Chapitre 278 : A ses côtés

ShiroiRyu
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Chapitre 278 : A ses côtés

« Plus je la vois, plus mon cœur s’emballe. Son visage … C’est la seule chose que je peux apercevoir de son corps. Elle est si grande, si imposante mais en même temps, je ne sais pas … J’ai l’impression de retrouver la même tristesse qu’avec moi. Une tristesse qui m’habite et m’anime … Elle doit se sentir seule, terriblement seule mais je suis là. Je suis là ! Mais elle vient me voir tous les jours. Je n’ai pas envie de terminer cette épée. Je n’ai pas envie qu’elle parte. Je n’ai pas envie de tout ça. Pourquoi est-ce que je suis tellement stupide ? Pourquoi ? »

Le jeune homme lisait à voix haute le journal qu’il tenait entre ses mains, ne rigolant ou ne souriant plus. Kurym était un jeune homme si timide et complexé … Il tourna une nouvelle page, recommençant à lire tandis qu’Elyséa entendait la voix de Kéran.

« Kéran ? Qu’est-ce que … »

Elle s’arrêta dans ses paroles. Elle ne devait pas se faire remarquer justement. C’est bien ça qu’elle tentait normalement ! Alors bon … Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Elle écouta les propos de Kéran, celui-ci reprenant :

« Aujourd’hui est le pire jour de mon existence. Je n’arrive pas à croire que je lui ai dit ça. J’ai voulu me montrer sans sentiments, sans émotions, lui dire qu’elle n’avait plus besoin de revenir après avoir récupéré son épée. C’est ce que j’ai fait, bien entendu mais ce n’était pas suffisant, loin de là même. Pourquoi est-ce que je suis aussi stupide ? Je ne connais que cette forge, je sais parfaitement que rien ne m’attends ailleurs. Alors pourquoi j’espère ? Pourquoi ? Pour rien du tout … Rien de rien même. »

… … … C’était déprimant en un sens. Kurym n’était pas doué avec Elyséa, pas doué du tout. Si c’était tellement compliqué de le lui dire, il n’avait qu’à prendre son courage à deux mains et voilà tout ! C’était pas plus compliqué que ça non ? A croire que si d’après ce qu’il lisait. Pfiou ! Ca l’énervait mais en même temps, ça le rendait triste, terriblement triste. Il ne savait pas comment expliquer ce sentiment de tristesse justement. Pourquoi est-ce qu’il était triste ? A cause de ce texte ? Ou d’autre chose alors ?

« Elle est restée ? Je n’arrive toujours pas à y croire ! Je me demande si je suis en train de rêver mais non ! Elyséa est bien restée ! Enfin, non … Pas exactement ! Elle est revenue pour moi ! Elle est revenue pour parler avec moi ! Elle m’a expliqué à son sujet … mais ça ne fait rien, je ne pense déjà plus à elle, juste à Elyséa. »

« Humpf … Ca doit être le moment où elle a voulu revenir après avoir eu son épée. »

Elyséa était définitivement à craquer … ou à croquer. Il le savait parfaitement. Elyséa était une femme tout simplement magnifique et splendide. Il avait envie de la revoir mais s’y refusait, il en était tout simplement hors de question.

« Même si c’était pour me protéger … Elle n’avait pas à me cacher la vérité. La seule chose … C’est que je ne voulais pas l’agresser comme ça. Elle ne m’a rien fait de mauvais personnellement … C’est juste que … RAAAAAAAH ! J’en ai assez ! Marre de ce bouquin ! J’en ai vraiment assez ! Je ferai mieux de partir d’ici ! » cria le jeune homme, refermant le livre et prêt à l’envoyer dans le décor avant de s’arrêter.

« Qu’est-ce qu’il … »

Elle se dissipa rapidement sous une forme de fumée noire alors que la porte de la chambre s’ouvrait à la volée. Il comptait réellement partir ? Si c’était le cas, elle se présenterait à lui alors dans son dos. Et … elle l’enlacerait.

