Chapitre 48 : Au centre de tout

ShiroiRyu
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Chapitre 48 : Au centre de tout

« C’est bien étrange. »

« De quoi donc, Elise ? » demanda le jeune homme aux cheveux bleus juste à côté de la demoiselle démoniaque. Celle-ci marchait derrière Elen, qui dirigeait la petite troupe pour l’occasion.

« Les chemins qu’Elen est en train de prendre, j’ai la sensation de n’en connaître aucun. »

« Et… Est-ce que c’est une bonne chose ou non ? Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux l’arrêter maintenant avant que nous nous mettions en danger. Surtout qu’elle porte sa fille avec elle. Déjà qu’elle voulait absolument jouer son rôle d’éclaireuse… »

« Pour le moment, j’ai justement l’impression du contraire. Les chemins pris sont complètement vierges de dangers. C’est assez perturbant. »

Finalement, qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Il haussa simplement les épaules aux propos de sa dulcinée. Si c’était ce qu’elle ressentait, qui était-il pour prétendre mieux savoir qu’elle ? Dans tous les cas, elle avança pour se retrouver assez vite à la hauteur d’Elen.

« Alors, Elen, qu’est-ce que tu as de bien à nous dire ? »

« Pas grand-chose, si tu veux tout savoir, Elise ! J’ai juste la sensation… que nous nous rapprochons de quelqu’un de très proche de moi. Je suis certaine que nous allons bientôt trouver Tery ! »

« C’est tout ce que j’espère pour toi. Tu as assez attendu et assez souffert. Il est vraiment temps que vous puissiez souffler tous les deux. »

« Je ne te le fais pas dire ! Ah… Par contre, quand ça arrivera, vous pourrez vous occuper de ma fille ? Enfin, après bien entendu que je l’ai présentée à Tery. »

Hum hum. Pas besoin de plus d’explications sur le pourquoi elle voulait être seule avec Tery. Il y avait de ces réponses qui étaient implicites sans même nécessiter plus de détails. Pour autant, Elise ne pût s’empêcher de rire intérieurement.

« J’ai eu les mêmes besoins en revoyant Royan après tout ce temps. »

« Entre femmes, c’est plus aisé de se comprendre, non ? »

« C’est exact. Ce n’est pas à Royan que tu pourrais parler de ça. Enfin, Royan, lui parler même d’autre chose est assez compliqué en un sens. »

« Je veux bien te croire. Même après toutes ces années, il peut garder un petit côté tête de mule. C’est assez impressionnant. Après, je suis mal placée, Tery a aussi son petit caractère et pfiou, je sais aussi que j’ai été assez… problématique. »

« Ça, je ne te le fais pas dire, ma grande. Mais bon, on a chacun nos défauts et si tout le monde était parfait, ça serait bien triste. »

« Ah… Vouloir être parfaite pour l’être aimé, je crois que de ce côté, je me suis plantée. »

« En cherchant une telle chose, tu t’es bloquée sur bien d’autres. Mais maintenant que tu as compris la leçon, tu n’as donc plus à t’inquiéter, Elen. »

« Hmm hmm. J’imagine que oui ! Voir Tery… Ah… »

Oh ? Elle était maintenant plongée dans ses pensées hein ? Elise eut un fin sourire, bien qu’elle préférait si Elen savait où elle était en train de les emmener. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas confiance en la jeune femme aux cheveux blonds mais il fallait quand même reconnaître que c’était mieux si elle était concentrée sur sa tâche.

Mais voilà, malgré son inquiétude, il fallait reconnaître que la demoiselle aux cheveux blonds faisait le travail demandé. Encore qu’il n’y avait aucun travail à la base, simplement de l’instinct. Un instinct qui pouvait parfois se montrer assez cruel et moqueur envers elle.

Les minutes s’étaient écoulées, puis les heures, et la première pause était arrivée. L’armée était assez satisfaite de la tournure des évènements. Pour une fois, ils n’avaient pas à s’inquiéter des monstres autour d’eux. Ils se sentaient en confiance dans l’endroit où Elen avait décidé de signaler qu’ils allaient se reposer.

« Hmm… Je pensais vraiment que Tery serait dans les environs. »

« Le monde souterrain est gigantesque, Elen. Je ne peux pas prétendre savoir exactement à quel point mais dis toi que si on compte toutes les galeries sous la surface, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que la superficie soit bien plus grande que tu ne le crois. »

La jeune demoiselle aux cheveux blonds fit une légère moue comme réponse, guère vraiment satisfaite de celle d’Elise. Il lui en fallait quand même plus que ça hein ? Ah… Enfin bon, elle allait s’occuper de sa fille en attendant qu’ils reprennent la route.

Comme à son habitude maintenant, elle poussait doucement la chansonnnette pour calmer la petite demoiselle dans ses bras, celle-ci n’étant en réalité guère agitée contrairement à ses deux parents qui tenaient rarement en place.

Oui l’enfant était si calme et adorable, étant et restant la coqueluche de l’armée présente autour d’Elen, Elise et Royan. Pour beaucoup de femmes dans l’armée, cela restait un but à atteindre même si en tant que militaires, elles ne pouvaient renier l’exaltation du combat sur le terrain directement.

