Chapitre 35 : Étrange coalition

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Étrange coalition

« Hihihi ! Vous voilà donc, mes jolis petits rats ! »

« Gniii ?! T’es qui toi ?! Qu’est-ce que tu fous ici ?! Je peux le savoir ! »

« On peut la buter, hein ?! Avec son air de piaf, je suis certain qu’elle pourrait nous rapporter beaucoup si on la dép… »

L’un des petits êtres bossus n’avait pas terminé sa phrase que sa tête avait quitté le tronc sur laquelle elle était posée, une gerbe de sang émanant de ce dernier alors que le corps tombait au sol, sans vie. La femme aux longs cheveux noirs, très longs cheveux noirs avait fait un simple battement d’ailes pour faire tomber la tête du gnomold.

« Hihihi ! Est-ce que l’on peut discuter maintenant ? Je ne voulais pas me montrer violente… sauf si c’est comme ça que cela marche chez les gnomolds, non ? Vous n’êtes pas de ceux qui proviennent d’Omnosmos ou des tribus principales de Shunter, n’est-ce pas ? »

« Non mais toi, t’es qui ?! Et tu nous veux quoi ? T’as osé nous attaquer ! T’as envie de crever, c’est ça ?! »

« Tu veux rejoindre ton ami, c’est ça ? C’est ça ? C’est ça ? Hein hein ? Ah… Non. Je ne vais pas te tuer car sinon, on va vraiment croire que je veux juste vous éliminer, hihihi ! Alors que j’ai juste besoin de vous comme vous avez besoin de moi ! »

« Besoin d’une claudiskienne ?! Tu te fous de notre gueule ? Tu crois vraiment qu’on va écouter ce que tu as à dire ?! »

« Eh bien, ça serait quand même mieux pour de futures conversations non ? Et pour trouver un terrain d’entente ! Vous voulez éliminer des démons, je veux aller dans le monde souterrain retrouver quelqu’un. Je peux vous y aider, hahaha ! Mais pour ça, il me faut plutôt parler au rat qui gère toute votre bande. »

« NOUS NE SOMMES PAS DES RATS, NOUS … »

Il ne termina pas sa phrase à son tour, sa tête se décrochant du corps comme pour le précédent gnomold. Elle poussa un petit soupir désespéré alors que d’autres gnomolds arrivaient déjà après les cris du nouveau mort.

« Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ça ?! HEY ! T’as fait quoi, toi ! »

« Vous pouvez pas ramener votre chef ? Je crois que sinon, je vais décimer votre tribu et sincèrement, ça serait la troisième en quelques semaines. »

« Gniiii ?! C’EST TOI ! T’ES LA RESPONSABLE ! TUEZ LA ! ELLE DOIT PAS S’EN SORTIR ! FAUT LA BUTER ! »

« Ah… Visiblement, ça sera donc un troisième clan éliminé. C’est dommage, je suis pour la possibilité que toutes les races perdurent dans le monde mais si vous voulez vous mettre en travers de mon chemin envers Tery, vous ne me laissez pas le choix ! »

Et elle n’allait même pas sortir son arme pour s’occuper d’eux. D’un grand sourire resplendissant bien qu’il avait des allures démoniaques, voilà que ses ailes s’étendaient en largeur derrière elle.

Cela n’avait duré que quelques minutes, peut-être une heure mais lorsqu’elle s’éloigna du campement des gnomolds, elle était maintenant recouverte de sang, jusqu’à ses propres plumes. Retirant un morceau de chair de sa bouche, elle marmonna :

« Même en cherchant à les cuire, ils n’ont aucun goût. AH ! »

C’était dommage pour elle… ou pour eux. Cela dépendait du point de vue mais elle n’en avait que faire. Elle avait juste envie de retrouver Tery, comme depuis tant de mois, même peut-être des années ? Elle avait vu dan son regard. Son regard triste et solitaire, son regard qui montrait à quel point il était seul en réalité, à cause de ce qu’il était.

« Entre oiseaux de malheur, je suis la seule à pouvoir réellement le comprendre. Je peux le comprendre, je peux l’aimer à sa juste valeur. »

Ouiiiiiiiiii ! Sa juste valeur ! Non pas celle d’un homme, d’un citoyen de shunter ou d’un membre de cette race cornue qu’est un démon. Non, la valeur de son existence, une existence comme la sienne. Une existence mal-aimée de ce monde, de ce souterrain. Une existence damnée, rejetée par tout le monde.

« HAHAHAHA ! Oui… Oui… Oui… Oui ! Nous sommes pareils ! Toi et moi ! »

Elle venait de poser ses mains sur son visage, ses ongles éraflant sa propre peau. Elle allait devoir trouver une nouvelle tribu de gnomolds, la communication était parfois siiiiii difficile avec ces êtres primaires !

Ailleurs, plusieurs gnomolds discutaient entre eux. Tous un peu plus grands que la moyenne, et portant quelques atours et gris-gris qui montraient qu’ils avaient une haute position dans la hiérarchie de leurs espèces,

« Le clan Kinor a été décimé ! Bon d’accord, ils étaient juste un petit village et c’est à peine s’ils existaient mais quand même ! »

« Qui sont les responsables ? Les démons ? Les shunteriens ? Ils venaient bien de Shunter hein ? Pas que je m’intéressais pas à leur sort mais c’est tout comme ! »

« Non et non. Ce ne sont pas eux. Y a eu la confirmation que des plumes ont été trouvées… comme dans les zones des autres clans. C’est la même personne qui est responsable de tout ça. Le problème, c’est qu’à part le fait qu’il s’agisse d’une femme de Claudiska, on ne sait rien de plus. Ah ! Et aussi le fait qu’elle possède une aile de corbeau et une aile de chauve-souris. Mais ça, vous étiez tous au courant, non ? »

« Euh, ouais, je crois bien ? J’en suis pas vraiment sûr, moi. Cela vous dit quelque chose vous autres ? Hein ? Dites pas oui si c’est pas le cas ! Je veux pas paraître pour un con ! »

« Tu peux pas l’être plus que tu ne l’es déjà ! » s’exclama un autre gnomold, hilare.

« C’EST PAS DRÔLE, BORDEL ! On a une claudiskienne psychopathe qui décide de zigouiller un maximum de gnomolds ! »

« Ouais, ben faut la buter, c’est aussi simple que ça ! »

« Si c’était aussi simple que ça, gros malin, tu crois que j’aurais demandé à ce qu’on se retrouve tous ici ou quoi ?! »

« Tu viens de dire quoi ? Que je suis gros, c’est ça ? Tu veux que je t’explose ? »

Et déjà très vite, les esprits s’échauffaient. En même temps, rien n’était fait pour tenter de calmer le jeu et les seuls gnomolds qui restaient calmes ne faisaient rien pour empêcher les autres de se taper sur la tronche.

Lorsque tout s’était terminé, avec du sang sur les visages et des morsures, aucun ne tentant de prendre une arme, le but n’étant pas de tuer l’autre, ce fût finalement l’un des gnomolds bien calmes et sages qui reprit la parole :

« Maintenant que vous avez fini, il va falloir que l’on prenne nos dispositions. Pour cela, nous n’avons pas tellement le choix. Nous allons devoir envoyer un messager à chaque clan des environs. Du moins, une personne apte à accueillir cette… monstruosité. Si elle s’en prend à nous, c’est qu’il y a une bonne raison. Il nous faut donc quelqu’un de diplomate mais aussi très agile pour éviter de se faire tuer par cette chose ailée si la discussion n’est pas possible. Au moins, nous pourrons alors tenter quelque chose pour la contrecarrer. »

« Heureusement que t’es là pour les bonnes idées hein ? On voit bien que t’es de la famille d’Ernold ! Y a bien que dans sa lignée qu’ils réfléchissent avant de frapper. »

« Ma lignée n’a rien à voir avec ça. Mais la survie des gnomolds m’importe bien plus que le reste. Je ne peux pas tolérer la présence de ces êtres cornus qui sont responsables de ce que nous sommes devenus, il y a de cela des millénaires. »

« Ouais, on a toujours eu la rancune assez tenace, héhéhé. C’est pour ça qu’on aime bien leur faire payer à ces types ! »

« Ne parlons plus de tout ça, cela vaut mieux, c’est… irritant. »

Et il était vrai que déjà, plusieurs d’entre eux émettaient de nombreux grognements. Maintenant, ils avaient fini de discuter de cette femme. Ils allaient mettre leur plan en action et ils allaient obtenir des résultats.

« Bon alors, on peut dire que la réunion est terminée ? Je veux dire, c’est pas tout ça mais dans les faits, moi, j’ai quand même vachement soif ! »

« Et moi, j’ai faim ! Bon alors, on va bouffer, les gars ! »

Et maintenant, comme si le sérieux de la situation n’existait plus, voilà que les gnomolds de cette réunion allaient rejoindre les autres pour se sustenter, sans même se soucier réellement de ce que l’avenir pourrait leur apporter, que ça soit pour le meilleur ou le pire.

Des jours passèrent et voilà qu’une paire d’aile de chauve-souris et de corbeau vint atterrir devant ce qui semblait être une tribu de gnomolds. Aussitôt, les gnomolds commencèrent à se mettre en garde, regardant la femme en face d’eux.

« C’est elle. C’est elle ! Faut les prévenir, et vite ! Je vais la retenir ! »

« Ouais… ouais ! Ouais ouais ouais ! Je vais le faire tout de suite ! » s’exclama le second gnomold après les propos du premier.

« Oh ? On dirait bien que vous êtes mieux préparés que les autres, non ? »

« Ouais, ouais. On sait surtout ce que tu comptes faire, plutôt ! Mais on va pas tomber dans le piège ! On a des types pour toi ! »

« Oooh ! Mais vous savez, je ne suis la femme que d’un seul homme. Et sincèrement, entre nous, les gnomolds, ce n’est clairement pas mon pêché mignon. »

Elle avait toujours ce petit sourire aux lèvres, signe qu’elle était déjà prête à recommencer ce pour quoi elle avait été si souvent nommée aux différentes réunions des gnomolds. Pour autant, elle restait tranquille, reprenant la parole :

« Quand même. Les précédents n’hésitaient pas à m’attaquer ou à me menacer sans crier gare. Est-ce que je serais enfin tombé sur des gnomolds plus intelligents que la moyenne ? Cela serait tout simplement merveilleux à apprendre ! »

« C’est pas ça que ça nous démange pas de te défoncer la tronche mais on a des ordres et on doit les respecter. T’as plus qu’à patienter, la dinde. »

« Hmm… Vous êtes certains que m’insulter alors que je peux vous éliminer en un claquement de doigt est vraiment judicieux ? Hmm ? HMMMMM ?! »

Et pendant qu’elle disait cela, elle avait simplement fait un pas en avant, déployant ses ailes avant de pousser un petit croassement, les gnomolds reculant sur le coup. Puis elle éclata de rire avant de faire un pas elle aussi en arrière.

