Chapitre 45 : Envoyé vers d’autres horizons

ShiroiRyu
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Chapitre 45 : Envoyé vers d’autres horizons

« Que devons-nous faire de lui ? Il a échoué… »

« Est-ce que vous avez une raison pour expliquer son échec ? »

« Il semblerait qu’une seconde personne ayant un masque blanc aie été de la partie. Le pire dans toute cette histoire est que c’est notre envoyé qui a accepté cette personne dans l’armée de Midès. Pensez-vous qu’il soit au courant ? » demanda la première voix.

« Je ne pense pas. Il n’est pas assez intelligent pour cela. Quelqu’un d’autre a du s’occuper de le manipuler. S’il portait un masque blanc, cela veut tout simplement dire qu’il a décidé de s’en mêler. » murmura la seconde voix.

« Déjà qu’il nous a causé quelques problèmes en récupérant le premier médaillon. Maintenant, il en possède deux sur notre propre royaume ! »

« Cet Oracle nous cause de trop grands soucis, grand prêtre Salanos. »

Un homme encapuchonné de rouge et portant un masque noir se tenait devant le vieil homme aux longs cheveux gris et aux yeux dorés. Celui-ci fit un petit geste évasif de la main, marchant en faisant les cent pas devant l’homme avant de dire d’une voix calme :

« Ce n’est pas un problème. Loin de là même. Il nous reste encore douze médaillons à récupérer… C’est même pour cela que le roi Theor attaque les autres royaumes actuellement. Hum… Je viens d’avoir une idée. »

« Laquelle, grand prêtre Salanos ? Si une simple personne comme moi peut mériter de connaître cette réponse. » murmura l’homme au masque noir.

« Un petit séjour dans d’autres contrées lui fera le plus grand bien. Je vais donc voir avec le roi Theor et la maréchale Nali pour savoir où je vais l’emmener. »

« Soit. Je vais donc vous laisser maintenant, grand prêtre Salanos. »

L’homme au masque noir s’inclina devant le grand prêtre avant de se redresser. Il se retourna, faisant quelques pas pour quitter la pièce tandis que le grand prêtre reprenait pour lui-même :

« La maréchale Nali. Hum, puisque c’est elle qui m’a envoyé ce jeune homme, je devrais peut-être le faire intervenir sur le front où elle se trouve. »

C’était une bonne idée. Une très bonne idée même. Il allait devoir simplement discuter avec le roi Théor de ce projet. Ce projet qui n’était encore qu’à son commencement, qu’à son début. Ce projet qui avait commencé il n’y a peine que quelques mois. Le vieil homme toussa légèrement, avant de s’éloigner à son tour, murmurant une dernière fois :

« Le Dieu Alzar. La déesse Zélisia. Ah ! »

Que c’était comique d’en parler, vraiment comique. Encore un combat, toujours des combats. Pour un Dieu, pour une Déesse.

« Tery Vanian, comment allez-vous aujourd’hui ? »

« Un peu mieux. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. » bredouilla le jeune homme.

« On vous a retrouvé allongé en pleine forêt près du village de Leskar. »

« Ah ? C’est vrai ! Je devais quitter le village car le roi m’avait appelé. »

Mais bon, d’après ses souvenirs, il n’y avait pas que ça normalement. Il y avait aussi d’autres choses. Il avait sûrement été récupéré près du trou causé par le ver géant à côté des cadavres de Gnomolds et d’humains. C’était quelqu’un, sûrement l’homme au masque noir. AH ! Il avait échoué ! Son sourire disparu alors que le soigneur le regardait avec un peu d’inquiétude :

« Il y a un problème ? Vous semblez être légèrement perturbé. Vous feriez mieux de vous reposer, c’est un conseil que je vous donne. »

« Je crois que je vais vous écouter, c’est la meilleure chose à faire. »

« AH ! Et quand vous irez mieux, vous avez une lettre de la maréchale Nali à lire. »

De la maréchale Nali ? Il semblait encore plus surpris de ce qu’il venait d’entendre, remerciant le soigneur qui l’abandonna enfin en le laissant seul dans sa chambre. En fait, il y avait deux lettres même. L’une était fermé par un sceau, l’emblème dessus représentant une goutte rouge tandis que la seconde était tout ce qu’il y avait de plus normal. Il tenta d’ouvrir celle avec le sceau mais remarqua que ce n’était pas possible même en tentant de la déchirer sur les côtés ? Drôle de lettre. Il ouvrit alors la seconde, lisant ce qui était marqué à l’intérieur, une belle écriture, une très belle écriture même :

« Si tu veux pouvoir lire l’autre lettre que tu recevras très bientôt, il te faudra payer le prix de ton propre sang. »

Payer le prix de son propre sang ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il poussa un profond soupir, se demandant où voulait en venir cette femme en armure de plaques noires. Ah mais attendez un peu ! C’était elle qui lui avait parlé de ses lignes noires. Cela voulait dire que cette lettre était peut-être très importante. Payer le prix de son sang, payer le prix de son sang. Il se mordillait le pouce pour chercher la réponse avant de pousser un petit cri. Mais bien sûr ! C’était évident même ! Bon, quelque chose ! Quelque choseAh ! Voilà, ça serait parfait ! Il prit la plume posée sur son bureau, positionnant la pointe sur le bout de son index avant de la planter dans celui-ci. Il eut un léger gémissement de douleur, observant la goutte de sang avant de la faire tomber sur le sceau. Une petite fumée rouge se fit voir tandis que le sceau était en train de se consumer pour disparaître complètement. Il pouvait maintenant ouvrir la lettre ? Et de tous les côtés ? Il y avait tellement de choses magiques ! Il ne connaissait même pas ce genre de lettres ! Visiblement, il avait beaucoup de choses à apprendre si il voulait devenir quelqu’un de bien plus utile pour le royaume de Shunter et au cas où, enfin pour avoir l’infime chance de revoir Elen. Hahaha ! Quelle surprise cela avait été lorsqu’il avait découvert la vérité. Mais assez perdu de temps, il devait lire cette lettre.

« Si tu commences à lire ces mots, cela veut dire que tu as parfaitement compris le message de la précédente lettre. Cela fait environ trois voir quatre jours que tu as dû recevoir la première lettre. Ainsi, je vais donc pouvoir… »

Il ne termina pas la phrase qu’il était en train de lire. Trois à quatre jours ? Alors pourquoi est-ce qu’il avait reçu les deux lettres en même temps ? Il se leva, quittant sa chambre pour essayer de retrouver le soigneur. Celui-ci se retrouvait dans la pièce réservée à son travail, Tery lui demandant :

« Pardonnez-moi mais j’ai été convalescent pendant combien de temps ? C’est au sujet des deux lettres que j’ai reçues. J’aimerais savoir quand elles sont arrivées. »

« Environ une semaine, je dirais. La première lettre a été mise de côté mais une seconde est arrivée quelques jours plus tard. Cela a dû se passer deux jours après votre arrivée pour la première lettre. Est-ce que vous avez besoin d’autre chose, lieutenant Tery ? »

« Non. Merci beaucoup pour vos réponses. »

« Quand même, recevoir une lettre de la part de la maréchale Nali, cela doit être très important. Vous feriez mieux d’y répondre le plus rapidement possible. »

« Je ne comptais pas m’attarder. Déjà entre vous et moi, elle ne m’appréciait pas plus que cela, je peux vous l’avouer. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

« Oh, vous savez, elle est comme cela avec tout le monde. Ce n’est pas récent, depuis qu’elle est maréchale voir même bien avant. Elle est venue un jour et depuis, son titre de maréchale n’est pas là pour rigoler. » annonça le soigneur d’un ton neutre.

« Au moins, une femme forte, c’est toujours ça de bon. Cela mettra un peu de plomb dans la cervelle de certaines personnes. »

« Je ne vous le fait pas dire. Avec elle, tout le monde marche au pas. Enfin, si vous n’avez plus rien à me demander, je dois retourner travailler. » déclara le soigneur.

« AH ! Pardonnez-moi. Je ne vous dérange pas plus que cela. »

Il quitta la salle de soins, se dirigeant vers sa chambre pour s’enfermer à l’intérieur. Ah ! Donc cela faisait une semaine qu’il avait été dans cet état ? Et il ne s’en rappelait même pas ! Il reprit la lettre de la maréchale Nali, recommençant à la lire tout en se disant :

« Quand même, pourquoi m’avoir envoyé une telle chose ? Je ne crois… Et zut ! Si elle attend une réponse, je suis déjà en retard ! »

Il allait se faire taper sur les doigts, il en était sûr. Pris d’un peu d’énervement, il fit tomber la lettre au sol. Il la récupéra finalement après quelques tentatives infructueuses, poussant un petit soupir d’énervement. Maintenant, il devait réellement se mettre à la lire. Ah, elle écrivait vraiment bien. Elle devait être une noble. De toute façon, ce n’était pas un paysan comme lui qui arriverait à accéder à ce titre. AH ! Il s’imaginait de ces choses des fois. Il se faisait vraiment peur en y réfléchissant bien. Il reprit sa lecture :

« Ainsi, je vais donc pouvoir te l’écrire clairement : tu es un imbécile. Tu as les lignes d’Alzar en toi et tu te permets d’échouer dans ta première mission confiée. J’avoue que je suis extrêmement déçue d’apprendre cette nouvelle. Tu as les capacités et malgré cela, tu as réussi à échouer. Les lignes d’Alzar ne sont pas là pour faire joli, saches-le clairement. Ces lignes montrent que tu as un potentiel magique important mais visiblement, tu ne sais pas l’utiliser du tout. »

Héhéhé ! C’était lui ou alors la maréchale Nali venait de le complimenter sur sa magie ? Enfin, à côté, il se faisait insulter et traiter d’imbécile, ce n’était pas forcément une bonne chose. Bah… Ce n’était pas non plus dramatique ! Il alla se dire à lui-même :

« Je suis comme une pierre précieuse qui doit être polie pour briller de mille feux ! »

Bon ! Ce n’était pas l’heure de se vanter mais il devait continuer la lettre. Ce n’était pas qu’elle avait écrit un roman mais visiblement, elle avait des choses à dires. Il reprit calmement, se concentrant pour lire plus posément :

« Enfin bon, tu as échoué et en cela, tu n’es pas excusable. C’est pourquoi tu vas officiellement quitter l’armée de la capitale Midès pour rejoindre celle de Shunter et aller sur le front. Ainsi, d’ici une semaine, tout au plus, tu rejoindras la cargaison qui sera envoyée vers le front. Prépares-toi donc à affronter tes pairs si on peut les appeler ainsi. Bon courage, tu en auras besoin surtout si je t’ai à nouveau en face de moi. Maréchale Nali. »

Gloups ! Ca ne sentait pas très bon. Aller sur le front. Cela voulait dire qu’il allait prendre part à la guerre qui se déroulait non-loin de leur royaume ?! Mais il n’était pas. Si, il l’était. Il était préparé à se battre pour son royaume mais quand même pour combien de temps il allait partir ? Et puis, combattre des humains n’était pas la même chose que combattre des monstres. Bien que…

« D’après mes souvenirs, les autres peuples ne nous ressemblent pas. »

C’est vrai.  Depuis que le roi Theor était à la tête du royaume, les autres peuples étaient interdits dans Shunter ou presque. C’était une mesure radicale et l’une des premières choses qui avait emmené le royaume dans une guerre contre les autres peuples. Où est-ce qu’il allait se battre ? Il ne le savait même pas ! Il recommença à lire la lettre, espérant trouver une réponse mais visiblement, rien de tout ça. Peut-être qu’en questionnant les autres personnes ? De toute façon, il n’avait pas le choix.

« Je vais aller me renseigner. Ca sera la meilleure chose à faire. »

Il referma sa lettre, mettant les deux enveloppes dans sa poche pour éviter qu’un autre ne les lise. Il ne manquerait plus qu’ils soient au courant pour ses lignes noires. Sincèrement, en y réfléchissant bien, il ne devait pas être le seul. Du moins, il y avait peut-être une organisation qui regroupait les adeptes d’Alzar ? Encore qu’adeptes était un bien grand mot. Il ne connaissait pas plus que cela l’histoire du dieu Alzar et il n’était pas plus intéressé que ça par cette dernière. Non, lui, ce qui l’intéressait, c’était de savoir si Elen faisait partie d’une telle organisation. Avec un nom comme l’Oracle, il y avait de fortes chances. Mais vu comment Elen détestait le royaume de Shunter, il était sûr et certain que cet Oracle ne se trouvait pas ici. Sinon, il lui aurait déjà mis la main dessus !

Il quitta sa chambre, descendant les escaliers en attendant que les autres soldats arrivent de leur entraînement. Il fallait dire que de son côté, il n’avait pas pu y participer à cause de son état. Une bonne heure passa et il s’ennuyait réellement, poussant plusieurs fois quelques soupirs avant que les soldats n’arrivent enfin pour se reposer pendant quelques minutes. Olin alla s’approcher de lui, lui faisant un grand sourire avant de lui demander :

« Vous allez enfin bien, lieutenant Tery ?! »

« Disons que ça pourrait aller mieux. Vous venez enfin de terminer ? Je ne sais même pas quelle heure il est. Ça m’embête tout ça. »

« Nous reste encore une série d’entraînements et ça sera tout pour aujourd’hui ! »

« Bien bien, est-ce que je peux te poser une question ? » demanda le jeune homme.

« Si je connais la réponse, je serais ravi de vous la donner ! »

Heureusement qu’il était là. Toujours plein d’entrain et il semblait aller mieux. Il n’avait même plus le bandeau sur le front. Enfin, il allait pouvoir lui poser la question bien que les soldats parlaient bruyamment autour d’eux :

« J’aimerais savoir quelques petites choses au sujet de la guerre. Enfin celle que le royaume fait avec les autres. Où est-ce que l’on se bat actuellement ? »

« Vous êtes pas au courant, lieutenant ?! C’est vrai ça ? Je pensais pourtant… »

« S’il te plaît, répond juste à ma question, Olin. » murmura Tery en lui demandant de parler moins fort. Ils n’avaient pas forcément besoin que les autres sachent cela.

« Alors euh. Je crois que d’après ce que je sais, nous sommes en guerre au nord-est et au sud-est. D’un côté, nous allons… »

« Est-ce que c’est vrai qu’ils ne sont pas humains comme nous ? » coupa Tery en regardant Olin avec ses yeux verts, le jeune homme ne semblant pas gêné de ce qu’il venait de faire.

« Ben ben, c’est ce que ma maman m’a dit. Ils paraitraient que les gens des autres peuples nous ressemblent sans nous ressembler ! Ils sont humaino… euh… »

« Humanoïdes ? C’est ça que tu veux dire ? » murmura Earnos doucement.

Olin hocha la tête pour lui répondre par l’affirmatif alors que Tery soupirait une nouvelle fois sans raison apparente. Il remercia Olin, lui signalant qu’il allait retourner dans sa chambre tout en lui annonçant qu’il allait partir au front, c’était pour cela qu’il voulait se renseigner. Le jeune homme plus grand que lui fit une mine dépitée avant de dire :

« Quand même. Vous êtes à peine là depuis pas si longtemps que ça et vous allez déjà vous battre là-bas ? Vous devez être quand même sacrément fort non ? »

« Je ne pense pas que ça soit la raison qui aie poussé les généraux à me faire rejoindre les troupes installées au front. De toute façon, peut-être que d’ici quelques temps, ça sera à toi d’aller là-bas, pourquoi pas ? »

« Vous le pensez vraiment ? Ca serait super ! »

Oui, super. C’était une façon de le dire, il fallait se l’avouer. Olin était un garçon très sympathique, il le reconnaissait mais il se demandait comment il avait fait pour survivre aussi longtemps dans ce monde. Enfin, ce n’était pas forcément son problème. Il salua le jeune homme avant de retourner dans sa chambre, il allait devoir préparer ses affaires. Ah mais non ! Il ne partait que dans une semaine grand maximum. Pas de quoi s’affoler. Mais quand même, il allait devoir peut-être prévenir sa mère et lui écrire une lettre.

« Faut éviter qu’elle ne s’inquiète, au moins, je me bats pour elle. »

Ah ! Au moins, il avait une bonne raison de se battre. Mais en y réfléchissant bien : a part pour l’Oracle, est-ce qu’Elen se battait pour quelqu’un d’autre ?Il n savait rien d’elle. C’était vraiment dommage. Il aurait pu lui poser des questions mais il fallait dire que le moment et le lieu étaient très mal choisis ! Bon, ça ne faisait rien, il verrait plus tard de toute façon ! Il devait se préparer pour d’ici quelques jours.

Pendant la semaine qui s’écoula, il avait décidé de s’entraîner deux fois plus qu’à l’accoutumée. Son départ avait été annoncé mais cela n’étonna guère de personnes puisque d’autres allaient l’accompagner. Enfin, au moins, avec ça, il était sûr d’être en parfaite forme ! Ou presque mais il devait se donner à fond ! Mais ce fameux jour arriva et il remarqua qu’ils étaient assez nombreux. Du moins de ce côté. Une bonne centaine ? En comptant ceux qui étaient déjà dans les charrettes.

« Il n’y a pas un autre moyen de locomotion ? » demanda t-il au conducteur de l’une d’entre elles, celui-ci se tournant vers le jeune homme.

« Pour de simples soldats, on préfère éviter d’utiliser nos ressources. Grimpe-dedans et tais toi au lieu de poser des questions de ce genre. Je vous jure. »

L’homme poussa un profond soupir alors que Tery grimpait à l’intérieur, saluant les quelques personnes ainsi qu’Olin qui restait au sol. Oui, il n’avait pas été envoyé là-bas. C’était peut-être une bonne chose. Cette fois-ci, il serait un homme parmi les autres, parmi des milliers d’autres ? Maintenant, il avait une petite boule dans le creux de l’estomac. Arf !

« Dire qu’ils vont nous envoyer là-bas. » murmura un soldat.

« On va mourir de chaud dans nos armures, je vous le jure ! Je sens qu’on va avoir du mal à porter nos armures. Elles vont nous coller à la peau ! » annonça un autre soldat.

« Je déteste ce pays du feu. Beaucoup trop chaud, bien trop. » alla dire un troisième.

« Le pays du feu. Oui, c’est vrai. » termina finalement Tery.

Même si il ne savait pas de quoi ces types parlaient, il voulait simplement se donner une légère contenance. Ainsi, ils allaient vers le pays du feu ? C’était vrai. Il y avait cinq pays, cinq zones, voire même six. Mais bon, comme il n’avait jamais réellement suivi les cours, il n’était pas forcément très au courant de tout ça. Il fronça les sourcils, fermant les yeux pour tenter de se rappeler de quelques petites choses. Le feu était au nord-est. L’eau au sud-est. De l’autre côté de l’eau, il y avait le vent et enfin au nord-ouest du vent, il y avait la foudre ! AH ! Ca lui revenait parfaitement dans le crâne cette histoire ! Tout n’était pas perdu. Et puis bon, il avait encore ces petits livres élémentaires. Même si il devait s’avouer que ces derniers avaient pris la poussière en un mois.

Il en sortit un de son sac à dos qui lui servait de voyage, ses griffes se trouvant à l’intérieur ainsi que les lettres de la maréchale et celles de sa mère. C’était une simple mesure pour lui permettre de garder quelques souvenirs au cas où. Disons qu’il n’était pas très confiant sur ce qui allait se passer sur un véritable terrain en guerre. Des centaines de personnes mourraient chaque jour, voire des milliers !

« Faut pas avoir peur comme ça, mon gars. Si tu pars avec l’idée que tu vas mourir, autant te tuer sur le champ. » alla dire l’un des soldats en le regardant.

« Pour, pourquoi est-ce que tu me dis ça ? » demanda t-il en s’adressant à lui.

« Car tu trembles comme un gamin ! Regarde tes jambes ! »

Regarder ses jambes ? Il baissa le regard, voyant que ses jambes s’entrechoquaient l’une contre l’autre. Il poussa un petit rire amusé, les faisant s’arrêter avant de dire :

« Ce n’est pas de la peur mais de l’excitation ! Je suis pressé d’y aller ! »

« Ohla ! Calme-toi hein ? Ne fais pas le fou sanguinaire qui va foncer dans le tas lorsque l’on ira combattre. Déjà qu’on est un peu les remplaçants de la vraie armée. »

« Les remplaçants de la vraie armée ? Qu’est-ce que ça signifie ? »

« Tu ne crois pas qu’on nous envoie quand même parce que nous sommes doués hein ? On va à l’abattoir, voilà tout ! Nous sommes ceux qui vont juste servir de boucliers humains aux véritables soldats de Shunter ! »

« Ah, d’accord, je vois … Merci d’avoir prévenu. »

Il avait terminé la discussion par une petite phrase un peu saccadée. Ainsi, c’était pour ça que la maréchale Nali voulait qu’il vienne ? Pour se faire tuer ? Sur le moment, il trouvait ça horrible puis il se rappelait que c’était la guerre.
Mais bon, il était hors de question pour lui de mourir comme ça ! AH ! Elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait mais elle allait parfaitement voir qu’il avait la vie dure, très dure ! Maintenant, c’était décidé ! S’il voulait survivre, il allait devoir se donner à fond et cela qu’importe ce qui se passera qu’importe le lieu où il se trouvera !

Les charrettes les tiraient peu à peu vers l’endroit où ils allaient devoir se battre à nouveau. Une nouvelle garnison militaire, de nouvelles personnes, de nouveaux lieux, de nouvelles créatures. Il allait enfin quitter le royaume de Shunter après presque dix-neuf années. Il lui restait encore tant de choses à découvrir.

Chapitre 44 : Un souvenir en commun

ShiroiRyu
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Chapitre 44 : Un souvenir en commun

« Ah ! C’est déjà ça de gagné. Mais maintenant, tu veux bien me donner ce médaillon ? »

« C’est la dernière chose que je ferais avant de mourir si cela devait arriver. »

« Que tu es méchante quand tu t’y mets. Ca ne se dit pas. »

Il eut un petit rire amusé alors qu’elle ne semblait pas du tout du même avis. La jeune femme aux cheveux blonds fronça les sourcils, lui offrant un regard meurtrier alors qu’elle reprenait ses deux dagues en main, disant d’une voix peu calme :

« Je vais te tuer… Encore te tuer… Toujours… JE DOIS LE FAIRE ! »

« Elen ? Tu te répètes mais tu n’y arrives pas. Tu sais, t’es peut-être un peu trop sensible au final hein ? Ce n’est pas une mauvaise chose mais sincèrement, tu n’as pas ta place au combat. Tu devrais gentiment me donner ce médaillon et arrêter de suivre l’Oracle. Pourquoi est-ce que tu ne m’accompagnes pas ? Mais maintenant, plus de relation de maître à élève, c’est à toi de voir. » déclara le jeune homme en haussant les épaules.

Hein ? Elle le regarda avec étonnement. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Qu’elle vienne avec lui ? Pourquoi faire ? Pourquoi est-ce qu’elle devrait le rejoindre ? Ce n’était pas parce qu’il était la première personne avec qui elle se liait réellement qu’il pouvait considérer qu’elle allait le suivre partout !

« Tu n’es pas sérieux quand même. Pourquoi… est-ce que tu me demandes ça ? » posa-t-elle d’une voix légèrement tremblante, contrastant avec ce qu’elle avait quelques minutes avant.

« Je ne sais pas. Je pensais que c’était une bonne idée. Et puis, on avait l’habitude d’être ensemble, je ne vois pas ce que ça changerait maintenant. Mais comme je l’ai dit, c’est à toi de voir. Réfléchis bien à la situation. Tu ne seras plus obligé de suivre les idées de cet Oracle. Je sais très bien que tu n’en as pas envie. »

« C’est de la pitié que tu m’offres ? Car je suis une fille ? C’est ça ? » demanda t-elle.

« Hein ? Mais non ! C’est quoi le rapport entre le fait que tu sois une fille et ce que je dis ?! »

Il venait de crier, serrant les poings alors que ses griffes étaient tournées vers le sol. Elen fit un pas en arrière : elle se sentait si faible et vulnérable sans sa cape brune et sans son masque blanc. Elle était si fragile… malgré ses paroles.

« Car maintenant que tu sais que je suis une fille. Tu vas changer complètement de comportement. Tu crois que je ne le sais pas ? »

« HAHAH A ! Si c’est ça le problème … JE VAIS VITE LE REGLER ! »

Il fit un simple geste de la main, un pieu de terre bien plus petit que les précédents passant à côté d’Elen, entaillant très faiblement sa joue alors qu’elle montrait sa surprise. Il venait de l’attaquer ? Pourquoi est-ce qu’il venait de faire ça ?

« Tu crois que parce que tu as de la poitrine, je vais être plus gentil envers toi ? Non ! Tu peux rêver ! C’est simplement parce que je t’apprécie ! Tu n’arrives pas à te loger ça dans le crâne ? Pourtant, tu devrais t’en douter ! C’est toi qui m’as remotivé et je ne te remercierais jamais assez ! Tu ne peux pas savoir comme je te dois tout… »

Il termina sa phrase avec une petite pointe de tristesse. Néanmoins, il était sérieux, très sérieux et elle pouvait l’entendre dans sa voix. Il pensait sincèrement à ce qu’il disait et elle le savait. Mais, ce n’était pas comme si c’était vrai ce qu’il disait.

« Je ne vois pas où tu veux en venir Tery. »

« Ne fais pas l’innocente, Elen. Tu le sais très bien lorsque tu m’as vu la première fois. J’étais loin d’être doué, très loin. Et puis les moments où je m’en suis pris à toi, tu t’en rappelles non ? Ce n’est pas si loin que ça ! »

« Je me rappelle aussi de la porte que je me suis pris et aussi de ta trahison verbale lorsque j’ai appris que ce n’était pas pour moi que tu t’entraînais. » murmura la jeune femme.

« Je t’ai pourtant signalé après que c’était le cas. Je voulais simplement ressembler à ces personnes qui m’ont sauvé la vie. Je trouve que c’était normal. »

« Tu te comportais comme un enfant. » soupira Elen avec tristesse.

« Et je me comporte toujours comme tel si c’est ça que tu te demandes. » annonça t-il d’une voix qui se voulait calme bien qu’il avait du mal à s’exprimer correctement.
Ils arrêtèrent de parler pendant une bonne minute, se regardant longuement alors qu’elle reprenait son arc en main, bandant l’arme tandis qu’il ripait ses griffes l’une contre l’autre. Le combat semblait inévitable mais pourtant chacun voulait retarder ce moment.