« Pfff … Ca ne sert à rien, je vais plutôt rester ici pour la journée. De toute façon, je … »

Il s’arrêta dans ses paroles, se retournant subitement. Bizarre, il avait ressenti une présence mais il devait surement se faire des illusions. Ce n’était pas possible autrement. HUMPF ! Ca ne changeait rien à ses futures ambitions de toute façon.

Ses ambitions qui consistaient tout simplement à ce qu’il se dirige au sommet de cette foutue montagne des dragons, mette un terme à cette gelée verte … et ensuite ? Rien du tout … Rien de rien. Il haussa son épaule gauche, soupirant avant de dire :

« Aller … Je ferais mieux de rentrer avant qu’il ne fasse trop froid. De toute façon, j’ai visiblement un peu de lecture pour ce soir. »

De la lecture un peu bizarre et spéciale mais … qui avait au moins le mérite de lui plaire. Ah … Ou presque. Il ne savait pas exactement ce qu’il devait penser maintenant. Il poussa un léger soupir de désarroi avant de murmurer :

« Ce Kurym était un idiot au niveau de ses sentiments. Mais au moins, avec lui, tout a très bien terminé. Et moi ? Je serai sa réincarnation ? Je vais finir par y croire. »

Il revint s’installer sur le lit. De toute façon, il n’avait pas très faim. Il recommença la lecture du journal de Kurym, disant à haute voix :

« Ca fait déjà quelques jours qu’Elyséa vient me voir. Je dois passer pour un pervers car j’observe chaque parcelle de son corps et de son armure. Mais elle ne me fait aucune remarque … J’ai envie de lui faire un cadeau.  Je gardais mes métaux les plus précieux pour ce genre de moments. J’espère que le cadeau que je lui ferai ira lui plaire. »

… … … Le cadeau ? Il parle de l’armure noire qui a été brisée si rapidement ? C’est bien ça ? C’était un cadeau empoisonné en un sens. Pas de quoi s’en vanter. Mais bon … C’était un cadeau fait avec du cœur.

« Moi-même, j’en ai jamais fait à Elyséa donc bon … Et puis, un cadeau pour une personne immatérielle ? Ca doit être bien ridicule … Elle ne peut pas se contenter de ça. »

Il se sentait triste et démotivé maintenant. Pfff … Plus que triste même. Il referma son livre, prenant une profonde respiration avant de regarder le plafond. De l’autre côté de la porte, Elyséa était adossée à un mur.

« Il croit vraiment que j’ai besoin d’un cadeau ? Ma seule envie, c’est lui. »

Elle voulait se présenter à lui mais ce n’était surement pas le bon moment pour ça. Elle devait attendre … Attendre encore un peu. Car d’après ce qu’elle entendait, ce journal racontait les jours de Kurym … Et Kéran se rapprochait de ce moment.

« J’ai aimé Elyséa cette nuit … Cela était magnifique. Magnifique et doux. Je n’y connaissais rien … mais elle aussi visiblement … Et puis, c’était si plaisant d’apprendre en même temps qu’elle. Elle a un corps splendide, comme son cœur. J’ai pu l’entendre battre … avant qu’elle ne disparaisse de ma vie. Elle n’est pas revenue … depuis quelques jours. »

C’était le moment où elle était morte mais il ne le savait pas encore. Kéran s’arrêta dans sa lecture. Peut-être qu’il valait mieux sauter quelque pages non ? Non … Il ne valait mieux pas. Il ne pouvait pas faire ça, c’était tout simplement absurde.

« Elle est revenue … Je ne parle pas d’Elyséa malheureusement. Elle m’a tout expliqué et elle a voulu rester. Je n’ai pas refusé. Elle voulait se faire pardonner mais ça ne changerait rien … de toute façon. Je suis responsable de la mort d’Elyséa. Elyséa est morte par ma faute. Cette armure était trop fragile. Pourtant, j’y ai insufflé tout ce que je possédais, toute mon âme, tout mon cœur. Je veux retrouver Elyséa … Je veux la retrouver … Je veux la retrouver tellement. Alors, je serai heureux avec elle … Je le serai. Nos corps seront réunis dans un autre monde. Que cette armure qui lui a retiré sa vie permette d’unir la mienne avec elle. »

… … … C’était triste. Il allait sauter plusieurs pages. Il valait mieux. En fait, même en jetant brièvement un regard sur les différentes pages, il remarquait que ça parlait que d’Elyséa. Rien que ça … Alors, il valait mieux aller à la dernière page.

