Chapitre 34 : Les limbes souterraines

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Les limbes souterraines

« Tery … Tu as intérêt à me montrer tes pieds et vite ! »

« Qu’est-ce que ça changera que tu les voies ou non, Elise ? Ce n’est pas comme si tu allais pouvoir faire quelque chose, non ? S’il te plaît, c’est bon, je ne suis pas au seuil de la mort. Je peux facilement m’en sortir. »

« TERY ! » hurla t-elle alors qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être une grotte. Il n’y avait aucune sortie ou presque, un très faible espace étant visible, Elise ayant déplacé un rocher à la seule force de ses mains pour bloquer l’entrée. Pour la lumière ? Elle était capable de produire des flammes et faire surtout qu’elles perdurent. A partir de là, autant dire qu’il n’y avait pas à s’inquiéter pour ça … mais plutôt d’elle.

Il était adossé contre un mur de pierre, haletant alors qu’elle était devant lui, observant ses pieds. Ces derniers avaient perdu la peau qui les recouvraient sur la voûte plantaire. Elle émit un petit grognement de colère, disant :

« Espèce d’imbécile, j’étais sûre que ça pouvait que mal se passer ! Dès que tu as une idée, il faut q’il y ait une embrouille ! J’en étais certaine ! »

« Tu n’es pas obligée de crier. On a réussi à leur échapper, tu ne voudrais pas que tout ça n’ait mené à rien, non ? Je vais bien, j’ai juste besoin de me reposer. »

« Bien entendu, bien entendu, tu n’as besoin que de te reposer … Il n’y a que ça hein ? »

« Bien sûr qu’il n’y a que ça. J’ai juste mal aux pieds et rien de plus. »

… … … Elle venait tout simplement de faire de l’ironie ! Elle lui donna un petit coup sur le torse en grognant une nouvelle fois. Des fois, il ne comprenait même pas ça ! Elle avait envie de le frapper mais vu qu’il n’allait pas trop bien, elle évita de faire plus que nécessaire.

« Pour aujourd’hui, on va dire que c’est bon … On va rester ici pour la reste de la journée. Ca ne me dérange pas vraiment, Tery. »

Tant mieux car lui-même, maintenant qu’il était assis, il ne se sentait pas la force ou le courage de se remettre sur pied. A côté, Elise était en colère mais … elle était surtout très inquiète. Comment il pouvait réussir à la rassurer ? Il n’en avait aucune idée.

« Elise, tu veux venir dans mes bras ? » dit-il tout simplement après quelques minutes.

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Je … bien entendu mais … »

« Et bien, tout simplement parce que j’en ai envie et qu’il va faire froid ? »

Elle n’était pas convaincu par les propos de Tery mais bon, elle voyait quand même où il voulait en venir. Elle vint finalement hausser les épaules, l’air de rien, se disant que bon, ça ne la dérangeait pas. Elle était même heureuse qu’il propose une telle chose.

« Bon, c’est bien parce que c’est toi que je vais accepter ! »

Et zou ! Elle était maintenant collée à lui, ayant retrouvé son sourire habituel alors qu’il avait fermé les yeux. A croire dans ces moments qu’il allait succomber à la prochaine minute. Simplement, il avait besoin de ce contact physique avec autrui … tout simplement pour être sûr qu’il était encore capable de ressentir quelque chose.

« Tery, même là-bas, là où nous allons, on restera ensemble, n’est-ce pas ? »

« Vu que nous sommes tous les deux des entités nobles, il faudra voir si nos deux familles ne se détestent pas. Si tel est le cas, ça sera alors difficile et … »

« Ils iront se faire voir ! Je n’ai pas passé ces derniers mois avec toi pour que d’autres décident de ce que je dois faire ou non. Et puis, de la part de types qui n’ont pas hésité à nous abandonner, je ne préfère rien entendre. Je ne veux rien savoir à leur sujet ! »

« Ce n’était qu’une proposition, Elise, rien de plus, rien de moins. Encore que de mon côté aussi, je refuserai complètement. Tu es ma seule ancre par rapport à la surface. »

« Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Une ancre ? Comme celle d’un bâteau ? Est-ce que tu insinuerais que je suis grosse, Tery ? Fais attention à ce que tu vas dire. Tu es sûrement trop jeune pour regretter d’être né ! » dit-elle en s’exclamant, le jeune homme gardant les yeux clos. Comment pouvait-il lui expliquer clairement tout ça ?