« Je ne suis pas fait pour être ta maîtresse d’armes, Tery. Tu le sais très bien. Je n’ai pas le caractère fait pour… »

« Alors soyons amis ! Je sais que c’est stupide dit de cette façon et même si nous ne sommes plus des enfants. J’aimerais bien ne pas te considérer comme une ennemie, Elen. »

« Et moi alors ?! Qu’est-ce que tu crois ? Que j’en ai envie ? Si l’Oracle n’avait pas été aussi formel, rien de tout ça ne serait arrivé ! Tu veux savoir ce qui est le plus triste dans cette histoire, Tery ? C’est que si je n’avais pas décidé d’attenter à ta vie, nous serions toujours à Midès, à faire nos petits entraînements ensembles. »

« Ca, c’est le passé, Elen. On ne peut pas revenir en arrière malheureusement. »

« Non. Tu ne comprends pas, lorsque j’ai parlé de toi à l’Oracle, il m’a signalé que ton cas était vraiment rare. Tu es capable de revenir en arrière même après t’être laissé emporter par les lignes d’Alzar. Il aurait bien aimé te voir au final. »

« Et me tuer pendant que je dors ? Je ne suis pas vraiment tenté par tout cela, je suis désolé. Tu comprendras que je fais bien moins confiance à l’Oracle qu’à toi. » dit-il d’une voix un peu amusée alors qu’elle détournait le visage d’un air gêné.

« Pourtant, si tu décidais d’arrêter tout, de tout quitter maintenant, tu pourrais venir avec moi chez l’Oracle. Nous pourrions aller là-bas… ensemble. » murmura-t-elle en reposant ses yeux bleus sur ceux verts de Tery.

« Héhéhé. Tu n’as pas remarqué quelque chose, Elen ? Quelque chose de vraiment stupide et qui nous concerne, toi et moi. Tu veux que je te le dise ? Est-ce que tu as envie de te battre contre moi ? Sérieusement ? »

Elle baissa son regard, lui répondant par ce simple mouvement de tête pour dire que ce n’était pas du tout son envie, loin de là même. Le jeune homme eut un petit rire avant de reprendre la parole :

« Et bien. Comment te dire. Eh bien pour moi, c’est pareil ! Surtout pas maintenant que je sais ce qui se cache sous ce masque blanc. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Tery ? » bredouilla Elen.

« Oh, pas grand-chose ! Rien du tout même ! Est-ce que tu ne veux pas qu’on quitte cet endroit plutôt que de rester ici ? Si les gnomolds nous tombent dessus. »

Elle hocha finalement la tête pour lui dire qu’elle était d’accord. Il poussa un profond soupir de soulagement : cette fois, elle s’était ralliée à sa cause. Par contre, il ne voyait pas comment elle allait cachait son visage maintenant. Il soupira une nouvelle fois avant de lui tendre sa cape bleue pour aller avec celle de couleur brune d’Elen.

« Comme ça, tu peux rester camouflée. Suis-moi, d’accord ? »

« Merci beaucoup Tery. Nous discuterons comme des gens civilisés alors… »

« Je trouve seulement un peu dommage que tu caches ton visage sous un masque. »

Hein ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle allait lui poser la question mais il valait mieux ne rien demander. Il laissa passer la jeune femme aux cheveux blonds devant lui, prétextant la galanterie alors qu’elle ne savait pas comment réagir. De la galanterie ?

« Je voulais te demander, Elen. Si tu es une fille, enfin non, tu l’es. Ce n’est plus une supposition. Mais puisque tu en es une, pourquoi est-ce que tu parles de toi comme ça ? »

« Car cela fait longtemps que je m’exprime ainsi. Tu peux dire tout ce que tu veux, je ne me considère pas très féminine de mon côté. Donc je parlais ainsi. »

« Oh, tu sais, si tu te laissais pousser les cheveux et que tu commençais à parler comme une fille. Du moins, à accorder tes mots au féminin, je suis sûr que tu serais pas mal. »

Pas mal ? Elle allait lui donner un coup de pied s’il continuait à parler d’elle comme ça. Elle ne savait même plus où se mettre avec toute cette histoire ! Ils arrivèrent au bord du trou, la jeune femme aux cheveux blonds tendant sa main pour aider Tery à monter à son tour. Il la remercia tandis qu’elle jetait un regard autour d’elle, assez confuse.

« Ils sont déjà tous partis et regarde-moi tous ces corps. »

« C’est un véritable carnage, Elen. Un véritable carnage ! Mais ce n’est pas le dernier que je verrais alors je m’y habitue. » marmonna Tery.

« Tery, tu me considères vraiment comme une amie ? Malgré tout ce que je t’ai fait ? Et tout ce que je t’ai dit ? La gentillesse a ses limites. Je le sais. »

« BON ! Tu sais quoi, Elen ? Je crois que j’ai compris ton problème. Tu as un manque de confiance, vraiment flagrant et énorme. Ça, c’est un gros souci mais avant… »

Il s’arrêta de parler, tendant l’oreille comme si il venait d’entendre un bruit singulier. Un cor ? Elen sursauta légèrement en écoutant ce bruit alors que Tery poussait un profond grognement de colère. Du tout au tout, son caractère changea complètement :

« Elen, tu vas partir avec le médaillon. »

« Hein ? Que quoi ? Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Qu’est-ce qui t’arrive ? »

« Tu vas partir ! Je te l’ordonne ! TU PARS TOUT DE SUITE ! » hurla Tery.

« Mais qu’est-ce qui te prend de me crier dessus ? Tu es complètement fou ou quoi ?! »

Il la poussa subitement, la jeune femme émettant un cri alors qu’elle se tournait vers lui. Il lui envoya le pendentif tout en reprenant :

« Vas t’en maintenant ! Et ne reviens plus jamais ici ! »

« Mais qu’est-ce qui t’arrive, Tery ?! Tu ne t’es jamais comporté comme ça avant. »

« Je n’ai pas le temps de t’expliquer, écoute-moi et quitte cet endroit. C’est bon, tu peux prendre le médaillon et partir d’ici ! Par contre, on ne se reverra plus. »

« Si tu le prends comme ça, tu ne cherches même pas à t’expliquer. Et puis si tu veux tout savoir, maintenant que j’ai le dernier médaillon, je ne remettrais plus les pieds ici, c’est bien compris ? Alors on se dit adieu ! »

Elle était en colère, autant que lui mais pas pour les mêmes raisons. Elle ne comprenait pas du tout pourquoi il s’était énervé mais quand même ! Il hocha la tête pour lui dire que oui alors qu’elle serrait le poing, celui-ci contenant le pendentif du jeune homme. Quel idiot mais quel idiot ! Il ne lui disait même pas adieu ! Elle prit une profonde respiration avant de le regarder une dernière fois, s’engouffrant dans la forêt alors qu’il poussait un léger soupir.

Ce cor. Il l’avait tout de suite reconnu et il savait pertinemment ce qui l’attendait. C’était pour ça qu’il avait demandé à la jeune femme de partir. Hahaha ! L’Ombre était une jeune femme ! Une jolie jeune femme en fait ! Mais elle ne le savait pas. Pas du tout et c’était vraiment dommage en un sens. Fort regrettable même. Elle ne savait pas ce qu’elle était réellement. Bah, s’ils se revoyaient, il le lui dirait même si c’était bien moins sûr maintenant et dorénavant, il allait au-devant de graves problèmes.


Le cor se fit entendre une nouvelle fois, la forêt devant lui se mettant à trembler alors que des grognements résonnaient dans ses oreilles. Ils étaient là. IL était là ! Il était si facile pour lui de reconnaître ce son ! Des Gnomolds, les uns après les autres. Ils apparaissaient alors qu’il s’avançait. Les Gnomolds ne l’attaquaient pas.

« Yerk ! Yerk ! Voilà l’humain ! » dit l’un d’entre eux en ricanant.

« HEY ! Le monstre est mort ! Et y a plein de cadavres d’humain ! »

« Ils ont réussi à l’abattre ?! Pas mal pour des humains ! »

Les gnomolds discutaient entre eux, tout en l’entourant alors qu’il rangeait ses griffes. Ca ne servait à rien de toute façon. Comme si il avait une chance de pouvoir s’enfuir. Ils étaient combien ? Vingt ? Trente ? Cinquante ? Ce chiffre semblait le plus réaliste alors que déjà, il se mettait à froncer les sourcils. Oui. C’était bien lui ! Une voix se fit entendre entre les arbres, bien qu’il n’était pas possible de lui donner un visage :

« Qu’avons-nous là alors ? On m’a prévenu que les humains décidaient de venir en quantité plus qu’importante et sur quoi je tombe ? Un seul humain ! »

Un seul humain ? Cela voulait-il dire qu’Elen avait réussi à s’enfuir ? Il l’espérait sincèrement et visiblement, cela ne passa pas inaperçu puisque l’un des Gnomolds reprit :

« On aurait quand même dû s’occuper de l’autre qui courait. »

« Pas que ça à perdre ! Laissez-moi voir c’est quoi cet humain ! »

Ah ! Voilà qu’il se présentait enfin à lui ! Et ce n’était guère réjouissant. Chaque pas était signe d’un cliquetis métallique. Un Gnomold bien plus grand que les autres. Il devait mesurer bien deux têtes de plus qu’eux. En fait, il était presque à la taille de Tery. Néanmoins, il portait une lourde armure rouge sur lui, que cela soit au niveau de ses mains, de ses pieds ou même de ses bosses dans le dos ? Une armure faite sur mesure. On pouvait voir aussi que l’œil gauche n’existait plus, seule une cicatrice étant visible. De l’autre côté, son œil droit brillait d’une lumière dorée comme si elle était capable d’envelopper le jeune homme pour le faire disparaître. Sur son dos était accroché un imposant maul mais qui ne semblait néanmoins pas déranger le Gnomold. Celui-ci prit la parole :

« Qu’avons-nous là ? Il a l’air bien calme pour un humain. »

« Il veut même pas nous attaquer ! Il a tout de suite rangé ses armes ! »

« Tiens donc, il préfère mourir comme ça ? Sans même se défendre ? Snif, drôle d’odeur. »

« Tu ne me reconnais pas ? Pourtant, je n’ai jamais oublié ta sale face. »

Sale face ? Ohhhh ! Il n’avait pas peur en fait ! Il jouait même le fanfaron ? Le Gnomold en armure s’approcha de lui, deux autres le mettant à genoux pour qu’il puisse se retrouver bien moins grand. Le Gnomold en armure souleva son visage pour l’avoir en face de lui et l’observer. Cet humain lui tenait tête. Cet humain, ses yeux verts.

« On se serait pas déjà vu quelque part ? Ta tête me dit quelque chose ! »

« Tiens, je pensais que tu t’en souviendras plus facilement, abruti de Rokar ! »

La lame d’une épée se planta dans son bras gauche, le faisant crier de douleur alors qu’elle s’extirpait après quelques secondes. Visiblement, les gnomolds n’appréciaient pas qu’on insulte l’un de leurs chefs. C’était tout à fait normal. Mais Rokar émit un rire gras avant de prendre la parole :

« Tu connais mon nom ! C’est déjà pas si mal pour un humain ! Tu viens de Leskar ? Ton odeur te trahit. Je le sens très bien ! »

« Ouais, je suis de Leskar, ça te pose un problème ? Tu m’avais dit que tu me laisserais la vie ! Tu ne t’en rappelles pas ? C’était inhabituel de la part d’un Gnomold ! »

« C’ETAIT TOI LE MARMOT ! HAHAHA ! Je m’en rappelle parfaitement de ton père. »

Il émit un petit mouvement pour le repousser, les autres Gnomolds commençant déjà à se préparer à le planter de toutes parts mais Rokar fit un nouveau geste pour leur dire de ne rien faire. Il donna une violente claque métallique à Tery pour le faire tomber au sol :

« Je me demande envers qui tu avais le plus de haine mon gaillard ? Ton père ? Ou son meurtrier ? C’est-à-dire moi. Quel plaisir de voir son visage se tordre de surprise après ce qu’il m’a dit. Tu veux que je te le répète ? »

« J’en ai pas besoin non merci. Tues-moi maintenant. » marmonna le jeune homme.

« Pourquoi est-ce que je devrais te tuer ? » déclara Rokar.

Hein ? Même les membres de son espèce semblaient surpris par les paroles de Rokar. Ne pas le tuer ? Encore une fois ? D’après ce qu’ils avaient compris. Enfin, certains Gnomolds connaissaient aussi le jeune homme quand il n’était qu’un enfant.

« D’après ce que j’ai cru comprendre, t’étais avec un autre type et tu as décidé de servir d’appât non ? Tu sais ce que je vais faire ? Je vais lancer tout mes gars et prévenir les autres clans Gnomolds ! On a sa description, on sait à quoi il ressemble. Je suis sûr que tu me haïras encore plus. Héhéhéhé ! »

« NON ! Arrête ça ! ELLE… » commença à dire Tery.

« Elle ? En plus, c’est une femelle. Et vu comme tu réagis, ça sera encore mieux. Laissez-le là ! Mais avant… »

Rokar s’approcha de lui avant de lui donner un violent coup de tête, faisant s’évanouir le jeune homme sans qu’il ne puisse réagir. Plusieurs rires se firent entendre tout autour de lui alors qu’il n’était plus conscient, les Gnomolds l’abandonnant dans cet endroit. Il… Elen… Zut… Il ne pouvait pas… Il devait… Ah… Zut… Pourquoi… Rokar… Non…

Où il était ? Il ne s’en rappelait pas. Il se souvenait juste de ce qui s’était passé avant et lorsqu’il avait pu ouvrir les yeux, on lui avait demandé pourquoi il se trouvait ici. Il n’avait pas pu répondre et puis, il se rappelait que l’on avait décidé de l’endormir une nouvelle fois. Où il fut emmené ? De nouveau à Midès.

« Hum ! Je vois qu’il a échoué puisqu’il n’a pas le médaillon. »

« Il fallait s’en douter. Cela était une trop grande mission pour quelqu’un comme lui dont les pouvoirs sont latents. »

Il ne savait pas pourquoi mais il avait entendu ces deux voix. L’une d’elle était féminine tandis que l’autre était masculine. Néanmoins, il n’arrivait pas à les reconnaître et il se sentait transporté. Il devait sûrement être emmené dans la salle des soins de l’armée.

« Qu’est-ce que nous devons faire ? Puisqu’il a échoué, cela va retomber sur nous. »

« Nous ne pouvons nous en vouloir qu’à nous-mêmes. Néanmoins, nous n’oublierons pas de prévenir que cela n’est guère de notre faute. »

« Faire porter le chapeau, c’est astucieux mais bon… » murmura la voix féminine.

« Nous n’avons pas vraiment le choix de toute façon ! »

« Déposons-le dans sa chambre, ses blessures ne sont pas importantes, nous préviendrons les soigneurs pour qu’ils s’occupent de lui. »

« Tant qu’ils pensent qu’il était toujours à Midès, il n’y a aucun problème. »

Qu’est-ce que ces deux voix fomentaient ? Il n’arrivait même pas à ouvrir les yeux. Il aurait bien aimé que la voix féminine soit celle d’Elen mais non, il n’y arrivait même pas. Il était simplement plongé en léthargie, sans possibilité de faire ne serait-ce qu’un mouvement ou de parler… Il aurait bien aimé avoir son mot à dire mais il n’en avait pas la possibilité.

Combien d’heures s’étaient écoulées ? Il ne le savait pas du tout mais il aurait bien aimé connaitre la réponse. Lorsqu’il ouvrit les yeux, ce fut pour voir qu’il avait un bandage sur le front et quelques bandages sur le reste du corps, à cause de ses blessures. Ah. Il avait échoué, réellement échoué. C’était difficile à croire mais c’était la vérité

« Enfin réveillé ? L’entraînement a été plus dur que prévu ? Ou c’était une mission, lieutenant Tery ? Vous savez, vous devriez éviter de trop en faire. »

« Je vous remercie de vous préoccuper de moi mais ne vous en faites pas. » répondit-il tout en se tournant vers la personne qui s’était occupée de lui.
Maintenant, il ne verrait plus jamais l’Ombre ou plutôt Elen de son vrai nom. Elle n’allait plus jamais mettre les pieds dans le royaume de Shunter et donc plus jamais le voir. Il ne pouvait s’empêcher d’être triste à cette idée. Mais bon, c’était comme ça la vie. Il devait se dire qu’Elen aurait une certaine place dans son cœur : cette jeune femme lui avait permis d’être ce qu’il était actuellement : un soldat de l’armée de Shunter. Cette jeune femme … Il n’arrivait pas à le croire mais oui … Elle en était une.

Chapitre 43 : Briser ces masques

ShiroiRyu
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Chapitre 43 : Briser ces masques

« Alors, qu’est-ce que tu attends ? Ah ! Peut-être que c’est … MOI ! » s’écria t-il tout en se lançant vers elle, ses deux griffes croisées au niveau du torse.

Il tenta de planter sa griffe en sa direction mais elle l’évita en roulant sur le côté, reprenant finalement ses esprits tout en tendant son arc. Sa flèche partie aussi rapidement qu’elle était apparue, l’homme à la cape bleue faisant un geste de la main avant de créer un léger souffle qui fit dériver la flèche de sa destination initiale.

Le mur à côté de lui explosa alors qu’il sifflait. Elle n’y allait pas de main morte on dirait bien ! Elle n’allait pas hésiter à le tuer à cette allure ! Dire qu’il prenait ce combat comme une partie de rigolade, il s’était complètement trompé visiblement. S’il devait se mettre à combattre sérieusement, alors il allait combattre sérieusement ! Ses griffes commencèrent à s’entourer d’une épaisse couche de roche avant qu’il ne donne un coup au sol juste devant Neel. Celui-ci s’était mis à reculer alors que de nombreux éclats de pierre étaient projetés.

« Alors, qu’est-ce que tu en penses ? » demanda l’être masqué de noir en rigolant.

« Que tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas avoir des problèmes. »

« Wow ! Aussi agréable qu’une porte de cachot. »

Sympathique, il le mettait au même niveau qu’une porte. Il devait le prendre comment ? COMME CA ! Trois flèches apparurent alors qu’il bandait l’arc. Quand on savait manier aussi bien la magie, cela ne servait à rien d’avoir un carquois. Surtout quand on possédait les lignes de la déesse avec soi ! Les lignes blanches étaient apparues sur ses deux gants alors que les flèches commençaient à briller.

Ca sentait le roussi ou presque ! Il n’allait pas utiliser ses lignes contre lui. C’était complètement de la folie et puis comme l’avait dit la maréchale Nali, ces lignes étaient démoniaques et allaient causer sa perte ! Alors hors de question de les utiliser ! Ce qu’il devait faire ? Il ne le savait pas mais il refusait cette idée de blesser l’Ombre de cette façon !

Il esquiva les trois flèches en courant tout simplement vers la personne à la cape brune, celle-ci semblant surprise de tant d’audace, relâchant bien trop tôt les flèches qui passèrent à côté de Tery. Il allait lui retirer ce masque, comme ça tout allait être résolu dès maintenant ! Il arriva à sa hauteur, une griffe tendue vers le masque blanc.

« Qu’est-ce que tu comptes faire ?! ON NE TOUCHE SURTOUT PAS ! »

« Tu m’as l’air vraiment très gêné. Est-ce parce que sans ce masque est si important ? »

« Tu sais très bien que sans ça, nos pouvoirs décroissent ! »

« Et alors ? Tu es si faible que ça sans ton masque ?! SI… VULNERABLE ?! » s’écria t-il alors que Neel donnait un coup de pied dans sa griffe pour la repousser, son arc tombant au sol en disparaissant. Il poussa un petit cri de surprise, s’écroulant en arrière alors que du sang se mettait à couler d’une plaie au niveau du torse ? Une ligne de sang était tracée alors qu’il apercevait deux dagues dans les mains de l’Ombre.

« On cache bien son jeu à ce que je vois, l’Ombre ! Je ne savais pas que tu te battais au corps à corps aussi. Ca rend tout ça bien plus intéressant ! »

« Je ne suis pas n’importe qui. Je suis celui qui doit s’occuper des nombreuses missions données par l’Oracle. Si j’étais incapable de me battre au corps à corps, je serais bien trop faible. Puisque l’arc ne marche pas contre toi, autant se battre ainsi. »

« Comme tu le désires, l’Ombre ! Mais cette fois-ci, on sera à armes égales ! »

« Cette fois-ci… CETTE FOIS-CI ?! TERY ! QU’EST-CE QUI T’AS PRIS ?! »

Il rigola légèrement, heureux de voir l’Ombre furieuse ainsi. C’était vraiment quelque chose d’assez exceptionnel. Pourtant, il ne venait pas de confirmer qui il était réellement mais elle y croyait dur comme fer. Comme quoi. Même si cela n’avait duré que quelques mois ? L’Ombre semblait très bien se rappeler de lui. Les deux lames des dagues ripèrent sur le sol alors qu’il donnait un coup de pied dans le ventre de l’Ombre, la repoussant de quelques centimètres tout en reprenant :

« Je ne vois sincèrement pas de quoi tu veux parler. Est-ce que tu es capable de mieux t’exprimer ? Et aussi de me donner ce médaillon ? »

« Ne fais pas l’innocent ! POURQUOI EST-CE QUE TU PORTES CE MASQUE ?! »

« Et pourquoi TU portes ce masque ? Je pourrais te retourner la question, l’Ombre. »

« Je travaille pour l’Oracle, tu le sais très bien ! »

« Et moi je travaille pour le roi de Shunter, ça ne se voit pas ? Visiblement, les lignes du dieu Alzar ne sont guère réjouissantes. Il paraîtrait qu’elles mènent à la destruction de la personne qui les possède. » soupira Tery bien qu’il ne dévoilait toujours pas son visage.

« C’est exactement ça ! Et porter ce masque n’arrangera pas les choses ! Alors, retire ce masque complètement stupide ! »

« Je ne le ferais pas. Pourquoi est-ce que j’irais retirer mon masque ? Celui qui me l’a donné avait une idée en tête sûrement. Prendre ce masque me permet de m’accepter comme je suis. De me dire que mes lignes peuvent être utiles à quelque chose. »

« Quitte à te faire manipuler comme un pantin ? » déclara la personne masquée de blanc.

« ET CE N’EST PAS PAREIL POUR TOI ?! »

« Je… Je… » murmura t-il en faisant quelques pas en arrière, surpris par les cris de Tery.
Qu’est-ce qui lui avait pris de se mettre dans cet état ? Il était dingue ou quoi ?! Et puis, ce n’était pas pareil justement ! Il ne servait pas les profits d’un roi maléfique contrairement à Tery ! L’Oracle était bon ! L’Oracle était… L’Oracle lui ordonnait de tuer des enfants. Alors bon, il n’avait pas totalement tord… MAIS NON ! L’Oracle savait parfaitement ce qu’il faisait ! Ce n’était pas la même chose ! Loin de là même ! Il murmura :

« Mais au moins… Tu reconnais que tu es Tery ? Non ? »

« Je reconnais tout ce que tu veux mais je ne retirerais pas ce masque… »

« Alors il me faudra l’extraire par la force à ce que je vois. » rétorqua Neel.

« Il en est de même pour moi ! »

Au moins, il assumait parfaitement le fait qu’il était Tery, c’était déjà une bonne chose… Mais ce n’était pas suffisant ! Ses dagues rencontrèrent les deux griffes de Tery, celui-ci se mettant à repousser peu à peu Neel grâce à sa force. L’être au masque blanc fait quelques pas en arrière, serrant les dents sous son masque tout en reprenant :

« Vraiment mais quel idiot tu es ! Comment est-ce que tu peux faire ça ?! »

« A cause d’une personne, j’ai décidé de ne plus vraiment croire aux autres. Je me demande à qui la faute ? Tu as une petite idée ? »

« Si tu cherches à me donner des remords, tu peux déjà abandonner. »

Il eut un petit rire sous son masque avant de tenter de lui faucher les deux pieds, Neel sautant dans les airs tout en tendant sa main gantée de rouge vers lui, créant une petite sphère de feu. Il se coucha sur le sol, évitant la boule de feu tout en se redressant, courant vers Neel pour le repousser en arrière, son bras au niveau du ventre.
Qu’est-ce qu’il comptait faire ?! AH ! Il pensait vraiment qu’il allait tomber dans ce piège aussi grossier ? Mais mais mais, pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à bouger ?! AH ! Il allait lui planter les deux dagues dans le dos pendant qu’il le faisait reculer ! Serrant ses armes dans ses mains, il s’arrêta un court instant. Tuer Tery ? Déjà qu’il n’avait pas réussi la première fois. Il poussa subitement un cri, son dos venant de rencontrer le mur rocheux derrière lui alors qu’il posait un genou au sol.

« Tu n’as même pas essayé de réagir. Tu es bien devenu bien faible, l’Ombre. »

« Tu vas voir qui est faible, Tery ! » s’écria Neel.

« Qu’est-ce que tu en penses maintenant ? Cela fait bizarre de se combattre d’égal à égal, non ? Et plus de maître à élève. »

« Maître à élève ? Tu te considérais comme tel ? »

« Bien sûr ! J’ai arrêté d’apprendre le combat et la magie pendant des années et toi, en quelques jours, tu m’as redonné envie ! Tu crois que… Puis zut ! » marmonna Tery.

« Si tu me considérais vraiment comme ton maître, tu arrêterais ce combat ! »

Il hocha la tête d’un air négatif, retirant à moitié son masque tout en lui tirant la langue. Il était désolé mais il ne pouvait pas. Il remit correctement son masque, glissant les lames de ses griffes les unes contre les autres. Neel se releva, serrant les deux dagues dans ses mains. Encore une fois, il se demandait pourquoi ça devait se terminer comme ça. Tery n’était même pas sérieux dans son rôle ! Ou alors c’était l’inverse ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il ne le savait pas du tout et ça l’énervait ! Ou du moins, il voulait s’énerver. Avoir une véritable et bonne raison de se battre !

« Maintenant que j’ai ce masque, je suis à ton niveau. Si tu ne te donnes pas à fond… »

« C’est tout simplement pour ça que tu portes ce masque ? Pour être de force équivalente ? Juste pour montrer que tu es puissant ? » murmura Neel.

« Hahaha ! Je n’ai jamais dit ça. Oui, peut-être mais non, tu verras bien. Mais pour ça, il faudrait réussir à me battre, l’Ombre. »

« Ca ne sera pas très difficile. Si tu veux que je sois sérieux, je vais l’être mais c’est à tes risques et périls, Tery. »

« Alors tant mieux, j’aime prendre des risques ! » dit le jeune homme avec ironie.

Il eut à peine le temps de terminer sa phrase qu’il dut croiser ses deux griffes pour parer les dagues de Neel. Celui-ci s’était relevé avec une vitesse telle qu’il avait l’impression que ce n’était plus la même personne. Il fit plusieurs pas en arrière et sur les côtés, mais ça ne servait à rien, l’Ombre était toujours là, en face de lui, ne lui laissant pas un instant de répit.

« Tu cachais vraiment bien ton jeu. » murmura Tery.

« Que veux-tu que je te dise ? C’est toi qui l’as voulu. Tu mérites donc que je te combatte sérieusement puisque tu le désires… TANT ! »

Le coup qu’il venait de donner fit tomber Tery en arrière, celui-ci faisant une roulade pour se redresser le plus rapidement possible. Il n’avait rien vu venir ! C’était quoi ce délire ?! C’était plus pareil ! Ce n’était plus du tout la même chose ! AH ! AH ! Il projeta des petits pics de terre en direction de Neel mais celui-ci les repoussait de ces dagues pour la majorité, d’autres se gelant avant de retourner vers Tery.

