Chapitre 52 : Des êtres brisés

ShiroiRyu
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Chapitre 52 : Des êtres brisés

« Tiens, voilà une nouvelle fournée de démon qui arrivent. »

« A croire qu’ils ne comprennent pas la leçon. Ils en arrivent toutes les semaines. Heureusement qu’ils sont peu endurants, ils claquent si vite entre nos griffes. »

Un être reptilien, humanoïde mais recouvert d’écailles jaunes. Sa langue siffle un peu hors de sa bouche tandis qu’il observe de nombreuses cages tirées par des montures à trois têtes et quadrupèdes. Héhéhé … parfait, vraiment parfait.

« Qu’est-ce que l’on va pouvoir faire de ce petit surplus ? »

« Mon… MONSTRES ! ON VA VOUS EXTERMINER ! » hurla l’un des démons dans l’une des cages, commençant à la faire trembler en se maintenant aux barreaux.

« En voilà encore un bien vivace malgré les événements. Pas besoin de sédatifs. Il est parfait pour administrer une leçon aux autres. Arrêtez-vous et ouvrez cette cage. »

« Vous êtes sûrs ? On a mis tous les teigneux au même endroit, pas certains que ça soit une bonne idée, je veux pas dir mais … »

« Exécution. » ordonna le mékarlarmien sur un ton sec, sa langue fouettant l’air de mécontentement. En même temps, il sortait une épée longue dont la lame irradiait d’une belle lumière blanche, comme si elle était possédée par une magie sainte. En même temps, il avait retiré une partie de ses vêtements, laissant apparaître une armure d’écailles blanche, chose plutôt saugrenue sur un mékalarmien.

« Comme vous voulez mais moi, je préfère ensuite attendre, je ne me mêle pas de ça. »

« Tss ! Je vous jure, j’espère pour toi que tu ne possèdes pas les lignes de Zélisia … enfin, cela te donnerait une certaine utilité. »

Bon, puisqu’il aimait jouer la provocation, qu’à cela ne tienne ! D’un geste rapide, il ouvrit la cache où s’exaltait l’un des démons, celui-ci profitant aussitôt de l’ouverture pour foncer droit vers le mélakarmien en armure d’écailles blanches. Celui-ci ne fit même pas un mouvement pour tenter d’y échapper, regardant la main transformée en griffe venir se briser sur les écailles comme si de rien n’était.

« Tu as fini ? Simple déchet obscur … Au moins, ton cadavre servira pour les futures expériences prévues à ce sujet. »

La lame de l’épée se planta dans le corps du démon, comme si de rien n’était, et cela avec une aisance plus que certaine. Parcouru de soubresauts, le démon émit quelques gargouillis avant que des veines blanches n’apparaissent sur la globalité de son être.

« Vous êtes pathétiques, vous autres, démons. Vous pensez qu’en possédant les lignes d’Alzar, vous êtes surpuissants mais c’est là tout l’inverse. Vous êtes incapables de résister à la magie pure issue des lignes de Zélisia. Cela vous fait atrocement souffrir et vous êtes tout simplement destinés à nous être utiles. Adieu, larve. »

Quelques secondes plus tard, il ne restait plus rien du corps du démon, celui-ci s’étant retrouvé en cendres. Alors que d’autres démons s’apprêtaient à sortir de la cage, voilà que le mékalarmien vint leur barrer le passage, sourire mauvais aux lèvres.

« Vous préférez mourir maintenant d’une façon atroce ou attendre un peu ? Vous pouvez aussi vous dévorer entre vous pour que l’un obtienne une force assez suffisante pour nous tenir tête. Vous n’êtes qu’une bande de sauvages dégénérés et cosanguins, seulement aptes à vivre parmi les leurs pendant des millénaires. Ce que vous pensiez être votre force est votre plus grosse faiblesse maintenant. Laissez-vous mourir. »

Ce n’était pas dans leurs habitudes d’être effrayés … comme ce n’était pas dans leurs habitudes d’être considérés comme des moins-que-riens. Oui, dans le regard reptilien de ce mékalarmien, il n’y avait que du dédain, comme s’ils n’étaient que de simples objets. La cage fut refermée, avant que toute la troupe ne puisse continuer sa route.

« Pas mal, pas mal, ces armures … et ces armes. C’est intéressant de voir ce que l’on peut en sacrifiant quelques uns d’entre nous pour prendre l’ascendant sur ces démons. »

Le sacrifice de certains au bénéfice des autres. Ces royaumes voisins qui pensaient prendre l’ascendant sur eux, avec leur guerre ridicule contre les démons. Ils ne pouvaient pas comprendre l’importance de la force et de la puissance dans ce monde. Et surtout, il était hors de question de collaborer avec eux … depuis la mort des derniers dirigeants.

« Avec ce que l’on a prévu pour ces démons, les autres royaumes se plieront à nous. »

Oh bien entendu, se plier … reviendrait à devenir de simples terrains d’études. Il n’y avait aucune chance que les autres royaumes puissent retrouver une existence normale lorsqu’ils se soumettront à la grande Mékalarma ! Ailleurs, dans ce qui semblait être un imposant bâtiment fait de pierre, de nombreux cris strident se firent entendre, plusieurs Mékalarmiens discutant entre eux, entourés par quelques cages et prisons :

« Alors, où est-ce que ça en est pour la séparation des types ? »

« Difficile, c’est très difficile à concevoir. On a jamais assez de démons sous la main pour ça. On ne sait pas si la transformation se produit différemment suivant le démon dévoré ou suivant le démon qui dévore. De même, on ne sait pas si les liens familiaux donnent plus de résultat ou non. Ah ! Il nous faut plus de démons ! »

« On pourrait peut-être aller les chercher à la source plutôt que d’attendre qu’ils sortent ? »

« C’est déjà ce que l’on fait un peu. On a réussi à traverser quelques unes de leurs avant-garde. C’est pas aussi simple qu’il y paraît. C’est salement protégé et ils ont des murs sacrément costauds mais avec nos nouvelles armes et armures, on y arrive. On a été capturé quelques villages pour les ramener par ici. On regarde aussi s’ils se reproduisent rapidement ou non. De ce côté, les résultats sont mauvais. Ils mettent trop de temps. »

« Ah par contre, j’ai cru lire des données comme quoi ces démons peuvent vieillir plus lentement que les autres races. Enfin ces « purs » démons, rien à avoir les très rares engeances à moitié humaines et démoniaques. Elles, elles restent basées sur la même longévité. »

« Tsss … Et d’ailleurs, pour les fuyards, on a réussi à les récupérer ? »

« Ils sont toujours en fuite. Certains mékalarmiens ne valent pas mieux que les autres races de ce monde. Comment osent-ils tout simplement s’enfuir ? »

« Le sacrifice de quelques uns permettra la grandeur de Mékalarma ! »

« Exactement ! Leurs familles seront récompensées, leurs lignées vantées ! Mais non, ils ne pensent qu’à leur petite personne et à rien d’autre. Tsss … »

« Nous ne pouvons rien espérer de mékalarmiens aussi ridicules que ces derniers ! »

Et les voilà à nouveau en train de parler de tout ce qui se passait autour d’eux. Entre ces mékarlarmiens qui prenaient la fuite, les démons qu’ils utilisaient comme expérience et tout ce travail qui arrivait sans interruption, ils avaient encore beaucoup à faire.

« D’ailleurs, ces nouvelles arènes sont intéressantes. Avec les événements de ces dernières années, notre peuple a besoin de se passer les nerfs sur ces démons et les autres peuples qui tentent encore d’espérer que nous leur avons pardonnés. »

« A qui le dis-tu ! J’aime voir ces démons tenter de survivre du mieux qu’ils le peuvent et finir par être torturés. De toute façon, leurs corps, même morts, servent nos intérêt. »

« Oh … Moi, ce sont ceux qui tentent de venir nous attaquer.Quand ils tentent de s’en prendre aux citoyens dans les gradins mais que nos barrières saintes nous protègent, j’aime les voir souffrir et hurler, surtout s’ils tentent d’y venir au corps à corps. »

« Hahahaha ! On ne t’a pas déjà dit que tu avais un petit côté sadique pas vraiment déplaisant, toi ? Je pense pareil de mon côté ! »

« Ouais ouais, pas de compliments comme ça, j’y crois pas. Allez, on retourne au boulot, n’oublie pas ta fourche, y a certains cadavres qui sont un peu trop lourds. »

« Même s’ils le sont pas, je touche pas ces démons avec mes mains. Et puis quoi encore ? J’ai pas envie de me salir et d’être infecté. »

Nouveaux éclats de rire accompagnés de sifflements. Les deux mékalarmiens récupèrent d’imposantes fourches de métal à deux branches, les pointes étant faites d’une autre composition métallique que le reste de l’arme. Autour d’eux, de nombreuses cages s’affolaient, d’autres n’ayant plus aucune réaction à l’intérieur.

« Ils sont très excités encore. On en a pas nourris, ou quoi ? »

« C’est plutôt le contraire, certains ont été nourris récemment avec les cadavres d’autres cages. Bon, on se rend à la section « cornue ». On va voir ce que les résultats vont donner avant la récupération de cadavres ! »

Et pendant qu’ils marchaient pour s’éloigner, seuls quelques grognements, sanglots et pleurs se firent entendre dans le couloir où les deux lézards humanoïdes venaient de s’enfoncer.

Ailleurs, dans un royaume bien plus sec et aride, plusieurs centaines d’hommes et femmes aux longues oreilles et à la taille colossale se font face. Armés jusqu’aux dents, couverts d’armure de cuir, de peau ou d’écailles pour les protéger. Pour autant, aucun ne semble belliqueux envers l’autre. Non, cela semble être le contraire. De grands sourires se dessinent sur les lèvres alors qu’un homme avance en même temps qu’une femme en face de lui.

« Bien bien … On s’y attendait un peu mais ça fait vraiment plaisir de tous vous voir ici. »

« Lorsque l’on donne une promesse, on tient à la respecter. J’ai été élevé dans ces traditions et je les respecterais comme il se doit. Je vois qu’il en est de même de votre côté, c’est une bonne chose. VOUS TOUS SAVEZ POURQUOI NOUS SOMMES ICI ! » hurla la femme aux oreilles pointues, des cris fusant de tous les côtés.

« VOUS AUTRES AUSSI ! » répondit l’homme, rapidement rejoint en choeur par le reste du groupe derrière lui. « Nous sommes là pour sceller l’alliance entre le clan des Skarpos et celui des Ragnans ! Aujourd’hui est un grand jour ! »

Plus qu’un grand jour, c’était le début d’une nouvelle ère. Deux mains vinrent se joindre pour ne former qu’un poing qui se leva vers le ciel. Rapidement, d’autres poings se se levèrent de parts et d’autres, des cris résonnant de partout.

