Chapitre 56 : Un problème ailé

ShiroiRyu
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Chapitre 56 : Un problème ailé

« Tu as l’air de bonne humeur, Tery. »

« C’est exact, Manelena. Disons que je pense que peu à peu, nos problèmes diminuent les uns après les autres. Et donc, on peut enfin se dire que tout commence à être réglé. »

« Hmm ? Ah oui ? Tu en es certain de tout ça ? »

« Pas totalement mais au moins, j’ai la bonne mentalité pour avancer et continuer donc j’imagine que ça reste une bonne chose, non ? »

« On peut dire ça comme ça. Oui, c’est une bonne façon de voir tout cela. Mais je ne sais pas, tu as l’air… plus joyeux encore. Qu’est-ce qui te rend aussi extatique ? »

« Hum. Je pense que moi et Elen, nous sommes peu à peu partis sur de meilleures bases. »

« C’est une excellente nouvelle, alors. Elle a enfin compris que tu ne t’étais pas enfui avec la première femme rencontrée ? »

Même s’il sentait un peu l’ironie dans la voix de Manelena, il fit comme si de rien n’était. Enfin, il n’allait pas l’ignorer non plus. Il lui adressa simplement un sourire, réfléchissant à quoi lui répondre avant de finalement dire :

« Non, j’ai juste expliqué que si c’était pour le meilleur, cela ne me dérangerait pas de rester séparés tant que le bonheur de notre enfant n’était pas mis de côté. De fil en aiguille, j’ai exprimé aussi que ce qui s’était passé, ce n’était pas avec n’importe qui et elle a répondu aussi qu’avec toi, cela pouvait passer car elle était au courant de tes sentiments. Cependant, une autre femme, elle ne m’aurait jamais pardonné. »

« Hum ? Est-ce que cela veut dire que je suis un cas à part ? »

Elle était maintenant d’humeur taquine, comme si elle venait d’apprendre quelque chose qui lui plaisait plus que nécessaire. Le jeune homme la regarda, haussant simplement un sourcil.

« J’imagine que oui, mais je ne vais pas tenter le diable non plus. Bon, je vais te laisser, Manelena. Je dois réfléchir à la sécurité de la lettre. Je me demande si je ne vais pas l’accompagner quand même d’un démon. »

« Un démon auquel tu aurais une sacrée confiance alors même si ça perd un peu l’idée de la lettre en elle-même. Tu es certain ? »

« On fera avec ce que l’on peut, faute de mieux. Même si oui, je vois où tu veux en venir. Ah… J’ai encore le temps d’y réfléchir. C’est simplement qu’une lettre, avec les capacités des démons, je ne suis pas sûr qu’elle puisse atteindre l’empereur Malark sans aucun problème. »

« Il faudra faire confiance à cette lettre. D’ailleurs, tu devrais aussi envisager d’en mettre une autre dans la lettre que tu enverras, pour être certain que l’empereur Malark puisse y répondre et ainsi confirmer que c’est bien lui qui l’a reçue. Je pense que ses enfants reconnaîtront son écriture, voilà tout. »

« Nous verrons pour la lettre lorsque nous retournerons à la surface. Il en existe différentes sortes, je suis donc certaine qu’il y en aura une qui pourra convenir pour ce que nous cherchons, Tery. Bon, tu voulais que je te laisse seul, je vais le faire et… je suis contente pour toi et Elen. Enfin, j’imagine que je dois dire ça comme ça. »

« Tu n’as pas l’air très sincère, Manelena. »

« Oh, juste l’air ? Je ne donne que cette impression ? Bizarre. »

Et sans plus tergiverser, elle ne fit qu’un petit mouvement de la main avant de s’éloigner, l’air de rien. Elle n’avait plus sa place à ses côtés pour le moment, elle le savait parfaitement. Tery la regarda partir avant de se donner des petites claques sur les joues pour retrouver une certaine contenance.

Quand il avait évoqué l’idée de la lettre à Wandy et Zalek, il ne s’était pas attendu à ce qu’ils soient aussi enthousiastes à cette idée. Néanmoins, cela avait été une très bonne surprise et ils avaient même déclarés qu’ils pouvaient y mettre leurs propres sceaux royaux à côté du contenu de la lettre pour confirmer leur authenticité. Clignant des yeux sur le moment, il avait demandé comment des enfants aussi jeunes pouvaient déjà avoir une telle chose. Un peu piquée au vif bien qu’elle rougît, Wandy déclara que cela n’avait rien d’anormal. En tant que royauté, chaque enfant avait son propre sceau pour éviter une confusion dans les écrits envoyés par chacun et chacune.

« Et bien entendu, impossible d’utiliser le sceau d’un autre membre de la famille, sauf en les dévorant. Mais tu te doutes que c’est très déconseillé et peu apprécié. »

« En même temps, si les gens respectaient les consignes, cela se saurait, n’est-ce pas, Wandy ? » murmura Tery en souriant à l’adolescente, celle-ci se grattant la joue, un peu gênée par le regard de l’homme aux yeux émeraude.

