Chapitre 145 : Nul ne peut s’enfuir

ShiroiRyu
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Chapitre 145 : Nul ne peut s’enfuir

« Bon … Je … Faites attention à vous. Reposez-vous maintenant … C’est compris ? Soignez vos blessures, faites tout ce que vous pouvez mais reposez-vous. Ce soir, je ne dors pas, je vais surveiller et faire un tour de garde. »

« Ouais ouais bien sûr, comme ça, tu auras la gueule dans le potage et ensuite, tu … »

Katérina s’arrêta dans ses paroles, remarquant le regard furieux et inquiet de Kéran. Ohla … C’était pas habituel pour lui d’avoir une telle … colère. Il était réellement en colère ? Mais contre qui ? Pas contre elle quand même ? Elle avait rien fait de mal qu’elle sache ! Du moins, pas plus que d’habitude ! C’était quoi ce délire ?

« Il n’est pas en colère contre toi … mais contre le fait qu’il n’a pas remarqué vos états. Vous êtes blessées et il ne se le pardonne pas, Katérina. » murmura Dumasch à l’intérieur du corps de la jeune femme, celle-ci répliquant par la pensée :

« Mouais … C’est pas de sa faute non plus. J’avais juste à faire gaffe, pas besoin de se prendre la tête pour ce genre de conneries non plus hein ? »

« Je comprends parfaitement ce qu’il ressent. Ne pas réussir à protéger ceux que l’on aime … C’est si … absurde. Des fois, même si nous ne sommes pas responsables, on se sent fautif … On se dit qu’on aurait dû être là … Mais ce n’est pas le cas. »

« Qu’est-ce que tu baragouines encore toi ? Ca a pas l’air d’aller fort, le petit. »

« Humpf … Je ne disais rien d’important mais laisse-le tranquille … qu’importe s’il se fatigue plus que nécessaire. C’est son … « devoir » et sa responsabilité. »

Tsss … Sa responsabilité de mâle dominant ? Elle n’aimait que moyennement de laisser Kéran rester debout toute la nuit. Surtout après qu’il venait de lui dire d’aller se reposer. C’était clairement pas son genre mais en même temps …

Humpf ! Au moins, elle pouvait faire quelque chose pour lui-même si ce n’était pas dans ses habitudes. Elle se dirigea vers Kéran qui s’était éloigné, regardant les champignons dans la grotte, les yeux rivés en même temps sur le mur de pierre et de métal. Il semblait si songeur et … et distant. Ah … Bon …

« Tu te retournes blaireau ? Ou tu fais semblant de pas m’avoir entendu ? »

« Hein ? Quoi ? Katérina … Qu’est-ce qu’il y a ? Repose-toi avec mes pokémons, d’accord ? Je vais vous surveiller toutes … enfin tous puisqu’il y a Lorno et Harno … »

« Ouais, ouais, je le sais bien et je sais aussi que je pourrai pas te faire changer d’avis. Mais au moins, je peux faire un truc pour te remercier. »

Ah bon ? Et qu’est-ce qu’elle voulait faire pour ça hein ? Il s’attendait à une autre perversité de la jeune femme mais elle vint tout simplement l’embrasser sur les deux joues et l’étreindre pendant quelques secondes, le laissant immobile par cette action. Ca avait été … tellement doux contrairement à ce qu’il avait pensé. Il ne s’y était pas attendu du tout.

« … Bon fais ton tour de garde mais reste aussi sur tes gardes à toi hein ? Et si tu as besoin de dormir, tu viens me rejoindre, d’accord ? »

« Euh … D’accord … Merci Katérina. Je … Enfin … Merci beaucoup. »

« Je devrais plutôt te remercier. Et sache que nous t’accompagnons en sachant pertinemment les risques que l’on prend, d’accord ? Tu n’as pas à t’en faire plus à ce sujet, d’accord ? »

Il ne répondit pas, ne faisant que détourner le regard. C’était juste que … Il avait déjà eu peur pour Sélia auparavant quand Katérina était arrivée. Il avait eu peur pour ses pokémons lors de cette agression de la part d’Hansanio, il avait eu peur pour Swar lors du combat contre cet Absol et là … Il avait eu peur pour tout le monde lors du combat contre les sbires de Mékos ! Il était … Il était juste …

« Hum … Tu es sûr que tu ne veux pas que je reste à veiller avec toi, Kéran ? »

« Non … Non … C’est bon, Katérina. » murmura-t-il tout simplement.

Pourtant, elle n’avait pas vraiment envie de le laisser seul. Elle remarquait le regard perdu et attristé du jeune homme. Il fallut que Dumasch lui parle intérieurement pour qu’elle décide de rentrer dans la tente, accompagnée de Loa. De l’autre côté, dans la tente de Loa, les pokémons de Kéran allaient se reposer. Harno restait avec Loa. Kéran ? Il était adossé à un mur, les bras croisés, ayant planté l’épée dans le sol juste à côté de lui. Il avait la tête baissée, les yeux fermés. Il murmura dans sa tête :

« Elyséa … Je veux devenir plus fort … Je le veux vraiment … Je … C’est si pathétique … de se dire que je veux juste protéger tout le monde. »

« Beaucoup aimeraient devenir plus forts pour protéger les personnes qu’ils aiment, peu y arrivent réellement, Kéran. »

« Mais ça ne change rien que là … Que là … Je n’ai pas pu … »

« Tu n’es pas omnipotent, tu n’es pas omniprésent, tu n’es pas universel. Je vais te dire une chose, une chose qui risque de te faire mal : et si Sélia était morte pendant que tu es ici ? »

« Hein ?! » dit le jeune homme en rouvrant les yeux avec stupeur.