« Bon, je suis là, je suis là. Elle est où ? AH ! La voilà ! »

Les yeux dorés de Krawnia se posèrent sur le nouvel arrivant. Un gnomold qui ne payait pas de mine, pas aussi musclé que ses comparses. Pas aussi grand non plus. Mais il portait des lunettes et ses habits n’étaient pas parcourus par les trous. Il semblait presque intellectuel à le regarder de la sorte.

« Tout d’abord, vous z’êtes qui exactement ? » demanda le dit gnomold. Malgré les apparences, il restait quand même un membre de sa race, avec le langage communément parlé parmi eux.

« Krawnia. C’est vrai qu’avec aucun survivant, personne ne pouvait transmettre le message. Oups ! La prochaine fois, j’imagine que je laisserai un survivant pour qu’il puisse raconter ce qui s’est passé aux autres. Je suis là pour les démons. »

« Les démons ? Comment ça ? Et donc, ouais, Krawnia. Je veux pas dire mais vous avez foutu un sacré foutoir quand même ! Vous avez éliminé plusieurs tribus ! Mineures peut-être mais tribus quand même quoi ! »

« Oui, oui, je suis désolée, tout ça. Bon, et si on parlait des choses vraiment importantes, plutôt non ? Genre, vous voulez aussi aller vous rendre dans les souterrains ? Y a pas besoin de me mentir, je déteste le mensonge de toute façon. Je suis parfaitement au courant, et oui. »

« Ouais, tu peux prétendre que t’es au courant de tout mais ça va rien changer ! AH ! Comment qu’on pourrait te faire confiance ? Tu crois vraiment qu’on va t’emmener chez nos chefs alors que tu zigouilles nos gars ? »

« Je pensais que derrière ces lunettes, il y avait une lueur d’intelligence. Est-ce que je me suis trompée lourdement ? J’en ai rien à faire de votre espèce. Simplement, si je signale que je veux traverser les mondes souterrains pour aller le retrouver, on ne va pas me laisser faire. Et je n’aime pas ça, pas du tout. »

« C’est qui ce type que tu veux trouver ? Il est pas à la surface ? C’est un démon ? »

« Oh que oui… C’est un démon. Mais c’est surtout un être unique en soi ! Il n’y a pas deux existences comme la sienne ! »

« T’es complètement cinglée, tu le sais hein ? Je veux dire, t’as déjà envisagé de te faire soigner ou un truc du genre ? Car ça devient grave dans ces moments ! Et qu’est-ce que tu nous veux exactement ? Enfin, t’as besoin de nous pour quelle raison ? »

« Oh, je sais que vous n’êtes pas vraiment partisans du « Soyons amis avec les démons ! » et donc, j’ai besoin de vous pour aller me frayer un chemin dans les mondes souterrains. Ce que vous cherchez, c’est bien une entrée permanente gérée par les gnomolds non ? Qui vous permettrait de vous y rendre quand vous le voulez et donc d’éliminer les démons qui tenteraient d’en sortir. Une place gardée spécialement gérée par vous. »

« Ohla, tu me parles d’un truc que je sais pas, moi. Enfin moi, j’ai été envoyé pour chercher à dialoguer avec la cinglée meurtrière. Ou alors à me barrer si elle veut pas discuter. »

« Ah ben voilà, tu devrais être content, tu auras la vie sauve vu que je veux dialoguer. Bon allez, zou ! On va se mette en route, j’ai des types à rencontrer ! »

« Ces types sont nos chefs, un peu de respect pour eux ! » s’exclama le gnomold alors qu’elle pouffait de rire, visiblement amusée par la réaction du petit être.

« Le respect, ça se mérite. Et tout ce qui tente d’avoir du pouvoir sur autrui, je ne m’en préoccupe pas le moins du monde. Si tes chefs ont besoin de ça pour se sentir supérieurs, c’est qu’ils doivent être encore plus petits que toi. Bon allez ! On y va ! »

Et elle ne lui laissait pas la possibilité d’ouvrir la bouche. Maintenant qu’elle avait une piste, ou du moins des « gens » pour la guider vers les mondes souterrains, elle n’allait pas s’en priver du tout. Elle ne pouvait pas s’y rendre toute seule. Elle pouvait être puissante, « problématique » et exceptionnelle, elle ne pouvait pas lutter contre un groupe équipé.

Mais la voilà qui se déplaçait une nouvelle fois… mais avec une direction précise en tête. Des heures plus tard, alors que la nuit était tombée, la demoiselle ailée vint atterrir aux abords d’un campement de gnomolds bien plus grand que les précédents.

« Eh bien, on dirait qu’ici, on se fait plaisir ou c’est moi ? »

« Hey… T’es qui, toi ? » demanda l’un des gardes gnomolds à l’entrée du campement. Il était bien mieux équipé que les précédents mais Krawnia soupira avant de dire :

« Quand même, on peut éviter le comique de répétition ? Prétendre que vous ne me connaissez pas, c’est un peu lassant à force. Vous avez sûrement reçu des informations via une lettre non ? Que j’allais arriver. Ne tentez pas de me mentir. »

« AH ! Mais t’es la folle en fait ! Fallait le dire plutôt ! Ouais, on a bien reçu le courrier et le fait qu’on devait te guider ! »

Ils ne paraissaient guère effrayés par les propos de Krawnia. En même temps, celle-ci remarquait parfaitement qu’ils étaient bien plus expérimentés que les précédents. BAH ! Cela ne changerait pas grand-chose s’ils la mettaient en colère inutilement.


Traversant le campement, elle se désintéressa des gnomolds qui l’observaient, certains avec intérêt, d’autres en se demandant si c’était vraiment elle. Oui, elle pouvait entendre un peu les conversations mais elle n’y portait pas plus que ça en terme d’attention.

Finalement, la courte balade se termina face à une maisonnette plus grande que les autres. Oh, toujours aussi rustique et rudimentaire, laissant plus paraître un bâtiment issu d’un village paumé et reculé que d’une solide bâtisse en ville.

« Et j’imagine que votre chef va pas vouloir se présenter à moi, je dois rentrer à l’intérieur ? »

« Oui oui mais… HEY ! Vous faites quoi ! Faut que l’on vous annonce ! »

Sauf qu’elle n’avait pas que ça à faire de son côté hein ? Elle commença à se mouvoir, étudiant les gardes qui se présentaient entre elle et l’entrée. D’un mouvement des ailes qu’elle déploya, les gardes furent balayés sur les côtés alors qu’elle disait :

« Zou du balai ! J’ai quelqu’un à rencontrer, moi ! »

Et même si elle sentait très bien que les gnomolds allaient réagir, elle pénétra dans la demeure faite de bois, pierre et paille. À l’intérieur, un petit feu était déjà en train de brûler tandis que les yeux de Krawnia se plissèrent.

« Ah oui… C’est plus un comité d’accueil que juste le chef du village ? »

« Nous t’attendions, femme des cieux, Krawnia. »

« Désolée mais je ne connais pas vraiment vos prénoms et disons que je vous attendais pas vraiment même si je vous recherchais. Bon, on va pouvoir enfin arrêter de faire n’importe quoi et se mettre directement au travail. »

« Tsss ! Ouais, plus vite c’est fait, mieux ça sera ! Tu es là car tu dis que tu veux absolument te rendre dans les souterrains. Nous, on ne veut pas pardonner aux démons ce qu’ils ont fait à nos peuples il y a de cela plusieurs millénaires. »

« Oh, je veux juste exterminer tous ceux et celles qui se mettront en travers de mon chemin pour le retrouver, hahaha ! Ah… Vraiment… C’est aussi simple que ça. »

« Les exterminer ? Et cette personne que vous recherchez, c’est bien le dénommé Tery ? Celui qu’est responsable de tout ce boucan ? »

« Oui, oui, c’est bien lui ! Ce Tery là ! Il n’en existe pas deux dans ce monde et heureusement, sinon, il perdait de sa saveur si unique. C’est lui que je veux retrouver. Depuis le jour où je l’ai vu à la base de cette tour, je savais que lui et moi, nous étions destinés tous les deux ! »

« AH ! Le destin ! Si on devait croire au destin, on aurait arrêté de se préparer en attendant le jour où les démons sortiraient des entrailles de la terre ! Résultat ? On n’y a pas cru une seule seconde à cette destinée et on a bien fait ! »

« Ne vous moquez donc pas de la destinée. Enfin de celle qui est en train de me relier à Tery. Je n’accepterais aucune moquerie. »

« Bah ! Fais comme tu veux ! Tant que tu nous permets de nous installer dans les souterrains démoniaques, nous bosserons avec toi. Suffira juste que tu fasses le ménage dans les alentours et ensuite, dès que ça sera assez fortifié, tu pourras aller chercher ce type. »

« Ce type s’appelle Tery. Ce n’est pas une personne lambda, comme vous autres, c’est bien compris ? Vous pouvez saisir ça ? »

Elle se montrait menaçante malgré l’air joyeux qui parcourait son visage. Oui, les gnomolds restaient sur leurs gardes, méfiants, mais n’osaient pas pour autant réagir. En même temps, malgré la méfiance, ils ne semblaient pas plus inquiets que ça.

« Ouais, ouais, on peut le saisir. Tout ce que l’on veut, c’est s’occuper des démons. Le reste, on s’en fout. Si t’es prête, tu peux rester dans les environs pour qu’on vienne te chercher. »

« Hmm… Je ne pensais pas que ça serait aussi rapide et que vous accepteriez aussi facilement. Où est donc le piège, vous pouvez me le dire ? »

« Y en a aucun. On est juste plutôt las de compter nos morts à cause de vos actions. Autant vous avoir de notre côté que l’inverse. »

Elle émit un petit rire, à nouveau amusée par les propos des gnomolds. Qu’ils pensaient ainsi, c’était parfait pour elle. Elle quitta alors la modeste masure avant de déployer ses ailes une nouvelle fois pour s’envoler. Ils lui avaient dit de revenir, cela ne voulait pas insinuer qu’elle devait rester avec eux non ? Et puis, ça restait des gnomolds.
Dans la petite demeure, les gnomolds se regardèrent, un sourire entendu les uns envers les autres. Oui, ils avaient bien prévu d’éliminer tous les démons. Et dans cette liste, les demi-démons étaient inclus eux aussi.

