Chapitre 43 : Connaître l’inconnu

ShiroiRyu
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Chapitre 43 : Connaître l’inconnu

« Sommeil facile, petit-déjeuner des plus copieux, c’est vraiment la belle vie par ici. »

« Pour autant, si tu regardes bien sur les côtés, tu remarqueras que tout le monde n’a pas forcément le même déjeuner. Comme quoi hein … »

Elise avait toujours une remarque à faire mais en même temps, il ne pouvait pas lui donner tort sur le coup puisqu’il était vrai que d’autres démons mangeaient des mets encore plus raffinés et délicats … même pour un simple petit-déjeuner.

« Et puis, la discussion avec cette servante hier, ça m’a un peu coupé l’appétit, Tery. »

« C’était hier … et de quoi est-ce que tu parles exactement, Elise ? De quoi est-ce qu’il s’agit ? Car là, j’en ait pas vraiment idée, je dois avouer. »

« Je veux parler du fait qu’il suffit que l’on mange un peu de chair de ces créatures souterraines pour obtenir une partie de leurs pouvoirs. Qui sait si on ne mange pas du démon en ce moment même ? Comment en être sûr ? »

« Tout simplement en évitant de se poser cinquante questions, Elise. Sincèrement, ça ne mènera à rien de se faire un mauvais bourdon … si c’est l’expression. »

« Je sais bien que … tu es d’accord mais en même temps … En plus, tu ne l’as peut-être pas vu hier mais on a été percé par des aiguilles. J’ai remarqué ça en me lavant. »

Des aiguilles ? Elle présenta son bras droit, laissant paraître ce qui semblait être un trou minuscule au niveau d’une veine. Il fit de même avec ses propres bras, cherchant un trou avant de finir par le trouver, murmurant :

« Pourquoi est-ce qu’ils auraient fait ça ? Tu crois qu’ils ont cherché à nous injecter quelque chose en nous ? Peut-être que l’on va devenir d’horribles monstres ? »

« C’est pas franchement drôle, Tery ! Pas du tout ! » s’exclama Elise avec colère.

« D’accord, d’accord, je reconnais facilement quand j’ai raconté une bêtise. Je tiens à m’excuser, Elise. Je ne pensais pas que tu le prendrais mal. »

« Surtout après ce que j’ai dit, c’est ça ? Est-ce que tu te moques vraiment de moi ? »

« Vous semblez toujours aussi actifs, vous deux. Avez-vous passé une bonne nuit ? » demanda une voix masculine, Tery et Elise arrêtant de se chamailler pour se tourner vers la personne qui venait de leur adresser la parole.

« Vous êtes … l’un des renifleurs d’hier, n’est-ce pas ? Pour la nuit, elle a été excellente. C’est vraiment un endroit merveilleux … par contre … »

« Hum ? Oui ? S’il y a des réclamations, je pourrais les donner à l’aubergiste et … »

« Ca serait plutôt par rapport aux aiguilles plantées dans nos bras. Enfin … les trous. »

« Oh … Euh … Hum … On va dire que je suis en partie là pour ça. » dit le renifleur de façon un peu évasive. Visiblement, il avait été surpris par les propos de Tery mais avait très vite retrouvé une certaine contenance alors que Tery finissait de déjeuner.

« Et donc, vous allez nous expliquer ce que c’est ou non ? » continua Elise, le renifleur regardant autour de lui avant de dire sur un ton plus faible :

« Finissez de manger, prenez vos affaires et suivez-moi, nous avons à parler. Cela concernera principalement vous, mademoiselle Elise. »

Principalement elle … pour ne pas changer. Le jeune homme aux cheveux bruns évita de faire la remarque, voyant qu’Elise s’était déjà levée pour retourner vers la chambre. Il fit de même, récuparant ses affaires et celles de la jeune femme avant de retrouver le renifleur. Celui-ci quitta l’auberge avec eux, murmurant :

« Bon … On va dire que nous avons eut les résultats sanguins … en ce qui vous concerne. On sait de quel sang vous êtes tous les deux. Du moins, pour mademoiselle Elise, c’est facile. »

« Qu’est-ce qu’elle est en vrai ? Duchesse du monde démoniaque, c’est ça ? »

« Oh … Ce n’est pas à moi de vous le révéler directement. J’imagine que ça sera à sa propre famille de le faire. Les retrouvailles vont être très remarquées. »

Retrouvailles ? Famille ? Interloqué, il regarda Elise. Ils allaient retrouver la famille d’Elise ? Enfin, celle dont elle était originaire ? Enfin, son sang quoi ! Euh … Même s’il avait trouvé que cela avait été un peu lent ces dernières semaines, là, ce n’était pas l’inverse ?