« Elise ? Est-ce que tu peux la garder pour quelques instants, s’il te plaît ? »

Alors que la demoiselle aux cheveux auburn observait la mère et l’enfant, Elen s’était redressée assez vivement tandis que le bambin dormait dans ses bras. Comme mise en alerte, Elen déposa l’enfant dans les bras d’Elise avant de reprendre :

« Je crois que nous ne sommes pas seuls. Je veux aller vérifier. »

« C’est beaucoup trop dangereux d’y aller seule, Elen. Je veux que tu sois accompagnée. »

« S’il y a un souci, j’irais fuir plutôt que de chercher la confrontation. Ne t’en fait pas pour moi, d’accord ? »

« Justement, c’est bien parce que je m’en fais pour toi que je dis ça. »

« Hahaha ! Sincèrement, ça devrait aller. Nous commençons à nous y habituer et même s’il est vrai que nous n’avonns rien eu à combattre aujourd’hui, ce n’est pas pour ça que je vais baisser ma garde. J’ai juste cette sensation… qu’il est proche… et je veux être la première à confirmer ça, c’est tout ! »

« Hum. D’accord, je ne vais pas te mentir, je ne suis pas vraiment rassurée mais bon… »

Ce n’était pas comme si Elen allait vraiment écouter ce qu’elle allait dire hein ? Elise observa le bébé dans ses bras qui roupillait tout doucement avant d’hocher la tête. Elle prévint Elen de se dépêcher, celle-ci partant aussitôt, presque guillerette.

« J’espère qu’elle ne va pas être trop déçue. Espérer trouver Tery comme ça, sur un coup de tête avec de la chance… »

Cela tenait plus du miracle qu’autre chose mais il était difficile de refuser ça à Elen qui était intimement convaincue que c’était chose aisée. Mais voilà, très vite, la femme aux cheveux blonds s’était arrêtée, entendant des bruits de pas et des voix. Oui, plusieurs voix.

Et tout de suite, elle avait compris alors que cela ne pouvait être Tery. Elle aurait reconnu sa voix mais… ces voix lui disaient quelque chose aussi. Où est-ce qu’elle avait déjà entendu ces dernières ? Elle était certaine que ce nn’était pas la première fois.

Se mettant sur ses gardes, elle avait alors décidé de rester derrière un rocher, tenant fermement l’arc qu’elle avait fait apparaître dans ses mains. Des flèches dotées des capacités de Zélisia étaient parfaites pour exterminer quelques démons. Il suffisait simplement de se focaliser un petit peu sur les cibles et avant même qu’elles ne puissent ré…

« Elen ? C’est bien toi ? »

Elle sursauta sur le coup en entendant une voix féminine dans son dos, se retournant pour faire face… à deux personnnes ?! Deux personnes qu’elle reconnnaissaient aisément.

« Qu’est-ce… que vous faites ici ? »

Sérest. Séran. Deux personnes qui avaient bien dépassé la quarantaine d’années. Pourtant, malgré cela, leurs corps étaient comme parfaitement sculptés tous les deux. Mais ce n’était pas ça qui avait fait émettre un grognement chez la jeune femme.

« Nous pourrions te poser la même question, le sais-tu ? »

Et voilà qu’elle avait maintenant un rictus aux lèvres. Il valait mieux ne pas se lancer sur cette pente glissante, elle n’était clairement pas d’humeur à leur stupidité. Alors qu’elle avait fait disparaître son arc, ses mains se posèrent instinctivement sur son ventre, comme pour se protéger d’un mauvais souvenir.

« Répondez au lieu. Je ne suis pas d’humeur à plaisanter. »

« Seulement si tu nous expliques pourquoi est-ce que tu réagis de la sorte… »

« Sérest, c’est assez facile à comprendre. » déclara l’homme en donnant un petit coup de coude dans la hanche de sa femme, pointant du regard le ventre d’Elen.

« Oh… Oui. C’est une bonne raison en soi, c’est vrai. »

« Je ne vais pas me répéter une troisième fois. Qu’est-ce que vous faites ici ?! Je veux le savoir ! J’espérais ne jamais vous revoir ! »

« C’est très cruel de dire cela alors que nous ne sommes pas directement responsables de ce qui s’est passé aux portes d’Omnnosmos. »

« À d’autres. Je ne vais pas tomber dans votre piège. Exprimez-vous maintenant. Pourquoi est-ce que vous promenez dans le monde souterrain comme si de rien n’était ? Qu’est-ce que vous manigancez encore tous les deux ? »

« Rien de spécial. Nous avons simplement eu vent des mésaventures de ces derniers… »

« Oui, bien entendu, car nous savons très bien que vous n’êtes responsables en rien de tout ce qui se passe hein ? Vous vous foutez pas un peu de ma gueule ? »

Elle était en train de bouillir sur place mais ils ne semblaient pas du tout en tenir compte. Elle allait finir par exploser à cette allure s’ils ne décidaient pas de s’exprimer correctement ! Ils avaient intérêt à répondre avant qu’elle ne fasse tout dégénérer !

« Tu es devenue bien plus vulgaire et agressive depuis la dernière fois. » murmura Sérest avec calme et un peu de tristesse dans la voix.

