Épilogue : Toujours plus

ShiroiRyu
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Épilogue : Toujours plus

« Je ne suis pas certain que j’avais beaucoup visité Omnosmos la première fois que je suis venu ici. Manelena ? »

« Hmm… D’après mes souvenirs, nous étions plus concentrés sur la bibliothèque et sur la tour d’Ernold. Nous n’avons pas vraiment eu l’envie et la motivation de regarder ailleurs. Et pourtant, c’est la capitale du monde. »

« De la surface, maintenant. Il va falloir préciser cela tant que nous ne serons pas sûr que les démons puissent vivre parmi nous sans qu’ils ne soient en danger. »

« À ce sujet, Ernold, vous parlez de démons mais justement, il y en a pourtant pas mal dans les rues et les gens ne sont pas si inquiets que ça. »

« Oh ça, c’est bien parce que justement, nous sommes habitués à avoir de toutes les races présentes que nous réagissons différemment des autres. Et puis, cela ne ferait pas une très bonne publicité si Omnosmos, avec son grand archimage gnomold, n’était pas apte à intégrer une nouvelle race intelligente en son sein. »

« Je vois, je vois, c’est donc normal. Mais c’est fabuleux. Ils sont vraiment à leur place. On ne dirait pas que cela fait à peine une année que les portes sont ouvertes. »

« Eh oui, c’est que j’ai pris très à cœur ce projet, Tery. Je ne voulais pas que des démons, plongés dans l’inconnu, soient inquiets et méfiants de ce qui pouvait les attendre à la surface. C’est pourquoi je suis plutôt satisfait du résultat. »

« Tu peux l’être Ernold, vraiment. Mais bon, d’ailleurs, qui est-ce qui dirige encore Omnosmos ? Je crois que j’ai oublié depuis le temps. »

« Il n’y a pas vraiment de dirigeant puisque nous sommes au milieu du monde. Néanmoins, les archimages sont souvent ceux qui règlent les différends si cela s’avère nécessaire. Mais bon, actuellement, nous n’avons pas à nous préoccuper de ça. »

« Ernold, Tery, je sais que cela fait longtemps que vous n’avez pas parlé ensemble, tous les deux, mais vous pouvez vous dépêcher ? Tout le monde attend après vous. »

Oups ! Sa grand-mère était moyennement contente par rapport à la situation. En même temps, il était vrai qu’il discutait beaucoup avec Ernold, oubliant un peu les autres personnes. Le vieux gnomold était un puits de connaissance et comme auparavant, Tery adorait en savoir plus en vue de tout ce qu’il savait.

Heureusement, lorsqu’il fut temps de manger un morceau et bien que tout le monde les regardait avec étrangeté, le jeune homme était entouré par Manelena et Elen, étant obligé de discuter avec l’une ou l’autre tandis qu’Ernold s’était attiré l’intérêt du plus jeune présent à table, si on excluait Klary qui dormait paisiblement à côté d’Elen, celle-ci la regardant toujours du coin de l’œil.

« Ah vous voilà donc ! Nous avons eu du mal à vous trouver ! Surtout quand nous avons appris que vous n’étiez plus dans la bibliothèque ! »

« Sérest… Séran. » murmura Elen en marmonnant un peu, guère décidée à les appeler par le terme convenant à la relation entre elle et eux alors que deux personnes se présentaient à leur table, Sérest reprenant la parole :

« Nous sommes désolés du retard. Même si nous n’étions peut-être pas réellement invités, nous ne voulions pas abandonner une telle occasion de revoir Ernold. »

« Ma famille vous doit tout, Zélisia, Alzar. Depuis des générations et des générations, nous vous accompagnons jusqu’au bout. Vous êtes les bienvenus à ma table et cela sans même qu’il n’y ait besoin de discuter, soyez-en sûrs. »

« Nous le savons parfaitement. Hmm… Cette table a vraiment beaucoup de convives. Je suis certaine que l’aubergiste va faire sa soirée grâce à nous. »

Toujours avec un petit sourire aux lèvres, Sérest, comme amusée par la situation, vint chercher une place de libre, invitant Séran à faire de même. Installés à table, le silence vint flotter pendant quelques secondes avant que les discussions ne reprennent, Sérest comme Séran évoquant plusieurs faits datant d’époques lointaines et reculées, de moments où nul ne pouvait apporter la preuve de leurs dires.

