Chapitre 31 : De nouveau sur la route

ShiroiRyu
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Troisième axe : Monarchie souterraine

Chapitre 31 : De nouveau sur la route

« Dis, Tery, tu crois que l’on va avoir de gros problèmes ? »

« Je n’en sais trop rien, Elise. J’ai l’impression qu’il aurait peut-être mieux valu que je me taises, j’imagine … Ca m’apprendra à avoir ma bouche trop grande ouverte. C’est de ma faute si on va avoir des ennuis. Je suis désolé … »

« Hein ? Mais de quoi est-ce que tu t’excuses ? Ce n’est pas comme si nous étions au courant que ça allait se passer ainsi hein ? En même temps, ce n’est pas bien grave. Il fallait bien que ça sorte un jour ou l’autre. Je pensais plutôt qu’ils allaient pas nous croire. »

Elle marquait un point : lui-même avait imaginé que cela ne se passerait pas de la sorte. En fait, c’était plutôt étrange qu’ils réagissent ainsi. Est-ce qu’ils allaient tenter de les tuer ? Les attaquer ? Vu qu’ils n’étaient pas des démons de sous la surface comme eux ? Pfiou, ils en mettaient du temps … et même s’ils n’avaient pas reçu l’ordre de rester, ils préféraient ne pas partir pour ne pas avoir de problèmes.

« Au moins, ils ne semblaient pas menaçants, non ? Ce qui est plutôt une bonne chose ? »

« On va dire ça comme ça. On ne sait pas s’ils sont belliqueux mais ils n’en donnent pas l’impression. On va dire que c’est tant mieux pour l’instant mais ça sera mieux que l’on reste sur nos gardes, par simple mesure de précaution. Comme on ne sait pas ce qui nous attends. »

« Deux précautions valent mieux qu’une. » confirma Elise alors qu’ils hochaient la tête respectivement. Dans ce genre de situations, c’était bien mieux … que d’être d’accord. Bon, le temps passait et commençait à devenir un peu long. Ils pouvaient pas revenir plus rapidement ? Finalement, la porte s’ouvrit, un vieux démon disant :

« Pardonnez notre retard, vous comprenez, nous avions besoin de discuter de choses assez importantes … dont vous faites partie tous les deux. »
Tiens ? C’était étrange … C’était lui ou alors il venait d’utiliser un ton plus distant et lointain, presque solennel ? Est-ce qu’il avait quelque chose à se faire pardonner ? Un bref regard à Elise et les deux espéraient que ça ne sente pas le traquenard sinon …

« Non, non, calmez-vous donc. Vous n’avez pas besoin d’utiliser vos pouvoirs. On ne vous veut pas de mal. De toute façon, c’est mieux pour nous tous que vous soyez en parfaite santé. On ne voudrait pas qu’ils se ramènent dans cette ville. On est une ville tranquille. » s’exprima une seconde démone, Tery haussant un sourcil, un peu surpris.

Ils avaient ressenti la nervosité du duo, n’est-ce pas ? Le problème, c’est qu’eux aussi étaient nerveux … mais pas belliqueux. A force de patienter, ils allaient bien avoir des réponses non ? Alors, pourquoi est-ce qu’ils étaient comme apeurés ?

« Vous savez, on ne vous veut aucun mal, hein ? » finit-il par dire après quelques secondes.

« Je pense pareil que Tery. Mais qu’est-ce qui … vous met dans cet état ? C’est nous ? »

« C’est … exact. Nous ne savions pas qui vous étiez. Si cela avait été le cas, nous aurions été mieux préparés à vous réceptionner. Veuillez vraiment nous pardonner. »

« Ne racontez donc pas n’importe quoi. Enfin, qu’est-ce que cela vous a apporté en plus de savoir que nous étions des démons de la surface ? »

S’exprimer de la sorte lui donnait vraiment l’impression qu’il n’était plus de ce monde à la surface. Il n’était plus à sa place. A s’entendre, cela le rendait presque triste et maussade … et c’en était même un peu déprimant en fin de compte. Mais à voir le regard des différents démons de la guilde en face d’eux, il trouvait cela encore plus déprimant.

« Et bien, cela ne m’étonne pas que vous ne soyez pas au courant mais … il semblerait que si vous ne mentez pas, vous êtes tous les deux de la haute société des démons. »

Ok. Temps mort. Il resta interdit pendant quelques secondes, se tournant vers Elise comme pour se demander s’il venait de bien entendre. Ce n’était pas tout ça mais la dose de nouvelles aberrantes commençait à dépasser le stade autorisé pour son cerveau.