« Avec cette alliance, nos clans n’en forment plus qu’un seul. Le nom n’est pas encore connu mais qu’importe ! Allons fêter cela comme il se doit avec un banquet ! Que tout le monde nous suive ! Aujourd’hui est jour de fêtes ! »

Un moment historique comme il y en avait de plus en plus dans Honoros. Pour autant, ces deux clans ennemis depuis des décennies, voire des siècles venaient de se livrer à un acte que nul n’avait connu. Car oui, deux clans majeurs, opposés via de nombreuses règles et pourtant avec de mêmes idées, fusionnaient en un seul.

« Avec cela, ces traîtres servant la cause des démons et embrassant cette dernière devront subir notre courroux ! »

« La justice implacable de nos poisons faisant fondre leurs sangs n’en sera que plus redoutable. Eux aussi vont devoir nous craindre maintenant. »

« Ils pourront utiliser tous les subterfuges qu’ils veulent, ils ne pourront rien faire contre nous. Cette fois-ci, ils auront des personnes pour s’opposer à eux. Depuis quelques temps, ils pensaient pouvoir dominer quiconque sur leur passage. »

« Il est temps qu’ils retrouvent les pieds sur terre et qu’ils comprennent qu’aucun membre ici ne se pliera à leurs exigences pathétiques et fantasques. »

« Ces idiots estiment qu’en récupérant la force d’un groupe de monstres souterrains, ils pouvaient plus aisément récupérer des territoires. Ils comprendront très vite leurs erreurs. »

« Mais aujourd’hui, l’heure n’est pas aux plans pour se débarrasser de ces clans qui ont perdu tout honneur en agissant de la sorte ! Ces êtres ont bafoué l’existence même de ce qui compose un clan d’Honoros ! BUVONS ET TRINQUONS ! »

Un mélange de colère et de joie. De rage et de rire. Même s’ils étaient aidés par l’alcool, cela ne changeait en rien ce qui se passait dans les terres aux alentours. Les heures s’écoulèrent et bon nombre de membres du clan fusionné étaient maintenant en train de dormi, que cela soit dans les tentes ou à l’extérieur, après une cuite bien trop forte. Seuls l’honorien comme l’honorienne continuaient de boire, paisiblement, en face à face.

« Cela aura pris … beaucoup de temps, n’est-ce pas ? »

« Plus d’une dizaine d’années que nous tentions de réunir nos deux clans. Malgré les divergences, il y avait toujours de nombreux membres des deux clans qui travaillaient ensemble. Si on rajoute le fait qu’aucun des deux clans ne venait punir les membres de l’autre si on repérait ces derniers … cela ressemblait plus à une guerre froide et de regard qu’à de réelles inimités. »

« J’imagine que tous et toutes n’attendaient que ce moment, un événement marquant et majeur pour permettre un tel projet de voir le jour. Tant mieux … L’alcool a vraiment un meilleur goût en ta compagnie, Inna. »

« Est-ce vraiment l’heure de me faire des compliments, Hérik ? Est-ce que l’alcool te rend encore plus doux qu’un agneau ? »

« Ne te moque donc pas de moi. Je suis juste … soulagé que nos deux clans aient accepté. Cela me retire un poids immense. Il n’en est pas de même pour toi ? »

« Je ne fais que te titiller, comme si souvent depuis toutes ces années. Nos clans ne sont guère réellement appréciés des autres car l’utilisation d’un poison est considéré comme peu honorable aux yeux de beaucoup. Pourtant, nous avons toujours tenu à respecter les règles de conduite qui régissent Honoros depuis d’innombrables lunes. »

« Certains ne peuvent accepter que d’autres ont des méthodes différentes. Pour autant, cela na nous a jamais incité à nous déchoir de notre honneur en venant accomplir de telles bassesses et … » commença à s’exclamer Hérik, la main d’Inna tenant le gobelet venant déposer ce dernier. Quelques secondes après, sa main invita celle d’Hérik à lâcher son gobelet à son tour pour qu’elles puissent se coller l’une à l’autre.

« Tu es sûre que faire un tel geste alors que des yeux un peu trop curieux pourraient nous voir soit une bonne chose ? »

« Pas vraiment mais bon … Avec ce que nos clans ont accompli aujourd’hui, j’imagine qu’on se laisser aller un tout petit peu, n’est-ce pas ? »

« Si on se laisse aller … beaucoup, je crois que l’on risquerait de faire beaucoup de bruit. »

« Pourquoi ne pas prendre le risque ? De toute façon, vu comment certains ont bu, j’imagine que même un brouhaha ne les réveillerait pas. » répondit Inna, sourire aux lèvres alors que ses doigts serraient avec plus d’insistance la main d’Hérik. Elle finit par se lever, invitant l’honorien à faire de même de son côté.

« Avec une telle proposition … » dit-il, allant la rejoindre pour un moment à deux.

Ce qui se passa le reste de la nuit ne concerna que les deux personnes. Le lendemain matin, tout le monde avait du mal à se réveiller, pour diverses raisons qui ne regardait bien souvent que quelques personnes. Pour autant, les honoriens avaient le sourire aux lèvres, saluant les inconnus d’hier comme des camarades d’aujourd’hui. Et encore, le terme d’inconnus était bien exagérés. Beaucoup se connaissaient depuis déjà quelques années, comme les deux membres imminents des deux clans avant la fusion.

« Aieeeeeeeee ! Ma tête, qu’est-ce qu’elle me fait mal. J’ai l’impression qu’une troupe canassons est en train de me la marteler. »

« Je te le fais pas dire, je commence à peine à tenter de me lever et je suis pas sûr d’y arriver. Je sais pas ce qu’ils ont foutu dans l’alcool mais c’est sacrément puissant ! »

« Aaaaaaah ! Arrêtez de crier, j’ai mal ! J’ai maaaaaaal ! » implora un autre honorien, assis à moitié à l’intérieur d’un tonneau.

« J’en peux plus, je supporte plus la pression, je … Wow. Le vide dans ma tête. Le vide dans mon esprit, le vide dans tout ce qui m’entoure. Tout est vide … complètement vide. Je me rappelle à peine de ce que l’on faisait hier ! »

« Ouais non … J’ai pas oublié qu’on a enfin fait la paix avec les autres et … Oh … Faut que je m’assoies, y a de la place dans ce tonneau ? »

C’était visiblement l’effervescence tout autour de la zone. Comme si chacun et chacune se réveillait d’un délicieux rêve, tout le monde prenait son temps pour réagir comme il le devait. Pour sûr, la migraine était générale, mais qu’elle était bonne. S’ils s’étaient tous mis dans cet état, c’est bien à cause de l’extrême confiance entre les deux clans, une confiance qui n’avait attendu qu’être officielle pour qu’elle soit représentée.

Finalement, lorsque le début de l’après-midi arriva et que tous avaient réussi à récupérer de cette cuite monumentale, il était temps alors pour les deux « clans » de repartir de leur côté. Néanmoins, avant cette séparation qui n’en était pas une, une voix s’éleva :

« Bon ! Quand est-ce que l’on crée une tribu fusionnelle maintenant que c’est fait ? »

« OUAIS ! Pourquoi pas ?! On irait voir dans nos différents villages pour savoir qui serait prêt à cohabiter dans une seule et même tribu ! »

« HEY ! C’est plutôt une bonne idée ça ! Pourquoi qu’on ferait pas ça ? On se donne rendez-vous ici à nouveau dans une semaine ! »

« OUAIIIIIIIIIIIIIIIIS ! ON RENTRE TOUS AU BERCAIL ! »

« HEY ! UN BERCAIL, DES BERCAUX, VOUS CROYEZ ?! » hurla des honoriens, les uns après les autres, rapidement suivis par des éclats de rire.

« Qu’ils gardent cette motivation jusqu’au retour, ça ne peut faire que du bien aux visages des personnes inquiètes par notre départ. » déclara Hérik en croisant les bras, Inna n’étant pas bien loin de lui, souriante, heureuse et satisfaite de ce qu’elle voyait.

« Malgré la nouvelle de cette discussion pour une alliance, beaucoup restent effrayés. Ils pensaient que cela serait un guet-apens ou pire ! »

« On ne peut pas leur en vouloir de s’en faire pour leurs frères, sœurs ou parents. Ils s’imaginaient le pire, ce qui est normal en ces temps. »

« Et ils reviendront avec le meilleur. On ne pouvait pas laisser cela mieux se passer. Je suis … vraiment satisfaite, tellement satisfaite. Bon toi, tu comptes me faire ta déclaration quand ? »

« Ohla, calmes, femme. Chaque chose en son temps hein ? Rien ne presse. »

« Ouais, ouais, au cas où, je te rappelle qu’on a pas toute la vie devant nous et que si tu veux des soirées comme celle de cette nuit, vas falloir faire des efforts, homme. »

Elle avait appuyé sur le terme homme, le prenant par la nuque avant de l’embrasser longuement. Bien qu’ils faisaient la même taille, bien deux mètres chacun, elle n’avait eut aucune pudeur à faire cet acte devant les autres. Quelques murmures se firent entendre, des sifflotements et quelques rires. Lorsqu’elle le relâcha, elle lui déclara :

« Comme ça, ils sont tous au courant au final, n’est-ce pas ? »

« Ah … Merci beaucoup pour la discrétion, Inna. Comment je vais devoir expliquer ça ? »

« Tu n’auras qu’à ramener quelques sangloros bicornus comme le veut les traditions millénaires. N’oublie pas que ça doit être présenté à mes parents. »

« Tsss ! Au lieu de dire des bêtises, on a autre chose encore à faire. Nos alliés des autres royaumes seront ravis d’apprendre au sujet de notre fusion. Dorénavant, Claudiska, Traslord et Shunter pourront être encore plus efficaces dans leurs aides. »

« Ah … Il faut avouer que leurs marchandises et autres objets utilitaires sont bien appréciés. Sans tout ça, difficile de se dire que nous aurions survécu malgré nos forces. »

« Renier toute aide est une mauvaise chose … mais ces démons sont nés pour ravager nos terres. Il n’y a aucune pitié à avoir envers eux. »

Avant même qu’il ne continue à parler, elle l’arrêta doucement d’une petite tape sur l’épaule. Ils en avaient déjà assez discuté de ces démons. Une collaboration entre certains clans et les démons n’avait normalement jamais à se faire … et pourtant, c’était le cas. Honoros travaillant de concert avec Shunter, Traslord et Claudiska, tout cela n’était normalement pas prévu non plus. Outre le troc, les relations s’arrêtaient là … mais voilà, le temps passait et en vue des événements, il était normal que de nouvelles voies voient le jour justement.

« Herik, bonne route à toi et que Zélisia te protège. »

« Je n’ai pas besoin de te donner la bénédiction d’une déesse, je me chargerai de te protection personnelle la prochaine fois que nous nous reverrons. » déclara t-il alors qu’elle émettait un grand rire, légèrement rougissante. Et c’était lui qui parlait d’être discret ? Quel baratineur ! Néanmoins, c’était le coeur en liesse que les deux clans retournaient auprès des siens.