Même si la situation pouvait paraître gênante avec l’arrivée de Sérest et Séran, il suffisait de voir sa mère discuter avec eux pour que le jeune homme se sente un peu mieux. De plus, le couple d’anciennes divinités discutait aussi avec ses grands-parents en plus d’Ernold. Ils avaient un sujet sur tout ce qui les entouraient.
Le temps défila à une vitesse folle, Zalek comme Wandy ayant réussi à trouver leurs repères même s’ils étaient bien plus jeunes que le reste des personnes. Entre leurs discussions avec Ernold qui prenait du temps pour eux ou alors avec Sérest et Séran, ils n’hésitaient plus tellement à communiquer maintenant. D’un autre côté, cela était une excellente nouvelle, montrant par là qu’ils étaient en confiance.

C’est enfin lorsqu’ils retournèrent à la bibliothèque, en fin d’après-midi, que Tery remettait l’image dans les pensées de tous. Oui, maintenant qu’ils étaient vraiment tous réunis, ils pouvaient donc la faire cette dite image hein ? Cela ne serait tellement une idée absurde. Cependant, trouver une pièce vide, cela sera facile, surtout que la bibliothèque était fermée mais pour prendre l’image ? Se tournant vers Elen, il vint rougir légèrement alors qu’elle faisait de même de son côté.

« Je ne sais pas du tout à quoi tu penses, Tery. Ou alors, je le sais, mais tu ferais mieux de retirer ce sourire niais, d’accord ? »

« Ce n’est pas un sourire niais, Elen. Par contre, je me disais que… pour tout ça, si on doit se réunir, on va devoir laisser quelqu’un en retrait pour prendre l’image. »

Ah. Maintenant qu’il en parlait, c’était vrai. Justement, c’était ça à ce qu’il avait pensé. D’après ses souvenirs, Elen lui avait parlé d’un miroir ou autre pour faire son image mais ici ? Alors que chacun réfléchissait à qui allait se « sacrifier » pour cela, la femme-golem plaça une main sur l’épaule de Tery, le faisant sursauter. Ce n’est pas qu’il avait presque oublié son existence mais les réactions qu’elle avait sur le moment.

« Merci Clari mais ça ne serait pas pareil si… tu n’es pas sur l’image. »

Il voyait bien que cela ne dérangeait pas la femme-golem, surtout quand celle-ci ne s’exprimait pas le moins du monde comme à son habitude. Visiblement bien embêté une nouvelle fois, il ne savait pas quoi dire ou faire sur le moment.

« Je vais trouver une solution et… »

« Tery, pourquoi tu ne vas pas créer un golem, tout simplement ? Qui irait prendre l’image de nous tous avec Clari ? Si Clari peut le faire, tu peux donc aisément créer un golem qui aurait alors tout ce qu’il faut pour l’image. »

« AH ! Mais oui ! Pourquoi je n’y ai pas pensé, Manelena ? »

« Car c’est la chose la plus évidente et aisée à mettre en place et que comme souvent, tu devais sûrement réfléchir à une méthode abracadabrantesque comme à ton habitude, n’est-ce pas ? Tu peux nous le dire, je ne pense pas que l’on va se mettre en colère. »

« Pfiou… Non, Manelena. Ton idée est très bien et je n‘ai pas du tout envie de me frotter à toi, surtout que malgré tes propos, je n’ai pas tellement réfléchi. »

Mais maintenant qu’elle en avait parlé, il n’allait pas hésiter un seul instant ! D’un geste vif, le voilà en train de concentrer sa magie pour créer un golem fait de bois, d’une taille d’environ quarante centimètres. Comme un petit être famélique mais humanoïde, le golem pouvait tenir l’objet permettant de capturer leur image.

« Juste une petite question : combien d’utilisations maximum on peut faire avec cet objet ? J’ai peur que mon golem n’y arrive pas du premier coup. »

« Vu qu’il s’agit d’un objet provenant d’Omnosmos, tu n’as pas à t’en faire. Tu peux faire une dizaine d’images et voir lesquelles tu voudras garder ensuite pour permettre de les sortir ensuite. Cela n’est pas un souci. »

« Hahaha, d’accord. Tant mieux alors, j’avoue que j’étais légèrement inquiet. Bon eh bien, que tous et toutes se mettent en position ! »

Et pendant ce temps, il expliquait à son golem miniature ce qu’il devait faire. Comme à un enfant, le jeune homme prit un peu plus de temps, discutant avec sa création plutôt que de lui donner des ordres directs.