« On va dire que cela ne se prive pas de se donner des coups dans le dos et dès le plus jeune âge. Peut-être que nous serions déjà morts si nous n’avions pas connu Elise et Tery. »

« Tu n’es pas obligée de dire mon prénom comme ça, hahaha. Cela donne l’impression que je n’existe pas alors que je suis juste à tes côtés, hahaha. »

« Ah euh désolée, désolée, désolée, messire Tery ! Ce n’était pas voulu de ma part ! C’est juste que… je ne sais pas trop comment me placer par rapport à vous. »

« Te placer ? Hmm… Eh bien, je ne vois pas trop où tu veux en venir mais disons que si cela peut te rassurer, j’estime que tu es quelqu’un de la famille ou presque. Un peu comme je vois ça avec Royan, Elise et tout le reste. Je considère Elise comme une sœur en vue de nos rapprochements car nous sommes tous les deux des démons. »

« Donc je suis un peu comme une petite sœur à vos yeux, c’est cela ? »

« On peut dire ça comme ça même si c’est très présomptueux de ma part. »

« Non non ! Ici, il n’est pas question de royauté ou autre ! Euh… D’accord. »

« Je suis fils unique et il n’y avait qu’une personne que j’ai considéré comme ma grande sœur pendant des années. Donc je suis plutôt content que tu acceptes, Wandy. Tu crois que Zalek serait d’accord de son côté ? »

« Oh bien sûr que oui ! Je crois que c’est déjà plus ou moins le cas depuis longtemps ! En même temps, notre frère et notre sœur aîné, vous avez très bien vu de vos propres yeux qu’ils ne pensent pas vraiment à nous. »

« Oui, je dirais plutôt le contraire mais pas vraiment d’une belle façon. »

« Je sais bien que vous êtes un peu ironique sur le coup, messire Tery mais merci de votre considération à notre égard. »

C’était surtout bien triste que des enfants de leur âge soient plongés dans le jeu de la royauté et de la noblesse. Tout cela pour acquérir plus de pouvoirs. Ils n’étaient pas deux mauvais enfants et il était plus heureux d’avoir réussi à les extirper de tout cela avant qu’il ne soit trop tard. Surtout que Zalek restait un enfant encore très influençable.

Laissant Wandy retrouver son jeune frère, lui-même avait fait à peine quelques pas qu’il sentit une présence lui écraser le dos, accompagné d’un battement d’ailes. Sans même avoir à se retourner, il savait de qui il s’agissait. Pourtant, son visage se posa sur celui d’une femme aux étranges ailes mélangeant celles d’une chauve-souris et celles d’un oiseau, le patagium des premières étant dépourvues de plumage.

« Krawnia ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

« Tery ! Tu es enfin seul, sans enfin que d’autres personnes ne viennent nous interrompre. Tu pourrais quand même tenter d’être seul pour moi, tu sais ? »

« Et pourquoi est-ce que je ferais cela ? » répliqua-t-il avec lenteur, s’interrogeant sur les propos de la femme ailée.

« Eh bien… car j’en ai envie ? Et que c’est bien mieux d’être tranquilles dans ces moments-là, tu ne crois pas ? »

« De quels moments est-ce que tu parles exactement ? J’ai l’impression que tu tentes de me dire quelque chose mais je ne vois pas où tu veux en venir. »

« Rooooh ! Il fait l’innocent, hahaha ! Mais je te l’avais pourtant dit et répété que ça serait notre destinée. J’ai compris en ce jour béni par Zéliia que tu étais celui que j’attendais. Je ne pouvais pas quitter la tour mais cela est du passé. Maintenant, je peux enfin suivre ton existence et savoir alors ce que l’avenir nous réserve. »

« Krawnia, je vais être honnête encore une fois… j’ai l’impression de me répéter mais je compte simplement mener ma vie, tranquillement, sans me poser trop de questions. Je préfère que tu le saches dès maintenant. »

« Mais bien entendu, Tery. Mais bien entendu. Simplement, maintenant, il te faudra compter sur ma présence dans ta vie, hahaha ! Aaaaah… »

D’accord. Il valait mieux ne pas relever une telle chose de la part de cette personne. Il savait à quel point Krawnia était bizarre mais cela ne s’était pas amélioré. Il allait plutôt se concentrer sur l’avancée des travaux par rapport au tunnel les emmenant à la surface.

Comme il fallait s’en douter, le fait d’avoir bien plus de personnes permettait un travail plus rapide et efficace, surtout que lui-même utilisait ses golems pour les épauler. D’ailleurs, même si ce n’était pas la première fois qu’il utilisait ses golems, il remarquait à chaque fois l’étonnement de chacun et chacune dès qu’il les appelait.

Bon… Même Clari bien qu’elle n’eût pas vraiment l’apparence d’un golem, avait une puissance bien supérieure à ses autres créations. Ses capacités pour soulever les matériaux, briser des rochers et autres, étaient telles qu’il était difficile d’ignorer tout ça.

« Quand même… Tery… Entre le prénom de notre fille et ce golem, elle te manque, non ? »

« Trop souvent, Elen. » murmura le jeune homme en sentant la présence de la demoiselle à ses côtés. « Elle est la représentation de mes erreurs passées. »

« Mais ce n’est plus le cas, Tery. Tu pourrais la laisser reposer en paix, non ? »

« Elle est en paix, Elen. Elle me protège, comme elle l’avait toujours fait. Mais… si je n’avais pas été aussi simplet à cet instant, tout cela ne se serait jamais produit. »

Il n’y avait aucune tristesse dans sa voix. Son deuil était fait depuis bien longtemps. Mais… en regardant Clari, il était aisé de voir qu’il gardait une affection particulière pour elle.

