Chapitre 36 : Un équilibre en péril

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Un équilibre en péril

« Mon amour, tu es certaine que l’obscurité ne te dérange pas trop ? »

« Loin de là mon cher et tendre. Si c’était vraiment un souci, je te l’aurais dit sans aucune restriction. Nous n’avons aucun mensonge entre nous, non ? »

« Oui, oui, bien entendu. Enfin, je disais cela comme ça, rien de plus, hahaha. »

L’homme avait juste un grand sourire en réponse aux propos de sa femme. Celle-ci déploya doucement ses ailes blanches dans son dos comme pour s’étirer avant de murmurer :

« Hmm… Après, il est vrai que mon dos apprécierait d’avoir quelques rayons du soleil. »

« Ces cristaux créent une lumière artificielle. Ce n’est pas un véritable problème, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas, ma tendre Sérest. »

« Une lumière ressemblant à celle du soleil. Les démons ont toujours eu d’excellentes idées même si pour celle-ci, les cristaux émettent cela naturellement. Peut-on alors vraiment dire qu’il s’agit d’une lueur artificielle, Séran ? »

Comme s’il venait d’être pris en défaut, l’imposant être aux oreilles allongées provenant d’Honoros s’arrêta dans ses mouvements. Maintenant songeur, il regardait le plafond fait de pierre avant de dire :

« En un sens, artificiel voudrait dire que c’est créé par la main des démons. Ces cristaux sont naturels mais ceux travaillés par les démons sont artificiels. Est-ce que cette réponse te convient, ma tendre moitié ? »

Sans rien dire, la femme ailée déposa ses lèvres sur celles de l’homme pour un baiser plus appuyé que la décence ne l’autorisait. Pour autant, il ne la repoussa pas, loin de là. Il posa même une main sur la hanche de sa femme pour la garder auprès de lui.

« Hmm… Tu en aurais pas un peu trop profité, par hasard ? »

« Ce n’est pas du tout mon genre, Sérest, tu devrais pourtant le savoir, non ? »

« Hmm… Bien entendu, bien entendu. Ce n’est pas du tout crédible quand tu dis ça ainsi. »

Il rigola, tout simplement, l’invitant à reprendre la route ensemble. Cela faisait bien une année qu’ils parcouraient les souterrains et ils n’avaient rencontré que très peu de villages habités par les démons. En même temps, ils ne cherchaient pas spécialement à se cacher tout en évitant en même temps de trop se familiariser avec les démons.


Ce n’était pas qu’ils craignaient ces derniers, loin de là. Simplement, il valait mieux éviter de trop se dévoiler, de peur que certains, plus doués que d’autres, ne commencent à deviner ce qu’ils étaient vraiment. En même temps, la haine qu’ils portaient aux deux divinités était fondée et… il valait mieux éviter ça.

« Que faisons-nous pour aujourd’hui, Séran ? »

« Hmm… je pensais à ce que nous continuions la marche jusqu’à trouver un coin assez discret pour nous reposer. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« J’en dis que cela me plaît énormément ! Et puis, le fait que nous soyons ensemble ne rend que le voyage encore meilleur. »

« J’ai l’impression que tu me répètes cela depuis des mois, Sérest. Est-ce que je peux me tromper par hasard ? Ou alors, est-ce que je me fais des idées ? »

« Pas le moins du monde. Je veux rattraper tout le retard de cette époque reculée. »

L’époque reculée qu’elle évoquait était très simple. Il s’agissait simplement de ces instants où les démons pouvaient encore vivre à la surface, avec les autres races. À l’époque où Alzar était focalisé simplement sur sa propre race en ignorant celles créées par Zélisia.

« Dire que tu voulais créer la race parfaite qui n’avait pas besoin des autres. »

« Et au final, résultat, je voulais simplement t’impressionner sans réellement y arriver. Qu’est-ce que j’ai été stupide. »

« Nous étions tous les deux stupides à cette époque. Lorsque nous avons compris nos sentiments l’un envers l’autre, nous avons décidé d’ignorer complètement la situation autour de nous. Si nous avions été plus prompts à réagir et à surveiller nos races, tout cela ne serait jamais arrivé et… peut-être que nous n’aurions jamais eu à agir ainsi. »