Tout simplement avec des mots faciles à comprendre. Lui dire que cette ancre représentait le fait de son ancienne vie qu’il ne voulait pas abandonner. Qu’il était hors de question qu’Elise se retrouve seule de son côté et lui aussi. Ils avaient besoin de l’un et de l’autre. Pas pour tenir physiquement, Elise comme lui étaient visiblement assez … forts pour survivre. Enfin, cela dépendait des moments. Non, ils avaient besoin de l’autre mais psychologiquement. Pour bien leur permettre de tenir le coup.

« Elise, j’ai besoin de dormir un peu, je crois. »

« Alors, tu peux dormir. Je vais veiller sur toi et tu pourras donc te reposer. Je partirais sûrement explorer un peu les environs et … »

« Fais juste gaffe où tu vas mettre les pieds, d’accord ? On ne sait pas du tout ce qui nous attends. Si tu vois d’autres démons, vérifies qu’ils ne sont pas belliqueux. Si ce sont des monstres, tu reviens aussitôt et ensuite, tu … »

« C’est bon, grand frère. C’est bon. Je suis certaine que je peux me débrouiller. »

Grand frère ? C’est vrai que ces derniers temps, elle n’avait plus utilisé ce terme pour lui. Ce n’était pas … ah … déplaisant … de l’entendre à nouveau. Il sentit une petite couverture se placer sur son corps puis des lèvres se poser sur son front. Pour des démons, ils n’avaient vraiment rien d’effroyables.

Mais heureusement, Elise était partie pour revenir aussitôt. Il n’avait pas réussi à dormir réellement et ce n’était pas un problème. Les yeux clos, son corps se reposait et c’était ce dont il avait besoin. Il avait senti aussi Elise lui faire des bandages aux pieds. Maintenant, sans chausses, le déplacement allait être bien plus difficile mais … pas le choix.

Mais c’était une bien moindre importance … sauf pour se déplacer. Le lendemain, lorsqu’ils quittèrent cette grotte de fortune, ils étaient visiblement dans la matinée. Comment le voir alors qu’il n’y avait plus d’astre solaire dans les cieux, seulement de la pierre ? Tout simplement par rapport à certains champignons luminescents.
Selon la clarté de ces derniers, cela permettait de donner l’heure. Il avait même eut la surprise de voir un membre de la guilde utiliser un tel champignon dans un bracelet. Ce bracelet était remplit de terre, c’était un champignon miniature … qui vivait à l’intérieur avec quelques trous. Mais cela lui permettait de donner une heure approximative. Peut-être qu’il devait réfléchir à avoir la même de son côté.

« Je suis désolé, Elise. Avec mes pieds, cela nous ralentit grandement. »

« Hum ? Est-ce que je suis venue me plaindre par rapport à notre lenteur ? Je ne crois pas … alors tu n’as pas à t’excuser à ce sujet. Le plus important est que tu n’appuies pas trop sur tes pieds, voilà tout. Peut-être que tu préfères … que je te portes ? »

« Je vais éviter. Je crois que si on trouve d’autres démons, ils vont tellement se moquer de moi que cela va se répercuter en écho dans toutes les strates environnantes. »

C’était exactement la réponse qu’elle attendait de la part de Tery. Avec amusement, voilà qu’elle lui faisait un doux sourire, se plaçant néanmoins à ses côtés, l’invitant à mettre son épaule autour de son cou pour qu’il puisse marcher plus correctement. Elle avait pris ses précautions avant qu’ils ne partent. Ainsi, elle connaissait un chemin sûr.

Enfin sûr jusqu’à où, ça, elle ne le savait pas trop … mais au moins, ce chemin, elle était tout simplement certaine qu’il n’y aura aucun souci sur une bonne distance. Et même ainsi … Ah ! Il était pas si léger que ça, Tery. Elle n’allait pas lui faire de reproche mais bon …

« C’est que du muscles ! Aucune once de graisse, Elise ! »

« Bien entendu, Tery, bien entendu. Tu sais, je n’ai rien dit du tout. Pourquoi est-ce que tu t’es senti aussitôt visé ? Hum ? Tu as quelque chose à avouer ? »

« J’ai bien vu ton regard, Elise. Tu voulais voir si j’avais un peu pris d’embonpoint. Si tu as mal à me supporter, je peux marcher à peu près correctement. C’est de ma faute si mes pieds sont dans cet état, tu n’as pas à te fatiguer plus à cause de moi. »

« Et surtout, si on se fait à nouveau agressés, il vaut mieux que je n’ai pas les mains occupées, n’est-ce pas ? Je vais donc gentiment te lâcher. »

Gentiment le lâcher ? Quand elle parlait comme ça, il valait mieux plutôt se préparer à ce que sa face ne percute pas le sol violemment hein ! Pfiou, néanmoins, contrairement à ce qu’il pensait, ça allait mieux que prévu. Debout, il resta immobile quelques secondes.