Chapitre 51 : Une troisième force

ShiroiRyu
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Chapitre 51 : Une troisième force

« C’est de la folie, roi Royan. Nous allons emmener les soldats à une mort certaine. »

« Nous ne serons pas seuls : l’armée de la reine de Shunter nous accompagnera. A partir de là, il ne sera pas bien difficile d’obtenir la victoire. Où est donc le courage des soldats de Traslord dans vos propos ? Vous donnez une mauvaise impression à la reine Manelena. »

« Sauf votre respect, l’impression que l’on donne à l’extérieur n’est guère importante s’il s’agit de la vie de nos soldats qui est en jeu. Je préfère privilégier la sécurité. »

Humpf … Royan poussa un soupir. Voilà qu’un nouveau problème se profilait à l’horizon, un problème qu’il n’avait pas envisagé sur le moment. Et maintenant, il était un peu tard pour commencer à réfléchir à une solution. Pour autant, il allait devoir trouver comment arranger cela. Il se tourna brièvement vers Manelena, espérant obtenir une réponse qui ne tarda pas :

« Bon, ce n’est pas tout cela mais vous jouez à un jeu dangereux. Il est un peu tard pour commencer à ne plus voir se battre sur le front. Vous comptez donc agir comment face aux démons ? Attendre qu’ils viennent frapper à la porte de la capitale ? »

« Nullement. Nous allons les repousser dans leurs tanières et tout faire pour qu’ils ne puissent plus s’en extraire, comme auparavant. Cela a très bien foncionné au départ, pourquoi cela ne devrait-il pas continuer ? »

« Tout simplement car en agissant de la sorte, vous vous faites manipuler en beauté. Pendant que vous vous focalisez sur une ou deux grottes, qui sait si les démons ne vont pas attaquer par une troisième d’entre elles ? »

« Nous réagirons en conséquence et nous ne les laisserons pas s’approcher de l’une de nos villes. Nous connaissons parfaitement notre royaume, reine Manelena. »

Le ton était agacé et le visage du général qui s’était approché essaya de rester parfaitement impassible, ce qui semblait être une véritable épreuve de force. Pour autant, Manelena était parfaitement calme et stoïque, reprenant :

« Ainsi, votre but consiste simplement à épuiser vos soldats à une marche longue et fastidieuse en attendant que les démons profitent de la moindre faiblesse pour vous assaillir et obtenir la victoire. La meilleure défense n’est pas forcément l’attaque mais vous donnez plus l’impression que vous êtes en train de subir un état de siège que l’inverse. En condamnant une grotte ou deux, il en restera des dizaines dans les alentours. Vous ne pourrez jamais toutes les fermer, que vous le désiriez ou non. »

« Et pourtant, c’est ce que l’on va faire. Roi Royan, ne laissez pas une personne extérieure vous donner des consignes ! C’est tout simplement … »

« ROI ROYAN ! ROI ROYAN ! » hurla un soldat en rentrant avec vélocité dans la salle du conseil de guerre, essoufflé et en sueur. Toutes les têtes présentes se tournèrent vers le soldat, celui-ci s’arrêtant de respirer, le rouge montant aux joues, comme s’il venait de commettre un crime impossible à réparer. Pour autant, Royan fit un mouvement de la main.

« Que se passes t-il pour que vous passiez dans le couloir en criant de la sorte ? »

« Des … Des … Il y a une armée de Gnomolds près de la capitale ! Ils sont dans la capitale ! Ils sont des centaines … non des milliers ! Les Gnomolds de la capitale sont même alliés à ces derniers ! Ils … Ils sont aux portes du palais ! »

Depuis qu’il avait autorisé les Gnomolds à pouvoir s’installer dans les villes, comme un geste d’apaisement envers ceux de la race d’Ernold, il avait pensé que cela permettrait aux Gnomolds de s’acclimater et enfin de vivre en harmonie … mais il s’était visiblement trompé. Il se redressa, furieux tandis que les autres membres de l’assemblée faisaient de même.

« Les Gnomolds nous déclarent la guerre aussi ?! Comme si nous avions besoin de ça en ce moment même ! Comme si n’avions pas déjà assez de problèmes ! »

« Attends un petit peu au cas où. Les Gnomolds ne sont pas aussi suicidaires que ça. Il y a sûrement une raison. » dit Manelena, calmement bien qu’elle était elle-même assez irritée.

« Les Gnomolds sont aux portes du palais … mais ils demandaient à vous voir, roi Royan ! Mais ils demandaient aussi à voir la reine Manelena ! »

Donc les Gnomolds étaient au courant de sa présence. Après, il était vrai que se ramener avec une armée n’était pas vraiment le plus discret qui soit mais bon … Elle hocha la tête positivement, sans parler, faisant les premiers pas pour suivre le soldat qui s’apprêtait déjà à guider les plus hautes instances des deux royaumes, que cela soit militaire ou politique.

« D’ailleurs, ces Gnomolds sont étranges ! Ils n’ont pas chercher à blesser les gardes et personnes qui tentaient de les arrêter ! »

« Comment ça ? Qu’est-ce qu’ils ont fait exactement alors ? »

« C’est … difficile à expliquer mais ils donnaient l’impression de juste vouloir les rendre inconscients. Y a beaucoup de soldats au sol mais aucun n’est réellement blessé ou mort. Oh, y a eut un peu de sang mais à part ça … »

« A quoi est-ce que ces Gnomolds sont en train de jouer ? » marmonna Manelena. Ce genre de petites surprises imprévues, ce n’était pas fait pour lui plaire.

« Je ne sais trop rien mais ils sont dans mon royaume. J’avais la main tendue vers eux, ouverte et prête à les accueillir. Si c’est comme ça qu’ils comptent me remercier, ils vont très vite comprendre à leurs dépends que je ne suis pas le genre à me faire embobiner une nouvelle fois. Tout ça car j’ai fait confiance à Ernold. »

« Attends un petit peu avant de réagir impulsivement. Ca me fait bizarre de te dire ça mais qu’importe … On va les laisser s’expliquer et ensuite, on verra en conséquence. »

« C’était ce que je comptais faire … Manelena. Je n’ai pas besoin de tes conseils, surtout lorsqu’il s’agit d’un domaine où je me débrouille plus que correctement. » répliqua Royan. Les deux souverains étaient sur les nerfs et cela se ressentait.

Hargneux comme pas possible. Il avait vraiment changé, pas forcément en positif depuis la disparition d’Elise … voire même plutôt du fait qu’elle était encore vivante. Pour autant, elle n’allait pas faire de remarque. Les Gnomolds étaient un peu plus gros problème à l’heure actuelle. C’est pourquoi … bon …

« VOUS AUTRES ! EXPRIMEZ-VOUS ! »

Elle n’était pas plongée dans ses rêveries ou presque pendant qu’elle regardait tout simplement l’attroupement de Gnomolds devant eux. Les soldats qui gardaient les portes étaient terrorisés ou presque mais bon, il n’y avait qu’une centaine de Gnomolds à tout casser. Le garde n’avait pas exagéré un peu ?

« Humpf ! Vraiment, les humanoïdes des différents royaumes sont vraiment aussi pathétiques que ça ? Et aussi ridicules ? Obligés de se sentir agressés dès qu’ils sont face à l’imprévu. »

Hum ? Elle avait reconnu cette voix entre mille. Il fallait dire qu’elle avait été assez marquante depuis le début … et qu’elle avait été un cause de traumatisme pour Tery pendant de longues années. C’est pourquoi elle haussa un sourcil.

« Qu’est-ce que vous foutez-là ? Hum ? Non … Vous n’êtes pas … Rokar. »

Elle s’était trompée en entendant le son du Gnomold mais visiblement, un Gnomold ressemblait à un autre, même dans le ton utilisé. Et en même temps, en entendant le petit rire du Gnomold, elle comprenait une chose : ils connaissaient visiblement Rokar.

« Héhéhé ! C’était bien ce qu’il avait dit. Les deux dirigeants de Shunter et Traslord sont au courant de son existence. Cela facilitera la discussion ! Avec Honoros, Claudiska et Mékalarma, ça ne serait pas possible. »

« Et si vous arrêtiez de tourner autour du pot ? Dites ce que vous voulez plutôt. » déclara Manelena, guère inquiète par la tournure des événements.

« Expliquez à vos compagnons qu’on ne cherche pas les ennuis et qu’ils baissent leurs armes. Sans cette petite mascarade, vous ne seriez jamais sortis du palais. »

« C’est pas faux … même si la méthode est cavalière et que le procédé est ennuyeux, au moins, vous avez réussi votre objectif. Mais vous savez qu’en agissant de la sorte, vous allez vous mettre à dos les rares citoyens qui vous faisaient confiance ? »

« AH ! S’ils s’en font pour aussi peu, c’est que la confiance ne régnait déjà pas vraiment à la base ! Je m’appelle Rézar, je suis un des membres de la famille de Rokar. »

« Mouais … Et ensuite ? » dit Manelena, Royan regardant celle-ci depuis le début. Est-ce qu’elle oubliait qui était le roi en ces lieux ? Il s’apprêtait à ouvrir la bouche mais le Gnomold avait déjà repris la parole :

« On a entendu quelques nouvelles au sujet du fait que vous aillez casser la gueule aux démons et on s’est dit qu’on aimerait bien être de la partie. »

« Des Gnomolds ?! Avec nous ! Est-ce une blague de mauvais goût ?! »

Voilà que l’un des généraux venait de s’exprimer avec colère et dégoût. Pour autant, Royan leva la main pour lui intimer de se taire. Malgré cela, le regard saphir du jeune monarque était mi-clos, le front plissé par le mécontentement.

« Pourquoi les Gnomolds se décideraient à attaquer les démons maintenant ? »

« Tout simplement car ce n’est notre objectif commun. Vous pensez être sur ces terres depuis combien de temps ? Des décennies ? Des siècles ? Des millénaires ? Vous ne savez rien de l’histoire des Gnomolds. Nous nous occuperons des démons … comme il se doit. »

« Vous savez à qui vous vous adressez de la sorte ? »

« A un gamin encore barbouillé d’une moustache de lait maternel, hein ? On sait que tu es le petit roi de Traslord mais ça n’empêche pas qu’on est pas régit sous tes ordres. Simplement, Rokar … et même le grand Ernold nous ont dit qu’on devait vous prêter main-forte. En plus, semblerait que tu te fasses bien voir par les Gnomolds qui vivent dans vos cités. C’est donc que tu as un côté pas si mal à nos yeux. »

Il ne savait pas vraiment comment réagir. Ce Gnomold était en trian de l’insulter tout en le complimentant. Dans les deux cas, difficile de savoir sur quel pied il fallait danser. C’est pourquoi il resta parfaitement imperturbable par rapport à tout ça, attendant que le dénommé Rézar termine sa tirade.

« Nous pensions attaquer les démons, c’est vrai … mais il s’avère que mes généraux ne sont pas convaincus par l’utilité d’un tel acte. »

« Ca ne serait pas de la lâcheté ou de la couardise ? C’est vrai que les démons ne sont pas à prendre à la légère … mais rien d’étonnant à ce que certains hommes qui ne se reposent que sur leur titre, ne puissent pas livrer bataille contre des entités millénaires, bien plus puissantes que ne le sera jamais un simple humain ! »

« C’en est trop ! Je vais lui faire payer son arrogance à cette demie-portion ! » s’écria le général contestataire, sortant une épée de très bonne facture, à la garde étincelante.