« Avec votre aide, le tunnel sera creusé à une vitesse bien supérieure à celle prévue. »

« Et nous avons aussi bien plus d’éclaireurs pour nous permettre de vérifier les alentours. Rien n’est à signaler. »

« Je pense que les gnomolds sont en partie responsables de l’absence de problèmes autour de nous. Ils ne sont pas vraiment discrets à la base. »

Les paroles d’Elen étaient véridiques. Les gnomolds étaient sûrement en train de se confronter aux monstres souterrains mais aussi aux démons qu’ils rencontraient sur leur chemin. De plus, ils allaient sûrement attendre des renforts… s’ils voulaient relancer une nouvelle attaque sur eux.

Mais cela serait tout simplement du suicide, de leur part… ce qui collerait bien d’ailleurs à leur caractère habituel. Ah… Il n’allait pas faire de remarques à ce sujet. Il fallait juste avancer dans ce projet sans s’en préoccuper.

Cependant, Elen restait à ses côtés, gardant leur enfant dans ses bras. Il ne savait pas pourquoi elle voulait se montrer aussi présente mais il n’allait pas s’en plaindre. Il voyait bien qu’elle était en train de regarder un peu autour de lui. Pour quelle raison ? Faisant de même, bien que discrètement, il comprit bien rapidement :

« Ah… Elle ne peut pas me lâcher un peu ? Je ne sais pas ce qui cloche chez elle. »

« Elle n’était pas aussi… folle auparavant. Dans la tour, elle paraissait même normale mais depuis que je l’ai revue, elle s’est toujours comportée de la sorte. »

« Je ne sais pas… je ne sais pas du tout. Elle est perturbante mais pas dans le bon sens. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle peut mijoter. Elle a dit qu’elle voulait me suivre car c’était notre destin ou quelque chose du genre. »

« Et ce n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Déjà Manelena, maintenant elle. Heureusement qu’Elise est amoureuse de Royan. »

« Hmm ? Est-ce que c’est… pour ça que tu restes à mes côtés, Elen ? »

« Bien sûr que oui. Et aussi car… tu veux faire quelques efforts, Tery. C’est normal alors que de vouloir te récompenser pour ça, non ? Tu ne crois pas ? »

Il ne croyait pas en grand-chose à l’heure actuelle, il devait se l’avouer. Pour autant, savoir qu’Elen voulait le récompenser, ça lui mettait du baume au cœur. Le seul truc, c’est qu’il ne comprenait vraiment pas la psyché féminine. Encore hier, elle était prête à tout simplement tirer un trait sur leur histoire et … Ah non, c’était lui en fait.

« Hi ! Qu’est-ce que… Tery ? »

Bah ! Il avait placé une main sur l’épaule droite d’Elen, l’emmenant contre lui avant de poser sa tête contre la sienne, fermant les yeux. Elen était plus petite que lui et c’était… sensiblement différent de tout le reste. Il se sentait mieux.

« On peut rester ainsi pendant quelques minutes, Elen ? »

« Tu en profites un peu trop, Tery. Je t’en veux encore, tu le sais, non ? »

« Je le sais parfaitement mais je peux te promettre de ne pas te garder trop longtemps contre moi. C’est juste… apaisant. J’ai tellement l’impression que ma tête se vide complètement de toute pensée néfaste quand tu es à mes côtés. »

« Tu peux continuer à baratiner autant que d’habitude, Tery. Tes propos ne marcheront plus comme auparavant, tu vas devoir le comprendre. »

Baratiner ? Cela reviendrait à prétendre qu’il mentait un peu en lui adressant la parole, ce qui n’était pas du tout le cas, loin de là. Il était vraiment heureux de sentir Elen contre lui, sans avoir à craindre quoi que ce soit.

« Elen, Elen, Elen… Te sentir auprès de moi me manque tellement ! »

« Mais pourquoi est-ce que tu dis des choses comme ça ? Tu sais parfaitement que je ne vais pas tomber dans un piège aussi grossier et… Pfff. »

Elle soupirait mais c’était maintenant au tour de la demoiselle de commencer à venir le serrer contre son cœur. Sans aucune hésitation, l’étreinte se fit plus passionnelle, chacun cherchant à écouter les battements de cœur de l’autre.

Le temps s’écoula, lentement, mais pas assez pour les deux personnes. Lorsqu’il fut enfin l’heure de s’extirper des bras de son partenaire, Elen fixa Tery du regard, lui accordant un petit sourire. Sourire qui vint disparaître avant qu’elle ne place un doigt sur les lèvres du jeune homme aux cheveux bruns.