« La faute à qui ? Je veux dire : je vois deux personnes que j’appréciais mourir devant mes yeux, j’ai une main qui me traverse le ventre de la part de l’homme que j’aime, mettant en danger de mort l’enfant que je portais et j’ai appris que tout ça était à cause de deux personnes, anciennes divinités, accessoirement mes parents. Alors, non, je suis désolée de ne pas l’être par rapport à tout ce que vous avez fait ! »

« C’est vrai. Nous avons voulu vous protéger tous autant que vous êtes mais nous ne pouvions nous empêcher de nous dire que nous devions réussir enfin à rouvrir les portes pour… »

« Au point que je sois seulement un objet entre vos mains, c’est ça ?! Car j’ai bien compris qu’il fallait votre sang et celui de votre enfant ! Qui me dit que ce n’est pas juste la raison de mon existence à vos yeux ?! »

« Ce n’est pas le cas, tu peux être rassurée. »

« Rassurée par qui ? Vous ? Vos paroles ? Comme si je pouvais vous accorder ma confiance, tss ! Dire que j’ai cru que j’allais retrouver Tery et au final, je suis tombée sur vous. Je ferais mieux de retourner voir les autres. »

Et sans un mot de plus, elle pivota sur elle-même, ne leur jetant même plus un regard avant de se mettre en route. Pour elle, la conversation était terminée. Les deux personnes la regardèrent s’éloigner, s’observant l’une à l’autre avant de soupirer.

« Dire que Tery n’est plus si loin d’elle. Nous aurions pu … la prévenir, Séran. »

« Sérest, je suis certain qu’elle va le trouver par elle-même. Nous savons où est l’enfant du Dévoreur, c’est une bonne chose mais… pour ce dernier… »

« Rentrer dans la capitale démoniaque serait tout simplement nous conduire à la mort. »

« Oui, nous n’avons plus… vraiment les capacités d’antan, c’est bien triste. »

« La faute à nos corps affaiblis par le temps. Mais il en est ainsi et pas autrement. Tu penses que nous devrions aller les revoir ? » demanda une nouvelle fois Sérest, les joues rougies. « Je voudrais bien… regarder notre petite-fille. »

« Je ne suis pas certain que nous y serons autorisés bien que nous serons acceptés parmi leurs troupes. Allons-y alors. »

Les deux personnes étaient à peine convaincues par leurs propres paroles. Même si elles cherchaient à ne pas trop le montrer, les paroles assez dures et froides d’Elen avaient réussi à les affecter. En même temps, il était difficile de prétendre qu’elle avait tort. La démarche lente, les voilà qui suivaient les traces laissées par Elen.

Lorsqu’ils se présentèrent devant l’armée composée des différentes races, aussitôt, plusieurs armes se levèrent avant de très vite se rabaisser, deux personnes se présentant face à eux. Deux personnes aux allures si différentes et pourtant qui allaient si bien ensemble.

« Royan… Elise, cela faisait très longtemps. Heureux de voir que vous allez bien. »

« Difficile de dire que c’est réciproque mais bon… Qu’est-ce que l’on peut faire pour vous ? »

« Vous n’êtes sûrement pas venus simplement pour prendre de nos nouvelles, non ? »

Elise avait complété les propos de Royan, se mettant face à Sérest, Séran étant de même par rapport au jeune homme aux cheveux bleus. Les deux anciennes divinités les regardèrent pendant quelques instants avant de pousser un léger soupir, montrant bien par là qu’ils étaient fatigués mentalement par tout ceci.

« Nous sommes venus explorer le monde souterrain après ces derniers siècles voire millénaires. Tout cela a tant changé que nous ne pouvons à peine nous rappeler où nous nous trouvons réellement. »

« Juste ça ? Vous êtes de quel côté réellement ? Vous comprendrez que l’on ne sait pas vraiment comment vous considérer, n’est-ce pas ? »

« C’est normal. Nous sommes du côté du monde. Du monde entier. Nous ne faisons pas de différence entre les démons et les races de la surface… comme vous, n’est-ce pas ? »

« Vos paroles sonnent creuses à mes oreilles. Néanmoins, je veux bien vous accorder le bénéfice du doute à ce sujet. Donc… bon… Pourquoi étiez-vous ici exactement ? »

« Le Dévoreur. Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ? »

Les deux personnes hochèrent négativement la tête bien qu’Elise était maintenant songeuse, réfléchissant plus longuement à leurs propos. Avec Tery, il n’y avait pas quelque chose du genre ? Ou alors, peut-être qu’elle se trompait ?

« Non mais j’imagine que vous allez nous dire de quoi il s’agit, n’est-ce pas ? »

« C’est demandé de façon si agréable, il serait difficile de refuser d’y répondre. Alors pour tout vous dire, le Dévoreur est en partie responsable de la création des portes qui ont séparés les différentes races de notre de monde. »

« Vous voulez plutôt dire la séparation des démons et des autres races hein ? Puisque les démons ont été reclus pendant des siècles par tout cela. Et puis, heureusement que vous avez bien prévenu que le Dévoreur était en partie … responsable … l’autre partie, c’est vous, n’est-ce pas ? Autant l’avouer tout de suite. »

« Il n’y a pas besoin d’aveu, Elise. Puisque nous ne sommes pas des accusés mais des coupables. Il est vrai que c’est par notre faute, indirectement, que le Dévoreur a réagi ainsi et est devenu cette abomination. »

« Ne traitez pas d’abomination l’engeance a laquelle vous avez donné vie. »

Ils étaient vraiment tous très colériques, non ? Sérest et Séran s’observèrent. Au moins, cela prouvait que les liens unissant Tery, Elen et les autres n’étaient pas factices. Pour autant, il fallait accuser le coup à leurs propos.

