Chapitre 54 : Sommeil profond

ShiroiRyu
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Chapitre 54 : Sommeil profond

« Cela ne semble pas être la grande forme avec notre fille, Herik. »

« J’imagine que ça se voit aisément, n’est-ce pas ? Comment est-ce que vous allez tous les deux ? Je veux dire, retrouver votre fille, tout ça, surtout après ce que vous avez fait. Je crois que vous êtes pas mieux logés que moi, non ? »

Le jeune homme était face à Clari, la femme-golem parfaitement immobile tandis qu’il tenait un livre en main. Sérest et Séran étaient de chaque côté de Tery, parlant avec lui alors qu’il cherchait à se concentrer sans forcément y arriver, maintenant qu’ils étaient là.

« Oh, de ce côté, nous ne faisons pas de soucis. Nous avons parlé longtemps avec elle et il faudrait que tu fasses pareil, tu ne crois pas ? »

« Est-ce que vous avez… déjà fait un adultère, l’un ou l’autre ? »

Question assez sèche de la part du jeune homme. Oui, il avait posé la question qui dérangeait et il n’en était pas peu fier. Ses yeux verts fixaient Sérest. S’il ne se trompait pas, auparavant, il s’agissait d’Alzar donc obtenir une réponse de sa part.

« Non, jamais, du moins, pas à ma connaissance, Séran ? »

« Cela ne m’a jamais traversé l’esprit, je dois avouer. Des personnes qui nous aimaient et nous idolâtraient ,cela arrivait bien plus souvent qu’on ne le pensait mais à part ça… »

« Pas même une seule fois ? En plusieurs siècles ou millénaires ? Rien de rien ? »

Il avait cligné, surpris mais surtout méfiant par rapport à leurs propos. Non pas qu’il n’avait pas confiance mais… ils occultaient souvent la vérité et ils en cachaient une bonne partie, c’était pourquoi il avait encore un peu de mal à y croire. Il préférait quand même être certain de ce que ces deux personnes avançaient. Une simple mesure de … précaution. Précaution par rapport à quoi ? Il en avait aucune idée en réalité.

« Non, non. Nous avions quelques différends tous les deux, nous étions focalisés l’un sur l’autre et disons qu’au bout d’un moment, eh bien, nous avons été obligés de nous lier. C’est venu ainsi, rien de plus, rien de moins. »

« D’accord… J’imagine que ma relation avec Elen n’était peut-être pas au beau fixe dès le départ. Je me suis peut être trompé depuis le début. »

Il était triste de faire un tel constat mais il ne pouvait pas y faire grand-chose. Il devait comprendre que la situation n’était clairement pas en sa faveur. Mais… Pourquoi est-ce qu’il pensait ainsi ? Ce n’était pas comme si… enfin si. Il était fautif. Il était responsable de toute la situation. Une main se posa sur son épaule, le faisant relever son visage vers Séran.

« Tery, les mœurs changent. Pour certains, la liberté d’aimer plusieurs personnes est plus importante que celle d’en aimer une seule. Ce que tu dois te demander est : si elle accepte que j’ai une relation avec une autre femme, est-ce que je dois accepter qu’elle ait une relation avec un autre homme que moi ? »

… … … La remarque de Séran venait de le statufier. Oui. Il ne s’était jamais posé la question mais qui sait ? Peut-être qu’Elen avait eu aussi… une relation avec autrui ? Cette idée venait de l’effrayer complètement et il sentait presque son corps trembler rien qu’en y pensant.

Elen… avec quelqu’un d’autre. Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-ce que Séran venait de parasiter son esprit avec ça ? Qu’est-ce qu’il lui avait fait pour mériter un tel sort ? Le jeune homme aux cheveux bruns s’était mis à trembler légèrement avant que la voix de Sérest ne reprenne avec douceur :

« Séran, nous n’étions pas venus pour cela, je tiens à te rappeler. Maintenant que nous avons Tery non-loin de nous, nous devons lui en parler. »

« Me parler de quoi ? Je crois que … j’en ai assez entendu aujourd’hui, non ? »

« Parler du Dévoreur mais aussi en savoir plus sur ce qui le concerne. En vue de ta relation particulière avec lui, nous préférons avoir un maximum d’informations. »

« C’est vrai que vous l’avez connu… et si vous voulez tout savoir, il me parle beaucoup moins… même si j’ai peur qu’il revienne de temps à autre. »

« Rien que le fait qu’il arrive à communiquer avec toi est très mauvais. » compléta Séran après les dires de Tery, celui-ci posant ses yeux verts sur l’homme.

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? J’avais déjà compris que ce n’était pas une bonne chose vu que j’avais l’impression de devenir fou… mais maintenant, l’entendre de vive voix, de votre part est encore moins rassurant. Enfin, surtout en vue de ce que vous êtes réellement… alors pourquoi… ou du moins… Enfin, on m’a dit ce que je suis et… »

« Commençons par d’abord faire un résumé de ce que tu as appris sur le Dévoreur mais aussi sur sa situation… dans la capitale démoniaque. »

« Sa situation ? Seul l’Empereur Malark est au courant de son existence, j’imagine… ou alors, sa famille. Je ne sais pas trop si d’autres savent qu’il a existé ou du moins qu’il existe encore. En fait, je ne suis même pas certain que les démons savent de qui il s’agit. »

« Hmm… D’accord. Nous nous en doutions en vue de la situation mais maintenant que tu en parles concrètement, il est vrai que l’existence même du Dévoreur est totalement inconnue de la majorité du public. »

« Sauf que chez moi, je suis bien loin d’en avoir terminé. Je ne sais pas quand il va revenir mais il m’a vraiment… pourri mon existence. C’est en partie pour cela que moi et Manelena, nous avons tous les deux… »

Il ne chercha pas à terminer sa phrase. Il n’y avait pas besoin de rentrer plus dans les détails et en vue de ce qu’ils avaient évoqué avec Elen auparavant, il n’était vraiment pas d’humeur.