« Voilà, je pense que ça sera bon. »

« Alors, qu’est-ce que tu attends pour venir prendre place à mes côtés, Tery ? Une invitation de ma part ? Il faut en profiter pendant que Klary dort. »

Hahaha ! Il se retint de sourire alors qu’il se plaçait avec vivacité aux côtés d’Elen. Plus que joyeux, il regarda le beau monde qui était là. Bon, c’était un étrange tableau, avec des membres de presque toutes les races, sauf un Mékalarmien mais voilà bon, on ne pouvait pas tout avoir non plus hein ? Aaaah ! Bon ! Combien d’images ils allaient prendre ?

« Je tiens à rappeler que de base, nous devons envoyer ces images à leur père, Tery. »

« Oui Manelena mais cela ne change pas qu’il va falloir quand même choisir parmi toutes ces images présentes, non ? Elise ? Zalek ? Wandy ? Vu que c’est pour votre père, cela serait bien mieux que ça soit vous qui preniez la décision. »

« Oh euh… On a pris des images où nous étions juste tous les trois, non ? »

Zalek avait posé une question toute simple, regardant Elise et Wandy. Les deux jeunes demoiselles hochèrent la tête, montrant la dite-image avant que Zalek ne s’exclame :

« Je pense prendre celle-là ! Comme ça, père saura que nous sommes tous les trois en sécurité. Mais en même temps, il faudra lui écrire, non ? Lui donner de nos nouvelles, ce qui s’est passé, dire que nous allons bien ! »

« Tout sera fait en temps et en heure, Zalek. Bon, de mon côté, je crois que je vais prendre celle-là. Tery est proche de moi et puis, nous sommes tous présents. » vint compléter Wandy tout en souriant, rougissant un peu en regardant le jeune homme aux cheveux bruns.

« Tery, il va vraiment falloir que toi et moi, nous discutions tous les deux. »

GLOUPS ! Il n’avait rien fait de mal ! Pourquoi est-ce qu’Elen lui lançait des éclairs dans les yeux ? Enfin, pour Elise, elle avait décidé de prendre une autre image où le groupe était réuni au complet. Trois images ? Pourquoi pas cinq ? Pendant qu’ils réfléchissaient à ce qu’ils allaient envoyer en complément, Tery demanda à Wandy et Zalek d’écrire quelques mots pour leur père. Il fit de même avec Elise bien qu’il comptait sur elle pour qu’elle explique bien mieux la situation à son paternel.

Plusieurs lettres allaient partir en même temps pour être certain que l’une d’entre elles arrive à son destinataire. C’était peut-être une version un peu exagérée mais prendre un maximum de précaution était nécessaire au cas où. Au moins, il remarquait que chacun et chacune y mettait du sien pour accompagner les lettres.


L’envoi sera fait en pleine nuit, avec tout le monde regardant partir les différentes lettres ailées. Tant qu’ils étaient là, Tery avait quelques questions pour Sérest et Séran, se tournant vers eux avant de leur poser directement :

« Je voulais savoir, vu que vous vous y connaissiez. Hmm… Comment dire cela mais ces lettres, est-ce une invention de votre part ? Elles sont considérées comme vivantes en partie, non ? Et je me disais qu’un objet aussi utile était vraiment impressionnant. »

« Hmmm, non, ce n’est pas de notre fait mais il est vrai que ces lettres existent depuis la création de ce monde ou presque. À l’époque comme aujourd’hui, il est vrai que la communication a toujours été un point majeur. »

« Donc ce n’est pas vous mais alors qui ? Enfin, quelqu’un s’est bien dit : « Il me faut un moyen de communiquer rapidement et sans me te tromper de destinataire. » »

« Alors, tu as sûrement une idée de qui pourrais faire une telle chose, non ? »

« Ce n’est quand même pas… »

« Non, ce n’est pas le Dévoreur, hahaha, mais celle qu’il aimait. Nul ne pouvait rivaliser avec lui dans le domaine des golems, cela ne voulait pas dire que d’autres personnes n’avaient pas des capacités insoupçonnées. Comme les peuples étaient en guerre, elle a trouvé le moyen de créer ces lettres ailées pour qu’ils puissent retrouver la personne à qui on écrit. »

La femme du Dévoreur. De ce qu’il avait compris et entendu, elle était celle pour qui il s’était battu durant tout ce temps. Elle était aussi celle par qui tout s’était déclenché à sa mort. Il ne dit rien de plus, la soirée se passant tranquillement. Pour l’occasion, plongé dans le sommeil, il l’avait entendu. Il lui parlait. Il communiquait avec lui.

Le Dévoreur… Le Dévoreur lui chuchotait à quel point ils se ressemblaient, tous les deux. Qu’ils avaient tous les deux perdus un être cher fait de chair et qu’ils lui avaient redonné la vie sous une autre forme. Tout cela à cause de la haine des races de la surface comme celle des profondeurs.