« Est-ce que tu es prête émotionnellement, Elise ? A ça ou non ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns s’était adressé à sa compagne mais celle-ci était bien moin apeurée que lui, répondant d’une voix calme et stoïque :

« Allons-y … vu que j’ai deux mots à dire à ma … « famille » »

« Attention quand même à vos paroles, vous comprendrez sur le moment que ce n’est pas à dire à la légère, n’est-ce pas ? »

« Oui oui, bien entendu, je serais sage et respectable à ce moment précis. Vous pouvez nous y emmener ? C’est dans une autre ville ? »

« Nullement, là où nous nous rendons, c’est au … « coeur » de la capitale. Encore qu’il ne s’agit pas de son centre, paradoxalement. Accompagnez-moi, cela va prendre une ou deux heures de marche et nous aurons ensuite terminé. »

Encore de la marche … mais bon, visiblement, il semblerait que tout soit bientôt fini. Ainsi, il ne chercha pas à se plaindre et Elise fit de même de son côté. Par contre, niveau tenue, ils étaient vraiment bien différents des autres … et il était impossible de les ignorer. Ils remarquèrent le regard de quelques soldats qui se tournaient vers eux, prêts à agir avant de s’arrêter en voyant visiblement avec qui ils étaient accompagnés.

Déjà la précédente ville avait été un endroit splendide avec ces cristaux mais ici … ces tours, ces bâtiments, ces ruelles marchandes, ces véhicules montés, ces tenues extravagantes, ces innombrables servants et servantes qui étaient présents un peu partout, c’était …indécent. Pour autant, ce n’était rien par rapport à l’endroit où le renifleur les emmenait.

Plus ils avançaient, plus il avait l’impression qu’ils dépassaient une nouvelle échelle sociale et de noblesse. Toutes les vingt à trente minutes, les bâtiments devenaient encore plus luxueux, plus grands, plus impressionnants … et le nombre de servants et servantes augmentaient pour un nombre bien moindre de nobles.

« Vous pouvez apercevoir le lieu où nous rendons d’ici là. Il se trouve en face de vous. »

Le lieu ? Ah … Car même s’il s’agissait un bâtiment, il était tellement grand et imposant qu’on pouvait considérer qu’il était une partie de la ville à lui seul ? Car oui, les tours, les murs de pierre, les soldats … voire même chevaliers, qui se présentaient dans les ruelles, c’était bien ce qu’il était en train de s’imaginer ? En regardant Elise, peut-être qu’elle aussi … n’est-ce pas ? Pour autant, le jeune homme aux cheveux bruns finit par murmurer :

« Elise … Tu penserais que … par hasard, tu … »

« Je ne veux pas y penser. C’est trop … C’est n’importe quoi. J’ai été élevée par un aubergiste qui m’a considéré comme sa fille pendant tout ce temps. Je l’ai … tué par mégarde lorsque je suis devenue adulte, lorsque j’ai perdu le contrôle de mes pouvoirs. Ce qui se se passe, ce n’est juste pas possible. Ce n’est pas … ce qui doit m’attendre. »

Elle était apeurée, n’est-ce pas ? Elle avait tout fait pour montrer un air détaché et désintéressé mais la réalité revenait de plein fouet en ce moment même. Pfiou … Bon, peut-être qu’en prenant sa main, elle allait se sentir rassurée ? Le jeune homme glissa doucement vers celle d’Elise, l’agrippant fermement alors qu’elle paraissait presque choquée.

« Tu n’es pas vraiment obligé … Tery, tu sais, je crois être assez adulte et grande … »

« Et si tu peux donc juste te taire quand il le faut, n’est-ce pas ? » dit Tery, la jeune femme plongeant dans un mutisme particulier puisqu’elle était en train de sourire à moitié bien que discrètement. Bon … Ce n’était pas tout ça mais il fallait y aller !

