Chapitre 59 : Tous ensemble

ShiroiRyu
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Chapitre 59 : Tous ensemble

« Je sais que je vais paraître embêtant mais l’image, est-ce que l’on ne pourrait pas plutôt la prendre à Omnosmos ? »

« Pourquoi est-ce que tu demandes ça maintenant, Tery ? »

« Je ne sais pas… Je crois que j’ai envie que ma mère et mes grands-parents soient là eux aussi. Peut-être que j’exagère mais sans eux, je ne suis pas certain que j’aurais été jusqu’au bout. Surtout ma mère. »

« Il est vrai que ta mère est une femme très forte, Tery. Je suis d’accord avec ce point de vue. Ah… De mon côté, je suis soulagée de savoir que je peux laisser Shunter aux mains d’Hémurion sans avoir à m’en faire. »

« Je pense pareil que Manelena. Sans ta mère, jamais je n’aurais réussi à survivre et à m’occuper de Klary. C’est grâce à elle que j’ai réussi à élever notre enfant. »

Satisfait d’avoir les avis des personnes les plus importantes, du moins à ses yeux, il attendit quand même ce qu’en pensait Elise et Royan. Héraisty, de son côté, était juste ravie à l’idée de découvrir encore un autre lieu. Quant à Krawnia, moins il la voyait, mieux c’était. Bien qu’il pouvait sentir sa présence dans son dos, plus il l’ignorait, plus il était certain que ça lui conviendrait personnellement.

« Pfiou… Heureusement, Midès par rapport à Omnosmos, ce n’est pas comme le village de Leskar. Nous ne devrions avoir que quelques jours de marche. »

« Faisons néanmoins attention aux gnomolds. Même avec Ernold de notre côté, nous risquons vraiment de tomber sur un ou deux clans belliqueux. »

Ah… Les propos de Manelena étaient fondés. Mais après tout, tous les gnomolds n’étaient pas forcément contre eux. Il y en avait bien quelques-uns qui pouvaient prôner la discussion et le dialogue plutôt que l’affrontement jusqu’ç la mort. Il fallait juste espérer qu’il s’agira de ce type de gnomolds s’ils en rencontraient sur leur chemin.


Ne perdant plus de temps, toute la troupe se dirigea alors vers Omnosmos à toute hâte. Heureusement pour eux, les journées passèrent sans encombre, aucune bête sauvage ou des gnomolds hargneux venant leur barrer la route. Dans Omnosmos, comme pour Midès, il fut question de se séparer, chacun ayant quartier libre.

Après l’ouverture des portes démoniaques, il était vrai que le centre du monde s’était retrouvé avec une sacrée surprise mais heureusement Earnos avait géré cela de main de grand archimage. D’ailleurs, chose étonnante, dans la capitale, déjà plusieurs démons se trouvaient là, conversant avec d’autres races.

Et chose encore plus étonnante, dans la bibliothèque, Tery retrouva son grand-père en pleine discussion importante avec l’un de ces êtres cornus. Néanmoins, la discussion s’arrêta aussitôt lorsque son grand-père le remarqua, s’avançant à toute hâte vers lui, bras ouverts pour venir l’étreindre chaleureusement. Puis se tournant en arrière, il cria :

« Jésiane, préviens notre fille ! Tery est de retour ! Et il n’est pas seul ! »

« Combien de fois je t’ai déjà dit de ne pas lever la voix dans… Tery ?! »

La voix de la vieille femme n’avait pas terminé sa phrase qu’il entendit des pas précipités se diriger vers lui. Et malgré son grand âge, la vieille dame n’avait pas perdu de sa vélocité. Sans même qu’il ne puisse faire quelque chose, il fut libéré des bras de Périk pour recevoir… une baffe sur la joue de la part de sa grand-mère.

« Celle-là, tu l’as bien méritée ! Tery… Oh mon enfant… mon petit enfant… »

Hein que quoi ? Il était pas certain de tout saisir, simplement qu’il venait de s’en prendre une sans même savoir d’où elle venait avant de sentir sa grand-mère l’enlacer avec force et tendresse, ce qui était assez spécial en soi.

« Je le retiens, ma fille. Tu peux y aller de bon cœur ! »

Le retenir ? C’est vrai qu’il ne pouvait pas… AH ! Il venait de se prendre une seconde baffe, pas très discrète, en plein sur l’autre joue. Mais hey, ça commençait à faire sérieusement mal. Est-ce qu’elles s’en… Oh ! Sa mère !

« Maman ! Aie, aie, aie, là, tu me serres trop fort ! Après mamie, c’est toi ! »

« Quand j’ai un imbécile de fils qui ne fait que me causer des ennuis, c’est normal que de lui mettre quelques claques pour que ses idées se remettant à la normale ! Ah qu’est-ce que je raconte… Je dis n’importe quoi ! »

Et ce n’étaient pas les pleurs qui allaient arranger tout ça, non ? Il entendait parfaitement sa mère qui sanglotait et il se sentait mal à l’aise, comme auparavant. En même temps, ce n’était pas comme s’il avait réellement pu la voir avant cet instant.

« Maman, je suis vraiment désolé, je ne voulais pas… »

« Tu peux l’être ! Et tu peux continuer comme ça pour les prochains jours ! J’espère pour toi que tu as de très bonnes explications à ce sujet ! »

« Tout d’abord, tu ne voudrais pas que je te présente Klary ? Et que je fasse de même pour mamie et papi ? Cela serait la première fois pour eux, je crois. »

Vite ! Il espérait s’en sortir en utilisant un tel argument. Si ce n’était pas le cas, il pouvait alors se considérer plus ou moins foutu, hahaha. Il espérait ne pas en arriver là, ça serait sacrément triste en vrai.

« Klary ? Klary ? Mais c’est… Enfin, tu veux dire que… »

« Eh bien, Elen et moi, vu que nous nous sommes retrouvés, nous avons décidé de lui donner enfin un prénom. Et donc, il s’agit de Klary. Cela se prononce pareil… mais ça ne s’écrit pas de la même façon. »

« Oooooh ! Elen ! Klary ! Est-ce que je peux voir mon arrière-petite-fille alors ? »

On pouvait dire au revoir à la tranquillité de la bibliothèque. Heureusement, vue l’heure, il n’y avait pas grand-monde et le grand-père de Tery fit une petite mine désolée bien qu’amusée par la situation.

Comme il était si rare de voir sa femme s’emporter de la sorte, il valait mieux faire comme si de rien n’était. Le vieil homme invita le reste des personnes présentes à le suivre, il était temps de les emmener dans une salle pour qu’ils puissent se reposer mais surtout parler librement. De toute façon, pour la bibliothèque, ils avaient aussi deux autres employés qui pouvaient gérer cela pendant leurs absences.

« Vous allez avoir beaucoup à nous raconter, les enfants. »

« Les enfants ? » répéta Manelena en haussant un sourcil, Perik arborant un sourire en tournant son regard vers elle, disant :

« Pour moi, vous restez de jeunes enfants. C’est cela l’avantage de l’âge. Vous pouvez bien nous laisser cela, non ? »

« Bah… Faites comme vous voulez. De toute façon, je pense qu’une partie d’entre nous n’ira pas se joindre à la conversation. »

Elle avait juste désigné du regard quatre générations de femmes dans un coin : la plus jeune, âgée d’à peine une année était dans les bras de la plus vieille. Entre les deux, il y avait la mère et de l’enfant et la belle-mère de cette personne. Elle poussa juste un petit soupir, détournant les yeux comme gênée par quelque chose. Discrètement, ses mains se posèrent sur son ventre avant qu’elle ne plonge dans le silence.