« Ce n’est qu’une supposition. Mais si c’est le cas … Tu vas t’en vouloir, n’est-ce pas ? »

« Sélia … Je … Ne dis pas ça ! C’est juste … impossible ! »

« Et si ça l’était, qu’est-ce que tu ferais, Kéran ? Tu t’en voudrais, non ? Donne-moi ta réponse au lieu de tourner en rond. »

« Je … Je … Je ne pourrais pas y croire mais je m’en voudrai … Je m’en voudrai terriblement, oui … Je … De ne pas avoir été là pour la sauver mais ce … n’est pas pareil ! »

« Car tu es à côté des personnes qui sont proches, c’est cela ? »

« Alors qu’elles sont à portée, je peux les sauver … Je peux les protéger. Mais là … Face à Mékos, je n’ai rien pu faire ! J’ai juste réussi à l’égratigner ! Tu as vu le géant qu’il est ? »

« Tout cela n’est qu’une carapace … Rien d’autre. Si tu arrives à trouver où se localise son véritable corps à l’intérieur de Mékos, tu pourras le tuer facilement. »

« Oui mais … Ca ne sera pas suffisant, je le sais … Ca ne veut pas dire que personne ne sera blessé, Swar. Ca ne veut pas dire ça ! Je veux qu’elles soient en sécurité ! »

« Nul ne le sera ! Rentre-toi ça dans le crâne, Kéran ! S’ils t’accompagnent maintenant, c’est bien parce qu’ils savent qu’ils se mettent en danger ! Ils sont conscients des risques qu’ils prennent ! Ils sont prêts à mourir et toi aussi non ?! »

« … … … Je ne suis pas forcément prêt à mourir. Je veux juste vivre … Je veux continuer à vivre et je veux que tous et toutes continuent de vivre. » murmura faiblement Kéran, baissant la tête une nouvelle fois pour ne plus la redresser.

« Un jour, tu mourras. Un jour, tes pokémons mourront. Un jour, Katérina décédera elle aussi. Peut-être d’une maladie, d’un accident, d’un combat, nul ne le sait exactement. Mais il y a une chose dont tu peux être sûr : tout le monde sera mort. Tout le monde meurt un jour ou l’autre. Est-ce que tu vas t’en vouloir ? Est-ce que tu te sentiras responsable de cette mort ? Tant que tu n’es pas celui qui tue directement la personne ou qui cherche à la tuer, tu n’as pas à t’en faire. Tu n’as pas à t’inquiéter plus que ça, compris ? »

« Je ne peux pas ! Je ne peux pas ! Et je ne peux pas ! »

« Est-ce que je dois t’endormir pour que tu comprennes à quel point ça ne sert à rien ? »

« Ne fait pas ça ! Je dois … surveiller les alentours. Nous ne sommes pas à l’abri ici. Mais ils ont tous besoin de se reposer : Katérina, Loa, mes pokémons. Il faut qu’ils se reposent. Ils méritent tous de se reposer. »

« … … … Il y a une personne qui n’arrive pas à dormir. »

Même si ça faisait déjà maintenant un peu de temps que la nuit était tombée, il remarqua Katérina qui sortait de la tente. Avec lenteur, elle arriva à quelques centimètres de lui, venant s’adosser à un mur. Il murmura :

« Pourquoi est-ce que tu ne vas pas dormir ? J’ai dit qu’il n’y avait pas de tour de garde. »

« Tu crois que j’arrive à dormir avec une autre femme à mes côtés ? Désolé mais je préfère quand même les torses aux poitrines … »

« Ce n’était pas vraiment de ça dont je voulais parlais … Tu le sais bien, Katérina et … »

Il s’arrêta de parler alors qu’elle bougeait du mur pour venir se loger contre lui, plaçant sa tête contre le torse du jeune homme. Elle murmura à son tour :

« Oui … C’est bien mieux … cette chaleur. »

« Katérina, ce n’est pas avec toi dans mes bras que je vais pouvoir surv… »

« La ferme. » coupa-t-elle sèchement. « Je sais que ça te fait du bien … et ça m’en fait aussi. Alors, tu la boucles et tu acceptes. »

« D’accord madame … » marmonna Kéran. D’accord … Si elle le prenait comme ça, il n’avait qu’à accepter les paroles de Katérina.

« Bien … T’es un brave gamin. Maintenant … Tu vas me dire ce qui te tracasse. »

« Hein ? Euh … Ce qui me tracasse ? » balbutia Kéran alors qu’elle levait la tête pour le fixer de ses yeux dorés. Qu’est-ce qu’elle racontait ?