Chapitre 34 : Des preuves de son passage

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Chapitre 34 : Des preuves de son passage

« Hmm… Comment tu as trouvé cette première soirée ailleurs que dans un lit, Tery ? »

« Je n’ai pas vraiment réussi à dormir. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil en me disant que tout le monde pouvait tenter de rentrer dans la tente alors que tu dormais avec moi. »

« Hmm ? Et donc ? Où est alors le problème ? Je veux tenter de le savoir. Je veux dire, je suis ton esclave, c’est donc normal que je dorme à tes côtés si tu as des « pulsions », non ? »

« Arrête donc tes blagues, Manelena. Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas le cas. »

« Oh, on doit donc arrêter la comédie ? Dire que je trouvais cela plutôt plaisant. Maintenant, je dois avouer que je suis un peu déçue en fin de compte. »

Comme si elle l’était vraiment. Dire qu’ils dormaient dans la même tente, sans que ça ne la dérange. Il avait surtout la sensation qu’il avait ouvert une boîte qui aurait dû rester scellée. Pas qu’il regrettait ces moments avec Manelena, du moins pas ce genre de regret mais…

« Tu sais, Tery. Maintenant que ce qui est fait est fait, je n’ai plus vraiment à le cacher. Oh, l’excuse de l’esclave ne pourra plus durer très longtemps mais bon, je pense qu’il me faudra m’y faire hein ? Cela est vraiment dommage mais j’ai eu quelque chose de ta part et ça, Tery, tu ne pourras jamais me le retirer. »

« C’est… vrai. Je reconnais amplement ce que tu dis par là. Mais bon, je ne veux pas que tu penses que ça peut se reproduire et faire comme si je n’avais rien à côté. »

« Mais si nous retrouvons Elen ? Qu’est-ce que tu vas lui dire ? » demanda Manelena alors qu’elle se relevait comme lui.

Se rhabillant correctement, il ne répondit pas tout de suite à la question de Manelena. Est-ce qu’il y réfléchissait ? Pas vraiment car il connaissait déjà la réponse. Oui, il n’y en avait qu’une seule qui importait :

« Je pensais l’avoir déjà dit mais bon, je vais peut-être me répéter : je compte lui expliquer ce qui s’est passé. Les nombreuses fois où… nous avons fait tout ça. »

« Et les raisons de ces différentes fois ? Car bon, il n’y a pas qu’une ou deux fois hein ? Je crois que je ne peux plus vraiment les compter maintenant. »

« Le but n’est pas de les compter. Il n’y a aucun record à battre ou autre. Simplement… Ah… On ne va pas ravoir cette discussion. Je vais aller prendre l’air et manger un morceau. »

Oui, se mettre quelque chose dans l’estomac lui fera le plus grand bien. Puis surtout, au moins, il n’aura pas à discuter avec Manelena. Ce sujet n’était pas tabou mais elle le remettait souvent sur la table, comme un trophée. Il comprenait bien qu’elle était « heureuse » de cette situation où elle était « libre » de l’aimer et inversement mais lui.. mais lui… C’était lui le véritable fautif dans cette histoire.

« Et en tant que tel, je ne devrais pas me réjouir, loin de là. »

C’était pourquoi il gardait une mine un peu sombre par rapport à tout ça. Il ne voulait pas fanfaronner. Peut-être que certains appréciaient l’idée d’être courtisé par la reine de Shunter tout en étant marié à une magnifique femme mais lui ? Hmm… Non. Il n’aimait pas l’idée d’être content. Mais en n’étant pas content, cela donnait l’impression qu’il n’appréciait pas ce qu’il faisait avec Manelena.

Oui, il appréciait grandement leur petit jeu à deux, le fait de dormir ensemble et tout le reste. Ce n’était pas du tout pareil qu’avec Elise car il la considérait comme sa petite sœur. Mais Manelena ? C’était une femme, une vraie femme. Une femme comme il n’en existait pas d’autres. Il pouvait considérer tout ce qu’il voulait, penser tout ce qu’il avait en tête, Manelena était une femme qui lui avait mis le grappin dessus.


Ce qui s’était passé à la capitale n’était que la suite et la concrétisation de cette scène dans la bibliothèque, cet instant où elle l’avait embrassé. Il ne pouvait pas ignorer que cela semblait logique à emmener tout ça hein ?


Manelena. Hmm… Il aimait penser à elle. La femme aux cheveux argentés était toute aussi importante qu’Elen, peut-être pas pour les mêmes raisons mais elle l’était. Il devait s’empêcher de sourire car il appréciait les moments avec Manelena.

« Bonjour, chef. Vous avez bien dormi ? »

« Hmm ? Moi ? Ah oui, chef, j’oubliais parfois que c’est ce terme. Je suis tellement pas habitué. Disons que oui, j’ai bien dormi. Vous êtes là depuis longtemps ? Je veux dire, votre garde a commencé depuis combien de temps ? »

« Oh deux ou trois heures au grand maximum, vous inquiétez pas pour le sommeil ! »

« Vous vous reposerez pendant les déplacements. Vu que nous avons des véhicules avec nous, vous pourrez alors faire une partie du chemin dans l’un d’entre eux. »

« Oh merci beaucoup, chef ! »

Il fit un geste pour dire que ce n’était pas bien important. Il allait avoir une petite discussion avec Héraisty. Même si Manelena restait très proche, Héraisty était plus ou moins celle à qui il confiait différentes directives qu’il avait en tête. Il retrouva très vite la démone à lunettes qui était visiblement déjà réveillée depuis pas mal de temps.

« Eh bien, que tu viennes me voir, j’imagine que ce n’est pas pour prendre de mes nouvelles, n’est-ce pas, Tery ? »

« Faux… Comment vas-tu ? Et vrai… Oui, j’avais besoin de tes conseils et des avis sur plusieurs petites choses qui me tracassent. »

« Hmmm ? Alors, je vais bien, merci. Cela reste toujours un peu perturbant de ne plus dormir sur un matelas mais bon, à force, disons que je commence à m’y habituer. Tu peux dire sinon ce qui te perturbe, Tery. J’espère juste que ce n’est pas la même chose qu’hier. »

« Pas exactement… Enfin si… Mais juste un peu, bon en fait. Parlons. »

Maintenant qu’il avait besoin de converser, c’était juste difficile. Comment lui expliquer exactement ? Hmm… Bon, elle allait sûrement lui en vouloir mais il fallait bien lui dire et lui expliquer tout ça hein ?

« Bon. C’est par rapport aux nouvelles recrues. Je sais bien que tu m’as dit qu’elles sont toutes prêtes à tout comme les autres mais… »

« Tu voudrais que je vois pour suivre leurs faits et gestes. Tery, qu’est-ce que j’ai déjà dit au sujet de la paranoïa ? »

« Je ne peux pas m’en empêcher. J’ai déjà eu tellement de coups dans le dos que ce dernier est un vrai gruyère ! Est-ce que tu es certaine qu’elles sont de confiance ? Qu’elles viennent de toi ? Du roi ? Car si nous allons dans un village et qu’elles posent des problèmes, il ne faudra pas hésiter à avoir une conversation avec elles. »

« Une conversation, pas une mise à mort, Tery. Certains peuvent se tromper, c’est aux autres de leur montrer comment faire. Et puis, je te rappelle que nous sommes mixtes en terme de races. Nous avons un peu de tout. »

« Sauf des Mékalarmiens, mais eux, je ne suis pas certain qu’ils auraient accepté cela. »

Et il avait haussé les épaules à ses propres paroles. Oui, cela lui faisait ni chaud, ni froid. Il s’en fichait complètement des Mékalarmiens. Des gnomolds sympathiques comme Ernold, il en avait rencontrés mais des Mékalarmiens ? Pas du tout.


Pourtant, il était certain que cela devait exister. Oui, que quelque part, des Mékalarmiens sympathiques devaient exister mais non, même à Midès, il se rappelait que même s’ils n’étaient pas agressifs, les Mékalarmiens rencontrés étaient du genre très virulents dans eurs propos. Il finit par marmonner :

« Désolé d’être revenu sur ce sujet. C’était juste par instinct de protection. »

« De toute façon, s’il n’arrive ne serait-ce que des rumeurs à ce sujet, ne t’en fait pas que je tiendrais au courant, Tery. Je ne vais pas laisser briser ce projet par quelques personnes mal-intentionnées. Il en est hors de question. »

« Si tu as de telles convictions, je n’ai plus donc plus qu’à me plier à tes dires, Héraisty. »

« Héhéhé, ce n’est pas si mal d’être en position de force pour une fois, hahaha. J’aime bien cette sensation ! »

« Hey, tu ne vas pas commencer à t’y habituer non plus hein ? On va finir par croire que tu risques de prendre la grosse tête. »

« Surtout moi, n’est-ce pas ? Cela ne serait pas très crédible de ma part même si je dois te remercier pour tout ça. Avant de vous connaître, toi et Elise, je ne pensais pas à un tel avenir. En fait, je n’avais même pas idée que cela serait possible. Vous avez vraiment changé ma vision du monde souterrain mais aussi de la surface. Et pour cela, je ne pourrais jamais assez vous remercier tous les deux. »

« Rah… C’est un peu gênant ce que tu es en train de dire. Enfin, je vais juste accepter tes paroles, voilà tout. Je n’ai aucune raison de les refuser. »

Mais il était vrai qu’il avait le rouge aux oreilles avec tout ça. Ahem…. Bon, ce n’était pas forcément bien important. Il allait retrouver une certaine contenance et zou. Rapidement, le petit déjeuner avait été consommé et la route reprise.

Ils n’allaient pas prendre trop de temps non plus. Sans savoir exactement ce qu’ils allaient prendre comme destination, cela pouvait être dangereux. Même si sur la fin, il était vrai qu’ils n’avaient plus été attaqués par les monstres, ça ne voulait rien dire.

D’ailleurs, sur le chemin, il cherchait à faire un peu de conversation avec tout le monde, reprendre des nouvelles et tout. Savoir comment cela s’était passé pour eux au sujet de leur cohabitation entre surfaciens et démons. Oui, ça ne coûtait rien du tout de demander et surtout, cela permettrait de voir s’ils avaient eu quelques soucis ou non.

Heureusement, de ce qu’il semblait entendre, tout allait pour le mieux ou presque. Oui, les différentes familles démoniaques avaient accepté l’arrivée d’une nouvelle personne, quitte à la faire passer pour « esclave » comme lui avec la reine de Shunter. Il préférait ne pas donner plus d’informations de son côté mais il semblerait qu’ils aient gagné aussi quelques faveurs et places dans les dites-familles.