« Essaies de faire un ou deux pas. D’ailleurs, n’appuies pas trop sur tes pieds, Tery. »

« Je vais tenter de faire de mon mieux. » dit-il tout simplement en poussant un léger soupir en sentant qu’heureusement, ça allait de ce côté. Ses pieds … ne lui faisaient pas si mal que ça.

Au bout de trois jours de marche avec quelques brèves interruptions, ils avaient traversé plusieurs cavernes, pris de nombreux chemins de roche et même purent se reposer dans un endroit assez spécial. Un tapis de mousse végétal, avec quelques arbres et autres.
N’étant pas habitués à voir autant de végétaux dans une même zone, surtout depuis qu’ils étaient sous terre, ils avaient décidé de se reposer dans cet endroit, Elise ayant fait les vérifications d’usage en surveillant les alentours. Est-ce qu’il était vraiment possible d’avoir un endroit aussi beau dans les strates inférieures ?

Bon, cela n’avait duré que quelques heures, le temps de faire une petite sieste, Elise dans ses bras, mais cela leur avait mis un peu de baume au coeur que de voir qu’un tel lieu pouvait exister. En reprenant la marche, ils avaient néanmoins perdu rapidement le sourire. La raison était très simple : ils n’étaient plus seuls.
Si les monstres étaient sensiblement bien plus dangereux dans les strates inférieures, il n’y avait pas qu’eux donc il fallait se méfier. Non, il y avait des entités bien plus horribles car elles avaient encore une conscience à moitié humaine. Assis derrière des rochers, Tery comme Elise ne bougeaient plus du tout.

« J’ai l’impression que l’on se rapproche d’un coin habité, Tery. Enfin, pas à côté mais … »

« Si des démons comme eux se trouvent dans les parages, ça veut tout dire, oui. Par contre, ils ont l’air bien plus glauques que ceux qui étaient proches de la surface. »

Un rapide coup d’oeil lui avait permis de voir ce qui semblait être une créature arachnéenne. Elle avait bien huit pattes, avait un corps imposant … mais pas vraiment d’abdomen. Par contre, elle n’avait pas de tête au bout des huit pattes. Ce n’était pas ça. Non, il y avait un tronc humanoïde, avec deux bras et une tête, tout cela s’extirpait de milieu de l’amas de chair muni de huit pattes. Et cette vélocité … malgré l’imposante taille.

« Je sens … de la chair fraîche … elle me semble … si délicieuse. Où êtes-vous ? »

Gloups. Ce n’était peut-être pas prévu ça. Déjà que cette créature soit capable de s’exprimer était une chose mais maintenant, elle avait réussi … à les sentir ? A l’odeur ? C’était peut-être ça … Ils ne s’étaient pas lavés depuis leur départ. Il posa son regard sur Elise, celle-ci faisant une petite mimique de colère :

« Je peux savoir pourquoi est-ce que t’observes comme ça ? L’odeur, ça vient de toi. »

« Je n’ai rien dit, Elise et chut. Si elle nous repère, vu mon état, je ne crois pas qu’on pourra vraiment lutter contre elle. On va éviter donc de parler. »

« Hmmpf ! Humpf gnnn ! Humpf ! » chercha t-elle à dire mais il avait déjà posé sa main sur sa bouche pour la faire taire. Pas d’autre solution hein ? Des fois, on utilisait les seuls moyens que l’on avait. Par contre, qu’elle évite de le mordre s’il retirait sa main.

« IKIKI ! IKIKI KIKIKI IKI ! »

« Oh ? Vous voilà donc ? Mon propre garde-manger qui s’emmène à moi. Merveilleux. »

Ce cri, ils le reconnaissaient, n’est-ce pas ? Ils allaient devoir profiter de tout ça s’ils voulaient pouvoir s’en sortir indemnes mais surtout vivants. Finissant par serrer les dents pour ne pas crie et surtout pour montrer à Elise qu’il valait mieux ne pas perdre plus de temps que ça, il avait alors commencé à courir en premier.
Décontenancée car il prenait les devants, Elise vint à sa suite, cherchant à éviter alors d’attirer l’attention sur eux. Courir ! Courir et encore courir ! Il n’y avait pas d’autres solutions s’ils voulaient survivre tous les deux ! Bon sang, il avait l’impression qu’ils étaient retournés à leur arrivée dans ce monde souterrain !

