Chapitre 1 : Renfermé sur lui-même

ShiroiRyu
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Premier axe : Diverses raisons

Chapitre 1 : Renfermé sur lui-même

« Personne ? Que veux-tu manger ? » demanda le jeune homme aux cheveux verts, un léger sourire aux lèvres alors qu’une faible voix lui répondait.

« Comme tu veux, Malixo, ça ne me dérange pas de ne pas manger réellement. »

« Mais il faut que tu manges donc tu vas manger. Metsubi ? Tu peux lui faire ton attaque habituelle, s’il te plaît ? » répondit Malixo en se tournant vers l’autre personne.
Celle-ci avait sa tenue habituelle mais tachée de boue. Ses couettes noires étaient la seule chose de bien coiffée chez elle, le reste de ses cheveux partant un peu partout. Elle avait aussi un peu de sang séché sur ses bras mais ne semblait pas s’en soucier. Ses deux yeux blancs se posèrent sur un jeune garçon âgé de sept ans … voir bientôt huit … Il avait une petite veste noire, un t-shirt blanc dessous tandis qu’il portait deux gants noirs aux mains. Sa coiffure semblait naturelle bien qu’il avait quelques mèches rebelles de couleur noir. Ses yeux rubis n’exprimaient aucune émotion ou presque alors qu’il était assis contre un arbre, ses deux mains rentrées dans les poches d’un pantalon de soie noire. Il eut le droit à l’apparition de la Griknot devant lui, celle-ci ne laissant filtrer aucun sentiment comme à son habitude avant de tendre ses deux mains. Elle se cala contre lui, le jeune garçon marmonnant :

« Ce n’est pas bien d’utiliser Metsubi pour que je vienne manger, Malixo. »

« Oui mais c’est la bonne méthode puisque j’ai vu son efficacité. Tu viens donc ? »

« Je viens … Je viens … Oui … Je viens … » murmura t-il avec lenteur tout en gardant Metsubi contre lui, la jeune fille se logeant bien dans ses bras.


Trois minutes après, ils s’étaient relevés, se retrouvant tous autour du feu. Tous ? Il n’y avait que trois personnes, n’en manquait-il pas une quatrième ? Pendant qu’ils mangeaient, Personne prit la parole après un léger soupir :

« … … … Je suis un peu fatigué de jouer de la sorte à chaque repas. »

« Hum ? Si tu parles d’elle, je te rappelle que tu lui as dit de ne pas te coller de trop près. Je te rappelle aussi que tu m’as promis d’essayer de l’aider à changer mais de l’autre côté, il semblerait que ça soit toi qui a le plus changé. »

« Je n’ai pas changé du tout … J’ai juste … des choses différentes dans la tête. Et je n’aime pas comment elle se comporte maintenant. Je n’aurai pas de pitié pour elle malgré tout ce qu’elle fait pour nous. Elle peut dire tout ce qu’elle veut, moi, je n’oublie pas. »

« Tu as la rancune très dure … Et ça ne me plaît pas vraiment. Maintenant qu’elle n’a plus ces pouvoirs, elle n’est plus qu’une fille normale. »

« Et j’aurai aimé la laisser en ville mais elle n’a pas arrêté de me suivre. Elle ne veut pas que je l’abandonne, tout ça … Moi, je m’en fiche … Je fais juste ce qu’elle m’a fait mais bon … CRUSAE ! Tu viens manger quand ?! Tu veux pas que je vienne te chercher non plus ?! »

« J… J’arrive, c’est bon ! Je préparai juste les pages pour demain ! »

La voix qui venait de parler avait quelque chose d’étrangement doux et chaleureux. Dans la tente, une ombre s’était mise à bouger, une petite tête en sortant, de longs cheveux blancs se faisant voir … ou presque ? A la pointe de ses cheveux blancs, une couleur châtaigne était apparue, comme si elle prenait le dessus peu à peu sur le blanc original de la jeune fille. Au niveau de sa tenue, elle portait comme à son habitude sa jupe blanche bien que celle-ci était plus allongée, se rapprochant presque d’une robe. Elle était toujours aussi belle malgré le fait qu’elle ait perdu ses pouvoirs à cause du collier qu’elle avait.

