Chapitre 9 : Une destinée factice mais réelle

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Une destinée factice mais réelle

« Je te forcerai à me lâcher, Luculos ! Quitte à ce que mes pouvoirs disparaissent pour un court laps de temps ! » cria Arceus, l’une de ses mains tentant de se transformer en lame. Elle tenta de lui donner un coup dans les hanches, le jeune homme ne semblant pas réagir à la douleur. Il était en métal ou quoi ? Ce n’était pas normal ! Pas normal qu’il ne ressente rien du tout ! RIEN DE RIEN ! Et personne n’allait respecter sa décision ? Pourquoi ? Pourquoi ? Elle éclata de rire, comme amusée : « Elles sont tellement inquiètes pour toi … Elles ne veulent pas que tu te sacrifies pour elles … Elles ne feront rien du … »

Comme s’il venait de recevoir une flèche, le corps de Luculos pencha en arrière, une plaque sortant de son corps, se brisant en morceaux. Mistria avait ses yeux roses rivés sur lui et l’entité dont il était issu. Elle détourna un peu le regard quand il la remarqua. La jeune femme ne semblait pas à l’aise avec ce qu’elle venait de faire, Crusaé et Metsubi lui criant :

« Mais qu’est-ce que tu fais ? MISTRIA ! Tu cherches vraiment à … »

« Accomplir ce qu’il désire, oui. Nous ne sommes pas sûres qu’il puisse tenir Arceus très longtemps … Et il faut attraper cette chance qu’il nous offre. Il nous l’a demandé … Vous ne voulez pas respecter sa volonté ? Il le … »

« Merci beaucoup Mistria. Merci de vouloir leur faire comprendre. Continuez … Tant que les dix-sept plaques ne seront pas détruites, elles pourront revenir si Arceus retrouve ses pouvoirs. Merci encore … Mistria. »

« Espèce d’idiot … Je vais monter sur les épaules de qui maintenant ? » bafouilla la jeune femme aux cheveux roses, un sourire restant gravé sur le visage du jeune homme.

« Tu n’es pas un peu grande pour cela ? Je ne savais pas que tu étais une aussi jolie fille. »

« Oh, le joli cœur ! Si on me demande de te tuer, ne t’inquiète pas pour ça, je ne vais pas me priver ! » s’écria une voix derrière l’équidé avachi sur le sol. Gérine fit son apparition, tout son corps semblant translucide avant qu’elle ne plante l’une de ses mains dans le corps de Luculos. L’une des lumières s’éteignit, Gérine retirant sa main en rigolant. « Quand même, si on m’avait dit que j’irai briser les pouvoirs de la déesse … Je vais finir par croire que mon titre de renégate me correspond de mieux en mieux ! »

« Gérine … Est-ce qu’elle va bien ? » murmura doucement le jeune homme. « Tu ne l’as fait pas souffrir … j’espère ? N’est-ce pas ? Répond moi … »

« Tsss … Une âme capable de me battre à mon propre jeu et douée de paroles ? Qu’est-ce que tu crois ? Que je vais la dévorer ? Je ne suis pas du genre d’Arceus. Non … Elle est intéressante, plus qu’intéressante. Elle va bien si c’est ce que tu veux savoir. »

« Ah ! Tant mieux alors ! Tant mieux ! » s’écria un peu Luculos, Arceus s’étant tue depuis plusieurs minutes, comme si elle réfléchissait à une solution pour s’en sortir. Gérine fit un saut en arrière, un souffle de feu venant recouvrir le jeune homme avant que des lianes ne se réunissent en un pieu végétal pour se planter dans son corps. Deux nouvelles plaques furent brisées alors que Perrine et Sarila, malgré leurs blessures venaient de s’en prendre à lui. Ah … Cela en faisait déjà quatre … Plus que treize.

« Tsss … Me forcer à faire une telle chose, ne crois pas que je te pardonnerai un jour ! » hurla la Feunard alors que Sarila tapotait doucement le crâne de celle-ci. Perrine avait baissé la tête, tremblant légèrement tandis que Sarila murmurait :

« Allons … Allons … Ce n’est pas si grave que ça … n’est-ce pas ? Il est heureux. »

« Mais mais mais … Arrêtez ! Arrêtez ça ! » cria Crusaé, Metsubi essayant de dire la même chose bien qu’elle n’y arrivait pas. Le dôme dans le ciel avait disparu, quatre personnes marchant d’un pas lent en direction d’Arceus et Luculos. Celui-ci dit dans un petit rire :

« Et bien … Je croyais que vous … ne veniez aider personne ? »