« Tu n’es pas pardonné aussi aisément, Tery mais… disons que tu en prends le chemin alors, c’est à toi de faire encore plus d’efforts, compris ? »

« Mademoiselle Elen, le message est très bien passé. Je reconnais la chance de t’avoir à mes côtés depuis le tout premier jour… et aussi de te connaître. »

« Tu peux continuer à parler comme ça, ça ne me dérange pas le moins du monde. »

« Alors, je peux en rajouter encore et encore s’il le faut et… »

« Allons plutôt voir la progression du tunnel. Même si tu n’as pas besoin de regarder tes golems travailler, ça serait bien que l’on vérifie qu’ils ne font pas n’importe quoi hein ? »

Elle l’avait coupé dans son élan mais il avait cru entendre un petit rire de sa part. Il en avait totalement oublié la présence de Krawnia. Même s’il sentait son regard posé sur lui, il pouvait faire comme si elle n’existait pas quand Elen était à ses côtés. Bon… Ce n’était pas tout ça mais elle avait raison.

Avec ses golems, le travail du tunnel, le placement des fortifications pour solidifier le tunnel et être certain qu’il ne s’écroule pas, l’installation de divers bâtiments pour permettre une surveillance constante de ce dernier, tout allait tellement vite dans le domaine de la construction, c’était impressionnant.

Intéressant, très intéressant. Il savait bien que les gens adoraient ces golems et que même les démons appréciaient ces derniers mais… c’était si intéressant. Et en même temps, plutôt flatteur. Il avait repris la lecture des divers livres sur les golems mais il avait la sensation maintenant qu’ils n’étaient plus aussi utiles qu’auparavant, comme si depuis la création de Clari, il pouvait donner vie à n’importe quelle entité.

Enfin n’importe quelle entité. Il ne se prenait pas pour Zélisia ou Alzar. Il n’avait pas l’étoffe d’un dieu et clairement, ce n’était pas du tout son genre de penser de la sorte mais… il ne savait pas pourquoi, cela lui donnait quand même cette impression. Peut-être qu’il devrait en parler aux deux intéressés ? Mais pas maintenant.

« Tery ? Où est-ce que tu comptes aller ? »

« Eh bien, me reposer dans ma tente, Elen. Chacun a terminé son travail aujourd’hui, il est donc normal que l’on aille souffler un peu, non ? »

« C’est exact mais… qu’est-ce que tu dirais de venir te reposer avec moi et Klary ? »

« Tu es certaine de ton choix ? Je veux dire, pourquoi est-ce que tu fais ça ? »

« Je n’aime pas voir Krawnia rôder autour de toi, Tery ; »

« Ah. Oui, c’est vrai. En un sens, c’est peut-être mieux que je sois à tes côtés. »

« Et deux fois plutôt qu’une. Viens par là. »

Elle était sacrément entreprenante ou c’était lui ? Elle le prenait par le bras, ne lui laissant pas vraiment la possibilité d’échapper à sa prise. Pas que ça le dérange, loin de là mais… hmm… Depuis qu’il y avait Krawnia dans les alentours, Elen n’était guère motivée à le laisser seul. Elle avait tellement peur de quelque chose ou quoi ?

« Elen, nous sommes à l’intérieur de la tente, tu n’es plus obligée de jouer la comédie. »

« Je ne joue rien du tout ! Je vais juste leur faire comprendre que ce n’est pas parce que tu as eu une absence quand je n’étais pas là que tu es disponible. »

Disponible ? De quoi est-ce qu’elle parlait exactement ? Il continuait de l’observer avec un petit peu d’appréhension avant qu’elle ne se colle à lui. Elle émit un léger grognement de mécontentement, marmonnant :

« Ces gens qui pensent qu’il suffit d’une fois pour qu’il soit sur le marché. »

« Elen, tu es encore en train de te parler seule. »

« Je voulais juste qu’il comprenne la portée de ses erreurs et que tout cela ne se reproduise plus ou presque mais là… je ne vais pas attendre qu’il s’en aille. »

Bon. Il avait compris : Elen était un peu encore secouée par les évènements, ce qui faisait qu’elle se parlait toute seule ou presque. Mais surtout, elle évoquait clairement ce que lui avait fait. Hmm… Bon, cela lui rappelait quelques mauvais souvenirs et il espérait juste qu’Elen n’était pas en train de retomber dans ses travers. D’un autre côté, en vue de ses propres fautes, il n’avait clairement pas la motivation à vouloir la contredire ou l’empêcher de prendre la parole.

Oui, ce qu’il allait faire, c’était juste voir Klary et l’observer. C’était son petit ange à lui et à Elen. Dire qu’elle avait déjà pris quelques centimètres. C’est qu’un enfant, ça grandissait très vite. Combien de temps depuis qu’elle était née ? Il lui faudra demander à Elen ou même à sa mère pour l’occasion.

Est-ce qu’il allait la soulever ? Non, il valait mieux ne pas la réveiller par erreur. Il s’installa tout simplement sur le lit, observant Elen qui continuait de marmonner tout en lui jetant quelques regards pas vraiment discrets.

Il était peut-être un peu inquiet sur le coup mais… que pouvait-il y faire ? Ce n’était pas comme si la jeune femme allait se laisser faire, loin de là hein ? Hmm… Elle s’était maintenant bien positionnée en face de lui, déclarant d’une voix qui ne laissait pas de place à l’opposition :

« Tery, tu dors avec moi ce soir. »

D’accord. Il valait vraiment mieux éviter de la contrarier.

