Chapitre 17 : Père et fils

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : Père et fils

« Comment est son état de santé ? »

« Assez préoccupant, je dirais que c’est plus psychique que physique. »

« Vous êtes de sa famille ? »

« Non mais… »

« Laissez la avec lui, j’ai aussi à discuter avec elle. »

Charles avait pris la parole alors que Thierry était couché dans un lit d’hôpital. Même si le champion d’arène n’avait pas de droit sur le médecin, celui-ci poussa un léger soupir avant de s’en aller. Il acceptait que les deux personnes restent avec le patient. Cynthia était assise sur une chaise, sa main tenant celle de Thierry alors que Charles murmurait :

« Je ne pensais pas que cela pouvait lui faire un choc… »

« Mais qu’est-ce que vous lui avez dit ?! »

« Je lui ai simplement signalé qu’il me rappelait quelqu’un, voilà tout. Je suis sûr que c’est son fils. Tu dois aussi le connaître… Malheureusement, ça remonte à si longtemps que j’en ai oublié son nom. Ca s’est passé il y a onze ans je crois. »

« Je n’en avais que neuf, je ne sais pas si j’arriverais à me rappeler. »

« Cela ne fait rien. Je dois retourner sur cette île. J’ai perdu mon combat. Tu pourras lui donner ce badge quand il se réveillera ? »

L’homme aux cheveux rouges et à l’âge avancé tendit à Cynthia un badge circulaire et gris. Une étoile à trois branches le traversait et les espaces délimités entre les branches étaient remplis à moitié d’un métal jaune doré : Le Badge Mine. Charles se retira sans d’autres mots, laissant seule la jeune femme aux longs cheveux blonds.

« Tu souffres… n’est-ce pas ? Tu souffres intérieurement. »

Il ne lui répondait pas, il avait été anesthésié et s’était endormi grâce à ça. Maintenant, il était calme et tranquille mais comment allait-il être à son réveil ? Est-ce qu’elle devait parler de son père avec lui ? Elle ne voulait pas qu’il fasse une rechute à cause d’elle, loin de là ! Il était temps de faire des recherches et plus vite que ça ! Elle sortit de la chambre, allant à l’accueil pour signaler qu’elle allait revenir rapidement avant de partir de l’hôpital. Elle se dirigea vers un bureau des postes où plusieurs Roucools attendaient sagement une lettre.

« La Ligue va pouvoir m’aider. Ils ne peuvent pas me refuser ça. »

Rapidement, elle prit une lettre, écrivant sur cette dernière avant de la déposer dans les pattes d’un Roucool. Elle se dirigea avec lui vers l’accueil, payant le prix de la lettre et du voyage. Elle retourna finalement à l’hôpital, prévenant l’accueil qu’elle resterait avec Thierry jusqu’à son réveil malgré le fait qu’elle ne soit pas de la famille. Au final, elle était avec lui depuis presque un mois et elle était sûrement l’unique relation qu’il avait à Sinnoh. Trois jours s’écoulèrent et il ne s’était toujours pas réveillé. Elle avait demandé si ce n’était pas trop grave et les médecins restaient réservés : Il n’était pas en danger de mort mais plongé dans un coma artificiel causé par lui-même.

« Thierry, réveille toi s’il te plaît. Tu as gagné ton badge, tu l’as gagné. Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. Il t’en reste plus que deux et tu te rapprocheras de moi. »

« Les… badges… jolis… Sont jolis. »

Il parlait dans son sommeil ? Elle s’approcha de lui, collant presque son visage contre le sien pour écouter ce qu’il avait à dire. Il semblait parler à quelqu’un mais qui ?

