Verset 6 : Un roi noir solitaire mais pourtant accompagné

ShiroiRyu
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Verset 6 : Un roi noir solitaire mais pourtant accompagné

« Comment… vas t-il ? »

« Il a juste besoin de se reposer… Veillez sur lui. Ouros, rentre dans ta pokéball, on s’occupe du reste. Pour ma part, j’ai quelque chose à vérifier. »

Ou plutôt à récupérer. L’adolescent aux cheveux bleus disparu dans sa pokéball alors qu’elle fouillait les gravats à la recherche de sa surprise. Elle était sûre qu’elle n’était pas détruite et elle vit que c’était le cas… Tant mieux… Elle chercha le cadavre du père d’Alan parmi les décombres alors qu’un cri la fit se retourner.

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que c’est que ça ? » dit Alan en tremblant, s’étant réveillé.

« Qu’est-ce que quoi ? AH ! » cria t-elle en cachant ses deux mains derrière elle alors qu’elle voyait le visage effrayé d’Alan par rapport aux quatre enfants. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait avec le jeune homme.

« Ces… Ces mains noires… »

« Ces mains noires ? Il était temps… Les enfants… Est-ce que vous voulez bien me laisser seule avec Alan ? Lui et moi, nous avons à discuter… »

« Et… Et… Et mon père ? Est-ce qu’il… »

« Oui… Alan… Il est mort… Est-ce que tu veux le voir ? Ou… non ? »

Il hocha la tête d’un air négatif, signalant qu’il valait mieux ne rien faire… juste creuser sa tombe ici… Il demanda quelques instants à Mana, se levant avec lenteur pour se diriger vers le garage… D’un geste nonchalant, il prit un bidon d’essence, commençant à arroser les pièces de la maison de l’intérieur et de l’extérieur, ayant un soubresaut en voyant le corps tranché en deux de son père. Il prit ensuite une boîte d’allumettes en même temps qu’un sac de voyage encore en bon état et deux couvertures.

« Qu’est-ce que tu fais Alan ? Pourquoi tu as arrosé… Tu ne comptes pas… »

« Mon père mérite de disparaître avec sa maison… De toute façon… Je n’aurais pas le temps de m’occuper de tout ça… »

Il craqua une allumette, la jetant en arrière derrière lui alors que des flammes apparaissaient au sol pour rejoindre la maison qui flamba complètement. Il tourna à moitié son visage vers sa maison, le regard entre la neutralité et la tristesse. Il n’arrivait même plus à avoir des larmes… A force… Pourquoi pleurer ?

« Alan… Est-ce que tu vas bien ? Rélo… est mort… Tu n’as plus à t’en faire pour lui. Il ne fera plus rien de mal… Tu me sembles différent… Est-ce que tu veux te reposer ? »

« Je voudrais surtout avoir des réponses… J’ai vu des mains noires derrière les corps des quatre enfants… Pourquoi ça ? Et toi ? Tu n’en as pas ? »

« Si… J’en possède même plus que les quatre enfants réunis… Mais cela est à cause de ma puissance… et de mon contrôle… Tu ne les verras pas… Alan… Je sais que tu es triste… Tu peux me le dire hein ? Je ne trouverais pas ça ridicule… Cette fois-ci, je ne me moquerais pas de toi… Tu es peut-être maudit… mais cela n’autorise personne à tuer ton entourage juste en prétextant cette malédiction ! »

« Un peu comme toi… et Zena… ou Rélo et mon père non ? »

Elle détourna le visage alors qu’elle se savait coupable. Oui… Elle aurait pu sauver Zena… Mais elle n’avait rien fait… Mais à cette époque, elle ne connaissait que peu voir pas… Alan… Et puis après… Elle poussa un profond soupir avant de dire :

« Exactement… Bon… Retourne-toi… Et ne fais rien du tout… Et ferme les yeux simplement. Je t’interdis de te retourner… Sinon je serais forcée de te tuer. »

De le tuer ? Ce n’était quand même pas n’importe quoi. Il s’exécuta, fermant ses yeux alors qu’il entendit un bruit de tissu qui tombe au sol. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle était en train de se déshabiller ? Il entendait maintenant qu’elle enfilait quelque chose d’autre, poussant des petites plaintes alors qu’il demandait :