« Les masques d’Alzar et de Zélisia ont des propriétés qui accroissent nos pouvoirs magiques. Quiconque n’ayant pas ces lignes ne peuvent porter ces masques. Nous sommes spéciaux, Tery. Vraiment spéciaux mais tu n’es qu’un néophyte, qu’un débutant. Tu ne t’entraînes pas depuis des années. Tu es tombé dans ça sans réellement comprendre. Et c’est à moi de mettre un terme avant que tu ne souffres trop à cause d’Alzar ! Je suis désolé mais cette fois-ci, Tery… »

Elle allait en terminer. Il savait que Tery était complètement dépassé par les évènements. Il le voyait dans les yeux verts du jeune homme, il y lisait l’incompréhension. Il ne savait pas. Il ne savait rien et pourtant. Il le voyait en train de parer ses coups de dague. Il le voyait en train de tenter de l’attaquer sans le toucher. C’était affreux, affreux ! Il ne voulait pas !

Comment c’était possible de se faire battre aussi facilement ? Il pensait pourtant qu’avec ce qui s’était passé pendant ce dernier mois avec la maréchale Nali, il serait plus fort ou alors avec le Glumarx ! Ou même ce ver. Mais ça, c’était l’Ombre et face à elle, il semblait si chétif et faible. Il était complètement à la ramasse !

Plus le combat se déroulait et plus il se retrouvait avec des entailles sur les bras et sur les hanches. Oh, ce n’était pas des entailles très profondes, juste de quoi faire couler un peu de sang mais elles étaient de plus en plus nombreuses. Il pouffa sur le coup de pied qu’il venait de se prendre au niveau du ventre avant d’émettre un râle. Réagir ! VITE ! Il courut en direction de Neel mais celui-ci le repoussa une nouvelle fois avant de murmurer avec une voix plaintive et triste :

« Désolé Tery. Je suis vraiment désolé. »

Tout se déroula en un instant. Les dagues étaient tombées au sol alors qu’il aurait voulu s’arrêter, comprenant ce qui se passait. L’arc apparut à nouveau alors qu’il voyait une flèche se présenter à la corde. Celle-ci se tendit tandis que Neel le regardait de ses yeux bleus sans cligner. La flèche partit directement pour aller se loger au beau milieu du masque noir, le jeune homme tombant en arrière.

« Cette fois-ci. Je suis sûr que c’est fait. » murmura l’être masqué de blanc.

Il avait un pincement au cœur alors qu’il voyait des filets de sang qui coulaient sous le masque noir. C’était de sa faute ! Pourquoi est-ce qu’il lui avait d’être sérieux hein ? Son arc disparu alors qu’il observait le médaillon. Tout ça pour ce bijou. En parlant de bijou, il était normal de rendre ce qui appartenait à Tery.

« Merci pour ce pendentif même si je ne sais pas si je méritais de le garder. »

Ce pendentif qui continuait d’émettre une aura brune autour du corps de Tery. Du cadavre de ce dernier. Il arriva à la hauteur du jeune homme masqué de noir, observant quelques instants la flèche plantée dans le masque. Elle la retira lentement, observant le filet de sang qui sortit de la fissure. Il avait les yeux fermés. Peut-être qu’il pouvait lui retirer son masque ? Pour graver son visage dans sa mémoire ? Il déposa le pendentif sur le torse du jeune homme tout en murmurant :

« Je sais que c’est vraiment stupide mais… »

Il approcha avec un peu de tremblement la main en direction du masque noir avant de la retirer subitement. Non. Ce n’était pas comme ça ! Il retira le gant rouge de sa main droite, la posant finalement sur le masque noir. Celui-ci émit quelques craquements alors qu’il reculait à nouveau sa main. Le masque était en train de se fissurer sur sa totalité ?

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Non, ce n’est pas dramatique, c’est normal même. »

Oui. C’était normal que la masque noir se fissure et explose en morceaux, mais ce n’était pas encore le cas. Encore une fois, sa main s’approcha du masque au même moment où les yeux verts de Tery s’ouvrirent, un grand rire sortant de sa bouche :

« C’est à moi d’être désolé, j’attendais ce moment depuis le début ! » cria t-il en agrippant son bras de sa main gauche, redressant le haut de son corps tandis qu’un pieu de terre assez petit apparut dans sa main droite.

« TERY ?! Tu n’étais pas… » dit-il avant d’être coupés alors que le pieu de terre venait s’enfoncer dans son propre masque blanc.

Il lui donna un coup de pied pour libérer son bras de l’étreinte de Tery tout en reculant. Le jeune homme s’était redressé, son masque tombant en morceaux alors qu’il était possible de voir son front ensanglanté. La pointe de la flèche l’avait bien touché mais pas assez profondément. Visiblement, le masque avait été assez solide. De l’autre côté, il ramassa le pendentif pour le garder près de lui tout en criant :

« Non, je suis au regret de t’annoncer que je ne suis pas mort ! Est-ce que cela te gêne ? Mon masque m’a protégé, je suis simplement resté parfaitement immobile en attendant que tu t’approches de moi. Visiblement, j’ai bien fait. La prochaine fois, essaye de voir si l’autre respire avant de t’en approcher. »

« Tery, tu, tu utilises ce genre de tactiques maintenant. »

« Que veux-tu que je te dises. Il faut de tout pour réu… »

Il s’arrêta de parler alors qu’il voyait le corps de l’Ombre. Celui-ci était parcouru de tremblements tandis qu’elle portait une main à son masque blanc. Celui-ci était aussi en train de se fissurer et Neel continuait de trembler.

« Mon… Mon masque ! TERY ! MON MASQUE ! »

« Et alors ? Qu’est-ce qu’il a ton masque ? Il se brise, je ne vois pas où est le problème ! Ne trouve pas d’excuse ! Maintenant, on va se battre à nouveau à armes égales ! »

« TU NE COMPRENDS PAS ! PERSONNE NE DOIT… PERSONNE NE DOIT ME VOIR SANS MON MASQUE ! » hurla Neel alors qu’un morceau du masque tombait au sol.
Et là. Il sentait déjà le changement dans sa voix et dans les quelques sanglots qu’il entendait. C’était bien différent d’auparavant. L’arc de Neel était tombé au sol alors qu’il s’approchait de lui mais il eut un petit geste de recul alors que Neel reprenait :

« TU ES UN IDIOT ! JE PORTAIS CE MASQUE DEPUIS DES ANNEES ! »

« Tu as tellement de choses à cacher ?! C’est ça ?! Qu’est-ce qu’il y a à cacher de si important ? C’est bon ! Je n’ai pas honte de me montrer… MOI ! » hurla Tery.


Mais lui ! Lui c’était différent ! Il tomba à genoux, cherchant d’une main à rassembler les morceaux d’une partie de son masque, l’autre main tenant ce qui restait sur son visage. Avec cette cape brune, il était impossible de voir son visage s’il ne se trouvait pas en face de soi.

« C’est bon ! Tu me fatigues, l’Ombre ! JE VAIS TE FORCER A TE DEVOILER ! »

Des lignes noires étaient apparues au moment même où il sentait la colère l’envahir pendant quelques instants. Une violente bourrasque se fit sentir, la cape brune se faisant emporter en même temps que le reste du masque blanc de Neel.

« NONNNNNNN ! NOOOON ! NON ! Non… Non… Je… »

La voix avait maintenant une parfaite tonalité féminine. Celle-ci était douce mais parcourue de trémolos comme si elle n’arrivait plus à se contrôler alors que Tery ne savait plus quoi dire. Les réactions de l’Ombre. Il s’en était douté. Du moins, il n’en avait eu aucune preuve jusqu’à aujourd’hui. Mais en y réfléchissant bien. C’était logique. Vraiment logique.

« Ne me regarde pas ! NE ME REGARDE SURTOUT PAS ! »

« Euh… Sincèrement… Je ne vois pas pourquoi tu te mets dans tous tes états hein ? »

Il aurait bien aimé se passer une main derrière le crâne mais avec ses griffes, c’était déconseillé. L’Ombre était en train de pleurer. Non pas l’Ombre. La jeune femme. Elle devait avoir son âge, c’est vrai. Il la regarda longuement, la décrivant des yeux alors qu’elle tentait de cacher son corps sous sa cape brune. Ah… Sans la magie… C’était bien différent.

« J’arrive pas à voir pourquoi est-ce que tu pleures… »

« PERSONNE NE DEVAIT ME VOIR COMME CA ! »

« Euh… Ouais… Je ne vois pas pourquoi… Ce n’est pas comme si t’étais affreuse dessous hein ? On croirait presque tu te prends pour un monstre. » marmonna Tery.

« Personne. Personne à part l’Oracle et madame Liza… » bredouilla Neel.

« Et bien, tu rajouteras dorénavant une troisième personne au compteur. »

C’est vrai quoi. Elle exagérait complètement ! Elle portait un justaucorps rouge, une ceinture bleue autour de la taille ainsi que le haut d’une armure rouge recouvrant sa poitrine assez généreuse et ses deux épaules. A côté, elle avait des yeux bleus assez jolis et plutôt purs. Comment pouvait-il le dire clairement ? Malgré les larmes, on pouvait voir à l’intérieur et tout cela montrait à quel point l’Ombre était quelqu’un de pur dans un certain sens. De l’autre côté, sa coiffure était blonde et ressemblait un peu à la garçonne mais avec des épis qui partaient dans tout les sens sans pour autant que cela paraisse négligé.

« Non, non. Snif… Ce n’est pas possible d’en rajouter une troisième ! Là, là, je ne peux pas te laisser… Vraiment pas même si… Sans mon masque… »

« N’importe quoi. Et maintenant, est-ce que tu veux bien me dire ton nom ? »

« Tu n’en as pas assez ? Ca… Ca ne te suffit pas ?! Je m’appelle Neel ! »

Elle se releva finalement, passant une main sur ses yeux bleus pour essuyer ses larmes avant de reprendre son arc en main. Tery lui disait qu’il avait du mal à croire qu’elle s’appelle Neel. Elle ne voulait pas … Elle ne voulait pas être vue comme ça par lui ! Elle murmura :

« Neel n’est pas mon véritable prénom… C’est seulement celui que l’Oracle m’a donné… »

« Alors quel est ton véritable prénom ? Puisque je vois ta véritable apparence ? »

« Elen… Mais tu l’emporteras dans la tombe, Tery. »

Chapitre 42 : Avec ça, un petit ver

ShiroiRyu
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Chapitre 42 : Avec ça, un petit ver

« Bon, l’ombre, on fait quoi ? » demanda l’être masqué de noir.

« Tu m’en poses de ces questions ! Que tout le monde se mette autour de… »

« QUE TOUT LE MONDE COURT ! » cria Tery et le capitaine en chœur en comprenant ce que le ver allait faire.

Celui-ci balaya tout simplement ce qui se trouvait devant lui, repoussant une trentaine d’hommes contre les murs du trou, leurs os se brisant sur le coup comme ce n’était qu’une simple boîte d’allumettes. Olin, le capitaine, Tery et Neel avaient eu plus de chances, ayant réagit au bon moment. Tery fut même surpris de la réaction d’Olin.

« Que tout le monde l’attaque maintenant ! Ne laissez pas souffler cette abomination ! » cria la capitaine alors que tout les hommes et femmes s’élançaient vers cette créature.

De multiples flèches, carreaux, lames partirent dans tout les sens. Certains étaient enflammés, d’autres parcourus d’arc électriques, tandis que certains étaient même recouverts d’une plaque de terre. Tery de son côté s’était mis dans un coin, l’Ombre et Olin se tournant vers lui. L’être au masque blanc fut le premier à crier :

« Mais qu’est-ce que tu fais bon sang ? Ce n’est pas l’heure de ramasser de la terre ! »

« Essayez de tenir bon ou de l’occuper assez longtemps ! Je vais faire quelque chose dont je suis loin d’être sûr que ça marche ! Tu devrais y arriver non ? Tu es comme moi ! »

« C’est bien beau de balancer des trucs comme ça ! JE NE SUIS PAS COMME TOI ! »

« DITES, vous pourriez éviter de vous disputer maintenant ? » demanda Olin alors qu’il observait le combat contre ce titan qui venait de dévorer deux nouveaux soldats.

PFff ! Qu’est-ce qu’il comptait faire ? Il se le demandait, ses yeux bleus posés sur l’homme au masque noir qui réunissait de la terre devant lui. PUIS ZUT ! Ce n’était pas le moment de se préoccuper de ce type ! Il annonça à Olin qu’il partait aider les autres, faisant apparaître son arc en même temps que trois flèches. Celles-ci s’enflammèrent alors qu’il criait :

« QUE TOUT LE MONDE S’ELOIGNE ! CA VA EXPLOSER ! »

Les soldats se tournèrent vers lui, reculant le plus possible alors que les trois flèches partaient vers le ver géant, explosant à son contact alors que certains morceaux venaient se planter dans les soldats les plus proches ?! C’était quoi comme morceau ? Des écailles ? Cette créature était recouverte d’écailles ? Mais maintenant, la chair était à vif ! Et derrière cette carapace rouge se trouvait une partie molle et rose.

« Que tout le monde vise cette partie ! Les archers et les arbalétriers, reculez le plus possible ! » hurla le capitaine tout en remerciant d’un hochement de tête Neel.

Ah ! Il s’était attendu à plus de résultat de sa part avec ses flèches. Et le pire restait le fait que le ver ne semblait guère avoir apprécié ce qu’il avait fait avec elles. Aie, aie, aie ! Il tourna son visage vers Tery, observant ce qu’il était en train de faire. De la pâte à modeler ? Non ! Ca ne pouvait pas être Tery ! Il ne se comporterait pas aussi imbécilement en plein combat ! Pas après ce qui s’était passé dans la grotte ! Ce n’était pas lui !

« Il faut que je me fixes cette idée en tête ! Mais quel idiot ! Mais quel idiot ! »

« Pourquoi est-ce que tu te parles tout seul ? » lui demanda Olin en le regardant.

« Hein ? Non rien. Je réfléchissais à quelque chose. On doit se concentrer plutôt sur ce ver. Plus vite, on l’abat, mieux c’est. »

« Fais comme tu veux, fais juste gaffe à toi hein ! » lui signala Olin avant de s’éloigner de lui. Neel poussa un léger soupir avant de se dire que ce type pataud était quand même sympathique en soi. Arriver à s’inquiéter en plein combat, ce n’était pas à la portée de n’importe qui. Non, sincèrement.
Dur, c’était assez dur quand il savait que son temps était compté ! C’était bien loin d’être facile ! Tout le contraire quoi ! Hum ! Bon, il avait tous les ingrédients dira-t-on pour pouvoir commencer son œuvre. Il se demandait si avec son masque sur le visage, ses pouvoirs allaient être amplifiés. Si c’était le cas, alors peut-être qu’il allait pouvoir créer un véritable monstre golemique ? Pourquoi pas ?

« Héhéhé ! Ca va être bientôt prêt, je dirais ! » annonça l’homme masqué de noir.

« Oui, et bien, dépêches-toi ! Ca ne serait pas du luxe d’avoir de l’aide ! »

« Je fais de mon mieux ! Toujours à se plaindre, pfff ! » répondit-il à Neel.

Comme si il avait le choix à la base hein ?! Bon ! Lui faire gagner encore un peu de temps. Le type au masque noir était en train de faire une sorte de statuette miniature en terre pour représenter un homme ou il ne savait quoi. Ce n’était pas l’heure de vérifier ses prouesses artistiques de toute façon !

Le ver semblait ne pas apprécier les nombreux morceaux de fer qui pénétraient dans le simple endroit où il était à nu, le montrant clairement d’une façon des plus redoutables. Alors qu’auparavant, il ne faisait que rentrer des soldats dans sa bouche, il en ressortait maintenant une sorte de liquide verdâtre et acide, celui-ci allant asperger une bonne quinzaine d’hommes et femmes qui poussèrent des cris d’effroi, leur peau se mettant à fondre comme neige au soleil.
Et dire qu’en moins de dix minutes, il déjà perdu la quasi-moitié de ses effectifs ! Ca s’annonçait bien trop dur. Beaucoup trop dur. Il ne savait pas quoi faire ! Il pensait que ces deux types masqués étaient plus puissants que les autres mais il s’était trompé sur celui au masque noir. Celui avec son masque blanc par contre. Il semblait puissant mais il n’utilisait guère sa réelle force à l’heure actuelle.

« On doit en profiter ! On doit profiter qu’il soit affaibli ! MERDE ! Mais qu’est-ce qu’un monstre comme lui fait ici ?! » cria le capitaine avec énervement.

« Ca, je n’en sais pas grand-chose, capitaine ! Tout ce que je sais, c’est que je ne veux pas mourir maintenant ! Ma mère serait triste ! » cria Olin pour lui répondre.

Le capitaine poussa un profond soupir désespéré, se disant qu’il aurait préféré avoir un autre commentaire que celui-là. Enfin bon, il allait néanmoins se contenter de ça quoi. Il demanda aux soldats encore en vie et capables de se battre de se focaliser sur la blessure du ver et de faire surtout TRES attention à ses crachats et à ses mouvements.

« Ca y est ! Vas-y maintenant ! Vite fait bien fait ! »

Le sol s’était mis à trembler alors que toutes les têtes se tournaient vers l’homme au masque noir. Devant lui se trouvait une imposante créature humanoïde et faite de terre d’environ deux mètres de hauteur. Un golem ! C’était un véritable golem ! Un peu basique et rudimentaire mais c’en était bien un !

« Comment est-ce que t’as fait ça, toi ?! Enfin, on s’en fout ! Que ton golem vienne nous aider à faire du mal à cette sale bête ! » cria le capitaine.
Même si cela allait peut-être être inutile, l’apparition d’une créature de leur côté semblait galvaniser les soldats autour du golem. Seule la personne au masque blanc restait de marbre devant ce spectacle ! Non ! C’était une blague hein ? C’était une blague ?


C’était Tery ou ce n’était pas Tery ?! Ce type venait tout simplement d’invoquer un golem. Et qui pouvait créer un golem ?! TERY ! Du moins, il avait un livre pour lui permettre ça mais à côté, en un mois et demi, ça relevait du miracle de créer un tel monstre. Ou non. Avec un masque, c’était loin d’être impossible. Il recula, bandant son arc pour se préparer à attaquer à nouveau alors que le golem venait escorter les soldats.
Dès le premier coup donné, le ver géant sursauta, comme surpris d’une telle chose avant de voir qui était à l’origine de ce dernier. Une créature différente des humains ? Tsss ! Ce n’était rien du tout ! Un coup et il allait éclater en morceaux ! Déjà, sa longue queue s’était préparée à faire mal plusieurs nouvelles flèches allèrent exploser contre son corps, mettant une nouvelle partie complètement nue de toute carapace.

« Plus je ferai de trous, mieux ce sera ! Que tout le monde vise les endroits où je tire ! »

« Tu devrais faire attention à ne pas trop t’épuiser aussi. » souffla Tery sous son masque.

« Ne te mêle pas de ça et laisse moi me battre. Je suis le seul capable de briser cette carapace. Plus il y aura de parties à nue, mieux ce sera ! On doit tuer cette sale bête ! »

« Comme tu le veux ! Alors, je vais essayer de t’aider ! »

Ah ? L’aider ? Mais l’aider à quoi ? Qu’il reste dans son coin et qu’il continue de jouer avec son golem mais qu’il ne vienne pas mettre ses pieds dans les siens. Il allait s’occuper d’éliminer ce ver et récupérer le médaillon ! Il jeta un petit regard en biais à l’homme au masque noir, l’observant quelques instants avant de pousser un profond soupir. En quoi voulait-il l’aider ? Il n’avait même pas sorti ses armes…

« Si tu veux te rendre utile, demande à ton golem de frapper aux nombreux endroits que ‘ai mis à découvert, ce n’est pas plus dur que ça ! Tu penses y arriver ? »

« Je vais faire de mon mieux. Bon … »

« BESOIN D’AIDE ET VITE ! » cria le capitaine alors qu’Olin avait crée un jet d’eau pour l’envoyer dans la bouche du ver géant.

A quoi cela allait-il servir ? Nul ne le savait à part celui à l’origine de cette action. Néanmoins, le ver géant se calma légèrement pendant quelques instants avant de redresser le haut de son corps, un sang de couleur vert commençant à s’écouler de son corps. Voilà ! Il était finalement salement touché ! Il commençait à en baver !

Mais visiblement, ça ne lui plaisait pas et il le signala d’une façon assez spéciale. Le haut de son corps alla s’abattre violemment sur le sol, provoquant de nombreux tremblements et fissures dans le sol. Les fissures s’agrandirent sous les pieds de certains soldats, en emportant sous terre tandis que d’autres recevaient des pierres de différentes tailles sur le crâne. Qu’est-ce que tout cela voulait dire ?! Ce n’était pas difficile à savoir pourtant. Avec les tremblements, certains pans des murs du trou dans lequel ils se trouvaient avaient tout simplement décidé de se relâcher et de tomber sur eux.

« Ca commence sérieusement à sentir le roussi ! Il devient de plus en plus énervé ! »

Et Tery alla signaler que son golem venait de perdre son bras gauche et une partie de son torse. Quoi de mieux comme bonnes nouvelles ? Aucune ! Il n’y avait rien qui allait leur permettre de calmer cette créature ! Et ce n’était plus d’Olin qui allait leur être utile. Néanmoins, elle souffrait et cela était une bonne nouvelle. De l’autre côté, en parlant de nouvelles, ils en avaient aucune en rapport avec ce qui se passait au-dessus d’eux.

Peut-être qu’ils étaient tous morts ? Non. Ce n’était pas possible sinon, les Gnomolds n’auraient pas attendu pour venir les rejoindre. Et puis, ce n’était pas la première priorité pour l’instant, il fallait d’abord s’occuper de ce ver ! Et de l’autre côté… Il devait reprendre son souffle et se calmer, c’était la meilleure chose à faire. Lui aussi avait besoin de calme.

« Vous ne pouvez pas essayer d’utiliser vos pouvoirs en même temps ?! Je ne sais pas ! L’un d’entre vous ne sait pas manier le vent pour faire que les flammes soient encore plus grandes ?! Si c’est le cas, faites-le ! Plus on perdra de temps, pire ce sera ! »

Le capitaine continuait de crier sans cesse. Il ne s’arrêtait donc jamais ?! C’était à se le demander ! Néanmoins, Olin signala qu’il allait préparer une attaque de son côté. Sa lame se recouvrit d’une aura bleutée, de l’eau commençant à s’écouler le long de la lame, passant par la pointe jusqu’à arriver au début de la garde. Tiens ? Depuis quand est-ce qu’il portait des gants sur ses deux mains ? Et il tenait son épée longue à deux mains ?


Il courut à toute vitesse vers le ver géant, plantant la lame dans la chair flasque de la créature, hurlant à plein poumons que quelqu’un envoie tout ce qu’il pouvait en électricité sur sa lame. Cela ne tarda pas, trois soldats se concentrant pour commencer à faire parcourir de l’électricité sur l’arme d’Olin. Celui-ci poussa des petits gémissements, ses gants se mettant à fumer alors que l’électricité pénétrait la peau du ver, celui-ci se mettant à se débattre avec violence. La lame d’Olin se brisa, l’homme aux cheveux noirs relâchant son épée avant de mettre ses deux mains en croix devant lui, se faisant violemment propulsé contre un mur en même temps que les trois autres soldats.

« OLIN ! MERDE ! »

Qui, qui venait de dire ça ? La voix avait été furieuse et Neel s’était retourné vers l’homme au masque noir. C’était lui qui venait de prononcer ces paroles ? Qu’est-ce qui lui prenait de se mettre dans cet état ? Il alla courir vers Olin, celui-ci s’étant évanoui bien qu’il n’était pas en danger de mort. Malheureusement, les trois autres soldats n’avaient pas eu cette chance.

« Mais que quelqu’un l’arrête ! Ca ne sert à rien de s’énerver maintenant ! »

« Quitte à ce que tu exploses, vas-y ! » cria Tery en hurlant à son golem de foncer vers le ver géant. Il n’allait pas laisser passer cela ! Pas un tel acte !


Le poing pénétra dans la chair molle de la créature, celle-ci hurlant de douleur avant de venir croquer complètement le golem, quelques morceaux de dent tombant au sol alors qu’il recrachait les restes de ce qui avait été le golem. De son côté, l’homme au masque noir avait sorti ses deux armes. Deux griffes ?!

Il devait se retenir de crier son nom, ce n’était pas le plus important ! Maintenant, il en était sûr et certain ! C’était Tery ! TERY ! SON TERY ! Pourquoi il pensait à SON ?! Car il avait décidé de se cacher aux yeux des autres mais qu’aux siens, il était toujours le même ! Héhéhé ! Maintenant que la surprise était passée, il était temps de montrer ce qu’ils savaient faire tous les deux et surtout de voir les progrès de Tery !

« Je vais charger quelques flèches explo… »

« Ne fais pas ça et tente plutôt de voir si les autres vont bien ! Il s’affaiblit ! »

Qu’est-ce qui lui permettait de penser ça ? La réponse ne tarda pas à se montrer sous le geste du ver géant qui se dirigeait pour se rétracter dans sa grotte ? Mais de multiples pieux de terre se dirigèrent vers les rochers au-dessus de la grotte, les faisant s’écrouler devant l’entrée alors que l’homme au masque noir reprenait :

« Non, non ! Tu ne comptes pas t’enfuir maintenant ! PAS APRES TOUT CA ! »

« Fais simplement attention à ne pas te prendre un mauvais coup ! » continua Neel.
Plus de la moitié des soldats étaient morts et l’autre moitié était blessée. Bref, rien de bien réjouissant et cela n’allait qu’empirer si le combat continuait plus longtemps. Profitant de la confusion du ver géant, Tery s’était jeté sur lui, plantant ses deux griffes recouvertes d’une épaisse couche de terre et rocailleuse dans le corps mou et déjà meurtri de la créature.

Celle-ci n’avait plus la force de riposter violemment et il put esquiver facilement le corps du ver qui tentait de le balancer contre un mur. Plusieurs fois, il recommença, plusieurs fois, il toucha son corps. Devant la réussite de ses attaques, les soldats encore en état de se battre se jetèrent dans la bataille, la créature s’effondrant peu à peu sous l’assaut répété des soldats. Quand elle arrêta de bouger, un cri de joie se fit entendre de part et d’autre dans le trou, tous pouvant se sentir fiers et heureux d’en avoir terminé avec ce monstre.

« On a bien mérité quelques minutes de repos, non ? » murmura Tery au capitaine.

« Je dirais que oui. Mais on ne sait pas si les Gnomolds vont nous tomber dessus. On prend cinq minutes grand maximum. Même-moi, je suis exténué. Tous ceux capables de porter leurs congénères le feront. Du moins, ceux qui sont vivants bien entendu. Il faut vérifier qui l’est et qui ne l’est pas. »

Tery alla s’asseoir contre un mur, observant l’être au masque blanc qui s’avançait près du cadavre de l’imposant ver avant de reculer pour éviter une projection de suc gastrique. Non, il valait mieux attendre quelques instants à côté. Il alla s’asseoir à côté de Tery, comme si de rien n’était alors que le capitaine se tournait vers eux :

« Qu’est-ce que vous faites ? Levez vous ! On débarrasse le plancher ! »

« On doit rester ici. On a encore quelque chose à faire de notre côté. » déclara Neel.