« Y en a… d’autre ? Sinnoh ? Tu vas partir ? »

Il parlait bien à quelqu’un… quelqu’un qui semblait être proche de lui et qui avait récupéré des badges. Ceux de Sinnoh ? Ou alors d’une autre région ? Peut-être Hoenn ? Elle allait avoir besoin de beaucoup plus d’informations. Elle murmura à l’oreille de Thierry :

« D’où est-ce que tu viens ? »

Thierry trembla dans son sommeil : Une voix… Une voix venait de s’adresser à lui et il avait eut peur sur le coup. C’était normal, il ne s’était pas attendu à ça ! Il sembla réfléchir à la question, son visage se tournant à gauche et à droite avant de murmurer :

« Ben Papa… Je viens d’Hoenn et toi aussi ! Tu ne sais plus ? »

« Dis moi… Est-ce que tu es déjà venu à Sinnoh auparavant ? »

Hu ? Le jeune homme sursauta légèrement dans son lit. Il venait de passer d’un rêve à un autre, elle en était sûre. Dommage qu’elle n’avait pas de pokémons capables de lire dans les rêves…Mais si ! Elle en avait un ! Qu’elle était bête !

« Proserpine, viens donc par là. »

Elle fit grossir l’une de ses pokéballs. Une sorte de pierre grise se présenta devant Cynthia, ne faisant aucun mouvement avant qu’une sorte de sphère violette et fantomatique parsemée de sphères vertes apparue au-dessus de la pierre.

« Spiritomb ? »

« Je vais te donner une mission mais je préfère te prévenir : Je ne veux AUCUNE bêtise de ta part et je ne plaisante pas là-dessus. »

« Spiritomb ! Spirit ! »

« Bref… Je veux que tu ailles dans ses souvenirs et que tu me ramènes le plus d’informations à son sujet. »

La Spiritomb hocha la tête avant de disparaître subitement. Cynthia restait assise, immobile et figée comme une statue. Elle espérait que les rêves de Thierry n’étaient pas protégés, du moins pas trop…Quelques picotements se firent entendre et elle tourna sa tête vers la fenêtre de la chambre. Un petit Roucool tenait une lettre et elle s’approcha de la fenêtre pour l’ouvrir. Un petit cri derrière elle lui fit tourné la tête. Sa Spiritomb venait d’être repoussé violemment des rêves de Thierry ? Elle remercia rapidement le petit oiseau qui s’éloigna après sa mission accomplie avant de retourner près de Proserpine.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Il s’est défendu ? Raconte moi tout. C’est important ! »

« Spiritomb, spirit. »

La créature nuageuse prit la parole pendant cinq minutes avant de lui expliquer tout ce qu’elle avait réussi à apprendre. Le jeune homme avait un père qui était parti pour Sinnoh il y a environ douze ans. Le jeune homme devait avoir huit ou neuf ans à l’époque. Son père était très connu dans Hoenn puisqu’il avait remporté tous ses badges avec facilité là-bas. Il avait même affronté et vaincu le conseil des quatre et le maître d’Hoenn. Après sa réussite, il avait décidé de ne pas devenir le futur maître car il ne se voyait pas comme ça. Thierry aurait voulu partir avec lui mais son père avait refusé, lui signalant que les voyages de ce genre n’étaient pas faits pour un enfant comme lui. Lorsqu’elle avait cherché à aller dans des souvenirs plus récents, elle avait été renvoyée violemment en-dehors de ses rêves et elle n’avait rien put fait pour empêcher ça.

« C’est bien… Tu as fait du bon travail. Mais est-ce qu’il a déjà été à Sinnoh ? »

La Spiritomb hocha la tête d’un air positif avant de disparaître dans la pokéball de Cynthia. Elle avait fait son boulot, voilà tout. La jeune femme aux longs cheveux blonds poussa un léger soupir, rapprochant son visage de celui de Thierry pour l’étudier de plus près. Maintenant qu’il était tranquille et qu’elle savait qu’il était déjà venu à Sinnoh, il y avait une maigre chance qu’elle l’ait déjà vu… Mais elle n’avait jamais quitté Célestia durant son enfance. De plus, le visage de Thierry ne lui disait rien, rien du tout. Elle ouvrit la lettre, s’attendant à ce que la Ligue lui envoie une réponse positive mais elle fut consternée par le contenu de cette lettre. Ils se fichaient pas mal de ce qu’elle recherchait ! Non, en fait, ce n’était pas ça. Ils n’avaient même pas cherchés, ils avaient simplement demandé à ce qu’elle vienne le plus tôt possible à la ligue, un futur dresseur allait peut-être tenter de battre le conseil des quatre et il fallait qu’elle soit là au cas où.