« Bref ! Maintenant que nous sommes tous là, on va pouvoir parler de choses sérieuses… après avoir pris de vos nouvelles et surtout que vous nous racontiez tout ce qui s’est passé. C’est que du temps s’est écoulé depuis la dernière fois. Oh d’ailleurs, pendant que nous sommes ici, j’ai demandé que l’on contacte Ernold pour qu’il puisse venir si cela lui est possible. De ce que j’ai compris, c’est pour lui que vous êtes venus et… »

« Oh pour lui à la base, mais aussi pour vous pour une tout autre raison. »

Il avait coupé la parole à son grand-père, non pas par effronterie mais comme pour rassurer les deux vieilles personnes. Non, ils n’étaient pas venus les voir par « dépit », loin de là. C’était même tout le contraire. Il estimait que c’était tout aussi important que de rencontrer Ernold. Peut-être devait-il arrêter de faire durer le suspense et parler de suite de son idée ?

« Nous aimerions prendre quelques images de nous tous ensemble pour les envoyer au père d’Elise, Zalek et Wandy. »

« Tery, d’ailleurs, je pense que je peux aller les chercher, non ? Je me dis que… ça pourrait leur faire du bien de rencontrer tes grands-parents. »

Il était vrai qu’ils avaient laissé Zalek et Wandy dans la bibliothèque, accompagnés de Clari, par mesure de sécurité tandis qu’ils discutaient de choses importantes entre eux. D’accord ! Il acceptait la proposition d’Elise, acceptation partagée par les autres personnes présentes.

Quelques minutes plus tard, l’adolescente et le jeune enfant rentrèrent dans la pièce, accompagnés par Elise. Un peu impressionnés par le monde réuni dans un espace plus petit que d’habitude, ils levèrent la tête vers les personnes qu’ils ne connaissaient pas. Jésiana, avec un petit sourire, leur dit :

« Eh bien, rapprochez-vous donc. Périk, je crois que nous avons de quoi nourrir ces petits anges, non ? Tu veux bien aller chercher les gâteaux ? »

« Tes désirs sont mes ordres, ma mie. »

Elle leva les yeux vers le plafond comme pour dire que ce genre de petit compliment, devant des enfants et autrui, ce n’était pas nécessaire. Elle s’excusa auprès des personnes présentes bien que tous ne semblaient pas s’en offusquer.

« Alors, quels sont vos prénoms ? Tout d’abord, toi, mon petit ? »

« Euh… Euh… Ben… Euh… Zalek, madame. Je m’appelle Zalek. Euh… Je suis enchanté. »

Il fit une petite courbette respectueuse, comme il l’avait appris en tant que jeune noble. Il tremblait un peu, difficile de savoir si c’était de peur ou d’émotion tandis que sa sœur aînée commença à faire de même tout en disant :

« Je me présente à mon tour : je me nomme Wandy. Je suis heureuse de vous rencontrer, madame, monsieur. »

« Mince ! Euh, je suis vraiment désolé, monsieur, je n’ai pas… »

« Ils sont adorables comme tout. Comme nous n’avons pas connu notre petit-fils à cet âge, on va pouvoir se rattraper avec vous deux, n’est-ce pas ? »

Périk n’avait pas laissé le temps à Zalek de s’excuser proprement, se rapprochant de lui pour caresser le sommet de son crâne avec tendresse. Sursautant un peu, l’enfant bredouilla quelques paroles tandis que Périk lui montrait un petit plateau qu’il avait ramené avec diverses confiseries, pâtisseries et boissons.

« Servez-vous donc, il en est de même pour nos autres invités mais priorité aux plus jeunes. »

« Cela va de soi. Et Tery, que je ne te vois pas essayer d’en chaparder un discrètement. »

« Hey maman ! J’ai passé l’âge de faire ça ! » s’exclama Tery, s’étant rapproché du plateau tout en tournant le dos à ce dernier.

« Alors, tu n’as aucune raison de rester trop près du plateau. Ramène-toi auprès de ta femme et de ta fille au lieu. »

Aie, aie, aie, il était tellement content de retrouver sa mère mais y avait des petites choses qui ne lui manquaient pas. Enfin, il pensait cela en plaisantant, gardant ceci pour lui alors qu’il s’exécutait, retrouvant alors sa petite famille. Aucune remarque n’avait été faite par rapport au terme désignant qu’Elen était sa femme. Même si cela n’avait jamais été officiel.

Bien installé, il n’osa plus tellement bouger et surtout prendre la parole à nouveau. Bon… Et maintenant ? Il ne pouvait même plus récupérer un biscuit à cette distance et il était plus stressé qu’il ne le pensait.

« Pour cette image à envoyer à l’empereur Malark, qu’est-ce que vous voulez faire exactement ? Du moins, comment voulez-vous le faire exactement ? »

« Euh eh bien, j’avais envie que tout le monde soit là. Ernold, c’est peut-être un peu exagéré de demander sa présence, surtout pour une chose aussi ridicule mais à part ça, peut-être que l’on verra quand il arrivera. En attendant, je peux déjà vous raconter une partie de tout ce qui s’est passé depuis. »

Bien sûr en essayant d’omettre certains éléments plus que sordides que les enfants n’avaient pas forcément besoin d’entendre, même s’ils étaient issus de la race des démons. Bien entendu, il faisait aussi un léger oubli sur ce qui s’était passé charnellement avec Manelena bien qu’il parlait quand même de la vois qu’il entendait et de ce qui se trouvait dans la capitale démoniaque, c’est-à-dire le Dévoreur.

« Quelle histoire saugrenue et… Tery. »

« Maman, ça ne change rien par rapport à toi et moi. Mais aussi par rapport à mamie, papi et moi aussi. Enfin, je veux dire par là, que je vous considère toujours de ma famille. Après, ce n’est pas exactement pareil que ce que à quoi vous vous attendiez mais… »

Il ne termina pas sa phrase, se prenant un coup de poing sur le crâne qui lui arracha un cri de douleur alors que sa mère s’était positionnée dans son dos pour le prendre dans ses bras.

« De ce que tu as dit, même si… cet homme n’est pas ton père et s’est juste servi de moi comme cobaye, cela ne change pas le fait que tu es la chair de ma chair, non ? Tu restes à cinquante pour cent un Vanian. Enfin, vu que cette personne n’était qu’un démon qui a osé me manipuler, on peut même retirer sa participation et te considérer à cent pour cent comme mon fils et un membre en entier de notre famille, n’est-ce pas ? »

Il n’osa pas répondre à sa mère, baissant les yeux. Il avait préféré fermer ses derniers bien que sa respiration s’accélérait fortement. Pfiou… Pfiou… Il ne se sentait pas bien. C’était juste que les propos de sa mère. Lentement, déglutissant, il chuchota :

« Oui, c’est vrai. Même si… je ne suis pas le meilleur des fils… »

« Oh ça, ni même des petits-fils, d’après ce que disent tes grands-parents. Mais bon, je ne suis pas la mieux placée pour faire la morale en vue de comment je me suis enfuie en étant à peine jeune adulte d’Omnosmos. »

« Et on peut voir le résultat aujourd’hui, ma fille. »

Hein ? C’était lui ou alors sa mère et sa grand-mère s’envoyaient quelques pics ? Il n’était pas vraiment certain de vouloir s’en mêler. Surtout s’il ne voulait pas décéder sur place. Mais c’est en entendant quelques rires qu’il comprit enfin que cela n’était juste que quelques taquineries de la part des femmes de sa vie envers elles-mêmes.

« Même si ton soi-disant mari a été un déchet jusqu’au bout en fin de compte, tu as donné naissance à un enfant merveilleux, même s’il ses particularités. Mais bon, si notre famille n’était pas unique en soi, cela rendrait la vie bien triste. »

« Messire Perik ! Le grand archimage Ernold vient d’arriver ! » signala une voix derrière la porte, tout simplement l’un des employés de la bibliothèque.

« Je vais aller le chercher, je reviens tout de suite. » déclara le grand-père de Tery avant de quitter la pièce. Pendant quelques minutes, le temps de faire les salutations mais aussi d’éviter un effet de foule en voyant Ernold dans la bibliothèque, les personnes installées dans la pièce discutèrent entre elles.

Les questions provenant principalement des femmes Vanian tandis que les réponses arrivaient principalement de Manelena et Tery, parfois de Clari ou Elen. Royan, quant à lui, observait parfois Wandy et Zalek, sans un mot, puis Elise.