Chapitre 55 : Montrer des preuves

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Chapitre 55 : Montrer des preuves

« Il y a quelque chose de spécial, Tery ? Pour que tu décides de tous nous réunir ? »

« Est-ce que j’ai vraiment ma place à vos côtés, Tery ? »

« J’espère que c’est important… mais vu qu’il y a Sérest et Séran, j’imagine que oui. »

Tout le monde était présent. Tout le monde et Héraisty. Ils avaient repris la tente principale où Tery s’était entretenu avec Royan, Elise et les autres par rapport au futur de cette armée réunie. Mais là, il n’y qu’une dizaine de personnes. Oui, il avait autorisé Héraisty à venir et il avait préféré éviter que Wandy et Zalek, la jeune sœur et le jeune frère d’Elise, soient mis au courant de ce qui allait se faire entendre dans cette tente.

« Sérest, Séran, je vais vous laisser prendre la parole, vu que c’est ce que vous attendiez depuis le début, n’est-ce pas ? Donc à vous. »

« Hmm… Ce n’est pas exactement en ces termes, Tery, tu le sais bien, non ? Bref, nous voulions vous parler du Dévoreur, de sa liaison avec Tery et aussi de ce qui risque de se passer dans un futur assez proche. »

« Sa relation avec Tery ? » demanda Elen, un peu soucieuse tandis qu’il faisait comme si de rien n’était. C’était vrai… Maintenant qu’il y pensait, il avait juste évoqué une partie de ses soucis à Elen avant qu’ils ne se disputent au sujet de ce qui s’était passé avec Manelena.

« La voix qu’il entendait et diverses autres choses. De toute façon, on va vous donner une idée globale de la situation, ça sera bien mieux. »

Chacun prit place, laissant la parole à Séran qui avait été celui qui s’adressait à eux parmi les deux personnes du couple. De son côté, Sérest avait les bras croisés à hauteur de sa poitrine, plongée dans son mutisme.

« Tout d’abord, une chose principale à savoir : Tery est issu du Dévoreur. Le démon qu’il considérait son père n’était qu’un simple transporteur. Normalement, toutes les tentatives pour faire un enfant issu du Dévoreur étaient vouées à l’échec. Les femmes qui portaient l’enfant n’arrivaient jamais à lui donner vie. »

« … … … Comment est-ce que ma mère a réussi ça ? »

Maintenant, il n’était plus en colère mais angoissé. Sa mère, il lui en avait fait souvent voir des vertes et des pas mûrs mais… pas au point de vouloir attenter à sa vie. Rien que de penser au fait de ce qui aurait pu lui arriver, il se sentait mal.

« Ta mère est une femme issue de la noblesse d’Omnosmos. De plus, ses parents étant des êtres dotés de capacités magiques assez importantes, elle-même était donc une personne assez exceptionnelle. Déjà, d’après nos hypothèses à Sérest et moi-même, nous pensons que le Dévoreur n’aurait pas accepté une démone comme porteuse de son enfant. Lui-même étant un démon, cela ne correspondait pas à son désir profond. »

« Mais pourquoi cela n’aurait pas été possible ? Normalement, les démons préfè… »

« Car Révix était amoureux d’une femme de la surface et non pas d’une démone. »

Et ? Il attendait la suite car il ne pensait pas que ça serait pour une raison aussi ridicule. S’il suffisait juste d’aimer une personne d’une certaine race pour bloquer les autres races génétiquement, cela se saurait. Encore qu’en y réfléchissant, c’était sûrement possible de nos jours mais il ne s’était jamais posé la question. Cela serait bien le genre des Mékalarmiens tiens… Bon … Ce n’était pas tout ça.

« Et donc, à cause de cela, s’il devait y avoir un descendant du Dévoreur, il était impossible que cela soit un démon pur. Je pense que l’empereur Malark a été le seul à avoir l’esprit assez ouvert pour tenter une telle chose alors que les précédents empereurs et impératrices pensaient uniquement à la pureté de leur race. »

« J’ai l’impression d’être comme Elen sur le coup. Vous avez mis des siècles voire plus à avoir un enfant et j’ai la sensation que c’est la même pour le Dévoreur. Encore que ce dernier n’était sûrement pas au courant. »

« C’est exact. Il y a de très fortes chances qu’il ait appris ton existence uniquement à partir du moment où tu as commencé à développer tes origines démoniaques. L’Empereur Malark a néanmoins la même idée saugrenue que ses prédécesseurs : utiliser le Dévoreur. »

« Sûrement mais peut-être pas pour les mêmes raisons que ces derniers. » rétorqua Tery, croisant les bras. Il avait bien remarqué une chose chez l’Empereur : il aimait ses enfants mais pas au point d’ignorer les décisions à prendre quand ces derniers agissaient stupidement. Il lui donnait donc la sensation d’être un monarque réfléchi.