Qu’est-ce que le Dévoreur lui voulait ? Il demandait des explications, cherchant des réponses, sans forcément les avoir. Pourquoi est-ce que le Dévoreur le focalisait autant que ça ? Contrairement à auparavant, le Dévoreur lui donnait ce qu’il désirait. Il lui permettait de comprendre que s’il était plus aisé de parler, c’est bien parce qu’il en savait plus à son sujet. Qu’il n’y avait plus aucune raison de cacher cela.

Ils étaient proches, bien plus proches que Tery ne voulait le croire. Ils avaient le même vécu, le même sang, il était impossible de les dissocier. C’était cela qu’il devait s’ancrer dans le crâne. Il était impossible pour lui d’échapper à son destin. Qu’importe s’il pensait que tout allait pour le mieux, qu’il allait retrouver une paix bien méritée, le monde dans sa globalité ne pouvait rendre un homme vraiment heureux… et il allait le comprendre bien assez tôt.

Se redressant, couvert de sueur et haletant, Tery rouvrit les yeux, regardant droit devant lui. C’était la première fois… depuis sa crise souterraine, que les paroles du Dévoreur étaient aussi intenses, aussi présentes dans son esprit. Lentement, il sentit une main caresser son bras droit avant qu’un murmure féminin ne se fasse entendre :

« Hmm… Tery… Il se passe quelque chose ? »

« Oh… Elen, tu dormais, désolé. Je t’ai réveillée ? »

« Je suis encore… un peu courbaturée et fatiguée mais… Qu’est-ce qu’il y a ? »

Elle s’était redressée, tenant la couverture à hauteur de sa poitrine avant de la relâcher, quelques secondes après, dévoilant alors le pan supérieur de son corps nu. Elle n’avait aucune raison de se cacher devant lui.

« Le Dévoreur… il est revenu me parler. Il s’était calmé, après tout ce temps… mais il revient… et c’était plus intense qu’auparavant. Il a recommencé à me comparer à lui, à donner les ressemblances entre lui et moi, à évoquer ces différents points. Je suis vraiment sûr qu’il veut… m’obtenir. Il m’a aussi… déclaré que ce que je ressens actuellement n’est que temporaire, que le bonheur d’un homme n’est rien pour le monde qui l’entoure. »

« Le Dévoreur peut gentiment aller voir ailleurs si cela ne lui convient pas. »

Elle lui avait répondu assez sèchement bien que ses propos n’étaient pas dirigés vers lui. Tendant ses bras, elle récupéra le jeune homme, collant sa tête contre elle avant de lui murmurer avec plus de délicatesse :

« Celui ou celle qui veut m’empêcher d’être heureuse aura affaire à moi. Même si ce n’est que quelques années, quelques décennies, j’interdis à quiconque de vouloir me retirer le bonheur que j’ai de t’avoir à mes côtés. »

« Mais cela revient à dire que je n’en ai pas fini avec toute cette histoire. »

« Je le sais bien, Tery, je le sais plus que bien mais… maintenant, il faut vraiment que je trouve un moyen qui nous rende impossible à nous séparer. »

« Il y a bien des chaînes, des boulets ou autres, non ? » dit-il en rigolant légèrement, Elen lui tapotant délicatement le crâne.

« Je ne voulais pas plaisanter à ce sujet, Tery. Je suis sérieuse, je m’en fais vraiment pour toi et tout. Ah… Même si bien entendu, tu n’es pas exempt de défaut et que je suis certaine que le Dévoreur n’a pas couché avec une autre femme, lui. »

« Cela me fait une différence assez importante mais… il n’y a pas de quoi s’en réjouir. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, yeux baissés, finissant par se libérer de l’étreinte d’Elen.

« Nullement, oui. Mais tout cela pour te dire encore une fois. Ne t’inquiète pas. Je suis là, je suis leur fille, à ces deux soi-disant divinités et je compte bien profiter de ce qu’ils m’ont offert comme pouvoirs à ma naissance pour m’occuper de ceux qui me dérangent. »

« Tu sais que lorsque tu parles ainsi, tu donnes plus l’impression de vouloir contrôler le monde que protéger quelqu’un ? Tu me confirmes que tu ne veux pas raser les différentes races sur notre planète, hein ? »

« Hmm, pour le moment, ce n’est pas dans mes projets personnels. Et toi ? Est-ce que tu as des ambitions de la sorte, Tery ? »

« Pas du tout. Pas vraiment. Et pourquoi pas pour le moment ? »

Elle commençait à l’inquiéter… ou non. Il savait pertinemment que ce n’était pas le genre d’Elen. Simplement, pendant plusieurs minutes, ils continuèrent de discuter tous les deux, de tout et de rien. Quand enfin, le sommeil revint le frapper de plein fouet et que ses yeux se fermaient plus qu’ils ne restaient ouverts, il revint prendre Elen dans ses bras.