« C’était une façon comme une autre de calmer la personne. Le Dévoreur était quelqu’un de très porté sur les sentiments. Réussir à contrôler cette émotion par le charnel était une solution très dangereuse mais dont visiblement l’efficacité semble avoir faite ses preuves. »

Est-ce qu’ils étaient obligés de parler de ça comme si c’était une expérience concluante ? Il avait l’impression d’être un cobaye. Rien que son existence était le fruit d’une série de tests donc bon… il était à nouveau de mauvaise humeur, maintenant.

« On peut passer à autre chose que ma coucherie avec Manelena ? »

« Nous n’avons pas lancé le sujet, Tery. Il n’y a que toi qui nous a emmené sur ce dernier, je tiens à le préciser. » déclara Séran avec une petite pointe d’amusement, le jeune homme se renfrognant sur place. Vraiment ? C’était ça, sa réponse ?

« Oui bref… Qu’est-ce qu’il y avec le Dévoreur au final ? »

« Notre seule question est : que s’est-il passé exactement ? Est-ce que tu peux nous en parler ou non ? Car tu as parlé de perte de contrôle, n’est-ce pas ? »

« J’ai l’impression… que ça a un rapport avec les golems. Je me rappelle aussi que Clari me prenait ma magie constamment, ce qui faisait que j’étais particulièrement affaibli et fatigué. Et la voix devenait de plus en plus forte. »

« Hmm… Hmm… D’accord, d’accord. Oui, si tu veux tout savoir, les golems, du moins, le tout premier golem a été crée par le Dévoreur. Il y avait une raison bien particulière à cela et il semblerait que dans ton cas précis, la raison soit la même. »

Son cas précis ? Quelle même raison ? Des golems, il en avait fait des dizaines hein ? Et de plusieurs sortes, même des vraiment glauques comme ceux faits de sang. En vue du regard interrogatif qu’il portait sur Séran, celui-ci reprit :

« Est-ce que tu es plus ou moins au courant de l’histoire du Dévoreur ? Comment est-ce qu’il s’appelait, ce qu’il était, ce qu’il faisait ? »

« Euh… Pfiou… Il faut me laisser quelques secondes pour m’en rappeler et je vous dirais ça car j’avoue que je ne suis pas vraiment certain à ce sujet. »

Le jeune homme aux cheveux bruns était maintenant pensif et songeur. Est-ce que l’empereur Malark lui en avait parlé ? Est-ce que la voix du Dévoreur lui-même avait évoqué ce sujet ? Hum… Bon, à part le fait qu’il était certain que le Dévoreur était une entité démoniaque…

« Vous pouvez en reparler, j’ai peut-être préféré mettre ça de côté dans mon esprit. Je sais juste que c’était un démon et que… eh bien, il a été scellé dans la capitale démoniaque. »

« Pas seulement mais oui, c’est déjà un point assez important. Autre chose ? »

« Hmmm… Si je ne me trompe pas, y a aussi le fait qu’il était très puissant ? Peut-être le plus puissant de son époque ? »

Sérest hocha la tête positivement, comme pour confirmer les propos du jeune homme. Celui-ci se demandait si cela allait être une série de questions dont il devait tenter de deviner les réponses ou alors s’ils allaient vraiment lui permettre d’en savoir plus ? Mais il avait la chance d’avoir les deux anciennes divinités devant lui, c’était le bon moment !

« Zélisia et moi-même, à cette époque, nous avions crée diverses races. Alors que Zélisia donnait divers pouvoirs aux races présentes suivant leurs origines, de mon côté, je préférais me focaliser sur les démons. Et bien entendu, à cette époque, nous étions plus prompts à nous affronter qu’autre chose. »

« Bien qu’en réalité, nous laissions nos races avoir leur libre arbitre. Nous voulions simplement donner naissance à des espèces humanoïdes ainsi qu’aux animaux et autres. »

« Je ne suis pas vraiment là pour… comment ça s’appelle, la Génèse de ce monde. Je veux juste obtenir plus d’information sur un point que j’estime important, c’est tout. Est-ce que vous pouvez m’en dire plus à ce sujet ou non ? »

« Eh bien, ce démon ne voulait rien à voir avec la guerre éternelle entre les races de la surface et la race démoniaque. »

« Là encore, je le savais plus ou moins, oui. Mais ensuite ? D’ailleurs, comment est-ce que le Dévoreur s’appelait ? »

« Le prénom du Dévoreur ? C’est vrai qu’il a été perdu depuis tout ce temps. Séran, est-ce que tu t’en rappelles ? J’ai peur de me tromper. »

Voilà qu’Alzar, du moins Sérest avec sa forme féminine, interrogeait l’être ressemblant à un honorien. Celui-ci gardait son sourire habituel, plongeant dans un court moment de réflexion en vue du questionnement de la part de Sérest.

