Chapitre 159 : Abandonnée

ShiroiRyu
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Chapitre 159 : Abandonnée

« Katérina … » murmura faiblement le jeune homme aux cheveux blancs.

Il s’était mis à trembler fortement, n’arrivant pas à contrôler son propre corps alors que ses mains empoignaient plus fermement les épaules de Katérina. Celle-ci, malgré les blessures, regardaient Kéran avec surprise, le jeune homme ayant la tête baissée.

« Je … Je choisis Katérina. Voilà tout … Je la choisis, Sélia. »

« Ké … Kéran … Je … Je réfléchis bien … Mais réfléchis bien aussi. Katérina … Katérina n’est pas faite pour toi, Kéran. Je … S’il te plaît … »

« Je suis sûr … de mon choix, Sélia. Tu me l’as laissé … et je te le donne. Pardon. Mais je ne peux pas … Je ne peux vraiment pas. Me demander une telle chose, entre toi et elle … De cette façon, je ne peux pas. Je ne peux vraiment pas. Katérina est tellement importante pour moi … Tellement importante … oui. »

« Kéran … Elle a tué mon pokémon … Elle m’a insulté … Elle est vulgaire … Elle est possédée … Est-ce pour ça ? C’est pour ça ? Car elle est possédée ? Comme ton épée ? »

« Comme moi … Je suis possédé par Swar … et cela depuis le début, Sélia. »

« Ce … Ce n’est pas vrai ! Dis-moi que tu mens ! Tu n’es pas possédé ! TU N’ES PAS POSSEDE KERAN ! J’ai … J’ai … »

« Lorsque tu m’as découvert, Swar était déjà en moi. C’est grâce à elle que j’ai survécu à l’effondrement de ma maison. C’est grâce à toi que j’ai vécu durant toutes ces années. Je te remercies, Sélia … J’aime Katérina … »

NON ET NON ET NON ! La jeune femme aux cheveux bleus avait perdu à nouveau toute contenance, lâchant son arme au sol. Elle se tenait la tête entre ses mains, bredouillant :

« Kéran, tu … Tu es possédé ? Par Swar ? Par cette créature dans cette épée ? Mais … Mais mais … Je … Ah … Ah … Ah … »

« Swar n’est pas une créature maléfique, contrairement à ce que tu penses, Sélia. Les pokémons spectres et ténébreux ne sont pas tous mauvais. J’en connais beaucoup qui ne le sont pas en fin de compte. »

« Tu … Tu dis n’importe quoi. Les pokémons … spectres et ténébreux sont maléfiques. Ce sont eux … Ce sont eux qui ont brisé ma famille … Ce sont eux qui ont tué ma mère … Ce sont eux qui t’ont empoté loin de moi ! Ils … Ils m’ont tout retiré, ils me retirent tout encore ! Qu’importe la forme qu’ils ont ! Qu’importe l’apparence qu’ils portent ! »

« Ce n’est pas vrai, Sélia ! Tu le sais parfaitement ! Swar ne m’a jamais causé de problèmes ! Tu le sais parfaitement ! Et puis bon … Ce n’est pas pour ça que j’aime Katérina ! Pas du tout même ! C’est … C’est … »

« ALORS DIS-MOI C’EST QUOI ?! Dis-moi ce qui la rend meilleure que moi ! »

Ce n’était pas une question d’être meilleure ou non … Loin de là. Pourquoi est-ce que Sélia ne comprenait pas ça ? Pourquoi est-ce que … Pourquoi est-ce que ça se passait ainsi ? Pourquoi ? Il ne voulait pas créer de problèmes ! Il ne voulait pas ! PAS DU TOUT !