« Peuh ! Ca se vexe pour un rien ces humanoïdes. Viens donc par là, mon gars ! HEY ! LE ROI ! Si je l’éclate, vous pensez à me nommer général de l’une de vos armées ? Ca sera encore plus simple pour diriger les Gnomolds ! »

« Je n’ai aucune raison d’accep… »

« Même si ça ne sera pas son cas, ça sera le mien. » coupa Manelena, comme maintenant amusée par la situation. Le général était déjà descendu des escaliers emmenant à l’entrée du palais, arme à la main tandis que les gnomolds autour de Rézar reculaient pour former un cercle avec les soldats de Traslord.

« Si on m’avait dit … que cela tournerait à une bataille aussi grotesque, je ne crois pas que j’y aurais cru. Ah … Qu’est-ce que j’ai fait à Sérest et Séran pour mériter cela. » soupira Royan en se disant que le couple de dieux devait être bien moqueur pour lui affliger une pareille situation. Hum ? Et avec quoi Rézar allait-il se battre ?

La réponse ne tarda pas lorsque … le Gnomold sortit deux cimeterres. Oh, ce n’était pas des cimeterres de petite taille, c’était même l’inverse. Ils étaient au moins aussi grands que le Gnomold qui avait un sourire aux lèvres.

« Veux-tu savoir comment on m’appelle parmi mes compères ? Le Scarabée. Tu vas très vite vite comprendre pourquoi mais avant … Dites … Est-ce que j’ai l’autorisation de le tuer ou non ? » demanda le Gnomold en se tournant vers Royan.

« Ce n’est pas un peu tard pour me poser la question ? Je dirais non … même si lui ne se retiendra pas pour que ça soit le cas. »

« Tssé ! Un petit handicap, quoi de mieux pour se mettre en forme ? Bon ! On va juste l’amputer d’un membre alors, pour lui faire comprendre la dure réalité ! »

Mais à peine avait-il commencé un mouvement que l’épée du général s’entoura de glace, prenant la forme de plusieurs pointes glacées et acérées. Ah oui ? Directement, on utilisait la magie en même temps ? Pourquoi pas !

« Ah … Et qu’est-ce que les citoyens de la capitale vont croire en voyant cela ? Ce n’est pas un divertissement, Royan, tu le sais ? »

« Je le sais parfaitement, Manelena mais ça ne change rien au fait que j’aurai préféré de telles exactions chez moi. »

« C’est un peu tard pour que ça se passe autrement. Il fallait réfléchir plus rapidement. »

Est-ce que c’était vraiment l’heure … Oh … Il comprenait. Manelena voulait lui montrer qu’il n’avait pas l’étoffe d’un roi hein ? Qu’avec de tels évènements imprévus, il n’était pas capable de garder la tête froid et les épaules solides ? Elle se trompait lourdement à son sujet.

« Alors, je pensais que tu allais me montrer ce que tu savais faire, le gnomold ?! »

« Hihihik ! Vraiment ? C’est tout ce que tu as à donner ? Je ne pensais pas que les généraux pouvaient être aussi faibles que ça ! Ca en est vraiment amusant ! »

Amusant ? Il trouvait ça AMUSANT ?! Il était vrai que le gnomold n’avait que des blessures superficielles, évitant les vagues de froid et les pics glacés juste au dernier moment, ce qui était parfait pour irriter le général qui n’arrivait pas à prendre l’ascendant.

« Arrête de t’enfuir, sale petit gnomold ! Tu crois que tu vas pouvoir m’échapper ?! »

« Il est en train de le mener en bateau. Je pensais vraiment que les militaires de Tradlord étaient plus calmes et stoïques, enfin ceux haut placés, Royan. »

« Si c’était aussi simple que ça, Manelena. N’oublie pas que tout le monde n’est pas issu du tiers gérant principalement le domaine de la glace et du froid. Certains ont un tempérament digne des pires ouragans, voguant sur les mers tandis que les derniers sont bien plus têtes en l’air et ne pensent guère aux désagréments du monde qui les entoure. Oui, c’est comme ça et pas autrement pour certains. »

« Vous êtes vraiment trop compliqués dans Traslord. »

Elle évita de soupirer mais cela pouvait se voir dans son regard qu’elle était un peu fatiguée. Pour autant, il y avait un combat à observer et en tant que tel, difficile de devoir l’ignorer. D’ailleurs, le général était assez épuisé par ses frappes, le gnomold s’arrêtant de se mouvoir.

« Enfin ?! Tu as décidé d’arrêter de t’enfuir ? On va pouvoir … »

« Foutu humain. Je comprend pas pourquoi tu es aussi haut placé en tant que militaire alors que tu ne vaux rien du tout ! »

Les deux cimeterres venaient de se placer de part et d’autre du bras tenant l’épée. Un seul mouvement et comme une paire de pinces, elles vinrent trancher net le bras, celui-ci tombant au sol alors que le sang était en train de couler en forte quantité.

« VITE ! Des soigneurs ! Faut stopper l’hémorragie ! » commença à crier un garde, d’autres se présentant autour du général qui venait de poser ses genoux au sol.

« Ben alors, c’est déjà fini ? Tout simplement parce que l’on a perdu un bras ? Je vous jure… »

« Saleté de gnomold ! TU VAS PAYER POUR CE QUE TU … »

« STOP ! QUE TOUT LE MONDE S’ARRËTE ! » hurla Royan avant même que les soldats ne commencent à s’en prendre aux gnomolds.

« Mais roi Royan, il … vous avez vu ce qu’il vient de faire ?! »

« Gagner le duel qui l’opposait au général tout en respectant la condition qui était de le garder en vie ? Le général a réagit un peu trop brusquement et a décidé de s’en prendre à … Hum, c’est quoi encore ton nom ? Rézar, c’est bien ça ? »

« Héhéhé, ouep. C’est bien ça « votre altesse ». On va dire que je suis enchanté de faire votre connaissance maintenant. J’ai tenu ma part du marché. »

« Et vous voulez que je tienne la mienne même si je n’ai rien promis, n’est-ce pas ? Mais la reine de Shunter s’est décidée à accepter votre présence. Il en sera de même de mon côté. »

« Roi Royan, c’est de la folie ! On ne peut pas les tolérer dans notre armée ! »

« Ils ne seront pas partie intégrante de notre armée. Ils auront la leur, de ce que j’ai compris. Simplement, ils ne partiront pas sur un front en solitaire. C’est bien cela ? »

« C’est exact, héhéhé. On veut simplement être sûrs de ne pas se prendre des dagues dans le dos. C’est plus une mesure de précaution qu’autre chose ! »

« Je vois, je vois. Vous pouvez considérer que nos armées ne vous attaqueront pas. Vos attaques envers mon royaume sont devenues bien moindres depuis l’apparition des démons à la surface. Je n’ai aucune raison de continuer cette guerre inutile entre nos deux races. J’imagine qu’il en est de même pour la reine de Shunter. »

« Pas de problèmes pour moi. Depuis que je sais que vous vous focalisez sur les démons, ça me suffit amplement et … Ernold nous a montré que certains gnomolds pouvaient en avoir dans le cerveau, ce qui n’était pas forcément visible chez quelques membres de votre espèce. »

« Héhéhé … Elle a du répondante, la reine. Tant mieux, ça rendra la joute que plus appréciable. Bon, votre général, là. Il a un bras en moins mais ça ne veut pas forcément dire que c’est prévu qu’il finisse manchot. Z’avez de bons soigneurs ? J’ai fait une coupe rapide et précise. C’est pas comme si ça serait impossible de réparer tout ça. »

« Oui, oui, on va se charger d’eux. Envoyez l’un de vos gnomolds la prochaine fois que nous discuterons du futur assaut sur les démons. Hum … A ce sujet, Royan, leur faudrait une preuve comme quoi il serait envoyé pour le discussion. »

Il cligna des yeux, se tournant vers Manelena. Une preuve ? Hum … Comme le symbole royal ou autre. Il hocha la tête, signalant par là qu’il avait bien compris le message qu’elle voulait transmettre. Ah … Il avait l’impression qu’elle lui donnait des ordres. Que ça ne devienne pas trop récurent sinon …

« Bon, sur ce, on va se retirer. Vous n’aurez qu’à transmettre votre sceau ou je ne sais quoi à l’un des gnomolds qui se baladent dans la ville. Il me le ramènera ! »


Ces gnomolds. Qu’est-ce qu’ils étaient réellement ? Amis ou ennemis ? Avec eux, l’assaut sur les démons ne faisait plus aucun doute. Ils étaient une source de puissance qui n’était pas à prendre à la légère. Ainsi … Se les mettre à dos était vraiment une bien mauvaise idée en cette situation qui était assez cataclysmique. D’ailleurs …

« Maintenant, j’ai un autre souci dans les bras. Comment est-ce que je vais devoir expliquer aux citoyens à ce sujet ? Et aux soldats ? Ah … »

« Déjà, est-ce que les citoyens apprécient la présence des Gnomolds ou non parmi eux ? Certains quartiers peut-être plus que d’autres. Ernold et les Gnomolds qui l’accompagnent montrent parfaitement qu’ils peuvent être très intelligents et capables donc de devenir de très hautes entités dans ce monde. »

« Je m’en doute, Manelena. C’est pour ça que j’ai décidé qu’on pouvait les accepter. D’ailleurs, il y avait même un système de trocs. Et les Gnomolds ont une histoire et une culture bien différente de celles des autres. Mais avec cette action, comment je dois expliquer tout ça ? »

« Et bien … Vu que les Gnomolds n’ont fait aucun mort, selon leurs dires, tu n’auras qu’à demander confirmation de ça. Bien entendu, tu évoques des représailles si cela se reproduit et autres. Ah … Tu vas m’accompagner pour une petite marche, nous avons à parler. »

« Est-ce vraiment nécessaire, Manelena ? » demanda le jeune homme aux cheveux bleus.


Plus que nécessaire. Malgré le fait qu’il ait perdu ses parents très jeunes et ses frères dans l’adolescence, Royan était peut-être un prince remarquable, un roi appréciable mais il lui manquait tellement de choses. Encore une fois, elle allait devoir faire l’éducation d’une autre personne. Si on lui avait dit ça, il y a bientôt cinq ans, qu’elle aurait des interactions du genre, jamais elle n’y aurait cru, loin de là.