« C’est terminé. Les cours pour demain sont donc prêts ! »

« Tant mieux … Tant mieux … Viens t’asseoir et manger au lieu. »

« D’accord, d’accord. » répondit-elle alors qu’elle retournait dans la tente pour ranger les quelques feuilles, allant s’asseoir à côté de Personne. Celui-ci lui tendit son assiette d’un geste nonchalant et désintéressé, ne remarquant même pas le sourire de la jeune fille lorsqu’elle sentit ses doigts qui touchaient les siens.

« Merci beaucoup, Personne. Qui a fait le repas ? »

« Ce n’est déjà pas toi. » répliqua t-il lentement tandis que Malixo murmurait :

« Personne … Arrête ça tout de suite, c’est un conseil. »

C’est bon, c’est bon. Il avait compris. Il arrêta aussitôt sa petite pique envers Crusaé, celle-ci arrêtant de sourire avant de se mettre à manger. Elle semblait étrangement triste depuis qu’il avait parlé ainsi, Metsubi ne disant plus rien de son côté comme à son habitude. Le jeune garçon termina son repas en premier, annonçant :

« J’ai plus réellement faim … J’en ai laissé un peu mais toute façon, on s’en fiche non ? »

« Comme tu le veux, Personne. Je ne vais pas te forcer à manger. »

« Tu devrais quand même essayer de finir, Personne. Comme ça, tu auras plus de muscles au cas où. C’est une simple suggestion. » signala Crusaé.

« Que tu peux garder pour toi, Crusaé. Je n’ai pas besoin de ton avis à ce sujet. »

« Je ne faisais que … vouloir t’aider. »

« Alors ne m’aide pas. Tu ne l’as jamais fait auparavant, tu ne vas pas commencer maintenant parce que tu n’as plus tes pouvoirs. Moi, j’ai arrêté d’être bête maintenant. Je sais très bien pourquoi tu fais ça. Tu veux que je te retire le collier et bien, c’est non ! »

« C’est même pas vrai ! Enfin … Si … Ca l’est un peu quand même. »

« AH ! Tu vois ! Moi, je vais dans la tente ! Je vais dormir ! Bonne nuit tout le monde ! » annonça t-il avec un peu d’énervement dans la voix alors qu’ils le regardaient partir.

« Bonsoir Personne… » murmura Crusaé en baissant la tête, se serrant dans des vêtements imaginaires alors que le jeune homme aux cheveux verts passait une main sur son front.

« Un an que je me tape ça chaque midi et soir … Et pourtant, je ne m’en lasse pas le moins du monde … Ah … Mais il fallait s’en douter, hein ? Ça ne sert à rien d’être triste, Crusaé. »

« Je le sais parfaitement bien. Je ne suis pas triste. » marmonna la jeune fille aux cheveux blancs alors que Metsubi terminait son assiette, se suçant les doigts.

… … … On pourrait presque croire que les relations étaient inversées mais c’était plus profond que cela. Le jeune homme prit les quatre assiettes, signalant d’une voix calme :

« Je vais aller les nettoyer. Vous pouvez déjà aller dormir si vous le voulez. »

« Dormir après avoir mangé, je ne sais pas si c’est une bonne idée. Et je crois que je vais prendre un peu d’avance dans mes écrits. »

« Si Personne ne veut pas apprendre avec toi, je le forcerai. »

« Non … Non … C’est bon, on ne doit jamais forcer une personne à apprendre, sinon elle se braquera et ne voudra jamais apprendre. Il faut que ça soit lui qui ait envie d’apprendre. »

« … … Comme tu le désires, Crusaé. Rappelle-toi simplement que tu es une jeune fille dorénavant et que puisque tu n’es plus toute puissante, tu peux facilement être brisée … physiquement … et verbalement. »