« C’est le cas … Nous protégeons simplement notre planète … et pour cela … Nous devons te briser. » annonça l’homme alors que ses trois enfants hochaient la tête de concert. Les quatre personnes vinrent l’entourer, frappent toutes en même temps. Luculos poussa un petit cri de douleur, sentant plusieurs plaques qui se brisaient en même temps. Huit … Huit plaques étaient déjà détruites, il n’en restait plus que neuf. Les quatre golems reculèrent, laissant place à Taliki. Celle-ci, avant même de frapper Luculos comme les autres, plaça la tête du jeune homme contre sa poitrine, lui murmurant :

« Tu resteras toujours mon petit bout, Luculos. Toujours … »

« Maman … Je … Tu rendras heureux d’autres enfants. J’en suis sûr. »

« Je vais être douce … très douce … » murmura la jeune femme avant d’insérer sa main dans le torse de Luculos, brisant une nouvelle plaque. Elle s’éloigna à son tour alors qu’Arceus prenait enfin la parole, semblant dépitée :

« Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ne voulez-vous pas la perfection ? POURQUOI ? Ce monde idéal que je voulais créer ! Ce monde où nulle imperfection ne pourrait voir le jour ! Tout … Tout aurait été parfait ! Alors pourquoi vous vous êtes mis en travers de mon chemin ? POURQUOI ? Qu’est-ce qui vous déplaît tant dans cette idée ? »

« Ton idée de perfection qui reviendrait à un monde immobile, incapable d’évoluer et de progresser. De même, comment un monde parfait pourrait-il être dirigé par quelqu’un d’imparfait ? Dirigé par quelqu’un justement ? Si ce monde était parfait, chacun serait libre de ses actes, sans être manipulé par autrui. » répondit doucement Luculos alors qu’Arceus plongeait dans son mutisme. Elle ? Imparfaite ? Quelle … Quelle blague … Elle n’était pas imparfaite ! Elle … Elle ne l’était pas.

« Lu … Luculos … Grand … frère ? » murmura faiblement Jéwaly qui s’était téléportée jusqu’à. Le jeune homme regarda la jeune fille aux cheveux blonds, celle-ci ayant les mains vides. « Je … Je vais éviter de te faire mal, d’accord ? Et je serais une grande sœur aussi un jour. Je ne veux plus que l’on s’occupe de moi. Je veux m’occuper des enfants aussi. »

« C’est une sage idée. Je suis sûr que tu en seras capable. AH ! » cria-t-il avec un peu de douleur alors qu’elle réduisait à néant une nouvelle plaque, la dixième. Jéwaly se téléporta au loin, des petits cris se faisant entendre alors que finalement, elles se tenaient devant lui, portant leurs enfants malgré les blessures qu’elles avaient.

« Luculos … Nous comprenons enfin … toute les deux. Tiens … Je te présente Résirak, not… mon fils. » chuchota Crusaé, l’enfant à la petite touffe de cheveux blancs s’arrêtant de pleurer en regardant Luculos.

« Et elle, c’est Zérym. Elle est jolie, n’est-ce pas ? C’est une dragonne comme sa mère. » souffla Metsubi, un petit sourire aux lèvres en lui présentant le bébé aux yeux rouges.

« Ils seront aussi beaux que leurs mères. J’en suis sûr et certain. »

« Depuis … quand est-ce que tu le savais, Luculos ? » demanda Crusaé.

« Trois à quatre ans. Il faut dire que vous étiez inséparables depuis tout ce temps. Cela cachait quelque chose, n’est-ce pas ? L’une qui commence à penser comme l’autre et inversement. Puis l’acceptation de partager … Ah … Je n’étais qu’un but mais ça ne me dérange pas. »

« TU N’ETAIS PAS UN BUT ! Tu étais bien plus que … » commencèrent à crier les deux femmes en concert, leurs bébés restants muets alors que Luculos posait un doigt sur leurs lèvres pour leur dire de ne pas continuer. Avec lenteur, les deux femmes réunirent leurs doigts, frappant Luculos ensembles, deux nouvelles plaques se brisant. Plus que cinq … Cinq plaques et c’était terminé. Elles prirent de la distance alors que deux ombres se téléportèrent à son niveau. Aussitôt, l’une d’entre elles vint l’enlacer, posant sa tête contre son torse.

« Luculos … Luculos … Pourquoi est-ce que cela doit t’arriver ? » questionna Léty, son frère ne cachant pas la tristesse peinte sur son visage.

« Nous voulions … continuer à parler avec toi, de tes idéaux, de tes pensées … Nous voulions parcourir le monde à tes côtés. C’est la première fois que nous … voulions rester avec un humain. Pourquoi faut-il qu’une telle chose se produise ? »

« C’est ainsi que va la vie. C’est une phrase toute faite … Mais bon … Je suis content de savoir que vous avez tenu parole jusqu’au bout. Vos mains n’ont jamais été tachées de sang. Voudriez-vous … m’aider à disparaître ? Je ne pense pas que ça compte. »

« Avec … plaisir, Luculos. » murmura Léty, restant contre lui pendant quelques secondes avant qu’une main ne se pose sur son torse. Lito fit de même avec une main posée sur le dos du jeune homme. Deux nouvelles plaques disparurent, il n’en restait plus que trois.