« Le Dévoreur était un être démoniaque avant de porter ce nom. Mais vous raconter son histoire risque de prendre beaucoup de temps. »

« Et nous aimerions beaucoup voir notre petite-fille si possible. »

« Ça, ce n’est pas à nous de le décider. Il faut voir avec Elen et autant vous dire qu’elle n’est pas vraiment ravie de vous voir dans les parages. »

« Nous l’avions malheureusement remarqué, Sérest et moi mais… pouvez-vous nous guider jusqu’à sa tente ? Là-bas, nous tenterons de communiquer avec elle. »

« Humpf. Royan, je vais m’en charger, je dois leur parler sur le chemin. J’imagine que ça ne te dérange pas, hein ? »

Le jeune homme aux cheveux bleus haussa les épaules, comme si de rien n’était, incitant par là à ce qu’Elise fasse ce qu’elle estimait être bon. La femme aux cheveux auburn regarda les deux autres personnes, faisant un mouvement de la tête pour qu’ils se mettent à la suivre.

« Merci beaucoup, Elise. Sans toi, je ne sais pas ce que nous aurions fait. »

« Pas grand-chose. Et ne considérez pas cela comme un service. Je veux simplement le bonheur de cet enfant. Le plus tôt tout ira pour le mieux, mieux ce sera. »

Oui, cette phrase sonnait étrange maintenant qu’elle était en train de la prononcer mais elle n’était plus à ça près. Elle emmena les deux personnes jusqu’à une tente, la voix d’Elen se faisant aussitôt entendre :

« Je préfère éviter qu’ils ne rentrent. Ils ne méritent pas de voir l’enfant qu’ils ont tenté de tuer, Elise. »

« Laisse-leur une chance, Elen. Je sais à quel point la famille que l’on ne savait pas que l’on possédait peut être… problématique. »

« Je ne veux pas. Elle est en train de dormir et… »

« Elen, c’est justement le bon moment. Le fait qu’elle dorme, cela permet d’éviter qu’elle ne soit effrayée instinctivement par eux. »

L’argument était des plus saugrenus et malavisés vu que les deux personnes ciblées étaient juste à côté d’Elise et pourtant, celle-ci n’en n’avait cure. Si elle s’exprimait de la sorte, c’était bien parce qu’elle considérait les deux êtres d’un air dédaigneux. Néanmoins, après quelques secondes, la voix d’Elen se fit entendre à nouveau :

« Qu’ils rentrent. Je ne préfère pas bouger pendant qu’elle dort. »

« Ne me remerciez pas. » chuchota à peine Elise en tournant le dos à Sérest et Séran, s’éloignant de la tente pendant qu’ils rentraient dans cette dernière.

Doucement mais sûrement, ils retrouvèrent Elen, couchée dans son lit, le bébé à quelques centimètres d’elle dans un lit spécialement fait pour lui. Endormi, le corps du bébé se soulevait à peine, Séran posant ses mains sur sa bouche comme pour se terre.

Elen haussa un sourcil avant de se rappeler que de ce qu’elle savait ,Sérest était la réincarnation d’Alzar tandis que Séran était celle de Zélisia. Ce qui voulait dire que visiblement, certaines émotions plus propres aux femmes qu’aux hommes étaient encore ancrées en Séran.

« Elle est magnifique, Elen. Comme ses parents. »

« Vos compliments… ne valent rien. Si vos propos étaient sincères, vous n’auriez… jamais fait cela et vous le savez. »

« Ce n’est pas aussi simple que ça. Toi et Tery… vous êtes tout ce que l’on désirait dans ce monde. Vous êtes… ce que nous voulions il y a de cela plusieurs siècles et millénaires. »

Qu’est-ce qu’ils voulaient par là ? Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas les croire ? Pourquoi est-ce qu’à ses yeux, tout cela n’était que du vent. Une petite partie d’elle… voulait les croire mais elle n’y arrivait pas. C’était encore trop difficile.

Chapitre 47 : Trop pour un seul homme

ShiroiRyu
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Chapitre 47  : Trop pour un seul homme

Il avait réussi à trouver le sommeil et cela était devenu récurent en fin de compte. Il avait du mal à le reconnaître mais en réalité, il dormait maintenant assez mal sans Manelena. Une fois, deux fois, puis après, elle avait décidé de venir tous les soirs avec plus ou moins de discrétion. De toute façon, ce n’était plus comme s’ils avaient besoin de se cacher.

Cela ne voulait pas dire que lui et Manelena en profitaient pour faire des choses que la décence ne pouvait décrire, même si cela arrivait de temps en temps. Non, il se servait de Manelena pour décompresser. Oui, il en avait fortement besoin. Besoin de quoi ? Besoin de sa présence à ses côtés.