« Mais qu’est-ce que tu fais ? »

« Ne te retourne surtout pas ! Je fais ça POUR TOI ! Alors je t’interdis de te retourner. Après tout ce que tu as subi, il est normal que je fasse quelque chose pour toi, foutu roi noir à la mordmoilenoeud. Tu mériterais vraiment que je te baffe et que je te claque. »

« D’accord… D’accord, je n’ai rien dit. Je suis désolé de t’avoir parlé… Je ne voulais pas te déranger… Je crois qu’on va aller au centre… qu’importe le temps que ça prendra. »

« On ira au Centre mais tu attendras que j’ai terminé de faire ce que j’ai à faire pour toi. Ensuite, nous réfléchirons à ce que toi et moi allons faire. Est-ce que tu as bien compris ? »

« D’accord d’accord… Est-ce que je peux me retourner maintenant ? Ou ce n’est toujours pas possible ? Je ne sais pas ce que tu manigances… »

« C’est quelque chose dont toi et moi avons parlé. »

Dont elle et lui… Qu’est-ce que ça pouvait être ? Qu’est-ce que c’était que cette surprise… ? Est-ce que cela avait un rapport avec… Peut-être que oui… Même si… Le fait de se rappeler du moment venu après… ne l’enchantait guère… Mais est-ce que c’était bien ça ? Il devait juste le demander… Il murmura :

« Est-ce que c’est par rapport à l’hôpital ? »

« Peut-être que oui, peut-être que non. C’est vraiment dur à enfiler… En fait, ce n’est pas possible de le faire toute seule, je me le disais aussi… »

RAHHHH ! Mais pourquoi avaient-ils discuté de ça ? Vraiment mais quelle idiote elle faisait ! Elle s’en était voulu pour Alan et elle voulait se faire pardonner maintenant. Elle était vraiment… stupide quand elle s’y mettait. Enfin… Elle lui demanda de se retourner.

Chose qu’il fit avec un peu d’inquiétude… Inquiétude qui se transforma en stupéfaction en la voyant. Elle était tout simplement dans une camisole blanche ses bras liés au niveau du ventre alors qu’elle n’arrivait pas à se mouvoir. Et autour d’elle… il voyait de nombreuses mains noires qui s’allongeaient par-ci et par-là… Elle pivota la tête légèrement avant de dire :

« Qu’en penses-tu, Alan ? Cette camisole me va-t-elle ? »

« Oui… Oui… Enfin… C’est spécial… Mais tu n’arrives même pas à te mouvoir. »

« Mais si, mais si… Regarde-moi marcher, tu verras biiiiiennnnn ! »

Elle poussa un cri alors qu’elle s’apprêtait à tomber en avant, ayant tenté de faire quelques mouvements avec ses pieds. Les bandelettes étaient une chose mais être complètement serrée en était une autre. Elle s’écroula sur lui, le faisant tomber au sol alors qu’elle gémissait de douleur. Il l’aida à se relever, la jeune femme aux cheveux gris se remettant correctement debout avant de dire d’une voix calme :

« La haine que je ressens pour les humains n’est rien comparée à la tristesse que j’ai pour toi en ce moment… alors… Alan… Observe-moi bien… »

« T’observer ? Qu’est-ce que tu… Mana ?! »

Elle fit un simple geste de la tête… et pourtant… Ce geste avait permis quelque chose. Son bandeau avec un œil dessus vola en arrière. Il recula légèrement alors qu’il voyait l’œil droit de Mana qui s’ouvrait peu à peu. Pendant un court instant, il avait cru voir du noir autour de son œil rouge. Mais quel œil rouge… Il avait l’impression de se faire engloutir par ce dernier… C’était pourtant le même que l’autre mais il était si différent… La voix de Mana alla le ramener à l’horizon.