« Et pour quelles raisons penses-tu qu’il voudrait l’éveiller ou l’utiliser alors, Tery ? »

« Je n’en sais trop rien mais… déjà, je ne pense pas que ça soit pour la guerre ou tout autre acte militaire. L’Empereur n’est pas un homme qui se lance inutilement dans les batailles. Il suffit de voir où nous ne sommes actuellement avec vous. Il n’a jamais cherché ouvertement à attaquer les races de la surface. »

« Néanmoins, en mettant en danger la vie de ses plus jeunes enfants et les réactions de certaines races de la surface, il est clair que mon père n’allait pas se laisser faire non plus. »

« Je ne pensais pas à cela mais… il faut une autre raison. Pourquoi continuer à tenter de réveiller le Dévoreur maintenant que les portes sont ouvertes ? »

« Peut-être que ce n’est pas ce qu’il veut mais qu’il est trop tard ? Le mieux serait de le lui demander mais je ne pense pas que vous soyez intéressés à l’idée de le rencontrer, n’est-ce pas ? Enfin, pas de cette manière. »

« Je crois que nous présenter en tant qu’avatars de Zélisia et Alzar ne soit pas très apprécié chez les démons, Tery. »

« C’est bien ce que je pensais. Bon… L’autre solution sera de lui envoyer une lettre avec les dernières nouvelles à donner. C’est ce qu’on pourrait faire pendant qu’on réfléchirait à une solution par rapport aux armées liés à ses deux aînés. »

Il n’oubliait pas ce que les démons avaient dit lorsqu’ils avaient abandonné les traîtres d’Honoros. Il y avait de très fortes chances que les deux aînés aient chacun des clans sous leurs bannières et avec les mêmes « conditions ».

« Nous devons regarder de tous les côtés, ce qui complique grandement la chose, Tery. »

« Je le sais bien. Il ne faut pas croire que tous les démons à la capitale apprécieraient notre présence et notre retour. Et comme je ne suis pas vraiment doué pour avoir des éclaireurs et espions dans les autres armées, autant dire que je ne suis pas vraiment tiré d’affaire. »

« Il ne faut pas voir les choses du mauvais côté, Tery. »

« Oui, mais justement, ce mauvais côté, cela me fait dire que peut-être qu’il y a justement des espions dans l’armée. En fait, cela ne m’étonnerait même pas. Mais bon, je ne vais pas faire une chasse au démon alors que je n’ai aucune preuve. Surtout qu’il y a un risque l’espion ne soit même pas un démon mais quelqu’un de la surface. »

Beaucoup trop. Maintenant qu’il y avait deux armées réunies, il valait mieux retourner à la surface. C’était le constat qu’il venait d’établir par rapport à tout ça. Bon il fallait maintenant en discuter avec les autres.
Ah… Et il devait aussi vraiment trouver le moyen de se réconcilier avec Elen. Pas uniquement pour eux deux, ni pour leur enfant mais pour tous ceux qui l’entouraient. Un conflit permanent provoquera des disputes et autres alors que ce n’était pas ce qu’il voulait, loin de là. Il n’avait pas la tête à de telles choses.

Hmm… mais à côté, il était fautif et malgré toutes ses tentatives, il ne voyait pas comment arranger les choses. Faire semblant comme si de rien n’était, cela ne serait qu’aggraver la situation. Peut-être qu’il pourra voir pour lui en parler dans un détour, en faisant autre chose ? Pendant qu’ils discutaient d’autres sujets ?

« Bon, avec tout cela, que faisons-nous réellement pour l’empereur Malark ? »

« Trois de ses enfants sont avec nous. Il ne faudrait pas qu’il pense que nous les retenons en otage. J’ai bien une idée mais encore une fois, il faudrait aller à la surface. »

« Quelle est cette idée, Tery ? » demanda une nouvelle fois Manelena, celle-ci le regardant avec insistance.

« Je ne suis pas certain que les démons puissent se promener aisément à la surface mais ça serait une bonne idée que de retourner à celle-ci. Nous pourrons nous installer dans un campement à Shunter et surtout, ça permettrait à nos royautés de faire acte de présence. Je ne suis pas sûr qu’une absence prolongée soit bonne. »

« Merci de t’inquiéter pour nous, Tery, mais je fais confiance à Hémurion. S’il a réussi à avoir le peuple de son côté, je sais qu’il œuvre pour ce dernier. Même s’il est vrai que je dois faire attention à ce qu’il ne change pas les fondations de Shunter pendant mon absence. »

« Cela serait embêtant que tu ne sois plus reine de Shunter quand tu reviens, Manelena. »

« Hmm… Très embêtant, oui. »

Le ton de la femme aux cheveux argentés était plus évasif qu’autre chose. Elle n’était pas si pressée que ça de rentrer ? Il ne pouvait pas vraiment l’en empêcher mais bon… Bref, il alalit continuer ce qu’il était en train de dire :

« Je pensais donc à un campement situé dans Shunter. Cela permettra aussi à nos compagnons Mékalarmiens de prendre leurs aises en ces lieux. Il en est de même pour les démons mais vu que notre armée est composée de bon nombre de races, le mieux serait de faire un campement voire même une base pour permettre enfin de souffler un peu. Là, nous sommes constamment sur le qui-vive. Sinon, pour contacter l’empereur Malark sans savoir à se déplacer, j’aimerais savoir une chose, Sérest, Séran. »

« Hmm ? Et laquelle est-ce donc ? Nous n’avons pas les réponses à tout, tu t’en doutes. »

« Je voulais savoir. Vous connaissez le système de lettres volantes pour communiquer ? »

« Un système pas vraiment sécurisé mais oui ? Pourquoi cela ? Est-ce que tu voudrais dire par là que tu veux envoyer une lettre à l’empereur Malark ? Mais il y a de très fortes chances que ces lettres n’arrivent pas jusqu’à lui, non ? »

« Peut-être qu’en y mettant le sceau royal et comme ils n’ont pas l’habitude de ce moyen de communication dans le monde souterrain, cela pourrait passer, non ? »

« Cela peut se tenter, oui. Je ne peux pas te dire si c’est une bonne ou mauvaise chose, Tery. Mais tu penses qu’une lettre suffira ? »

« Non, non, je ne pense pas qu’une lettre suffirait. Je veux aussi apporter une autre preuve. »

Son regard se posa sur Elen, celle-ci l’observant en clignant des yeux avant de faire une petite mine boudeuse et dépitée. Pour autant, des rougeurs parcoururent les joues du jeune homme en la regardant, Elen ayant peu à peu la même teinte sans pouvoir expliquer la raison.