Il deviendrait moins fou. Avec le Dévoreur, les Gnomolds, Krawnia, tout ce qui se passait, il avait la sensation que tout se cumulait sans qu’il ne puisse souffler. Il allait manquer d’air et finir par ne plus pouvoir se retenir. Sauf qu’en arrêtant de se retenir, il n’avait alors aucune idée des conséquences qui allaient se produire.

Et en vue de ce qu’il avait fait subir à Manelena, il voulait absolument éviter que tout cela se reproduise. Hmm… Et Manelena qui le regardait avec attention alors qu’ils étaient tous les deux allongés dans sa couche. Elle ne disait pas un seul mot,, sachant qu’il était plongé dans ses pensées. Depuis quelques temps, ce n’était pas comme s’il ignorait la présence de Clari mais il faisait moins attention à sa présence.

« Tery, ce n’est pas que j’ai quelque chose contre notre position mais… »

« Oui, Manelena. Nous allons nous lever. Nous nous rapprochons de plus en plus de la surface. J’imagine que nous devrions y arriver dans la semaine qui arrive. »

Et après cette dernière phrase, il avait fini par se relever, comme si de rien n’était. Assis sur sa couche, il regarda Manelena faire de même puis se leva correctement pour enfiler une tenue décente pour le voyage.

« Lorsque nous serons à la surface, qu’est-ce que tu vas faire exactement, Tery ? »

« Reprendre le contact avec Elen, Elise et Royan. Mais aussi ma mère et tant d’autres personnes que je n’ai pas pu voir depuis combien de temps maintenant ? Ici, ils ne calculent pas forcément les jours de la même façon que nous, je crois. »

« Bien sûr que si. C’est plus difficile de deviner l’heure à cause des cristaux mais sinon, les démons calculent de la même façon que nous le nombre de journée dans la semaine. Et pareil pour le nombre d’heure. Simplement, ils ne se basent pas sur le soleil pour ça. »

« C’est vrai. Pfiou… Est-ce que la surface te manque, Manelena ? »

« Pas vraiment. Même si je pense au royaume de Shunter, je sais qu’il est entre de bonnes mains malgré mon absence donc bon… Et à part ça, mes relations n’existent pas vraiment. »

« Tu as quand même Royan, Elen, ma mère ou mes grands-parents. Il y a aussi Ernold, non ? Tu ne l’as pas oublié, lui, non ? »

« Ce n’est pas une question d’oubli. Simplement, une connaissance ne veut pas dire que c’est une relation. Tes grands-parents, cela reste ta famille à toi. Je les connais, je les apprécie mais ça ne veut pas dire qu’ils me manquent réellement. »

« Alors, qu’est-ce qui te manque à la surface ? »

« Rien du tout, je viens de te le dire. J’ai déjà ce que je veux sous la surface. Je ne vois pas pourquoi je m’inquiéterais alors de ce qui se trouve en haut. Mais bon, j’imagine que ne pas voir le soleil, au bout d’un moment, doit paraître très lassant. Il faudra faire attention à ne pas finir aveuglé hein ? Surtout après tout ce temps. »

Il alla lui répliquer que ce n’était pas grave du tout, loin de là puisqu’en même temps, ce n’était pas la première fois qu’il était remonté à la surface. Par contre, il était vrai qu’il avait fallu plusieurs minutes pour que sa vue s’adapte à nouveau à la lumière naturelle du soleil.

Hors de la tente, aucun regard moqueur de la part des soldats. C’était maintenant de notoriété presque publique cette histoire avec Manelena. En plus, ce n’était pas comme s’il se pavanaient. Il y avait quelques traits d’humour de Manelena envers lui et inversement, mais sinon, ils étaient très professionnels.

Même Héraisty, qui était considérée comme la plus proche du duo parmi l’armée, ne semblait pas dérangée par leur comportement. C’était vrai. Il se rendait anxieux et malade comme à son habitude. Mais comment pouvait-il faire comme si de rien n’était ? Il ne s’était jamais considéré comme un héros… mais en même temps, c’était lui qui était derrière de nombreux problèmes dans le monde. En fait, il était même plutôt l’antagoniste dans ce monde.

L’ennemi qui avait tellement de tort que tous et toutes voulaient sa mort. Oui, dit comme ça, ça sonnait presque plus correct que tout le reste. Ah… Bah… Même s’il était devenu un démon, enfin, il l’était déjà à la base. Bref, avec tout ça, il ne lui restait plus qu’à accomplir ce qu’il désirait. Peut-être qu’en se mettant un peu de plomb dans la cervelle, cela changerait ? Il avait la sensation d’être toujours ennuyé par les mêmes choses..