Chapitre 50 : Corriger les erreurs du passé

ShiroiRyu
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Chapitre 50 : Corriger les erreurs du passé

« Alors, ça donne quoi les tests de ton côté, Tery ? »

Il ne répondit pas, bougeant à peine la tête, yeux rivés sur son assiette. Ce n’était pas mauvais, loin de là mais … Il y avait autre chose, un peu plus ennuyeux et problématique. Elle reprit la parole sur un ton un peu étonné :

« Tery ? Tery ? Je te parle. Tery, tu es là pour me répondre ? Tery ? »

« Hein que quoi ? Euh .. Oui, je suis là, Elise. Je suis vraiment là. C’est pas mal du tout comme repas à la cantine. A se demander si ce n’est pas fait exprès pour appâter le chaland et inciter les gens à rester comme soldats. »

« Ce n’était pas vraiment ma question, Tery. Tes tests ? Tu penses avoir réussi ? »

« Euh oh … Oui … D’accord, je vois, je vois. Euh, oui, ça a été, c’était très éreintant et très épuisant mais oui, oui, ça va ! »

Le jeune homme aux cheveux bruns continua de hocher la tête plusieurs fois de suite, comme pour confirmer ses propos. Pour autant, Elise n’était guère convaincue par ses propos et fronça les sourcils avant de dire :

« Tu peux me regarder droit dans les yeux, Tery, quand je te parle, dis ? Simplement par pure politesse. Tu ne trouves pas ça normal, non ? »

Zut, elle voulait vraiment regarder sa face hein ? Bon, il devait lui faire un sourire et lui montrer que tout allait bien. Il redressa son regard, penchant la tête sur le côté, faisant un sourire tendre avant lui répondre :

« Voilà, est-ce que ta curiosité est satisfaite, Elise ? Est-ce que je peux continuer à manger tranquillement ? Ou alors, tu as d’autres questions ? »

« Mouais … On finit les tests et ensuite, tu retires cette foutue armure, tu me suis et tu vas surtout te reposer ! On dirait un cadavre ambulant ! »

Ouch. La petite remarque qui faisait plaisir. Peut-être parce qu’elle qu’elle était véridique ? Il évita pourtant de montrer qu’il avait été touché … avant de murmurer d’une voix lente :

« Ca sera fait, Elise. J’ai pas la force de répliquer ou de dire que ce n’est pas vrai. »

« Vaut mieux pour toi que tu ne cherches pas à me contredire sinon, je risquerai de me mettre vraiment en colère, Tery. Et une vraie colère, compris ? »

« Oui, oui. Je vais aller manger un bout, c’est tout, ça sera mieux et ensuite, et bien, on attendra la reprise. Je me demande si je peux me reposer une demie-heure, une heure. »

Il ne pouvait que murmurer cela. Poser réellement la question, à voix haute, risquerait de lui attirer plus de problèmes qu’autre chose. Et des problèmes, il en avait déjà assez au niveau de la santé. Il fallait espérer que les tests de cette après-midi n’allaient pas être plus durs.

Ailleurs, dans un coin perdu de Shunter, au-delà des frontières où la civilisation s’était installée, perdu par-delà la forêt, une jeune femme aux cheveux blonds et au ventre arrondi était debout, une main posée sur son ventre.

« Oh … C’est vraiment … difficile à porter. »

« J’en ait eut qu’un … mais oui, la première fois, ça n’a pas donné envie d’en faire un second. Puis après, quand tu le vois grandir, sourire, dire ses premiers mots, tu es si heureuse … que l’idée de rajouter un membre dans la famille te repasse dans le cerveau. »

« Comment vous avez fait auparavant ? Vous pouvez me le dire ? J’en ait strictement aucune idée. Mais … Il est lourd. Je me demande s’il est en bonne santé. Je ne sais pas … comment tout cela doit se passer quand c’est soi-même qui porte l’enfant. »

« C’est bien pour cela que Manelena m’a permis d’être à tes côtés. Pour te faciliter la tâche. Si tu auras du mal les premiers jours, je serais là. »

« Merci beaucoup, je ne sais pas comment ça va se passer. J’ai … un peu peur et je suis un peu anxieuse, je dois vous avouer. Mais en même temps … Je ne sais pas comment je dois appeler notre enfant. Je ne sais pas si c’est une fille, un garçon, ni même … »

« Tu voudrais attendre le retour de mon imbécile de fils, n’est-ce pas ? Ca se comprend parfaitement … mais si Manelena le retrouve, je ne suis pas certaine qu’il soit encore en état de converser. Enfin, tant qu’elle le ramène en vie. »

« Cela fait déjà un bout de temps que Manelena n’est pas venue. Elle ne vous a rien dit au sujet de sa destination ? Où est-ce qu’elle se rendait ou autre ? »

« De ce que j’ai compris, elle se dirigeait vers Traslord pour rencontre le jeune roi, Royan, n’est-ce pas ? J’ai encore un peu de mal avec les noms. »

« Oui, il semblerait qu’elle veuille attaquer les démons plutôt que d’attendre qu’ils viennent à eux. J’espère … qu’elle ne commettra pas de bêtises. »

Aucune évocation au sujet de ses … parents. Sérest et Séran. Pouvait-on vraiment parler de parents lorsqu’il s’agissait de deux divinités qui s’étaient réincarnées ? Difficile à dire mais … elle ne cherchait pas à en tenir compte. Elle se rappelait juste avoir voulu les sauver tous les deux … et qu’ils avaient fait pareil à leur encontre.

« Sérest … et Sérant n’avaient prévu de survivre … et de même pour moi. »

« Le passé est le passé. Le destin est fait pour être modifié. Si tu penses qu’il faut absolument suivre la voie que tes parents ont tracée pour toi, je suis le parfait exemple que le contraire est possible. Si j’avais obéis à mes parents, jamais je n’aurais eut la chance de devenir grand-mère tout en étant encore bien jeune ! »

« Et vos parents … d’arrières grands-parents. J’imagine qu’ils ne se doutaient pas un instant que cela arriverait, n’est-ce pas ? » répondit Elen tout en souriant avec amusement. Elle … n’avait pas besoin de raconter au sujet du « faux » père de Tery, n’est-ce pas ?

« Pas le moins du monde. Ils ne devaient pas déjà s’attendre à ce que je me présentes à eux à nouveau un jour. Enfin bon … Ce n’est pas bien important pour le moment. Ils vont bien, ils sont restés à Omnosmos malgré que des démons vivent sous eux. »

« A ce sujet, ce n’est pas trop dangereux justement ? Ils ne veulent pas venir avec nous ? »

« Malheureusement, je suis une tête de mule mais il faut bien que cela provienne de quelque part, n’est-ce pas ? Mes parents le sont au moins presque autant que moi. Et de ce que j’ai compris, à Omnosmos, même s’il y a des démons sous la cité, celle-ci est imprenable. »

Imprenable, imprenable, c’était un bien grand mot. Il fallait quand même faire attention un peu, n’est-ce pas ? Le jeune femme à la chevelure blonde était plongée dans une petite réflexion, cherchant visiblement un autre sujet de conversation.

« Dites … Est-ce que je peux vous poser une question ? »

« Hum ? Bien entendu, Elen. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fatigues ? Tu as besoin d’aide ? Tu peux me le dire, je vais t’emmener te reposer à l’intérieur hein ? On ne dirait pas mais rester debout avec un ventre comme ça, ce n’est pas de tout repos. »

« Non non ! Mais ça concerne bien l’enfant. Je … Comment dire, je ne veux pas passer pour une mauvaise mère mais … Quand il sera né ou elle bien entendu, j’aimerai … retourner à la recherche de Tery. Malheureusement, je ne peux pas y aller avec mon enfant, ça serait vraiment trop dangereux pour lui. Je me demandais donc si … »

« Si je pourrais m’en occuper pendant que tu seras à la poursuite de mon imbécile de fils, n’est-ce pas ? J’avais bien compris dès le début. J’avais pensé que tu allais parler de l’abandonner à sa grand-mère mais bon, tu as utilisé le terme de mère pour te désigner et tu t’inquiètes pour ton enfant avant même qu’il ne soit né, ce qui est un bon début. Je ne peux pas te promettre ce que tu veux, Elen. Il faut que tu élèves un peu cet enfant, au moins les premières semaines … et que tu reviennes assez souvent aussi. Est-ce que tu comprends cela ? Un enfant n’est pas un objet que l’on peut délaisser dans un coin pendant des mois ou des années, sous prétexte que tu as plus urgent ou important à faire. On ne sait pas dans quel état est Tery et si cet idiot qui s’appelle mon fils va bien … mais tu dois te préparer au meilleur comme au pire. Dans le pire des cas, tu seras seule pour l’élever … enfin presque. Mais tu sais, ce n’est pas une perspective horrible, n’est-ce pas ? »

Un petit sourire de la mère de Tery. Elle comprenait pourquoi elle disait cela. Tout simplement car elle était aussi une mère qui avait été chargée d’éduquer son enfant toute seule … enfin, pas dès la naissance par contre. Et il y avait une autre différence :

« Cet enfant aura une grand-mère pour s’occuper de lui … et aussi des arrières-grands-parents. Il ne sera jamais seul, tu peux t’en rassurer. »

« Je … Il n’est pas encore né que je pense déjà à envisager de le mettre de côté. Ce n’est pas que je ne le veux pas. C’est juste que … je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. Il est vrai que … je n’ai jamais vraiment relâché Tery, que j’ai montré une certaine possessivité … et agression physique envers lui mais … Enfin, je suis heureuse mais j’ai peur en même temps, madame Vanian. Je suis encore très jeune, vous savez. Je vis … dangereusement. »

« Et peut-être qu’il n’est pas encore temps pour toi de t’assagir. L’arrivée des démons à la surface ne présage rien de bon mais cet enfant que tu portes est le fruit de l’union de deux êtres consentants, qui se sont aimés malgré les différences … raciales, peut-on même dire, non ? Votre enfant est le fruit d’un démon mais aussi d’une divinité. Je suis certaine que même s’il n’est pas encore né, il est promis à une magnifique existence. Ca sera à des personnes comme moi, de simples humains, de lui montrer toute la beauté de ce monde qui a permis à deux êtres aux existences opposées de pouvoir s’aimer. »

« … … … Vous parlez un peu comme une ménestrel. » dit Elen tout en souriant, rigolant faiblement bien qu’elle rougissait, gênée par tout ça.

« Poète. Poète. On ne passe pas une partie de sa vie dans une bibliothèque dirigée par ses parents sans avoir une certaine culture. C’est bien les rares objets que j’ai emportés de chez moi lorsque j’ai décidé de fuguer pour vivre pleinement ma vie amoureuse. Une vie que je ne regretterai pour rien au monde. Mais bref, je pense que tu as parfaitement saisi mon message, n’est-ce pas ? Nous sommes d’accord ? »

« Oui, oui et merci encore pour tout. C’est vraiment … magnifique de votre part. Je ne suis encore qu’en réalité une étrangère ou presque. On ne se connaît pas tellement et … »

« Qu’est-ce que tu racontes là ? » s’exclama la mère de Tery en levant un sourcil. « Je ne suis pas assez gentille pour m’occuper de l’enfant de parfaits inconnus. Tu es là, tu es ma belle-fille même si … il est vrai que de ce que j’ai cru comprendre, ce côté-là, cela pose aussi quelques soucis, n’est-ce pas ? Ou je me trompe ? »

« Nous n’y avons jamais réellement pensé, je dois vous l’avouer. Et puis vous savez … »

Non. Elle ne devait pas en parler. Par rapport à Manelena. L’actuelle reine de Shunter n’était pas impassible et surtout guère insensible au charme de Tery. Celui-ci avait tellement de défauts et pourtant, le fait qu’il aille toujours de l’avant avait aisément passer outre les barrières sentimentales et émotionnelles de l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter.