« Si je ne me trompe pas, il s’appelait Révix. »

« C’est bien ça, Séran. Voilà, tu sais son nom maintenant, Tery. Qu’est-ce que cela t’a apporté de plus ? Est-ce que tu veux nous le dire ? »

« Juste que l’appeler le Dévoreur… cela ne me plaît pas. Vous connaissez mes origines alors, non ? Du moins, je pense que vous avez été mis au courant à ce sujet, c’est ça ? »

« Nous avions quelques doutes sur ta personne, oui. Surtout lorsque nous avons remarqué ton intérêt très poussé sur les golems. Est-ce que tu es au courant que les golems, du moins, ceux qui ont eu les livres des golems n’ont que rarement dépassé les deux ou trois volumes ? »

« Ah oui ? Mais qu’est-ce que cela change en vrai ? »

« Eh bien, tu n’as pas remarqué que chaque nouveau livre contenait étrangement ce dont tu avais besoin par rapport aux golems lorsque tu les ouvrais ? Et que tu étais le seul à pouvoir les lire ? Eh bien, il s’agit de la magie du Dévoreur. »

« Hein ? De Révix ? Appelez-le Révix, je préfère ça. » dit Tery, maintenant plus que concerné par ce qu’il venait d’apprendre.

« Révix était son ancien nom. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il ne peut plus porter ce nom, Tery. Désolée mais je tu ne pourras pas me faire changer d’avis à ce sujet. »

Sérest qui refusait d’appeler Révix par son véritable prénom. Le jeune homme aux cheveux bruns fronça un peu les sourcils, Séran prenant une profonde respiration avant de soupirer.

« Ne lui en veut pas, Tery. Nous avons une très mauvaise relation avec Révix. Nous ne pouvons pas oublier qu’il a faillit détruire tout ce que nous avions crées depuis le début. J’espère que tu comprendras la raison des grognements de Sérest. »

« Oui et non ? J’ai l’impression qu’il me manque encore quelques petits détails à ce sujet. Est-ce que vous allez me les donner ou non ? »

« Des détails, des détails, jusqu’à quand tu vas en demander pour que tu sois satisfait ? »

Ah oui. Sérest était vraiment irritée par la demande que Tery avait formulé auparavant. Il ne s’attendait pas le moins du monde à une telle réaction, il fallait l’avouer.

« Jusqu’à ce que j’ai réussi à obtenir toutes les informations que je désire, c’est assez simple. Vous parliez des golems mais… je ne savais pas donc qu’il avait été à l’origine de tout ça. »

« Les golems étaient l’oeuvre la plus importante de son existence. On pouvait même prétendre que c’était ça qui le maintenait en vie. Ça et une personne. Mais ses golems n’étaient pas menaçants ou des êtres juste bons à tuer des monstres ou d’autres personnes. Tu peux le remarquer avec Clari, non ? »

Vrai. Clari était pas juste un bloc de pierre noir aux allures d’une femme chère à son coeur. Non, elle n’était pas simplement un morceau de roche juste bon à le défendre quand cela était nécessaire. Elle était bien plus que ça. Elle avait une importance, une existence qu’il ne pouvait renier en faisant comme si de rien n’était.

« Clari… est… Je ne pensais pas la créer un jour. Cela m’est venu comme ça. Je crois que j’étais désespéré mais… Ah… Je ne sais plus exactement. »

« Révix mettait ses sentiments dans chacune de ses créations mais aucune n’avait une apparence totalement humaine comme Clari. »

« Ah ? Mais… euh… Est-ce que ça veut dire que je suis plus avancé que lui ? »

« Pas du tout, loin de là. Non, je me suis mal exprimée. Il n’y a jamais eu de golem à apparence humaine avant Clari… depuis le Dévoreur s’est endormi. Mais auparavant, il y a bien eu une création… mais pouvait-on vraiment la considérer comme humaine ? C’est assez difficile à dire en réalité. »

« Pourquoi est-ce que vous dites ça ? Qu’est-ce que sa création avait de différente ? Est-ce qu’il la considérait comme humaine ? »

« Tery, est-ce que tu sais la chose que même nous nous ne pouvons faire ? Malgré les pouvoirs que nous possédons ? »

« Euh… Sur le coup, je n’arrive pas à y réfléchir. Séran, tu me poses cette question sans même vraiment me prévenir. Mais une chose que même la magie la plus puissante ne peut réaliser ? Alors que vous êtes des divinités ? »

« Oui. Car il y a une différence entre ce que les gens pensent et ce que nous sommes en réalité. Sérest et moi n’avons jamais été des divinités, seulement des êtres dotés d’une magie infiniment plus puissante que les autres. »

« Ce qui fait de vous des divinités, plus ou moins, selon le point de vue. Bon, à part cela, où je voulais en venir donc… même si vous prétendez ne pas être des dieux, vous oubliez un peu le fait que vous êtes surpuissants et centenaires voire millénaires non ? En terme d’âge. »

« Continuer à vivre ne fait pas de nous des êtres immortels. Simplement, tant que nous ne sommes pas tués complètement, nous pouvons revenir à la vie. Oui, nous avons une sorte de « jeunesse éternelle » même si dans les faits, nous continuons de vieillir mais à un rythme vraiment très lent, encore plus lent que les démons. »

« Oui… Enfin, vous êtes pas immortels mais vous ne pouvez pas vraiment disparaître, vous êtes capables de vous régénérer voire d’avoir un autre corps donc bref… On va quand même dire que vous avez pas mal d’atouts dans vos manches hein ? »