« Katérina ? Je ne crois pas … qu’elle soit meilleure que toi … En fait, loin de là. Sélia … Je t’ai toujours considérée comme une femme parfaite, au-dessus de moi … Comme ma grande sœur … Comme quelqu’un à qui je peux me confier … Katérina, c’est différent … Elle est plein de défauts, elle n’a pas sa langue dans sa poche, bref, elle est loin d’être parfaite. C’est même surement tout le contraire … mais … C’est pour ça que je l’aime. Car elle a tout ce qui la rend … plus humaine. »

« Et moi ? ET MOI DONC ? TU CROIS QUOI ? QUE JE SUIS REELLEMENT PARFAITE ?! Tu crois vraiment que je suis au-dessus de tout le monde ? »

« A mes yeux … Tu étais sans défauts … Voilà tout … Sélia … »

« IMBECILE ! IDIOT ! Je ne suis pas comme ça ! Moi aussi, je suis une femme ! Moi aussi, je suis humaine ! J’ai des sentiments aussi ! Comme lorsque j’ai vu mon père tuer ma mère possédée dans l’Enceinte aux Esclaves ! Comme lorsque j’ai compris finalement à quel point j’étais possessive ! Je veux simplement que tu restes avec moi ! Je te protègerai de tous les maux de cette planète, Kéran ! Tu resteras avec moi pour l’éternité, Kéran ! Kéran, tu ne comprends donc pas ce que ça veut dire ? Tu veux que je te le dise de vive-voix ?! Tu veux que je te le déclare devant cette folle psychopathe et cette Docte ? C’est ça que tu veux que je fasse Kéran ? C’est ça ?! »

« … Non … Non … Je ne veux pas … Je ne veux pas que … »

Il commençait à trembler de plus en plus. C’était … C’était … C’était ce qu’Elyséa lui avait dit … C’était exactement ça. Il … Il devait arrêter ça … Il devait arrêter ça avant qu’elle ne le dise ! Il devait l’arrêter ! Il cria :

« SELIA ! NE LE DIT PAS ! NE LE DIT PAS ! »

« Kéran … Je t’aime … Je t’aime comme une folle. Tu es ma seule raison de vivre depuis des années. Je t’ai vu grandir pendant tout ce temps, pensant que les seuls sentiments que j’avais envers toi étaient guidé par le fait que je ne voulais pas que tu suives le même chemin que moi. Je ne voulais pas que tu vives une enfance malheureuse, sans tes parents. Je ne voulais pas que tu sois triste. Je pensais que ce n’était que ça … Je ne pensais que ça au départ … Je me disais … que tu vas grandir, que tu trouveras alors une femme au village et que tu l’épouseras mais j’ai toujours tout fait pour repousser ces dernières. J’ai toujours tout fait pour que tu restes avec moi, que tu m’accompagnes pendant mes chasses. J’ai toujours tout fait pour qu’aucune autre femme ne t’approche. Ni même un homme d’ailleurs. Bien entendu, je te conseillais de toujours te méfier des autres car tu ne pouvais jamais savoir s’ils étaient possédés ou non mais je te mentais … Je ME mentais. Je voulais juste que tu ne t’éloignes pas de moi, je ne voulais pas que tu partes, que tu sois attiré ailleurs. Je voulais juste que tu restes à mes côtés, pour toujours. Je voulais juste vivre heureuse avec toi, ignorant tout le reste. Je crois que dans le fond, je n’ai jamais éprouvé l’amour qu’une sœur éprouve envers son petit frère, un amour mélangeant l’aspect maternel et le lien puissant entre un frère et une sœur. Non …. Je ne dois plus me voiler la face, je sais parfaitement ce que j’éprouve. Je t’aime comme une femme aime un homme. J’ai envie de passer le restant de mon existence avec toi, je veux te donner une famille, je veux que toi et moi soyons unis par les liens sacrés du mariage, protégés par la divinité Arceus qui veillera sur nous. Je veux … Je le veux … Je le veux tellement … Je veux tellement ça … Je ne veux rien d’autre Rien du tout ! »

« Je … Je … Je … »

Sélia avait le visage baissé, pleurant à chaudes larmes alors qu’elle serrait les poings. Elle … Elle l’avait dit. Il ne pouvait plus le nier. Il ne pouvait pas se cacher la face. Il ne pouvait pas se voiler … la vérité. Il ne pouvait plus … reculer et s’enfuir.

« Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que ça nous fasse ? Tout ça, c’est des rêves de petite fille gâtée et de princesse ! La réalité est autrement ! La réalité, c’est que tu as perdu et ça depuis le départ ! Car tu n’as jamais réussi à le dire ouvertement ! T’es une perdante et j’ai gagné ! Kéran est avec moi, maintenant ! Que tu le veuilles ou non ! Tu vas accepter la vérité même si elle ne te plait pas ! TSSS ! Pauvre fille ! »

Katérina avait pris la parole, toujours aussi véhémente mais cette fois-ci, le jeune homme se tourna vers elle, lui donnant une violente claque sur la joue qui la fit tomber sur le côté.