« Malgré tout ce qui se passe, mon fils a toujours essayé de me faire plaisir. Même s’il restait enfermé chez nous depuis la mort de son père, il n’a jamais été un mauvais garçon. Il ne pense jamais à mal et il ne veut pas faire souffrir. Il est … très protecteur. »

« Vraiment. On ne le croirait pas en le voyant mais oui. Il veut tellement nous mettre en sécurité mais à chaque fois, nous avons de plus en plus de problèmes qui nous tombent dessus. Je pensais qu’avec les créatures légendaires, cela serait terminé … mais maintenant, il y a les démons … et le fait qu’il ne soit plus là. Des fois, j’ai juste envie de pleurer ! »

Et elle était visiblement en train de pleurer ! Elle ne comprenait pas pourquoi elle sanglotait et avait les larmes aux yeux. Elle n’avait fait que parler, sans même s’emporter ou être en colère. Elle sentit une main lui tapoter doucement le dos avant qu’une voix féminine ne dise calmement, comme si tout cela était normal :

« Plus les mois passent … et plus tu réagiras de la sorte, anormalement, à la moindre phrase ou remarque que l’on te fera. Tu n’as pas à t’inquiéter, c’est ton corps et le fait que tu sois enceinte qui t’incite à réagir … un peu trop vivement au moindre mot. »

« Snif … Snif … C’est vrai ? Je … C’est vraiment dur d’être … mère. »

« Et encore, ce n’est pas le cas pour le moment. Mais oui, tu verras que c’est une expérience difficile mais unique en son genre. »

Elle ne savait pas comment répondre à la mère de Tery. Elle était si … gentille … et douce avec elle. Elle avait envie de la prendre dans ses bras et … c’est ce qu’elle fit, recommençant à pleurer longuement. Snif … Vraiment ! VRAIMENT !

« Ne t’en fait pas, ce n’est qu’un petit chagrin de rien du tout. Je suis certaine que tout va aller pour le mieux, d’accord ? Tu n’as pas à t’en faire. »

« C’est duuuuuuuuuuuuuur ! Vraiment trop duuuuuuuuuuur ! Snif … Vraiment … J’ai envie de retrouver Tery ! J’ai envie de lui montrer son enfant ! J’ai envie de vivre avec lui ! Juste dans une maisonnée ! J’en ai assez de tout çaaaaaaaaaa ! Même si … même si … Il a tenté de me tuer, je lui en veuuuuuuuuux pas ! Je le cognerai … juste très fort ! »

Une fois, deux fois, trois fois ! Elle le frappera jusqu’à ce qu’il s’excuse pour ses actions, snif ! Elle lui fera mal ! Elle lui fera très mal, quitte à lui transpercer le ventre mais ensuite, elle le soignera et elle l’aimera encore plus qu’avant.

« Je crois que je vais aller me reposer … Je suis vraiment fatiguée, snif. »

« Tu es plus qu’épuisée, Elen mais c’est normal. Ton corps te travaille et cela va être encore dans les prochains jours. Il va falloir que tu sois très forte, d’accord ? »

« Snif … Est-ce que … Est-ce que je peux compter sur vous ? »

« La question ne devrait même pas être posée, Elen. Si je usis là depuis plusieurs mois, n’est-ce pas déjà une réponse positive de ma part ? »

« Je ne saiiiiiiiiiiiis pas ! Snif … Ah … Snif … Ah … J’irais … trouver Tery … snif. » murmura t-elle, commençant à renifler bruyamment.

« Mais oui, tu le retrouveras et tu le ramèneras ici. On lui donnera chacun une paire de claques dont son visage se rappellera toute son existence. »

« Snif … d’accord, snif … Je note ça, je le ferais. » dit-elle en commençant à fermer les yeux, plongeant visiblement dans un sommeil qui était réparateur.

« Ah … Des fois, on se demande si en désirer un second est vraiment une bonne chose ou presque. Mais bon, au lieu d’un fils, j’ai aussi une belle fille à m’occuper. Et visiblement, elle risque de me prendre beaucoup de temps. »

« Sommeil … Je suis fatiguée … madame … Vanian, si fatiguée. »

« Je le sais, je le sais. Il est l’heure de se reposer. Je vais t’emmener sur la chaise à bascules, on va te mettre une couverture et tu vas rester bien au chaud, d’accord ? Il ne faut pas faire trop d’efforts quand on porte un enfant en soi. »

« Je le sais bien, je le sais mais … ah … »

Plus aucune réponse de la part d’Elen. Finalement, elle s’était vraiment assoupie. Avec lenteur, la mère de Tery l’emmena jusqu’à la chaise à bascules, la déposant délicatement dessus. Quelques minutes plus tard, elle avait une petite couverture sur les genoux et dormait profondément, des larmes aux yeux.

« Tery, si je te retrouve un jour, je te promets que ça ne sera pas avec une paire de claques que tu t’en sortiras pour ce que tu as commis. »

Elle était relativement en colère et vraiment, si elle lui mettait la main dessus, elle était certaine qu’elle ferait un carnage sur le jeune homme. Elen … était vraiment dévastée. Elle portait un enfant. C’était exactement le genre de moments où il fallait qu’il soit là. Mais non, ce n’était pas le cas. Tery n’était pas là … et il n’y avait aucune chance qu’il se présente à Elen avant que l’enfant ne naisse.

« C’est vraiment regrettable … très regrettable. »

Parler calmement pour donner l’impression qu’elle n’était pas en colère … alors qu’elle bouillonnait de rage intérieurement. C’était toujours ainsi. C’était aussi en partie pour cela qu’elle évitait de se mettre en colère … devant les autres. Elle était … assez violente quand cela devait arriver, parfois.  Ah … Il valait mieux ne plus y pensert et simplement patienter. Cet enfant allait avoir d’un plus grand soutien que prévu. D’ailleurs, c’était à se demander … si l’enfant allait naître sans aucun problème vu ses origines.

Sous la surface, Tery était tout simplement assis contre un mur, toujours recouvert de l’armure grise qu’il portait depuis hier. Seule sa tête était visible, le casque déposée à sa gauche. Elise s’était assises à ses côtés, à sa droite, toute aussi exténuée que lui alors que le jeune homme avait le visage baissé.

« C’était … vraiment … pas simple, Tery, n’est-ce pas ? »

« Hum hum … pas simple … c’est vrai … mais c’est terminé. Bravo Elise. »

« Je devrais plutôt dire : Bravo à toi, Tery. On a réussi. On est parmi les premiers. Tu veux que l’on rentre maintenant, Tery ? Ca serait mieux … pour l’annoncer à mon père. »

« S’il te plaît, juste quelques minutes, ensuite … ça ira. »

Il parlait lentement, vraiment très lentement et elle comprenait parfaitement que ça n’allait pas fort. Pour autant, elle chuchota d’une voix lente :

« Tu devrais quand même retirer cette armure au lieu, Tery. »

« Oui, je le sais bien mais … Pfiou … Tu veux bien m’aider à me lever ? »

A le lever ? Bien entendu. Elle ne voyait pas trop ce qui dérangeait Tery mais elle comprit rapidement lorsqu’il s’affaissa à moitié sur elle. HEY ! IL PORTAIT UNE ARMURE ! Il allait l’écraser s’il ne faisait pas gaffe ! Qu’il fasse attention à elle !

« Zou, enfin, bon débarras ! Quelle idée que de porter une armure aussi longtemps. Tu dois avoir le dos en compote ! Non, tout ton corps même ! »

« Je ne te le fais pas dire, Elise. Je ne te le fais pas … »

« HEY ! Tu ne vas pas me tomber dessus à nouveau ! Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Je … Depuis ce matin, déjà au petit-déjeuner … … … Tery ? »

« Oui, Elise ? Qu’est-ce que tu … veux me dire exactement ? » murmura le jeune homme aux cheveux bruns avec lenteur. Elle le regardait à nouveau, mais avec un peu de colère dans les yeux. Croisant les bras au niveau de sa poitrine, elle reprit :

« Tu n’as pas quelque chose à devoir m’avouer par rapport à cette nuit ? »

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler exactement, Elise. Je n’ai juste pas dormi de la nuit pour être sûr de … »

SBAF ! Il ne l’avait pas vue venir celle-là … et malgré son état physique, il venait AUSSI de la sentir sur sa joue. Elise le prit par le col, criant :

« Toi, moi … au lit et maintenant. J’arrive pas à le croire que tu te sois décidé à faire une nuit blanche JUSTE LE JOUR DU TEST ! Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! »

« Rien de spécial. Tu m’as fait mal … Elise. Vraiment, je vais avoir une marque. »

« Et si tu continues à me répondre, tu vas en avoir une seconde. Tu me suis et tu ne poses plus aucune question, compris ? »

Il ne faisait que lui obéir alors qu’elle lui prenait la main. Certains soldats qui avaient passé les tests les regardèrent, interloqués par les propos assez virulents d’Elise mais surtout qui pouvaient avoir un autre sens que celui prévus par la démone aux cheveux auburn. Se faisant traîner hors du bâtiment, en direction du château, elle demanda aux servants où était la chambre de Tery, ces derniers la lui indiquant.

« Et maintenant, pour la peine … Tu vas voir ce dont je suis VRAIMENT CAPABLE ! »

Qu’est-ce que … Il remarqua bien trop tard les lignes d’Alzar sur les bras d’Elise. Celle-ci l’avait soulevé avec aisance avant de le projeter sur le lit, faisant presque trembler la pièce. Elle sauta à son tour sur ce dernier, ayant bien entendu refermer la porte derrière eux. Sans même lui laisser la possibilité de s’installer, elle le prit contre elle avant de dire :

« Et maintenant, tu t’endors sinon, je vais être vraiment furax. »

« Si tu ne me secoues pas … trop … ça devrait aller. »

Et il avait encore la force de répliquer ? Elle s’apprêtait à le secouer exprès pour avoir proféré de tels propos mais elle s’arrêta. Le jeune homme ne bougeait déjà plus sur le lit, même s’il était sûrement bien mal installé. Ah … Voilà, c’était mieux. Il en faisait … toujours trop. Elle passa une main dans ses cheveux, veillant sur lui pendant qu’il se reposait.

Chapitre 49 : A la tête d’une troupe

ShiroiRyu
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Chapitre 49 : A la tête d’une troupe

« Tery, tu as vraiment des idées stupides, si tu ne le savais pas encore ? »

« Grâce à toi, je suis au courant, Elise mais bon … Au moins, ça me va bien, n’est-ce pas ? »

« Pas tellement, on dirait une boîte de conserve. Tu n’as vraiment aucun mal à te mouvoir ? »

Pour lui montrer que non, il fit quelques pas sur place, petit sourire aux lèvres. Oh, l’armure était vraiment basique en terme de coloration. Grise … mais le métal était vraiment différent de celui qu’il connaissait à la surface. Surprenant … très surprenant. Et du côté d’Elise, il devait avouer que tout ça lui allait franchement plutôt bien.