« Qu’ils aillent se faire foutre. »

De sa part, cela pouvait paraître indélicat et irréel mais c’était bien elle qui venait de proférer ces insultes. Elle déchira la lettre avant de la mettre dans la corbeille, serrant la main de Thierry dans les siennes. Elle ne pouvait pas partir en le laissant seul ! C’était impossible ! IMPOSSIBLE ! Surtout pas après ce qu’elle avait vu de sa part ! Elle baissa délicatement la main de Thierry avant de lui dire :

« Repose toi. J’espère que ce petit problème n’arrêtera pas ta progression en direction de la ligue pokémon de Sinnoh. Tu mérites amplement de gagner les deux derniers badges même si tu as un caractère très difficile à supporter. »

Elle rigola faiblement, retirant ses mains avant de prendre la télécommande et de zapper sur les différentes chaînes de la petite télévision qui se trouvait en hauteur. Non, il n’y avait rien de bien. Les médias parlaient encore de l’affaire les concernant, la chaîne de la ville de Joliberges racontait le combat qui s’était déroulé dans l’arène du champion. Ce n’était pas ça qui l’intéressait. Il n’y avait vraiment rien à la télévision ou quoi ?

« Encore une fois, notre champion Fixed Smile vient de rapporter une magnifique victoire avec sa majestueuse Lockpin. Vous pouvez l’applaudir bien fort ! »

Elle arrêta de zapper en entendant ce nom. Sur l’écran de la télévision, l’homme au masque noir et blanc serrait dans ses bras la créature aux longues oreilles. Elle portait de nombreux rubans et un nouveau venait la décorer. Fixed Smile était encore là ?! C’est vrai qu’avec Thierry, elle ne s’était plus trop intéressée à lui mais maintenant qu’elle le revoyait…

« C’était là la fin de notre émission sur les grands champions des concours Pokémons de ces derniers décennies. Sachez que le fameux Fixed Smile a remporté les différents concours avec ses pokémons sans perdre une seule fois lors de ses inscriptions. Il a ensuite disparu pendant une dizaine d’années sans laisser de traces et nul ne sait où il se trouvait jusqu’à ces derniers mois. Fixed Smile est de retour avec sa Lockpin et ils sont toujours aussi stupéfiants. Il y a moins d’un mois, il a remporté le tournoi Master dans la catégorie Beauté face à Kiméra, la championne de l’arène d’Unionpolis. La vidéo que nous vous avons montré date d’il y a environ douze ans. Maintenant passons… »

Elle coupa la télévision, poussant un profond soupir. Quelque chose se passait dans Sinnoh mais elle ne savait pas quoi. Fixed Smile était déjà présent il y a douze années mais elle n’était pas férue des concours pokémons donc elle ne s’en rappelait pas. Une quatrième journée se déroula et elle parlait à Thierry, lui faisant la discussion alors que Charles était venu prendre de ses nouvelles. Il n’était pas en danger mais elle attendait qu’il se réveille voilà tout. Enfin, au beau milieu de l’après-midi du cinquième jour, il ouvrait faiblement les yeux en murmurant :

« Où est-ce que je suis ? »

« Encore à l’hôpital. Tu es un habitué des lits. »

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Il n’était même pas en colère mais simplement surpris par le fait qu’il se retrouvait dans un lit. La dernière fois, il avait été malade pendant deux semaines. Il tourna son visage vers Cynthia, celle-ci ayant un grand sourire dessiné sur les lèvres. Elle était si contente de le savoir en bonne santé, elle n’avait plus à s’en faire pour l’instant.