« NE TE MOQUE PLUS JAMAIS DES SENTIMENTS D’AUTRUI ! »

Ce genre … Ce genre de choses ! Il ne pouvait pas laisser passer ça comme ça ! Pas avec de telles paroles ! Katérina avait été trop loin là aussi ! Elle avait été beaucoup trop loin ! Il ne fallait pas non plus abuser de sa patience !

« Je ne suis pas un morceau de viande que tu as volé à un Ponchien, Katérina ! Pas du tout ! D’accord ?! Même si … Même si … »

Même si … Même … Même s’il aimait Katérina, il ne pouvait pas tout lui pardonner. Pas tout ça ! Sélia … Sélia s’était confiée. Sélia avait déclaré ses sentiments. C’était à lui de … C’était à lui d’y répondre maintenant. Il devait y répondre !

« Je … Pardon … Sélia … N’écoute pas les paroles de Katérina. Elle aussi … est très jalouse et possessive. Je … Je … »

« Je te sauverai, Kéran. Je te sauverai … Je vais forcer mon père … non … Je vais forcer Ranor … à me dire comment je peux t’exorciser. Il en est capable … Les pokémons spectres et ténébreux peuvent être exorcisé. Ils peuvent être extirpés des corps des humains. Je vais faire ça … Je vais faire ça et te sauver, Kéran. Ça sera la meilleure chose à faire, Kéran. Ça sera la … »

« Sélia, ne fait pas cette bêtise ! Et puis tu viens de dire Ranor … Ça voudrait dire que ton père … Enfin, celui qui a … Enfin … C’était … C’est le chef de … Donc … »

« Je veux tuer mon père, Kéran. Tu vois ? Je ne suis pas parfaite … Je suis humaine … Je suis comme les autres … J’aime et je hais … Je ne suis qu’une personne comme tant d’autres. Je … Snif … Snif … Kéran … » dit-elle, sanglotant légèrement, tentant de sourire tristement alors qu’elle s’avançait vers lui. Elle avait ramassé son épée, la rangeant dans sa garde. Elle arriva à sa hauteur, Kéran ne pouvant s’empêcher de trembloter.

« Sé … Sélia … Je … Je suis désolé de ne pas répondre à tes sentiments. J’en … J’en aime une autre … J’aime cette personne qui a … qui a tué ton pokémon. J’aime … »

« C’est bon … Kéran … Je vais … me comporter une femme dorénavant, non pas comme une sœur ou une protectrice. Toi ! Katérina ! »

La jeune femme aux cheveux argentés s’était relevée avec difficultés, encore un peu estomaquée par la claque du jeune homme sur son visage.

« Tu vas voir … Tu as déjà pu constater la différence de force entre toi et moi. Je vais tout faire pour que Kéran comprenne réellement ce qu’il doit faire. Qu’il ne soit plus aveuglé par le faux amour que tu lui donnes ! Tu veux garder Kéran ? A l’amour comme à la guerre. Dorénavant, tu peux me considérer comme une ennemie mortelle. Non pas à cause de mon Pyroli, non pas parce que tu es possédée mais simplement parce que tu es une femme … Une femme qui convoite l’unique homme que j’aime. Dorénavant, je te conseille de te méfier … car tu ne sauras jamais sur quoi tu peux tomber. »

« Sé … Sélia ! Ca ne se dit pas ça ! Je disais à … »

Il fut stoppé dans ses paroles, Sélia soulevant son menton avec deux doigts. Elle posa ses lèvres sur les siennes, Kéran ouvrant en grand ses yeux pour être sûr de ne pas rêver. Sélia était bien en train de faire ça ? Il voulut reculer mais remarqua qu’il ne pouvait pas. Finalement, elle retira ses lèvres, souriant bien qu’elle avait les yeux rougis, non pas naturellement mais à cause de ses larmes.