Apaisé et soulagé, l’avoir auprès de sa personne lui permettait d’oublier la majorité de ses soucis. Qu’importe le temps qui s’était écoulé, ce qui s’était passé durant ces longs mois sans pouvoir l’avoir à ses côtés, il suffisait juste d’une nuit, de quelques paroles pour qu’il soit ailleurs. Hmm… Il n’avait vraiment aucune idée de ce qui allait l’attendre dans le futur mais dans ce dernier, elle était à ses côtés et… cela lui suffisait amplement.

Au plus profond du monde souterrain, en plein dans la capitale démoniaque, plusieurs lettres se faufilèrent dans le palais impérial. Comme si les gardes avaient reçu l’ordre de l’empereur même, ces premiers ne firent aucun mouvement pour arrêter les lettres. Quelques minutes plus tard, assis dans ce qui semblait être un fauteuil d’une stature aussi royale que celui que la personne nichée dessus, Malark tenait les lettres d’une main, l’autre contenant la première qu’il venait de recevoir, accompagnée d’une image.

« Je vois. Ils sont entre de bonnes mains. Je savais que je pouvais leur faire confiance. »

Ses enfants. Les plus jeunes d’entre eux. Ceux qui n’avaient pas été perverti par toute cette engeance démoniaque qui ne voulait que s’entretuer et se dévorer en espérant devenir toujours plus fort, encore et encore, comme lui l’avait fait avec sa propre fratrie. Mais il n’est pas aveugle. Les Démons ne sont pas le seul peuple à vivre de la sorte.

Il a fallu moins d’une année pour comprendre que les races à la surface ne sont guère mieux pour la majorité. Il a suffi de discuter avec Tery et Manelena pour comprendre que chaque race a ses propres problèmes, son propre lot de traîtres, de manipulations parmi les nobles, le bas-peuple. Qu’importe le système utilisé, que cela soit via des clans, une dictature, une démocratie ou autre, il y aura toujours des personnes pour en abuser, par une méthode ou une autre. Il s’était résigné avec le temps, il était rentré dans le moule. Pourquoi faire une monarchie différente de ses prédécesseurs ? Ses premiers enfants avaient mal tourné et il avait totalement oublié l’existence d’Elise, en projet commun avec Tery. Seuls ses plus jeunes enfants avaient réussi à ne pas subir plus de pression avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, il en sera éternellement reconnaissant envers Tery et son groupe.

« Malheureusement, le monde ne nous fera pas un seul cadeau. »

Ce qui voulait dire explicitement que la moindre gentillesse envers autrui pouvait être considérée comme une marque de faiblesse. C’était un combat éternel et perdu d’avance. Même ceux qui ne voulaient pas se mêler de tout cela, finissaient inlassablement par y être intégré, contre leur fré. Oui… Si le Dévoreur était devenu ainsi, c’était bien parce que malgré sa puissance, il n’avait pas voulu se mêler au conflit entre les démons et les autres races. Le résultat avait été effroyable : la perte de sa bien-aimée l’avait rendu fou, l’invitant alors à dévorer tout ce qui se trouvait sur son passage, qu’importe la race ou la puissance. Il avait fallu le sacrifice physique de tout le peuple de ce monde pour réussir à sceller le Dévoreur ainsi que les démons qui n’avaient rien demandé à cela.

« Ils sont tous présents. Tous autour de nous… Tous ceux des différentes races, qui n’hésitent pas à vouloir profiter de ce nouveau monde souterrain pour obtenir plus de puissance, de force et de connaissances. Et… inversement. »

Les Honoriens, les Mékalarmiens, les Gnomolds… Ces races étaient les principales à vouloir se confronter à eux. Pour Shunter comme Traslord, les paroles de Tery lui avaient permis de comprendre que ces deux nations n’envisageaient aucun mouvement belliqueux à l’encontre des démons. Claudiska ? Cela restait une terre assez neutre pour le moment.

Le monde continuait de tourner et s’était ouvert aux autres. Au plus profond de la capitale démoniaque, il savait qu’il était réveillé, qu’il allait se mettre en action. Depuis le jour où Tery s’en était rapproché, les engrenages du destin s’étaient alors mis en marche.

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