« Est-ce que l’on peut avoir quelques explication à ce sujet ? Car vous voyez, c’est un peu difficile à digérer ce que vous venez de nous dire. »

« Oh oui, bien entendu, bien entendu ! Enfin, je … Ce n’est pas vraiment à nous de vous raconter tout cela mais plutôt aux personnes des strates inférieures. »

« Pourtant, j’aimerai avoir ces explications de votre part. Nous connaissons à nous connaître depuis tout ce temps. J’imagine que j’aimerai bien obtenir la vérité. »

« C’est vrai que nous ne risquons rien … surtout en vous donnant simplement plus d’informations. Bon … J’imagine qu’il va falloir du temps pour tout vous expliquer. Installez-vous, cela va être long, très long. »

Oh ? A ce point ? Elise et Tery continuèrent de se regarder avec de plus en plus d’appréhension. Au moins, ils avaient réussi à calmer les membres hauts placés de la guilde, pouvant discuter tranquillement avec eux mais … aussi long que ça ?
Voilà qu’ils étaient tous autour d’une table, avec plusieurs chopes remplies devant chacun. Et aussi de quoi grignoter. Ils étaient peut-être une dizaine ? Oui, c’était ça, il reconnaissait quelques têtes, d’autres noms mais … ils étaient vraiment tous réunis.

« Tout d’abord, on va commencer par vous dire comment ça se passait exactement. Vous êtes issus de familles nobles. Sûrement parmi les hautes castes démoniaques pour être plus précis. Vous avez peut-être déjà des questions ? »

« Oui … Je suis issu de ma mère, j’en suis sûr et certain. Ma mère ne me mentirait pas à ce sujet. Je suis bien son enfant, pas quelqu’un d’adopté. Est-ce que ça veut dire que mon père était quelqu’un de noble et puissant ? Car je dois vous avouer que de ce dont je me rappelles, ce n’était pas vraiment ça, loin de là. »

« C’est … un peu plus compliqué que ça, malheureusement. Ce n’est pas très plaisant. »

Encore une fois, le vieux démon était comme mal à l’aise. Qu’est-ce qui avait été dit ou fait dans le passé ? C’était assez perturbant de les voir tous réagir de la sorte. On avait vraiment cette impression mauvaise qu’ils les craignaient tous les deux.

« Comme vous vous en doutez maintenant, les différents accès à la surface ne s’ouvraient que brièvement et faiblement, en de très rares moments que l’on peut compter sur les doigts d’une main dans toute une vie de démon. Dans ces moments précis, seuls quelques démons spécifiques pouvaient passer de l’autre côté, certains étant d’une faiblesse affligeante, d’autres à cause de leurs origines uniques. »

« Jusque là, j’arrive à tout comprendre, continuez pour voir ? »

« Et bien … Quelques échantillons issus de familles des plus nobles parmi les démons sont choisis pour trouver des porteuses compatibles. »


Et ensuite ? Le vieux démon n’ose pas continuer ses propos. Est-ce qu’il aurait vu le visage nerveux de Tery et d’Elise à l’écoute de tout ça ? Si tel était le cas, il n’aurait même pas chercher à continuer. Pourtant, en déglutissant, il finit par reprendre :

« Des seringues, des éprouvettes, qu’importe la méthode utilisée, il fallait féconder quelques femmes qui donneraient naissance à des démons. Des démons très puissants, capables de permettre l’ouverture des portes démoniaques. Comme les démons qui arrivaient à traverser les portes ne valaient pas mieux que de simples habitants de la surface, nous … »

« J’ai une petite question : comment est-ce que vous êtes … au courant à ce sujet ? »

Tery avait coupé la parole au vieil homme. Pas que ça le surprenait mais en fait si … Il devait avouer qu’il ne s’attendait pas à avoir autant d’informations de sa part mais voilà, tout était fait … et c’était bien pourquoi il le regardait, un peu incrédule. Elise, quant à elle, n’avait pas ouvert la bouche, visiblement trop énervée par ce qu’elle apprenait.

« J’avais un petit-fils qui avait été choisi pour devenir l’un de ces démons qui partiraient à la surface pour trouver une mère porteuse … Cela fait des décennies. Nous savons tous qu’en partant, tous ne reviendront jamais. »

« D’accord, d’accord … et vous obtenez quoi en échange de ce sacrifice ? »

« AH ! L’infime honneur d’avoir servi la race des démons ! Tu pensais quand même pas qu’on allait recevoir une récompense pécuniaire ou quelque chose du genre hein ? »

« Dis comme ça, j’ai presque l’impression d’avoir été insultant envers votre petit-fils. »

« Ne t’en fait pas, tu ne l’as pas été. Puisque vous semblez tous les deux être réellement de la surface, je ne peux pas vous en vouloir. Ce n’est pas … de votre faute directement. Cela expliquerait aussi comment vous avez réussi à survivre en retournant là-bas. »

Il avait raison. Comme ils connaissaient un peu le terrain et les espèces vivants au-dessus, c’était alors normal que de pouvoir plus aisément se défendre et contre-attaquer. Pourtant, en jetant un œil à Elise, elle ne décolérait pas, comme si la rage s’accumulait en elle.