« Nous devrions nous dépêcher. J’espère que vous n’êtes pas en train de vous disputer. Cela ferait assez mauvais genre là où je vais vous emmener. »

« Vous en faites pas, on sait bien se tenir. D’ailleurs, la façon dont vous utilisez les termes, cela donnerait presque l’impression que c’est vous qui risqueriez de ne pas bien paraître non ? Enfin, j’imagine que cela ne vous préoccupe pas trop. »

« Les renifleurs ne sont pas là pour se pavaner en public. Nous sommes là pour notre efficacité. Nos habits ne sont pas faits de tissus de grande qualité. »

« Oh … Ce n’était pas une complainte, loin de là. Moi et Elise, nous avons encore tellement à découvrir à ce sujet, vous comprenez. C’est vraiment nouveau à nos yeux. Excusez-moi si je vous aie vexé par mes paroles, ce n’était guère ce que je désirais. »

Et voilà ! Bon … au moins, en faisant une discussion, même absurde, avec ce démon, il avait l’impression que le temps passait plus rapidement. Pour autant, lorsqu’ils arrivèrent aux portes de ce château colossal, des gardes se positionnèrent, bloquant l’accès :

« Interdiction de pénétrer à l’intérieur sauf si vous avez une autorisation. »

« Cette démone est l’autorisation en elle-même. J’imagine que vous n’avez pas été mis au courant ? Peut-être devriez vous interroger les renifleurs royaux ? »

« Hey … Toi ! Vas-y dès maintenant. Même si on le connaît à force, on est jamais trop sûrs. J’ai pas envie de perdre mon boulot. » dit un garde à l’autre, celui-ci marmonnant que c’était toujours lui qui se tapait la corvée de course. « Et évite de te plaindre, si t’es nul aux jeux de dés, c’est pas de ma faute. Vas falloir apprendre à gruger comme les autres. »

« Ouais, ouais, ouais, j’y vais, j’y vais. » dit finalement le garde avant de s’éloigner en courant en arrière, disparaissant dans les couloirs.

Il ne fallut que quelques minutes pour que le soldat revienne, essoufflé mais seul. Visiblement, vu son visage apeuré, la discussion ne s’était peut-être pas passée aussi bien que prévue.

« Faut qu’on les laisse rentrer absolument sinon, on risque d’avoir de gros problèmes. »

« Ne me dit pas que l’ordre vient … de lui directement ? » demanda le garde alors que le second hochait la tête faiblement. Rapidement, la lance qui obstruait le passage se dégagea, laissant place au renifleur, à Tery et à Elise, pour leur permettre d’avancer. « Si j’étais vous, j’irais me dépêcher avant qu’il soit trop tard. »

« La faute à qui, hum ? Mais bon … Vous en faites pas, je dirais que vous avez fait votre travail et qu’on ne peut pas vous en vouloir d’empêcher la réunion d’une enfant à sa famille. »

Enfant, enfant, Elise était adulte hein ? Mais vue comment les deux soldats étaient tendus, il valait peut-être mieux s’abstenir de faire la remarque. Il était pas certain que ça soit apprécié par la personne qu’ils allaient rencontrer … voire les personnes.

La marche fut silencieuse. Personne n’osait parler, loin de là. Le seul bruit était celui des pas du trio alors que pourtant, quelques gardes étaient placés de part et d’autre. Ils étaient dans un château, cela lui rappelait des souvenirs … de Shunter.

Pas forcément le bon moment pour y penser, il le savait parfaitement … mais en même temps, difficile d’ignorer ce qui se passer. Il n’y avait plus aucun doute sur les origines d’Elise. Ils en étaient sûrs et certains. Elise … Elle tremblait de plus en plus et ce n’était pas sa main dans la sienne qui allait la rassurer. Il s’en voulait … un peu.

« Devant le monarque, vous serez vraiment priés de bien vous comporter. J’imagine que vous avez parfaitement compris la situation, n’est-ce pas ? »

« Oui … Ce que je dois comprendre surtout, c’est qu’à mon sujet, on ne sait rien, hein ? »

« A l’heure actuelle, vous êtes bien le cadet de nos soucis, si vous voulez tout savoir. »

« Bon au moins, comme ça, c’est franc et direct, j’en attendais pas tant. »

Il avait répondu de façon un peu ironique, comme pour bien monter que de telles paroles ne l’affectaient pas le monde. Au moins, maintenant, ils étaient sûrs par rapport à la situation. Pfiou … Comment est-ce qu’ils allaient devoir se tenir ? Car autant, Manelena, il avait appris à la connaître, autant cette personne qu’ils allaient rencontrer …

« Comment est le roi ? » finit-il par demander après quelques secondes tandis qu’ils continuaient à marcher dans les couloirs, toujours plongés dans le silence. C’était étrange et vraiment très saugrenu … Il ne s’attendait pas du tout à une telle ambiance. Il s’imaginait que cela serait bien plus vivant mais au final, il en était rien.

