tout ça, on a compris mais… »

« Mais quoi ? » demanda t-il, un peu gêné et honteux. Même s’il avait eu légèrement mal au front à cause de Manelena, ce n’était pas pour autant qu’il ne l’écoutait pas à cet instant précis, clignant des yeux en sa direction.

« Hum, j’ai l’impression que les deux parents d’Elen, Sérest et Séran, enfin, ces réincarnations et toutes ces choses, désolée, j’ai du mal à y croire encore et toujours. Enfin bref, j’ai le sentiment que c’est ce qu’ils désiraient aussi. »

« Y a des chances mais là encore, il n’y a aucune preuve et… »

« Tu te rappelles de ce qu’il fallait faire pour ouvrir les portes démoniaques ? Et permettre surtout aux démons de revenir à la surface ? »

Hmm. En le voyant réfléchir, elle ne continua pas sa phrase, attendant de voir s’il se rappelait plus ou moins la discussion à ce sujet. Enfin, pas seulement la discussion mais tout ce qui avait été fait depuis le début.

« En y réfléchissant bien, il faut avouer quand même que… si on réfléchit à tout ça… »

« Je veux que tu me énumères tout depuis le début. Alors, par quoi est-ce que tout a commencé ? Alors, Tery Vanian ? »

« Par de simples médaillons, rien de plus, rien de moins. Trois médaillons pour chaque créature légendaire. C’était ce qu’Elen venait chercher mais vous aussi. »

« Des médaillons qui permettaient d’éveiller les cinq monstres légendaires, gardiens des portes démoniaques. Ce qui veut dire que dès l’instant où tu as commencé à les chasser, avec nous autres, nous partions vers un mauvais chemin. Et ensuite ? »

« Ensuite ? Tu parles toujours des portes ? Si je ne me trompe pas, il y avait donc la mort des créatures légendaires et puis… »

« Bon, je me doutes que tu sais de quoi je veux parler exactement mais je vais le dire moi-même : il fallait le sang des dieux originels ainsi que… »

« Celui d’une personne qui possédait les deux sangs en soi. Une chance sur plusieurs millions … ou alors, l’engeance des dieux. »

« Mais où est-ce que tu veux en venir avec tout ça exactement ? »

« Ah … Si vraiment Sérest et Séran ne voulaient pas que les portes démoniaques soient ouvertes, je ne vois pas pourquoi ils auraient perdu leurs temps à donner naissance à Elen. »

« C’est donc comme s’ils avaient prévu de la sacrifier depuis le début ? Et de se sacrifier ? Car si je me rappelle bien, c’était… ce qu’ils avaient fait non ? »

« C’est exact mais ils ne s’attendaient pas à ce que leur propre fille cherche à les sauver, ce qui fait qu’ils ont décidé de la sauver, elle aussi. »

« Mais pourquoi est-ce que tu veux parler de tout ça ? Je veux dire, je suis au courant… mais ensuite ? Qu’est-ce qu’il y a à y … gagner ? »

« Hmm… Tout simplement que tu n’es pas le seul fautif dans toute cette histoire. Oui, tu étais manipulé par cette voix mais pas uniquement. Nous avons été manipulés depuis le départ pour que les portes démoniaques soient ouvertes, qu’importe ce que nous faisions. Que cela soit à cause de cette voix dans ta tête, du directeur de l’orphelinat d’Elen, de ce foutu grand prêtre de Shunter qui était juste un démon, de Sérest, de Séran, et je suis même sûre qu’Ernold aussi devait être y être pour quelque chose. »

« Oui mais… » commença à dire le jeune homme aux cheveux bruns, cherchant à répliquer mais elle lui coupa le sifflet, plaçant une main sur sa bouche pour le faire taire.

« Donc, des bêtises, tu en as fait. Des conneries plus grosses que ton crâne ? Pareil. Est-ce que tu es le seul fautif dans l’histoire ? Non, ce n’est pas le cas. Le seul truc, c’est que tu aurais pu tout simplement revenir nous voir et t’excuser mais on dirait bien que tu n’as pas été voir plus loin que le bout de ton nez. »

« Comme d’habitude, c’est bien ça que tu vas dire, n’est-ce pas ? »

« Comme d’habitude, oui. Ah… Bon sang, tu as même réussi à me fatiguer. Je ne vais pas te pardonner aussi facilement mais on va bien trouver un moyen de régler ça plus tard hein ? »

Le sourire mauvais qu’elle lui lançait le fit frisonner légèrement. Il ne savait pas pourquoi mais il ne le sentait pas sur le coup. Après, c’était Manelena. Contrairement à leur première rencontre, il pouvait dire clairement qu’elle était bien plus douce.