« J’ai pris ma décision et je l’ai prévenue. Je lui ai donné tout ce que j’avais de plus rare. Je pense que les enfants seront heureux avec elle … mais surtout avec d’autres personnes avec eux pour s’amuser. Ce n’est pas une vie que je leur ai proposée, loin de là même. Je vais aller … retrouver Elyséa. Je vais tout faire pour que mon corps soit contre le sien. Je sais où elle se trouve … Je vais quitter cette forge et laisser ce livre ici. Adieu. »

Adieu ? Ça se terminait comme ça ? Sans aucune autre explication ? Rien que ça ? C’était enrageant mais en même temps, pourquoi est-ce qu’il pleurait ? Pourquoi est-ce qu’il avait des larmes aux yeux ? Pourquoi est-ce qu’il devait sécher ses larmes ?

De l’autre côté de la porte de la chambre, Elyséa prenait une profonde respiration, retenant ses larmes. C’était une chose de le vivre … Une chose de l’entendre … mais de le lire aussi. Tout avait une telle intonation plus que différente … quand cela était personnel.

« Je crois que je ferai mieux de me coucher. C’est mieux … Il m’a flingué mon moral … Enfin, pour quelqu’un qui est mort. »

Il déposa le livre sur la table de chevet, observant le lit plus que froid. Ca ne faisait rien … C’était un lit … Et même s’il n’y avait plus aucun feu dans la forge depuis millénaires, ce n’était pas un problème. Qu’un tel bâtiment ait résisté à l’épreuve du temps était déjà un miracle plus qu’énorme.

« Pff … Ce lit … C’est celui où il a aimé Elyséa … n’est-ce pas ? De son vivant ? Il devait en avoir de la chance … Elyséa est vraiment unique. »

Et il le confirmait encore plus après les mots écrits dans le journal intime de Kurym. C’était déprimant … vraiment très déprimant. Il ferma ses yeux, plongeant dans un sommeil réparateur, sans même se soucier du monde qui l’entourait.

« Je crois que c’est à moi d’intervenir, Kéran. Mais cette fois-ci … Plus de rêve. »

Plus du tout même. Elle pénétra dans la chambre, son armure disparaissant de son corps alors qu’elle posait ses yeux saphir sur le jeune homme dans le lit. Un unique bras, un corps dont le torse nu était recouvert de cicatrices, de blessures et de brûlures, un œil gauche recouvert par de la sève, un crâne presque dénudé bien que des cheveux blancs étaient présents mais en faible quantité.

« Qu’est-ce que tu es laid d’apparence, n’est-ce pas mon petit Kéran ? Mais au-delà de cette apparence hideuse se trouve un être unique. »

Elle caressa ses lèvres de ses doigts, le jeune homme marmonnant dans son sommeil. Elle avait envie de rester contre lui … et elle allait le faire sans aucune retenue. Elle vint rentrer dans le lit, venant se loger auprès de Kéran avant de prendre sa tête pour la coller contre sa poitrine. Voilà ! C’était elle … et pas une autre personne. Elle était peut-être morte depuis des millénaires mais elle était une femme … et lui était un homme.

Pendant la nuit, le jeune homme commençait légèrement à suffoquer, étant pris d’une forte chaleur qu’il avait perdue pendant la journée. C’est vrai, ces rêves étaient troubles, plus que troubles même … mais il ne souffrait pas. Il avait chaud, très chaud … Comme s’il lui manquait quelque chose mais en même temps, qu’il possédait depuis tellement de temps. Et puis, il marmonnait quelques mots dans son sommeil.

« Humpf … C’est quoi ça ? »

Il avait du mal à bouger … et puis … Il était coincé contre … DES SEINS ?! Non non ! Ce n’était quand même pas ce qu’il pensait ! Il s’extirpa aussitôt, remarquant le visage endormi d’Elyséa … et sa poitrine dans sa robe noire. Et ses cheveux blancs !