« C’est exact mais nous pouvons mourir… nous étions même prêts à cela pour ouvrir les portes démoniaques, je tiens à te rappeler. »

« Oui, bref, mais maintenant, c’est quoi la chose dont vous parliez ? Dont même vous êtes totalement incapables ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Ramener à la vie les morts. Voilà ce que nous ne pouvons pas faire. Lorsque quelqu’un décède, il est impossible de le faire revenir. Et c’est cela qui a emmené Révix à devenir le Dévoreur. Car nous avons été incapables d’exaucer son souhait. »

« Hein son souhait ? S’il était le plus puissant des démons, au point de vous faire peur et de vous obliger créer les portes démoniaques, qu’est-ce que c’était que son souhait ? »

« Hmm… Peut-être devrions-nous d’abord raconter un peu la vie de Révix. » répondit Séran alors que Sérest se renfrognait une nouvelle fois.

« Je ne sais pas si c’est le bon endroit pour en discuter. »

Oui, ils n’étaient pas au milieu de nulle part mais en même temps, il n’oubliait pas le fait qu’ils parlaient sans réellement se cacher. Et peut-être que le sujet était un peu trop important pour lui seul ?

« Je me dis que peut-être que ça serait mieux si Elen, Elise, Manelena, enfin, bref, tout le monde de mon entourage soit au courant. »

« Comme tu le désires. Ce que tu ne dois pas oublier, c’est que tu es concerné personnellement par tout ça. C’est pourquoi certaines choses sont peut-être plus privées pour toi et qu’il vaudrait mieux que tu sois le seul à les connaître. »

« J’ai déjà caché beaucoup trop d’informations à Elen. J’ai vu le résultat. »

« C’est plutôt la vérité qui a donné ce résultat catastrophique. »

Encore à jouer sur les nuances. Ils étaient un peu fatigants quand ils le voulaient. Mais en même temps, il voulait qu’Elen et les autres en apprennent plus eux aussi. Dans le cas échéant où s’il devait devenir à nouveau « fou », qu’ils puissent réagir en conséquence et savoir ce qu’ils devaient faire.

« Juste une chose, Tery. Le Dévoreur ne te parle plus pour le moment ? »

« Pour le moment, il est calme. Je n’ai pas l’impression de l’entendre. Je sais juste qu’il peut revenir comme ça, sans prévenir. »

« Donc il est quand même endormi. Le mieux serait qu’il replonge définitivement dans ce sommeil dont il n’aurait jamais dû s’extirper. »

« On ne peut pas faire confiance aux paroles de Tery, Séran ! Rien ne nous dit qu’il ne va pas finir par revenir définitivement ! On devrait plutôt aller là-bas et se préparer à en finir une bonne fois pour toutes avec lui. »

« Qu’est-ce qui pourrait se passer s’il se réveillait ? »

« Il continuera ce qu’il avait débuté la première fois : éliminer toute existence que ça soit à la surface ou sous cette dernière. Il en veut à toutes les races peuplant ce monde. »

Sérest avait répondu avec un certain air dédaigneux. Là encore, il était loin le moment où la femme ailée ne faisait que sourire tendrement. Comme si la personnalité de sa précédente forme reprenait le dessus.

« Et j’imagine que le fait que je puisse entendre sa voix ne me permet pas d’essayer de comprendre son mode de pensée et donc d’envisager de le calmer ? »

« Foutaises. Il vaut mieux éviter de croire de telles idioties. Cela ne mènera à rien de bon ! »

« Est-ce que tu es capable de communiquer avec lui, Tery ? »

La question posée par Séran laissa un léger flottement dans l’air. Le silence s’installa, Sérest ayant maintenant ses yeux rivés sur le jeune homme aux cheveux bruns, attendant sa réponse alors que Séran faisait de même. Converser avec Révix ?

« J’ai plutôt l’impression de ne que l’entendre. Je ne suis pas certain que je sois capable de faire de même. Je n’ai pas vraiment essayé… d’avoir une conversation avec lui. Il me donnait plus mal au crâne qu’autre chose. »

Il allait être honnête encore une fois. Même s’il sentait qu’il venait de donner une réponse décevante, autant ne pas mentir à ce sujet. S’il avait été capable de comprendre et parler avec le Dévoreur, il l’aurait fait depuis tout ce temps.

« Bon, on a visiblement perdu notre temps. Allons réunir les autres pour leur parler du Dévoreur et raconter son histoire. »

Ah… Sérest avait mis un terme définitif à la conversation. Bon ben… quand il fallait y aller.