« C’est plus compliqué que ça, Sérest, tu le sais bien, non ? Je pensais qu’il serait aisé pour différentes races de pouvoir vivre en harmonie parmi eux. Je me suis juste lourdement trompé et je dois assumer mes erreurs. »

« Nos erreurs communes, s’il te plaît. Même si ça fait plusieurs siècles et millénaires, tu continues de croire que tu es le seul fautif alors que c’est moi, en donnant naissance à cette unique race, plus forte que les autres, qui a ainsi posé bien plus de problèmes qu’autre chose. Si seulement… nous avions pensé autrement. »

Les deux amoureux soupirèrent en même temps. Cela leur revenait bien plus fréquemment en mémoire depuis qu’ils étaient ici. Ils avaient l’explication. Elle était facile à comprendre. Les souvenirs affluaient dans leurs cervelles, ravivant des souvenirs d’antan. Des souvenirs oubliés, de l’époque où ils se considéraient, à raison, comme deux divinités, car ils possédaient des pouvoirs incommensurables.

« De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Dis moi, Séran, pourquoi est-ce que je n’ai pas écouté mon conseiller ce jour là ? »

« Car nous pensions simplement qu’ils voulaient juste nous faire plaisir car nous étions leurs divinités alors que non, nous n’étions pas si différents d’eux. »

« Quelle grave erreur de ma part. Car nous pensions savoir ce qui était bon ou mauvais pour eux. Mais nous ne connaissions pas la vérité. Ils avaient leurs idéaux, leurs ambitions, nos races étaient aptes à se débrouiller seules. »

Et pourtant… Et pourtant… Ce n’était qu’une petite partie de la vérité, de CETTE vérité. Tout avait été bien plus complexe qu’ils ne l’avaient pensé. Le fait que les races aient des visions différentes, même quand il s’agissait de toutes celles créées par Zélisia. Pas uniquement physiquement mais mentalement. Elle avait décidé de leur laisser de l’autonomie et pareil pour Alzar.

« Ah… Est-ce que tu penses qu’ils vont réussir à régler toute cette histoire ? »

« De base, nous n’avions pas prévu de survivre, ni même d’avoir Elen survivre elle aussi. Nous sommes cruels, tu le sais ? »

« Je le sais parfaitement… et c’est bien pour cela que je m’interroge. En restant en vie, est-ce que nous devons quand même nous mêler de tout cela ou non ? »

« C’est un choix difficile. Mais je pense que la clé est dans notre fille et sa relation avec SON enfant. Ce sont eux qui décideront de l’avenir de la surface et des souterrains. »

« À ce point ? N’est-ce pas un peu trop exagéré, Sérest ? » demanda Séran avec le plus grand des sérieux alors que la femme ailée posait un doigt sur son menton, songeuse.

« Je dirais que non. Nous savons aussi bien l’un que l’autre de qui est Tery est l’enfant, non ? Nous avons juste évité d’aborder le sujet. »

« Mais son odeur est impossible à ignorer, on ne peut pas mettre ça de côté et faire comme si de rien n’était. Mais donc… Tu crois vraiment qu’ils… seraient la voie ? »

« Pas uniquement, Séran. Pas uniquement. Si tu as remarqué, ils sont entouré par des personnes toutes aussi merveilleuses qu’eux, non ? Un jeune prince qui s’est ouvert aux sentiments, une reine qui s’est débarrassée de la carapace d’acier qu’elle avait autour d’elle, une jeune demi-démone dont l’odeur me rappelle celle de la royauté souterraine. Beaucoup de personnalités issues des hautes sphères et qui pourtant, ont vécu des choses peu communes. »

« Bien loin de la salle du trône, des banquets et autres commémorations. »

Encore une fois, les deux personnes étaient d’accord sur quelque points qu’ils mettaient en commun. Cela ne voulait pas dire que l’un pensait que l’autre avait forcément raison dès qu’il parlait mais ils arrivaient à correspondre leurs points de vue.