« Hohoho. Perik m’avait dit qu’il y avait du monde mais je ne m’attendais pas à y voir autant de personnes. »

Une voix, plus chevrotante que les autres, signe d’un âge avancé, se fit entendre alors que Perik revenait dans la pièce. Accompagné par un petit être bossu tenant fermement un sceptre finement ouvragé, comme ses habits, le grand-père de Tery l’invita à prendre place et à s’asseoir. Aussitôt, Zalek s’était levé de sa propre place, disant :

« Vous… vous pouvez vous asseoir ici, monsieur. »

« En voilà un enfant bien élevé. Le petit tremblement dans la voix me fait comprendre que tu as légèrement peur de ma personne et que tu n’étais pas certain de la marche à suivre, n’est-ce pas ? Mais ne t’en fait pas, je ne te veux aucun mal. »

« D… D’accord, monsieur. » bredouilla Zalek avant d’aller rejoindre Elise, se cachant à moitié derrière elle. Il avait peut-être plus d’une décennie, il restait facilement impressionnable sur diverses choses difficiles à cacher.

« Bon bon bon, cela ne vous dérange pas de me rappeler un peu tout ce que j’ai malheureusement louper ? Mon vieil âge et mes dispositions n’étant pas les mêmes que les vôtres, je m’excuse quand même de ne pas avoir été présent dès le début. »

« Ne vous inquiétez pas, messire Ernold. Je vais me charger de cela. Il n’y a pas grand-chose de plus à dire et j’ai gardé quelques informations pour votre arrivée. »

Cela pour éviter une certaine lassitude même si c’était assez étrange dans les faits. Pour autant, il n’allait pas se restreindre. Comme convenu, le voilà maintenant en train de communiquer une nouvelle fois les diverses informations par rapport au Dévoreur mais aussi ce qui s’était passé dans la capitale démoniaque, que cela soit avec les armées des autres enfants royaux, son lien avec le Dévoreur, la construction des divers tunnels reliant les démons à la Surface, les projets de paix et tout le reste. Lorsqu’il en avait terminé, il avait senti comme une légère pointe à la gorge, signe qu’il s’était exprimé plus que nécessaire mais il ne regrettait rien du tout. Pendant qu’il buvait, Ernold prit la parole :

« Le monde a vraiment changé pour le mieux. Je savais qu’en laissant les portes démoniaques s’ouvrirent, nous pourrions alors œuvrer à réparer les erreurs du passé. »

« Les erreurs du passé. Même si nous ne sommes pas responsables de tout cela, il est vrai qu’il est de notre devoir de permettre aux générations futures de vivre dans un monde qui serait entre les différentes races. »

« Même si d’après ce que vous m’avez dit, avec certains clans d’Honoros mais aussi parmi les Gnomolds, cela ne semble pas être une tâche aisée. Rajoutons le fait que les Mékalarmiens sont toujours aussi belliqueux et nous ne sommes donc pas tirés d’affaire complètement. »

« Oui, je sais que les nouvelles ne sont pas toujours bonnes, je tiens à m’excuser. »

« T’excuser, Tery ? T’excuser de quoi ? Ce n’est pas à toi de faire tous les efforts du monde. Ce que vous avez déjà accompli, chacun de votre côté est une chose merveilleuse dont peu de gens peuvent se vanter. Et même ainsi, vous ne le faites pas. »

Des paroles rassurantes de la part d’Ernold. Des paroles dont il avait tellement besoin même si elles avaient été répétées maintes fois en d’autres situations. Un manque total de confiance, comme à son habitude. Il poussa un profond soupir, fatigué et usé par son cerveau qui ne voulait jamais réellement le lâcher sur ce point.

« Bon, assez parler de vos aventures. Cela fait si longtemps que je n’ai pas pu vous voir, je pense que vous avez bien mérité de souffler un peu et puis… nous avons encore tant de choses à nous dire. Ne soyons pas si pressés. »

Tous acquiescèrent de la tête avant que la grand-mère de Tery ne signale qu’ils avaient tout le reste de la journée pour cela. Ils n’allaient pas parler des malheurs du monde alors qu’ils avaient la chance d’être tous réunis aujourd’hui, complétant les propos d’Ernold.

« Comme le dit si bien dame Jésiana, vous comptez rester ici pour quelques jours, n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas si pressés de partir. Et même, pour partir où ? Avez-vous des idées de ce que vous comptez accomplir ? »

« Pour le moment, pas le moins du monde. Mais avec les armées démoniaques d’Halyza et Haiktos qui rôdent et qui se lient à certains clans d’Honoros, je ne pense pas que nous soyons tranquilles. Mais oui, se reposer quelques semaines sans avoir à courir à droite ou à gauche, je pense que ça serait bien pour tout le monde. »

« Je suis d’accord avec Tery. Pour l’occasion, nous venons de nous retrouver et je n’ai pas envie que d’une manière ou d’une autre, nous finissons encore séparés par la force du destin. Je ne sais pas où sont Sérest et Séran, ils ne sont jamais là quand nous avons besoin d’eux mais bon… ils font leurs vies, tant qu’ils ne manigancent rien de mal. »

Un petit rire gêné se fit entendre parmi les membres présents. En même temps, Elen était la mieux placée pour savoir que ses… parents étaient du genre à faire ce qui leur passait par la tête. Elle ne cherchait pas à les retenir et ne comptait pas le faire mais… ils avaient déjà assez fait de dégâts même si leurs intentions n’étaient pas mauvaises. Jésiana tapa dans ses mains : il était temps d’y aller. Ils allaient se promener un peu dans Omnosmos !

Chapitre 58 : Maréchal

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Chapitre 58 : Maréchal

« Comme dit, pour Omnosmos, cela attendra les prochains jours. Ernold peut patienter. Nous pouvons nous rendre à Midès au plus tôt. »

« Plus vite j’ai des nouvelles, plus vite je peux laisser Hémurion continuer à gérer mon royaume. Je n’ai pas envie de perdre plus de temps ici. »

Manelena n’était pas vraiment grincheuse mais il était aisé de voir qu’elle était plus que motivée à l’idée de ne pas trop tarder. Tery la regarda avec une petite pointe d’interrogation, lui demandant calmement :

« Tu préfères tellement rester à nos côtés, Manelena, plutôt que de devoir faire ton royal travail, c’est bien ça ? »

« Tu peux éviter de le faire avec une telle confidence, Tery. Je ne rechigne pas à mon rôle, simplement, je ne suis pas une femme à rester en retrait pendant que mon royaume est en danger. On ne sait rien ce qui peut nous attendre et je ne vais pas me tourner les pouces jusqu’à ce qu’un messager me signale que c’est déjà trop tard. S’il y a un problème, je veux le régler directement à la source, voilà tout. »

Oui, ça lui correspondait bien. Tery ne fit aucune autre marque alors que déjà un groupe composé des diverses races venait se préparer pour le voyage jusqu’à Midès. Comme convenu, Elen et Royan restaient avec le reste des troupes tandis qu’Héraisty pouvait accompagner Tery pour découvrir Midès pour la première fois.

« Mettons nous alors en route. »

Bien qu’il laissait Manelena prendre les devants, les troupes démoniaques préféraient lui obéir directement même si elles ne montraient aucune réticence à écouter les directives de Manelena. Sur le trajet, les démons observaient les environs avec intérêt et appréciation, comme s’ils découvraient un tout nouveau monde.

« Héhéhé, je savais que ça vous plairait. Et encore, vous n’avez pas vu les autres régions et royaumes. Vous seriez étonnés des changements importants entre eux. »

« Ah bon ? Comment ça ? À quel point ? » demanda l’un des soldats se trouvant à côté de Tery, le visage de ce dernier se fendant d’un sourire.