Chapitre 53 : SA chair

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Chapitre 53 : SA chair

« Elen ? Est-ce que tu veux bien m’adresser la parole ? »

« Pas réellement. Pas vraiment, oui. Mais à côté, je ne peux pas t’en empêcher, Tery. »

« Je sais bien mais… je n’ai pas envie que toi et moi soyons en froid même si ça serait amplement mérité en vue… de la situation. »

« Je préfère éviter d’en parler plus longtemps. Je crois que j’en ai assez entendu, Tery. Simplement, j’imagine que je me suis un peu bercée d’illusions. »

« Il ne faut pas dire ça, Elen ! Je… Enfin, je… »

« Tery, est-ce que c’était si bien que ça ? Ou peut-être pas assez ? Mais cela explique quand même pourquoi tu étais un peu distant, hier. J’imagine que tu t’es peut-être lassé de moi. »

« Oh non, non ! Elen, ce n’est pas ça. Je me suis senti fautif, et à raison, mais je ne voulais pas profiter de ça alors que tu ne savais rien, c’est tout. »

C’était aussi simple que ça mais le regard de dépit qu’elle lui lança en disait tellement long. Et lorsqu’elle l’accompagna de quelques mots, il sentait presque un poignard se nicher en plein coeur, surtout en vue de la pointe de tristesse qui en émanait :

« Et après ? Qu’est-ce que… cela aurait changé, Tery ? Maintenant que je suis au courant, est-ce que c’est un laisser-passer pour faire des choses avec elle ? »

« Je n’ai pas dit ça… Elen. Pas du tout. Je… Enfin, je ne veux pas que tu le prennes comme ça ! Ce n’était pas ça que je voulais et… Elen. »

« Tery Vanian. Tu es le père de notre enfant. Je sais qu’il est difficile pour les hommes de se retenir face à leurs pulsions mais… avec Manelena ? Non, je ne sais pas si c’est pire ou tant mieux… car c’est une personne proche de chez nous et digne de confiance. Enfin, du moins, je le croyais jusqu’à aujourd’hui. »

« Non ! Manelena est digne de confiance ! Ce n’est pas parce que… elle et moi, nous… Tu sais où je veux en venir, Elen. Manelena, je lui confierais ma vie, comme avec toi. Je ne peux pas te laisser l’insulter comme je ne peux pas envisager ma vie sans toi ! »

Alors qu’elle s’apprêtait déjà à réagir avec virulence aux propos de Tery, elle s’arrêta pendant quelques secondes, finissant par baisser les yeux. Elle chuchota :

« Comment ne pas considérer cela comme un mensonge, Tery ? »

« … Si tu en est à douter de ça, je crois que oui. Il vaut mieux plutôt patienter. Je serais patient. Je n’ai pas pu te voir pendant des mois et plus. J’étais si heureux de te revoir et de te retrouver. Mais je paye le prix de mes fautes. »

« Qu’est-ce que tu vas faire, Tery ? »

« Me concentrer sur ce que nous allons faire maintenant. Je vais me réunir avec les haut-gradés militaires. Il faut rassurer tout le monde vu que nous sommes deux armées réunies en une seule maintenant. Il risque d’y avoir des dissensions. Je vais me charger de ça. »

Et autant ne pas continuer à chercher à discuter. Personne ne gagnait dans cette affaire. Il valait mieux attendre un peu, en reparler plus tard. Il jeta juste un dernier regard à Elen puis hochera la tête comme pour signaler son départ, quittant la tente où il avait cherché à discuter avec elle. Manelena n’était pas loin, bras croisés. Loin de l’air sévère habituel, elle paraissait soucieuse, attendant que Tery lui explique comment tout cela s’était passé.

« Manelena… Peut-être que tu devrais aller lui parler, seule à seule. »

« Je ne suis pas certaine qu’elle voudra m’écouter, Tery mais… d’accord. Si tu penses que c’est pour le mieux, je vais aller le faire tout de suite. »

« Merci beaucoup, Manelena. Merci… vraiment pour tout. »

Il prit une profonde respiration, restant immobile pendant quelques secondes. Oui, il avait juste pris une bonne décision. Continuer à vouloir arranger les choses, c’était l’exemple parfait de ce qu’il ne fallait pas faire .Oui, il était coupable de tout ça. Mais vouloir se faire pardonner à chaque fois, cela accentuerait la culpabilité et rien de bon n’en sortirait..

Heureusement, en se rendant dans la tente où il allait pouvoir communiquer avec les autres membres de l’armée. Hmm… D’ailleurs, maintenant qu’ils étaient réunis, ils allaient devoir trouver un nom, n’est-ce pas ? Ah… Il était vraiment pas motivé sur le coup.

Chercher un nom lui rappelait celui de sa fille et indirectement de la dispute avec Elen. Il valait mieux se concentrer sur ce qui allait l’attendre. Se tournant vers Royan et Elise, il leur adresse la parole, calmement :

« Est-ce que vous pouvez me faire un petit bilan de vos objectifs futurs ? Enfin de ce vers quoi vous comptiez partir maintenant ? »

« Eh bien, nous étions normalement en train de travailler sur de nouvelles routes menant à la surface, non-contrôlées par les démons mais par nous. Pour Honoros, avec le fait que certains clans soient du côté des démons, on a eu quelques soucis mais sinon, nos projets progressaient plutôt bien normalement. »

« De notre côté, nous étions en train de remonter aussi à la surface. Disons que notre armée a eu quelques revers, des allers, des retours, bref de ce côté, c’est assez compliqué. De plus, avec quelques soucis du côté de l’empereur ou plutôt de ses enfants, on va dire que la situation n’est en rien arrangée. »

« Il va nous falloir plus de détails. D’ailleurs, nous avons réussi à extraire quelques informations des démons capturés. Il semblerait qu’ils étaient au service d’Hélyza et que d’autres étaient au service d’Haiktos. De ce que nous avons compris, ils avaient pour but d’éliminer l’autre groupe si cela devait dégénérer. J’imagine que les démons étaient au courant mais pas réellement les clans honoriens qui pensaient qu’ils formaient une seule et grosse coalition. » répondit Elisa après les remarques de Tery. Elle avait tourné son visage vers Royan comme pour avoir une confirmation visuelle de ses propos.