« À quoi est-ce que tu peux penser dans cette petite caboche, Tery ? »

« Hmm… Si tu le savais, je pense sincèrement que tu serais très effrayée, Manelenea. »

« Ah oui ? Tiens donc, en voilà une surprise à entendre. Qu’est-ce qui pourrait me faire aussi peur que ça, venant de ta part ? »

« Les pensées sinistres et obscures sont vraiment très intéressantes, tu sais ? »

« Et mon poing dans ta figure ne cherche qu’à attendre de s’y nicher, Tery. C’est quoi d’autre qui vient te déranger maintenant ? »

« Les gnomolds, même si ça fait déjà quelques temps. Je cherche à essayer d’imaginer la situation à la surface par rapport à eux. À quel point est-ce que tout cela a dégénéré ? Qu’est-ce qui s’est passé exactement ? »

« Tu ne peux pas être partout et omniscient, Tery. Ce qui se passe hors de ton rayon d’action, ce n’est pas à toi de le gérer. »

« Facile à dire, Manelena mais en tant que reine de Shunter, tu te dois de pourtant réagir si quelque chose arrive dans ton royaume, non ? »

« Tu devrais pourtant te foutre dans le crâne la différence de position entre toi et moi hein ? Je suis peut-être reine de Shunter mais toi, quelle est ta position dans ce monde ? »

Sa… position dans le monde ? Il la regarda en écarquillant les yeux, pas vraiment certain de comprendre.. Mais en voyant les yeux rouges qui l’étudiaient avec une certaine furie, il déglutit légèrement, préférant attendre qu’elle reprenne la parole :

« Tu n’es rien du tout.. Peut-être que tes grands-parents sont des nobles d’Omnosmos mais ta mère a abandonné son titre en partant au village de Leskar. Tu n’es donc qu’un simple paysan comme tant d’autres dans d’innombrables villages de toutes les races d’Omnosmos. »

« Au moins, comme ça, je suis au courant de ma propre incapacité. »

« C’est comme ça que tu es perçu par la quasi-totalité de ce monde alors non, tu n’as pas à t’en faire de ce qu’un tel pense ou non. Tu n’as pas à les satisfaire ou à les rendre heureux. Tu n’as pas à te prétendre pour ce que tu n’es pas. De toute façon, il faut être honnête, tu n’es pas taillé pour être un héros. »

Encore et toujours quelque chose de plaisant à entendre. Il se recroquevillait bien sur place. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? D’après les dires de Manelena, il n’avait clairement pas sa place en ces lieux… et pourtant, il faisait comme si c’était le cas.

« Mais voilà, pour les personnes qui te connaisses, avoir de tes nouvelles est une bonne chose. Nous sommes peut-être peu nombreux mais la qualité dépasse la quantité. Il vaut mieux avoir une personne en qui tu as entièrement confiance que mille étrangers prêts à t’abandonner dès le moindre désagrément. »

« Oui… .Enfin, cela ne change rien au fait que selon toi, je ne suis pas vraiment un héros non plus ? J’ai bien compris que.. »

« Tu n’es pas un héros pour ce monde. Tu l’es aux yeux de quelques personnes. Les gens qui t’idolâtrent et t’apprécient seulement pour ce que tu as fait ne mérite pas ton attention et ton inquiétude, loin de là. Raaaah ! Je te hais de forcer à me le dire ! Pour la peine… »

Elle rapprocha sa bouche de son oreille gauche, faisant frémir légèrement le jeune homme aux cheveux bruns. Celui-ci hoqueta doucement de surprise alors qu’elle murmurait :

« À mes yeux, tu es mon héros. Tu m’as permis de me libérer de ces chaînes qui me reliaient à mon père et pour ça… tu es bien plus important quiconque dans ce monde à mes yeux. »

« Vraiment ? Je… Je le sais bien mais… À chaque fois, j’ai l’impression que mes actions plongent un peu plus le monde dans le pétrin. »

« Oh, il y a des chances que ça soit le cas mais est-ce vraiment le but que tu recherchais ? Est-ce que c’est cela que tu désirais ? Bien entendu, tu pourrais tout arrêter mais est-ce que tu le veux vraiment ? Est-ce que tu penses que c’est la solution ? »

« Des fois, je voudrais bien me dire que ça serait la meilleure chose à faire mais… »

« Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas le cas. Il faut juste que tu décides d’un but final au lieu de te laisser porter par les évènements. Que tu te dises : « Après ça,, je raccroche et je vais mener une vie tranquille. »

« Hahaha, cela ne sera pas possible pour toi. Tu es reine de Shunter. À partir de là, je ne crois pas qu’il y ait une possibilité pour toi, n’est-ce pas ? Enfin que tu te reposes. »

« Hmm ? Je dirais que ce que je vis actuellement est ma session de repos. Donc bon, rien ne m’empêchera de recommencer plus tard. »

Mais lui ? Maintenant qu’elle le disait, il pouvait peut-être voir son but final. La dernière chose qu’il ferait avant d’arrêter tout ça ? De raccrocher ? Est-ce qu’il en serait vraiment capable ? Maintenant qu’elle avait lancé le sujet, il était concentré sur tout ça.