Et pour les rivalités ? Eh bien, il y en avait mais très rapidement, les familles qui « possédaient » ces surfaciens avaient décidé de collaborer dans l’ombre pour éviter les ennuis et surtout que d’autres familles tentent de les agresser ou commettre d’autres crimes pour espérer mettre la main sur les surfaciens.

À les écouter, il avait l’impression que les démons considéraient les surfaciens comme des objets et il y avait sûrement une part de vérité dans tout ça. Mais à côté, ils avaient réagit en conséquence de cette mort horrible qui était arrivée, dès les premiers jours dans la capitale.

Oui… Il s’en rappelait lui aussi. Cela était bon d’en savoir plus à ce sujet. Cela permettait alors de se préparer, parfois pour le pire. Mais là, sur le coup, ils étaient au courant et tous liés. Quand il avait le dos tourné, il semblerait que les démons collaboraient entre eux et c’était une excellente nouvelle.

« Alors, un peu rassuré, Tery ? »

« Plus que je ne le pensais, Héraisty. En même temps, tu as bien fait de me répondre, hier. J’ai appris au sujet des démons et de leurs familles, je ne savais pas que ça se passait ainsi. Par contre, vu que tu connais des noms, est-ce que… »

« Oui, il y a bien des démons qui sont issus de certaines familles présentes auparavant. Il semblerait que même si les démons précédents ne sont plus là et que certains surfaciens aussi, les familles ont décidé de nous envoyer d’autres membres et surtout plus puissants que les précédents. Comme quoi, ils y voient aussi un intérêt. »

« Même si je ne pense pas que ça soit juste pour la beauté du geste, n’est-ce pas, Héraisty ? Pas besoin de me mentir sur le coup, je m’en doute, hein ? »

« Pas vraiment. Ils considèrent qu’avoir un surfacien à leurs côtés permettra de gagner du galion dans l’échelle de la noblesse. Avec les connaissances de la surface, ils pensent pouvoir profiter d’une avance confortable sur d’autres. »

« Et c’est donc en partie à cause de moi qu’une nouvelle « faction » vient de voir le jour ? »

« On peut pas dire que c’est de ta faute, plutôt que c’est grâce à toi ? Tout cela va dépendre de comment ils vont utiliser ces informations. Si c’est pour se mettre au même rang que les autres familles, bien plus puissantes, pourquoi pas ? Si c’est pour en abuser, cela ne va pas donner de jolis résultats, loin de là. »

Il haussa simplement les épaules aux propos de la demoiselle. Il n’allait pas lui donner tort alors qu’elle expliquait clairement ce qu’il comprenait plus ou moins. Cela voulait juste dire qu’il ne fallait pas croire que tout allait être rose bonbon quand même.


Bon ! Au moins, il était en meilleure forme qu’auparavant et le moral était retrouvé ! Manelena à ses côtés, avec son épaisse armure noire, il pouvait alors avoir un rythme plus normal qu’auparavant. Ouais, il sentait déjà les bienfaits de ne pas avoir à prétendre que Manelena était son esclave !

« Hmm… Des fois, je crois que j’aimerais bien lire ce qui se passe dans ton crâne, Tery. »

« Tu serais vraiment très déçue, Manelena, je tiens à te le dire. »

« Hmm… J’imagine que ça doit dépendre de tes pensées. Est-ce qu’il y en a qui me concernent ? Peut-être le fait que je suis à nouveau ta reine et non ton esclave ? »

Humpf ! Il pouffa juste un peu, ayant un léger sourire aux propos de la femme aux cheveux argentés, cheveux comme visage cachés par son casque. Celle-ci s’arrêta pendant quelques instants avant de très vite retrouver son rythme dans ses pas.

« Hmm ? Je ne pense pas avoir dit quelque chose d’amusant, Tery. »

« Non, non. Disons juste que tu n’es pas mon esclave mais tu n’es pas ma reine non plus. »

« Alors qu’est-ce que je suis, petit malin ? Comme tu sembles avoir de la suite dans les idées, j’ai bien envie maintenant de voir comment tu me considères ? »

« Comme l’une des personnes les plus proches et importantes à mes yeux, autant que ma mère, mes grands-parents ou Elen. »

« Je trouve que c’est une position plutôt pas mal. Je suis donc au même rang que la famille, c’est ça ? Et même à un certain autre stade, hein ? »

Et là, il n’allait pas lui confirmer ses propos, loin de là. Et non, ce n’était pas parce qu’il était gêné, mais plus parce qu’il voulait s’amuser des réactions de Manelena. Sur le coup, il allait juste signaler qu’il devait voir un peu le reste des troupes et la laisser seule. Oui, il avait juste envie de l’embêter, même si ça ne serait que juste un tout petit peu. Pas besoin de beaucoup plus, il en était certain ! Et cela lui permettrait de se venger un petit peu.

Oh, c’était quand même assez puéril de sa part mais sur le coup, il trouvait que ça serait une bien bonne façon d’embêter Manelena sans que cela ne soit dangereux ou stupide. De toute façon, cela lui permettrait de continuer à décompresser.

Et comme il en était convenu, ils allaient tout faire pour remonter le plus rapidement au niveau de la surface sans pour autant y retourner. Oui, ils allaient voir des villages proches de la surface en espérant que la communication et la collaboration seront possibles.

« Oh d’ailleurs, je voulais te dire, Tery, maintenant que tu as lâché un peu Manelena, est-ce que tu étais au courant au sujet de la surface ? »

« Qu’est-ce qu’il y a avec la surface ? Ne me dit pas qu’il y a des problèmes ! »

« Je ne peux pas répondre à cette affirmation car je n’en sais rien du tout, malheureusement. Ce que je peux juste te dire, par contre, c’est que c’est devenu assez fréquent que des groupes de la surface viennent explorer le monde souterrain. Il semblerait que certaines zones laissent leurs portes ouvertes, tant qu’ils ont quelque chose au bout en contrepartie. »

« En un sens, cela est assez bénéfique, tu ne crois pas ? Même si les démons se font achetés, cela veut dire qu’ils ont une petite parcelle de confiance envers les autres races. »

« Après, cela peut dépendre d’autre chose, Tery. Si ce sont des démons à la solde d’Haiktos ou Halyza, il y a de fortes chances qu’ils les laissent pas pour emmener plus de forces extérieures sous la surface. »

« Et ce n’est pas toi qui me disait d’arrêter de psychoter ? »

« Entre psychoter sur tout et émettre plusieurs hypothèses plausibles, c’est différent, Tery. »

« Je le sais bien mais ça reste un tout petit peu vexant, tu sais ? Enfin, je ne vais pas me vexer pour ça mais tu dois reconnaître que ce n’est pas super plaisant. Enfin… Le plus important, c’est de garder la tête sur les épaules. Nous avons pas mal de marche à faire. Par contre, si nous trouvons une ville ou un village sur notre chemin, nous sommes d’accord que l’on va quand même s’y rendre hein ? On évite d’ignorer ça. »

« Je pense, oui. Même si nous ferons encore une fois attention, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Tu parles du fait que certains démons dans les villes ou villages pourraient nous causer du tort en travaillant pour eux ? C’est raisonnable comme remarque. Oui, on va la prendre en compte et on verra ensuite. »

C’était le mieux qu’ils pouvaient faire. Donner leur confiance mais pas trop. Dans le fond, il comprenait qu’Héraisty gardait la tête sur les épaules malgré le fait qu’il pensait qu’elle était trop candide. Il oubliait parfois qu’elle était une démone, une démone de la capitale plus précisément. Et qu’elle avait eu un chef plutôt problématique.

Ainsi, oui, elle avait de l’expérience. Par contre, en parlant de ce fameux chef, il ne se rappelait plus de son nom mais il avait été vraiment exaspérant. Puisqu’ils en étaient à marcher tranquillement, côte à côte, il pouvait lui demander.

« Dis moi… Le démon qui était un peu ton supérieur chez les renifleurs, il est devenu quoi ? Je me dis maintenant que j’ai aucune nouvelle de lui. »

« Jyanos ? Hmm… Eh bien, il a disparu du jour au lendemain quand l’empereur Malark a commencé à faire une petite purge. »

« Ah ? C’est vrai ? Et euh… Donc rien d’autre à son sujet ? »

« Bof, de ce que j’ai cru comprendre en tendant l’oreille au travail, il semblerait qu’il avait peur pour sa vie car il cachait bien difficilement le fait qu’il était au service d’Halyza. Comme quoi, en faire trop ne veut pas forcément dire que tout se termine bien. »

« Je dirais bien que c’est bien fait pour lui mais bon… »

« Pourquoi est-ce que tu t’intéresses à ça maintenant ? Je veux dire, pourquoi tu cherches à en savoir à son sujet après tout ce temps ? » demanda Héraisty alors qu’il lui répondait presqu’aussitôt de manière honnête :

« Je voulais éviter que l’on tombe dessus par accident et qu’on lui fasse mal, beaucoup trop de mal. Je n’avais pas beaucoup apprécié ton traitement, personnellement. Et je sais qu’Elise n’aurait aucun problème à laisser s’échapper une flamme ou deux sur son corps « par inadvertance » si tu vois ce que je veux dire exactement. »

« Oui, oui, ne t’en fait pas, je n’ai pas besoin de plus de détails, hahaha. Ah… C’est gentil de votre part mais je pense que je peux gérer ce cas précis par moi-même. »

Elle avait rigolé légèrement mais il comprenait bien que le cas Jyanos lui tenait à coeur et pas forcément pour de bonnes raisons. Même si elle n’était pas spécialement violente ou revancharde, il sentait bien que s’il arrivait quelque chose à Jyanos, elle n’irait pas pleurer sur le cadavre de ce dernier.

Ah… Maintenant, avec cette marche et les retrouvailles, il devait quand même avouer quelque chose : il se sentait bien mieux dès l’instant où il ne devait pas rester en place. À force de voyager avec Elen et les autres, il avait pris goût au fait de se déplacer en continu. Oh, il n’était pas stupide, il ne devait pas se leurrer. Il savait bien qu’un jour ou l’autre, il lui faudra s’installer et ne plus réellement bouger de là… mais ce jour n’était pas encore arrivé. Il était jeune, il avait tellement de projets et avec les nombreux soucis qui pesaient sur ses épaules, faire comme si de rien n’était et les ignorer, cela ne mènerait à rien de bon.

Il se demandait juste ce qu’Elise et les autres étaient en train de faire. Envoyer du courrier aurait été une grosse erreur, surtout que beaucoup de démons seraient capables d’intercepter les lettres, c’est pourquoi il n’avait jamais envisagé cette possibilité. Oui, il fallait garder les idées claires dans sa tête.