« Eh bien, le roi Royan, que vous connaissez, provient de Traslord. Son royaume est en réalité découpé en trois parties : celle proche de Shunter est un terrain verglacé, recouvert souvent par la neige et la glace, aux températures glaciales. La seconde, celle centrale est constituée de plusieurs petites îles entourées par l’océan. Enfin, la troisième, proche de Claudiska, se veut être un terrain permettant aux îles et nuages dans le ciel de rejoindre la terre ferme. »

« Et pour Shunter, quelles sont les différences dans ce royaume ? »

« Je ne veux pas dire n’importe quoi et donc des bêtises, donc Elen ou Manelena pourront me corriger mais pour Shunter, cela concerne plutôt les terrains verdoyants, les montagnes et tout ce qui a trait à la végétation et la terre. »

« On peut dire ça comme ça. Il a plus ou moins raison. Nous sommes plus ou moins liés aux plantes mais principalement à la terre sous toutes ses formes. Que cela soit de la boue, des rochers ou alors tout simplement des monts. »

Qu’ils profitent du spectacle puisqu’il était vrai qu’ils n’étaient pas sûrs de savoir quand est-ce qu’ils pourront le revoir. Ce qui était une bonne nouvelle, c’est le fait que les autres races issues de cette armée hétéroclite étaient plus amusées voire attendries par les réactions qui paraissaient presque infantiles de la part des démons.

« Vous inquiétez donc pas. Quand tout sera fini, on vous invitera chez nous. Vous allez en voir du pays, j’vous le dis ! »

« Shunter est pas mal mais rien ne vaut Honoros pour les chaleurs. Et si vous êtes du genre combattif, vous ne serez pas déçus du voyage ! »

« Pour Mékalarma, il faudra régler quelques soucis qui sont en interne mais qui sait, peut-être qu’un jour, il sera possible de s’ouvrir aux autres races ? »

« Ça parle, ça parle mais ça n’évoque même pas Claudiska ! Voir au-dessus des nuages en regardant les autres comme s’ils étaient de simples fourmis, ça c’est la vie ! Enfin, pour ça, il vous faudra quelques objets confectionnés bien de chez nous comme des longue-vue et tout le reste, héhéhé ! »

Chaque soldat, issu d’un royaume y allait de son petit commentaire, mettant en valeur là d’où il provenait et son affiliation. Pour autant, vu que tout cela était bon enfant, Tery n’avait aucune raison de les arrêter. De plus, ce n’était pas comme s’ils allaient se faire attaquer hein ? Une telle armée effrayerait la plus courageuse des bêtes.

Le seul ennui serait causé par les gnomolds s’ils décidaient de présenter à nouveau mais ça, ils ne pouvaient pas vraiment y faire grand-chose. Il fallait espérer qu’Ernold avait envoyé un nouveau message aux différents clans gnomolds pour qu’ils comprennent quand il fallait s’arrêter, surtout maintenant qu’eux, de leur côté, ils étaient au courant de la raison de leur colère, colère qui était aisément compréhensible.

« Ah… J’imagine que tout ne sera jamais résolu aussi vite que j’aimerais que ça soit le cas. »

Car oui, là, ils allaient à Midès simplement pour avoir des nouvelles. Résoudre le conflit avec les gnomolds était une autre paire de manches. Enfin, ce n’était pas le moment de se poser plus de questions à ce sujet.

Aux abords de Midès, très vite, tout un groupe de soldats s’était rapproché à vive allure, armes dans les mains. Tournant son visage vers Manelena, Tery lui demanda du regard si elle n’avait pas envoyé quelqu’un justement pour les prévenir. Elle haussa simplement les épaules avant de répondre à cette question muette :

« Je préférais leur faire une petite surprise. Cela me permet d’avoir les réactions sur le fait par rapport à toute cette situation. Je voulais être certaine que l’on ne tente pas de me cacher des choses. Au moins, ils sont prompts à réagir, ce qui est une qualité, il faut le reconnaître, n’est-ce pas ? Ah… Bon, je vais aller m’expliquer. »

Comme si de rien n’était, Manelena s’était alors avancée par rapport au reste de l’armée. Rien qu’en reconnaissant l’armure de plaques noire qu’arborait l’imposante femme, les soldats de Midès s’immobilisèrent avant de se mettre au garde-à-vous. D’abord perturbés, puis gênés, ils semblaient déblatérer bon nombre de propos difficiles à interpréter, surtout que Tery n’était pas à côté pour les comprendre.

Revenant vers l’armée, Manelena déclara qu’ils pouvaient se diriger à l’intérieur de Midès bien qu’ils allaient éviter les quartiers commerçants. Il n’y avait pas vraiment besoin d’expliquer tout cela. La venue d’une armée, même si elle allait s’installer dans les quartiers de celles de Midès, surtout composée comme maintenant, allait clairement attirer l’attention. Donc s’ils pouvaient réduire cette dite-attention au minimum, il était plus que d’accord pour que ça se passe ainsi.

L’arrivée dans Midès, comme il fallait s’en douter, attirait des regards. Les citoyens se poussaient, les soldats de Midès demandant aux gens de bien vouloir reculer pour les laisser passer. Bien entendu, impossible de ne pas entendre les murmures et autres interrogations. Ils n’étaient pas des bêtes de foire, ce n’était pas pour autant que les soldats démoniaques n’attiraient pas les regards. Il en était sûrement de même pour les rares mékalarmiens aux écailles blanches.

« Tery, Héraisty, Elen, vous pouvez m’accompagner. Je vais aller rendre visiter à Hémurion. Maintenant, il est impossible qu’il ne soit pas au courant de mon arrivée. »

Et ce fut exactement le cas. Lorsqu’ils arrivèrent jusqu’au château royal, Hémurion les attendait dans des vêtements qui lui donnaient plus l’apparence d’un officier militaire que d’un remplaçant au monarque du royaume. Visiblement, il avait gardé la tête sur les épaules.

« Mes salutations, reine Manelena. Je n’ai pas eu l’honneur et le plaisir d’avoir des nouvelles au sujet de votre arrivée. Veuillez donc ex… »

« Bah. On ne va pas faire toute une cérémonie pour mon retour. Et je suis plus satisfaite de voir que le royaume est toujours debout avec toi aux commandes que d’avoir des troupes alignées sur les côtés pour me saluer. »

« Mais si vous êtes de retour, cela veut dire que votre projet a finalement abouti ? »

« Oui, comme tu as pu le voir avec de nombreux soldats de l’armée qui nous accompagne, beaucoup de démons sont présents. Et de votre côté ? »

« Comme vous me l’aviez demandé, si les démons n’attaquent pas à vue, nous avons fait de même. Néanmoins, j’ai tenu à être informé de leurs présences pour éviter que cela ne cause plus de troubles que prévu. »

« Bonne nouvelle. Y a-t-il eu néanmoins des démons belliqueux ou non alors ? »

« Pas que je sache. Néanmoins, je n’ai pas obtenu toutes les informations nécessaires. Cela ne m’étonnerait pas qu’à certains endroits, l’absence d’informations ne soit pas une bonne chose. Et il ne faut pas oublier les gnomolds. »

« Oui, pour ces derniers aussi, j’ai demandé à ce qu’ils ne soient pas attaqués à vue là aussi mais… les gnomolds sont plus agressifs que d’habitude. Beaucoup d’entre eux hurlent que nous nous sommes alliés aux démons. »

« Ce qui n’est pas faux en un sens. Bah… Une partie des gnomolds a du mal à s’adapter à tout ce qui est en train de se passer. Ne vous préoccupez pas d’eux. »

Balayant tout ça d’un geste de la main, la femme en armure noire avait fait disparaître son casque avant de soupirer. Comme si elle voulait tout de suite se débarrasser du plus gênant, elle reprit calmement la parole :

« Hémurion, tu dois t’en douter mais je ne suis pas de retour pour reprendre mes fonctions. Je n’en ai pas encore fini actuellement. »

« Oui, je dois vous signaler aussi qu’à l’heure actuelle, bien que le peuple reste encore surpris de votre décision, celui-ci est à mon écoute en vue du décret royal que vous avez fait avant de partir. Le fait que vous n’ayez pas hésité un instant à me nommer à ce poste après la rébellion a marqué les esprits dans le bon sens. »

« Même si bien sûr, il y a de très fortes chances que les nobles n’aient pas apprécié cela. De ce côté, aucun souci ? Pas de tentative de meurtre ? »

Il haussa simplement les épaules, ne répondant pas verbalement bien que ce geste en dît plus que nécessaire. Manelena ferma les yeux avant de taper dans ses mains :

« De toute façon, je comptais le faire dès que j’étais de retour. Il va me falloir faire une annonce solennelle mais bref, Hémurion, je vais te nommer Maréchal. Depuis que j’ai récupéré le trône, cette place est libre. »

« Vous êtes certaine ? » demanda Hémurion, s’interrogeant sur la rapidité d’action de la reine de Shunter alors qu’elle venait à peine de rentrer.