« Comment est le roi ? Hum … Difficile à exprimer par des mots. Disons que s’il est le roi, c’est bel et bien par rapport à sa force. Ce que vous devez savoir, c’est que chaque roi … ou reine … dévore celui de la génération précédente lors du passage du trône. »

« Hors de question que je bouffe un démon. » déclara Elise aussitôt.

« Oh … Ne vous en faites pas à ce sujet, vous n’êtes pas la seule dans la course au trône. »

« Sachant que je ne veux pas participer à cette dernière, je veux juste voir la tête de mon … géniteur et visiblement aussi du reste de ma famille d’après vos paroles. »

« Oh … Ce n’est pas à moi de régler les conflits de famille. Je ne fais que vous emmener. Mais si vous voulez rencontrer le reste de votre famille, cela sera difficile puisqu’ils sont un peu éparpillés dernièrement. On va dire qu’ils ont quartier libre et qu’ils peuvent se rendre où ils le désirent. »

« Tant mieux si nous nous comprenons alors. Bon … C’est encore loin par contre ? »

Elle ne devenait pas un peu agaçante ? Enfin, pas pour lui mais il pouvait comprendre qu’elle risquait d’énerver le renifleur à cette allure. Pour autant, celui-ci ne semblait pas vraiment s’en préoccuper, continuant d’avancer comme si de rien n’était.

Bah … S’il arrivait à supporter Elise, c’était une bonne chose mais pour combien de temps ? Le jeune homme aux cheveux bruns était plus intéressé par la décoration sur les murs. C’était assez austère mais en même temps, il voyait plusieurs tableaux de différents démons et démones. Pfiou … Aucun sourire sur ces derniers, juste un aspect royal omniprésent. D’ailleurs, certains de ces démons portaient des armures et des armes, allant de l’épée à la hache à deux mains, rien que ça.

« Dites … Par rapport aux guerres et toutes ces choses, est-ce que tous les démons acceptent le roi comme leur souverain … ou parfois, cela dégénère ? »

« Parfois ? Ah ! Bien trop souvent même … Être le roi du monde souterrain, c’est avoir réussi à survivre à toutes ces épreuves … et celles qui arrivent un peu chaque semaine. C’est bien pour cela que le roi dévore la génération précédente, cela lui permettant d’acquérir toute l’expérience nécessaire à sa survie … mais pour cela, il doit aussi prouver sa valeur. Ah … Vous allez avoir beaucoup de mal à vous faire une place, mademoiselle Elise. »

« Je dois répéter cela combien de fois pour que vous puissiez comprendre ? »

« Je pensais que mes paroles étaient assez explicites. En tant que fille du monarque ayant vécue à la surface, vous allez être une cible de choix pour le reste de votre famille. Vos connaissances sur la surface seront privilégiées par rapport à tout le reste. »

« Pour cela, ils devront passer par moi. » commença à dire Tery, cherchant par là à rassurer Elise qui avait légèrement blêmie. Elle ne s’était peut-être pas attendue à ça … du moins, de cette manière. C’est pourquoi il se voulait être présent.

« Oh, je n’en doute pas un seul instant … mais bon, il semblerait que la prochaine succession soit riche en rebondissements ! Et qui sait ce qui nous attends à la surface, n’est-ce pas ? C’est comment, franchement ? On en lit des bouquins anciens et entiers mais aucun démon à part vous deux, n’a vécu aussi longtemps à la surface … et les éclaireurs envoyés là-bas ne sont pas encore assez entraînés pour survivre voire y vivre assez longtemps pour nous donner plus de détails à ce sujet. Est-ce vrai qu’il y a un astre solaire et lunaire ? »

Wow ! Un changement de sujet aussi rapide avait de quoi surprendre. Le jeune homme aux cheveux bruns regarda le renifleur, un peu interloqué, ne sachant pas réellement quoi répondre avant de finalement se décider :

« Bien sûr … On les appelle le Soleil et la Lune. Selon l’endroit où nous nous trouvons à la surface, ils sont plus ou moins présents. Ainsi, dans certaines zones, le Soleil restera présent pendant presque toute une journée tandis qu’ailleurs, certains ne l’ont peut-être jamais vu. »

« Intéressant, vraiment très intéressant, vous voyez, vous devriez parler de ça puisqu’en ce qui concerne votre odeur et votre sang, nous n’arrivons pas à savoir de quelle famille vous êtes. Si en plus de ces connaissances, vous savez vous battre, vous arriverez alors très vite à vous faire une place, ce qui est nécessaire si vous espérez survivre en ces lieux. »

Hum … Bon, il devait danser sur quel pied avec ce type ? Car entre ses « conseils » et ses « questions », autant dire qu’il était difficile de savoir ce qu’ils devaient penser réellement de ce type. Pour autant, ce n’était pas le moment de se préoccuper de ça.