« Je me demande seulement si Elise et les autres sont parmi ces groupes qui descendent dans les souterrains. »

Il se posait réellement la question. Si tel était le cas, il y avait peut-être une infime chance qu’il retrouve tout le monde. Oui… surtout Elen.

Chapitre 33 : Entre souterrain et surface

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Entre souterrain et surface

« Bon, j’ai eu les dernières recommandations de l’empereur. »

« Et qu’est-ce qu’il nous recommande alors, Tery ? »


Il était dans sa chambre avec Manelena. Maintenant qu’ils étaient certains de pouvoir repartir, le jeune homme semblait beaucoup mieux et ne s’en cachait pas. Grand sourire, il répondit sur un ton plus enjoué :

« Nous allons devoir tout simplement nous rendre aux différents étages sous la surface. Enfin, nous allons remonter et tenter de rencontrer un maximum de villages sur notre route. »

« Si nous ne pouvons pas avoir les nobles de notre côté, il vaut mieux alors tenter d’avoir d’abord le bas peuple, ceux qui composent la majorité du royaume. Oui, c’est une bonne idée. Même face à un soulèvement de foule, les nobles, qu’importe leurs races, sont bien obligés de se plier au peuple, même si cela finit souvent dans le sang. »

« Oui, enfin, si on peut éviter à ce stade, j’aimerais quand même. »

« Cela ne semble assez compromis. Mais d’abord, réussir à avoir un maximum de soutien de la part des citoyens des différentes villes mais aussi des plus petits villages, ce n’est pas une idée absurde. Simplement, avec une armée composée de démons de la capitale mais aussi de gens de la surface, il y a de fortes chances qu’ils aient peur de nous. »

« C’est pour cela qu’il faudra se montrer assez rassurant. Tu penses que c’est réalisable ? »

« Hmmm, si tu passes devant nous autres, j’imagine que oui. Tu as une tête qui aide naturellement à être sympathique envers toi. »

« Je ne sais pas comment je dois prendre ça. Comme un compliment ou non ? »

Il avait cligné des yeux tout en soupirant un petit peu. Ce n’était pas que ce n’était pas plaisant, loin de là. Mais pourtant, il avait la sensation qu’elle se moquait de lui, oh avec gentillesse mais quand même. Elle colla son front contre le sien avant de dire :

« Dis toi que tu as réussi à te mettre l’ex-maréchale de Shunter mais aussi l’actuelle reine de ce royaume dans ta poche. Puis aussi le roi de Traslord, la future princière héritière des démons et… diverses autres personnes. »

Hmm. Elle marquait un point. Enfin, c’était vrai qu’il avait été souvent bien entouré et que même pour les gnomolds, il avait aussi réussi à communiquer avec eux. Peut-être que sans « ses » crises, il était du genre à avoir des personnes auprès de lui aisément ?

« Bon… Ah… Manelena, est-ce que tu peux enfiler ta tenue d’avant ? Enfin, tu vois de laquelle je veux parler et non celle « d’avant » genre ce matin. »

Elle ne pouvait s’empêcher de sourire et de rire à la remarque de Tery. S’il était obligé de préciser une telle chose, c’est qu’elle connaissait parfaitement la raison. Il fallait dire qu’il était aisé de l’embarrasser au réveil.

« Je vois, je vois. Tu parles de ça, non ? »

Comme s’il n’avait fallut qu’un instant, la jeune femme se retrouva subitement recouverte d’une épaisse couche de métal noir. Cela faisait longtemps, vraiment très longtemps qu’il n’avait plus cette armure et il ne pouvait s’empêcher de dire :

« Je dois avouer que cela me manquait quand même un peu, sur le coup. »

« De te faire martyriser par une femme en armure ? Je note que tu as des fantasmes assez saugrenus, Tery. Je ne crois pas être capable de les apprécier à leur juste valeur. »

« Ce n’est pas une question de ça ! Pourquoi est-ce que tu rapportes toujours le tout à la chose ? C’est vraiment embarrassant à force ! »

« Eh bien, car je sais que c’est ainsi que je peux te faire mien ? »

HEIN ?! Il ne marchait pas de la sorte ! Enfin, non ! Pas qu’elle pense qu’il était juste ainsi et pas autrement ! C’était pas du tout le cas ! Il valait bien mieux que ça ! Pourquoi est-ce qu’elle s’imaginait des choses de la sorte !

« Eh bien, Tery. Allons-y maintenant, non ? Donnons à ces démons une raison de me craindre. Qu’ils voient ce que je suis réellement en fin de compte. »

« J’ai presque l’impression que tu es en colère, Manelena. »

« En colère ? Oh non, non, pas du tout. Simplement, ils vont avoir une mauvaise surprise s’ils décident de chercher à savoir qui est sous cette armure. »

« S’il te plaît, je ne veux pas que tu cherches à les tuer, d’accord ? »

« Oh, vu ce qu’ils ont tenté de me faire et ce qu’ils ont fait à d’autre, cela serait pourtant normal, non ? Tu ne crois pas ? »

« Non, s’il te plaît. Tu sais très bien que la vengeance n’emmène à rien de bon. J’en sais quelque chose moi aussi… et personne n’en ressortira gagnant. S’il te plaît. »

« Tu peux te répéter… et pff… tu sais très bien que je ne serais pas capable d’une telle chose. Mon but n’est pas de tout ravager. Disons simplement qu’ils ont laissé passer leur chance de régler ça calmement et posément. Ils sont les seuls responsables de cette situation et ça, ils vont devoir se l’inscrire dans le crâne pour plus tard. »

Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main dans ces derniers, visiblement bien embêté. Mais bon, il n’était pas l’heure de trop tarder sur tout ça. Il prit simplement une profonde respiration avant de se mettre en route.

Ils avaient décidé de se réunir à l’extérieur de la Cité. Normalement, il avait indiqué une heure précise, même si malgré tout le temps passé, il avait beaucoup de mal à se dire s’il était en avance ou en retard. Heureusement, lorsqu’ils arrivèrent tous les deux, il n’y avait bien qu’Héraisty et Sigéla qui étaient présentes. Oui, il avait retenu son nom à force.

« Vous n’avez pas de soucis de votre côté ? »

« Pas vraiment, les gardes nous laissent passer assez souvent. Ils ont l’habitude que je fasse quelques excursions dans les alentours, hahaha ! »

« Tant mieux alors si tu n’as pas de soucis, je voudrais éviter que ça finisse mal ou autre. »

« Hmm ? Comment ça ? Je viens de te dire que tout allait bien, Tery. » vint reprendre Héraisty alors qu’il répondait presqu’aussitôt :

« Simplement que je n’ai pas confiance en grand monde dans la capitale et… »

« Les gardes sont plutôt sympathiques, tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. Ils sont plus de notre côté que l’inverse si c’est vraiment ça qui t’inquiète. »

« Hmm ? Et qu’est-ce qui te fait dire ça exactement, Héraisty ? »

« Oh tout simplement ce que j’en sais hein ? Ou alors, juste qu’avec le temps, j’ai appris que les soldats étaient issus des castes des nobles des plus petites familles de la capitale, ce qui fait qu’ils n’ont pas la grosse tête ou autre. »

« Oui mais ça ne change pas qu’il y a un risque que pour avoir juste un peu plus de pouvoir, ils puissent prévenir des personnes mal-intentionnées de notre présence. »

« Je sais très bien que beaucoup sont quand même très problématiques mais là, Tery, faut quand même avouer que ça frôle la psychose. »

« Je sais parfaitement que j’ai un souci ! Pas besoin de me le dire ! C’est juste que… Enfin, c’est comme ça ! Je n’ai pas d’autres choix ! Je suis juste un peu fatigué ! »

« Espérons que ça ira mieux quand les autres seront là. »

La démone à lunettes avait juste soupiré légèrement. Sans être agacée par les propos de Tery, elle devait avouer que l’entendre se préoccuper de tout ce qui l’entourait, cela pouvait être épuisant mentalement. Heureusement, Manelena fit la conversation avec elle et Sigéla tandis que peu à peu, d’autres démons et surfaciens arrivaient.

« Est-ce que c’est moi ou alors, nous sommes un peu moins nombreux qu’auparavant ? »

« Certains ont eu des « soucis » comme… tu t’en rappelles. D’autres ont décidé de ne pas venir car ils ont obtenu une place plus importante dans leurs familles. Néanmoins, j’ai vérifié pour de nouveaux arrivants dans notre groupe. »

« Bon, avec ce que tu m’as dit, j’imagine que je dois te faire confiance donc je ne vais pas te demander d’où est-ce qu’ils viennent. Si tu es certaine qu’ils et elles sont sûrs, alors tant mieux. Mais maintenant, est-ce qu’ils sont au courant de notre mission ? Sans rentrer dans les détails, bien entendu. »

« Disons qu’ils sont au courant des grandes lignes, cela devrait être suffisant, non ? »

« Oui, enfin, pour ceux qui n’étaient pas là au tout début, oui, j’imagine que c’est suffisant. Mais maintenant, pour le reste, je ne suis pas vraiment certain, je dois avouer. »

« Ce n’est pas une question de certitude, Tery. Enfin bon, j’imagine que tout ça va revenir à la normale dans les prochaines heures ou jours. »

Manelena avait simplement haussé les épaules, comme pour signaler que maintenant, cela ne la concernait plus vraiment. Tery la regarda, baissant un peu les yeux ensuite. Il était content de reprendre l’aventure mais… est-ce que ça allait être suffisant ?

Peut-être tout simplement qu’il se faisait des illusions ? Pourquoi est-ce que maintenant, il ne se sentait plus assez rassuré ? Manelena se rapprocha de lui, posant une main gantelée de métal noir sur son crâne.

« Il faut que tu arrêtes de te malmener la cervelle, Tery, vraiment. »

« Je voudrais bien mais ce n’est pas aussi simple que ça et tu le sais parfaitement. »

« Oui, je le sais parfaitement et c’est pour ça que je te dis justement de ne pas t’en faire plus que nécessaire. On réglera ça comme il faut. »

Régler ça comme il le faut. À l’entendre, on pourrait croire qu’elle l’invitait à se battre dans un futur proche. Ce qui n’était pas du tout son intention, loin de là. Il eut une petite moue, pas vraiment boudeuse, en direction de Manelena mais hocha la tête quand même une nouvelle fois. Ils pouvaient se mettre en route après les dernières vérifications.