« Et s’il te plaît, il va falloir vraiment que tu arrêtes ce sourire sinistre et effrayant. »

« Hey, mais je suis né comme ça ! Je peux rien y faire, tu sais ? » déclara le jeune homme aux cheveux bruns, faisant une petite moue dépitée en sa direction.

« Oui, c’est peut-être ça le problème. On ne peut rien y faire. Ah … Même en venant te baffer et te secouer pour que tu comprennes tes erreurs. Bon, tu vas aller expliquer à tes compagnons démoniaques que nous ne sommes pas responsables de la venue des bestioles, d’accord ? »

Simpleme hochement de tête positif de sa part et le voilà déjà parti. Direction le groupe de soldats démoniaques. Il doit commencer avec eux, faisant quelques mouvements de la main, parlant assez distinctement et de telle façon qu’elle puisse aussi l’entendre :

« Alors, même s’il est vrai que vous ne pouviez pas le savoir, il y a des chances que les créatures des environs ne soient pas habituées à l’odeur qui émane du corps des autres membre du groupe. Je me suis rappelé que j’ai eu ce souci moi aussi. »

« Auparavant ? Quand vous veniez d’arriver sous la surface, c’est bien ça ? »

« C’est exact ! Je dois avouer que je n’étais pas préparé à tout ça. Eli… La princesse Elise non plus d’ailleurs. Mais voilà, ce n’est rien de dramatique ou d’important, vous savez ? Nous sommes assez nombreux pour faire attention où nous mettons les pieds. Si on reste sur nos gardes, ce n’est pas quelques créatures lambda qui devraient nous poser de problème. »

« C’est vrai, messire Tery ! Comme nous sommes encore proches de la surface, les monstres qui s’y trouvent sont parmi les plus faibles qui existent. »

« C’est exact. Peut-être qu’ils seront nombreux mais nous le sommes tout autant. Et surtout, nous sommes bien mieux préparés qu’eux. »

Un petit clin d’oeil de sa part accompagné d’un sourire et il sentait que toute cette histoire allait être réglée avec une certaine aisance. Il reprit doucement mais sûrement la parole :

« Donc oui, il y a des chances que les monstres soient intéressés par nos compagnons de route mais ce n’est pas de la faute à ces derniers. J’espère que vous comprendrez qu’à l’heure actuelle, nous sommes tous sous le même drapeau. Notre but est de trouver une ville ou au moins un village assez grand pour nous accueillir. Ensuite, nous pourrons alors voir pour prévenir la capitale de ce qui s’est passé puis retourner à la surface avec tout le monde. Essayez donc de considérer cela comme une occasion unique de pouvoir fraterniser avec les autres races sans que cela soit forcé par autrui. »

Est-ce que cela allait être suffisant ? C’est ce qu’il espérait. A voir les soldats se regarder entre eux, puis commencer à parler, il comprenait que ça serait un sujet de discussion mais aucun ne semblait réticent de ce qu’il remarquait.

« Après, ils ont bien essayé de nous aider contre ces… hommes-bêtes. »

« Des gnomolds, ça s’appelle. Je ne sais pas pourquoi ils vous haïssent autant mais il semblerait que ça soit quelque chose d’assez important chez eux. »

« Bah, et ça, vous avez aucune explication pour eux, messire Tery ? »

« Pas le moins du monde. À partir de là, si nous retombons sur des gnomolds agressifs, il ne faudra pas hésiter à se défendre, quitte à les tuer. »

Oui, sur le coup, il n’allait pas leur demander de simplement les assommer. Les gnomolds avaient la vie dure et ils étaient du genre très teigneux et hargneux quand ils le décidaient. C’était bien pour cela qu’il préférait prendre ses précautions.

De retour auprès de Manelena, celle-ci lui demandait si c’était résolu, chose qu’il confirma d’un petit hochement de tête positif. Elle poussa un petit soupir, comme soulagée par rapport à toute cette histoire avant de dire :

« Ça ne m’aurait pas vraiment plu de devoir vous combattre à nouveau alors que nous avons fini par résoudre plus ou moins pacifiquement tout ceci. »

« Ce n’est pas encore terminé, Manelena. Je tiens à te le dire. Ce n’est pas parce que je veux la paix avec les races de la surface ainsi que la troupe qui m’accompagne que… »

« Je sais bien. C’est la même pour nous autres hein ? On ne peut jamais contenter tout le monde et si tu essaies, tu vas alors faire moins bien que si tu te concentres simplement à plaire un maximum de monde. »

« Hein ? Mais ce n’est pas plus ou moins… pareil ? »

« Pas du tout. Un maximum de monde, c’est que tu cherches à contenter le plus de personnes possible. Tout le monde, c’est dans sa globalité. Tu auras toujours une personne qui n’appréciera pas telle ou telle chose alors qu’une autre si. Même si je ne suis reine que… enfin bon… je ne vais pas épiloguer sur cette longueur, disons qu’en tant que maréchale, je me devais déjà d’être ferme auparavant. Et aujourd’hui, je dois l’être encore plus. Je n’ai pas qu’une armée entre les mains mais tout un peuple. »