« Ah ouais ? Vous faites comme vous le voulez, mais faudra pas vous plaindre si vous vous faites attaqués par les gnomolds ! On s’en va ! »

Le capitaine observa les morts une nouvelle fois alors que tout le monde remontait peu à peu. La bataille au-dessus semblait être terminée. Les deux êtres masqués restèrent ainsi sans rien faire pendant plusieurs minutes avant que Tery ne se lève en premier, Neel faisant de même tout de suite avant de dire d’une voix calme :

« Désolé mais tu ne sais même pas où est le médaillon alors pars d’ici et rentre chez toi. »

« Il en est de même pour moi, je suis désolé mais je dois le récupérer. »

« Héhéhé. Alors, je vais m’amuser à t’observer chercher le médaillon. »

Comme il le voulait. Il haussa les épaules, pénétrant à l’intérieur de la grotte en pensant que le médaillon se trouvait à l’intérieur. Neel eut un petit rire qu’il cachait. Sincèrement, il pensait vraiment que le médaillon était dedans ? Libre à lui. Il resta immobile en attendant une bonne minute avant de dire à voix haute :

« Tu es vraiment stupide. »

Neel s’approcha du corps du ver géant, faisant apparaître des lignes blanches le long de son cou avant de pointer une main gantée de rouge vers le cadavre. Celui-ci s’était mis à luire légèrement vers le milieu de son cadavre alors que la voix de Tery se fit entendre :

« Pas tant que ça au final. Je t’en remercie. »

Il était ressorti de la grotte et malgré son masque qui arborait un visage triste, il était sûr et certain que l’homme derrière celui-ci était en train de sourire. Il avait tout simplement attendu qu’il se dirige vers le médaillon.

« Il faudra m’expliquer comment tu as fait ça. »

« Tu peux toujours rêver. Pars d’ici avant que je ne décide de te blesser. »

« Et si je refuse ? Tu vas me faire quoi ? » demanda Tery sous son masque noir.

Qu’il devine donc. Il brandit son arc, faisant apparaître une flèche tout en reculant, créant une légère explosion à l’endroit où se trouvait la lumière dès l’instant où la flèche quitta son arc. L’homme au masque noir cacha n’émit pas un seul mouvement, attendant que Neel insère sa main dans le cadavre pour y extirper un nouveau médaillon. Celui-ci s’était mis à briller d’une plus forte lumière que celui de Tarka, Neel murmurant :

« Le médaillon de Terno. Le troisième médaillon. »

« Celui que tu vas me donner gentiment, n’est-ce pas ? »

« Tu peux toujours rêver, Tery. »

L’homme au masque noir poussa un profond soupir, relevant sa cape bleue avant de brandir à nouveau ses deux griffes en sa direction. Les deux personnes se regardèrent en chiens de faïence avant que Tery ne reprenne la parole :

« Encore ce nom. Je ne vois pas pourquoi tu n’arrêtes pas de le prononcer. Il y a un problème avec ce type ? A croire que tu es sacrément accro à ce dernier ! »

« Tu peux arrêter de plaisanter ? Et de te voiler la face ? A quoi ça te sert de me mentir plus longtemps ? Je sais très bien que c’est toi. Tu portes des griffes. » souffla Neel.

« N’importe qui en porterait. Tery n’est pas le seul à se battre avec ces armes. »

« Tu peux invoquer un golem, assez réussi d’ailleurs. »

« La création de golems n’est pas quelque chose d’unique en son genre. » répondit Tery.

« ASSEZ ! TU M’ENERVES TERY ! JE BRISERAIS CE MASQUE ! »

Ohla ! Il se mettait en colère ! Ca avait quelque chose d’assez drôle ! Et bizarre en un sens. En quoi cela l’intéressait tant de savoir que c’était bien lui derrière ce masque noir ? Il pouvait le retirer mais cela lui causerait sa perte donc… NON ! Il ne savait même pas l’utilité de ces médaillons, il savait juste qu’il devait récupérer celui que l’Ombre avait dans sa main. En le regardant de plus près, la pierre brune semblait plus grosse que celui de Tarka, du moins dans ses souvenirs.

« Alors, tu veux donc te battre, c’est ça ? Vue ton excitation. » souffla l’être masqué de noir.

« Je ne devrais pas m’énerver pour toi. Je ne devrais pas. »

Mais le voir se cacher la vérité, ça le répugnait ! Pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas lui montrer clairement que c’était Tery ?! Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Non ! Ce n’était pas quand même à cause du fait que lui-même n’avait jamais montré son visage ou donner son nom à Tery ? C’était peut-être ça. Peut-être ça oui. Mais lui ne pouvait pas le dire ! Rien n’empêchait Tery de retirer son masque !

Chapitre 41 : Dans l’antre de la bête

ShiroiRyu
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Chapitre 41 : Dans l’antre de la bête

« Hey, l’Ombre, c’est l’heure de te réveiller. » murmura une voix masculine.

« Tery, qu’est-ce qui te met dans cet état de si bonne … »

Neel s’arrêta subitement de parler. Non, ce n’était pas Tery ! C’était ce type au masque noir ! Il se redressa subitement dans le lit, sa main posée sur son masque blanc. Non ! Ce n’était pas Tery. Il ne devait pas se laisser avoir par cette fausse idée ! Sur le moment, comme un automatisme. A croire que ces quelques mois avec lui avaient suffit à créer une légère accoutumance au jeune homme qui ne le reconnaissait plus.

« Tery, Tery, Tery, je n’entend que ce nom à chaque fois. Je vais finir par croire que tu y es sacrément attaché. C’est le nom de qui ? »

« Cela ne te concerne pas ! Je n’ai pas à te répondre, est-ce que j’ai bien été clair ? Où est-ce que l’on est ? Enfin quelle heure il est ? »

« L’heure de se lever malheureusement. Bon, je te laisse la chambre, j’ai déjà finit de me laver contrairement à toi. Dès que tu es prêt, descend, je pense qu’aujourd’hui, on va y aller. Tu devrais être content d’apprendre cette nouvelle, je parie ! »

« Vas t’en avant que je m’énerve et que je passe mes nerfs sur toi. »

L’homme au masque noir éclata de rire avant de quitter la chambre, refermant la porte derrière lui. Ce type était trop enjoué pour être sincère. Il y avait quelque chose qui clochait avec lui mais il ne savait pas quoi.
Une bonne dizaine de minutes après, il descendit les escaliers, remarquant qu’il n’y avait que les lieutenants et le capitaine assis à une table. Le capitaine fit un petit mouvement de la main pour l’inviter à venir à la table. Lui ? Il pouvait venir ? Pourquoi pas ? Il fut néanmoins obligé de s’asseoir à côté de Tery tandis que le capitaine reprenait la parole :

« Aujourd’hui, nous devons réfléchir à ce que nous allons faire pour cette créature. Comme nous l’avons remarqué il y a quelques jours, les gnomolds semblent très rancuniers par rapport à cette dernière. »

« Il nous faut donc nous occuper des gnomolds et de cette bête en même temps. » signala un lieutenant.

« Donc, nous devrions couper nos forces en deux ? Une partie qui sera chargée de sécuriser le périmètre tandis que l’autre descendra dans ce trou pour affronter cette créature en espérant qu’elle ne soit pas partie depuis le temps. » répondit un second lieutenant.

« C’est pourquoi nous avons appelé des renforts. » signala le capitaine.

« Nous sommes combien d’hommes alors au final ? » demanda l’homme au masque noir.

« Environ cent cinquante voir deux cent. Je pensais à quelque chose comme cinquante pour surveiller et arrêter les Gnomolds et cent cinquante pour affronter cette bête. »

« Hum. Ca peut être bon mais mieux vaut soixante-quinze et cent-vingt-cinq, une simple mesure de précaution. Les gnomolds dans cet endroit sont vraiment très très farouches. Et plutôt nombreux, c’est une simple mesure de précaution. » reprit l’homme au masque noir.
Le capitaine poussa un léger soupir, réfléchissant aux paroles de Tery. Il n’aimait pas être d’accord avec lui, un peu comme cet homme au masque blanc mais il fallait reconnaître que les gnomolds semblaient créer de gros soucis. Il toussa avant de reprendre :

« Alors c’est décidé ! Soixante-quinze pour les gnomolds et cent-vingt-cinq pour cette créature. Puisque tout est fait, nous pouvons partir dès maintenant ! »

Le capitaine se leva, les lieutenants faisant de même avant de quitter la taverne. Tery alla se lever à son tour tandis qu’il entendait le ventre de Neel gronder :

« Mange un petit quelque chose avant de partir. Cela vaudra mieux. Demande à ce que l’on te sert. De toute façon, on a bien dix à quinze minutes le temps que toutes les troupes se placent correctement avant de bouger. »

« Je n’ai pas besoin de tes conseils ! Mais merci quand même. » murmura t-il.
C’est vrai. Il ne savait pas comment prendre ce type qui s’éloignait. Comme un ennemi ou un ami ? Les masques noirs étaient ses ennemis. Comme lui était l’ennemi des masques noirs. C’était une chose si normale, si ancrée dans sa tête. Il ne pouvait pas réfléchir à autre chose qu’à ça ! Il le regarda partir avant de demander à être servi.

Vingt minutes plus tard, lorsqu’il sortit de l’auberge, il se retrouva en face d’un homme aux cheveux noirs et plutôt d’une grande taille. Hum, ce n’était pas une idiotie ou alors c’était bien celui qui s’était retrouvé allongé au sol à cause de ce qu’il avait fait ? Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Avec calme, Neel demanda :

« Est-ce que je dérange ? »

« Nous nous sommes pas déjà vu quelque part, toi et moi ? »

« Je ne crois pas. Pourquoi cette question ? Y a-t-il un problème ? »

« Non non. C’est juste que votre tête me dise quelque chose. Enfin, le type avec son masque noir m’a dit de venir vous chercher car vous êtes un peu en retard. »

« Mais de quoi est-ce qu’il se mêle ? PFFFFF ! Bon, je vous suis, nous pouvons y aller quand vous le désirez. Je suis prêt à partir. » rétorqua l’être masqué de blanc.

« Bon ben alors, si tout est bon, on y va maintenant, y a plus de soucis. »

Il s’était mis à marcher à une vitesse assez rapide, prenant de l’avance par rapport à Neel qui devait faire de grand pas pour tenter de le suivre. C’était quoi ce type ? Il avait eu l’impression de remarquer qu’il savait qu’il était celui responsable de sa blessure. Enfin, il semblait aller mieux donc il n’avait rien à se reprocher dans l’histoire. A part le fait qu’il se trouvait entouré d’ennemis potentiels, voire d’ennemis tout court.

« Vous voilà donc, l’Ombre ? On vous attendait. » dit l’homme au masque noir.

« Merci bien et désolé d’être en retard, j’étais un peu occupé dans l’auberge. »

Elle répondait au tac-à-tac avec l’homme au masque noir, celui-ci lui signalant que tout le monde était prêt et que par mesure de sécurité, il allait rester auprès de lui pendant le voyage. Ils étaient vraiment deux cent personnes. C’était assez spécial et énorme. Il n’avait pas l’habitude de voir autant de monde réuni en un seul endroit. Alors qu’est-ce que cela devait être dans les champs de bataille comme ceux que menait l’armée de Shunter. Le capitaine prit la parole, criant de vive voix :

« Je vous rappelle de prendre une extrême précaution à ne pas vous séparer. Nous sommes en un nombre tellement important que les gnomolds vont nous repérer obligatoirement. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir le groupe se dissiper ! Est-ce que j’ai été clair ? »

« OUI CAPITAINE ! OUI ! » s’écrièrent les soldats en chœur.

« Bien ! Et je tiens à rappeler que si l’un d’entre vous reste en arrière, il risquerait de le payer de sa vie ! Les gnomolds ne nous laisseront aucun répit ! Est-ce que j’ai été clair à nouveau ? Ou il faut que je me répète ? »

« NON CAPITAINE ! NON ! »

Neel vit l’homme au masque noir pousser un petit rire sans comprendre la raison de celui-ci. Qu’est-ce qu’il avait de drôle ? Le capitaine n’avait rien dit de bien marrant non ? Ce type était vraiment bizarre, vraiment trop bizarre même. Il valait mieux ne pas continuer à s’intéresser à lui sinon, il risquerait de fini comme cet homme.

« Hey, l’Ombre. Le temps qu’on arrive jusqu’à cet endroit, je peux te poser une question ? Ca concerne un peu ta personne. »

« Je ne suis pas obligé d’y répondre mais pose-la donc. »

« Quel est ton élément de prédilection ? Tu dois bien en avoir un que tu gères mieux que les autres non ? Ca pourrait nous être utile. » demanda Tery derrière son masque.

« Je ne vois pas pourquoi je te répondrais donc non. Je suis désolé mais tu n’as pas à le savoir. Peut-être que si tu veux m’en dire un peu plus sur ton élément à toi. »

« Je maîtrise assez la terre. Je suis un garçon du pays quoi. Après, j’aimerais bien réussir à manier l’élément du vent. Il m’intéresse assez, je dois l’avouer. »

« L’élément de la terre ? Hum, c’est une nouvelle intéressante. Je sais manier un peu l’électricité tout particulièrement. Mais tu dois te douter que nous sommes capables de manier tout les éléments. C’est cela notre particularité. »

Il hocha la tête d’un air positif alors qu’il prenait un peu d’avance en suivant toute la troupe. De son côté, Neel l’observa quelques instants avant de plonger la main sous sa cape brune. Elle en sortit le petit pendentif brun, se concentrant dessus pour tenter de l’utiliser. Ce pendentif qui lui avait été offert par Tery. Il ne l’avait pas oublié. Mais maintenant, avec ses suspicions, il devait voir si c’était vraiment le cas ou non, ou du moins le conforter dans cette idée. Il se concentra du mieux qu’il le pouvait, le médaillon se mettant à briller, faisant apparaître une petite aura brune autour de quelques soldats et du type en cape bleue ! En fait, l’aura brune autour de cet homme était bien plus importante que les autres. Qu’est-ce que l’homme avait dit lorsque Tery avait reçu ce médaillon ? Que ce médaillon permettait de se lier plus rapidement aux personnes avec l’essence de la terre en eux. Est-ce que ça voulait dire qu’avec cette personne à la cape bleue, il était déjà fortement lié ?

« Tery. J’en étais sûr. C’était bien toi. Mais des explications vont être nécessaires lorsque nous serons seuls tout les deux. »

« Tu te parles encore tout seul ? Tu ne vois pas que tu prends du retard par rapport aux autres ? Avance donc un peu, ça serait bien mieux ! »

« Hein ? Oui, oui ! Je me dépêche, je me dépêche ! » s’écria l’être masqué de blanc.

Il avait posé son regard sur l’homme au masque noir. Derrière ce masque se cachait Tery avec un comportement pourtant différent. Et si tout ça n’était qu’une illusion ou un mensonge ? Peut-être qu’il se trompait au final ? Il ne le savait pas et il ne voulait pas le savoir. Il valait mieux pour l’instant. Après, il réglerait son compte avec lui.

Plusieurs cris se firent entendre autour d’eux, parfois des grognements, parfois des bruits de course, bref, ils étaient présents. Présents autour d’eux et ce n’était guère réjouissant. Quelques têtes se tournaient vers les environs des bois mais personne ne quittait le rang. Tant mieux, ils écoutaient correctement.

« Nous nous en rapprochons ? Hey, vous êtes sûrs que c’est par là ? » demanda un gradé.

« Oui, oui, j’en suis sûr et certain, ne vous en faites pas, nous sommes sur la bonne voie. »

Tery venait de répondre au capitaine qui semblait légèrement anxieux. Pour quelle raison ? Nul ne le savait exactement. Enfin bon, après plusieurs péripéties dans la forêt, ils arrivèrent à un endroit où les cris et grognements des Gnomolds se faisaient bien plus nombreux. Deux soldats s’avancèrent, servant d’éclaireurs avant de revenir après quelques instants. L’un d’entre eux alla dire :

« Ils sont bien présents. Ils sont plutôt nombreux. Qu’est-ce que l’on fait ? »

« C’est fort simple. Bon, les deux types masqués, vous venez avec moi. On aura surement besoin de votre aide pour cette sale bête. Ensuite, on va vous séparer comme prévu, je veux parler aux soldats là, est-ce que c’est clair ? » déclara le capitaine.

« Oui, capitaine, oui ! »

Ils parlaient à voix basse mais cela était normal lorsqu’on savait qu’ils n’étaient plus très loin du trou où logeait la bête. Pendant cinq bonnes minutes, les soldats étaient dispersés, la tactique se mettant en place. Tout était fort simple : le groupe de soixante-quinze soldats allait passer devant, servant de bouclier et surtout d’appâts pour distraire les gnomolds tandis que l’autre groupe allait descendre dans ce trou en attendant.

« Si tout est prêt… Allons-y MAINTENANT ! »

Des cris fusèrent en même temps que les soldats, le premier groupe partant comme prévu en direction du trou. Rapidement, tout cela se transforma en bataille, les premiers gnomolds tombant au sol sans rien comprendre à ce qui tombait sur eux. De l’autre côté, le second groupe restait en retrait, le capitaine murmurant :

« J’ai oublié de poser cette question. Mais il y a des manieurs de l’élément du vent ? »

Plusieurs voix se levèrent pour dire que oui alors que le capitaine soupirait de joie. Tant mieux, car là, ils risquaient d’avoir besoin d’eux très rapidement. Après cinq minutes où la bataille faisait rage, il reprit très rapidement :

« Nous allons y aller ! Comme nous n’avons pas pu vérifier ce qui se trouve exactement dans ce trou, je vous demanderais d’être prudents ! Je pense que les Gnomolds ont surement dût construire des échelles ou des escaliers pour descendre mais méfiez vous de tout ça ! De même, pour les manieurs de vent, faites tout pour éviter que vos camarades tombent. Une chute de cette hauteur nous emmènerait à une mort certaine ! Or j’aimerais espérer que l’on revienne tous vivants ! Est-ce que j’ai été clair ? »

« OUI ! CAPITAINE ! OUI ! » s’écrièrent les soldats.

« Tant mieux alors ! MAINTENANT ! »

D’autres cris et voilà que le second groupe sortait des bois, arme à la main. Tery, Neel et Olin restaient peu éloignés les uns des autres tandis qu’ils avançaient à travers les combattants. Les gnomolds s’arrêtèrent quelques instants, surpris de voir une autre troupe se ramener avant que plusieurs d’entre eux ne s’enfuient. Certains soldats, sûrement ceux qui géraient le premier groupe, crièrent à leurs compagnons de tuer le maximum de gnomolds pour laisser le champ libre au seconde groupe. Un lieutenant hurla :

« On s’occupe de ça ! Descendez ! Il y en a pas mal dans le trou d’après le regard que j’ai pu jeter à l’intérieur ! Faites gaffe ! Certains semblent capables d’utiliser de la magie ! »

« Tsss. Même des aberrations comme ça en sont capables. Mais ils se croient ensuite à l’égal de nous. Il faut juste leur montrer que nous sommes supérieurs ! » cria le capitaine avant de demander aux autres personnes de se rapprocher du trou gigantesque.

A l’intérieur de celui-ci, comme l’avait signalé le lieutenant, de nombreux escaliers fait maison se trouvaient sur les bords. Certains escaliers laissaient place à des cordes ou alors à un système qui consistait en deux seaux géants rattachés entre eux grâce à une corde et une poulie. C’était un système qui permettait de descendre très rapidement sans possibilité de remonter. En quelque sorte, les gnomolds, cela était…

« Plutôt malin de leur part. On ne dirait pas, mais ils savent réfléchir. » murmura Tery.

« On va pas les complimenter maintenant ! On n’est pas là pour ça ! Que tout le monde trouve un coin pour descendre ! Faites gaffe, ils doivent sûrement se douter qu’on est là maintenant que c’est le bordel en haut ! » hurla le capitaine.

« AHHHHHHHHHHHHHH ! » cria une voix de toutes ses forces.

L’un des soldats venait de se prendre le carreau d’une arbalète en plein bras. La douleur fut-elle qu’il ne remarqua pas où il mettait les pieds, les autres soldats ne l’arrêtant pas à temps avant qu’il ne pousse un cri strident, tombant dans le vide. Le capitaine passa une main sur son front avant de dire :

« Mais quel imbécile ! Avec ça, on est maintenant sûrs de s’être fait repérés. »

« Je pense pas qu’il a eu le temps de réagir à ça avant de se prendre un carreau. » murmura l’homme au masque noir alors qu’il commençait déjà à descendre, accompagné de la personne au masque blanc.

« Si on reste trop longtemps ici, on va seulement perdre notre temps. »

Pfff ! Quel duo d’imbéciles ! Ils partaient en premier, laissant les autres en plan. Quelle bonne idée que voilà ! La suite se passa avec brutalité et violence. Certains gnomolds usaient de la magie, d’autres attaquaient les soldats à distance avec des arcs et des arbalètes tandis que les derniers attendaient sagement qu’ils soient au corps à corps pour se jeter sur eux.


Après plusieurs péripéties, le groupe de cent-vingt-cinq soldats venait de diminuer d’un tiers de son effectif et le capitaine pesta contre eux et les personnes encore vivantes mais il ne tarda pas à s’arrêter en voyant trois gnomolds qui sortaient subitement en courant d’un autre trou dans un mur ? Ce trou devait faire sept à huit mètres diamètre et semblait être creusé de manière non-artificielle. Ainsi, il y avait donc une grotte dans le fond de cet endroit ? Les gnomolds furent rapidement recueillis et éliminés par la troupe tandis que le capitaine reprenait :

« Bon, les gars, je crois qu’on est tombés au bon endroit. »

« Sans aucun doute. C’est si rare que les gnomolds prennent la fuite. » souffla Tery.

« C’est ça qui me fait penser que nous sommes là où se trouve cette saleté. Bon, vous cinq, pénétrez en premier dans la grotte, vous savez manier le feu non ? Vous allez nous éclairer, on vous suit de près. » déclara le capitaine.

Les cinq soldats ne se sentaient pas vraiment rassurés mais s’exécutèrent. Dès qu’ils pénétrèrent à l’intérieur, d’autres commencèrent à les suivre mais le capitaine leur signala de rester à leur position. Quelques instants plus tard, des cris effroyables se firent entendre alors que la faible lumière dans la grotte s’éteignait. D’une voix calme, le capitaine reprit :

« Cette bête est à l’intérieur. Il n’y a aucun doute. »

« Vous avez dit à ces hommes… » commença à murmurer l’homme au masque noir.

« Cela s’appelle un sacrifice. Maintenant, nous avons la confirmation qu’il y a bien quelque chose à l’intérieur. Ces hommes étaient inutiles, autant qu’ils servent pour la fin. Bon, maintenant, il faut faire sortir cette bête de son antre. Quelqu’un sait manier les boules de feu ? Si c’est le cas, qu’il se présente et en envoie deux ou trois dans la grotte. »

Rien ne se passa. Enfin, personne ne bougea. Visiblement, personne ne voulait se sacrifier à son tour. Neel observa l’homme au masque noir, celui-ci restant parfaitement immobile aussi. Oui, personne n’avait envie de se sacrifier.

« Que quelqu’un se décide à venir, sinon j’en choisi un au hasard et il va dans la grotte appâter la bête avec son propre corps, c’est à vous de décider. »

« Je, je vais le faire, capitaine. »

L’un des soldats s’était présenté en tremblant, le capitaine saluant son courage alors que l’homme se positionnait devant l’entrée de la grotte. Il ferma ses yeux tout en tendant une main, créant une boule de feu de taille moyenne avant de l’envoyer directement à l’intérieur de la grotte. Un puissant cri se fit entendre alors que le sol se mit à trembler. Tout de suite, l’homme recula avant qu’une bouche remplie de crocs ne se fasse voir dans la grotte. Une bouche gigantesque qui devait bien faire trois mètres de hauteur.

« C’est, c’est quoi ce monstre ?! »

Aussi vive que l’éclair, la bouche sortie, la créature se montrant complètement sous la forme d’un gigantesque ver à la peau rougeâtre et dont la bouche laissait s’écouler un suc verdâtre au sol. Tous les soldats commencèrent à reculer à leur tour, celui qui avait lancé une boule de feu tentant de bouger sans y arriver. Paralysé par la peur, il murmurait :

« Aidez… Aidez-moi… Aidez… moi… »

« Essaye donc de te mouvoir ! Fais quelque chose ! » cria le capitaine.

« J’Y ARRIVE PAS ! JE NE PEUX PAS BOUGER ! »

« Et merde ! Que quelqu’un aille l’aider ! Vite ! Dépêchez-vous ! »

Comme si quelqu’un allait risquer sa vie là ?! C’était courir au suicide ! Ni une, ni deux, la gigantesque bouche alla se refermer sur l’homme, l’avalant complètement tandis que le monstrueux ver se mettait à bouger ce qui lui semblait être sa tête. Sachant que celle-ci n’était composée que d’une unique bouche. Tery prit la parole, s’adressant à Neel tandis que les autres étaient trop occupés à observer la bête :

« Celui qui arrive à la tuer récupère le médaillon, ça te convient comme règle ? »

« Pourquoi ? Tu penses que l’on va survivre ? Cela me rappelle une mauvaise expérience avec un scorpion géant. Mais il n’était pas aussi affreux que ça. »

« Un scorpion géant ? C’est marrant comme histoire. »

Il voulait voir sa réaction mais visiblement, il n’en avait pas plus que ça. A quoi ça lui servait de lui cacher la vérité ? Il savait pertinemment que c’était Tery ! Ou alors, il faisait fausse route depuis le départ. Cela pouvait être aussi possible. Mais l’heure n’était peut-être pas à se poser des questions mais plutôt à tuer cette affreuse créature ! Et dire qu’elle était longue de plusieurs mètres. Une bonne quinzaine à vue d’œil !

Chapitre 40 : Un marché imprévu

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Un marché imprévu

« Parler ? Pourquoi pas ? De quoi veux-tu que l’on parle ? Peut-être de l’idée que j’ai en tête ? Tu es quelqu’un qui réagit des fois sur le moment… Ce n’est pas forcément une bonne chose, n’est-ce pas ? Qu’en penses-tu ? » demanda Tery d’une voix calme à travers son masque noir.

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler mais tu as l’air de bien me connaître. Pourtant, je ne crois pas avoir déjà vu un masque noir. J’ai simplement été mis au courant de vos agissements au service du roi de Shunter, n’est-ce pas ? »

« Ca me semble à peu près correct. Que sais-tu de plus que ça ? »

Il jouait avec l’Ombre pour une bonne raison : elle semblait plus en savoir sur lui et son masque noir que lui-même il n’en savait. Cela parlait d’agissements et d’être au service du roi de Shunter. Il s’en doutait un petit peu mais bon.