Pfiou … Ils n’avaient pas assez marché tous les trois ? Il avait l’impression que ça ne finissait jamais … et cela commençait doucement mais sûrement à le fatiguer mentalement. Il voulait que cela se termine et il avait l’impression qu’il repassait dans les mêmes couloirs, peut-être à cause du fait qu’il revoyait certains tableaux ?

« Dites … Nous sommes bientôt arrivés ? Je crois que faire retarder le roi, ce n’est pas une bonne chose, n’est-ce pas ? Si vous vous êtes perdu, on va se débrouiller tous les deux seuls. »

« Ah mais … Attendez un peu ! Nous y sommes bientôt ! Vous ne serez pas déçus et … »

« Bon, j’ai plus l’impression que votre but est de nous faire perdre notre temps en attendant d’autres personnes, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce qui vous faite dire cela, mademoiselle Elise ? » demanda le renifleur, finissant par s’arrêter, tremblant un peu de tout son être.

« J’ai bien l’impression que tu nous prends pour des imbéciles depuis le début. C’est bien gentil de répondre à nos questions et de nous en poser mais on marche, on marche et bizarrement, il n’y a pas un seul garde sur notre chemin, ce qui est étrange pour le château du monarque de ce monde. Même ‘il est surpuissant, il en est pas immortel et il doit avoir de nombreux soldats pour le protéger. »

« Ils sont simplement en pause, vous en avez bien vu deux à l’entrée, non ? »

« Oui mais après, plus rien du tout … et il semblerait qu’ils étaient effrayés plus qu’autre chose, n’est-ce pas ? Bon … De toute façon, je crois bien que j’ai vu clair dans votre jeu. Vous travaillez pour l’un de mes frères ou l’une de mes sœurs non ? »

« Mais qu’est-ce que vous êtes en train de vous imaginer, vous … »

Une flamme. Il avait juste eut le temps de voir une flamme partir d’Elise qu’il fit un pas en arrière, esquivant alors ce qui allait s’abattre sur le renifleur. Du moins, c’est ce qui était prévu avant que le renifleur ne fasse un saut sur le côté pour éviter la flamme.

« Vous devriez arrêter cela, mademoiselle Elise. Agresser un renifleur, cela reste un crime très grave, vous le savez, non ? »

« Je n’en sais rien vu que je connais rien à vos lois ici mais vu que je suis de sang royal, je n’ai pas à appliquer ces lois sur moi … surtout si cela consiste à me défendre d’une agression visant à me tuer avant même que je ne rencontre ma famille. »

« Ah … Vraiment, vous rendez la chose bien plus compliquée et difficile, vous vous en rendez compte ? Vous n’arrangez rien du tout en agissant de la sorte, c’est vraiment dommage. Qu’est-ce qui vous a mis la puce à l’oreille ? »

« Hum … peut-être le fait que vous n’étiez pas parmi les renifleurs d’hier ? Vous savez, j’ai été serveuse dans une auberge durant la majorité de ma vie. Avec cela vient une mémoire visuelle et auditive assez grande pour nous permettre de nous rappeler des visages, des commandes et autres. Il est vrai que je suis un peu rouillée dernièrement mais bon … Merci de me permettre de me remettre à niveau très vite. »

« Tsss … Et dire que pour l’autre imbécile, cela était bien plus … »

« Simple ? C’est le bon terme ? » murmura Tery en fronçant les sourcils, les lignes d’Alzar apparaissant en même temps que ses cornes. Une main posée sur l’un des murs du couloir, voilà que deux autres firent leurs apparitions, scellant complètement le couloir de part et d’autre. « C’est vrai que je suis un idiot. Je n’avais pas remarqué ça … »

« Pas bien grave, Tery. Je me méfies de tout ce qui m’entoure et il a eut la malheureuse idée de nous signaler ce que ma famille complote en son sein … à partir de là … il a signé son propre arrêt de mort. Eliminons-le. »

L’homme cornu émit un petit rire, comme amusé par les propos du duo. En tant que renifleur, il n’était pas à prendre à la légère … et puis, il n’était pas bloqué avec eux, ils étaient bloqués avec lui, voilà toute la différence dans cette situation.

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