« Tu es simplement tombé inconscient pendant ton match contre Charles. »

« CHARLES ! Où est-ce qu’il est ?! »

Il se redressa dans son lit, s’apprêtant à sortir de ce dernier, déjà en train de piquer à nouveau sa crise de nerfs mais elle vint soudainement le prendre dans ses bras. Sur le moment, il ne réalisa pas ce qui venait de se passer et ses bras pendaient lamentablement en direction du sol alors qu’il avait ses yeux rubis grands ouverts.

« Calme toi… Thierry. Calme toi, s’il te plaît. Tout est terminé. Tu n’as pas à t’en faire. Ne te fais pas de soucis pour ça. Je suis là… Calme toi, d’accord ? Charles est parti depuis longtemps. Tu as gagné ton combat. Tu l’as gagné. »

« Tu pourrais me lâcher ? »

Elle remarqua le geste qu’elle venait de faire et retira subitement ses bras autour de lui, légèrement rouge de gêne. Quand à lui, il ne semblait pas affecté par l’enlacement et il la regardait :

« C’est vrai ce que tu me dis ? J’ai gagné mon combat ? Où est mon badge ? »

« Ah ? Il est là. »

Visiblement, il s’en fichait pas mal d’elle et elle ne savait pas si elle devait se sentir blessée de ne rien lui faire ressentir ou non. Elle sortit le petit médaillon métallique de sa poche avec un petit sourire avant de le tendre à Thierry. Celui-ci tenta de le récupérer mais elle ferma son poing avant de lui dire d’une voix légèrement durcie :

« S’il te plaît, on doit dire. De plus, je veux que tu me promettes de m’appeler ou de me dire dès qu’il y a un problème. Je suis là pour toi donc… »

« S’il te plaît. Quand à mes problèmes, ils sont personnels. »

« Mais tes prestations sont visuelles devant tout le monde. »

« Tsss… J’ai eut un moment de défaillance, voilà tout. T’as pas à être au courant de quelque chose me concernant. Tu n’es pas de la police et tu n’es pas une amie, seulement une femme de Sinnoh donc une ennemie. »

« Thierry… »

Elle alla s’asseoir à côté de lui sur le bord du lit avant de lui prendre la main. Il la retira rapidement mais elle lui reprit la main. Il poussa un grognement caractéristique, signe qu’il n’appréciait pas du tout les gestes de la jeune femme envers lui.

« Lâche moi un peu. Je t’ai dit de t’éloigner de moi. Je ne sais pas ce que tu espères de moi mais tu vas te casser les dents à coups sûrs. Je ne suis pas de ce genre ! »

Elle revint le coller contre elle, le forçant à poser sa tête sur son épaule. Il grogna à nouveau mais elle la retenait contre lui. Elle n’allait pas le laisser s’enfuir cette fois ! Il pouvait dire tout ce qu’il voulait, elle avait vu une partie du vrai Thierry derrière cette carapace de haine et de colère.

« Reste un peu tranquille. Tu peux dire tout ce que tu veux, c’est à moi de décider si je veux aider ou non quelqu’un que j’apprécie. Je n’ai pas envie de savoir que tu te noies dans ta douleur en ne la laissant paraître aux yeux de tous. Je ne sais pas ce que tu as vécu mais je pense que ce n’est guère rose. »

« Et merde… Tu fais chier… »

Les quelques mots sortaient de ses lèvres comme une longue plainte alors qu’il baissait ses yeux rubis. Il admettait sa défaite… pour le moment. Elle le gardait contre elle, lui caressant le dos avec délicatesse. Un animal blessé qu’il fallait soigner, voilà ce qu’il était.

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