« Alan… Tu es un peu trop proche de moi… »

Co… Comment ça ? Il remarqua qu’il était à la hauteur de l’adolescente aux cheveux gris, celle-ci l’observant de ses deux yeux… Maintenant qu’elle avait retiré son bandeau, il pouvait l’observer complètement. Les flammes avaient fait se soulever un léger vent qui venait caresser les cheveux gris de Mana, lui donnant une allure triste… Surtout qu’elle penchait toujours la tête sur le côté… et que ses mains noires restaient présentes autour d’elle. Lentement, les mains allèrent entourer Alan, se posant sur son dos alors qu’elles emmenaient son visage au niveau de celui de Mana.

« Ce n’était que la première partie de la surprise. Voilà la seconde… Et tu as intérêt à apprécier car je ne l’ai jamais fait auparavant… que cela soit de mon vivant ou de ma mort… Je ne peux pas te faire oublier tout ce que tu as vécu… ou tout ce qui t’a traumatisé… Mais je vais faire de mon mieux pour apaiser tes souffrances pour quelques instants. »

Même si elle ne pouvait plus bouger réellement ses mains, celles qui tournaient autour d’elle emmenèrent le visage d’Alan contre le sien, ses lèvres se posant sur les siennes pour l’embrasser. Cela ne dura que quelques secondes et elle retirait ses lèvres en se léchant, un petit filet de bave entre eux deux alors qu’il restait interloqué par ce qu’elle venait de faire. Même… Même avec Zena…

« Zena t’avais promis ceci je crois… Et comme c’est de ma faute, il fallait bien que je te donne son cadeau… Je pense… » murmura t-elle sans même rougir par ce qu’elle venait d’accomplir, ce qui était tout le contraire d’Alan.
Celui-ci ne savait pas où se mettre… Il n’avait pas oublié Zena, loin de là, mais… Le fait de se faire embrasser par une autre fille… Ah… Il avait l’impression de la tromper… mais elle était morte ! Est-ce que cela comptait quand même ou non ? Il ne savait pas du tout comment faire ! Surtout que Mana et lui restaient toujours collés l’un contre l’autre.
« Maintenant… Il est temps que je t’explique… ce qui se passe… Est-ce que tu veux que l’on s’éloigne ? Ou penses-tu que ça sera bon… »

« Je préfère regarder ma maison brûler… jusqu’à la fin… »

« Alors je vais tout simplement t’expliquer… ce que sont ses mains noires… Ce sont l’incarnation de nos pouvoirs spectraux… Plus nous sommes puissants, plus nous avons de mains… Ces mains peuvent prendre diverses formes… Comme celle d’une lame ou alors d’une sphère… A côté, les plus puissants sont capables de les faire disparaître. »

« Pourquoi est-ce que je ne les voyais pas auparavant ? »

« Car tu n’étais pas assez triste… et désespéré pour ça… Même si cela est laid de le dire ainsi… Tu n’es pas aimé… Alan… Tu es détesté par la chance… »

« Je crois l’avoir remarqué… Hahaha… Et à part ça ? Qu’est-ce qu’il y a d’autres à savoir ? Est-ce que je pourrais m’asseoir ? »

Elle hocha la tête, le libérant finalement de son étreinte alors qu’il venait s’asseoir à même le sol, la jeune femme venant s’asseoir à côté de lui. Même si tout cela avait un aspect lugubre, ils observaient la maison en train de brûler, les enfants faisant finalement leurs apparitions après quelques minutes, s’asseyant à côté d’eux.

« Les pokémons psychiques ont des pouvoirs du même genre. Sauf que leurs mains sont blanches… Mais eux ont abandonnés leurs sentiments. »

« Délibérément non ? Alors que de votre côté… Ce n’est pas voulu… »

« Je t’ai déjà tout raconté… à ce sujet… Imagines donc pour ces enfants… Ils n’oseront jamais te le dire… mais alors qu’ils voyaient leurs parents vieillir… sans eux… Eux, restaient toujours les mêmes. Moi… Je m’en fichais royalement… Je ne suis rattachée à rien… Mais c’est douloureux pour eux… »

« Je vois… Je comprends… Enfin… Non, je ne peux pas vraiment comprendre ce qu’ils ressentent… Mais j’ai mal pour eux… »