« … … … Je le sais très bien, moi. Il n’y a pas à s’en faire. »

« Je ne m’en fait pas. N’espère pas croire que je ne t’en veux plus pour la mort de Lina. Elle restera toujours gravée dans ma mémoire. Je peux simplement panser mes blessures. »

« Je ne m’excu … Si … Ca fait quand même un peu mal. » souffla t-elle avant de prendre les assiettes de la main de Malixo, disant : « Je vais les laver. Je n’ai rien fait pour aujourd’hui. »

« Comme tu le désires. Je vais aller voir pour discuter avec Personne et tenter de faire qu’il arrête d’être aussi stupide. Mais bon, les humains sont parfois très bornés. »

« Mer … Merci. » bafouilla la jeune fille aux cheveux blancs alors que le jeune homme allait dans la tente à son tour. Crusaé posa son regard vert et rose sur Metsubi, demandant : « Que veux-tu ? Je tiens à te le signaler quand même : j’exprime toujours de l’animosité envers ta personne. Même si je ne peux plus te frapper et même si tu es en position de force, je ne te laisserai pas prendre l’ascendant sur moi. Tu peux toujours essayer de me frapper. »

Elle n’attendait que ça … Si Metsubi la frappait, elle pouvait alors voir Personne et lui montrer les blessures qu’elle avait. Avec ça, elle pouvait peut-être espérer un peu plus d’attention de la part du jeune garçon. Maintenant qu’elle n’avait plus ses pouvoirs, elle savait parfaitement qu’il se fichait énormément d’elle mais … Elle n’abandonnait pas la partie à ce sujet ! Metsubi la regarda longuement, haussant les épaules avant de s’éloigner du feu et de la tente, disparaissant dans le bois. Où est-ce qu’elle allait ?

Elle n’allait pas le savoir mais la jeune fille revint une quinzaine de minutes plus tard, ses yeux toujours blancs. Sans un mot, elle se dirigea vers la tente, Crusaé la regardant d’un air étrange. Ce n’était pas la première fois que Metsubi faisait un tel manège … Cela avait commencé il y a neuf mois environ …

« Je ne sais pas ce que tu manigances mais tu n’as pas intérêt à lui faire du mal … »

Sauf que c’était exactement le contraire. A chaque fois qu’elle revenait, Metsubi se dirigeait vers l’endroit où se trouvait Personne avant de venir se coller dans ses bras. Et là ? Ce soir ? Et bien … La jeune fille aux couettes noires et à l’aspect repoussant de saleté s’était glissé contre lui, Personne la serrant avec une certaine tendresse.
Elle n’avait pas oublié une seule partie de cette vision devenue trop commune. Ah … Quand elle y réfléchissait bien, Personne avait toujours apprécié énormément Metsubi, ça ne datait pas d’hier, pas du tout même. Elle avait pensé qu’il préférait Lina mais cela avait montré qu’il la considérait comme une grande sœur. Metsubi, il s’amusait toujours avec elle, surtout lorsqu’elle ne parlait pas. Et elle ? Dans cette histoire ? Et bien … Elle … Elle restait parfaitement neutre … Elle tentait de l’être.

Elle avait terminé de nettoyer les assiettes, ayant pris bien plus de temps que la normale. Maintenant qu’elle n’avait plus tous ses pouvoirs, c’était différent … Sa vision des choses était différente. Elle n’était plus toute-puissante, elle n’était plus invincible. Elle devait se méfier, elle devait faire attention, elle … devait être protégée par l’élu … Son élu … Et elle n’avait pas trouvé cela déplaisant. Elle se fit un petit sourire à elle-même, se dirigeant vers la tente. Son sourire avait vite disparu alors qu’elle se mettait dans son coin, un sac de couchage l’attendant. Dorénavant, elle avait réellement froid … comme les autres … Elle n’était plus qu’une humaine. Une chose qu’elle ne regrettait qu’à moitié.

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