« Ainsi, nous étions quoi exactement ? »

« Simplement des flasques contenant de quoi permettant de mettre une femme des espèces humanoïdes enceinte, rien de plus. Par mesure de précaution, nous avons décidé qu’il fallait trouver les femmes parmi la haute noblesse de la surface pour permettre une fécondation. Si ce n’était pas le cas, il y avait de très fortes chances que dans la majorité des cas, la femme meure avant même d’accoucher. Si elle y arrivait ? Elle perdait sûrement une grande partie de ses pouvoirs. Dans les deux cas, vous êtes devant nous. »

« Je ne sais pas si c’est vraiment flatteur ou non. En fait, je ne sais même pas ce que je dois faire, comment je dois apprendre cette nouvelle. Comment je dois … digérer tout ça. »

Cela le rendait malade ou presque. Avec lenteur, il passa une main sur son front. Son autre main se plaça sur la hanche d’Elise, comme pour chercher à l’attirer à lui. Vu qu’ils étaient côte à côte au niveau des chaises, elle eut un petit sursaut mais se laissa faire.

« Vous devez … comprendre que vous êtes en train de nous dire que de mon côté, mon père n’a jamais été mon père biologique. Ma mère n’est sûrement pas au courant qu’elle n’a jamais été mise enceinte de manière normale. Elle n’est sûrement pas au courant que je suis responsable de la perte de la majorité de ses pouvoirs. »

« Tu es le fruit d’une mère de la surface mais aussi d’une lignée de démons parmi les plus puissants qui existent dans notre monde. Il en est de même pour Elise. A partir de là, même si votre mère est défaillante, vos pouvoirs sont sans égaux pour les démons des strates supérieures que nous sommes. »

Il avait légèrement tiqué en entendant que l’on considérait sa mère comme un simple objet. En fait, il se retenait de se lever pour lui en coller une bonne dans la tête. Heureusement, il savait se contrôler mais pour combien de temps ? Sans un mot, il ne fit qu’hocher la tête aux propos du vieux démon. Sa mère était défaillante hein ? C’était l’une des femmes les plus remarquables de son existence.

« Et maintenant ? Pour que vous fassiez une tête comme ça en ayant appris à notre sujet, cela veut dire qu’il y a encore autre chose en ce qui nous concerne, n’est-ce pas ? »

« C’est … Oui et non. En quelque sorte, votre place n’est plus vraiment à nos côtés. Maintenant que nous savons la vérité à votre sujet, nous devons prendre quelques dispositions à votre sujet et … Non, rien de grave. Enfin, cela dépend du point de vue. »

« Vous pouvez être un peu plus explicites, tout simplement ? Car je suis un peu perdu. »

« Nous allons devoir prendre la décision qui convienne, c’est à dire, vous demander de quitter notre ville, non pas comme des malpropres mais tout simplement que vous n’avez plus votre place parmi nous. Si les démons des strates inférieures apprennent votre existence et que l’on vous garde parmi nous, cet endroit sera tout simplement rasé. »

« Rien que ça … Au moins, on va dire qu’ils se veulent rassurants là-bas, n’est-ce pas ? Je ne suis pas certain que ça soit mieux pour nous que de se rendre là-bas. »

« Pour notre sécurité à tous, essayez de ne pas faire trop les difficiles, je vous pries. On vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous mais … cela ne va pas être possible de vous garder et de faire comme si de rien n’était. »

Long et profond soupir de la part du jeune homme cornu aux cheveux bruns passa une main sur son front, une nouvelle fois. On allait tout simplement les jeter … après tout ce qui s’était passé hein ? Malgré ce que disait cet homme, il ne se faisait pas d’illusions.

« Est-ce que nous pouvons rester quelques jours encore ? Au moins, pour se préparer ? »

« Oui, bien entendu. Simplement, le plus vite vous partirez, mieux ce sera pour tout le monde. Enfin, vous ne partirez pas sans rien. Nous allons vous préparer quelques petites aides pour vous guider jusqu’aux strates inférieures. Nous ne pourrons vous accompagner, nous ne sommes pas autorisés là-bas, sauf si nous avons des tendances suicidaires. »

« Elise ? Et de ton côté ? Tu as quelque chose à dire ? » demanda t-il finalement en se tournant vers la jeune femme aux cheveux flamboyants. Celle-ci releva son regard avec lenteur, le posant sur Tery comme si elle sortait d’une longue léthargie.