« Ce n’est pas aussi simple que ça mais dans les grandes lignes, on peut dire que ça correspond plus ou moins à ça. » compléta alors Royan en voyant bien qu’Elise n’avait plus grand-chose à dire. Ses propres paroles n’étaient pas forcément plus utiles en réalité. « Bon, ce que je veux dire, c’est que dans les faits, ces clans d’Honoros étaient autant en harmonie que lorsque les démons n’étaient pas présents. Leur alliance ne tenait qu’à un fil et il a suffit alors de le briser, en leur montrant qu’ils étaient loin d’être impressionnants pour que tout cela dégénère comme si de rien n’était. »

« Est-ce que nous pouvons rejoindre la conversation ? »

Une voix féminine que beaucoup reconnurent et voilà que les têtes se tournaient alors vers Sérest, accompagnée de Séran. Royan les invita à s’asseoir à leur côté, leur indiquant par là qu’ils pouvaient aussi prendre la parole.

« Merci beaucoup. Séran et moi avions principalement une question qui nous taraudait et je voulais donc savoir le point de vue de votre alliance maintenant que c’est : qu’est-ce que vous comptez faire par rapport aux démons ? Nous sommes responsables de l’ouverture des portes démoniaques mais cela n’empêche pas que vous pourriez les refermer si vous le désirez réellement. C’est pourquoi nous vous posons cette question. »

« De notre côté, en vue de la composition de notre-dite alliance, j’imagine que c’est plus ou moins assez visible, non ? Du moins, je crois que cela m’embêterait grandement en vue de ma relation avec Royan, hahaha. »

Il était vrai qu’Elise pouvait servir d’exemple par rapport à son amour envers Royan et inversement. Et il y avait d’autres cas dans l’armée, même avant qu’ils ne soient réunis avec les troupes de Tery. D’ailleurs, ce dernier regardait Sérest et Séran, longuement et sûrement avant de prononcer à son tour :

« De mon côté, je n’ai pas trop de possibilités. Si je veux revoir ma mère, mes grands-parents et autres, il me faut pouvoir me rendre à la surface hein ? Donc bon, j’ai bien appris aussi à connaître les démons et ceux comme Héraisty montrent bien qu’ils ne sont pas différents de nous. Donc oui, je ne compte pas tenter de bloquer les issus et autres. »

« Et j’imagine que tu as d’autres questions en tête à nous poser, n’est-ce pas, Tery ? »

À le voir réagir et se redresser sur place, ils savent parfaitement qu’ils visaient juste. Simplement, ils auraient pu attendre qu’ils soient en privé pour… Oui non, la dernière fois qu’il a discuté en privé, ça ne s’est pas bien passé, il valait mieux ignorer tout ça.

« Le plus important dans tout ça, c’est que nous avons réussi à réunir nos forces. Séparés, nous étions à la merci des autres armées mais maintenant, nous pouvons aisément remonter à la surface mais aussi installer divers camps souterrains. »

« C’est exact, Royan. C’est une bonne chose. Par contre, j’ai une petite question, parmi les personnes présentes, je vois qu’il y a de toutes les races, mais ces personnes sont celles qui dirigent une race spécifiquement ou alors, c’est plus… disparate. »

« Plutôt le second point, Tery. Il vaut mieux t’expliquer un peu plus en détails. »

Royan s’était mis alors à expliquer que sans que cela ne marche vraiment au mérite, les différentes gradés militaires ici présents étaient connus pour leurs sens tactique mais aussi pour leur diplomatie envers les autres races. Ainsi, chaque groupe de l’armée était composé des différentes races et d’ailleurs, Tery posa ses yeux sur un mékalarmien. Maintenant qu’il prenait le temps, n’était-ce pas la première fois qu’il en voyait un ici ?

« Oh… Je vois que tu as remarqué ces derniers. Ce sont des mékalarmiens portant les lignes de Zélisia. Ils sont donc très rares. »

« Difficile de dire ça quand ils sont les seuls mékalarmiens à être présents dans notre armée, n’est-ce pas ? Mais comment se fait-il qu’ils soient là ? »

« Eh bien.. .Disons que chez eux, il est peut-être bon de t’expliquer au sujet des mékalarmiens. Je ne sais pas si tu as été mis au courant sur leurs méthodes pour combattre les démons. Assez horrible en soi. »

Et encore d’autres informations. Ce n’était pas juste question de sacrifice mais aussi de mutilation de mékalarmiens en les gardant vivants pour utiliser plusieurs parties de leurs corps comme catalyseurs magiques et autres atrocités. Bien entendu, ils arrivaient à régénérer leurs membres tant qu’ils étaient en vie et grâce à la magie de Zélisia mais cela n’empêchait pas qu’au bout d’un moment, ils finissaient complètement brisés.

« Et lorsqu’ils sont brisés, ils ne sont plus utilisables, c’est ça ? »

« C’est du barbarisme et je ne peux pas supporter ça. Quand ces mékalarmiens sont venus nous voir, nous avons décidé de les accepter. Ce n’est pas qu’ils n’ont aucun… mépris envers les démons, mais celui envers leur propre race est bien plus fort maintenant. »

« Et surtout, depuis que nous avons appris à connaître les démons comme les autres races, nous avons remarqué à quel point beaucoup d’entre nous étaient dans l’erreur. » siffla doucement le lézard humanoïde aux écailles blanches. Oui, même s’il venait de couper la parole à Royan, cela ne sembla pas le déranger plus que ça, loin de là même.