« N’essaie pas ton baratin. Ca ne marche pas avec moi. Tu crois que je n’ai pas remarqué que quelque chose te perturbe. C’est quoi ? Mes blessures ? Dumasch est peut-être un peu con sur les bords et pas forcément malin mais des fois, il peut se montrer intelligent. Des éclairs de génie. Bref, j’ai l’impression qu’il a deviné ton problème. »

« Sans mentir … Ca va … » commença-t-il à dire avant de s’arrêter. Le regard furieux qu’elle lui lance … Il valait mieux ne pas jouer à ça. « Juste … quelques soucis personnels et machistes. Si tu préfères … L’homme qui est incapable de protéger la femme. »

« Je suis à moitié un homme donc de ce côté-là, j’ai pas besoin de toi. C’est juste ça ? »

« … … … Pas vraiment. »

Enfin bon … Elle allait le forcer à parler alors autant tout déballé non ? Il commença à parler, parler, parler, sans même s’interrompre une fois. Il racontait tout. Il parlait de tout ce qui se passait pour lui. De tout ce qui se passait en lui … Ah … Il parlait, parlait, parlait. Que ça soit plusieurs minutes, que ça soit un quart d’heure, que ça soit une demi-heure. Il en avait des choses à dire.
Et Katérina ne l’arrêtait pas un seul instant. Non … Elle ne faisait que l’écouter, posant quelques petites questions brèves alors que le jeune homme ne semblait jamais vouloir s’interrompre. Puis finalement … Elle chuchota :

« Vraiment … On ne croirait pas comme ça … mais tu es un peu dépressif sur les bords non ? Et surtout, ça a l’air de carburer là-dedans. »

« Ne te moque pas … S’il te plaît … Ce n’est vraiment pas drôle, Katérina. »

« Qui a dit que je me moquais de toi hein ? Tu sais … Chacun a vécu des trucs horribles dans sa vie … et on en vivre surement d’autres plus tard. »

« Oui mais … Justement … Je … »

« Laisse-moi terminer. Je veux dire par là que tu n’as pas à te compliquer l’existence. Essaie de vivre au jour le jour et … »

« Mais si tu devais mourir ! Ou alors … Perdre un membre par ma faute, je … »

« Le seul membre que je veux perdre, c’est celui qui pend entre mes jambes. » répliqua la jeune femme, souriant faiblement, heureuse de lui avoir coupé la parole. Quand même … Elle n’aurait jamais pu croire que chez Kéran, cela … le tourmentait autant. Pourtant, elle savait qu’il avait un peu changé de vision des choses après cet incident avec les arènes … Mais là … Maintenant … Enfin, c’était juste bien plus … différent.

« Quand même … Kéran … Qu’est-ce qui n’est pas surprenant chez toi ? Tu acceptes les … bizarreries des autres, tu es plus complexe que ton apparence le montre, vraiment … »

« Je … Je ne sais pas, Katérina. Vraiment pas … »

« Là, normalement, tu n’aurais même pas dû prendre la parole, hein ? Tais-toi et chut … »

« Euh … Ca veut dire la même chose ce que tu viens de dire non ? Ou alors, je me trompe. »

Il ne se trompait pas mais qu’il fasse ce qu’elle venait de lui dire. Il prit une profonde respiration alors qu’elle se collait un peu plus contre lui. Qu’il arrête de trop de se préoccuper de tout ça. Ca ne mènerait à rien de bon, rien du tout même.

« Kéran … Tu sais … Je pense quand même qu’il faut que je … »

« VOUS VOILA DONC ! » hurla une voix au-dessus d’eux.
Qu’est-ce que … Le plafond vint se faire soulever avec une telle facilité. Qu’est-ce que ça voulait dire ?! Ce n’était quand même pas … NON ! Il n’avait pas le temps de penser à ça ! Il retira Katérina de ses bras, courant vers les tentes avant de crier :

« SORTEZ VITE DE LA ! Lili ou Lala, vous utilisez vos pouvoirs pour ranger tout ça le plus rapidement possible ! IL EST LA ! MEKOS EST LA ! »

Ils étaient en pleine nuit et c’était à peine s’ils pouvaient voir à part grâce aux champignons lumineux mais il était sûr d’une chose. IL ETAIT SUR D’UNE CHOSE ! Cette chose rouge sur la face du Metalosse géant, ce qui lui servait d’œil ! Il la voyait parfaitement !

« Il faut sortir de cette grotte avant qu’il ne la fasse s’effondrer sur nous ! »

« La faire s’effondrer ? QUELLE BONNE IDEE ! MERCI BIEN L’AVORTON ! » hurla le pokémon métallique géant alors que tous et toutes étaient déjà en train de courir pour quitter cet endroit. Cet endroit qui était tout simplement pris de tremblements, prêt à s’effondrer d’un moment à un autre.

« VRAIMENT ! T’es pas malin, Kéran ! »

Katérina lui faisait un reproche alors qu’il y avait encore quelques minutes, elle le complimentait ! Mais ce n’était pas le moment de penser à ça !

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