« Hmm… Mais quand même, je me dis que j’aimerais bien voir un peu plus de créatures dans les environs. Nous les faisons fuir naturellement mais c’est bien dommage. »

« On ne peut rien y faire. Ils ressentent notre puissance et c’est donc de l’instinct. Il s’est sûrement développé ces derniers siècles. »

« Si les démons et les créatures plus puissantes les chassent en permanence, ils doivent alors comprendre ce que cela veut dire exactement que de se retrouver face à nous. »

« Mais cela ne change pas que c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir les étudier un peu plus. Je me demande à quoi point ces créatures sont d’anciens démons ou non. »

« D’anciens démons. C’est vrai que les démons pouvaient se dévorer entre eux et finir par avoir d’étranges formes. Tu es intéressée sur l’idée qu’ils aient pu produite une descendance ? C’est ça que tu voudrais savoir ? »

« Plus ou moins, oui. S’ils sont capables d’avoir des enfants, cela voudrait dire que les… monstres du monde souterrain ont une part d’humanité en eux. »

« Et donc qu’agir comme s’il ne s’agissait que de vulgaires animaux serait un véritable crime, proche de l’esclavage, oui, je vois. »

« C’est exact… et ça serait donc un vrai souci. Enfin, pour nous deux car nous serions au courant mais je ne suis pas certaine qu’ils accepteraient de telles nouvelles. » finit de dire Sérest après cette courte conversation avec Séran. Séran qui était à nouveau plongé dans ses pensées. Même à l’époque où il s’appelait Zélisia, il avait toujours eu ce regard si concentré.

« Je pense que ça serait possible… mais pour cela, il faudrait alors que ces descendants soient dotés d’un intellect conséquent, ou du moins qui les rapprocherait des autres races. »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça exactement ? Enfin, comment est-ce que tu en es venu à cette conclusion, Séran ? »

« Simplement car même les gnomolds se sont ouverts à eux en partie. Les gnomolds qui doivent nous en vouloir autant que les démons. »

« Ah ça… Il est vrai qu’ils sont très revanchards et qu’ils ont de nombreuses raisons de nous détester, il faut l’avouer. »

« La plus importante est aussi la plus problématique. Tout simplement car nous avons mis beaucoup trop de temps à réagir. »

« Et nos formes actuelles sont les conséquences de nos actes, non ? Nous avons déjà été punis pour avoir trop tardé. Nous ne pouvons pas vivre continuellement nous reprochant nos actes passés, tu sais, Séran. »

Il le savait. Il le savait parfaitement. Mais cela lui était impossible de tirer un trait sur tout cette histoire et pour une raison très simple : encore « récemment », ils avaient commis un acte stupide qui concernait leur propre enfant : Elen.

Ils s’étaient préparés à mourir pour l’ouverture des portes démoniaques et à permettre aux démons de revenir à la surface. Mais voilà qu’Elen, leur propre enfant, sans le savoir réellement, avait réussi à les sauver. En contrepartie, elle avait failli perdre son propre enfant et depuis, tout avait changé.

« Dire que nous avions prévu tout cela pendant des années et des années… pour un tel résultat. Comme si là-haut, quelqu’un d’encore plus puissant que nous avait décidé de se moquer de nos actes depuis le début. Ah… Quelqu’un qui doit sûrement beaucoup s’amuser à nos dépens. »

« Quelqu’un de plus puissant et qui a un sens de l’humour ? Hmm… »

Il était assez étrange de s’imaginer une telle chose et pourtant… et pourtant… C’était plus ou moins ce qu’IL était devenu, ce qui faisait alors penser que oui, ce n’était pas impossible. Et que cette idée n’était pas à prendre à la légère.

Une petite partie d’elle commença à s’inquiéter. Et si… par hasard, même s’il n’y avait qu’une infime chance, est-ce que cela serait possible que… Non. Elle ne voulait pas penser à cela. Elle ne devait pas penser à cela. Ce n’était pas une bonne chose. Elle sentit subitement une main se poser sur son front, lui faisant lever les yeux vers Séran qui s’était rapproché.

« Qu’est-ce qui se passe ? Tu es presque en sueur. »

« Oh… Rien… Rien du tout. Ce sont tes dernières paroles. J’étais en train d’y réfléchir, c’est tout. Tu vois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, hein ? »

« Je ne m’inquiète pas sauf pour toi, voilà tout. Tu le sais, n’est-ce pas ? »

Bien sûr qu’elle le savait. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça comme ça. Pas de la sorte. Elle risquerait de l’inquiéter pour pas grand-chose. Ce n’était qu’une idiotie, rien de plus. Elle allait cesser d’y penser et dès demain, ça sera derrière eux, comme d’habitude.