« Il y a aussi une magie qui permet de capturer une scène pour la mettre sur papier. Cela permet d’immortaliser certains moments de la vie d’une personne. Je crois que c’est assez rare et que ça coûte plutôt cher mais, je me disais que nous pourrions capturer une scène où nous sommes tous ensemble, les trois membres de la famille royale démoniaque au milieu d’entre nous, pour rassurer l’empereur ? »

« Hmm, je ne suis pas certain que cela ira vraiment le rassurer sauf si la lettre est écrite par Elise, Wandy et Zalek. Avec l’authenticité de de cette lettre, cela devrait alors suffire. »

« Attends, attends, attends, Tery ! Quand tu parles de l’illustration capturée via la magie, est-ce que tu penses à… »

« Oui, oui, je pense à ce que tu m’avais envoyé et inversement, il y a quelques années. J’ai toujours ces dernières avec moi mais bon, c’est confidentiel et personnel. »

« Mais mais mais, depuis quand ?! Aaaaaah ! »

Elen baissa les yeux, complètement choquée et perturbée par ce qu’elle venait d’apprendre, rouge jusqu’aux oreilles alors que certaines personnes souriaient en observant la confusion visible chez la jeune femme aux cheveux blonds.

« Depuis le tout début. Je n’ai eu aucune raison de ne pas garder cela avec moi. C’est bien trop précieux pour que je ne le garde pas avec moi. »

« Imbécile. » dit-elle tout simplement, n’osant plus continuer la conversation avant que Tery ne reprenne à son tour :

« Voilà donc mon idée. Ce n’est pas grand-chose mais qui sait, peut-être que cela conviendrait ? Qu’est-ce que vous en pensez tous ? »

« Faute de mieux. Mais j’imagine qu’il te faudra quelqu’un pour écrire une lettre correcte, non ? Je peux m’en occuper. » répondit Manelena, Tery balayant cette proposition d’un revers de la main, se tournant vers Elise :

« Il vaut mieux que ça soit toi, Elise, qui écrive cette lettre. »

« Je n’ai pas l’éloquence et l’instruction nécessaires pour cela mais je peux faire de mon mieux. J’imagine que c’est pour rendre le tout plus authentique. »

« Alors, tu demanderas à ton frère et à ta sœur. J’espère que tu ne prendras pas cela comme une moquerie mais je pense qu’ils ont les connaissances nécessaires pour ça. Et puis, Manelena pourra t’aider aussi. Il faut que ça soit vos sentiments qui soient écrits sur le papier. Peut-être que Wandy et Zalek pourront aussi dire des choses qui pourront rassurer l’empereur Malark sur la véracité de vos écrits ? »

« J’imagine que la réunion va toucher à sa fin, alors. »

« C’est exact, Manelena. Merci encore à vous tous. Nous ferons la lettre et la capture de scène quand nous serons à la surface. Nous avons du travail à faire avec le tunnel. »

Oui, il n’oubliait pas que tout cela n’était pas pour tout de suite. Alors que tous étaient en train de se séparer pour retourner à leurs tâches, il sentit une main se poser sur son épaule. Sans même se retourner, il murmura :

« Elen, qu’est-ce qu’il y a ? »

« Est-ce que… nous pouvons parler, toi et moi, Tery ? »

« Bien entendu, Elen ! Bien entendu ! Tu veux que l’on aille quelque part ? »

« Là où nous serons seuls, juste toi et moi, personne d’autre. »

« Alors, je vais te suivre, Elen. » termina le jeune homme aux cheveux bruns, faisant un mouvement pour inviter Elen à prendre les devants. Indirectement, il… pouvait la contempler de dos. Elle avait toujours cette certaine allure qui et féminité. Non, ce n’était pas le moment de laisser aller à ses plus bas instincts. Il valait mieux que ça.

Des minutes passèrent jusqu’à ce qu’ils sortent du campement. Hmm… Elle n’allait quand même pas chercher à le tuer hein ? Non, qu’est-ce qu’il pensait ? Il hocha la tête négativement avant d’entendre Elen lui dire :

« Tu peux me rendre ces illustrations, Tery ? Je… »

« Hors de question. Elles sont à moi, c’est un cadeau et je te laisse les tiennes. Mais elles sont trop importantes pour que je vienne te les rendre. »

« Rends-les-moi, Tery ! Rends-moi ces illustrations ! »

Elle s’était rapprochée de lui, venant taper du poing contre son torse sans pour autant lui arracher un cri de douleur. La laissant faire, il n’osa pas pour autant la toucher de ses mains, murmurant d’une voix lente :