« Oui. Un homme qui a su réunir le peuple sous une même bannière ne peut qu’être apprécié par ses soldats. Même si… »

« Je ne suis pas certain que les fils et filles de noble apprécieront de travailler sous les ordres d’un maréchal qui n’a pas de statut social comme eux. »

« Si ce n’est que ça, je pourrais toujours te donner un titre en prime mais quelque chose me dit que tu n’aimerais pas forcément cette idée. »

« Vous êtes partie pendant plusieurs mois et pourtant, vous me donnez l’impression de me connaître bien plus que je ne le pensais. »

« Hmm ? Non, je suis juste apte à juger qui me semble de confiance ou non. Tu connais mon histoire, non ? Par rapport au fait que j’ai gravi les échelons militaires alors que personne ne connaissait mes origines. C’est pourquoi des coups dans le dos et autres, j’en ai eu aussi durant toute mon existence. »

« Soit, j’accepte alors votre proposition mais j’aimerais éviter les cérémonies. »

« Nous ne ferons une néanmoins, non pas devant le peuple de Midès mais devant un comité qui ira transmettre cette nouvelle à tous et à toutes. »

« Je n’ai pas à vous désobéir. Si vous estimez que c’est le meilleur choix, je ne peux alors que l’accepter. Est-ce que je pourrais choisir une partie de ce comité ? »

« Bien entendu. Comme ce sont des personnes qui te sont proches, c’est même mieux pour que l’information se transmette le plus rapidement possible. Bon… Ce n’est pas tout ça mais je veux bien plus de détails sur tout ce que tu m’as dit. Elen, Tery, faites donc visiter le palais et Midès à Héraisty. Oh… Et vous pouvez aussi dire aux soldats de notre armée qu’ils ont leur permission pour se promener dans Midès. Cependant, pour les soldats démoniaques, qu’ils soient accompagnés par un autre, mesure de précaution. »

« Oui, même si nous ne sommes venus qu’en petit nombre, j’imagine que bon nombre de soldats sont motivés à l’idée de pouvoir envoyer un message à leurs familles. »

« Tery, cela nous permettra de nous promener et… Hmm, non rien. »

Elen avait pris la parole après Tery mais s’arrêta dans ses propos. Elle aurait bien aimé évoquer le fait d’une balade en couple mais vu qu’il y avait Héraisty, autant dire qu’il valait mieux abandonner l’idée. Après, un simple regard vers la démone à lunettes lui faisait comprendre qu’ils pouvaient voir ça un autre jour. Hérubéria trépignait presque d’impatience de découvrir tout ce que Midès avait à dévoiler. Tery remercia Manelena, celle-ci chuchotant à voix basse qu’elle compte bien rattraper ce retard plus tard personnellement.

Quelques minutes plus tard, les voilà tous partis du château, vagabondant dans les ruelles. Klary dans ses bras, Tery demandait juste à Clari, la femme-golem, de les suivre en silence, bien que cela était habituelle pour elle. Pendant ce temps ? Eh bien, Elen montrait diverses boutiques à Héraisty. Celle-ci, ouvrait de grands yeux émerveillés, comme une enfant devant une confiserie.

« Elen ? Je peux te laisser gérer Héraisty ? »

« Oui, bien entendu mais pourquoi tu me demandes ça ? Tu vas quelque part ? »

« Non, non, c’est juste que les trucs entre demoiselles, ce n’est pas la même chose. Je ne suis pas sûr de montrer des choses qui pourraient plaire à Héraisty comme toi tu en serais capable, c’est tout, hahaha ! »

« C’est étrange la façon dont tu dis ça. Enfin, oui, tu veux que l’on se fasse une après-midi entre filles ? Mais et toi ? Cela va aller avec Klary ? »

« Hey, j’ai bien le droit d’avoir ma fille rien qu’à moi pour quelques heures non ? »

« Hmm… Bon, d’accord. Mais fais vraiment attention, d’accord ? Clari ? Je peux te charger de bien le surveiller ? »

S’adressant à la femme-golem, Elen ne s’attendait pas à une réponse verbale de la part de cette dernière mais sursauta presque au moment où Clari hocha la tête positivement.

« Mince, elle m’a vraiment répondu, Tery ! Tu as vu, dis, dis ?! »

« J’ai vu, j’ai vu, ne t’en fait pas, Elen. Elle est souvent comme ça, hahaha. Je t’avais pourtant prévenue, non ? Bon, Héraisty, tu restes aux côtés d’Elen ? »

« Aucun problème ! C’est vrai que cet endroit semble aussi voire plus grand notre capitale à nous chez les démons. »

« Et encore, il y a quelques zones hors de la ville, mais elles ne sont pas sous la surveillance des gardes donc évitez de vous y rendre, d’accord ? »

C’était l’une des petites choses que Manelena lui avait appris pendant ces longues journées dans la capitale. Ça et d’autres choses. La liste serait un peu trop longue s’il commençait à les énumérer et puis les petits gazouillis de Klary l’extirpaient très vite de ses pensées. Est-ce qu’il devait garder son enfant dans ses bras ? Ou non ? Il n’était pas si stupide au point de ne pas savoir que certaines femmes portaient leurs plus jeunes dans un tissu accroché en bandoulière assez solide.

Ben tiens, ça ne serait pas parfait pour débuter justement ? Maintenant, comme ce n’était pas vraiment le genre d’endroits où il se rendait habituellement, il fallait avouer qu’il se sentait juste un petit peu perdu, rien de plus.

« Tery ? Tu n’étais pas parti ? Qu’est-ce que tu fais devant un magasin de couture ? »

« Elen ? Héraisty ? C’est plutôt à moi de… Non, en un sens, ça semble logique. Qu’est-ce que je raconte, moi. Euh, eh bien, je me disais que j’aimerais bien acheter quelque chose qui me permettrait de tenir Klary contre moi tout en ayant les mains disponibles. »

« Oooooh. Je vois, je vois ! Elen, Tery, veuillez me suivre à l’intérieur, je sais ce qu’il vous faut ! On pourra aussi en prendre un pour Elen ! »

Euh, d’habitude, ce n’était pas plutôt l’inverse ? Genre, la personne étrangère à la ville qui se faisait tirée à l’intérieur des boutiques ? Enfin, Héraisty restait Héraisty et il ne devait pas oublier surtout qu’avant d’être une démone, Héraisty était une femme. Même s’il était vrai qu’il lui connaissait plus un côté très sérieux à cause de leur première rencontre, ah…

« Alors, est-ce que vous avez une couleur primaire qui vous plaît, tous les deux ? »

« Je dirais rouge, personnellement. » déclara Tery, Elen répondant à la suite :

« La même pour moi. Le rouge a une certaine importance à mes yeux. »

« Héhéhé, c’est vrai que pour notre première rencontre, tu en portais beaucoup. »

Il rigola légèrement, le rouge paraissant aux joues d’Elen. En même temps, cette première rencontre commençait à remonter à plusieurs années. Est-ce qu’ils ne pouvaient pas parler d’autre chose ? C’était assez gênant, surtout en vue de la tenue de l’époque. Le justaucorps et toutes ces choses. Elle n’avait plus besoin de porter cela pour se déplacer aussi rapidement mais bon… et puis, ça serait plus pour uniquement les yeux de Tery qu’elle le remettrait.