Même s’ils n’étaient pas insouciants, ils venaient encore de dire il y a quelques minutes que cela ne servait à rien de s’accrocher au passé. Et pourtant, une partie d’elle était comme terrorisée à l’idée qu’IL revienne ou qu’IL soit responsable de tout ce qui se passait. Est-ce que SES pouvoirs pouvaient vraiment arriver à les atteindre ?
Si tel était le cas, sa crainte était alors réelle. Si tel était le cas, comment est-ce qu’ils pourraient réagir alors ? Comment est-ce qu’ils pourraient se défendre ? Surtout, est-ce qu’IL leur en voudrait ? Avec tout ce qui s’était passé, ça ne serait as anormal. Cela serait même logique et sinistre. Hmm… Il valait peut-être mieux ne pas trop en penser.

Et c’était pourtant ce qu’elle n’arrêtait pas de faire malheureusement. Oui, elle ne pouvait pas se détourner de cette pensée absurde. C’était triste… mais c’était bel et bien parce qu’elle savait parfaitement ce dont IL était capable. Réussir à atteindre leur puissance voire peut-être même à la dépasser, brrr.

« On va peut-être s’arrêter là pour aujourd’hui, Sérest. Tu as vraiment une mauvaise mine. »

« Ah oui ? Tu trouves ? Si tu le dis… même si je pense que tu exagères un petit peu la situation, je ne suis pas dans un tel état quand même. »

« Hmm, si si. Je peux te confirmer ce que je te dis. Tu es presque au bord de l’évanouissement. Mais je veux que tu me dises ce qui te tracasse réellement. Nous nous sommes promis de ne plus avoir de secret l’un envers l’autre, tu t’en rappelles, non ? »

« Oui, bien entendu que je m’en rappelle. C’est juste que je considère que c’est une idée un peu stupide. Je ne suis pas certaine que ça soit vraiment utile d’y repenser, voilà tout. »

« Et moi, je peux simplement t’affirmer le contraire, compris ? Cela me rappelle l’époque où tu continuais encore et encore de vouloir ne rien me dire malgré notre relation. »

« Pardon… Ce n’est pas que je veux te mentir mais… »

« Je n’ai pas évoqué le fait que tu me mentes mais le fait que tu ne me dises rien. Ce sont deux choses différentes, Sérest. C’est là toute la nuance, est-ce que tu comprends ? »

Les paroles très douces de l’homme aux longues oreilles étaient autant plus efficaces que la femme ailée baissait les yeux, comme prise en défaut par les propos. Oui, même dans le passé, quand il était Alzar et elle Zélisia, il avait tellement fait pour l’impressionner sans pour autant forcément y arriver.

Oui, il était si souvent comme un enfant à ses yeux, il le comprenait bien hein ? Il n’était pas aveugle. Il savait parfaitement qu’il… était ridicule depuis toutes ces années. Tout cela par pure envie de lui montrer ce dont il était capable, ce qui n’était pas réellement efficace en fin de compte. Il allait le lui dire. Sous cette forme, en tant que Sérest, oui.

« Je pensais encore au Dévoreur, Séran. C’est tout. Je me demandais si par malheur, ce n’était pas lui qui jouait avec nos émotions et nos sentiments… pour nous emmener à le délivrer. Si ce n’était pas lui qui gérait tout ça depuis le début. »

« Ah oui, quand même. Hmm… Ah… J’imagine que tu dois aussi penser à Tery, c’est bien ça ? Avec le fait qu’il y a une petite chance qu’il tente aussi de le manipuler. Je commence à bien comprendre le problème en fin de compte. Du moins, à voir où est-ce que tout cela va nous mener. Nous avons déjà tant accompli pour tenter de réunir les démons avec le reste des races à la surface. Nous ne pouvons pas vraiment arrêter maintenant, tu t’en doutes hein ? »

« Je n’ai jamais cherché à arrêter tout ça. Cela reviendrait tout simplement à bafouer tout ce pour quoi on se bat depuis si longtemps. Mais voilà, je t’ai dit ce qui me tracassait. C’est vraiment ridicule. C’est normalement moi qui devrait me montrer rassurant, pas l’inverse. »

« Tu as toujours eu cette mentalité, Sérest. Et si tu t’écoutes, tu devrais même entendre le fait que tu reparles de toi comme si tu étais Alzar. »

Ah oui ? Sur le moment, elle ne l’avait pas remarqué même si il était vrai que ses pensées étaient tournées vers le passé à l’heure actuelle. Un passé assez sinistre et sombre, elle le concevait parfaitement et pourtant… c’était ce dernier qui la marquait plus que tout le reste.

Elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Prétendre que tout ira pour le mieux et ensuite, balayer tout ça d’un revers de la main. Non… Elle était vraiment perdue et elle sentait alors les bras de Séran venir l’enlacer tendrement.

« Nous nous protégerons mutuellement, comme toujours. »

« Tant que tu es là, avec moi, c’est tout ce qui m’importe, Séran. Je me demande pourquoi je suis né homme à cette époque… alors que je me sens si bien sous cette forme dans tes bras. »

Séran ne répondit pas, un sourire se dessinant simplement sur ses lèvres alors qu’il serrait avec un peu plus de force la femme dans ses bras. S’il suffisait uniquement de cela pour la rassurer, il allait alors continuer encore et encore, jusqu’à ce qu’elle finisse par être apaisée. Les minutes s’écoulèrent sans même qu’ils ne se préoccupent des alentours.

« Hmm… Sérest, est-ce que tu penses rester ainsi pendant encore longtemps ? »

Aucune réponse de la femme ailée. Il baissa les yeux, un nouveau sourire apparaissant sur son visage. Oui… Elle avait tenté de montrer qu’elle était encore forte… mais cela n’avait été qu’une illusion. Déjà dans le passé, il avait compris à quel point Alzar pensait que la force faisait tout… et que la perfection permettrait alors de tout résoudre.


C’était pourquoi il avait crée plusieurs races différentes, avec des aptitudes propres à chacune, des qualités et des défauts comme on pouvait en voir un peu partout. Oui. Il souleva doucement Sérest, la gardant bien contre lui, dans ses bras, alors qu’elle marmonnait.

« Je vais nous mettre dans un endroit plus sûr pour passer la nuit. »

Un endroit à l’abri des cristaux mais pas uniquement. De toute façon, aucune créature ne tenterait cette folie que de chercher à s’en prendre à eux. Contrairement à ce qu’il pensait, il mit un peu plus de temps que prévu mais tout était bon.

« Voilà… J’imagine qu’ici, ça sera parfait. Sérest, Sérest ? Il est l’heure de se réveiller. »

« Hmm… Non… Il est tard. Il fait sombre. J’ai juste envie de dormir. »

C’était bien ce qu’il avait compris, hahaha. Il voulait juste vérifier à quel point elle pouvait être comme les races qu’ils avaient créées. En réagissant de la sorte, elle faisait alors preuve d’une humanité comme les autres. Oui, ce simple petite geste, cette petite phrase, cette petite réaction, tout cela permettait de l’aimer encore plus.

Bon… Il la déposa délicatement contre un rocher avant de préparer la tente pour la nuit. Pas besoin d’un feu, ils allaient se coucher tout de suite. Ce n’était pas comme s’ils avaient vraiment besoin de se nourrir pour le moment. Ah… Maintenant qu’ils étaient seuls, il devait avouer parfois que cela lui manquait.

« Clari et les autres étaient si pleins de vie… »

Oui. C’était vrai. Il y avait des discussions, des rigolades et autres. Dans les faits, c’était le premier groupe qu’ils avaient rejoint tous les deux. Oh, des connaissances, au fil des siècles, ils en avaient eu. Mais cela n’avait été que des relations distantes. Comme ils ne pouvaient pas vieillir réellement bien qu’ils pouvaient mourir, il ne fallait pas lever plus les suspicions sur eux.

« Hmm… Vraiment, je me demande si un jour, nous irons les retrouver. »

Oui. C’était une simple demande, rien de plus. En se forçant, ils pouvaient aisément retourner voir Manelena et ceux de la surface… mais pour Tery qui devait être dans le monde souterrain, cela sera beaucoup plus compliqués.

Qu’ils aient été considérés comme des divinités à une époque, soit… mais les millénaires jouaient sur leurs mémoires et avec le monde souterrain inaccessible, autant dire qu’ils ne se rappelaient plus vraiment des zones précises de ce dernier. Enfin, pour le moment, il allait plutôt se concentrer sur Sérest et veiller sur elle jusqu’à son réveil.