« Je sais que… j’ai fait des choses impardonnables. Ah… Nous ne sommes même pas mariés, nous avons un enfant, j’ai eu une aventure… ah… Pfiou… Mais comment je peux dire ça correctement, Elen ? Je suis juste certain d’une chose. »

« Je préfère quand tu te tais, Tery. Comment est-ce que tu veux que… »

« Tu puisses me croire encore ? Hmm… Je ne sais pas vraiment si ça serait possible si on veut être réalistes mais… On en a eu des hauts et des bas et… »

« Je veux juste que tu t’imagines si j’étais dans les bras d’un autre. »

Elle ne lui avait pas laissé terminer sa phrase mais il connaissait déjà la réponse à cette phrase de la part d’Elen. Il ne pourrait pas le supporter. Imaginer Elen nue, en train de s’ébattre dans les bras d’autrui, non.

« Je me le suis souvent imaginé, surtout en considérant que j’étais passé pour mort à tes yeux ou dans ton cœur, Elen. »

« Et… qu’est-ce que tu as ressenti ? »

« De la colère, de la rage, de la peine mais… aussi de l’affliction. Je me disais que c’était mérité en vue de ce que je t’avais fait auparavant. Avec tout ce que nous avons vécu, toi et moi, je me demande même comment nous avons fait pour tenir aussi longtemps. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Tery ? Tu as un ton un peu inquiétant. »

« Pfiou… Hmm.. Je n’ai pas envie que l’on se sépare à nouveau. On se retrouve enfin après tout ce temps. Mais en même temps, avec ce que j’ai fait, quelque chose s’est brisé à jamais, non ? Alors… je me dis, que si tu es d’accord, on peut tenter de tout faire pour que notre enfant soit élevé correctement ? Si tu me laisses la possibilité de la voir hein ? »

« Je ne vais pas te retirer ce droit, Tery. Je… Enfin, c’est notre fille et… »

« Mais ça serait une bonne solution, non ? Enfin, s’il te plaît, je voudrais les garder. »

« Mais qu’est-ce qui t’arrive ? On dirait que… tu veux tirer un trait sur toute notre histoire, je… je ne veux pas ça. »

« Moi non plus mais je dois me montrer plus raisonnable dans mes demandes et dans ce que je veux faire. Ah…Elen, même si ses parents ne seront pas ensemble, nous pouvons élever Klary, d’accord ? Enfin, chacun de notre côté, on se reverra fréquemment, on se parlera mais chacun pourra refaire sa vie avec la personne qu’il veut. »

Silencieuse. Elle était restée silencieuse, comme pour mieux accuser le coup. Puis, comme si elle était abattue, elle murmura :

« Est-ce que tu ne veux pas te battre un peu pour nous, Tery ? Tu as pourtant l’habitude de te battre dans les combats les plus ardus et les plus désespérés… alors pourquoi pas celui-ci ? Pourquoi est-ce que tu ne veux pas… chercher à lutter pour celui-là ? »

« Je n’ai jamais considéré ça comme un combat, du moins, pas à mes yeux. Peut-être que je me fais des illusions, peut-être que je me trompe complètement. »

« Pourquoi est-ce que… tu… enfin tu… »

« Pourquoi quoi ? Elen, ah… vraiment. Je veux juste que tu sois heureuse et notre enfant aussi. Et ce n’est pas avec mon comportement que je vais y arriver. »

« J’ai envie que tu reviennes, pourquoi tu ne comprends pas ça ?! C’est si complique que ça de voir que je veux juste que tu ne t’éloignes pas à nouveau ?! Même avec tout ce que tu as fait, j’ai envie que tu reviennes ! Surtout si c’était avec Manelena et non pas une illustre inconnue. Ce n’est pas comme… si tu folâtrais à droite et à gauche. »

« À part Manelena, il n’y a jamais rien eu d’autre et il n’y aura jamais rien d’autre. Tu peux en être assurée, Elen. Je n’ai jamais envisagé une telle chose et jamais cela n’arrivera. »

« Laisse-moi juste un peu de temps et… fais-toi pardonner, d’une manière ou d’une autre. Manelena… peut passer car elle… ne cachait pas ses sentiments envers toi et qu’elle te protégeait à sa manière mais une autre femme et je… je ne pourrais jamais te pardonner si cela doit arriver, Tery. »

« Cela n’arrivera pas, Elen. »

Il avait parlé avec fermeté et conviction. Outre Manelena et Elen, aucune autre femme n’avait réussi à capturer son cœur. Ce n’était certainement pas Krawnia qui pourrait arriver à le faire chavirer. Ah… Oh ? Elen s’était jetée dans ses bras, sans hésitation. Elle se nichait contre son torse et il se demandait encore comment réagir.

Et puis zut ! Réfléchir trop longtemps provoquerait plus de remous qu’autre chose. Il avait décidé de la garder contre lui, caressant ses cheveux blonds. Devenus plus longs avec le temps, ils lui allaient jusqu’au milieu du dos, ce qui la rendait encore plus belle à ses yeux. Ah… Est-ce que c’était vraiment résolu ? Tout ce qui s’était passé ? Il n’en savait trop rien mais… s’il n’y avait ne serait-ce qu’une petite marge de progression pour retourner à la normale, alors il allait tout faire pour la prendre.