« Qu’est-ce que vous pensez de ceci ? Il y a aussi du cuir pour la solidité. »

« Elen ? Comme tu t’y connais mieux que moi, tu peux lui répondre ? »

Non pas qu’il ne se sentait pas concerné mais Héraisty partait dans un domaine dans lequel il n’était clairement pas à l’aise. Elen rigola à son tour, venant écouter ce qu’Héraisty lui proposait tandis que lui-même s’amusait avec son enfant. Il vint rassurer aussi la marchande, surtout par rapport à la femme-golem derrière lui, expliquant qu’elle n’agira pas sans qu’il ne lui en donne l’ordre et qu’elle n’avait rien à craindre.

« Est-ce que vous pourriez en faire un aussi pour homme ? »

« Pour homme ? Ce n’est pas une demande banale mais cela peut s’arranger. J’imagine que c’est pour l’enfant que ce jeune homme porte, c’est bien ça ? »

« C’est exact. Merci de votre compréhension. Nous pouvons patienter. Cela serait prêt dans combien de temps si possible ? »

« D’ici moins d’une heure. Cependant, si cela ne vous dérange pas, il faudrait me payer d’avance pour les retouches. Comme il s’agit de modifier directement un article, vous comprendrez qu’après les modifications effectuées, cet article ne sera plus réellement disponible à la vente. »

Héraisty se tourna vers Tery, attendant que celui-ci dise quelque chose. Le jeune homme se rapprocha de la commerçante, tenant fermement son enfant d’une main avant de placer l’argent nécessaire de l’autre main dans celle de la commerçante.

« J’espère que ça sera suffisant pour deux articles. Il en faudrait aussi un pour ma femme même si celui-ci ne nécessitera peut-être pas de modification. »

« Cela sera fait comme vous le désirez. Votre femme peut déjà récupérer votre achat. »

Elen fit un léger sourire, se dirigeant vers la marchande pour la suivre et donc prendre de quoi mettre Klary. Quelques minutes plus tard, l’enfant avait quitté les bras de Tery pour se retrouver contre la poitrine de la jeune femme aux cheveux blonds.

« Voilà… Tu es bien installée, Klary ? Oh… Tu as l’air encore fatiguée, non ? »

Silencieuse. Elle était une enfant très silencieuse. Tout le contraire des plus jeunes quand elle se trouvait à l’orphelinat. Elle avait eu peur sur le moment que cela soit anormal mais la mère de Tery l’avait rassurée à ce sujet.

« Continuons notre visite du marché alors ? Qu’est-ce que vous en dites ? Vu que de toute façon, il nous faudra attendre une heure. Autant qu’elle soit utilisée de cette façon, non, » déclara Héraisty, la démone à lunettes, toujours guillerette, étant comme infatigable maintenant qu’ils avaient débuté tout cela.

Tery et Elen se regardèrent, faisant un discret sourire l’un à l’autre avant de venir chercher à joindre leurs mains, Elen tenant Klary de l’autre.

Chapitre 57 : Respirer

ShiroiRyu
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Chapitre 57 : Respirer

« Aaaaaaaaaah ! »

Un petit cri, comme celui d’une victoire, se fit entendre. Combien de semaines s’étaient-elles écoulées depuis qu’il avait retrouvé Elen et les autres ? Il ne comptait plus mais… tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

« Enfin de l’air frais ! Et surtout la chaleur du soleil ! »

Oui, il s’exprimait à voix haute mais il n’était pas le seul à être ravi de la tournure des évènements. En même temps, comment pouvait-il en être autrement alors qu’ils se retrouvaient tous dehors ? Le tunnel avait été bouclé, la durée ayant été grandement raccourcie grâce au travail de ses golems.

« Qu’est-ce que cela fait du bien ! Aaaaah… Je sais que je me répète mais… »

« Non mais tu as raison d’en profiter, Tery. Tout le monde pense pareil que toi. »

Elen était à ses côtés, le jeune homme ne pouvant s’empêcher d’avoir de l’allégresse au cœur. Le tunnel était terminé et sécurisé. Surtout, maintenant, il était temps de voir où ils avaient atterri. Car oui, ils avaient creusé pour atteindre la surface sans réellement savoir où ils se trouvaient. Bien entendu, les précautions étaient t-elles qu’elles évitaient d’ouvrir juste avec de l’eau comme à Traslord.

« Bon, déjà d’après les environs, ce n’est pas Claudiska, ni Traslord, ni Mékalarma… »

« Il ne reste pas trop de choix, Tery. Nous sommes plus dans les alentours de Shunter que d’Honoros de toute façon. La question ne se pose pas vraiment. »

Manelena était arrivée à son tour à ses côtés, poussant un petit soupir aux propos de Tery qui cherchait à se questionner sur leur localisation. D’un autre côté, il était vrai qu’il n’avait pas vraiment cherché. Mais de vertes prairies, des petits monts, un terrain comme il en avait toujours connu étant enfant. Hmm…

« Instinctivement, nous sommes donc remontés à Shunter. Mais où donc dans Shunter ? »

« Il y a juste à attendre que des gardes se ramènent. Cela va dépendre du temps qu’ils vont mettre et encore… s’ils ne viennent pas au bout d’une journée, c’est que la sécurité du royaume laisse vraiment à désirer. »

Manelena ne semblait pas tellement désireuse de retourner à son rôle de reine de Shunter. En même temps, ce n’était pas à lui de lui faire un reproche en vue de comment il avait réglé toute la situation hein ?

« Bon eh bien, toute façon, en vue du travail effectué, je pense que tous et toutes ont mérité de se reposer. Et puis, il faut sécuriser cette entrée et tout le reste. »

« Il est vrai que nous ne sommes pas sortis d’un gros roc situé à la surface mais d’un terrain plat. Dès cet instant, nous commençons des choses nouvelles. »

« J’imagine que la paix avec les démons en fait partie. »

Tery avait rigolé légèrement à ses propres paroles mais autour de lui, tous étaient d’accord avec ce qu’il venait de proférer. En même temps, ses paroles étaient sincères. Il ne cachait pas l’idée qu’il avait et cela depuis le début.

« Je vais aller explorer un peu les environs en réalité. »

« Je vais t’accompagner, Tery. Cela fera du bien à Klary de profiter du temps. »

Eh bien ! Il vint saluer Manelena et les autres, s’excusant avant de chuchoter à Elise de proposer la même avec Royan mais aussi à Wandy et Zalek. Elise accepta la proposition, signalant qu’elle était très bonne et qu’elle allait le faire tout de suite.

Accompagné d’Elen, tenant Klary dans ses bras, le jeune homme aux cheveux bruns s’était mis en route. Il n’y avait aucune direction réellement choisie. Il ne savait même pas s’il partait vers le nord ou un autre point cardinal.

« Ne t’inquiète pas, Elen. Nous ne perdrons pas. Même si cela ne se voit pas forcément, j’ai demandé à Clari de tracer un petit chemin dans le sol. »

Un bref regard de la part de la jeune femme en direction de la femme golem derrière eux et elle voyait bien que ladite femme-golem qui utilisait un bâton fait de pierre qu’elle traînait « mollement » derrière elle, traçant une ligne dans l’herbe et la terre.

De nouvelles minutes s’écoulèrent, sans même que le jeune homme aux cheveux bruns ne se sente fatigué. Avec une maintenant celle d’Elen, il avançait à un rythme calme et lent jusqu’à grimper ce qui semblait être une colline. En observant à l’horizon, il eut un petit rire avant de déclarer d’une voix amusée :

« Je ne pensais pas que nous étions aussi proches… »

« Hmm ? Oh. Difficile de ne pas reconnaître cette ville. Mais est-ce que c’est vraiment un coup du sort que de nous avoir emmené ici ? »

« Je n’en sais rien du tout, Elen, mais j’imagine que Manelena ne sera ravie qu’à moitié de savoir que nous sommes plus proches de Midès que nous le pensions. »

« Avant de retourner voir les autres, nous pourrions en profiter un peu non ? »

Profiter de l’instant présent ? Hmm… Installé tout simplement sur le sol, assis aux côtés d’Elen, celle-ci gardait Klary dans ses bras, l’enfant dormant paisiblement. La femme-golem portant le même nom s’était mise derrière Tery, en position stationnaire.