« Euh … Je ne sais pas vraiment. Je crois que … je suis d’accord ? Je ne suis pas vraiment sûre. Est-ce que … l’on peut s’en aller ? »

« Oh, oui, bien entendu. De toute façon, nous nous retrouverons d’ici quelques jours, comme convenu. Cela fait beaucoup de nouvelles en si peu de temps, je comprends que vous ayez un peu de mal … mais dites-vous que c’est une chance pour vous. Vous ne serez pas obligés de rester avec de simples démons comme nous. »

« Une chance, je ne sais pas vraiment mais … merci. Elise ? Attends, je viens. »

Où était passé toute cette colère et hargne qu’il avait ressentie chez elle, il y a de cela quelques minutes ? Elle était maintenant d’une telle mollesse que l’on pensait qu’elle venait tout simplement de se réveiller, il y a de cela quelques minutes. L’aidant à se mettre debout, il la prit doucement contre lui, saluant les différents démons avant de partir.

« Je pense que l’on va directement à l’auberge, n’est-ce pas ? »

« Ça … serait mieux, Tery. Comment est-ce que tu peux leur parler comme si de rien n’était ? Ça ne te choque pas ? Tu n’as pas envie d’hurler ? »

« Bien sûr que si, je ne peux pas faire autrement mais je préfère subir … en silence. Tu imagines ? On serait issus de deux mères porteuses et en même temps, dans notre sang, on aurait de la noblesse ? C’est juste … aberrant à imaginer »

« Pourquoi tu ne cries pas ? Pourquoi est-ce que tu ne fais rien pour protester, Tery ? C’est juste … On va jamais s’en sortir. Si on descend plus bas, on ne retournera plus … là-bas. »

« Je sais … Je sais. Je le sais parfaitement, Elise. Je le sais bien. »

Il se répétait mais qu’est-ce qu’il pouvait y faire réellement ? Ce n’était pas comme … s’ils avaient le choix, non ? Ils ne pouvaient pas revenir là-bas comme si de rien n’était.


Dans l’auberge, l’ambiance du duo était maussade. Ce fût à peine si Elise toucha à son repas, se forçant simplement parce que Tery lui intimait de manger un morceau. Il ne pouvait pas la laisser dans cet état comme si de rien n’était hein ?

« Tu devrai arrêter tes bêtises, Elise. Ça ne mènera à rien de s’affamer. »

« Cela me permettra d’avoir mal un peu ailleurs … plutôt qu’au coeur. Nous ne savons même pas qui sont nos parents réellement. Enfin, je l’ai jamais su … et toi, tu as ta mère mais en même temps, celle-ci n’était qu’un … objet. Je hais ces ces cornes, je hais ce monde, je hais tout ce qui m’entoure. J’ai envie que tout s’arrête. J’ai envie que tout se stoppe. Je veux juste être tranquille et qu’on me laisse tranquille. »

« Elise … Tu … te fais du mal. Il vaut mieux que tu stoppes dès maintenant »

« Et qu’est-ce que ça changera hein ? Qu’est-ce que ça va changer que j’arrête maintenant ? Rien du tout, Tery. Rien du tout ! Il n’y a rien qui nous attends en bas. On a juste été utilisé comme de vulgaires objets pour ouvrir ces portes. C’est la seule raison de notre existence dans ce monde. C’est ça qu’il faut retenir ! »

Heureusement qu’il avait prévu le coup et qu’ils mangeaient dans la chambre. Il n’était pas certain que les autres démons présents apprécient réellement la conversation. Ah … Pfiou … Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour arranger ça ? Il n’en avait aucune idée malheureusement.