« Je ne dirais pas que c’est une bonne chose car tu as déjà assez souffert de ton côté… Vraiment trop souffert… Je pense que cela suffit… Tu as le droit de vivre aussi. »

« Depuis quand est-ce que tu es aussi gentille avec moi ? »

« Ce n’est pas de la gentillesse mais de la pitié à ton égard. »

AIE ! Ca faisait mal… Très mal… Mais il eut un petit rire avant de sangloter. Elle lui tapota doucement le dos tandis qu’il continuait de pleurer. Maintenant… Il le pouvait … Les enfants se rapprochèrent d’eux et surtout de lui, venant le serrer dans leur bras. Voilà … Tout avait enfin disparu… Les flammes avaient transformé la maison en cendres… Et son père aussi… Il n’était plus rattaché à rien… Plus rien du tout… Ou presque…
Il lui restait toujours Mylène et Ouros… Ses deux pokémons… Il devait s’en débarrasser… Les emmener dans un endroit où ils seraient à l’abri… Mais où ? Car il n’y avait plus d’endroits comme cela… Même le centre de Chiss allait être la victime d’une hécatombe sans précédent. Il murmura à Mana :

« Je crois… que dès demain… On ira… vers le centre… De toute façon… C’est ce que l’on doit faire, non ? »

« Tu peux arrêter de te comporter comme le roi noir… et te laisser mourir… J’essayerai de tout faire pour que tu deviennes un spectre aussi… même si cela est impossible… »

« Oui… Vous êtes devenus des spectres sans que l’on ne sache pourquoi réellement… »

« C’est à peu près ça… Enfin bon… Reposons nous pour aujourd’hui… Tu l’as bien mérité… et ne te fais pas d’illusions… pour ce qui s’est passé avant… »

L’une des mains noires sortant de Mana allait chercher son bandeau mais il l’attrapa avant qu’elle ne le remette. Il lui demanda de rester ainsi au moins pour quelques temps. Elle hocha simplement la tête alors qu’il posait la sienne sur son épaule. Maintenant que la maison n’existait plus… Ils n’avaient plus d’endroit où dormir… où loger… où se nourrir… Une nouvelle vie venait de débuter… Il murmura :

« Restez simplement avec moi… hein ? Mana ? Ne m’abandonnez pas… Je ne crois pas… que je supporterais si vous disparaissiez sans moi… »

« Je ne compte pas faire comme eux… Ne t’en fait donc pas pour moi… Je resterais auprès de toi jusqu’à la fin de cette histoire… Et il en est de même pour les enfants, n’est-ce pas ? »

Les quatre enfants signalèrent que lui alors qu’il poussait un profond soupir. Elle alla le serrer contre elle, un petit sourire aux lèvres. Dire qu’il était entouré par des spectres… et pourtant, il ne se sentait pas effrayé le moins du monde… En fait, il ne sentait plus rien du tout… Il n’avait même plus froid ou chaud… Comme si quelque chose s’était brisé… Pourtant… Il était sûr qu’il était bien vivant… et lorsque Mana avait fait ça… Il s’était sentit en train de rougir… Il se demandait ce qui se passait avec lui…

« On reste ainsi… pendant quelques heures… s’il vous plaît. »

Personne ne lui répondit… Ca paraissait si évident… Et personne ne viendrait les déranger de toute façon… Personne n’oserait faire ça… Ou alors en prenant un risque immense de disparaître entièrement de Chiss. Ses mains entouraient maintenant Mana pour qu’il la garde contre lui tandis qu’ils fermaient tous les yeux.

Le roi noir venait enfin d’être réveillé… Pourtant, il était seul… Tout le monde autour duquel il s’était forgé venait de se détruire…

Mais ses plus loyaux subordonnés restaient présents…

Une nouvelle vie venait de commencer pour lui ou alors… une nouvelle mort.

L’un de ces pions était bien plus proche que les deux voulaient le croire, lui offrant un cadeau somptueux dont les deux se souviendront à jamais.

Chaque existence a son lot de tristesse…

Chez celle du roi, cela n’est qu’un flot continu… permanent… Tout continuait… encore et inlassablement…

Erèbe, la récompense pour le roi, verset sixième.

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