« Comment est-ce qu’elle m’a retrouvé ? Je … Normalement, je n’avais pas laissé de trace ! Je dois m’en aller maintenant ! Je … »

« Hum ? T’en aller où par hasard ? » demanda une voix ténébreuse, le figeant sur place. Il tourna juste sa tête vers le lit, voyant l’œil bleu saphir d’Elyséa qui le regardait.

« Loin de toi et … »

« Même pas en rêve … Ni dans la réalité. »

Une aura ténébreuse vint l’entourer et aussitôt, le jeune homme se retrouva immobilisé sur place. Elle tira la couverture, se mettant debout alors que Kéran remarquait que c’était l’ombre de la jeune femme qui le bloquait.

« Toi ? T’en aller ? Peut-être … Mais loin de moi ? Plus jamais. »

« ELYSEA ! JE NE VEUX … »

Qu’il se taise ! Elle lui coupa la parole en prenant son visage à deux mains, l’embrassant longuement et goulument, à tel point qu’elle ne se priva pas d’un filet de bave lorsqu’elle retira ses lèvres de celles de Kéran.

« Ca ne marche pas comme … »

Elle prit son filet de bave au bout du doigt et lui enfonça dans la bouche. Qu’il se taise ! Maintenant qu’il avait la bouche pleine, il était en train de téter le doigt. Elle le retira, le regardant avec les joues rougies.

« C’est bon, tu t’es calmé, Kéran ? »

« Non … Ca ne marche pas comme ça et tu le sais parfaitement ! ET JE … »

Elle l’empêcha de parler encore une fois. Collant ses lèvres contre les siennes, cette fois-ci, elle ne se privait pas pour nouer sa langue avec la sienne. Elle le repoussa sans réelle délicatesse contre le lit, le jeune homme cherchant à utiliser son bras pour s’extirper de là. Mais elle croisa ses doigts avec les siens, son autre main se plaçant autour de lui alors qu’elle continuait ce baiser des plus ardents.

Puis soudainement, le froid recommença à se former autour de Kéran, la jeune femme stoppant son baiser, gémissante de douleur mais gardant pourtant Kéran contre elle. Celui-ci s’écria avec colère et inquiétude :

« Lâche-moi, Elyséa ! Lâche-moi ! Tu risques de te faire mal ! »

« Ou alors, tu arrêtes avec ton froid des plus stupides et tu continues de m’embrasser. Je veux que ça soit toi qui le fasses, pas moi. »

« NON NON ET NON ! JE NE FERAI PAS CA ! JAMAIS ! TU COMPRENDS ?! JAMAIS ! JE NE LE FERAI PAS ! Alors arrête ! »

Mais elle ne vint pas le libérer. Loin de là … Elle continuait de le serrer mais avec plus de force. Déjà, un peu de gel apparaissait sur son visage qui devint plus blanc. Qu’elle arrête ! Qu’elle arrête maintenant ! C’était beaucoup trop … Qu’elle arrête !

« ALLER ELYSEA ! Je te pardonne ce que tu as fait mais lâche-moi ! »

« Embrasses-moi et arrêtes ton « système de protection » de froid. »

MAIS IL NE POUVAIT PAS ! Il ne savait pas pourquoi son corps réagissait comme ça ! Il ne savait pas du tout comment … AAAAAAAAH ! Elle le fatiguait ! Il prit son visage par le menton, le ramenant à son niveau pour l’embrasser à son tour. Voilà ! Elle voyait que ça ne fonctionnait pas ! Elle voyait parfaitement que …

« Tu vois, Kéran ? C’est aussi simple que ça … Pourquoi te compliquer la vie plus longtemps, non ? » dit la femme aux cheveux blancs avec un petit sourire.

C’est vrai ? Il ne ressentait plus du tout de froid. Enfin … Il n’y avait plus cette aura glacée. Et il … Il avait embrassé Elyséa ? Vraiment ? Il … Il avait fait ça ?

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