Oui, il observait les différentes personnes qui étaient présentes. Il reconnaissait les forgerons, les cuisiniers, les soldats, les éclaireurs, et tout le reste. Oui, il faisait juste un petit tour des environs pour être certain tandis qu’Héraisty marchait à ses côtés, bloc-notes dans ses mains. Tout sourire, elle disait :

« Je me doutais que tu voudrais en savoir plus, c’est pourquoi je suis là avec ce qu’il faut. TU veux donc un aperçu ou des détails de tout le monde ? »

« Un maximum si possible même si bon, je ne dois pas trop rêver, c’est ça ? »

« Tu fais bien de rêver et d’espérer car c’est pourtant le cas, Tery. J’ai déjà pas mal d’informations à ce sujet et plus de détails encore car je me doutais que tu aimerais en connaître bien plus sur les personnes qui t’entourent, hahaha ! »

« Qu’est-ce qui a de si drôle ? Tu peux me le dire ? »

« Rien du tout… mais le fait que tu t’emportes pour aussi peu, Tery, montre que ça n’a pas été une partie de plaisir, n’est-ce pas ? Ces dernières semaines. C’est ça. Je veux tenter de te faire sourire et rire, que tu ressembles plus au Tery que j’ai rencontré la première fois. Tu as remarqué que ça fait déjà pas mal de temps que tu es arrivé ici ? Est-ce que tu t’en es rendu compte ou pas ? «

« Oui, oui. Je me demande si je n’ai pas dépassé l’année depuis que je suis sous la surface. »

Et il voyait bien ce qu’elle tentait de faire. Oui, c’était très sympathique de sa part et… il devait aussi avouer que ça lui faisait du bien de voir tout le monde réuni à nouveau ou presque. Même si cela n’avait duré quelques semaines, certains étaient morts, d’autres avaient décidé de rester dans leurs familles respectives. C’était plus que compréhensible. Mais de nouvelles personnes, cela voulait dire de nouvelles rencontres, non ?

Oui, ça ne sera pas une mauvaise chose. Il en est certain. Il devait penser de la sorte et tout ira pour le mieux ensuite. Un petit sourire vint enfin se dessiner sur ses lèvres avant qu’il ne passe une main sur les cheveux d’Héraisty, lui disant :

« J’aurai le temps de faire bien plus connaissance pendant les repas et autres. »

« Tu vois ? Ça va mieux non ? Quand tu te mets à positiver, tu ne crois pas ? »

« Je ne sais pas si ça sera aussi simple que de « positiver » mais on va essayer, hein ? Qu’est-ce que j’ai réellement à perdre à ce sujet ? »

« Pas grand-chose si tu veux tout savoir, hahaha ! »

Et elle rigolait à nouveau, lui-même faisant juste une petite moue amusée. Oui, c’était ainsi et pas autrement, n’est-ce pas ? Il avait juste un léger sourire aux lèvres, comme elle tandis qu’ils étaient l’heure de s’éloigner de la capitale. Aussitôt, Manelena se plaça à côté de lui, dans son armure complète qui cachait même sa tête via le casque.

« Manelena, qu’est-ce que tu en penses ? On tente tout de suite de faire ami-ami avec les premiers villages que nous trouverons ? Ou alors, on monte et on tentera une communication avec ceux proches de la surface ? »

« Si on veut des résultats immédiats, le plus tôt serait le mieux. Mais je penche plus pour le second point, cela me semble meilleur pour nos troupes. »

« C’est aussi ce que j’envisageais. Tant mieux alors, au moins, je ne vais pas faire n’importe quoi. J’ai l’impression d’avoir perdu la main. »

« Ou plutôt la confiance en soi, non ? Car de ce que j’en pense, tu te débrouilles plutôt bien pour le moment. Il n’y a rien à te reprocher, loin de là. »

Ah ! Elle pouvait le complimenter elle aussi, il allait prendre ces compliments avec le sourire. Oui, il était content de voir que les gens appréciaient quand même son travail, dans tous les cas. Oui… C’était comme ça qu’il devait voir les choses.

Le plus important, c’est qu’il n’avait aucune voix dans sa tête qui lui disait s’il commettait une erreur ou non. Ou alors de tout simplement tout ravager. Vraiment… Dire qu’il était issu du Dévoreur. Comment est-ce que… sa mère allait prendre cette nouvelle ? Non, peut-être ne rien lui dire. Parfois, ne pas savoir est la meilleure chose qui peut arriver.

Oui… Il allait garder cela secret. Déjà le fait qu’il soit un démon avait sûrement perturbé plus que nécessaire sa mère, si on rajoutait le fait que son père était un vrai lâche qui avait abandonné son enfant, mais aussi que c’était aussi un démon, comme lui…

« Ça en fait beaucoup pour une femme de son âge. » dit-il à voix basse mais pas assez faiblement pour que Manelena ne puisse pas l’entendre.

« De quelle femme est-ce que tu parles, Tery ? Fais quand même très attention à ce que tu risques de dire, je ne voudrais pas que tu le regrettes plus tard. »

« Je pensais à ma mère et ça m’apprendra à parler à voix haute. Je me disais simplement qu’entre le fait que je sois un démon, que mon père a été un traître, un lâche, un démon et tout plein de choses mais aussi le fait que je sois le fruit d’une expérience souterrain douteuse et qu’en réalité, je suis issu de « lui », cela ferait beaucoup pour elle. C’est pour ça que je me dis qu’il vaudrait mieux pour moi que j’évite de lui en parler. »

« Ta mère n’est pas si vieille que ça. Elle ne doit même pas avoir la cinquantaine. Peut-être la quarantaine bien avancée, non ? Mais tu aimes bien la titiller, non ? »

« C’est ma mère et disons qu’elle n’a pas été des plus tendres avec moi. Mais bon, en même temps, je sais parfaitement qu’elle faisait tout cela pour moi. Je ne peux pas lui en vouloir non plus… et elle manque énormément. »

« C’est une sacrée femme quand même. Je veux dire, entre son tempérament mais aussi son histoire, j’en connais pas tellement qui seraient capables d’agir comme elle et d’oublier complètement son titre de noblesse en faisant comme si de rien n’était. »

« Elle me fait quand même penser à toi, en un sens. Tu en as rien à faire de ton titre de reine de Shunter et du reste. »

« Hmm ? Est-ce que tu insinues donc qu’en un sens, je suis déjà de ta famille, Tery ? »

« Je n’ai jamais dit ça ! Enfin, pas de la sorte ! Simplement que je peux comprendre pourquoi est-ce que tu t’entends si bien avec elle, c’est tout. »

Elle s’empêcha de lui signaler qu’il fallait bien être une forte tête avec un type comme lui. Puis bon, il ne pouvait pas voir le sourire qu’elle arborait sous son casque. Oui, elle allait juste rester discrète sur le coup même si elle trépignait presque de continuer la conversation.

Elle le sentait : il y avait beaucoup de changements en elle depuis qu’ils avaient vécu ensemble dans la capitale démoniaque. Elle ne pouvait pas ignorer tout cela, que ça soit son propre comportement, sa relation avec Tery, ce qui s’était passé, les changements et autres.

« Tery, au cas où, si tu as une crise, je veux que tu viennes me chercher, d’accord ? »

« Normalement, si nous nous éloignons de la capitale, c’est justement pour éviter que ça n’arrive, non ? Ou alors, j’ai mal compris la raison cachée de tout ça. »

« Non, non, c’est exact. Simplement, je veux que tu me préviennes le plus rapidement possible même si ce n’est que le moindre petit message mental, compris ? »

« D’accord, d’accord, Manelena. Je ne savais pas que tu te préoccupais autant de ma… AIE ! Là, ça fait mal, Manelena ! » s’exclama t-il en ayant pris un coup sur le dos du crâne.

« C’est pour t’apprendre à dire une aussi grosse stupidité. Tu ne devrais même pas mettre en doute le fait que je veux veiller sur toi. »

Peut-être que c’était tout simplement parce qu’il voulait éviter de se dire qu’ils s’étaient rapprochés plus que la moyenne. Oui, il y avait eu des scènes assez violentes mais charnelles aussi. Et c’était ces dernières qui revenaient souvent dans sa mémoire.

En même temps, comment pouvait-il ignorer le corps somptueux de la femme dans cette épaisse armure noire ? Combien de fois l’avait-il vu sans aucun habit pour le recouvrir ? Combien de fois s’était-il imaginé des choses plus que perverses entre Manelena et lui ? Avant même que tout cela ne se produise ? Lorsqu’ils voyageaient dans le monde souterrain ? Mais aussi bien avant, alors même qu’il était avec Elen.

Le fait qu’il soit un homme et que ça soit « normal » de penser ça, ça ne pardonnait pas sa conduite. Lorsqu’il allait retrouver Elen, il allait devoir s’expliquer à ce sujet. Lui faire face et lui dire. Il y avait peut-être des raisons à sa conduite mais ce qui avait été fait avait été fait. Et si elle ne voulait plus de lui, il comprendrait amplement sa réaction.


Oui, il devait envisager le pire en vue de la situation actuelle. Mais en même temps, ils étaient encore loin de retrouver Elen et les autres. D’un autre côté, il avait aussi un enfant avec elle bien qu’il n’avait pas réellement pu en profiter.

Et voilà. Dès qu’il ne parlait pas avec quelqu’un, ses pensées l’envahissaient trop rapidement et de telle façon qu’il avait alors l’impression que sa tête allait exploser. Il savait bien que ce n’était pas le cas mais quand même, il devait trouver un sujet de conversation.

« Manelena, dis-moi, qu’est-ce que tu comptes faire quand nous allons retrouver les autres ? Si du moins, nous les retrouvons. Je suis en train de me dire : tu as été absente pendant si longtemps à ton poste de reine de Shunter. Tu ne crois pas que cela risque de te porter préjudice ? Ou même que ton pouvoir risque de s’amoindrir ? »

« Hmm ? Non, ça ne m trotte pas plus que ça en tête. Hémurion fait du très bon travail et a souvent montré qu’il pouvait me remplacer. Dans les faits, je crois que je pars peu à peu vers un système comme celui de Traslord. Quand nous retrouverons Royan et les autres, je crois que je vais avoir une petite discussion avec lui. »

« Tu penses que c’est le meilleur choix à faire ? »

« Hmm, le meilleur, je ne sais pas mais je sais au moins que ça serait une bonne solution pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent. »

Les erreurs du passé. Oui, elle aussi avait eu un père pas forcément formidable. Si des gens s’étaient opposés à ses idées et avaient surtout eu les capacités pour cela, toute cette histoire ne se serait jamais produite.