« Et moi qui a déjà du mal avec juste quelques hommes… »

« Hmm ? Tu te débrouilles plutôt bien de ce que j’ai pu voir. Tu n’es pas à plaindre. Du moins, j’ai plus l’impression que ces démons te suivent car tu es Tery que parce qu’ils veulent tenter de te tuer en te plantant une lame dans le dos. »

« Ah ça… Disons qu’on a essayé de purger plus ou moins ceux et celles qui étaient proches des deux aînés de la famille royale. L’empereur Malark n’a pas vraiment apprécié la mort d’Elise et de ses deux plus jeunes enfants. »

« Même après que tu l’ai prévenu sur le fait qu’ils étaient encore vivants, Tery ? »

« Même après ça. J’avais quoi pour confirmer mes dires ? Aucune personne à mes côtés. Et je dois t’avouer que j’ai souvent… cru que ma dernière heure était arrivée. »

« Il est si impressionnant que ça ? Qu’est-ce qu’il fait comme magie ? Enfin, je veux dire, à part le fait qu’il possède des lignes d’Alzar comme chaque démon pur. »

« Si tu veux tout savoir, je n’ai pas réussi à deviner exactement mais… il a tué sa propre fille en un instant. Elle a comme « disparu » du champ de vision de tous et de toutes. Un peu comme si elle se retrouvait dans une autre dimension ou alors, qu’elle a été exterminée à un tel degré qu’il ne restait plus rien d’elle. »

« J’imagine que je vais le rencontrer un jour. »

« Oui et quand ça sera le cas, s’il te plaît, ne le provoque pas. Ne cherche pas le… »

« Oh. Mais tu vas me faire presque croire que tu t’inquiètes pour toi, Te… »

Elle s’arrêta dans sa phrase en voyant bien le regard sérieux … et triste de Tery. Une légère rougeur vint envahir ses joues, la femme en armure noire toussotant un peu avant de prendre la main de Tery dans la sienne gantée.

« T’en fait pas, va. Je suis téméraire mais pas idiote. Si j’ai réussi à survivre aussi longtemps, c’est en grande partie parce que je sais reconnaître le danger. Et une autre partie, c’est bien parce qu’un idiot a décidé de m’empêcher de me sacrifier. »

Malgré le froid propre à son gant, elle diffusait une douce chaleur au bout de ses doigts, faisant un léger sourire à Tery avant de faire disparaître son gant pour laisser place à une main plus grande que celle du jeune homme. Elle croisa les doigts avec les siens, reprenant la route comme si de rien n’était.

« Je ne suis pas en sucre, Tery. Tu devrais le savoir depuis le temps. »

« Justement, c’est bien parce que tu es tout sauf en sucre que je voulais te prévenir. Enfin, avant de rencontrer l’empereur Malark, nous avons beaucoup de chemin à faire. »

Elle n’en doutait pas un seul instant. Sinon, elle ne serait pas là avec lui hein ? Hum ? Elle lança juste un bref regard en arrière, sans que Tery ne le remarque. Les soldats démoniaques avaient les yeux posés sur leurs mains jointes. Lentement mais sûrement, la main devint un peu plus ferme, possessive alors qu’un sourire mauvais se dessinait sur ses lèvres, comme l’air de dire que oui, les démons ne se faisaient pas des idées.

« Héhéhé. » se dit-elle à elle-même alors que Tery clignait des yeux.

« Tu as l’air bien heureuse, Manelena. J’imagine que ça serait malpoli de ma part de te demander la raison de cela, n’est-ce pas ? »

« Oh que oui, très malpoli de ta part. Bref, tu vas donc éviter de demander, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Ah… Bon, j’ai un souci, malgré ce que je pensais, je ne connais pas du tout le chemin que nous empruntons. »

« Ce n’est pas étonnant venant de ta part donc ne t’en fait pas, je ne suis pas surprise. »

« C’est assez vexant d’entendre ça de ta part, tu sais ? »

« Bah ! Ce n’est pas comme si tu en avais pas l’habitude, Tery hein ? » répliqua la femme aux cheveux argentés, Tery marmonnant :

« Oui mais quand même… Y a d’autres moyens de l’exprimer. »

Mais il n’allait pas continuer plus longtemps ce dialogue. Au moins, il était plutôt heureux des diverses discussions qu’il avait eu avec les démons et Manelena. Il se sentait libéré d’un poids. Ils allaient pouvoir se focaliser sur la recherche d’un village ou d’une ville. À cette hauteur, cela restait une mission assez difficile.

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