« C’est plutôt … bon, Kéran. Au moins, je sais que j’ai donné mon premier baiser à la personne que j’aime. Je compte te donner bien plus la prochaine fois. Je m’en vais. »

« Hein ? Mais mais mais … Sélia, je … »

La jeune femme avait fait un demi-tour sur elle-même, posant son regard sur Loa. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de murmurer :

« Aimer une personne est toujours parsemé d’embûches, n’est-ce-pas ? Vous me donnez l’impression de connaître cela bien plus qu’il n’en faut. »

« … … … Surement, oui. Que comptez-vous faire ? »

« Pour l’heure ? Je … vais être seule … J’ai besoin de mettre de l’ordre à mes idées. Ensuite, je ne me gênerais pas pour aller chercher le moyen d’exorciser Kéran. Je veux lui montrer la lumière de la vérité. »

« Ne devenez pas une extrémiste, cela serait dommage. Et … ne vous faites pas du mal … Malgré les apparences, Kéran tient énormément à vous. »

« Je veux plus de sa part … mais je dois faire des efforts pour lui donner plus. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il aime comme une femme. Je vous laisse. »

« Prenez garde à vous … » termina de dire Loa, Sélia retournant dans la ville.

Lui ? Il était juste là … à la regarder partir sans l’interrompre. Sélia … La femme qui l’avait élevé pendant des années. Elle lui avait déclaré son amour, elle l’avait embrassé … Elle avait fait tout ça devant Katérina.
Katérina qui allait surement se mettre en colère, plus qu’en colère même. Comment est-ce qu’il pouvait réagir contre ça ? Comment est-ce qu’il … pouvait faire ? Ce n’était pas possible … Il avait encore du mal à y croire ! Ce n’était possible !

« Kéran … Le cœur des humains, non … Le cœur des femmes restera toujours un mystère pour la majorité des hommes. Tu ne fais pas exception à la règle. Mais maintenant, tu devrais être heureux. Deux femmes se battent pour toi. »

« Heureux ? Comment est-ce que je pourrai l’être ? Je … Je … »

Swar lui parlait dans sa tête et il y répondait ! Mais ça ne changeait rien à la situation ! Rien du tout même ! Il … Il avait été embrassé par Sélia et il était plus que confus maintenant. Il aimait Katérina, il ‘aimait vraiment … Mais deux femmes … Une autre femme l’aimait … Une femme qu’il connaissait depuis des années.

« J’en ai marre ! Qu’est-ce que j’ai foutu ?! Mais qu’est-ce que j’ai foutu ?! »

Il vint s’accroupir, se tenant la tête entre les mains. Il en avait assez ! Il s’était bourré le crâne avec tellement de stupidités ! Il avait commis des bêtises absurdes ! Il s’en voulait ! Il s’en voulait terriblement de tout ce qui s’était passé !

A l’intérieur de la ville, Sélia était en marcher avec rapidité, se dirigeant vers la base de la Sainte Alliance. Lorsqu’elle pénétra dans le bâtiment, la personne à l’accueil vint dire :

« Pardonnez-moi, mademoiselle Sélia mais un jeune homme est … »

« Je sais, je l’ai rencontré. Si on a besoin de moi, dites que je ne suis pas là et que l’on ne vienne pas me déranger, est-ce bien compris ? Qu’importe les prétextes. »

« D’a … D’accord, mademoiselle Sélia. Je préviendrai quiconque s’il le faut. »

« Merci bien. » termina de dire la femme aux cheveux bleus avant de foncer vers sa chambre.
Là-bas, elle s’écroula sur le lit, posant une main devant ses yeux qui étaient à nouveau parcourus par les lames. Elle sanglotait, bredouillant quelques mots jusqu’à ce qu’une voix émane de l’épée, une voix féminine.

« Visiblement … Tu sembles avoir quelques problèmes … Sélia … »

« Ne m’adresse pas la parole, c’est compris ? Je ne veux … rien avoir à faire avec toi ! »

« J’ai pu tout entendre … Laisse-moi donc te raconter mon histoire … Tu comprendras. »

Comprendre quoi ? Elle ne voulait rien comprendre de la part d’une pokémon ! Rien du tout même ! Mais … si Hyathéna avait quelque chose à dire … alors autant l’écouter.

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