« Je ne vois pas pourquoi je t’en parlerais. Tu devrais être au courant d’une telle chose sauf si tu n’es qu’un débutant qui vient d’arriver. » murmura-t-elle dans un souffle tout en restant sur ses gardes. Elle restait méfiante quand même.

« Dommage dommage. Tu sais, j’aurais pu te proposer de nous accompagner. »

« De vous accompagner ? Où cela ? Vers le médaillon ? Est-ce que tu te moques de moi ? Ou est-ce que tu me prends pour un imbécile pour tomber dans un piège aussi grossier ?! »

« Et pourquoi serait-ce un piège ? Nous pouvons faire un petit concours….D’abord nous nous entraidons, ensuite nous nous combattons pour savoir qui aura ce médaillon. Qu’en penses-tu ? N’est-ce pas là une très bonne idée pour régler nos différends ? » annonça Tery.

« Sérieusement, est-ce que tu me prends pour un idiot ? Moi seul contre toute votre armée de Shunter, je n’aurais aucune chance ! De toute façon… »

De toute façon quoi ? Elle ne termina pas sa phrase, la laissant en suspens alors qu’il restait immobile. Elle voulait lui dire quelque chose mais elle s’était ravisée au dernier moment. Elle attendit que plusieurs secondes s’écoulent avant de reprendre :

« Donne-moi une véritable bonne raison de te suivre. »

« Tu n’aurais plus vraiment de soucis avec l’armée de Shunter, du moins, pour l’instant. »

« Et à part ça ? Car vous ne me posez guère de problèmes à l’heure actuelle. »

« Je n’en suis pas si certain. Sinon, tu éviterais de m’espionner, n’est-ce pas ? Ou alors, je me trompe sur mon propre compte ? Je t’intéresse. »

« Je crois que tu te vantes un peu trop. » dit-elle avant de ressortir son arc, le bandant en présentant trois flèches.
De son côté, il se demandait ce qui lui passait par la tête pour faire une telle proposition à l’Ombre. C’est vrai, il n’avait pas l’autorisation de faire une telle chose. Hum ou alors, peut-être qu’en magouillant un peu, pourquoi pas ? Il n’avait rien à perdre. Ou alors plutôt tout le contraire. C’était assez compliqué dans le fond.

« Je m’occupe de faire croire que tu es l’un des nôtres et aussi de convaincre ceux que tu as attaqués que tu n’es pas cette personne justement. » annonça l’homme masqué de noir.

« Laisse-moi y réfléchir. Combien de temps ai-je pour donner une réponse ? »

« D’ici une semaine je dirais car le reste de l’armée arrivera en même temps. OH ! Je viens de prévenir par inadvertance que nous allons avoir des renforts. »

« Tsss ! Tout ça pour me prévenir que je n’aurais pas le choix d’ici une semaine. »

« Peut-être que oui, peut-être que non. Quel est ton nom ? » lui demanda t-il.

« Je n’ai pas à te l’annoncer. Vas t’en avant que je ne décide de changer d’avis. »

« Nous nous reverrons de toute façon d’ici une semaine. Même endroit ? Spécial non ? »

Elle ne lui répondit pas, le regardant partir en serrant les dents. Ce type lui était antipathique. Il semblait manier d’une main de maître tout ce qui se passait autour de lui. Elle en était sûre : ol allait lui poser de gros soucis ! Elle resta immobile pendant quelques secondes avant de s’écrouler à genoux, poussant un profond soupir :

« Et là, je suis sensé faire quoi ? Accepter n’est-ce pas ? Je le hais ! Je le hais ! »

Et elle avait de bonnes raisons de le détester ! Pfff ! Ca l’énervait de ne pas avoir le choix ! Ca lui rappelait trop les ordres de l’Oracle et autant dire que ce n’était pas forcément une bonne chose. Elle poussa un léger soupir, se mettant en quête de nourriture pour le déjeuner.

« Vous êtes de retour ? Est-ce que vous pensez vous échapper encore ? »

« Je parlais simplement à un indicateur du Roi. Celui-ci a besoin de quelques menues informations pour nous rejoindre très bientôt. » signala Tery au capitaine.

« Et cet indicateur se trouve où ? » questionna le haut gradé.

« Je n’ai pas à vous signaler ce que je dois dire ou faire… Capitaine. »

Ce dernier émit un petit rictus alors que Tery remontait dans sa chambre, confiant et vainqueur de cette courte discussion entre eux deux. Il en était sûr et certain. Enfin, avec ce masque noir, il se sentait beaucoup mieux. Il alla dans sa chambre, fermant la porte à clef avant de retirer son masque noir.

« Je n’arrive pas à croire ce que j’ai fait. Je viens de proposer à l’Ombre de m’accompagner pour cette mission. Hahaha ! »

Oui, c’était drôle car jamais il n’aurait pensé faire ça. Le problème, c’est que ce n’était pas prévu par cette autre personne. Qu’il prenne un ennemi comme allié. Enfin un allié comme allié. C’était plutôt compliqué car personne ne savait qui était l’autre réellement.

Les journées s’écoulèrent les unes après les autres, le capitaine et lui-même restant en froid sans s’adresser la parole plus que le strict minimum. Enfin une semaine passa et il se retrouva à nouveau dans l’endroit où il avait connu l’Ombre pour la première fois. Celle-ci l’attendait, dos contre un arbre, les bras croisés.

« Alors, tu as pris ta décision ? Ta réponse est donc ? »

« J’accepte, j’ai calculé le pour et le contre. Et j’ai donc pensé que c’était la meilleure chose à faire pour moi. Mais je te préviens : dès que je le peux, je n’hésiterais pas un seul instant à te trahir et tes amis aussi. »

« Oh mes amis, mes amis, tu sais. On leur dit pas mal de chose à mes amis hein ? Alors, on est partenaires ? » lui demanda t-il en tendant sa main d’un air amical.

« Partenaires ? Je ne sais pas si on peut s’appeler comme ça. Je déteste les personnes qui s’amusent à contrôler les autres et à les manipuler. » lui répondit-elle en serrant sa main.

« Manipuler est un mot un peu trop violent à mon goût. Je ne pense pas te manipuler puisque tu es courant de notre petit arrangement non ? Comment devrais-je t’appeler ? L’Ombre ? Masque Blanc ? »

L’Ombre ? Sur le moment, elle serra avec plus d’insistance la main de l’être au masque noir. Sur le moment, elle avait cru entendre la voix de Tery. C’était impossible ! Ca ne pouvait pas être lui ! Il ne lui parlerait pas ainsi ! Il n’aurait pas changé en aussi peu de temps ! Et puis bon, pourquoi aurait-il rejoint ce groupe ?

« Tery ? Est-ce que c’est toi ? » murmura-t-elle avant de tirer avec violence la main vers elle.

« Qui est ce Tery dont tu parles ? » demanda calmement l’être masqué de noir.

Il s’était laissé faire, se faisant ramener à la hauteur de l’Ombre avant de lui faire un croche-pied. L’être encapuchonné de brun se retrouva allongé au sol, sa tête écrasée par le pied de Tery alors que celui-ci reprenait :

« On évite les petites familiarités, d’accord ? Je croyais que nous n’étions même pas partenaires. Considérons-nous comme des collègues de travail. Nous faisons le même boulot mais nous ne nous aimons guère. Le message est-il bien passé ? »

« Attend que je me relève et je te le ferais payer amèrement ce que tu viens de faire ! On ne joue pas avec mes paroles ! » grogna-t-elle en tentant de se libérer.

« Moi ? Jouer ? Mais je ne faisais guère cela. C’est toi qui as voulu me tirer. Bon, si tu veux bien me pardonner, j’ai du travail qui m’attend. Ah mais non, tu dois rester avec moi. Il faut que je te présente. Relève-toi donc. »

Dès qu’il retira son pied, elle se redressa, se jetant sur lui mais il esquiva au dernier moment la personne au masque blanc. Voilà une bonne chose de faite. Du moins, c’est ce qu’il aurait du penser et ce n’était pas le cas. Il n’aimait guère voir l’Ombre se ridiculiser de la sorte. En fait, plus le temps passait et plus il avait l’impression qu’elle perdait de sa grandeur.

« Ces masques sont souvent ridicules. Ils ne donnent qu’une simple illusion de nous-mêmes. Nous ne valons pas mieux que ces masques. » marmonna t-il en esquivant un nouveau coup.
Elle s’arrêta finalement de tenter de le toucher, l’observant quelques questions. Lui aussi n’aimait pas son masque ? Ou alors il y avait autre chose ? La voix qui s’adressait à elle était légèrement modifiée comme la sienne. Elle le savait très bien mais le ton restait le même. Elle poussa un léger soupir, ses yeux bleus posés sur l’être devant elle.

« Ces masques ne sont pas ridicules. Ils sont simplement la preuve que nous pouvons faire de grandes choses. Le problème est que vous vous trompez de chemin. »

« Ou alors peut-être est-ce le cas chez vous ? Qu’est-ce qui vous fait croire que ce que nous faisons est mauvais ? Qui êtes-vous pour définir de telles choses ? »

« Je, je, je ne sais pas. Je sais très bien ce que je fais ! »

« Mouais. De toute façon, on n’est pas là pour parler. Veuillez me suivre maintenant que vous avez terminé de vous exciter ainsi. »

Elle ne rêvait pas ou il venait de la vouvoyer ? Maintenant qu’elle était plus calme, ils pouvaient s’en aller oui. Sans un mot, elle commença à le suivre, se demandant ce qu’elle devait faire. Suivre ses ennemis, ce n’était guère la meilleure idée qu’elle avait eu mais cet homme était bizarre.

« Quel est ton nom ? Si tu peux le donner. » demanda-t-elle.

« Je ne vois pas pourquoi je le ferais alors que tu as essayé de m’agresser et que tu as refusé catégoriquement de me donner le tien. »

« Je m’appelle… Je m’appelle… Je ne vois pas pourquoi je te le dirais ! »

« Hahaha ! Et dire que tu m’as posé la question. Enfin bon, fais comme tu le veux. Ne me quitte pas d’une semelle, cela vaut mieux. » annonça t-il dans un petit rire alors qu’ils arrivaient à la vue du village.
Les gardes se retournèrent vers eux après son passage, remarquant qu’il avait réussi à retrouver cette personne tandis qu’ils restaient tous les deux muets. Tant mieux, cela allait causer moins de problèmes. Il se dirigea vers l’auberge, pénétrant à l’intérieur alors que toutes les têtes se tournaient vers lui et son compagnon. Il mit rapidement une main devant lui avant de dire d’une voix calme et sereine :

« Non, ce n’est pas la personne que nous recherchons. Elle ressemble à la description de cette dernière mais ce n’est pas le cas. Je vous présente donc celui qui nous aidera. Il est un peu du même genre que moi donc vous n’avez pas à vous en faire. »

« Et comment est-ce qu’on peut l’appeler celui-là ? Toi, c’est l’Homme alors lui, ça sera quoi ? La Femme ? Encore qu’on ne sait jamais ce qui a sous ce masque. » grogna l’un des soldats. Visiblement, ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait quelqu’un de ce genre.

« Appelez là l’Ombre. Ca lui ira parfaitement je dirais. » dit-il en la désignant d’un doigt.

« Et c’est pour ça que vous êtes parti pendant plus d’une heure ? Alors que les nouveaux effectifs allaient arriver ? Vous n’avez pas remarqué les tentes sur le chemin ? » marmonna le capitaine en s’adressant à lui.

« Hum. Je ne crois pas. Enfin, nous pouvons partir dès maintenant. »

« HEY ! Tu te calmes directement ! Comme ils viennent d’arriver, on va simplement faire quelques tours d’horizon pendant deux ou trois jours, rien ne presse. »

Tery haussa les épaules, demandant à la personne derrière lui de bien vouloir la suivre alors qu’ils montaient les escaliers. Ils pénétrèrent dans sa chambre, l’être encapuchonné de bleu signalant que c’était ici qu’elle allait dormir dorénavant.

« Je ne crois pas que certains te feront confiance, c’est pourquoi tu dormiras dans la même chambre que moi. Je verrais avec l’aubergiste si on peut avoir une couverture ou autre chose en plus car je ne pense pas. »

« Hors de question de dormir dans le même endroit que toi. Pourquoi est-ce que je n’aurais pas ma propre chambre ? En quoi est-ce que c’est un problème ? »

« Comme je te l’ai dit, certains ne te font pas confiance. Tu préfères peut-être te retrouver avec un poignard planté dans le dos ? »

« Personne n’osera entrer dans ma chambre si j’y dors. » rétorqua Neel.

« Oh que si. Tu ne le sais peut-être pas mais tu es très recherché dans ce village. Du moins, grâce aux paroles d’une patrouille. Tu as même blessé un homme nommé Olin. »

« Tsss, d’accord. Mais je dors dans le lit, est-ce que c’est clair ? »

« Tu n’es pas en position de donner tes ordres, je tiens à te le signaler au cas où. Mais peu m’importe, tant que tu ne bouges pas d’ici pendant la nuit. De toute façon, je le saurais, j’ai un sommeil très léger malheureusement. »

« Comme si cela m’intéressait de le savoir, tu crois que je vais essayer de te tuer pendant ton sommeil ? Je ne suis pas comme ça contrairement aux personnes de ton genre. »

« Personne de mon genre ? AH ! C’est bien beau ce que tu dis. Bon, dépose tes affaires là où tu le désires, ensuite, on descend. »

Il ne semblait pas plus inquiet que ça. Visiblement, elle ne l’impressionnait pas beaucoup. De son côté, elle semblait un peu surprise de voir que ce type n’était pas très apprécié de son capitaine. Visiblement, le problème avec l’autorité n’était pas que chez Tery. Chez d’autres personnes, cela semblait être aussi le cas. Son autorité à elle ? L’Oracle ? Elle aurait bien aimé être un peu plus problématique des fois comme refuser quelques ordres mais bon, elle ne pouvait pas y faire quelque chose.

La journée passa par une phase d’exploration, Tery et Neel restant groupés avec le reste de la troupe pour faire l’exploration et montrer aux nouveaux arrivant les endroits qu’ils allaient devoir traverser d’ici quelques jours. Neel remarqua très rapidement que le visage de l’homme au masque noir était souvent tourné vers lui comme pour être sûr qu’il n’était pas trop loin. Qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’il allait s’enfuir ? Il n’était pas comme ça !
Pfiou, c’était bizarre de se dire que c’était lui qui protégeait l’Ombre et non l’inverse cette fois-ci. Il restait près de lui pour être sûr qu’aucun des soldats ne commette de bêtise. Il avait remarqué le visage surpris mais un peu colérique d’Olin lorsqu’il avait vu l’Ombre mais il l’avait prévenu. Ce n’était pas la même personne. Bien que tout cela était faux bien entendu. Ah, vraiment, il trouvait ça amusant en un sens.

« Je peux savoir pourquoi est-ce que tu me regardes ? » demanda Neel.

« Oh. Pour rien, pour rien. Je me disais quelque chose, je rigolais dans ma tête. »

« Je t’interdis de te moquer de moi, je te préviens. Je ne suis que… »

« Alors qu’est-ce que vous faites ? Avancez un peu ! On va perdre le reste du groupe à cette allure. Contrairement à vous, on ne sait pas ce que c’est que cet endroit paumé ! »

« Cet endroit paumé s’appelle le village de Leskar. Ne l’oublie pas. » marmonna Tery avec un petit grognement dans la voix, répondant au capitaine.

Oh ? Il savait aussi se mettre en colère ? Quel était ses rapports avec ce village ? Visiblement, il n’appréciait pas que l’on parle de Leskar comme d’un endroit perdu au milieu de nulle part. Pourtant, c’était la vérité et il devait le savoir aussi bien que les autres. Intéressant, c’était peut-être un point faible à utiliser à un autre moment.

« Et maintenant, pourquoi est-ce que tu me regardes, toi ? » annonça Tery en s’adressant à lui.

« Est-ce que c’est interdit ? Je ne le savais pas. »

« Ne fait donc pas le malin avec moi, l’Ombre. Je vais t’appeler comme ça dorénavant. »

« Fais comme tu le désires. Nous ne sommes… » commença à répondre Neel.

« Tu ferais mieux de ne pas terminer ta phrase, je t’ai pourtant prévenu ce qui risquerait de t’attendre si tu parlais un peu trop. »

« Vous pouvez pas vous taire tout les deux ? On n’avance pas à cause de vous ! »

Tery poussa un petit rire en entendant les cris du soldat derrière lui, accélérant le pas en signalant à Neel de faire pareil que lui. Celui-ci ne savait plus vraiment quoi faire dans toute cette histoire. Qu’est-ce que cet homme voulait au final ? Il se le demandait. Il ne prenait pas son rôle au sérieux ? Il aurait aimé faire pareil que… NON ! Il n’aurait jamais aimé faire pareil que lui ! Hors de question ! Il ne fallait pas rêver !

La première journée d’exploration passa plus facilement que son début tandis que les deux personnes se taisaient. Il valait mieux pour éviter de rallumer les flammes de la colère entre elles. Lorsque la nuit fut finalement tombée, ils rentrèrent dans l’unique chambre qui allait leur servir de dortoir pour les prochains tours. Il s’en alla pendant quelques minutes, revenant avec une couverture gracieusement offerte par l’aubergiste.

« Donc tu dors dans le lit et moi à même le sol ? »

« Hum. Oui, oui. » murmura Neel tout en le regardant brièvement.

Neel cacha quelque chose sous sa cape brune. Cet homme en face de lui n’était pas n’importe qui. Oh, il avait les lignes d’Alzar mais surtout il semblait être lié à l’élément de la Terre. C’était quelqu’un de ce royaume. Enfin, la majorité des humains du royaume de Shunter était doué pour cet élément. Mais d’autres encore plus. Mais lui avait une affinité avec cet élément. Il serra son pendentif sous sa cape brune avant de reprendre :

« Alors maintenant, on va aller se coucher, c’est ça ? Je ne dormirais que d’un œil. »

« Et moi des deux si ça ne te dérange pas. Peut-être que tu préfères l’insomnie au sommeil réparateur car tu es paranoïaque mais ce n’est pas mon cas malheureusement. »

« Oui, oui, oui. Je n’ai même pas faim. Et interdiction de faire une bêtise que tu regretterais, l’Homme. Tu es prévenu ! »

« Oui, oui, oui. Ne t’en fais donc pas pour ça. Je ne toucherais pas à ton masque et inversement. Je sais à quel point ces choses sont très importantes. » annonça t-il en haussant les épaules avec nonchalance.

Tant mieux s’il comprenait, cela allait faciliter la discussion. Mais quand même, dormir avec l’ennemi ? Qu’est-ce qui lui prenait de prendre autant de risques ? Etait-ce à cause du fait que Tery n’était plus là ? Qu’il n’avait même pas pu lui parler plus qu’il ne l’aurait voulu ? Tout ça à cause de cette fichue histoire !

L’Ombre semblait bien différente de qui elle était il y a pas mal de temps. Enfin, il ne la connaissait pas plus que ça mais c’était si bizarre de la voir se comporter ainsi. Visiblement, tout cela changeait suivant la personne qu’elle avait en face. Elle était peut-être assez lunatique au final. Il eut un léger rire qui fit frissonner Neel :

« Qu’est-ce qui te fait rire comme ça ? »

« Moi ? Mais rien du tout, rien du tout, loin de là même. » annonça Tery sous son masque.

« Ne te moque pas de moi, je déteste ça ! Si tu as quelque chose à dire, dis-le ! »

« Oh. Si tu le désires tant, je te souhaite la bonne nuit ! »
Il bouillonnait de rage : ce type jouait avec ses nerfs. Le pire était le fait qu’il n’était même pas ironique dans ses propos. Il marmonna un bonne nuit de son côté, s’enfouissant dans le lit en gardant les yeux ouverts. Interdiction de dormir ! Il n’allait pas se laisser avoir de la sorte. Tsss … L’Ombre murmura :

« Je te surveille … Tu le crois bien. »

Chapitre 39 : Préparation et soupçons

ShiroiRyu
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Chapitre 39 : Préparation et soupçons

« Alors, d’après ce que vous me dites, ce que nous recherchons se trouve à cet endroit précis ? Est-ce que vous confirmez ceci ? »

Le capitaine pointa du doigt un endroit sur la carte, un endroit recouvert de verdure. L’homme au masque noir hocha la tête pour signaler qu’il parlait bien de cet emplacement, reprenant la parole d’une voix calme et neutre :

« Il va falloir appeler des renforts. Nous ne pourrons pas nous occuper des Gnomolds et de cette créature en même temps. »

« Savez-vous au moins à quoi elle ressemble ? Ou vous n’avez aucune idée ? »

« Aucune idée.Nous n’avons pas pu nous approcher sinon, nous nous serions faits repérés. Il vaut mieux ne pas perdre plus de soldats. » signala Tery.

« En parlant de pertes de soldats, quatre d’entre eux sont morts pendant de nombreuses attaques de Gnomolds. Vous n’avez eu aucun problème de ce côté ? »

« Juste une petite attaque de rien du tout. » répondit le jeune homme masqué de noir.

« Il as éliminés les cinq Gnomolds à lui tout seul ! »

Hum ? Le capitaine haussa un sourcil aux paroles d’un des soldats accompagnant Tery, celui-ci restant parfaitement immobile et stoïque comme si de rien n’était. Plusieurs murmures traversèrent la salle tandis que quelques rires se firent entendre :

« Je ne sais pas ce que tu as consommé mon gars, mais je crois que l’alcool, ce n’est pas ton fort ! Tu devrais plutôt te remettre à boire de l’eau. »

« Il blague pas ! Nous étions là aussi ! Tu devrais voir comment il utilise la magie terrestre ! Les deux Gnomolds qui tenaient des arcs n’ont même pas eu le temps de bander ! »

« Un peu comme toi lorsque tu es avec une pucelle ! » répondit une troisième voix.

De nouveaux rires fusèrent dans toute la salle alors que le second soldat qui avait confirmé les dires du premier baissa la tête en ne sachant plus où se mettre. L’homme au masque noir s’était relevé, signalant qu’il allait dans sa chambre puisque l’heure n’était plus au bilan de la mission. S’ils avaient besoin de lui, ils savaient où le trouver.

Il pénétra dans sa chambre, poussant un profond soupir. Voilà pour sa première journée de travail en tant que nouvelle Ombre comme il aimait s’appeler intérieurement. Il observa le masque noir qu’il venait de retirer de son visage. Ce masque était plus que spécial, il n’y avait pas d’autres mots pour en parler.

« Mais qu’est-ce qu’ils ont mis dans ça ? C’est la première fois que je sentais ma magie se transmettre dans mes doigts aussi rapidement ! »

Ce masque était surprenant mais en y réfléchissant bien. L’Ombre, était-elle vraiment aussi forte sans son masque blanc ? Un petit souvenir vint lui rappeler le moment où il avait été sauvé par elle après la mort du scorpion. Elle avait réussi à le porter jusqu’en dehors de la grotte donc cela voulait dire qu’à la base, elle était déjà assez forte.

« Enfin bon. Ce n’est pas l’heure de réfléchir à tout ça. Plutôt à savoir comment faire pour cette fichue créature. On avance à grand pas mais n’est-ce pas pour s’enfoncer dans un précipice ? Je me le demande sincèrement. »

Mais l’heure n’était pas à se poser des questions et il déposa le masque sur la table de chevet, fermant les yeux en se disant qu’il avait correctement fermé la porte à clef. Tant mieux pour lui ! Il se laissa emporter dans le pays des songes, se disant que cela ne servait à rien de se triturer la tête pour l’instant. Demain serait un autre jour.

Comment c’était possible. Lui qui avait mis tellement de temps. Qui était là depuis des semaines ! Il n’avait pas trouvé le moindre indice sur cette créature et eux, en deux jours, ils venaient de mettre la main sur l’endroit où la créature était localisée ! Pourquoi cela devait arriver maintenant ? Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ! PFFFF ! Il observa le village de l’arbre où il était situé. Un arbre aussi grand que les autres, lui servant de tour de guet et qui lui permettait de se repérer.

« C’est vraiment pas sympathique de dormir dehors mais est-ce que j’ai le choix ? Malheureusement, non. Vivement que tout ça soit terminé. Mais pourquoi Tery a-t-il du rentrer maintenant ? Ce n’est pas normal et logique ! Est-ce … » bredouilla l’Ombre.

Et si c’était ça ? Et si, ils étaient au courant pour ses lignes noires ? Alors, si c’était le cas, cela ne présageait rien de bon et il allait devoir sérieusement le tuer la prochaine fois qu’ils se verraient. L’Oracle avait été clair : Shunter était un ennemi. Ce royaume était un ennemi ! Un ennemi qui s’attaquait aux autres peuples et qui devait être détruit s’il se mettait en travers de sa route ! C’était ça qu’il devait faire ! Mais pourquoi avoir décidé de rentrer dans l’armée de Shunter ? Sincèrement, quel idiot il avait été à ce moment-là. Tery aurait pu être sauvé s’il avait décidé de ne pas l’attaquer la dernière fois.

« Je n’ai pas à m’en vouloir. Je n’ai fait que ce dont l’Oracle m’avait ordonné. Ce n’est pas de ma faute. Il faudrait que j’arrête de me ressasser ces mots à chaque fois. Cela devient vraiment gênant et ennuyeux. »

Oui. Gênant car il n’arrivait pas à se retirer Tery de sa tête. Cela devenait une obsession dont il devait se débarrasser le plus rapidement possible mais comment faire ? Peut-être qu’il existait des potions qui permettaient d’oublier ? Mais si par oublier, cela revenait à un lavage complet de cerveau alors non merci.


De toute façon, il n’avait pas le choix. Il devait réagir sur le moment et non plus prévoir dans le futur trop lointain ! Qu’il était bête de vouloir réfléchir à tout ça ! Il avait d’autres choses à faire non ? Comme savoir ce qu’il allait faire justement. Il descendit de quelques branches, fermant les yeux se collant contre l’arbre

« Je pourrais toujours rejoindre l’armée de Shunter et faire croire que je suis un soldat. Avec ce masque blanc, oui, je pourrais toujours faire ça. Mais non, ce n’est pas possible. Ils ont déjà vu mon visage, enfin mon masque. Peut-être qu’en changeant de cape ? Non, elle est magique. Mais qu’est-ce que je dois faire ? »

Ah ! Il ne savait pas ! Pas du tout ! Il pouvait peut-être proposer son aide aux Gnomolds ? Se mettre de leur côté ? AH ! Il faudrait plus qu’une bonne raison pour qu’ils veuillent bien de lui ! Peut-être qu’en les prévenant que les humains se rapprochent de cette créature et de leur camp ? Qu’est-ce qu’ils avaient à y gagner ? Rien du tout. Non, il ne fallait pas penser à eux non plus. Mais alors à qui ? Il commençait à avoir mal au crâne à force de réfléchir à toutes ces choses ! Voilà ce qu’il allait faire ! Il allait profiter de la confusion générale pour se diriger vers l’antre de la bête et s’en occuper lui-même. A partir de là, il récupère le médaillon et s’enfuit en les laissant s’entretuer ! Quelle merveilleuse idée que voilà ! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Car il était trop occupé à essayer d’imaginer s’il pouvait se faire aider par d’autres, voilà tout.