« Eh bien ? Tu as l’air vraiment absorbé dans tes pensées, Tery. »

« Je suis en train d’imaginer ce que je dois faire ou non maintenant… Qu’est-ce qui serait le mieux comme but ? »

« Je peux te donner une première piste : Elen. La retrouver, ça me semble déjà être un excellent but à atteindre, n’est-ce pas ? »

« Bien entendu, mais ce n’est pas que ça. Je ne peux pas partir en laissant toute derrière moi non plus. Je ne peux pas faire comme si le royaume démoniaque n’existait pas, comme si les Gnomolds ne voulaient pas ma mort, comme si avec le Dé… »

Il s’arrêta dans sers propos. Sans en avoir trop dit, il valait peut-être mieux ne pas le crier sur tous les toits. En même temps, tout le monde n’était pas forcément au courant par rapport à ce dernier. Cette partie assez sombre de l’histoire de ce monde était un secret trop important pour qu’il ne se mette à le hurler à tout-va.

« Bref, y a aussi la famille d’Elise dont il… »

« Ce n’est pas à toi de gérer ça. Pareil pour les gnomolds. En fait, le souci, c’est que tu t’attribues les problèmes des autres car tu es indirectement lié de loin. Je ne t’ai jamais demandé de t’occuper de mes soucis mais tu t’en mêles quand même.. »

« C’est vraiment la journée des reproches, aujourd’hui, n’est-ce pas ? »

« Il le faut bien puisque sinon tu risques encore de vouloir t’occuper du monde entier si je ne t’arrête pas. Et sincèrement, on a bien mieux à faire. Un but après l’autre. Puis un but final, il faut que tu te retiennes ça dans la tête. »

Elle se répétait mais lui-même avait la sensation que ça ne voulait pas rentrer dans son crâne. Pourquoi ça ? Pourquoi est-ce que ça ne voulait pas . Pourtant, ce n’était pas comme si c’était une chose impossible hein ? Qu’est-ce qui clochait avec lui pour qu’il soit incapable de raisonner comme le voudrait Manelena ?

« Heureusement que tu es là, Manelena. »

« Je le sais très bien, je me doute que tu aurais du mal à te débrouiller seul, sans moi. Mais que veux-tu que je te dise ? C’en est ainsi et pas autrement. »

Aucun ton supérieur, aucun ton fatigué. Elle considérait tout cela comme une certaine évidence indéniable, qu’elle ne cachait guère aux yeux de Tery. Celui-ci avait une légère moue mais ne reprit pas la parole.

« Tu devrais essayer de voir une chose positive dans tout ça, Tery. »

« Hein ? Euh… Donc, quelque chose de positif par rapport à ce qui m’entoure ? Hmm, je ne sais pas pourquoi mais j’ai la sensation ou l’impression que nous sommes de plus en plus proches d’Elen. Ce n’est peut-être qu’une question de jours en fin de compte. ; »

« Voilà, tu vois ? Une pensée positive et tout de suite, tu auras un sourire aux lèvres. »

« Je ne savais pas que tu étais apte à communiquer de la sorte, Manelena. C’est surprenant mais dans le bon sens. »

« Hmm ? Tu crois que je suis juste bonne à filer des roustes, c’est ça ? Tu n’as pas totalement tort sur le coup mais tu pourrais avoir de mauvaises surprises si tu ne fais pas attention, tu es maintenant prévenu. »

« Je le suis depuis déjà bien longtemps, ne t’en fait pas. »

Lui aussi ne changeait pas son ton par rapport à d’habitude. Il était juste là, en train de la regarder, avec juste le petit sourire au coin. Il était plutôt satisfait maintenant ! Avoir dit à voix haute qu’il pensait vraiment qu’ils allaient retrouver Elen lui avait mis un peu de baume au coeur. Dire qu’il suffisait juste de cela pour lui faire plaisir, hahaha.

« Tu es si pressé que ça de retrouver Elen, Tery ? »

« Bien sûr que oui, et surtout ma fille. Tu m’as souvent répété qu’Elen n’avait pas encore choisi son prénom. J’aurai accepté qu’importe ce qu’elle aurait choisi. Elle n’avait pas besoin d’attendre aussi longtemps, hein ? »

« C’est votre premier enfant, même pas annoncé ou prévu, j’imagine qu’elle n’a pas voulu gâcher vos retrouvailles avec un nom qui aurait pu ne pas te plaire. »

« Oui mais bon, c’est assez important qu’un enfant soit nommé rapidement. Et puis, si je n’étais jamais revenu, elle ne lui aurait jamais donné un prénom ? »

« Oh, de ce côté, tu n’as pas à t’en faire, je crois que je l’aurais forcée au cas où. Un enfant se doit porter un nom. Que ça soit pour lui ou pour son entourage. »

« Alors pourquoi tu n’as pas tenté de la convaincre de le faire tout de suite ? »

« Oh, pour une raison très simple. J’étais certaine que j’allais te ramener à elle. »

Et cela qu’importe la méthode utilisée, hein ? Elle n’avait pas dit cela explicitement mais il suffisait de voir son regard pour comprendre que c’était exactement ça.

Ah… Malgré tout ce qui s’était passé, Manelena cherchait quand même à rendre Elen heureuse et cela même en prenant en compte ce qu’ils avaient fait tous les deux dans la capitale mais aussi dans la tente.

Il avait beaucoup du mal à saisir comment marchait le comportement féminin mais peut-être que c’était mieux de ne pas se poser plus de questions à ce sujet. Ouais… Il n’y avait aucune chance de toute façon que Manelena lui réponde.