« Pourquoi pas, Elen ? Si tu restes auprès de moi, je veux bien. »

« Ce n’est pas comme si je te laissais vraiment le choix non plus, tu ne crois pas, Tery ? Mais… cela te convient et te plaît d’être avec moi ? »

« Quelle question ! J’ai la chance de pouvoir te garder à mes côtés et te serrer dans mes bras. Je n’ai aucun souci à cela. »

Cependant, il ne savait pas s’il pouvait se permettre quelques petites marques d’affection. Hier, avant d’aller dormir, elle était venue dans le même lit mais là… ce n’était pas pareil. Ah… Il avait l’impression de recommencer depuis le tout début.

« Oui, de la chance. Est-ce que l’on peut vraiment appeler cela de la chance, Tery ? Je veux dire, toi et moi, c’est si compliqué dans le fond. Mon éveil à des sentiments que je ne connaissais pas, toi aussi quand tu es devenu un démon, ou plutôt que tu as montré les premières traces de ton existence démoniaque. »

« Qu’importe les évènements, qu’importe le passé, qu’importe les lieux, tout ce qui m’a permis de te rencontrer, depuis le premier jour, près de Leskar, à maintenant, je suis heureux et je m’estime chanceux. Qui sait ce qui se serait passé si je n’avais pas été sauvé par toi ? Je serais peut-être mort horriblement par les gnomolds. »

« Ah… Et de mon côté, j’aurais emmené le monde à sa destruction avec l’ouverture des portes démoniaques à cause de ces médaillons. Encore qu’en y réfléchissant bien, c’est plus ou moins ce qui s’est passé, sans le côté destruction non ? »

Elle rigola. La situation était tellement absurde et pourtant, elle rigolait. Avec tendresse, elle déposa l’enfant sur le côté, faisant attention. Sans même qu’il ne lui en donne l’ordre, la femme-golem s’était rapproché de l’enfant, le récupérant dans ses bras, comme pour le border. Elen cligna des yeux, observant Tery en chuchotant :

« Qu’est-ce que tu… »

« Tu peux lui faire confiance. Quelquefois, elle agit par elle-même. C’est pour ça que je pense que c’est vraiment Clari, même si je ne saurais pas l’expliquer. J’imagine qu’elle veut nous laisser un peu d’intimité. »

« Un peu d’intimité ? Et pour quelle raison est-ce qu’elle ferait cela ? Je veux dire, toi et moi, nous ne faisons que nous parler, non ? »

« Sûrement. Elle s’imagine des choses. Ah… Tu sais, j’ai eu l’impression de grandir et devenir adulte en étant à tes côtés, Elen. Je veux dire par là que même si j’étais déjà considéré comme majeur en quittant le village de Leskar, je me suis senti enfin comme un homme en parcourant le monde à tes côtés. »

« Il en est de même pour moi, Tery. Sans toi, je ne me serais jamais éveillée à des sentiments que je ne connaissais pas. Avant de te connaître, mes seules émotions étaient basées sur le fait de rendre heureux l’Oracle et d’obéir à ses ordres. Mais après t’avoir rencontré, quelque chose en moi a commencé à germer. Les graines du doute mais aussi de l’amour. Il s’agissait d’une émotion différente de celle que je portais envers l’Oracle ou celle qui m’a élevée depuis que j’étais toute petite. Je ne savais pas comment réagir, je ne voyais pas comment me contrôler et bien souvent, je n’avais aucune idée du fait que j’exagérais. »

« Tu me faisais un peu peur, à être aussi… collante, à croire que les autres… »

« Étaient mes ennemies non ? Car je te voulais toute à moi. Je voulais te forcer à ne regarder que ma personne et aucune autre. Peut-être est-ce à cause de cela que tu as eu un moment de faiblesse envers Manelena ? Elle sait comment t’aimer, comment te faire l’aimer. »

« Je crois que c’est parce que c’est l’extrême opposé de ce que tu représentais à mes yeux. Déjà dans la bibliothèque, elle ne m’a embrassé que brièvement mais cela m’a permis de comprendre ses sentiments. Pourtant, je n’avais jamais imaginé qu’elle pensait cela à mon sujet. Tu sais, elle m’a pris par surprise de ce côté. »

« Je veux bien te le croire. À cause de son rôle de maréchale et aussi du fait qu’elle cachait qu’elle était la fille du roi, elle a gardé bien trop souvent ses sentiments ancrés au plus profond d’elle. Enfin, cela ne l’a pas empêché de faire des choses avec toi. »

Bien entendu, ils revenaient à ce détail plus que fâcheux, n’est-ce pas ? Il ne pouvait pas en vouloir à Elen de parler à nouveau de ce sujet. Mais voilà, c’était bien normal que de… Ah. Il chercha à couper toutes ses pensées jusqu’à ce que le sujet change un peu.

« Tery ? Est-ce que tu m’écoutes ? J’ai l’impression de parler dans le vide. »

« Non non. Tu ne parles pas dans le vide. Je me disais juste qu’il ne faudrait pas trop tarder non plus. Nous sommes donc proches de Midès. On devrait prévenir sans perdre trop de temps non plus hein ? »

« Tu as raison, tu as raison. Bon, allons… Ah. Clari est vraiment très motivée à son rôle. »

Elen avait fait cette remarque en jetant un œil à la femme-golem. Celle-ci gardait l’enfant dans ses bras, immobile. Seuls les bras se mouvaient avec lenteur pour suivre un rythme régulier de balancier.

« Vraiment, je ne lui connaissais pas une telle capacité. »

« Elle a donc quelques petites surprises à dévoiler. Comme quoi, nous ne sommes pas prêts d’en avoir fini avec elle, tu te rends compte, Tery ? »

« Je m’en rend plus que compte, Elen. On pourra la laisser être notre nourrice pour Klary, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Que c’est une idée plus que saugrenue mais ça ne serait pas la première. Et je me demande à quel point elle est aussi développée. »

« Je ne peux pas t’en dire plus car je n’en sais rien, Elen. Il me faudra le découvrir par moi-même. Quelquefois, elle ne me répond pas du tout. Parfois, j’ai l’impression qu’elle est apte à me parler ou à me comprendre. »

« Et de toute façon, en vue de tes connaissances sur les golems, il n’y a aucune personne que ça soit à la surface ou dans le monde souterrain qui pourra t’aider. Tu devras trouver tout ceci par toi-même et uniquement par toi. »

« C’est ça, Elen. Enfin, même les livres ne peuvent pas m’aider. »

La marche de retour fût aussi paisible que celle d’avant. Retrouvant Manelena et le reste de l’armée, il signala donc qu’ils n’étaient pas si loin de Midès et que la capitale était même visible à bonne distance. Manelena marmonna dans sa barbe.

« J’imagine que je ne vais pas pouvoir me dérober plus longtemps à mon rôle. »

« Désolé pour toi, Manelena. Après, nous pouvons toujours parler avec Hémurion et déjà savoir comment tout cela se passe depuis ton départ, non ? »

« Je me tiens au courant, Tery, merci. Ce n’est pas pour cela que je grogne. Je n’aime pas l’idée de vous laisser vous débrouiller seuls pendant que je ne suis pas là. »

« Hey, je ne suis pas un enfant et le reste de l’armée non plus hein ? Tu n’as pas à t’en faire à ce point. Je suis certain que l’on peut se débrouiller même si oui, j’espère que tu reviendras assez rapidement. Ce n’est pas pareil sans toi. »

« Joli rattrapage. J’allais presque répliquer que tu étais en train de dire que tu n’avais même pas besoin que je sois là, dans l’armée. »

« Ohla ! Je n’aurai jamais osé dire une telle chose, Manelena ! Je ne suis pas ainsi, il en est hors de question ! Mais… si tu veux, on peut être plusieurs à t’accompagner ? »

Songeuse, la femme en armure noire observa Tery pendant quelques secondes, remarquant aussitôt Elene qui s’était rapprochée de lui, pas vraiment discrètement. Impossible d’envisager le voyage de l’un sans l’autre.