« Je … Je ne vous laisserai pas ! Je ne vous laisserai pas me faire disparaître ! Vous n’anéantirez pas mes pouvoirs ! Vous ne me prendrez pas mon existence ! » cria Arceus, arrivant au prix d’un effort surhumain à se redresser bien qu’elle ne pouvait rien faire d’autre, même un simple geste.

« Abandonne Arceus … Reconnait que tu n’as jamais été parfaite. Ah … Il reste trois plaques …et ça sera enfin terminé. Gérine ? Que va-t-il se passer ? » demanda le jeune homme, se tournant vers la femme aux yeux rubis, celle-ci haussant un sourcil. « Que vais-je devenir ? Dans le fond … Je ne suis qu’un réceptacle … Je n’ai jamais réellement eut d’existence … n’est-ce pas ? Alors qu’est-ce qui va advenir de moi ? »

« Hum ? Oh … Tu vas sûrement disparaître. Ta mission est accomplie, n’est-ce pas ? »

C’est vrai. Il confirmait. Il avait assez travaillé depuis maintenant plus de quinze ans. Depuis son plus jeune âge même. Bon … Ses trois dernières plaques, qu’est-ce qu’il … ah ? Crusaé, Metsubi et Taliki étaient revenues, les trois femmes le regardant avec une certaine tendresse. C’était donc elles ? Elles ? Il ferma ses yeux, prêts à subir la destruction des trois dernières plaques. Il prit une profonde respiration, tremblant un peu.

« Est-ce que tu as froid, Luculos ? » demanda Taliki.

« Non … Non … Je m’imagine … juste ce qui va se passer. Je n’ai pas à regretter … tout ceci. Allez-y les filles. Libérez-moi. »

« Non … Non … Je ne veux pas disparaître … Je ne veux pas disparaître ! Comment est-ce que tu peux accepter de mourir ? Comment est-ce que tu peux … accepter de ne plus exister ? Pourquoi ? Pourquoi ? C’est quoi ce qui te motive à ça ? C’est QUOI ? LUCULOS ! REPONDS-MOI ! JE VEUX SAVOIR ! J’ai … J’ai besoin de savoir ! » bafouilla Arceus sans que pourtant, Luculos ne lui réponde. Des fois … Il valait mieux se taire et accepter.

Les enfants étaient dans les bras de Jéwaly. Crusaé, Metsubi et Taliki frappèrent en même temps le corps de Luculos, un craquement résonnant autour de lui. Un craquèlement se fit entendre, des fissures apparaissant sur le torse de Luculos mais aussi sur le corps de la centauresse. Celle-ci baissa la tête, murmurant :

« Je ne veux pas mourir … Je ne veux pas disparaître … Je veux exister … Je suis parfaite, je ne peux pas m’évaporer. Je suis par … Imparfaite ? Je ne suis pas parfaite ? Est-ce pour ça que je disparais ? Est-ce que pour ça que … je n’existerai plus ? »

« Arceus … Tant que les gens existeront, ils penseront à toi … Merci Crusaé, Metsubi … Maman … Tout le monde. Merci pour tout. Soyez heureuses … C’est tout ce que je demande pour vous. » termina de dire Luculos alors que son corps comme celui d’Arceus disparaissait peu à peu, laissant place à de nombreuses petites sphères dorés qui s’illuminaient pendant quelques instants avant de s’éteindre définitivement.

« Et nous ? Tu ne penses pas que nous voudrions … que tu le sois ? » demanda Crusaé, regardant une dernière sphère qui flotta dans les airs avant de disparaître dans les cieux. Cette fois-ci, c’était définitif … Elle le savait. Elles le savaient …

« Bon ! Ce n’est pas tout ça mais tout ce qui concerne ce monde, je n’en ai plus rien à faire ! Je retourne dans le mien et j’espère qu’on ne viendra plus me déranger ! » annonça Gérine en tapant dans ses mains, s’envolant dans les cieux à son tour.

« Nous allons retourner auprès … de Sally. » dirent les quatre golems, marchant pour quitter ce qui restait de cette montagne.

« Et maintenant ? » demanda Crusaé, serrant son enfant contre elle, sa main liée à celle de Metsubi qui tenait son enfant elle aussi. Et maintenant ? Et bien … Ses pouvoirs allaient revenir les uns après les autres. Elle allait devoir réparer toutes les erreurs commises par ce qui avait été une partie d’elle-même.

« Il est temps … de retourner à nos vies communes. » annonça Taliki.

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