Sans même un regard en arrière, le duo continuait à courir, ne cherchant pas à savoir qui gagnait parmi les deux adversaires. Pourquoi s’en préoccuper hein ? Le but était de réussir à mettre un maximum de distance avec eux et de ne pas chercher à les confronter !

« Tery, regardes donc au loin ! Je vois de la lumière ! »

Oui, enfin, lui aussi pouvait voir de la lumière, ça ne changeait pas que … Oh … Oui, bien entendu, c’était normal et logique. Il comprenait juste où elle voulait en venir. C’était loin, très loin … mais il y avait bien de nombreuses lumières à l’horizon. Des cristaux ? Mais ça ne voulait pas forcément dire qu’il y avait des démons là-bas ou alors de la civilisation.

« Elise, c’est peut-être encore un piège, tu t’en doutes, non ? Je ne crois pas que ça … »

« Que ça soit un piège ou pas, ce n’est pas un souci, Tery. Au moins, on aura de la distance par rapport à ce qui se trouve derrière nous. Et c’est plus à moi de m’inquiéter. Tu as vu comment tu as couru ? Si tes pieds se sont rouverts, cela risque de … »

« Moins de blabla, plus d’avancée, Elise ! » dit-il en lui coupant la parole. En fait, il savait très bien qu’elle comptait le gronder mais ce n’était pas le moment ni le lieu pour de telles remontrances à son égard.


Après, elle avait totalement raison. Ce n’était pas le bon moment pour abandonner, surtout pas mais … il était songeur. Comment est-ce qu’ils allaient être accueillis s’il s’agissait bien d’un endroit civilisé où des démons habitaient ? En même temps, ils étaient, d’après les dires des membres de leur ancienne guilde, une majorité de démons au sang noble, non ?
Si c’était le même genre de nobles qu’à Shunter, il n’y avait aucune possibilité pour eux de rentrer dans une telle ville et d’ensuite pouvoir espérer y vivre. D’ailleurs, combien de dizaines voire de centaines de mètres avaient-ils descendu depuis leur départ ?
« Tery ! Tu devrais regarder où on met les pieds ! C’est un chemin de pierre ! »

Un chemin de pierre ? En baissant les yeux, il comprit ce qu’elle voulait dire par là. C’est vrai. Il y avait bien sous leurs pieds ce qui semblait être un chemin tracé par l’homme. Enfin, pas par l’homme mais le démon vu l’endroit où ils se trouvaient.

« Il ne resterait plus qu’à le suivre … mais en même temps, niveau visibilité … »

« Et bien, on les verra venir de loin et inversement, non ? On a juste à le suivre ! »

« C’est exact … ah … et en même temps, vue la course que l’on vient de faire, on a pas vraiment le choix. C’est mieux de marcher tranquillement. »

Ils avaient parcouru une belle distance. Normalement, ils n’avaient rien à craindre tous les deux mais par mesure de précaution, ils allaient rester sur leurs gardes. Dire qu’ils étaient tous les deux. Aucune présence d’Elen et des autres. Quand ils étaient encore un groupe, ils pouvaient faire des tours de garde, compter les uns sur les autres et donc veiller … mais ici, ce n’était plus possible. Vu qu’ils n’étaient que tous les deux, impossible de faire ne serait-ce qu’une simple petite pause ensemble … et pourtant, ils se mettaient en danger car ils le faisaient. Ridicule, c’était totalement ridicule et pourtant, c’était bien ce qu’ils accomplissaient, comme si cela leur importait peu.

« Mais dis-moi, Tery. Tu en penses quoi de la sale bête que l’on a aperçue là ? Enfin, ce démon … qui a sûrement bouffé pas mal de ses compagnons ? »

« Et bien … Je ne sais pas trop ? J’ai juste l’impression qu’il était comme … plus évolué que ceux de sur la strate supérieure, Elise. Il était capable de parler mais surtout d’avoir une réflexion normale. J’imagine qu’à force de manger et de dévorer, il doit y en avoir certains qui arrivent à se développer plus que d’autres, c’est tout. »

« Sûrement, tu as peut-être raison mais vu que nous ne sommes pas concernés par ça, c’est peut-être mieux qu’on en saches moins que possible. »

« Je n’ai pas envie de ressembler à cette chose, entre nous. Je sais bien que nous ne sommes pas vraiment comme les autres races mais … voilà quoi. »

« Euh, je suis très bien avec mon corps humanoïde et je crois qu’Elen et Manelena apprécieraient le fait que tu sois comme elles, Tery. »

« Et il en est de même pour Royan, Elise. » dit-il en lui répondant aussitôt car il était certain que cela ferait un peu mouche chez la jeune femme aux cheveux auburn.