« C’est exact. On va dire que des décennies voire des siècles de réclusion et d’enfermement n’ont pas aidé les esprits mékalarmiens à s’éveiller. Même si certains d’entre eux prenaient quand même ce risque, ils étaient reniés de leurs pays ensuite. Et pareil pour leur descendance. D’ailleurs, petite précision à ce sujet : il n’était pas rare qu’un mékalarmien « pur souche » cherche à abattre d’une manière ou d’une autre un mékalarmien qui avait quitté Mékalarma. Oui… Très sympathique, n’est-ce pas ? »

« Vraiment… Je ne pensais pas que ça se passait ainsi. Après, je ne suis pas là pour juger les autres races. J’ai parcouru ce monde en quelques années et j’ai rencontré de toutes les espèces mais en vue de ce que je suis moi-même et des ennuis causés, je serais très mal place si je devais alors commencer à me plaindre pour un oui ou pour un non. »

« Là n’est pas le sujet. Mais bref, voilà donc les explications sur la présence de nombreux haut-placés militaires dans cette tente, Tery. »

« On a tellement de sujets à discuter…. Je peux en savoir plus sur l’avancée du chemin ? »

« Avant que vous n’arriviez pour nous sauver la mise ? Hmm… Eh bien, tout d’abord, heureusement que vous étiez là, ensuite, cette attaque nous a permis de faire une certaine… purge dans notre armée, en vue que les traîtres n’ont pas hésité à se dévoiler dès qu’ils ont vu que nous étions en difficultés, il ne doit plus en rester beaucoup. De plus, avec vous maintenant dans les environs, il ne devrait plus y avoir de soucis de ce côté. Je pense qu’ils se tiendront tranquilles… »

« Et si ce n’est pas le cas… » commença à dire Manelena sur un ton doux mais plus que menaçant, certains haut-gradés déglutissant, qu’importe s’ils avaient juste un peu moins de grade qu’elle sur le terrain actuel. Elle était arrivée une dizaine de minutes après Tery.

« Si on peut passer à l’essentiel, du moins, le chemin ? Merci beaucoup. »

Pas qu’il était énervé ou agacé, mais peut-être juste un peu. En réalité, il s’emportait simplement à cause de toute l’histoire avec Elen. Il voulait éviter de le montrer mais… c’était vraiment très difficile. Rester calme et… Hmm ? Manelena le regardait de ses yeux rubis. Oui, ne pas montrer cela aux autres.

« Bon… D’accord, d’accord. Nous avons assez tergiversé, c’est vrai. »

Le jeune homme aux cheveux bleus était pensif, observant brièvement Tery puis Manelena. L’allure générale du premier montrait bien que quelque chose de mauvais s’était passé entre lui et Elen. La seconde, quant à elle, passait bien plus de temps à regarder Tery qu’à son habitude, signe que cela avait aussi un rapport avec elle.

« Pour le chemin, le plus difficile est de bien travailler les fondations. Nous avons quelques personnes très douées dans la magie de terre mais pas aussi imposantes que toi, Tery. »

« J’imagine que votre problème réside dans le fait que vous avez peur que tout s’écroule. Travailler la terre et ensuite la solidifier… pour créer des piliers assez stables qui supportent le tout… Vous avez aussi prévu plusieurs chemins qui mènent à une seule et même sortie ? »

« Hum ? Comment ça, Tery ? » demanda Royan, tout le monde s’étant tourné vers le jeune homme aux cheveux bruns, celui-ci clignant des yeux. Il était aussi étonné qu’eux sur le fait que tous apportent leur attention sur lui.

« Eh bien, si un chemin s’écroule, qu’un autre soit disponible, voire plusieurs autres, pour que la route reste accessible. Bien entendu, il faudra une vérification accrue à la sortie puisqu’elle sera unique mais sinon, cela ne me semble pas si étrange que ça non ? »

« Non, non. Tu as d’autres idées en tête ? »

« Hmm… Eh bien, mes golems ne sont pas éternels, je veux dire, à part Clari qui me pompe ma magie en continu même si depuis, ça va mieux. Mais je pourrais les utiliser pour vous épauler, surtout pour permettre à atteindre et maintenir des plafonds le temps que l’on préparer les piliers, cela fera un sacré gain de temps non ? Au lieu d’avoir plusieurs installations à monter et démonter à chaque fois, les golems n’auront qu’à se déplacer. Par contre, cela veut dire que je pourrais n’aider que sur un chantier, pas plusieurs à la fois. Sauf si ces chantiers ne sont pas trop éloignés. »

C’était bien le genre de question sur laquelle il aurait dû travaillé depuis des années. De combien de mètres était sa portée avec un golem ? De même, est-ce qu’il pouvait communiquer avec lui s’il ne le voyait pas directement ? Pouvait-il voir avec les yeux de son golem ? Tellement de questions arrivaient dans sa tête à cet instant !

« Je suis désolé mais je crois que j’ai quelque chose d’important à faire ! »

Il s’était relevé rapidement, s’excusant après être parti. Il allait faire des tests ! Les livres, il avait toujours les livres avec lui ! Et les différents golems, ce n’était pas important. Ce n’était pas sur la constitution d’un golem qu’il voulait travailler mais sur le lien avec ce dernier. Et en pensant à Clari, il savait parfaitement que ça devait être réalisable !