Pour autant, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que si tel avait été le cas, elle n’aurait alors jamais connu Tery et vécu toutes ces choses. Alors oui, elle était satisfaite de la tournure actuellement des évènements et ne regrettait rien du tout. Oui, si elle devait faire se reproduire cela, ça serait sans aucune hésitation.

Chapitre 32 : Une nouvelle chance

ShiroiRyu
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Chapitre 32 : Une nouvelle chance

« Manelena ? Est-ce que… J’ai dormi correctement cette nuit ? »

Il s’était réveillé après elle et clairement, il était plus que soucieux. Oh, elle avait encore dormi avec lui, poitrine nue, sans aucune vergogne maintenant. Et lui-même s’était niché contre ses seins, comme pour se sentir apaisé. Cette nuit, il avait normalement dormi comme si de rien n’était mais vu que ce rien n’était… était justement plus problématique que prévu, il préférait se renseigner auprès de la jeune femme.

« C’est le cas, Tery. Tu n’as causé aucun problème ou dégâts. Est-ce que tu te sens un peu soulagé quand même ou non ? »

« Je ne suis pas certain de réellement l’être, je dois avouer mais… Merci, Manelena. Mais pourquoi tu es dans cette tenue ? Normalement, tu te couvres tout le temps en haut. »

« Hmm ? Oh… J’ai l’impression que cela te permet de mieux dormir. Tu n’aimes pas ? »

Encore une voix, elle employait un ton légèrement mutin, comme pour l’inviter à se laisser aller même si elle savait qu’il ne ferait rien. D’ailleurs, elle ne faisait que parler mais elle avait déjà tendu sa main pour enfiler à nouveau ses « guenilles » d’esclave.

« Est-ce que ma tenue est convenable pour le sieur Tery, maintenant ? »

« Merci bien, mademoiselle Manelena, des efforts que vous produisez à mon encontre. Ils sont notés et nous respectons vos choix. »

Puisqu’elle jouait à ça, ils pouvaient être alors deux, non ? Il avait simplement fait un petit sourire à son tour. Il se sentait mieux par rapport à hier, il devait l’avouer, beaucoup mieux même. Hmm… Il espérait que ça allait durer car sinon, il allait replonger dans la morosité et il savait bien que ça ne donnerait que du mauvais.

Heureusement le petit-déjeuner était plus tranquille qu’il ne le pensait et il appréciait le fait de manger sans avoir à se soucier de ce qui l’entourait. Dans tous les cas, la matinée se passa plus agréablement qu’il ne le pensait et il se sentait enfin un peu soulagé de voir qu’il avait déjà plus ou moins tiré un trait sur ce qui s’était passé hier.

Mais non, il savait tout aussi bien que ça ne serait pas aussi facile, surtout que le monarque avait encore demandé à les voir, lui et Manelena. Est-ce qu’ils allaient reparler du projet d’hier ? De retourner à la surface ? Il n’allait pas tarder à le connaître, Manelena aussi.

« Empereur Malark. Vous désiriez me voir aujourd’hui encore ? »

« C’est exact, Tery. Cette nuit a été bien plus tranquille, de ce que les gardes et servants ont pu me signaler. C’est une bonne chose. Est-ce que cela veut dire que ça ne va plus te reprendre ? Ou est-ce que tu entends encore sa voix ? »

« Pour le moment, ce sont plus quelques murmures et ils sont très rares. C’est à peine si ce sont des souffles incompréhensibles et dans tous les cas, je ne vais pas m’en plaindre. Mais voilà, vous savez tout à mon sujet, encore une fois. »

Il ne tentait même pas de cacher un peu son animosité. Il avait la sensation d’être pris pour un idiot de la part du monarque même s’il tentait de le cacher. Pour l’occasion, il continuait de le regarder avec ses yeux verts, attendant de voir ce qu’il allait dire.

« Bien… Donc prendre le large te permettra d’éviter que cela ne recommence. »

« Et donc, est-ce que cela a un rapport avec ce que vous voulez que l’on fasse ? Enfin, retourner à la surface et tout le reste ? Car bon… Ces dernières tentatives… »

« Je sais parfaitement ce qu’elles ont donné mais pourtant, je veux vous laisser la possibilité de vous rattraper, encore une fois et encore une fois. »

Il venait de se répéter exprès pour souligner le léger agacement qui l’animait quand il entendait la discussion. Pour autant, comme c’était lui qui avait lancé les hostilités et il repit la parole sur un ton assez came :

« Cela n’a pas changé ce pour quoi je veux vous envoyer à la surface. »

« Nous retrouverons Elise, Wandy et Zalek, soyez en certain. »

« Je veux être plus que certain par rapport aux évènements, vous comprenez que je commence à être lassé, non ? Si vous comprenez cela alors nous pouvons envisager que tout se passe pour le mieux, n’est-ce pas ? »

« Oui, oui, ne vous inquiétez donc pas à ce sujet. » répéta le jeune homme d’un air machinal. Peut-être que dans le fond, il était vraiment lassé de tout ça ? Et qu’il ne cherchait même plus à s’en cacher ? Oui, c’était sûrement ça.

Pour autant, il n’allait pas chercher la confrontation directe avec le monarque car ce n’était pas contre lui qu’il en avait sur le coeur mais simplement les règles démoniaques. Et aussi en bonne partie contre lui-même… à cause de ce qui s’était passé.

« Quand est-ce que nous devons partir ? » demanda une nouvelle fois Tery alors qu’il attendait la réponse de l’empereur qui fût plus rapide qu’il ne le pensait.

« Le plus tôt sera le mieux. D’ici une semaine au grand maximum, vous devez être à nouveau hors de la capitale. Cela te semble possible ? »

« Je ne dis pas que je ne vais pas y arriver mais comme je ne connais pas le nom de toutes les personnes qui étaient avec moi, je vais devoir d’abord me renseigner à ce sujet. Est-ce que je suis autorisé à utiliser les registres et autres pour me faciliter la tâche ? »

« Tu le peux mais… Tery Vanian, je veux que tu comprennes parfaitement la situation : Elise est vitale pour l’avenir des démons. Le reste de sa fratrie est bien moindre et… »

« Wandy et Zalex ne sont encore que des enfants. Ils n’ont pas été souillé par les idées absurdes de leurs aînés. Ne les mettez pas dans le même panier que les autres… s’il vous plaît, empereur Malark. » demanda Tery alors qu’il savait pertinemment qu’il venait de couper la parole au monarque et cela sans aucune réticence.

Il sentit une main se placer discrètement sur son dos, Manelena ayant fait cela malgré ses difficultés à se mouvoir correctement avec ses chaînes aux pieds. Pour autant, elle avait juste un petit sourire alors qu’il tentait de garder ses yeux posés sur l’empereur qui ne s’était pas attendu à se voir coupé la parole par Tery.

« C’est vrai. Ces deux enfants… sont issus de la même mère, une mère qui comme les autres, pensait ensuite qu’il serait aisé pour elle de me manipuler. Une mère maintenant morte car on ne tente pas de jouer avec ma personne. »

« Ce que leur mère a fait ne doit pas se reporter sur eux. Est-ce qu’ils sont au courant de ce qui est arrivé à leur mère ? »

« Bien entendu. Comme Halyza et Haiktos. Ils sont au courant des petites manigances des nobles et des personnes qui me sont proches. Ils sont au courant du devenir de ces êtres lorsque le piège se referme sur leurs corps. Ils sont au courant de ce qui est arrivé à Lylé. Dis-moi, Tery, est-ce que tu me trouves cruel envers mes enfants ? »

Le jeune homme cornu cligna des yeux pendant quelques secondes, se demandant s’il avait rêvé ou non. L’Empereur Malark venait de lui poser une question, non ? Mais surtout, une des plus étranges. Pourquoi ? Puis ses yeux regardèrent brièvement Manelena comme s’il savait que ce qu’il allait dire risquerait de la brusquer un peu.

« Pas plus que d’autres monarques ou chef de famille noble. Tout cela pour atteindre simplement la perfection ou alors leurs objectifs, certains n’hésitent pas à éliminer ceux qu’ils considèrent comme dissidents ou problématiques. »

« Hum. C’est une réponse étrange venant de toi mais il semblerait qu’elle soit biaisée à cause de certaines relations et histoires passées. Qu’importe… Tout cela pour te dire qu’Elise est spéciale à mes yeux car elle n’a pas été élevée comme une démone tout en étant pour autant la moitié de l’un. »

« Oui… Et vous considérez qu’avec elle, il serait possible pour les démons de partir vers une nouvelle ère où ils seront en paix avec les surfaciens. »

« Dans les faits, cela ressemble plus ou moins à l’idée que j’avais en tête, c’est exact. »

« Je pense vraiment qu’Elise n’est pas intéressée par cette idée. Du moins, pour maintenant. Peut-être que si vous attendez quelques années, et surtout que les Démons se retrouvent plus enclins à accepter la présence des surfaciens… »

« Pour cela, il faudrait qu’elle revienne et qu’elle soit présente en ces lieux. Comme son jeune frère et sa jeune sœur même… »

« Même si nous savons parfaitement qu’avec le fait qu’elle risque sa vie chaque jour et à chaque tournant dans une ruelle, ce n’est pas vraiment le lieu propice pour lui permettre d’apprécier les démons. Il faut combattre le mal à la racine et malheureusement, cela ne peut pas se faire en quelques jours. » coupa à son tour Manelena, sans aucune inquiétude dans sa voix malgré le fait qu’elle soit enchaînée aux pieds et qu’elle s’adressait au monarque comme s’il s’agissait simplement d’un être comme les autres.

« C’est ce à quoi je travaille actuellement. Pendant que vous serez partis, il se peut que je garde quelques surfaciens avec moi dans les environs. Je vais « parader » dans les rues de la capitale avec ces derniers pour que les gens de cet endroit comprennent l’importance de la présence des surfaciens pour nous autres. »

« Parader donne plus l’impression que vous voulez les afficher comme de vulgaires bêtes de foire. Je ne suis pas certaine que ça soit la bonne méthode. »

« Non, je veux qu’ils se présentent aux démons et expliquent ce qu’ils font à la surface, quelles sont leurs idées, projets, inventions, sujets de discussion, leurs histoires et autres. C’est d’ailleurs pour cela qu’il serait intéressant que tu restes ici bas, jeune reine de Shunter. Tu as toutes les qualités nécessaires et requises pour cette tâche. »

« … … … Hein ? » déclara Manelena, prise à défaut par la remarque de l’empereur, Tery ayant la bouche ouverte en se demandant plus ou moins exactement ce qui venait de se passer. Est-ce qu’il avait bien entendu le monarque ou… ?