« Tu es plutôt mignonne dans cette tenue, Elise. Ce n’est pas trop difficile à porter ? »

« Entendre ça de ta part, c’est vraiment plutôt flatteur. C’est assez léger et je n’ai aucun mal à me déplacer mais … me battre avec une arme comme ça, je ne sais pas. J’ai encore des difficultés, je suis vraiment habituée à utiliser ma magie. »

« Essaie quand même de te concentrer à utiliser une arme, Elise. Cela peut te servir dans le futur. Si une personne est capable de contenir ta magie, tu seras sans moyen de te défendre et d’attaquer. C’est une mesure de précaution pour ta sécurité. »

« Oh ? Je ne dois donc pas compter sur toi pour me protéger ? C’est un peu décevant de t’entendre me dire ça, Tery, vraiment. »

Qu’elle ne raconte pas n’importe quoi. Le mieux était toujours d’envisager le pire dans chaque situation. C’est pourquoi lui-même cherchait à porter une armure bien trop grosse et lourde pour lui. Il était vrai qu’il n’était pas d’une forte constitution mais toute cette marche, toutes ces années, tous ces combats, cela lui avait permis de s’endurcir.

Il fit quelques pas dans l’armure, celle-ci émettant plus de bruit qu’il ne le pensait avant de faire d’autres mouvements avec les bras et les pieds. C’était vraiment … lourd à porter hein ? Mais bon, il devait s’y faire, c’était aussi simple que ça et pas autrement ! Hmm, quelques pas encore et il tenta de courir. OUCH !

« J’ai l’impression que l’on tente de m’étouffer pendant ma course. C’est une sensation vraiment horrible, Elise. »

« Tu n’es pas fait pour porter une armure, Tery. Du moins, pas aussi grosse que ça. Pourquoi est-ce que tu veux absolument faire ça ? Tu as normalement des golems pour ça ? Et puis, tu es plutôt du genre tête brûlée, non ? »

« Hum… Si je te dis les raisons, tu risques de m’en vouloir ou de te moquer de moi, je ne suis pas vraiment certain que j’ai besoin de ça. »

« Ben dis, je vais me retenir de rire, c’est aussi simple. Qu’est-ce que tu veux m’annoncer ou me dire ? Promis, je ne rigolerais pas. »

« Manelena, c’est tout. A toi de savoir pourquoi je dis ça. »

Manelena ? Hum … Elle resta songeuse. Est-ce que c’était pour bien se faire voir par la jeune femme aux cheveux argentés ? Non, c’était assez risible comme raisonnement. Il y avait sûrement quelque chose de bien plus compliqué derrière tout ça.

« Je ne sais pas … si tu es au courant mais … Chaque personne possédant des lignes d’Alzar ou des lignes de Zélisia ont un pouvoir unique en eux. J’imagine que pour les démons, c’est à peu près pareil. Je crois que de ton côté, sans même l’avoir remarqué, c’est la maîtrise du feu via ton propre corps. Normalement, si tu utilises les flammes, tu fais attention à ne pas te brûler toi-même mais … cela ne te dérange pas et même tes habits sont ignifugés quand tu agis de la sorte. Dans le cas d’Elen, tu as sûrement déjà vu son arc non ? « 

« C’est exact mais je ne sais jamais où elle le met après le combat. »

« Elle ne le met pas, elle le crée par elle-même. C’est là son pouvoir. Il en est … de même pour Manelena qui se permet de créer sa propre armure sur son corps. »

« Et toi, Tery ? De quoi est-ce qu’il s’agit ? » demanda t-elle alors qu’il retirait son casque doucement, un sourire doux aux lèvres. Il chuchota :

« J’en ait … aucune idée … Mais bon, je me disais que si je devais me tenir face à Manelena, j’aimerai bien qu’elle ait la surprise de me voir dans une armure aussi imposante que la sienne. C’est aussi simple que ça même si … c’est ridicule. Je me rappelle le jour où je l’ai vue sans son casque … ou quand elle a fait apparaître son armure la première fois devant mes yeux. C’était surprenant et impressionnant. Je veux produire la même chose. »

« J’arriverai jamais à savoir qui tu aimes réellement dans le fond. Elen ou Manelena ? »

Comme pris en faute, le jeune homme ne chercha pas à répondre, finissant simplement par baisser la tête, sans pour autant être honteux. Disons … qu’il ne connaissait pas lui-même la portée de ses sentiments. A partir de là, difficile de pouvoir prétendre l’expliquer à autrui.

« Mouais, on dirait bien que tu n’as aucune idée toi-même. Bon ! Continuons à nous entraîner pour que le test se passe plus facilement. »

Au moins, ils étaient tous les deux d’accord sur un point hein ? Le jeune homme aux cheveux bruns commença à exécuter quelques mouvements, cherchant d’ailleurs à voir s’il n’aura pas de difficultés à appeler des golems malgré son armure.

Résultat ? Plus que positif. Visiblement, ses pouvoirs n’étaient pas gêné par le métal, tant qu’il pouvait avoir un contact, pas forcément avec la peau, sur le sol à ses pieds. Bon maintenant, pour les griffes, il fallait voir comment ça allait se débrouiller.

« J’ai l’habitude de faire paraître des griffes au bout de mes mains mais je risquerai d’être plutôt salement remarqué si je fais ça. Bon … Voyons voir celles qu’elle nous a données. »

« De mon côté, tu en penses quoi ? Je devrais me battre comme ça, Tery ? Dans cette position ? » demanda Elise alors qu’il la regardait. Un pied en avant, prenant bien appui sur ses jambes, elle tenait fermement son épée courte dans la main droite, sa rondache solidement attachée à son bras gauche. Et ben … Elle avait vraiment tout d’une héroïne.

« Je dirais que Royan a vraiment beaucoup de chance. Tu veux t’entraîner ? »

« Avec joie, en plus, tu espère me perturber en me complimentant. Tu sais à quoi t’attendre pour cette peine, n’est-ce pas ? Est-ce que tu es prêt à en payer les conséquences ? »

Hahaha. Il émit juste un rire amusé avant de se concentrer sur les griffes. Oui là, il devait les tenir en main. Ce n’était pas une arme « fusionnée » avec ses doigts, c’était beaucoup moins instinctif que dans ses souvenirs.

Il était vrai qu’au tout début, lorsqu’il connaissait à peine Elise, il se battait de cette manière. Mais depuis le moment où il avait appris à correctement utiliser sa magie et invoquer les golems, il n’avait plus vraiment utilisé de telles armes. Elles étaient toujours dans son sac … et à force, il avait fini par abandonner ça. Bon, ce n’était pas les griffes qui provenaient de son sac et donc l’allure et la composition étaient bien différentes de celles d’une arme provenant de la surface mais qu’importe.

Il amorça quelques mouvements, ralentis à cause de l’épaisse armure sur son corps. Hum … Pourtant, Manelena n’avait aucune difficulté à se mouvoir. Comment est-ce que ça se faisait ? Qu’est-ce qui la rendait si différente de lui ? Est-ce que l’armure était comme une seconde peau pour lui ? Humpf !

« Euh, Tery … Je sais bien que tu fais exprès de ne pas te donner à fond car je débute réellement avec une arme à la main mais c’est un peu vexant. »

« Ce n’est pas à cause de toi, Elise, c’est plutôt moi le souci. Je ne le fais pas exprès contrairement à ce que tu crois ! »

Il n’avait pas envie de se moquer d’elle mais les griffes, déjà, il avait beaucoup de mal à les garder en main. Ensuite, cette armure l’empêchait d’esquiver aisément les coups et heureusement qu’elle semblait plutôt solide et résistante.

« J’ai l’impression que tu réagis complètement au ralenti et tout ça ! »

« C’est pas qu’une impression, c’est la réalité, Elise ! Cette armure est vraiment difficile à porter ! Je me demande comment font les autres habituellement. »

« Ils ne portent pas une armure lourde du jour au lendemain, Tery. C’est aussi simple que ça ! Qu’est-ce qui t’a pris, pfff ? »

« Je vais peut porter juste d’abord le torse uniquement et ensuite, je … »

« Tu crois vraiment avoir le temps ? Les tests sont demain, je te rappelle. Et maintenant que tu as dit que tu allais porter une armure lourde, ils s’attendent à ce que tu la portes ! »

« RAAAAAAAAAAAAAH ! Mais je le sais, pas besoin de CRIER, ELISE ! » hurla t-il à la jeune femme aux cheveux auburns.

Zut, voilà quoi ! Il était un peu agacé par les propos d’Elise. Elle croyait quoi ? Qu’il ne le savait pas ? Et surtout, ils n’avaient aucune idée de quand serait les prochains tests !

Visiblement, Elise ne s’était pas attendu à ce qu’il réagisse avec autant de véhémence, restant interdite pendant quelques secondes, comme pour être sûre de bien avoir entendu Tery. Finalement, ce fut lui qui chuchota de façon presque inaudible :

« Pardon, Elise. Ce n’est pas contre toi … C’est juste qu’avec tout ce qui s’est passé, nos chances de retourner à la surface étaient quasiment nulles. Je voulais absolument qu’on trouve le moyen d’y arriver et voilà … »

« Oui, oui, je pense comprendre, Tery. Je vais faire comme si. »

Oui mais il n’était pas vraiment convaincu sur le coup, pas du tout même. Mais bon, ce n’était pas le moment de tirer la tronche. Ils allaient mieux … Ils allaient mieux tous les deux, c’est ce qui importait le plus ou presque.

Ouais, non. En fait, avoir chercher à « imiter » Manelena, ce n’était pas une bonne chose mais il ne pouvait pas revenir en arrière. Peut-être qu’il allait faire nuit blanche pour réussir à pouvoir … hmm … Il ne savait pas. Il espérait que le test allait bien se passer.

Heureusement, Elise s’était couchée assez tôt tandis que lui-même continuait à s’entraîner pendant la nuit. Malgré les difficultés à se mouvoir, la fatigue constante, ses muscles qui hurlaient et les heures qui passaient, il tenait bon.

C’était l’unique chose qu’il pouvait accomplir actuellement et lorsqu’Elise se réveilla, quelques heures plus tard, il était déjà debout. Il n’avait pas dormi de la nuit et il n’avait pas retiré son casque du crâne.