« Tery, Tery ! Hey, tu es parti comme une flèche ! »

Ah ! La voix de Manelena ! S’arrêtant alors qu’il avait déjà quitté la tente depuis quelques mètres, il attendit qu’elle arrive à sa hauteur avant de lui répondre :

« Oui, pardon encore, Manelena. J’ai eu une idée et j’ai envie de la mettre en place tout de suite. De toute façon, je n’ai pas le choix. »

« Je sais bien qu’avec Elen, c’est assez compliqué mais… j’ai tenté et maintenant, je ne peux que la laisser décider par elle-même. »

« Merci, Manelena, c’est plus que suffisant. Je pense qu’en me concentrant sur ce que j’ai en tête, cela devrait aller. Je vais travailler comme un forcené et on verra ce que ça donnera. »

« Hmm… Tu es sûr que ce n’est pas pour te dédouaner ? »

« Pas vraiment. J’ai lancé un sujet sur les golems et maintenant que j’y repense et que je n’ai pas besoin d’être le soutien de toute une armée grâce à tout le monde, je vais pouvoir me concentrer sur les golems ! »

« D’accord. Et tu veux te concentrer comment ? Tu peux m’en dire plus ? »

« Je veux bien mais ça sera par rapport à mes livres. J’aimerais voir si j’arrive à voir avec les yeux de mon golem… voire même à le contrôler directement. Je ne sais pas du tout comment imaginer ça mais peut-être que ces livres m’en diront plus. Je veux voir aussi si je peux leur donner des ordres et à quelle distance ils peuvent aller jusqu’à ce qu’ils ne m’obéissent plus et surtout quel serait le résultat d’un abandon de contrôle. Est-ce qu’ils disparaissent ? Deviennent fous ? Je ne sais rien de tout ça en réalité ! »

« Tery… Tu ne vas pas trop en faire ? »

« Tu me connais, non ? Je ne suis pas comme ça, Manelena. » répondit le jeune homme dans un grand sourire alors qu’elle fronçait presqu’aussitôt les sourcils, pas du tout rassurée.

« Justement, que trop bien. Tery, je ne pourrais pas récupérer les morceaux si tu foires une nouvelle fois. Après, cela peut être une méthode comme une autre pour qu’Elen se focalise sur toi malgré ce que nous avons fait, toi et moi. »

« Ce n’est pas vraiment une méthode ou autre. Simplement, les golems, j’ai un peu occulté ces derniers depuis le temps… mais je veux arranger ça. »

« Tu ne devrais pas plutôt te focaliser sur régler tout ça avec Elen ? »

« Je pourrais, je le voudrais, mais non, il vaut mieux que je tempère. Tu sais très bien à quel point Elen m’aime et inversement. Mais elle, son amour, elle l’exprime vraiment de façon très… impressionnante dira t-on. »

« Non. Depuis cet incident à Omnosmos, elle s’est justement calmée et elle est bien plus modérée qu’auparavant, Tery. »

« Je le sais très bien mais… hum… Je veux juste avoir quelque chose à faire. Je crois que si je me tourmente à chercher cinquante mille solutions pour régler ce problème, je vais faire encore plus de mal aux personnes autour de moi qu’autre chose. Je ne veux pas ça. »

« Il suffirait tout simplement de n’avoir plus aucune relation de ce type avec moi, Tery. »

« Et donc, de te laisser en arrière et souffrir comme auparavant. C’est moi qui a accepté, d’une manière ou d’une autre, d’avoir un tel rapport avec toi. Je ne veux pas porter toute la souffrance des deux mondes mais ça ne change pas que pour moi, tu es beaucoup trop importante pour que l’une de mes actions te fasse souffrir. Je ne sais pas comment quand mais je trouverais une solution dans le futur. »

« Tu es beaucoup trop naïf, comme à ton habitude mais… on sait aussi bien l’un que l’autre que c’est pour ça que je t’aime et il en est de même pour Elen. »

Il resta interdit pendant quelques secondes, la regardant comme s’il avait vu un fantôme. Clignant des yeux, elle mit plusieurs secondes à son tour avant de dire :

« Eh bien euh… Qu’est-ce qui se passe avec toi, maintenant, Tery ? »

« Non, c’est juste que je ne suis pas forcément habitué à ce que tu le dises à voix haute. »

« Je n’ai plus aucune raison de le cacher. De toute façon, les gens de notre portion de notre armée le savent. Et d’ailleurs, j’imagine que beaucoup d’entre eux doivent nous juger. »

« Je n’en suis pas si certain que ça en réalité. Je te rappelle que pour les démons, cela ne les dérange pas d’avoir plusieurs maîtresses ou amants ? »

« Oh, tu sais, à la surface, c’est la même. Rien ne l’interdit, c’est peut-être juste mal vu par certaines personnes ou communautés, rien de plus, rien de moins. »

« Mais je ne suis pas… Ah… Je vais voir Clari et prendre mes livres sur les golems. »

Il valait mieux aussi écourter cette conversation. Elle n’avait que trop durer et surtout, il allait s’en vouloir plus qu’autre chose. Il en était sûr et certain. Lui qui avait été si heureux de retrouver Elen était maintenant en train de mettre à nouveau de la distance avec elle. Il n’y avait donc vraiment rien qui pouvait aller pour le mieux dans ce monde entre lui et Elen ?