Mais… Savoir que Manelena n’avait pas pour but de faire souffrir Elen était une bonne chose. Oui, car en se rappelant, cela n’avait pas toujours été tout rose entre les deux femmes, on pouvait même considérer que cela était souvent explosif.

« Et je compte bien tenir ma promesse, Tery. »

« J’imagine que oui, quitte à m’attacher et à me prendre sur ton dos, c’est bien ça ? »

« Exactement. Encore que te porter sur mon dos serait fatigant. Je pense plus que j’irais te traîner derrière moi comme un vulgaire sac. »

« Ce n’est pas très sympathique mais en vue de la situation, j’imagine que tu ne peux pas mettre de gants lors de ces moments-là. »

« Oh que si. Des gants de métal qui peuvent aisément briser quelques membres pour être certain que tu ne puisses pas t’enfuir. Mais tu ne voudrais pas essayer hein ? »

« Je suis au regret de refuser cette proposition ma foi forte intéressante. »

Et il avait fait juste une petite inclinaison légèrement exagérée du corps pour bien confirmer ses propos. Dans tous les cas, le jeune homme aux cheveux bruns avait de bien plus belles idées en tête Rien que le fait de repenser à Elen et de savoir que Manelena l’épaulerait dans sa tâche, il était heureux d’apprendre cela.

Et vraiment, maintenant qu’il s’était fixé sur cette idée, il se sentait mieux. Il sentait qu’il allait finir par arriver à la retrouver. Avec le soutien de Manelena, ce n’était plus qu’une question de temps. Ils allaient retourner à la surface et ensuite, ça ne sera plus que des jours à compter pour trouver Elen.

Enfin… Il disait cela mais il espérait que ce n’était pas trop compliqué. RAH ! Non, il allait recommencer encore à se morfondre inutilement. Il en était hors de question ! Cela n’allait pas se passer de la sorte !

Au moins, pour l’occasion, Krawnia l’avait un peu lâché, ce qui était une bonne chose. Il pouvait souffler et ça lui faisait plutôt du bien toute cette histoire. Oh, il ne pensait pas que Krawnia avait peur de Manelena, non, il pensait plus qu’elle était en train de préparer une quelconque magouille du genre. Ouais, il allait quand même la surveiller par simple mesure de précaution. Il n’y avait pas de mal à faire ça.

Ailleurs, plus en hauteur bien que cela restait dans le monde souterrain, un autre groupe avançait peu à peu. Elen, accompagné d’Elise et Royan, gardait son enfant dans ses bras tout en marchant à pas rapide.

« Tu as l’air montée sur ressort, Elen. Qu’est-ce qui se passe ? »

« Je ne sais pas ! J’ai l’impression que Tery n’est plus trop loin. Je ne pourrais pas l’expliquer concrètement, hahaha ! Mais je sens qu’il est vraiment proche. »

« Proche à quel point aussi ? Car bon, ce n’est pas comme si nous étions proches d’un village, tu sais ? Il ne faut pas non plus trop rêver. »

« Hmm… Je ne pourrais pas le dire. Je crois que c’est l’instinct ! »

L’instinct ? La femme aux cheveux auburn haussa un sourcil, comme si elle ne s’était pas attendue à une telle réponse. Enfin bon… ce n’était pas la première fois qu’Elen avait quelques paroles qui pouvaient la rendre « spéciale ». Enfin bon, on n’allait pas pouvoir remplacer Elen, surtout que celle-ci avait retrouvé des couleurs au fur et à mesure.

« Si ce n’est que ça, peut-être que nous pourrons avoir des informations à son sujet dans le prochain village. Hâtons-nous alors. »

Calme et stoïque, comme à son habitude, Royan avait alors donné une unique consigne aux gens proches de sa personne, l’ordre se transmettant très vite au reste de l’armée qui accéléré le pas suite à cette consigne.

« Encore ? Mais comment… »

« J’espérais vraiment ne pas tomber sur ça. Qu’est-ce qui leur prend à ces gnomolds ?! »

Un rapide constat avait plus ou moins permis de faire savoir que les décombres devant eux étaient dans cet état depuis déjà plusieurs jours. La réplique d’Elise en disait long : ce n’était pas le premier village qu’ils voyaient ainsi et il n’y avait aucun survivant. Les poils avaient très vite permis de deviner que les gnomolds étaient derrière tout ça.

« Les gnomolds ne nous facilitent vraiment pas la vie. »

« Ce n’est pas ceux que nous côtoyons mais des groupes qui descendent dans le monde souterrain pour attaquer les démons. Si nous les retrouvons, nous n’aurons aucune pitié envers eux. » répondit Elise après la petite remarque d’Elen.

« J’aurais préféré ne pas perdre de temps avec eux mais des fois, on ne nous laisse pas vraiment le choix. Essayons se faire un enterrement décent, n’est-ce pas, Elise ? »

Elle ne fit qu’un hochement de tête positif aux propos de Royan. Avec les capacités des démons, il suffisait de quelques charognards qui profitent de ce massacre pour créer de nouvelles sources de problèmes. Enterrer ce qui… restait du village, ce n’était qu’une solution éphémère mais cela était la meilleure chose qu’ils puissent faire à l’heure actuelle. Ah… Vraiment, rien de tout cela n’était bon.