« Tery ? Tu es déjà debout ? Ah … Tu ne lâches pas cette armure hein ? »

« Ou… Oui … Tu devrais aller manger un morceau, c’est déjà fait pour moi. On n’a, je te rappelle, un test à passer aujourd’hui. »

« C’est exact mais bon, tu ne veux pas manger avec moi ? Je ne suis pas vraiment motivée à manger seule avec mon père si tu vois ce que je veux dire. »

« D’accord, d’accord mais bien pour toi que je fais ça hein ? Si cela n’avait pas été le cas, je te l’aurais dit … Par contre, je ne vais pas retirer l’armure. J’espère que l’empereur n’en prendra pas ombrage sinon, je suis mal. C’est vraiment pour … la garder jusqu’à la fin du test. »

« Je ne sais pas comment il va le prendre … mais bon, on expliquera que c’est pour que tu restes en forme jusqu’au bout. Peut-être qu’il prendra ça pour du dévouement ? »

Peut-être que oui, peut-être que non ? Peut-être qu’il en savait trop rien au final. Le jeune homme aux cheveux bruns hocha la tête casquée, suivant Elise jusqu’à la salle du déjeuner, saluant respectueusement le monarque déjà là.

Heureusement, le repas se passa plus aisément qu’il ne le pensait, Tery avant retiré son casque, bien entendu. Il mangea un peu mais surtout, il évitait de regarder Elise pour qu’elle ne remarque pas à quel point il était fatigué par cette nuit blanche. Son corps lui faisait mal, atrocement mal … et il se demandait s’il venait pas de signer son échec en agissant ainsi.

« Bon ! Premier test ! Vous allez me faire plusieurs tours de terrain ! Je vous dirais quand vous pourrez vous arrêter. Par contre, n’espérez pas une chose : vous allez porter ces sacs de pierre sur votre dos. Ceux qui ont des armures ne sont pas privilégiés : vous allez aussi en prendre. Il n’y a aucune raison. Rien ne dit que ce ne sont pas des armures de pacotille que vous avez sur le corps ! HOP ! Allez-y ! »

Super … Visiblement, ça allait très bien débuter … surtout pour les épuiser, n’est-ce pas ? Pourtant, il ne chercha pas à faire de remarque. Ce n’était pas le bon moment pour ça et il voulait éviter d’avoir des soucis, plus qu’il n’en faut. Il commença à courir, remarquant qu’il n’était pas le seul à porter une armure lourde mais qu’ils étaient très rares. Elise courait à côté de lui, avec son armure de cuir sur le corps.

« Ce n’est pas trop dur, Tery ? Je veux bien le croire si tu me le dis … mais bon … »

« Mais bon quoi ? Ne t’en fait pas, ça va … Je modère juste mon allure, comme il l’a dit, c’est juste courir. Il n’y a pas de but à atteindre. Le seul truc, c’est de garder un rythme constant et de courir … pas de finir épuisé en faisant un sprint. Et toi ? Ce n’est pas trop lourd ? »

« Ca va, ca va ! Bien mieux que je ne le pensais. » dit-elle avec entrain alors qu’elle montrait qu’elle pouvait porter cela avec une certaine aisance.

Ah ! Oui, d’accord ! Lui, bizarrement, ça ne semblait pas si lourd que ça. Peut-être parce que le sac appuyait sur l’armure lourde … mais sans plus ? Ce n’est pas comme si l’armure s’enfonçait dans la chair à cause du poids de ces rochers.

Oui, c’était plus simple que prévu et malgré la fatigue qu’il avait à cause du manque de sommeil, il arrivait à garder sa concentration pendant la course , restant debout néanmoins lorsque celle-ci fut terminée. Première épreuve finie, n’est-ce pas ? Hum … et maintenant ?

« Nous allons faire passer différentes épreuves selon vos styles. Ceux qui ont des armures lourdes, vous allez devoir montrer vos capacités à absorber les coups, même les plus terribles. Ne vous en faites pas pour vos armures, surtout si elles proviennent de chez nous, s’il y a quelques trous, vous en aurez d’autres … si vous survivez d’ici là et que vous êtes acceptés. »

Rassurant ? Et les autres ? Du genre Elise avec son armure de cuir ? Qu’est-ce que ça allait donner de son côté ? Il en avait strictement aucune idée, il devait avouer mais autant se concentrer du sien. Il faisait confiance à Elise pour réussir.

Bon … De son côté, il s’attendait pas à ce qu’ils … envoient différentes lances parcourues par de nombreux éléments. C’était vraiment une méthode plus que violente, beaucoup trop à ses yeux. Mais bon, il se devait de l’accepter. Par contre, est-ce qu’ils étaient autorisés à utiliser la magie ? Un regard tourné vers l’officier et celui-ci répondit :

« Votre but est de réussir à survivre, n’importe quelle façon … et la puissance des attaques vont aller en augmentant. Faites de votre mieux. »

« C’est tout ce que je voulais savoir ! Je vais y aller alors ! » s’exclama Tery avant de se concentrer, faisant apparaître ce qui semblait être un bouclier puis un autre sur ses bras. Oui, deux boucliers qui étaient faits intégralement de pierre.

Bon, les premières lances percutèrent l’armure et les boucliers sans pour autant réussir à les traverser. Il avait visiblement fait un boulot pas vilain du tout, il était content. Par contre, il remarquait que les éléments n’étaient pas encore trop ancrés dans les lances, c’était juste … des lancers sans rien du tout.

« Et maintenant … Augmentons la puissance pour voir ce dont vous êtes capables. »

Augmenter la puissance ? AH ! Ca devenait sérieux alors ! Aussitôt, il ne chercha plus à se protéger avec ses boucliers, créant tout simplement un mur de pierre devant lui, n’hésitant pas à ne pas pouvoir voir ce qui se trouvait en face. Oui, toute façon, le fait que le mur tremble, se fissure et autre, c’était déjà une preuve que ça dégénérait bien vite de ce côté-là.

« Et pour cette troisième partie, voyons voir ce que vous pouvez faire face à un assaut de tous les côtés ! Envoyez les décharges maximales ! »

C’était une blague n’est-ce pas ? Ils étaient en train de se moquer de lui ?! Pas besoin de réfléchir plus longtemps ! Venant poser un genou au sol, ses deux mains se placèrent elles aussi sur ce dernier avant qu’un imposant dôme de pierre ne le recouvre sur quelques mètres de diamètre. Heureusement qu’il était seul ! Il sentit le dôme se fissurer voire exploser en de nombreux endroits mais déjà un autre dôme apparaissait, remplaçant le précédent.

Il ne savait pas combien de temps cela avait duré mais … lorsque tout était terminé, il entendit un cri pour leur dire d’arrêter leur magie. Son corps … Il ne supportait plus. Il n’aurait pas dû … se mettre accroupi. Non … Ce n’était pas une bonne idée.

Il n’arrivait plus à se relever, plus du tout. Il remarqua à peine l’officier démoniaque qui se rapprochait de lui, semblant vouloir lui dire quelque chose. Oui, il était usé et fatigué, il respirait bruyamment, il avait l’impression de manquer de souffle et …

« Ben alors, t’as un peu de mal à te redresser, recrue ? Faut pas se leurrer, t’es le seul à n’avoir subit aucune blessure malgré les déferlantes. Bon, le souci, c’est que si après ça, tu es sans défense, tu es particulièrement inutile. Mais tu fais un sacré rempart. »

« Première fois … que je porte une armure … aussi lourde, j’ai juste besoin … de souffler un peu, vous en faites … pas, ça ira mieux … après. »

« Hum ? Première fois ? Vrai ça ? Il est vrai que tes gestes étaient un peu trop désordonnés pour que cela soit habituel. Bah, tu n’as que plus de mérite. Par contre, les tests ne sont pas finis mais à cette allure, tu as tes chances. »

Et comment … Est-ce qu’Elise se débrouillait ? Il se posait tout simplement la question alors qu’il haletait, finissant enfin par se remettre debout. Voilà … C’était … mieux … beaucoup mieux, n’est-ce pas ? Il pouvait … se tenir droit et ferme.

« Je suis prêt pour le reste, ça devrait aller. Une nuit … blanche n’est rien. »

« Et nuit blanche en plus ? Tu n’exagères pas un peu ? Bref, ne fais pas le fanfaron. T’es peut-être résistant mais ça ne change pas que tu en as encore pas mal à baver, comme les autres. Et dire que c’est l’une de nos armures de pacotille. »

Il ne répondit pas, préférant se concentrer sur la tâche qui allait l’attendre. Faire confiance à Elise. Il devait juste faire confiance à Elise mais … Lui-même devait se faire confiance. Il était fort, il était concentré et il allait réussir ce qu’il désirait !

« Ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Que le reste des tests … continue. »

Oui ! Il ne devait pas s’en faire. Il allait tout simplement balayer tout ce qui se trouvait devant lui comme si de rien n’était. Maintenant, qu’est-ce qu’il fallait faire ? Réussir à protéger autrui ? Non … Il devait montrer que malgré la puissance qui se trouvait en face, il était capable d’avancer. Il voyait … Il voyait parfaitement de quoi il s’agissait.

« Ce n’est pas grand-chose ! JE PEUX LE FAIRE ! »

Il venait tout simplement d’hurler à pleins poumons avant de planter un soleret de métal dans le sol, faisant un premier pas en avant … puis un second, et un troisième. Il était vrai qu’en face, il y avait un vent puissant puis d’autres déferlantes élémentaires … voire des attaques aux armes lourdes. Il s’arrêtait … et il s’immobilisait … mais il continuait à avancer.

Pour autant, lorsque le test se termina, il avait remarqué que d’autres avaient bien mieux fait que lui. C’était dommage … vraiment dommage mais il ne devait pas être mécontent de sa prestation. Certains par contre, avaient tout simplement été incapables de tenir et se retrouvaient avachis au sol. La concurrence était rude pour quelques personnes.

« Mouais, au cas où, sachez que c’est pas définitif mais que ces tests permettent de savoir qui on va mettre en avant pour les différents rôles et autres. »

Différents rôles et autres ? Ah … Euh bon. Elise ? Où est-ce qu’elle était ? Il la chercha du regard, finissant par le trouver. Tout doucement, il hocha la tête casquée en sa direction, comme pour lui dire que tout allait bien. Juste … Quand tout cela sera terminé, il espérait tout simplement qu’il puisse dormir une demie-journée ou plus.

« Qu’est-ce que nous devons faire ? Dites-le … s’il vous plaît. »

« Tu m’as l’air bien motivé, non ? Ne t’en fait pas, tu vas très vite savoir ce qui t’attends. Les tests ne sont pas terminés, loin de là. »

Il ne se rappelait plus si l’armée de Shunter, cela avait été aussi long ? Encore qu’il y avait eut quelques duels, non ? Il se rappelait cela avec les nobles. Oui, ça avait très mal terminé. D’ailleurs, ses soldats étaient plus corrects que les autres pour le moment.

« Peut-être qu’ils ont déjà trop salement vécu … pour pouvoir se comporter comme des enfoirés. Ca serait une bonne chose ça ne finisse pas mal pour une fois. » se dit-il à lui-même bien que l’officier à ses côtés l’avait entendu.

« L’heure du repas ! La cantine pour tous ! Vous allez aussi devoir vous habituer à ça ! »

Ah ! Vrai, avec les différents tests, les heures défilaient à toute allure et il allait pouvoir manger avec Elise. Par contre, s’il retirait son casque, elle allait très vite comprendre à quel point ça n’allait pas du tout niveau fatigue et épuisement. Enfin bon, il verra ça plus tard.