« Tes connaissances, ton arrogance, ta force personnelle, toutes ces choses seraient autant d’atouts dans mes manches que d’idées qui pourraient s’inscrire dans le coeur des démons. »

« Non merci. » répondit aussitôt la femme aux cheveux argentés après avoir attendu que l’empereur termine de parler. « Je ne suis pas intéressée par la proposition. Il y en aura d’autres, sûrement pas aussi bien que moi, mais qui pourraient avoir envie d’une telle chose. Ce n’est pas mon cas, hey. »

Et elle disait cela sans aucune arrogance ou hésitation. Elle était maintenant droite et fière, bien loin des guenilles qu’elle portait comme habits et surtout de « son rôle » ici bas.

« De toute façon, que vous me posiez la question montrait par là que vous saviez parfaitement quelle serait ma réponse, non ? »

« Si on n’essaie pas, on ne peut pas obtenir de résultats. » répliqua alors l’empereur en poussant un petit soupir bien qu’il semblait dissimuler un sourire dessous.

« Attention quand même aux différents tests. Des fois, même essayer n’est pas forcément une bonne chose. Les jeunes fous qui tentent de sauter d’un pont en pensant que c’est une bonne idée, ils peuvent être assez nombreux, ce n’est pas pour ça qu’il faut approuver leurs actes. Enfin bon, c’est dommage mais je préfère repartir à la surface et… »

« Rester un maximum avec Tery Vanian. » coupa doucement alors l’empereur Malark.

« Cela va de soi. La question ne devrait même plus se poser à force. »

Oui, s’il avait pensé réussir à la gêner, il se trompait lourdement. Elle était plus que préparée à réagir ainsi et même, elle osait lui tenir tête pour bien montrer que ça n’allait pas marcher comme méthode avec elle. Il se trompait salement et lourdement à son sujet. Il allait au devant de grosses déceptions d’ailleurs !

« Tery Vanian, je vais te laisser préparer ce qu’il faut pour ton voyage. »

« Bien, empereur Malark, pouvons-nous nous retirer ? »

« Vous le pouvez. Ne vous présentez plus à moi sans la présence de mes enfants dorénavant. Je ne peux que vous souhaiter de réussir dans cette entreprise alors. »

Tery s’inclina respectueusement devant le monarque, Manelena attendant quelques secondes avant de finalement faire de même de son côté. Sans vouloir lui tenir tête, c’était simplement une habitude qu’elle ne possédait pas encore et surtout qui n’était pas réellement relié à son rôle à la surface.

Et maintenant ? Ils étaient retourné dans la chambre, Tery préparant déjà quelques affaires, comme s’il s’apprêtait à partir le plus vite possible du château mais aussi de la capitale démoniaque. Manelena, assise sur le lit, le regardait faire, tout sourire.

« Tu es si pressé que ça de quitter cet endroit, Tery ? »

« Disons que le plus tôt sera le mieux non ? On a une raison officielle de quitter cet endroit, il vaut mieux alors ne pas trop tarder. On va aller retrouver Héraisty et lui dire de se préparer elle aussi. Et puis, je dois aussi voir la liste des personnes qui étaient avec nous et tout le reste. Cela va prendre pas mal de temps. »

« Tu es donc bien pressé. Ah… C’est presque dommage que tu veuilles tant quitter cet endroit. Je trouve cela assez désolant. »

« Je ne sais même pas si tu tentes de plaisanter ou si tu te moques de moi ou non. Mais dans tous les cas, tu ferais mieux de te préparer aussi vu que tu vas m’accompagner. »

« J’imagine que je n’ai pas mon mot à dire. Je suis à tes ordres, oh mon seigneur et maître. »
Franchement, il ne trouvait pas cela très drôle et ça ne serait pas la première fois qu’il lui ferait une telle remarque à ce sujet. Mais qu’importe ! Concentré sur sa tâche actuelle, il préférait faire comme si de rien n’était, se focalisant juste sur le fait de bientôt partir.

Cela lui avait pris ensuite toute la journée mais en parlant avec Héraisty, il en avait été presque à embrasser ses joues maintes fois car la jeune femme, grâce à son travail et surtout ses habitudes, avait déjà une bonne idée de la liste des membres de la précédente expédition. Ainsi, il n’avait rien à craindre et il pouvait alors compter sur elle.

Manelena semblait alors assez boudeuse mais qu’il n’expliquait pas son comportement. Trop concentré à cela, il s’était alors retrouvé assis devant son bureau avec de nombreux papiers disposés devant lui, des écrits de la part d’Héraisty, contenant de nombreux noms mais aussi leurs capacités et autres.

« Vraiment, quelle femme formidable. C’est pour ça qu’il faut absolument que les surfaciens et les démons puissent s’entendre. On loupe des choses vraiment très importantes si on décide de les ignorer ou même de les combattre. »

« Hmm, hmm… Et j’imagine que tu vas continuer à parler d’elle sans t’interrompre, c’est bien ça ? Tu me dis quand tu en seras lassé hein ? »

« Qu’est-ce que tu racontes donc par là ? Je peux savoir ce qui te prend exactement ? »

« Rien, rien. Juste que tu es en train de baver ou presque devant elle juste parce qu’elle a une bonne mémoire, rien de plus. »

« Ce n’est pas une question de baver ou autre. Simplement de reconnaître les efforts qu’elle a commis pour arriver à tout ça. »

Et voilà que Manelena émettait juste un léger grognement. Vraiment ? Il n’était pas stupide. Il savait qu’elle était jalouse… sauf que c’était de la jalousie pour des stupidités. Elle valait bien mieux que ça non ? Pourquoi alors perdre son temps à se comporter de la sorte ?

« Manelena, tu sais très bien qu’il n’y a rien entre moi et Héraisty. Te comporter comme une enfant est indigne de ton rang. »

« La dignité de mon rang, elle a bon dos, ma dignité, hein ? Enfin bref, ouais, je le sais très bien même si cela m’embête pas mal. »

Au moins, elle confirmait qu’elle avait aussi des accès de jalousie complètement ridicules. Mais il n’allait pas la juger et pour une seule et bonne raison : Elen n’avait pas fait mieux auparavant. Enfin, il pensait cela… mais Elen lui manquait terriblement. Et pourtant, à côté, il couchait avec une autre femme, pas n’importe laquelle, pas une simple connaissance mais… une véritable amie commune.

« Hmm ? C’est quoi ce visage torturé par les remords ? »

« Rien du tout, Manelena. Pendant que tu exprimais ta jalousie, je me suis simplement rappelé qu’Elen faisait de même de son côté, ce qui expliquait pourquoi je voulais éviter… de me sentir beaucoup trop proche d’elle. »

« Avec une gosse entre vous deux, on va dire que la « distance » s’est grandement réduite hein ? Donc bon, le truc des remords, j’ai du mal à y croire à force. »

« Ce n’est pas une question d’y croire ou non, loin de là.  Mais bon, avec tout ça, les préparations vont prendre beaucoup de moins de temps que ça. »

Et c’était pour ça qu’il se concentrait à fond sur son objectif. D’ailleurs, il avait presque totalement ignoré Malenela pour le reste de la soirée et lorsqu’il avait enfin levé le nez des feuilles, il était maintenant vraiment tard, non ?

« Pfiou… Je n’arrive pas à le croire que j’ai bossé toute la soirée. »

Ce n’était pas dans ses habitudes de « travailler » de la sorte mais il n’exprimait pas vraiment de fatigue. Non, il avait la sensation que si un jour, il devait retourner à la surface et travailler dans la bibliothèque de ses grands parents, cela serait son lot quotidien.

« Hmm… Et Manelena qui doit me tirer la tronche. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? »

Il rigolait, il rigolait mais… s’il n’arrivait pas à retourner à la surface, est-ce qu’elle…

« Qu’est-ce que je vais m’imaginer ? »

C’était tout simplement ridicule. Il valait mieux qu’il aille se coucher. Envisager une vie sous la surface, avec Manelena à son service, ce n’était pas sain, pas du tout. C’était même assez sinistre que de chercher à espérer que Manelena reste ainsi et se soumette à lui de la sorte.

Allant se placer à côté de la jeune femme, il ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle était si belle et si magnifique, c’était une aberration que de la considérer comme une simple esclave par une bande de démons arrogants.

Il vint alors tout simplement placer ses bras autour d’elle, l’invitant à se rapprocher de lui. Il n’était pas certain qu’elle puisse vraiment réagir mais qu’importe, il allait la garder contre son coeur pour aller trouver le sommeil.

Un sommeil qui ne tarda pas du tout à se montrer, contrairement à ce qu’il pensait. Lorsqu’il avait finit par s’endormir, il avait senti que Manelena bougeait légèrement, comme si elle s’était réveillée depuis déjà quelques instants.

Le lendemain matin, il avait peut-être dormi plus que nécessaire, sûrement à cause de la fatigue car il n’avait pas réussi à bouger du lit. C’est en ouvrant les yeux sur le corps de Manelena, à peine recouvert de tissu, qu’il comprenait qu’il avait encore une fois dormi dans ses bras. Grâce à elle, il reconnaissait amplement qu’il dormait beaucoup mieux maintenant.

Il serait de toute façon assez stupide que de prétendre qu’elle n’était en rien responsable de son état actuel. Oui, elle était responsable de ses nuits paisibles et ça, il n’allait pas l’oublier. Cherchant à se débattre pour quitter ses bras, il avait alors la surprise de voir qu’elle le tenait contre elle plus que la normale.

« Manelena, est-ce que par hasard, tu serais réveillée ? »

« Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler exactement. »

« Bon, je viens d’avoir la réponse à ma question, il semblerait que tu le sois. Ah… Est-ce que tu veux bien me relâcher ? Nous avons du travial, toi et moi. »

« Je ne sais pas de quoi tu veux parler, Tery mais bon… C’est si mauvais dans mes bras ? »

« Ce n’est pas du tout le sujet, loin de là et tu le sais très bien. Ah… Est-ce que tu vas bien, Manelena ? Tu as bien dormi ? »

« Comme un loir. Par contre, pour la fenêtre, j’espère vraiment que le sort d’invisibilité est présent ici. Pour le son, on avait fait encore quelques tests donc ça devrait aller. »

« Je pense pouvoir faire confiance à l’empereur. Si cela n’avait pas été le cas, nous aurions eu de nouveaux assassins sur le dos. »

Oui. Il préférait être franc. Mais en même temps, ce n’était peut-être plus l’heure de s’inquiéter non ? Surtout en vue de ce qui s’était passé. Il imaginait que personne n’osait s’approcher de la chambre… depuis l’incident qu’il avait causé.