« Dis-moi ce qui te ferait plaisir, Elise ? On va essayer de trouver une solution. »

« Ce qui me ferait plaisir ? Tu veux vraiment savoir hein ? Tu veux savoir ce qui me ferait plaisir ? Je vais te le dire et tu risques de ne pas … »

De ne pas ? Puis plus rien. Le silence venait de s’installer dans la chambre, Elise ayant baissé la tête sans un mot de plus. Et bien ? Il y avait un souci ? Il posa une main sur l’épaule d’Elise, plutôt inquiet d’un tel changement, murmurant :

« Elise ? Elise … Hého. Elise ? Tu … vas bien ou pas ? »

« Je ne sais pas … Je ne sais plus. Je ne sais plus où j’en suis avec tout ça. Je ne sais rien de tout ce qui m’entoure. Comment est-ce que je pourrais le savoir, Tery ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Tu fais comme si tout ne t’affectait pas ! »

« Bien sûr que ça m’affecte ! Tu crois que je n’avais pas envie de le frapper lorsqu’il avait parlé de ma mère comme ça ? Tu crois que je n’avais pas envie de lui dire que j’en ai rien à faire des strates inférieures, du sang noble et de toutes ces choses hein ? Tu crois que j’avais envie de savoir ça, Elise ? Tu crois que j’avais besoin de connaître ça ?! »

« Je … Tery, je … Enfin, toi et moi. Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce qu’on va vraiment devenir ? J’ai un peu peur maintenant, j’ai un peu peur. »

« On va être ce que l’on veut mais comme depuis ces derniers mois, rien ne va changer entre nous. On va toujours se soutenir mutuellement. Ça sera largement suffisant, d’accord ? On n’a pas besoin de faire plus que d’habitude, pas besoin du tout. »

Pfiou … Pour le repas, visiblement, c’était terminé. Il avait placé son autre main sur l’épaule d’Elise, l’attirant contre lui. Oh, bien entendu, il n’y avait rien de plus entre eux mais il l’emmena juste que dans le lit, finissant par la coucher toute habillée alors qu’il faisait de même. Avec tendresse, il lui chuchota :

« Je crois que toi et moi, nous sommes tous les deux très fatigués, n’est-ce pas ? »

« Tu as sûrement raison … oui. On ferait mieux de faire une longue sieste et de ne plus se préoccuper de toutes ces bêtises. Demain est un autre jour ? »

« Demain est un autre jour, Elise. Il est peut-être un peu tôt pour aller se coucher mais comme ça, demain, on sera réveillés à l’aube. »

Il tenta de faire un sourire et bien qu’il était un peu forcé, elle fit de même de son côté, plaçant sa tête contre le torse du jeune homme, fermant les yeux peu de temps après. Une main dans ses cheveux, il la serrait contre lui.

« Bonne nuit, Elises. Tu devrais tenter de faire de beaux rêves. »

« Je préfère ne rien promettre à ce sujet, je suis désolée, Tery. »

« Je ne te demandes pas d’en faire trop. Fais comme tu peux, Elise C’est tout ce qui compte. »

Et maintenant, il était temps de plonger dans le pays des songes. Avec Elise à côté de lui, cela ne devrait pas être trop difficile, non ? Non ? … Non. Les minutes s’écoulèrent et ses yeux se rouvrirent. Dans ses bras, Elise dormait déjà.

« C’est moi qui lui murmure de trouver aisément le sommeil … et c’est moi qui chope l’insomnie. Ah … Vraiment, qu’est-ce que je suis stupide »
Il s’en voulait. Il s’en voulait, tout simplement. Il s’en voulait et il était honteux envers sa propre mère. Tous les sacrifices que sa mère avait fait … pour lui permettre de donner la vie … alors qu’il ne la méritait pas. Il était tout simplement un monstre.

« Je peux le faire devant Elise mais je ne suis pas mieux qu’elle. »

Il sanglota un peu, utilisant sa main libre pour tenter d’essuyer les quelques larmes qui commençaient à perler à ses yeux. Stupide, stupide, stupide. Il était juste stupide mais savoir tout le mal qu’il avait infligé à sa propre mère lui donnait envie de s’enterrer six pieds sous terre, de ne jamais paraître à nouveau à la surface.

« Je ne pourrais jamais plus me présenter devant elle. Toute une vie ne suffirait pas à racheter tout ce qu’elle a perdu par ma faute. »

Et ça, il ne pouvait l’oublier. Avec les dernières nouvelles apprises, il s’en voulait terriblement. Ah … Chercher à dormir, il devait chercher à dormir. Demain, ça ira bien mieux. Il en était sûr et certain. Il n’avait rien à craindre, ce n’était pas comme si c’était la fin du monde, non ? Juste … la fin du sien, hein ? Ah … Cela allait être vraiment très dur que de trouver le sommeil, il en était maintenant certain.

4 réflexions sur « Chapitre 31 : De nouveau sur la route »

    1. Bah, c’est un « bébé éprouvette ».
      Et aucune tristesse pour Elise qu’est pas mieux ? :p

  1. x) Elise n’a pas eu de suspence comme Tery depuis le début de l’histoire et ne se demandais pas souvent qui était son père :p mais un petit peu de tristesse quand même :>

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