Bon, maintenant, il devait se trouver un endroit pour dormir cette nuit. Il descendit complètement de l’arbre, atterrissant au sol avec facilité avant de regarder autour de lui. A cette allure, la nuit allait tomber très rapidement. Il n’avait aucun problème pour se nourrir ou dormir en toute tranquillité. Loin de là même. Mais bon, ce n’était pas pareil. On va dire que dormir dans un lit était bien mieux que dormir sur un sol assez dur. Il alla se coller contre un arbre, fermant ses yeux bleus tout en murmurant quelques paroles. Après celle-ci, il reprit d’une voix faible :

« Maintenant, je ne serais plus dérangé. Bonne nuit, Neel. »

Autant se le souhaiter à soi-même, personne n’allait le faire à sa place. AH ! Maintenant, il devait chercher le sommeil, chose bien plus compliquée qu’il n’y paraissait. Ce fut seulement au bout de plusieurs minutes qu’il arriva à trouver le sommeil, se faisant emporter par ce dernier au pays des songes. Demain serait un autre jour.

« Alors que faisons nous aujourd’hui, capitaine ? » demanda un soldat le lendemain.

« Simplement de l’exploration pour repérer correctement les lieux dans la forêt. Nous n’aurons pas besoin d’être séparés en groupes puisque nous savons où nous rendre. »

« Donc nous partons avec tous les soldats disponibles, c’est ça ? » questionna un second.

« Plus ou moins. Appelez tout le monde et les retardataires ! »

« Oui, mon capitaine ! Je vais le faire tout de suite ! »

Le soldat s’éloigna en courant, quittant l’auberge pour réveiller ses camarades. Il fallait se dire que la majorité d’entre eux ne dormaient pas dans l’auberge. Et oui, par manque de place ou de statut, certains étaient tout simplement mis de côté et dormaient ailleurs, dans des endroits bien moins logés. Quand à Tery ? Celui-ci restait couché dans son lit, observant le plafond bien qu’il été réveillé depuis pas mal de temps. Il était simplement descendu avec son masque noir sur le visage pour parler au capitaine. Qu’est-ce qu’il lui avait dit ? Oh, tout simplement qu’il restait dans sa chambre et qu’on vienne uniquement le chercher lorsqu’ils auraient besoin de lui. Rien de plus, rien de moins. Une voix l’interpella :

« Lieutenant ? Vous êtes réveillé ? Lieutenant ? Veuillez descendre s’il vous plaît. »

« J’arrive d’ici quelques minutes. Veuillez prévenir le capitaine. » répondit-il.

« Je vais le faire tout de suite, messire. »

Tiens ? On lui donnait du messire maintenant ? Ce masque était vraiment plus qu’utile. Sans lui, peut-être qu’il n’aurait jamais eu ce qualificatif durant toute sa vie. Mais maintenant, c’était bien différent. AH ! Cela était presque drôle et pathétique en même temps. Avoir besoin d’un masque pour se croire différent des autres et spécial. Pfff. Il se détestait légèrement avec tout ceci. Il reprit son masque noir, le posant sur son visage avant de dire d’une voix lente et à lui-même :

« Bon et bien, allons-y maintenant alors. »

Avec lenteur, il se dirigea vers la sortie de sa chambre, quittant celle-ci avant de descendre les escaliers pendant que les soldats commençaient à se réunir tout autour du capitaine, attendant les ordres de celui-ci. L’homme toussa légèrement avant de dire :

« Bon aujourd’hui, en bref nous allons simplement encore faire une exploration détaillée et minutieuse de la forêt. »

« Nous avons la possibilité d’éliminer les Gnomolds s’ils se mettent en travers de notre chemin ? Ou on évite les échauffourées avec eux ? »

« La question ne se pose même pas. Éliminez-les dès que vous le pouvez. Ils ne doivent pas nous gêner plus que ça. En fait non, dès que vous les trouvez… »

« Tuez les tous quitte à les poursuivre. Cela servira d’exemple aux autres Gnomolds et nous aurons le champ libre pour continuer notre mission. »

L’homme au masque noir avait prit la parole, coupant celle du capitaine qui haussa un sourcil de désapprobation. Il n’aimait guère ce genre d’actes de la part d’un type inconnu au bataillon. Enfin bon, il préférait ne rien dire mais il n’allait pas se laisser marcher sur les pieds, surtout pas même. Il était dans l’armée depuis une bonne quinzaine d’années et même si ce type avait un masque noir, ses paroles étaient encore celle d’un jouvenceau ! L’un de ces foutus nobles qui se croyait important sans l’être réellement.

« Mouais, enfin bon, comme l’a dit ce lieutenant, on va faire comme ça. Tuez les Gnomolds que vous trouvez, n’en laissez aucun s’échapper. Néanmoins, nous allons nous séparer seulement en deux groupes aujourd’hui. Nous devrions ainsi éviter les attaques surprises vu le nombre important que nous serons. Vous avez quartier libre jusqu’aux alentours de treize heures. Nous partirons à ce moment-là. J’ai des choses plus importantes à faire en attendant. Lieutenants, veuillez me suivre. Vous aussi, masque noir. »

Tiens ? Un nouveau surnom ? Il eut un sourire invisible, contrastant avec les lèvres tristes de son masque noir sur son visage. Sincèrement, c’était une chose remarquable. Ce masque était une bénédiction tout en étant une malédiction. Il lui permettait d’être un autre homme, bien plus fort, bien plus prestigieux, bien plus lui. Oui, peut-être qu’il perdait son identité mais à côté, il était vraiment fort et cela l’amusait plutôt bien. Il se dirigea avec le reste des lieutenants vers la table où le capitaine leur avait demandé de le rejoindre.

Lorsqu’il arriva en dernier, l’ambiance semblait être encore plus tendue qu’auparavant et il se demanda ce qui se passait pour mettre autant de tension à cette table. Avait-il manqué quelque chose ? Il ne le savait pas mais le capitaine prit la parole :

« J’ai envoyée la lettre hier soir en ce qui concerne des renforts. D’après les propos du lieutenant au masque noir, nous risquons d’avoir de gros soucis. »

« Ils sont bien trop nombreux et nous ne pouvons pas nous permettre d’être attaqués sur deux fronts, c’est pour cela que ça me semble être la meilleure idée. » murmura Tery.

« Elle n’est pas mauvaise, loin de là même. »

« Mais, quelque chose vous tracasse. » reprit le jeune homme masqué de noir.

« Si les Gnomolds arrivent à abattre cette créature, je pense que cela va nous ridiculiser aux yeux des citoyens de ce village. Disons que nous n’avons guère une bonne réputation. »

«  Pas de votre faute capitaine, nos échecs dans les royaumes ennemis, on y participe pas. Je ne verrais pas pourquoi ça serait de votre faute. »

Ah oui. Les royaumes ennemis, il oubliait que Shunter était en guerre contre les quatre autres royaumes. Ce n’était guère réjouissant mais pourtant, c’était la réalité. L’armée de Shunter n’était guère appréciée et cela pouvait se comprendre. De nombreuses défaites et dire que l’armée de Shunter et principalement celle de Midès était considérée comme l’une des plus puissantes dans ce monde, du moins, d’après ce qu’il pensait quand il voyait la maréchale.

« Enfin bref, on ne peut pas se permettre de perdre cette bataille. »

« Cette bataille ? Contre qui ? L’avis des gens ? Les Gnomolds ? Cette créature ? »

« Contre tout ! Peut-être que tu as été envoyé par le Roi mais je vais te remettre en place tout de suite. Je suis dans l’armée depuis vingt voir vingt-cinq années, donc peut-être que tu n’étais qu’un gamin à l’époque voir à peine dans le ventre de ta mère. » déclara le capitaine.

« Ah bon ? Et donc pour vous, l’honneur de l’armée est la seule chose qui vous importe, c’est cela ? Sans savoir pourquoi le roi a lancée cette guerre ? » annonça Tery.

« Les ordres du roi ne sont pas contestables. Est-ce que tu es vraiment sûr d’être envoyé par ce dernier ? Je me le demande bien. » souffla le capitaine entre ses dents.

« Est-ce que vous essayerez de contester la lettre avec le sceau de ce dernier ? »

« Si vous pouviez éviter de vous battre … » bredouilla un lieutenant.

« Nous ne pouvons pas nous disperser maintenant. » continua un second.

Pfff. Le capitaine était exactement le genre de personnes qu’il n’appréciait pas. Toujours à s’intéresser sur les on-dit. Comme si il n’y avait que ça dans la vie ! Pfff ! Il évita de montrer son dégoût pour le capitaine à travers le masque noir. Même si lui-même n’était pas forcément très au courant de ces choses là, il n’aimait guère les guerres.
Euh, non, ce n’était pas logique ça. Il ne pouvait pas détester les guerres et être un membre de l’armée de Midès. C’était complètement illogique même ! Qu’est-ce qui lui prenait de penser de telles choses ? Pfiou ! Peut-être qu’il avait besoin de sérieusement se reposer ou quelque chose du genre. Enfin, penser ça, c’était stupide alors que ça faisait à peine qu’un mois et demi qu’il était dans l’armée. Il avait peut-être prit une décision trop hâtive. Une décision qu’il allait regretter plus tard ?

« Combien de temps allons-nous devoir attendre ? » demanda Tery.

« Avant qu’ils n’arrivent ? J’envisage environ une semaine au grand maximum. »

« Donc nous allons devoir rester ici une semaine au minimum voir deux. »

« Est-ce que cela te dérange ? » questionna le plus haut gradé.

« Je n’ai jamais dit cela que je sache. Je vais prendre un peu l’air en attendant que tout le monde soit prêt pour l’expédition de cette journée. Toute façon, nous avons la matinée pour nous donc autant flâner dans notre coin. »

« Tant mieux. » souffla le capitaine entre ses dents.

Hum ? L’homme au masque noir tourna son visage vers le capitaine qui s’était adressé dans le vide bien que ses propos le visaient directement. Il émit un léger sourire invisible avant de se lever de sa chaise, se dirigeant vers la sortie de l’auberge. Il ouvrit la porte, quittant le bâtiment tout en se dirigeant à travers le village.

« Tiens ? Il est de sortie ? Je sais que je ne devrais pas… »

Oh que oui, c’était plus que risqué mais elle n’avait pas le choix avec tout ça. Elle devait obtenir le maximum d’informations sur cette personne. Mais elle, elle ne devait pas se faire repérée non plus, chose plus difficile qu’il n’y paraissait. Elle s’était mise à le suivre, observant ses moindres mouvements jusqu’à ce qu’elle le voit s’arrêter devant la maison de Tery. Tery ? C’était lui ? Sous ce masque noir ?
« Hahaha ! Quelle idée stupide. Comme si Tery pouvait porter un tel objet. »

Comment aurait-il pu obtenir le matériel nécessaire à ça ? C’était complètement stupide d’imaginer une telle chose. Elle ne devait pas penser à ça. Elle vit que l’être encapuchonné de bleu s’était remis en marche, se dirigeant vers la sortie du village. Et zut ! Ce n’était pas possible ! Il ne pouvait pas s’arrêter un court instant ?

« Vous êtes de l’armée de Shunter ? » demanda l’un des gardes qui surveillaient le village.

« Oui. C’est exact. Vous m’avez déjà vu non ? »

« Non, non, c’est pas ça. C’est simplement qu’une autre personne est rentrée dans le village aujourd’hui. Enfin, elle était là depuis déjà pas mal de temps mais elle portait une cape brune autour d’elle. C’est un peu bizarre. Vous n’êtes pas une secte, j’espère ? »

« Non, je ne penses pas faire partie d’une telle organisation. Si vous revoyez cette personne au masque blanc et à la cape brune, signalez-la-moi le plus rapidement possible. »

« Nous le ferons avec joie si nous la retrouvons ! »

Tiens donc. Ainsi, l’Ombre était toujours dans le village ? Elle en avait du cran, il fallait l’avouer. Ce n’était pas rien que de rester dans le village alors qu’ils étaient tous aux aguets… Surtout qu’ils savaient pertinemment qu’ils recherchaient une personne au masque blanc. Enfin… Les militaires le savaient, les gardes, c’était autre chose.

Il quitta le village, commençant à parcourir la forêt tout seul mais contrairement à la dernière fois. Celle où il avait quitté son village il y a plusieurs mois, il n’était plus aussi crédule et simplet. La rencontre avec l’Ombre s’était faite ici. Ah non ! C’était plutôt vers là. Hum… Ou alors, plutôt vers ici ? Il gardait son sourire sous son masque noir alors que l’Ombre apparaissait devant lui, ayant sauté d’un arbre.


Finalement, elle ne savait pas ce que ce type voulait. Mais s’il était seul, c’était peut-être mieux pour discuter posément ou non ? Il resta parfaitement immobile tandis que l’être encapuchonné de brun se mettait en face de lui, l’observant de ses yeux bleus. Elle alla sortir son arc, le bandant vers lui alors qu’il restait imperturbable.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » demanda Tery avec calme.

« Simplement me donner quelques informations. Comme le fait de vous voir avec un masque sur le visage. Cela n’augure rien de bon généralement. »

« Tiens donc, un peu comme le vôtre alors ? »

« Ne jouez donc pas sur les mots, je déteste cela. Qu’est-ce que vous venez faire ici ? »

« La même chose que vous : récupérer le dernier médaillon. Celui qui le possède aura gagné la partie, n’est-ce pas ? Car je sais très bien que vous en possédez un, du moins plus personnellement, je m’en doute. »

« Tsss. Je ferais mieux de vous tuer maintenant avant que vous ne me causiez des soucis ! »

« Est-ce que vous vous en sentiriez capable ? Et surtout, est-ce que cela vous faciliterait pour réussir votre objectif ? Je n’en suis pas si sûr. »

Pfff ! Voilà que cette personne au masque noir jouait avec ses phrases. Elle n’appréciait pas vraiment ça. Elle rangea son arc, le faisant disparaître comme seules les personnes comme elle en étaient capables de le faire. Elle murmura d’une voix lente :

« Qu’est-ce que tu veux au final ? Tu avais l’air de m’attendre. »

« Ce que je veux ? Je ne sais pas trop. Qu’est-ce que tu voudrais ? »

« Que vous disparaissiez, toi et les autres porteurs d’Alzar. Le reste n’a pas vraiment d’importance à mes yeux. Je vais simplement répéter ma question : qu’est-ce que tu me veux réellement ? Tu savais très bien que je te suivais alors parle ! »

Chapitre 38 : Le dernier médaillon

ShiroiRyu
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Chapitre 38 : Le dernier médaillon

« Alors… Comment vas t-il ? Ce n’est pas trop grave ? Non ? » demanda Tery.

« C’est juste mineur. Je lui ai appliqué les soins primaires mais ça ne laissera aucune séquelle. Mais quand même, tomber de cette manière… » murmura un homme.

« Il n’a pas eu de chance. Nous étions en train de poursuivre une personne et celle-ci nous a échappé. Enfin, je lui mettrais volontiers la main dessus dès le moment où je la trouverais. »

« Ca me fait penser. Quelqu’un vous recherchait lieutenant Tery. Il a signalé qu’il avait été mandaté par l’armée de Shunter voir le roi en personne. Je n’y ai pas cru au départ mais il m’a montré le cachet prouvant ce dernier et donc … Je ne sais pas ce que le roi vous veut ou ses conseillers mais je vous félicite ! »

Ah mais le féliciter de quoi ? C’était une bonne question. Il laissa partir l’homme qui avait soigné Olin, celui-ci étant encore évanoui après le mauvais coup reçu de la part de l’Ombre. Qui voulait donc le voir ? Et surtout où le voir ? La réponse ne tarda pas à se montrer alors qu’il retournait dans sa propre chambre. Il remarqua tout de suite que quelque chose avait changé et pour cause : un être encapuchonné de bleu se trouvait sur son lit, portant un masque noir. Instinctivement, il eut un sourire qu’il ne cacha pas avant qu’une voix ne sorte de sous le masque, parlant froidement :

« Tery Vanian, c’est bien cela ? »

« Oui, pour vous servir. On m’a dit que vous me recherchiez, pourquoi ? »

« Vous êtes au courant pour le médaillon de Tarka, n’est-ce pas ? »

Hum ? Comment ça ? Le nom de ce médaillon, cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait plus entendu mais… comment cela se faisait qu’ils connaissent ça ? Plus il observait cet être, plus il se disait qu’il ressemblait à l’Ombre. Mais, ce n’était qu’une vague ressemblance non ? Rien de bien méchant n’est-ce pas ?

« Vous savez aussi que vous possédez les lignes du Dieu Alzar. » reprit l’être masqué de noir.

« Assez ! Qu’est-ce que vous me voulez ? Je ne crois pas avoir raconté ma vie pourtant ! »

« Je sais bien plus de choses que vous ne le pensez. »

« Arrêtez de tourner autour du pot. Dites moi simplement ce que vous faites ici. »

« J’ai bien été envoyé par le Roi. Du moins, ses conseillers. Je pense que vous vous doutez de la raison qui me pousse à vous parler des médaillons. »

« Car il se pourrait qu’il y en ait un près de mon village, sur la créature qui terrorise les villageois et qui met les Gnomolds dans un état proche de la furie ? »

« Hum. Tu es bien plus malin que la maréchale Nali ne me l’avait dit. Je vois que tu réfléchis très rapidement. C’est exact. Nous avons en notre possession l’un des trois médaillons se trouvant dans le royaume de Shunter. Le second est porté disparu car quelqu’un l’a déjà récupéré. Le médaillon de Tarka pour être précis. Le troisième et dernier médaillon du royaume se trouve sur la créature en ce lieu. » souffla la personne encapuchonnée.

« Et en quoi est-ce que cela me concerne ? Je ne suis pas très porté sur l’histoire de ces médaillons. Je suis désolé mais… »

« Tu en as déjà vu un. Mais nous nous doutons que tu n’en connais pas son utilisé réelle. »

Nous ? C’est vrai qu’il avait été envoyé par les conseillers du roi. Il ne devait pas l’oublier réellement mais à côté il ne savait rien du tout de la personne qu’il avait en face de lui. Pour connaître au sujet des lignes des dieux et des médaillons, est-ce qu’il parlait à quelqu’un d’aussi intelligent que l’Ombre ? Du moins à la connaissance aussi grande qu’elle ? En y réfléchissant bien, cette personne était passée du vouvoiement au tutoiement comme si de rien n’était. Après les présentations, il n’y avait plus besoin Il tremblait un peu alors que la voix reprenait de sous le masque noire :

« Tu vas nous aider à récupérer le dernier médaillon et pour cela, je vais t’aider. Regarde ce qui est posé sur le bureau. C’est un petit cadeau de ma part. »

Un cadeau ? Il tourna son visage vers le bureau, remarquant qu’un masque noir se trouvait à sa surface. Un masque comme celui de cette personne ou de l’Ombre ? Il approcha avec anxiété sa main du masque noir, le prenant alors que l’être drapé de bleu disait :

« Tu peux le toucher, il ne va pas t’exploser entre les mains. A partir de maintenant, tu n’es plus Tery. Tery est reparti à Midès sous ordre du roi. »

« Mais qu’est-ce que je fais avec ce masque ? Je le mets sur mon visage ? Mais on reconnaîtra ma voix ! Et mon physique aussi ! » signala le jeune homme aux cheveux bruns.

« Ce masque n’est pas qu’un simple objet. A partir de lui, tout ton physique va se modifier. Tu paraîtras plus grand, plus imposant et ta voix se modifiera. Seuls tes yeux resteront indemnes. De même, tu devras porter la même cape bleue que moi. Elle se trouve dans le tiroir de ta table de chevet. A partir de là, tout ce que tu feras ne sera qu’à peine visible. Même tes deux griffes disparaîtront pour n’apparaître qu’au moment où tu le décideras. »

« Mais qu’est-ce que c’est que toute cette magie ? Je n’ai jamais entendu parler de cela ! »

« Tu n’as pas besoin de le savoir. Dis-toi simplement que la magie en ce monde ne se résume pas qu’à faire apparaître des pierres ou des boules de feu. Simplement, certaines personnes sont capables de créer des objets magiques. Cette cape bleue et ce masque noir en font partie. Tu as d’autres questions ? Ou je peux partir ? »

« Je ne crois pas en avoir même si perdre mon identité ne me plaît pas vraiment. »

« Tu n’as pas le choix et ce n’est pas perdre son identité, juste en adopter une autre temporairement. Ce n’est pas grand-chose. Beaucoup de personnes vivent ainsi. »

S’il le disait, ça ne pouvait être que vrai. Il le laissa partir sans un mot, l’observant s’éloigner dans le couloir avant de refermer la porte derrière lui. Se faire passer pour une autre personne ? Ironiquement, cela lui rappelait l’Ombre. Peut-être qu’il devait le faire ? Non, il n’avait pas le choix ! Il prit une profonde respiration, mettant le masque noir sur son visage alors qu’il se sentait déjà en train de changer. Quelques heures plus tard :

« C’est pour cela que le lieutenant Tery est donc retourné à Midès sous ordre du roi. »

« Mais alors qui sera notre cinquième lieutenant ? » demanda un soldat.

« Cela ne se voit-il pas ? Je serais votre cinquième lieutenant à compter d’aujourd’hui. »

« Comment doit-on vous appeler, lieutenant ? »

« Comme vous le désirez, appelez moi l’Ombre ou l’Homme, cela m’importe peu. »

L’Ombre ou l’Homme ? Ce type avec sa cape bleue et son masque noir avait une allure assez effrayante mais ils préféraient ne rien dire. Ils n’étaient pas là pour juger les personnes que le Roi envoyait. Seul Olin semblait un peu réticent à toute cette histoire. L’être encapuchonné s’approcha de lui, reprenant la parole :

« Il y a un problème ? Est-ce que ma présence te dérange ? »

« Non Lieutenant l’Ombre. Simplement que je ne m’attendais pas à ça. »

« Personne ne s’y attendait ! Bon, que tout le monde se prépare, je vais parler avec les autres lieutenants et le capitaine pour savoir les zones que nous inspecterons dans la journée ! »

Les soldats le saluèrent, même Olin faisait un effort pour cela. Pfff, c’était quoi ça ? Jouer un rôle différent du sien ne l’amusait guère. Il avait l’impression de leur mentir et ça ne lui plaisait guère. Il se dirigea vers la table des lieutenants, les saluant d’un bref hochement de tête avant de s’asseoir sur une chaise. Que ça soit eux ou les soldats, ils n’étaient guère convaincus par sa venue dans Leskar. Seul le capitaine semblait n’en avoir rien à faire. Il fut le premier à prendre la parole :

« Bon, les gars. D’après ce qu’on m’a dit hier, le lieutenant Tery et son groupe sont tombés sur un type vraiment louche. »

« Je confirme, y a le soldat Olin qui a encore quelques bandeaux sur le crâne. »

« Ouais et c’est pour ça que je vous ai réunis ici. Faites attention où vous mettez les pieds aujourd’hui ! On ne sait pas sur quoi on va tomber ! On a pas encore perdu de type, ce n’est pas pour que ça commence maintenant ! »

« Et pour les Gnomolds ? Hier, on a du en affronter quatre ou cinq et heureusement qu’un autre groupe n’était pas si loin de nous, sinon, nous serions déjà morts. Ils sont vraiment plus coriaces que ceux de Midès. » demanda l’un des lieutenants.

« Evitez les au possible, nous ne sommes pas là pour les affronter ou faire une chasse au Gnomold, simplement pour nous occuper de cette fichue créature ! Quand à toi, le nouvel arrivant, tu t’occuperas bien sûr du groupe séparé du lieutenant Tery. Pfff ! Il n’a même pas osé dire au revoir à sa propre mère, c’est n’importe quoi cette histoire ! »

Il savait parfaitement ce qu’il avait à faire, ce n’était pas cet homme qui allait lui dire ce qu’il avait à accomplir. Il se releva comme les autres lieutenants, chacun partant vers son groupe pour leur donner les consignes du jour. Peut-être qu’aujourd’hui serait une meilleure journée qu’hier. Ça ne pouvait pas être pire de toute façon ! Enfin, ça restait à voir. Il ne manquait plus que les Gnomolds partent dans tous les sens et cela pouvait très mal se finir.

« Olin, tu vas bien ? Tu te sens capable de nous suivre ou tu préfères te reposer ? »

« Ca peut aller, lieutenant l’Homme ! Vous en faites pas pour moi ! »

« Je ne m’en fais pas pour toi mais pour le groupe. Si tu es une plaie et une tare, il vaut mieux pour toi que tu restes en arrière plutôt que de nous gêner en te mettant dans nos pattes. »

OUILLE ! Ca faisait sacrément mal de dire ça au premier homme dans l’armée de Midès qui avait bien voulu de lui ! Mais… Il n’avait pas le choix ! Continuer à jouer son jeu jusqu’au bout. Olin resta interdit pendant quelques secondes, baissant la tête comme si il cherchait la réponse à une question qu’on ne lui avait pas posée.

« Je crois que finalement. Je vais rester ici. » murmura faiblement le jeune homme imposant.

« Cela vaut mieux oui. Bon ! Si tout le monde est prêt, on part dans moins d’une heure ! »

Les soldats le saluèrent alors qu’il retournait dans sa chambre, fermant celle-ci à clé avant de retirer son masque noir. Dès le moment où celui-ci fut posé sur le lit, il se sentit tout de suite mieux, bien mieux. C’était ça que l’Ombre ressentait à chaque fois ? Il avait envie de crier à la face du monde qui il était !

« C’est décidé ! Dès que je la retrouverais, je la forcerais à retirer ce foutu masque ! Quitte à perdre un bras dans l’affaire ! »

C’était décidé ! Il en était sûr et certain ! Il allait porter ce masque noir et voir à quel point l’Ombre souffrait en silence ! Lui aussi devait maintenant travailler sous une identité secrète ! Mais dès le moment où il la verrait, il allait briser ce masque et la voir sous sa véritable apparence, ses véritables pensées, TOUT ! Plusieurs coups arrivèrent à la porte, le capitaine parlant de l’autre côté :

« L’est l’heure, lieutenant ! Votre troupe vous attend à quelques mètres de l’auberge ! »

« Je termine une dernière chose et je descends tout de suite. » annonça Tery.

« Faites comme vous voulez mais dépêchez vous, mandaté par le Roi ou non. »

Pfff ! Il n’avait même pas le temps de souffler un peu ! Il reprit son masque noir, le mettant correctement su son visage avant de s’observer quelques instants dans le petit miroir posé sur la table de nuit. Vraiment, ce n’était pas son genre de jouer au justicier masqué. Il n’aimait guère se cacher de la sorte mais les règles étaient les règles. Et il devait les respecter. Il préférait éviter une nouvelle séance de fouet si possible, même si cela faisait déjà quelques temps, certains souvenirs restaient « vivaces » en lui.

Après une bonne dizaine de minutes, ils étaient maintenant en route pour inspecter la forêt avoisinante. Oui. Une simple mesure de précaution pour éviter de retomber sur cet homme masqué et blesser plus de personne. Le but n’était quand même pas d’emmener tout le monde à une hécatombe ensanglantée ! Ils ne remarquèrent pas qu’ils étaient suivis.