« Hmm… Nous pourrions emporter les enfants royaux, cela leur fera du bien de voir la capitale. Elise et Royan peuvent rester ici. »

« Est-ce que je peux venir aussi ? »

« Héraisty ? Bien entendu, bien entendu ! »

D’ailleurs, avec tout ça, il ne parlait plus beaucoup la démone ces derniers temps. Cela le dérangeait un peu car elle était bien l’une des rares cornues à qui il pouvait avoir totalement confiance. Celle-ci s’exclama avec joie qu’elle allait se préparer, s’arrêtant alors qu’elle allait déjà faire quelques pas.

« Euh… Par rapport à mes cornes et ma queue, qu’est-ce que je vais faire, Manelena ? »

« Tu peux rester comme tu es. Si cela dérange l’un de mes citoyens, il n’aura qu’à venir me le dire en face. Je pourrais alors lui répondre proprement et comme il le faut. »

« Si cela ne t’embête pas, je pourrais rester à tes côtés alors ? Non pas que je ne vais pas me sentir en sécurité mais bon, ça sera mieux que… »

« Je ne suis pas faite pour être guide. Enfin, Tery et Elen seront là eux aussi, tu pourras toujours rester non-loin d’eux s’il le faut. Moi-même, je vais avoir pas mal de choses à faire, Héraisty. De toute façon, avec Tery aussi, tu n’auras pas de problèmes. »

Tery rigola en entendant son nom. La question ne se posait même pas. Tant qu’il était là, il n’y avait pas à s’en faire. Enfin, il disait cela mais ce n’était pas pour autant qu’il allait en être totalement convaincu. Pour autant, il gardait cette pensée pour lui-même.

Alors que les préparations pour le voyage vers Midès le lendemain étaient en cours, très vite, il y eut de l’affolement autour d’eux. Bien qu’ils ne craignissent aucune attaque, surtout en vue du résultat de la précédente sur leurs armées combinées, un soldat vint chercher Tery avec inquiétude, disant d’une voix troublée :

« Un… Un gnomold ! Un gnomold veut vous parler, messire Tery ! Il a dit qu’il avait un message urgent de la part d’un certain Ernold ! »

« Ernold ? Comment est-ce qu’il a pu… Ah… Je ne devrais même pas me poser cette question. Je ne devrais plus être étonné par rapport à lui. Faites-le rentrer. »

« Vous… Vous êtes certain ? C’est un gnomold ! Il pourrait tenter de vous attaquer alors que vous abaissez votre surveillance ! »

« Je ne m’inquiète pas le moins du monde à ce sujet. Ne vous en faites pas pour moi et faites-le venir jusqu’à ma tente maintenant. »

Il ne laissait pas de place au questionnement. Le soldat s’éloigna, quelques minutes s’écoulant avant qu’une voix à l’extérieur ne signale que le gnomold était arrivé. Quelques secondes après, c’était une forme bossue qui fit son apparition, Tery ayant à nouveau un sourire aux lèvres en la regardant.

« Un apprenti d’Ernold, non ? »

« Oh ? Vous vous rappelez de moi ? » demanda aussitôt la silhouette voutée, ayant une fourrure noire sur une bonne partie du corps mais surtout des habits de très bonne facture, ne pouvant provenir que d’un lieu assez aisé.

« Eh bien, je vais être honnête. La réponse est non mais… je sais que vous êtes de l’entourage d’Ernold. Déjà, vos habits sont de qualité, votre allure vous donne l’air savant et bref, je sais que je n’ai pas trop à m’inquiéter. Un gnomold qui utilise le nom d’Ernold pour sa propre personne aurait de graves problèmes dans les communautés gnomolds. »

« Ernold avait raison quand il parlait de vous. Il disait que votre allure et caractère simplet, il vous arrivait d’avoir des éclairs de génie. »

Le jeune homme resta bouche bée pendant quelques secondes alors qu’il entendait des petits rires. Le gnomold ne comprit pas ce qu’il venait de déclencher, étonné des réactions alors que même Manelena se retenait de pouffer de rire.

« D’accord. Je crois que la prochaine fois que j’irais voir Ernold, je lui dirais un peu le fond de ma pensée par rapport à ce que vous venez de m’annoncer. Néanmoins, parlons plutôt de votre présence. Pourquoi est-ce qu’Ernold vous a envoyé et surtout, comment savait-il que nous sortions par ici ? »

« Eh bien, Ernold s’est tenu au courant par rapport aux gnomolds qui ont osé vous attaquer auparavant. À partir de là, il a défini un périmètre d’où vous pourriez sortir, surtout que plusieurs semaines se sont écoulées depuis cette attaque. »

« D’accord, d’accord. Cela ne répond qu’en partie à ma question mais à part cela ? Pourquoi est-ce qu’Ernold vous a envoyé ici ? »

« Il voulait se mettre en contact avec vous dans les plus brefs délais. En apprendre plus au sujet de ce qui se passe dans le monde souterrain. Beaucoup de clans gnomolds venant s’opposer à l’idée que les démons puissent vivre à la surface, il préfère avoir votre avis personnel, à vous qui avez exploré le monde dans son ensemble. »

« J’ai beaucoup de choses à faire auparavant mais cela sera avec plaisir de retourner à Omnosmos. Comment cela se passe-t-il par rapport aux portes situées sous la capitale du monde d’ailleurs ? Et les démons qui en sortent ? »

« Aucun démon n’en sort justement. Même si elles ne sont plus scellées comme auparavant, rares sont les démons à connaître leur existence à la base. Ernold a d’ailleurs réagit assez vite par rapport à cela en venant mettre des protections et des éclaireurs pour signaler si des démons se présentent quand même. »

« D’accord, d’accord. Eh bien, pour le moment, vous êtes la bienvenue pour rester parmi nous. Comme dit, je ne peux pas venir tout de suite à Omnosmos car il nous faut prendre des nouvelles des différents royaumes. »

« Ernold comprend cela. Il sait que vous êtes accompagné par la royauté de Traslord et Shunter, deux royaumes qui sont très chers à votre cœur. C’est pourquoi il n’a pas précisé de date limite pour que vous veniez le voir. D’ailleurs, une partie de son message concerne la joie qu’il a de savoir que vous êtes toujours vivant et toujours aussi prompt à œuvrer pour que le monde retrouve sa splendeur d’antan. »

« Je ne peux pas dire si c’est vraiment ainsi que je veux que tout se produise mais c’est un peu mon objectif. Je veux surtout que les démons puissent retourner à la surface et que tous et toutes retrouvent un certain calme. »

Il ne saurait réellement expliquer le terme « calme » alors qu’il voyait bien l’air dubitatif du gnomold mais aussi de son entourage. Juste qu’après toutes ces années, à courir à gauche et à droite, avec toujours un objectif qui consistait à aller plus loin, à faire toujours autre chose, il n’avait jamais pris la peine et le temps de se poser réellement.

« J’ai toujours eu quelque chose à faire. »

La remarque, dite à voix haute, était plus ou lui-même que pour son entourage. D’un profond soupir, il ne pouvait pas penser autrement. Même dans le monde souterrain, dans la capitale des démons, il avait toujours eu quelque chose à faire.

C’en était désolant d’un point de vue extérieur mais comme il s’y était habitué au fil des années, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid en réalité. Bon ! Il était peut-être temps de se préparer pour le voyage vers Midès non ? Même s’il n’avait pas le temps de souffler, cela ne voulait pas dire qu’il allait se tourner les pouces !