« Oui … Enfin, lui … il a quand même décidé de tuer tous les démons à vue. J’ai juste l’impression que ça sera pas vraiment pareil dorénavant. »

Ce n’était pas cette réflexion qu’il espérait entendre de sa part. Il toussota légèrement comme pour l’inciter à changer de sujet de conversation. Il n’aimait pas la voir avec ce petit air triste sur le visage, ça le rendait maussade de son côté avec aussi une petite pointe de mélancolie.

« Je lui parlerais lorsqu’on le reverra. Entre hommes, on va se comprendre. »

« Entre femmes aussi ? Tu me mets bien en valeur et je ferais de même envers tes deux demoiselles. Enfin, si tu n’en as pas une troisième d’ici là hein ? »

« Hého ! A te croire, j’accumule les conquêtes ! Je … ne suis pas comme ça, Elise ! Je n’ai jamais, enfin, tu as bien pu voir non ? Avec les démones dans le village. Comme celle à la réception ou la marchande ? Je n’ai rien fait ! »

« Oui, oui, j’ai très bien remarqué que ces démones appréciaient l’exotisme en toi. »

L’exotisme ? Il fit une petite mimique en réponse à ça alors qu’elle rigolait de sa remarque. C’est vrai que vu qu’ils provenaient de la surface, ils avaient une couleur de peau assez différente des autres, un peu plus claire mais ce n’était pas si rare que ça non plus hein ? Il ne fallait quand même pas exagérer.

« Je ne suis pas là pour draguer, Elise. Je n’ai que … enfin certaines personnes dans mon coeur et ça ne changera jamais, voilà tout. »

Il avait toujours du mal à assumer qu’il aimait Manelena comme il aimait Elen. A partir de là, difficile pour lui de l’exprimer clairement et de vive voix. Au moins, cela leur faisait un petit sujet de conversation même s’il était pas banal entre eux.

Et pour l’inquiétude liée à ce démon à l’allure arachnéenne ? Déjà partie. Ils avaient bien mieux à faire que de se focaliser sur ça alors qu’ils devaient trouver une ville au loin. Pour l’heure, ce n’était pas encore sûr qu’il s’agissait bien de celle-ci mais comme ils n’avaient pas d’autre solution, autant prendre celle qui apparaissait devant eux.
Parfois, il fût obligé de faire une courte pause, ses pieds se rappelant à son vouloir qu’ils étaient tous les deux dans un sale état. Ah … Bref, assis sur un rocher, il laissait Elise chercher un petit coin d’eau souterraine pour leur permettre de se ressourcer … et aussi laver ses pieds ensanglantés et avec quelques croûtes qui avaient de quoi faire paraître une mine de dégoût sur le visage d’Elise.

« Je ne me suis jamais portée comme soigneuse, Tery. »

« Je le sais, Elise. Je le sais … et je tiens à te remercier de tous les sacrifices que tu fais à mon encontre pour me permettre de rester en parfaite santé. »

« Et tu sais aussi bien que moi que l’ironie, ça ne me convient pas vraiment hein ! » dit-elle pour corriger ses paroles. C’est vrai que le ton employé était assez las et ironique … mais il était sincèrement redevable envers elle.


Il pouvait se le répéter sans cesse mais sans elle, il n’aurait jamais été capable d’aller aussi loin. Sans elle, il lui aurait été tout simplement impossible de pouvoir survivre dans ce monde où chacun et chacune cherchait à dévorer l’autre. Oui, enfin, cette pensée était exagérée. Il n’y avait qu’une partie parmi les démons qui agissait de la autre.

« Tery ? Tu es prêt à reprendre la route ? »

« Mes pieds devront me supporter quelques heures même s’ils s’en plaignent donc la réponse est oui. On peut y aller dès maintenant, Elise. »

« Tant mieux. Allons voir au plus vite si ces lumières indiquent bien une ville et si tel est le cas, espérons qu’elle soit accueillante. »

Dans le pire des scénarios, ils se mettront à dos les soldats qui protègent la ville. S’ils sont vraiment plus puissants que les démons proches de la surface, ça n’allait pas être une partie de plaisir et surtout, cela voudrait dire qu’ils ne sont pas accepter en ville et qu’ils n’auront aucun toit. Si seulement cela pouvait être l’inverse pour une fois.

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