Cet homme. Qui était cet homme au masque noir ? Elle ne l’avait jamais vu auparavant ! Il était arrivé depuis quand ? Hier ? Et Tery ? Où était-il maintenant ? Elle n’avait aucune information à ce sujet et cela la mettait dans un état de stress difficile à contrôler. Et cet homme était inquiétant. On aurait pu croire à son Némésis. Cape bleue, masque noir. Il semblait si bizarre contrairement à elle.

« Je ne sais pas ce qu’il veut mais si. Non, ce n’est pas possible ! »

En y réfléchissant bien, l’Oracle lui avait déjà parlé de cette histoire ! D’autres personnes recherchaient les médaillons et elles étaient au service de personnes importantes comme le roi de Shunter. Celui-ci avait décidé d’attaquer le reste des pays du monde pour obtenir les différents médaillons. Dire qu’il y en avait une quinzaine au total, trois pour chaque pays. Mais ce n’était pas ça le plus important dans cette affaire.

« Ca sent l’humain par ici ! » murmura une voix criarde.

« Même un peu trop ! Ils sont là depuis pas mal de temps, héhéhé ! »

ZUT ! Des Gnomolds ! Elle grimpa à un arbre, se mettant de telle sorte qu’elle ne se fasse pas repérer par ces derniers. Elle vit passer au-dessous d’elle cinq Gnomolds, remarquant très vite la différence avec ceux qu’elle connaissait habituellement. Ces Gnomolds étaient recouverts d’armures de cuir et portaient des casques de même matériau. Au niveau des armes, cela était assez diversifié avec deux arcs, deux épées longues et des boucliers ainsi qu’une hallebarde pour celui qui semblait être le chef. Ce n’était pas normal.

« Ceux de la dernière fois. Non, la première fois. »

La première fois qu’elle avait rencontré Tery. Le Gnomold avait été si pathétique. Si vite mort, peut-être à cause de la surprise ? Ou alors elle était tombée sur le seul Gnomold un peu trop faible du clan ? Cette sensation bizarre. Ces Gnomolds n’étaient pas aussi pathétiques et idiots que les autres ! Léa lui avait pourtant dit non ?

« Ils, ils se dirigent vers ces hommes. »

Qu’est-ce qu’elle devait faire ? Si elle devait se débarrasser de quelques gêneurs en plus, cela ne l’embêtait pas mais de l’autre côté. Cela s’appelait de l’abandon pur et dur et elle n’aimait pas vraiment cette idée là ! C’était contraire à ses principes ! Elle commença à sauter d’arbre en arbre, n’ayant guère de mal à se déplacer à travers ces derniers. Cela requérait de l’entraînement et elle l’avait !

Enfin. S’ils avaient besoin de son aide à la base car elle ne s’était pas attendue à une telle chose de la part de ce groupe. Non, sincèrement, même si un des hommes était mort, les Gnomolds avaient été littéralement exterminés de part et d’autres. Le plus inquiétant était cet homme au masque noir. Ses sorts étaient puissants ! Des pieux de terre s’étaient plantés dans les deux archers tandis qu’il n’avait même pas cherché à sortir son arme. Même les soldats étaient impressionnés par cet homme.

« Euh Lieutenant, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda l’un des hommes.

« On s’occupe seulement des intrus ou plutôt des espions. Il y a une présence près de nous. J’arrive même à la sentir ! LA ! » s’écria l’homme masqué de noir.

Il pointa une main vers un arbre, faisant apparaître un pieu de pierre qui alla se planter dans l’écorce de l’arbre. C’était quoi ça ? Comment avait-il fait pour le repérer ? Ce n’était pas un homme normal ! Neel se mit à sauter d’arbre en arbre, s’éloignant le plus rapidement de cet endroit en faisant attention à ne pas être suivi.

« Qui était-ce ? Lieutenant l’Ombre ? C’était un Gnomold ? »

« Je ne sais pas mais il ne nous importunera plus dorénavant. » répondit calmement Tery.

« Vous avez réussi à le tuer ? Vous êtes vraiment précis ! » annonça un second soldat.

« Il en est rien. Je l’ai simplement mis en garde. Il évitera de nous suivre. Bon, nous nous remettons en route, nous n’avons pas de temps à perdre. Il faut que nous trouvions absolument quelque chose à rapporter pour ce soir. Il n’y aura pas une minute de repos, je tiens à le signaler. Avançons. Et pour les Gnomolds, laissez leurs cadavres. Cela servira de messages pour les prévenir de ne pas nous provoquer ou nous menacer. »

Il avait réussi à mettre le maximum de distance entre lui et cet homme. Comment ça ? Non ! Sa main droite tremblait. Ses deux mains tremblaient ?! Cet homme, il était effrayant. Encore plus que les demandes de l’Oracle. Si cet homme était son ennemi alors il n’avait que peu de chance d’arriver à le battre. Son ennemi comme les soldats du roi de Shunter. Tout un royaume contre lui. Heureusement qu’il était encore assez discret pour l’instant mais pour combien de temps ?

Cette sensation de puissance. Il savait pertinemment qui il avait réussi à viser. L’Ombre le suivait mais il avait osé l’attaquer ? C’était… Il ne savait pas comment l’exprimer. Avec ce masque noir, il avait l’impression d’être si puissant. Rien à voir avec sa magie défaillante. Enfin, il faut dire aussi qu’à la base, il s’était quand même amélioré depuis le temps mais la différence était visible. Face à ce groupe de Gnomolds, ça s’était très vite terminé.

Qu’est-ce qu’il devait faire ? Retourner là-bas et recommencer à les suivre ? C’était maintenant très risqué,, bien trop risqué. Mais il avait le sentiment que cet homme savait où il devait se rendre. Le médaillon était proche, très proche, à portée de main. Ce qu’il devait faire consistait simplement à les prendre de vitesse. Bon ! Il n’avait pas le choix ! Partir à leur poursuite et dès qu’ils trouveraient des indices, les récupérer à son compte !

Pourquoi depuis qu’il avait ce casque noir sur le visage, tout lui semblait si clair ? Il se disait que le médaillon ne devait pas être n’importe où. En y réfléchissant bien, perdre son temps à rechercher le médaillon était une mauvaise idée. Il suffisait simplement de se mettre à la recherche des Gnomolds. Comme ils connaissaient mieux les environs, ils devaient surement être au courant de tout ce qui se passait.

Maintenant, il suffisait de repérer simplement les traces de Gnomold, chose bien plus simple que de trouver des traces d’un être qu’ils ne connaissaient pas. Il signala ce qu’il comptait faire aux autres soldats, ces derniers hochant la tête d’un air craintif. Ils préféraient ne rien dire après les quelques démonstrations qu’il avait exécuté. Il était vrai qu’il avait été assez effrayant sur le moment.

« Cela ne devrait pas être trop long… » murmura faiblement Tery.

« Tout dépend, lieutenant. Si nous suivons toutes les traces de Gnomold que nous trouvons, nous allons perdre beaucoup de temps. » répondit un soldat.

« Inutile de me proposer de nous séparer. Contrairement à moi, il y a de fortes chances que vous ne soyez pas capables de vous débrouiller seuls si vous vous faites attaqués. »

« Je, je n’ai jamais dit ça, lieutenant ! » bredouilla le même soldat.

« Non mais il est facile de le penser, il vaut mieux prévoir à l’avance. »

Il soupira légèrement, accélérant le pas. Les traces de Gnomolds étaient de plus en plus nombreuses et il était sûr qu’ils s’approchaient de l’antre de ce monstre. Et il avait raison puisque des cris se firent entendre tout autour d’eux, des cris vite repris par un ou deux soldats qui semblaient apeurés.

« Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Ce sont des Gnomolds ! Ils sont tout autour de nous ! » hurla un second.

« Calmez-vous. Ils ne sont pas là pour nous. Je crois que nous avons trouvé ce que nous voulions. Regardez-moi ça. » murmura l’être masqué de noir.

Il s’avançait à pas de loup vers une clairière, du moins, un endroit où il semblait que les arbres s’arrêtaient de pousser. Et pour cause ! Une sorte de trou dont la profondeur n’était pas à douter se trouvait au beau milieu de la clairière. Un trou dans lequel de nombreux Gnomolds descendaient, des escaliers et des échelles de fortune ayant été crée pour leur permettre de ne pas atterrir au fond d’une façon douloureux.

Ce fut à ce moment qu’un bruit effroyable se produisit, provenant du trou. Plusieurs Gnomolds furent expulsés de ce dernier, retombant tout autour, leurs corps brisés et sans vie tandis que les autres s’étaient mis à trembler, paralysés par la peur. Paralysés comme eux. Paralysés comme lui. Il n’arrivait pas à y croire. C’était quoi ça ?! Qu’est-ce qu’il y avait à l’intérieur ?! Il murmura d’une voix faible :

« On s’éloigne d’ici et vite. On prend toujours le même chemin. Que l’un d’entre vous tente de nous repérer. Je crois que nous venons de le trouver et autant dire que cinquante soldats ne seront pas suffisants et les Gnomolds vont être de la partie. Il va falloir que l’on prévienne l’armée de Shunter. Les renforts risquent d’être nécessaires et obligatoires. »

Le groupe s’éloigna peu à peu de cet endroit, faisant attention à ne pas rencontrer de Gnomolds sur son chemin. L’Ombre ne devait pas découvrir cet endroit. Surtout pas. C’était beaucoup trop dangereux pour cinquante personnes alors pour une seule.

Chapitre 37 : Cache-cache et indices

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Cache-cache et indices

« Alors, Lieutenant Tery, vous et votre groupe, vous allez vous occuper de cette partie de la montagne. Lieutenant Lano, vous allez… »

Chacun était assigné à sa place, le capitaine du régiment s’étant mis à donner des ordres dans tous les sens tandis que Tery poussait un léger soupir. Il était resté quelques minutes dans les bras de sa mère puis ils avaient discuté de tout, de rien et de l’Ombre. L’Ombre… Ah ! Rien que le fait d’y penser lui apportait de la mélancolie. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait triste. Sa mère l’avait rencontré et elle ne semblait pas avoir changé après cette apparition. A part physiquement, bien entendu. Néanmoins, sa mère avait été surprise de l’entendre l’appeler comme ça et il s’était demandé si elle ne connaissait pas plus de choses au sujet de l’Ombre que lui-même.

« Lieutenant Tery, lieutenant Tery ? Vous dormez encore sur place ! » cria une voix.

« AH ! Olin ! Pardon, pardon. J’ai la tête dans les nuages, je suis désolé. »

« Ca ne fait rien, je vais pas vous embêter plus que ça ! Moi et les autres, on attend vos ordres avant de partir. On ne voudrait pas commencer la recherche sans vous. »

« Aucun problème, aucun problème. Bon, suivez-moi, on se met tout de suite en route. On ne va pas perdre plus de temps que ça. » murmura Tery.

Il toussa, passant une main dans ses cheveux avant de se dire mentalement de ne pas être malade. Cela ne devait pas se produire en mission ! Surtout pas dans son village natal. Il devait quand même montrer ce qu’il était devenu et ce n’était pas en étant allongé sur un lit, malade comme un chien. Il observa combien de personnes il avait avec lui et il poussa un petit soupir : une dizaine. Comme avant contre le Glumarx. A part Olin et lui-même, il n’y avait personne qu’il connaissait, chose normale. L’armée était très grande et surtout assez dispersée. Il était rare que les personnes restent ensemble, sauf lorsqu’il s’agissait de combattre en-dehors du royaume. Combattre en-dehors de Shunter ? Hum. Il n’y avait jamais réellement réfléchi. Il connaissait à peine son royaume alors les autres…

« Euh lieutenant, que faisons-nous ? » demanda Olin.

« Hein ? Que ? Euh, je l’ai dit pourtant, nous nous en allons maintenant. »

Il avait l’impression de se répéter mais visiblement, c’était lui qui était en faute. Il semblerait qu’il avait eu encore une petite absence. Cela devenait un peu trop fréquent à son goût. Etait-il vraiment en train de perdre la tête ? Il préférait éviter d’y penser mais est-ce qu’il avait le choix au final ? Loin de là.

« Bon, on va faire comme le capitaine l’a dit mais on reste tous ensemble. Il vaut mieux ne pas se perdre. Les Gnomolds de cette région sont bien plus dangereux que ceux près de Midès ou de vos villages. Je le sais très bien. »

Oh que oui. Il le savait plus que bien. Ces Gnomolds étaient horribles et puissants. Rien à voir avec ceux de Midès ou de la région. Non, il s’était trompé. Ce n’était pas ceux de la région, le problème. C’était ceux non-loin de Leskar. Les plus dangereux qu’il connaissait. C’était pour ça qu’il préférait faire ses recherches à pas de loup et discrètement. S’ils devaient tomber sur ces Gnomolds, les ennuis arriveraient à la vitesse grand V.

Ah ! L’air de la montagne. Depuis combien de temps n’avait-il pas pu le respirer ? Il se posait la question alors qu’il servait plus de guide envers le reste de son équipe que de lieutenant. Oui, il connaissait quand même l’endroit où ils allaient, ceux où les Gnomolds ne mettaient jamais ou trop rarement les pieds. C’était ainsi depuis que son père était mort et qu’il préférait ne plus chercher à se battre ou à s’entraîner.

« La première chose qu’il faut se dire, c’est qu’il existe des petites parties de la montagne où la végétation est importante. Certains pans sont recouverts d’arbres et même si ils vous font peur car ils sont penchés dangereusement en avant, il ne faut pas s’inquiéter. Les racines sont solidement ancrées dans le sol et il n’y a pas avoir peur que les arbres vous tombent sur la tête. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

« Vous semblez vraiment vous y connaître, lieutenant. » répondit Olin.

« Que veux-tu que je te dises ? J’ai vécu ici pendant des années, c’est normal non ? Bon, suivez-moi, on est encore loin d’en avoir terminé si on doit faire toute une partie. Par contre si vous le pouvez, surveillez donc les traces de pas au sol. »

« Pour voir si des Gnomolds sont déjà passés par là. »

Il hocha la tête d’un air affirmatif pour dire que c’était bien le cas, le groupe se dirigeant vers une verte prairie se trouvant à l’est du village de Leskar. Là-bas, l’air était souvent parcouru par une odeur de sang animal. Le sang des pauvres créatures qui rencontraient les Gnomolds. Ah ! Ce n’était pas l’heure de s’apitoyer ! Plusieurs heures passèrent et la journée était maintenant bien avancée, au contraire de leurs recherches.
Il n’y avait rien : rien du tout, aucune information, aucune trace de pas ou autre pour leur donner la moindre miette d’information au sujet de cette créature. Il poussa un profond soupir de désarroi, avant que l’un de ces hommes ne pousse un cri. Enfin hommes, c’était plutôt une femme dans ce cas précis. Tous s’étaient retournés vers elle, s’approchant pour voir ce qui se passait.

« Des traces de pas ! Ce sont… des… » balbutia t-elle.

« Oui, des traces de pas, je confirme mais il n’y a pas besoin de s’exciter ainsi non plus hein ? Ce n’est pas les premières que l’on découvre. » répondit un autre soldat.

« Attendez… Ce sont des traces de pas humain et elles sont fraîches. Or, normalement, nous sommes les seuls à être ici. Et je ne crois pas que nous soyons passés par là auparavant. Du moins pas récemment… » murmura Tery.

« Qu’est-ce que cela veut dire, lieutenant Tery ? »

Qu’est-ce que cela voulait dire ? C’était simple. Très simple. Quelqu’un était en train de se balader dans la montagne et d’après les pas, il était seul. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour ça ! Surtout que les Gnomolds étaient dans un état d’excitation et d’énervement bien plus grand que d’habitude d’après les villageois de Leskar.

« Bon changement de plan. On va essayer de retrouver ce pauvre fou qui se balade dans la montagne avant qu’il ne soit trop tard. Les autres auront surement plus de chances de trouver des informations sur notre mission. D’un autre côté, on s’ennuie, faut pas se mentir alors bon, ça nous occupera. Y a aucun problème à ça ? »

Olin et les autres hochèrent la tête pour acquiescer à ses propos tandis qu’ils se remettaient en route, suivant les traces de pas humain de la meilleure façon possible. Pfiou. Des traces aussi visibles, cela était presque une erreur de la part de cette personne de les laisser. Soit, elle n’était pas au courant qu’elle laissait des traces, soit c’était un piège. Autant imaginer le premier, ça serait moins stressant.

« Pourquoi, pourquoi a-t-il fallut qu’elle le dise à Tery ? Pourquoi ? »

Elle marchait d’un pas vif sur le flan de la montagne, s’étant juste préoccupée de ne pas partir dans la même direction que ces groupes de gardes. Ils étaient bien une cinquantaine d’après le rapide calcul qu’elle avait fait ! Rien n’allait ! Elle devait se dépêcher de trouver ce médaillon, le plus rapidement possible et ensuite de partir du village ! Dire qu’elle ne pouvait même pas se rendre dans une auberge ! Un type avec un masque blanc sur le visage, ça n’allait pas passer inaperçu ! Elle tapa dans un caillou, l’envoyant au loin tout en poussant un profond soupir. Non, vraiment, elle n’avait pas de veine ! Elle se retrouvait dans une petite partie boisée, elle n’avait même pas remarqué qu’elle avait pénétré dans cet endroit. Et voilà qu’elle était presque perdue.

« Les traces continuent jusqu’ici, lieutenant Tery ! » cria un soldat.

« Faites attention. Je ne voulais pas le dire mais c’est peut-être un traquenard. »

« Mais ce ne sont pas des traces de Gnomolds. » reprit un second soldat.

« Je ne veux pas dire ça. Mais peut-être que certains groupes ne sont pas aussi clairs qu’on pourrait le penser. Enfin faites attention, c’est tout. »

Que … Que ? Tery était là ? Elle tourna brièvement sa tête vers l’endroit d’où provenaient les voix, remarquant le jeune homme aux cheveux bruns. Il n’avait pas changé. Enfin si. Il semblait plus sérieux et plus calme mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle n’allait pas se présenter à lui ! Elle se retourna vivement, faisant quelques pas avant d’entendre un craquement. Baissant la tête, elle remarqua qu’elle venait de marcher sur une brandille. Rapidement, tout le groupe de soldats s’était mis à réagir.

« Qu’est-ce… qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda un soldat.

« Ca provenait de là ! J’y vais ! » s’écria un second.

« Hey ! Restez tous ensemble ! Et mer… Dépêchez vous ! On le suit ! »

La dernière voix était celle de Tery alors qu’elle s’était mise à courir à toute allure, entendant les bruits de pas derrière elle. Pourquoi ? Pourquoi autant de malchance sur le moment ? Elle n’avait rien fait de mal pourtant ! Pourquoi la déesse la faisait tellement souffrir ? Plus les secondes s’écoulaient, plus la distance se réduisait entre elle et ses poursuivants.

L’Ombre. C’était l’Ombre ! Il l’avait reconnue dès l’instant où il l’avait aperçue. Cette démarche, cette façon de courir. Tout ! Même sa cape brune ! Il l’avait reconnue si facilement ! Cela faisait à peine un mois voire un peu plus qu’ils ne s’étaient plus vus mais il s’en rappelait comme si c’était hier L’Ombre était là !

« Qu’est-ce que type a à s’enfuir comme ça ? » cria un soldat.

« C’est clairement louche comme attitude ! Je vais l’arrêter avec un petit javelot de glace ! »

L’une des femmes posa deux doigts au niveau de sa bouche, des veines bleues apparaissant sur le dos de sa main alors qu’un petit souffle glacé sortait de ses lèvres. Quelques instants plus tard, un pieu de glace avait fait son apparition, fusion d’un air froid et glacial combiné à de l’eau sortie de ses doigts. Tery s’écria subitement :

« Mais qu’est-ce tu fous ? On n’est pas là pour la blesser ! »

« Je veux simplement l’arrêter ! Je ne vais pas tenter de le tuer, simplement de l’immobiliser et de lui faire peur, lieutenant Tery ! » répondit la femme.

« NON MAIS ARRÊTE ! » hurla-t-il en tentant de l’arrêter.

C’était déjà trop tard et le pieu quitta la main de la femme, se dirigeant à toute allure vers l’être à la cape brune. Celui-ci se retourna vivement, laissant voir son masque blanc à Tery et au reste de la troupe. Ses yeux bleus se posèrent quelques instants sur Tery et il cru discerner un sourire invisible sur ses lèvres. Neel fit un pas de côté, évitant le javelot de glace tout en commençant à faire quelques mouvements. Tery cria à nouveau :

« Faites attention ! Cachez vous les yeux maintenant ! »

Il connaissait assez facilement ce qu’elle comptait faire. Il se rappelait de tout ! C’était ainsi qu’ils échappaient aux Gnomolds quand ils étaient trop nombreux ! Du moins, c’était la technique qu’elle utilisait … Il se retourna rapidement, Olin faisant de même ainsi que deux autres personnes de son groupe. Une flèche partie dans les airs, brillant d’une forte lumière avant d’éclater en morceaux. Elle aveugla le reste du groupe qui poussa des cris tandis qu’il retirait la main de ses yeux. L’un des soldats dit :

« Désolé. Mais ça s’arrête ici. Rends-toi et nous ne te ferons aucun mal. »

« C’est à moi d’être désolé. Je n’ai pas de temps à perdre. La prochaine fois, je ferais tout simplement plus attention à mes pas. » murmura la personne masquée.

« Olin. Accompagne-moi ! Les autres, occupez vous donc de ceux qui se sont fait aveugler. On ne va pas la laisser s’échapper ! » répondit Tery.

Hey ! Elle aurait du s’en douter. Tery avait bien appris ses leçons. Il savait parfaitement que dès l’instant où elle sortait son arc, elle utiliserait la magie. Etait-elle aussi prévisible que ça ? Elle se le demandait mais avant, elle devait s’éloigner ! Elle reprit sa course, ne se préoccupant plus des militaires et de Tery, faisant disparaître son arc comme auparavant. Bon ! Maintenant qu’ils étaient occupés ou presque, elle quitta le petit bois, observant brièvement derrière elle pour voir si Tery et le dénommé Olin s’étaient mis à la suivre.
Malheureusement, c’était le cas et elle poussa un léger soupir de désarroi. Qu’ils étaient collants quand ils s’y mettaient ! Elle s’arrêta, leur faisant face tandis que Tery et Olin faisaient de même. Le jeune homme aux cheveux bruns sortit ses deux griffes, observant Neel longuement. Ah, s’il n’y avait pas eu Olin, il y aurait longtemps qu’il se serait déjà arrêté de combattre. Il reprit la parole :

« On s’est assez amusés. Maintenant, si tu veux bien venir avec nous. »

« Comme je l’ai dit, il y a quelques instants, je ne suis pas encore prêt à… »

« Est-ce que vous vous connaissez tous les deux ? »

Tery s’immobilisa, tournant brièvement son visage vers Olin qui avait posé cette question. Est-ce qu’ils se connaissaient ? AH ! Plus que ça ! Sa relation avec l’Ombre était bien plus grande qu’il ne pouvait jamais le penser ! Mais cela ne devait pas être connu du public. Il alla lui répondre d’une voix calme :

« Malheureusement, non. Mais quelqu’un qui s’enfuit, qui nous aveugle et qui cherche à nous éviter, je ne pense pas que ça soit un enfant de chœur. »

« Il y a bien des choses auxquelles vous ne pensez pas… » souffla l’Ombre.

« Tiens donc… Et qu’est-ce donc alors ? » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

Ils se regardèrent en chiens de faïence pendant de longues secondes, Olin ne sachant que faire à ce moment là. Son lieutenant se comportait bizarrement face à ce type au masque blanc. Peut-être qu’il avait un problème avec lui ? Si c’était le cas, alors …

« Vous vous ne vous en prendrez pas au lieutenant ! Je vous en empêcherais ! »

« Qu’est-ce qu’il… HEY ! Ton camarade s’excite un peu trop ! » cria Neel.

« Olin ! Arrête-toi au lieu de commettre une bêtise ! »

Mais c’était visiblement impossible de le stopper. Le jeune mais imposant homme aux cheveux noirs s’était mis à courir vers Neel, son épée longue en avant dans sa main droite, des veines bleues apparaissant sur son poignet. Neel alla réagir au quart de tour, sortant son arc en le pointant vers Olin. Tery cria de toutes ses forces en lui demandant de ne pas faire cette bêtise mais déjà, l’arc se banda avec une flèche.

Olin s’écroula au sol, un léger filet de sang s’écoulant de son front tandis qu’au niveau de ses pieds se trouvait une petite flaque verglacée. Il était tombé à cause de cette dernière, percutant une pierre au niveau du front. Il était tout simplement évanoui et sa blessure au front n’avait rien de grave. Plus de peur que de mal sauf…
Sauf que l’Ombre venait de faire quelque chose qui ne lui plaisait guère. Se redressant après avoir vérifié l’état d’Olin plongé dans l’inconscience, il serra les dents, cherchant les mots qu’il allait prononcer. Il aurait aimé que cela arrive à un autre moment mais bon. Finalement, il alla dire d’une voix qui se voulait neutre :

« Ca va ? Ca faisait longtemps, non ? »

« Qu’est-ce que c’est que ces paroles, Tery ? Tu me parles comme à un bon ami ? »

« Calme, calme-toi. Disons que j’ai réfléchi un peu à tout ce qui s’est passé. Et je suis au courant pour mes lignes noires. » répondit le jeune homme.

« Au courant ? A quel sujet ? Qu’est-ce que tu sais ? »

Est-ce quelqu’un lui avait parlé au sujet de ces lignes ? Cette personne devait être sacrément renseignée et courageuse pour oser discuter de ces lignes sauf si elle les possédait elle-même. Est-ce qu’elle ne voulait pas paraître surprise mais sa voix trahissait ses pensées ? Elle tremblait légèrement avant de bredouiller.

« Alors qu’est-ce que tu sais, Tery ? Ne me force pas à me répéter. »

« Les lignes du Dieu Alzar pour moi et les lignes de la déesse Zélisia pour toi. Est-ce que je me trompe ou alors j’ai raison, l’Ombre ? »

« Totalement raison. Tu as totalement raison et après ? Qu’est-ce que cela te fait de savoir ça ? Qu’est-ce que cela t’apporte ? »

« Rien du tout. Simplement, je comprends un petit peu mieux pourquoi tu as fait ce geste envers moi. C’est normal lorsqu’on sait ce que je suis. »

Qu’est-ce qu’il voulait ? Qu’elle le prenne en pitié ? C’était hors de question. Il devait simplement éviter de rester trop longtemps ici. Par simple mesure de précaution. Elle devait le mettre en garde contre tout ce qui allait lui tomber dessus s’il continuait sur cette voie. Elle ne voulait pas que Léa soit triste de perdre le dernier membre de sa famille.

« Tu ferais mieux de partir de cet endroit et d’emporter ta mère avec, Tery. »

« Hum ? C’est vrai que tu as fait connaissance de ma mère. Je tiens à te signaler qu’elle était vraiment différente de ce qu’elle est maintenant. Tu lui rajoutes trente à quarante kilogrammes et c’est à peu près ce que je voyais tous les jours. »

« Essaye d’avoir un peu plus de respect pour elle ! Elle, Elle t’adore ! » cria Neel.

« Et tu crois que je ne l’aime pas ? Mais pourquoi on parle de ça ?! Ca ne te concerne pas ! Je ne sais même pas ce que tu fais ici réellement ! Raconte pourquoi tu es dans mon village, tu dois bien avoir une raison non ? »

« Car je suis à la recherche du dernier médaillon qui se trouve dans le royaume de Shunter. Et devine quoi ? Il y a de fortes chances que la créature qui le possède soit la même qui vous cause des soucis. C’est pourquoi je suis ici. Je ne pensais pas vraiment que j’allais tomber dans ton village mais il risque d’avoir de sérieux ennuis d’ici quelques temps. Vu l’attroupement tout autour du village, ce n’est plus qu’une question de jours avant… »

« Que les Gnomolds deviennent complètement fous. Je le sais très bien. »

« Non. C’est encore pire que cela. Si utilisé à mauvais escient, le médaillon peut conférer une puissance bien trop grande pour la créature qui la porte. C’est pour cela que je suis l’une des seules personnes capable de prendre le médaillon et d’utiliser ses pouvoirs. »

« Comme par hasard. Enfin, on en est au même point non ? » dit le jeune homme.

Neel hocha la tête pour dire que oui avant de se retourner. Il s’apprêtait à partir, il valait mieux pour lui qu’il ne reste pas plus longtemps ici. Il se sentait mal à l’aise avec Tery dans les parages. Celui-ci s’était agenouillé, passant une main sur le sang séché d’Olin alors que des voix se faisaient entendre derrière eux.

« Ils sont en route. Ils arriveront bientôt. » murmura Tery.

« Ne te met pas en travers de ma route, Tery, c’est tout ce que je te demande. »

« Si ce sont les ordres de l’armée et du royaume de Shunter, j’y obéirais. »

« Quitte à devenir un monstre, c’est cela ? Tu es tombé bien bas, Tery. »

« Non, nous avons simplement pris des voies différentes. Je te l’ai pourtant dit. Même si je t’ai pardonné pour ton geste, tu as quand même essayé de me tuer, l’Ombre. »

« Et heureusement, je n’y suis pas arrivé. » souffla l’être masqué.

Hum ? Il paru surpris par la dernière phrase mais Neel s’était mis à sortait une main gantée de rouge de sous sa cape, la posant sur ses deux pieds. Une légère lueur blanche et dorée alla entourer ses chaussures alors qu’il ne comprenait pas ce qui se passait. Qu’est-ce qu’il allait faire maintenant ? Disparaître comme ça ? Et ce fut pourtant le cas. A une vitesse prodigieuse, Neel s’était mis à courir à toute allure, se retirant au loin alors que Tery voulait lui crier quelque chose sans y arriver. C’était ainsi que ça devait se terminer ? Déjà, la troupe qui accompagnait Olin et Tery se présenta derrière eux :

« LIEUTENANT TERY ! LIEUTENANT ! Vous allez bien ? »

« De mon côté ça l’est mais Olin est légèrement blessé au front. On rentre. »

« Mais cette personne, ce type au masque blanc, où est-ce qu’il est passé ? »

« Je ne crois pas que ça soit le moment de le chercher. On retourne à l’auberge. Il faut s’occuper de ceux qui sont blessés ou aveuglés. Enfin, ça doit être terminé de ce côté non ? Vous n’avez plus mal aux yeux ? » demanda le jeune homme.

Les différentes personnes visées hochèrent la tête d’un air négatif pour dire qu’elles ne souffraient plus tandis qu’il demandait de l’aide pour soulever Olin. L’Ombre. Il l’avait finalement revue après plus d’un mois ? Son caractère avait changé complètement. Ce n’était plus réellement la personne enjouée qu’il connaissait. Etait-ce parce qu’ils étaient maintenant ennemis ? Il eut une petite pointe au cœur, le groupe se dirigeant vers l’auberge.

Chapitre 36 : Retour à la maison

ShiroiRyu
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Dernière partie : Blanc et noir

Chapitre 36 : Retour à la maison

« Je… Je n’ai pas vraiment l’habitude de prendre des transports. » bredouilla Tery.

« Ca se voit, Lieutenant ! Vous êtes tout pâle ! »

Il se sentait un peu mal. Il fallait dire que même s’il se retrouvait dans une charrette, celle-ci était tirée par deux chevaux bicéphales et à la crinière de feu. Ils étaient peut-être une dizaine dans cette charrette et il y en avait quatre autres à côté d’eux. A cause des routes parsemées de cailloux, la charrette était parcourue par de nombreux tremblements et ce fut cela qui gênait Tery. Le jeune homme aux cheveux bruns hoquetait quelques fois, une main posée devant sa bouche alors qu’Olin était assis à côté de lui. C’est vrai qu’il était pâle… si pâle… comme s’il avait envie de vomir. Néanmoins, il se retenait pour ne pas répugner les quelques personnes autour de lui.
Pourquoi se trouvait-il dans cette charrette et où se dirigeait-elle ? C’était simple, très simple. Elle allait vers le village de Leskar, SON village natal ! Son village qu’il avait quitté depuis plusieurs mois ! Il s’était contrôlé difficilement lorsqu’il avait lue cette lettre de sa mère. L’Ombre était chez elle. Il n’y avait pas cru au départ mais maintenant s’il pouvait la revoir, alors tout changeait ! Mais avant cela, il y avait encore pas mal de choses à faire. Comme la mission pour laquelle on l’avait envoyé.

« Dites, lieutenant, ça fait quoi de retourner chez soi ? »

« Comment ça ? Qu’est-ce que ça me fait ? Disons que, je ne sais pas. Je sens que je vais me faire secouer comme un prunier par ma mère lorsqu’elle me reverra. Peut-être que je lui ai envoyé de l’argent mais ce n’est pas pour ça qu’elle me pardonnera je pense. Je suis quand même parti pendant tellement de temps et sans la prévenir. Je pense qu’elle doit être sacrément en colère. En fait, je me demande ce qui me fait le plus peur : la raison de notre envoi à Leskar ou alors ma propre mère. »

« Faut pas dire ça, Lieutenant ! Votre maman vous aime beaucoup ! J’en suis sûr ! Dommage que les autres n’aient pas pu venir avec nous. »

« Ils sont envoyés dans d’autres endroits. Shunter ne résume pas à Midès et Leskar, ça me fait penser que je devrais voir un peu mieux la carte de notre royaume. Dites, vous avez une carte de la région ? Ou de notre royaume ? Qu’importe ! Tant que c’est une carte. »

L’une des personnes observa les autres avant d’émettre un petit rire, lui envoyant une carte tirée d’un jeu. Une carte représentant un Gnomold avec le chiffre deux au-dessus de lui. Rapidement, d’autres rires se firent entendre quelques instants plus tard alors qu’il se mettait à soupirer, un sourire aux lèvres, reprenant d’une voix calme :

« Plus sérieusement ? Vous n’en avez pas une ? Ca me serait vraiment utile. »

Quelques secondes plus tard, il se retrouva avec un rouleau de papier jauni dans les mains, le dépliant tandis qu’Olin et lui se mettaient à le lire avec un certain intérêt. C’était donc une carte de Shunter. Avec les grandes villes marquées dessus. Comme il aurait dû s’en douter, il n’y avait pas le village de Leskar. Mais à côté, il savait maintenant que Midès se trouvait vers le côté ouest du royaume. Tiens, c’était lui où il n’y avait même pas le nom des frontières avec les pays voisins de Shunter ? C’était pour cela que l’Ombre lui avait dit que Midès était la capitale monde ? Car Shunter était l’unique ville plus qu’importante sur cette carte ? Mais il était sûr et certain qu’il y avait d’autres pays ! Enfin bon, ce n’était pas le moment de penser à ça. Donc Midès sur le côté Ouest… HEY ! Olian ! Il y avait le fleuve Olian vers le sud-est de la carte ! Il n’était pas à la frontière mais il fallait se dire qu’il n’en était pas loin … En fait, il continuait même sa route hors de la carte ?

« Olin, tu vois ce fleuve ? Olian ? Et bien, c’est près de là que j’habite. Le village n’est pas marqué mais ce n’est pas forcément très grave ou important. » annonça le jeune homme.

« Olin… Olian… Faudra que je demande à Maman et Papa s’ils m’ont appelé comme ça à cause de ce fleuve. Peut-être qu’ils savaient que j’allais manier l’eau ? »

« Je ne peux pas répondre à leur place. Enfin bref… Donc le village de Leskar se trouve près du fleuve mais il nous est interdit d’accès car il y a une très grande tribu de Gnomolds pas très loin du fleuve. Il faut vraiment y faire attention, celui qui dirige cette tribu est connu de tous et de toutes, j’en suis sûr et certain ! » reprit Tery avec entrain.

« Euh… C’est quoi son nom, Lieutenant Tery ? Car moi, je ne le connais pas. »

Heu. Il observa Olin à travers ses yeux verts, comme pour réfléchir à la question. Est-ce qu’il se rappelait du nom de ce chef ? Cela était difficile, très difficile mais il faisait de son mieux pour ressasser ses souvenirs, s’il voulait bien sûr qu’ils reviennent. Il fronça légèrement les sourcils, se tenant la tête entre les deux mains avant de pousser un petit cri de désespoir :

« Non ! Vraiment ! Ca ne me dit rien du tout ! Je suis désolé, Olin mais je pense qu’on aura notre réponse que lorsque nous arriverons à mon village. Il n’y a pas trente six mille solutions de toute façon. Bon. Recommençons la lecture de cette carte, ça ne peut pas me faire du mal à la base. C’est à peine si je connais l’endroit d’où je proviens. »

« Faut pas dire ça, lieutenant Tery ! Moi non plus, j’y connais pas grand-chose vous savez ? »

« Si tu le dis. Enfin bon. Continuons voir cette fameuse lecture… »

Le royaume de Shunter n’était qu’un simple royaume. Il ne semblait pas y avoir de comtés ou de régions pour définir telle ou telle partie. La seule autorité semblait être celle du roi et son armée. Hum, bien entendu, il y avait quelques petits groupes armés comme la milice de son village mais ils devaient payer un droit d’exercer cette profession. Ce droit pouvait être nul si le groupe travaillait pour une ville ou un village. En quelque sorte, cela semblait être une délégation de pouvoir militaire pour éviter de trop s’embêter avec toute cette histoire. Mais ce qui était le plus étonnant, ce fut d’avoir ces informations sur une carte. Il y avait plusieurs noms comme la Confrérie des lames flamboyantes, la guilde des chapeaux éthérés et diverses autres choses. Il se tourna vers l’homme qui lui avait donnée la carte, lui demandant avec interrogation :

« Pourquoi il y a tous ces noms ? Ca gâche la moitié de la carte. »

« C’est simplement pour me souvenir des différents groupes que je connais, rien de plus. J’en ai fait partie de l’un ou deux donc je devais juste me rappeler de tout cela en temps et en heure à certains moments. Il n’y a rien de bien surprenant au final. T’as fini avec ma carte ? »

Oui. C’était bon. Il avait simplement vu les quelques grandes villes, le nom des organisations ou guildes chargées de faire régner l’ordre et la justice et aussi de remarquer que Midès se trouvait plus à l’ouest voir nord-ouest du royaume de Shunter qu’il le pensait. Enfin bon par rapport à Leskar, c’était assez compliqué mais est-ce que le royaume était plus petit qu’il ne le pensait ? Ou alors cette carte était très mal dessinée ? Et est-ce que l’Ombre l’avait réellement emmené jusqu’à Midès ? Pendant tout ce temps ? Il était sûr de se trouver dans la capitale mais tout était si bizarre. Est-ce que l’Ombre lui avait menti sur toute la ligne ? Peut-être qu’elle l’avait endormi pendant plusieurs jours ? Une telle distance en aussi peu de temps. Ou alors … pfiou… Il ne comprenait plus grand-chose à tout ce qui se passait autour de lui. Il devait y réfléchir mais plus tard.

« On arrivera d’ici quelques jours non ? Je me demande quelle sera sa réaction. »

« De votre mère, lieutenant ? C’est vrai que d’après ce que vous dites, elle n’a pas l’air commode. Mais bon, ça, c’était avant votre départ, non ? »

« Hein ? Ma mère ? Que quoi ? Euh… » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

« Ben oui, votre mère ! Vous rêvassez, lieutenant Tery ! »

Il bafouilla quelques excuses, passant une main dans ses cheveux bruns. Ce n’était pas vraiment qu’il rêvassait. En fait, il s’était trompé de personne. Il pensait plutôt à la réaction de l’Ombre lorsqu’elle allait le revoir. Depuis qu’il avait quelques informations au sujet de ses lignes noires comme leur origine. Il se disait qu’il pouvait un peu comprendre les gestes qui avaient poussé l’Ombre à l’attaquer. C’est vrai quoi. Le temps passa et Olin vint crier :

« Hey ! Lieutenant Tery ! On est arrivés à l’auberge pour la nuit ! »

« Hein ? Ah oui… Tu as entièrement raison. Bon ben, je ne suis pas contre le fait de descendre de cette foutue charrette ! Ce n’est pas que ça me fait mal au dos, mais ça n’en est pas loin. Bon. Je pense que je vais encore passer sur la boisson ce soir. »

« Mais je n’ai même pas propo… » commença à dire Olin.

« Simple mesure de précaution, Olin. Je vais plutôt aller dans ma chambre et continuer à préparer ma magie terrestre. Je ne peux pas perdre plus de temps que ça… »

« Comme vous le voulez. C’est un peu triste mais on ne peut pas vous forcer. »

« Merci bien. Amusez vous, de toute façon, on se reverra demain matin à l’aube. »

Olin le salua d’un geste de la main alors qu’il se dirigeait dans l’auberge, demandant sa chambre. Comme il était un lieutenant, il avait sa propre chambre, c’était tant mieux. On lui donna une petite clé, le jeune homme aux cheveux bruns montant les marches tout en sortant un livre de son sac de voyage. Ce livre. Dire qu’il avait commencé à l’étudier sérieusement depuis le jour où la maréchale Nali lui avait dit de s’y intéresser.
Et pour cause ! Ce livre était diablement utile. Comment créer son propre golem. Pour cela, il fallait avoir une prédisposition à l’élément terrestre, un peu comme lui. Enfin, il était prédisposé à tous les éléments dans son cas précis, c’était donc une bonne chose. Ces derniers jours, depuis qu’il avait appris que l’Ombre était présente chez lui, il avait passé la majorité de son temps libre à bouquiner et à faire de son mieux. Les résultats étaient plutôt mitigés. Il arrivait bien à créer un golem mais minuscule ! Il faisait bien une vingtaine de centimètres à peine, il tenait à peine sur ses jambes faites de terre mais au moins, il était vivant et capable de se déplacer. Il n’avait pu s’empêcher de pousser un cri de joie la première fois qu’il avait réussi. C’était comme avoir un animal de compagnie.

Déposant ses affaires sur le modeste lit, il ouvrit son livre, observant où il en était exactement. D’après ce qu’il lisait, ce n’était qu’un livre de base pour des choses bien plus grandes mais cela lui permettrait déjà d’avoir de solides connaissances. Comme quoi, il existait différentes sortes de golem suivant les matériaux utilisés. Néanmoins celui de terre ou plutôt d’airain était le plus simple. Mais d’après ce qu’il lisait, l’airain étant beaucoup trop fragile, cela n’avait servit à rien de garder ce dernier comme matériau de base et il devait passer directement aux golems de terre. En y réfléchissant bien. Cela semblait assez normal ou alors, était-ce encore un livre survalorisant l’élément de la terre par rapport aux autres ?

« Pfff. Tery, arrête donc de t’imaginer de ces choses. Comme si ces livres ne pensaient qu’à cela. Bon, on va recommencer, j’ai du pain sur la planche ! » dit-il avec entrain.

Il retroussait ses manches, déposant finalement son livre sur la table de chevet qui était à côté de lui avant de sortir un sac plus petit et de l’ouvrir vers le sol. Plusieurs morceaux de terre tombèrent sur le plancher, émettant un bruit assez conséquent pour signaler qu’ils étaient loin d’être légers. Il reprit son livre, se disant que cela n’était pas si grave si son golem était ridiculement petit au départ, il fallait simplement être patient.

Se redressant pour se diriger vers la porte, il observa s’il avait bien fermé cette dernière à clé avant de tirer les rideaux de l’unique fenêtre dans la chambre. Allumant une petite lampe pour être sûr d’y voir clair, il se concentra enfin sur son expérience. Des veines noires commencèrent à apparaître le long de ses bras, ses yeux verts s’étant fermés tandis qu’il s’approchait des morceaux de terre. L’heure était venue de donner vie.

Pendant deux à trois bonnes heures, il s’était mis à faire de son mieux. Puisqu’il ne pouvait pas encore jouer sur la taille, il essayait de consolider les appuis de son golem. Comme il avait pu le remarquer, celui-ci avait du mal à tenir correctement debout mais cela était de l’histoire ancienne ou presque. Il était devenu quand même plus fragile pour une liberté de mouvement plus grande. Vraiment. Il y avait tant de paramètres à appliquer ! Et tout cela pour une créature qui ne savait même pas parler.

« Je ferais mieux d’aller me coucher. De toute façon, ce n’est pas en quelques semaines que j’arriverais à faire quelque chose de réellement bon. »

Cela prenait plusieurs mois voire plusieurs années mais. Est-ce que c’était la bonne voie pour lui ? Dire qu’il avait cru être au départ intéressé par l’élément du vent, il s’était lourdement trompé ou non ? Enfin peut-être qu’il devait faire pas par pas. D’abord commencer par tout ce qui concerne la terre, ensuite le vent, puis le reste. De toute façon, ce n’était pas le moment de réfléchir. Il ne prévoyait jamais sur le long terme.

Les journées s’écoulèrent depuis sa réponse envoyée à sa mère mais il se rapprochait peu à peu du village de Leskar. Ils avaient plusieurs raisons d’être sur le terrain : cette créature qui semblait malmener le village et ses environs, le clan de Gnomolds, les nombreux groupes qui arrivaient dans le village, repartaient le lendemain et disparaissaient à jamais. Vraiment. Il y avait beaucoup trop de travail pour les pauvres soldats qu’ils étaient.

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery ! Je crois qu’on arrive dans votre village ! »

« Hum ? Laisse-moi voir si tu ne racontes pas n’importe quoi, Olin. »

Et ce n’était pas le cas. Le jeune homme aux cheveux bruns ne cacha pas la surprise qui parue sur son visage à ce moment là. Le village était animé de partout ! Des touristes, des troupes armées aussi bien voir mieux que la milice locale. C’était à se demander si le village n’était pas en plein essor.

« Mais c’est… Léa … Elle n’avait pas menti. » murmura une voix autour d’eux.

« Il semble si différent… du fainéant d’autrefois. »

Visiblement, en sortant de la charrette dès que celle-ci s’était arrêtée, il était loin de passer inaperçu. Dommage pour lui. Il passa une main dans ses cheveux bruns, paraissant gêné par la situation avant d’annoncer aux autres gardes qu’il allait saluer sa famille puisqu’ils étaient dans son village natal. Les autres gradés lui rappelèrent qu’il ne devait pas oublier qu’ils étaient en mission et donc que dormir chez soi était bien peu conseillé surtout de la part d’un lieutenant. Il hocha la tête pour dire qu’il avait bien compris le message tout en soupirant légèrement. Il ne pouvait pas faire abstraction à la règle pour une fois ? Enfin. Il n’était là que depuis un mois et quelques semaines. Ce n’était pas comme s’il était un ancien. Vraiment. Il arriva devant sa maisonnette, ayant marché sous les regards étonnés des personnes autour de lui. Il donna quelques coups à la porte, une voix féminine disant :

« Qui… Qui est-ce ? »

Aie ! Il restait planté là, immobile comme une statue. Cette voix était bien celle de sa mère bien qu’elle semblait légèrement différente. Il ne savait pas quoi dire. Comment devait-il s’adresser à elle ? Un petit « Bonjour, Maman, c’est moi ! » ? Non ! C’était trop direct ! Comment lui parler ? La voix reprit :

« Il y a quelqu’un devant la porte ? »

RAHHHHHHH ! Elle n’avait qu’à ouvrir pour le savoir ! Il lui suffisait simplement d’ouvrir cette fichue porte et de le voir ! Après, il réagirait en conséquence ! Non mais qu’est-ce qu’elle pouvait être idiot. Il ne savait pas du tout où se mettre. Il nageait en pleine confusion. Comment lui parler ? Il revenait de plusieurs mois de fugue. Elle devait être furieuse.

« Maman. C’est Tery. Je suis revenu. » murmura-t-il faiblement.

Il baissa la tête, s’en voulant d’avoir pris la parole. Maintenant, c’était fait. Un petit cri lui signala que sa mère ne croyait pas ce qu’elle venait d’entendre. Pourquoi n’était-il pas rentré tout simplement à l’intérieur ? Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Il n’avait qu’à ouvrir cette fichue porte et…

« TERY ! C’EST BIEN TOI ! TERY ! » hurla une voix de l’autre côté de la porte.

HEIN ?! C’était quoi cette femme ? Cette femme vraiment maigre qui venait de se présenter à lui ? Il fut emporté avec entrain à l’intérieur de la maisonnette, le faisant crier de surprise avant de se retrouver enlacé avec tendresse par cette femme qu’il ne connaissait pas. Où alors… c’était pourtant la voix de sa mère. Il n’avait pas rêvé.

« Aie, aie, aie ! Ca fait mal, très mal. Vous me serrez trop fort. »

« Depuis quand est-ce que tu vouvoies ta mère ? Je ne suis pas une inconnue ! »

Un petit regard sur les mains de la femme et il remarqua les veines brunes. Elle utilisait la force de la terre pour l’étreindre plus que de raison. Après plusieurs secondes, il fut enfin libéré tandis qu’il reprenait sa respiration. Il avait presque senti ses os se briser alors qu’il la regardait avec inquiétude. Cette femme, c’était vraiment…

« Qu’est-ce qu’il y a mon fils ? On dirait que tu me vois pour la première fois de ta vie. »

AH ! Maintenant ! Il s’en souvenait ! Il s’en souvenait parfaitement ! Il se rappelait où il avait déjà vue cette femme ! Devant l’air complètement étonné de son fils, Léa fronça les sourcils alors qu’il commençait à balbutier :

« Ma, maman, c’est bien… toi ? Mais qu’est-ce qui… »

« Qui veux-tu que ça soit d’autre ? Ahhhhh ! Tout ces mois passés ne t’ont pas rendu plus intelligent, mon fils. Est-ce que tu ne veux pas venir un peu dans la cuisine ? Pour parler ? Ou alors, tu comptes rester planté là en attendant que je te traîne ? » demanda-t-elle.

« Non ! Non ! C’est bon ! Ma… man. Je ne sais pas comment réagir, c’est tout. Tu ressembles vraiment au dessin mémorisé. » bredouilla le jeune homme.

« Tiens. Tu l’as donc remarqué ? Je pensais que tu mettrais plus de temps. »

Même si le ton était ironique, le sourire qu’elle lui lança était plus que chaleureux et ravi. Son propre fils s’en rappelait. Et dire qu’elle pensait tout le contraire. Ah ! Elle venait même de le lui dire. Elle lui prit lentement la main, l’emmenant vers la salle de repos où elle l’installa sur un fauteuil avant de s’éloigner de lui.

« Maman ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Pour que tu sois à nouveau comme ça ? »

« Je me suis simplement faite un sang d’encre pour mon idiot de fils qui est parti sans me prévenir. Pendant des mois, je n’ai pas eu une seule lettre de sa part et il a fallut que ça soit une personne encapuchonnée de brun et au masque blanc qui me signale qu’il était encore en vie, chose dont je n’étais pas certaine après tout ce temps passé ! »

Elle prit une profonde respiration après sa longue tirade, le jeune homme baissant la tête d’un air confus sans lui répondre. Elle marquait un point. Il toussa légèrement, préférant se taire et rester muet sur ce coup. Elle revint vers lui après quelques minutes, lui montrant un tableau qu’il reconnu après tout ce temps… Dans une petite pièce en bois, un homme aux cheveux bruns assez courts d’une vingtaine d’années ou plus serrait la main d’une jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux verts. On pouvait voir qu’ils étaient habillés plus que correctement mais ils souriaient. L’autre main de la jeune femme était posée sur son ventre arrondi tandis que Tery savait parfaitement qui était ces deux personnes.

« C’est bon. Je l’ai assez vu. On peut ranger ce tableau. »

« Je ne comprendrais jamais pourquoi tu… » commença à dire Léa avant d’être coupé.

« Je ne veux pas en parler, Maman. Est-ce que tu vas mieux ? Je veux dire… Comment… Pfff, est-ce que tu crois que tu vas redevenir grosse maintenant ? »

Elle s’immobilisa, tenant le tableau entre ses deux mains alors qu’il se demandait ce qui se passait. Avec délicatesse, elle posa le tableau contre un mur, se tournant vers son fils en émettant un grand sourire amusé. Mais contrairement à ce qui aurait dû se passer, il ne semblait pas aussi amusé que sa mère. Non, c’était plutôt le contraire. Il semblait terrifié. Il s’engouffra dans son fauteuil, comme s’il ne pouvait pas s’enfuir.

« Mon fils. Est-ce que tu insinues que je devrais être plutôt grosse et laide à tes yeux ? »

« Je n’ai jamais dit ça maman. Je ne le pensais pas ça. Je te le promets ! »

« Promettre est une chose. Remplir ses promesses en est une autre ! »

Elle était à sa hauteur, ses veines brunes réapparaissant sur ses deux mains alors qu’il sentait sa dernière heure arriver. Il se cacha le visage comme pour se protéger avant de se faire soulever par sa mère, celle-ci venant le serrer avec tendresse contre elle. Elle lui murmura dans un trémolo :

« Tery … Ne me rend plus inquiète comme ça ! Et morte d’inquiétude … s’il te plaît. Je … Je ne veux pas te voir disparaître. J’avais l’impression de ne plus avoir de famille. »

« Ce n’est pas vrai, Maman ! Je ne suis pas mort ! Je ne suis pas prêt à mourir maintenant ! »

« Tu ne comprends pas, Tery ?! TU ES L’UNIQUE PERSONNE QUI ME RESTE ! »

« Maman… Je… Pardon… »

Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il était fautif, de A à Z. Peut-être qu’elle le montrait d’une manière un peu spéciale mais il en était certain et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre : Ils s’aimaient… Chacun était la seule personne qui leur permettait d’être encore une famille.

« Je repartirais avec l’armée de Midès mais je te promets de ne pas mourir. Je t’en fais la promesse ! Moi aussi, tu es la seule. Maman je t’aime. »

Il s’était mis à sangloter en posant ses mains sur le dos de la femme aux cheveux noirs. Bien sûr qu’il l’aimait, comment cela aurait-il pu être différent ? Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, chacun heureux de revoir l’autre après tout ce temps.