Chapitre 174 : Dévastée

ShiroiRyu
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Chapitre 174 : Dévastée

« Hahaha … Hahaha … »

Hahaha … Hahaha … Même dans ses pensées, elle s’était mise à rire A rire alors qu’elle était maintenant assise sur le sol, l’homme se tenant toujours debout en face d’elle. Le poison n’était pas très violent au départ, mais au fur et à mesure … Il allait paralyser tout le système nerveux de Ranor pour en terminer avec lui définitivement.

« Hahaha … Hahaha … Hahaha … »

« Est-ce que tu es fière de toi, Sélia ? » demanda calmement son père alors qu’elle avait un sourire aux lèvres. Un sourire qui voulait exprimer tant de choses à la fois sans pour autant y arriver. Elle continua de rire pendant quelques secondes avant de dire :

« Je … Je le suis … J’ai finalement … réussi à me venger … Tu vas mourir … et tu ne me donneras même pas … l’idée pour comment exorciser un corps. »

« Cela t’aurait été complètement inutile … malheureusement. »

Il disait cela avec une certaine nonchalance, gémissant de douleur alors que l’aura noire restait présente autour de lui. Il marmonna quelques mots, comme pour s’excuser alors qu’une forme apparaissait à côté de lui. Une Vaututrice elle aussi mortellement empoisonnée. Son regard se posa sur l’homme à côté d’elle puis sur la jeune femme. Celle-ci fit aussitôt quelques pas en arrière, comme apeurée.

« Que se passe-t-il, Sélia ? Tu as l’air inquiète … très inquiète. »

« Je … Je ne sais pas … Je ne sais pas réellement … Je … suis désolée. »

Elle semblait avoir retrouvé ses esprits bien que la haine envers son père n’avait toujours pas disparue. Elle était là … continuant de le fixer … n’osant pas regarder la Vaututrice. Elle ne voulait pas en croire en la vérité. Elle ne voulait pas la voir. Pas du tout ! Car ce n’était pas possible ! Ce n’était pas possible ! Même ce qu’il disait ! Même ce qu’elle pensait ! Ce n’était pas ça ! Pas du tout même ! Ah … Ah … Ah …

« Sélia ? Tu n’as rien à me dire ? De toute façon … Je vais mourir de tes mains … »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise hein ?! Tu es un homme mort ! C’est le plus important à mes yeux ! Tu vas crever ! Ca t’apprendra à n’avoir rien fait pour sauver Maman ! »

« Je l’ai sauvée … Je l’ai délivrée … Je lui ai permis de reposer en paix … Au moins, elle ne souffrait plus. Tu ne comprends donc pas ce qu’est le fait d’être possédée contre son gré, n’est-ce pas ? Cela prouve bien que toi-même, tu as acceptée et tu as été acceptée par la créature qui est en toi, non ? Je ne sais pas comment tu as eu … ces pouvoirs … »

« L’Arbok ! J’ai les pouvoirs liés aux dragons ! Je deviens encore plus puissante ! Cette justice pourrie où tu ne peux être heureuse malgré tout ce que tu as fait pour elle, je la surpasserai ! Je prendrai uniquement la mienne ! Je tiendrai compte uniquement en elle ! Hahaha ! Et j’irai récupérer Kéran … Oui … J’irai le récupérer. »

« Sans lui demander son choix ? Sans lui demander son avis ? N’est-ce pas ? Est-ce ainsi que tu veux qu’une personne t’aime ? Car c’est ce que tu désires, n’est-ce pas ? »

« … … … Cela ne te concerne pas. Tu n’as pas à être concerné par cela. »

« Il est normal … qu’un père s’intéresse aux relations de sa fille, tu ne crois pas ? »

« Tu n’es. … PAS MON PERE ! Tu ne le seras jamais ! JAMAIS ! » hurla la jeune femme en serrant le poing droit, regardant la Vaututrice.
Celle-ci semblait être en colère, très en colère même. Comme si elle venait d’insulter l’homme qu’elle avait possédé. Sélia détourna le regard, honteuse et légèrement colérique elle aussi. C’était quoi ce regard qu’elle lui lançait ?


Elle n’aimait pas ce regard … Elle avait le même que … Non. Ce n’était pas ça. Il n’y aucune chance que ça soit le cas. Rien du tout … Ce n’était pas possible, c’était tout. Pas du tout même. Ce n’était pas possible. Tant de ressemblances étaient fortuites.

« Hahahaha … Hahaha … En quoi ça t’intéresse ? J’ai jamais été chanceuse depuis le départ ! J’ai vu ma mère mourir devant mes yeux, mon père est le chef de la pire organisation qui existe dans ce monde, je suis possédée par une créature ténébreuse, j’ai dévoré le corps d’un Arbok géant pour obtenir ces pouvoirs, le garçon que j’aime est avec l’assassin qui a tué ma pokémon, une femme ressemblant à une fille de joie ! Je ne suis plus humaine ! JE NE LE SUIS PLUS DU TOUT ! VOILA TOUT ! »

« Tu es encore capable d’exprimer des sentiments non ? Tu as retrouvé ta rationalité non ? Alors … tu restes humaine … Tu ne crois pas ? »

« Ne me parle pas ! Ne me parle pas comme si j’étais ta fille ! Tu comprends ?! Crève en silence et tais-toi ! C’est compris ?! »

« Est-ce que tu veux bien te taire un peu ? Je ne crois pas t’avoir éduquée ainsi ! »

La jeune femme aux cheveux bleus ouvrit la bouche, paraissant choquée, plus que choquée même. La Vaututrice avait pris la parole … Cette voix ! CETTE VOIX ! NON ET NON ! ET NON ! Elle commença à se tenir la tête entre les mains, Hyathéna disant :

« Y a-t-il un souci, Sélia ? Tu sembles vraiment perturbée … Ton cœur bat à 200 à l’heure. Tu devrais tout me dire plutôt. »

« Pourquoi est-ce que je le dirai à une créature ténébreuse hein ? POURQUOI ? »

« Peut-être préférais-tu me voir sous forme humaine ? Dans tes rêves ? Ou dans la réalité ? Je pourrais le faire … Cela n’est pas un problème, personnellement. » dit calmement la voix féminine en elle. « Peut-être que cela te donnerait plus de confiance. »

« Je ne manque pas de confiance ! Et je n’ai pas envie de te voir ! Si tu veux tout savoir ! Cette … Cette … Vaututrice … Elle a exactement la même voix que … la même voix que … Mais ce n’est pas possible, c’est tout ! Pourquoi est-ce qu’elle aurait fait ça ?! »

« … … .. Dis-le clairement. Si tu ne le dis pas, tu ne pourras pas avancer. »

« JE CROIS QUE C’EST MA MERE VOILA TOUT ! »

Elle avait hurlé cela à haute voix, des murmures se faisant entendre autour de la scène de combat. Il fallait dire que malgré les deux combattants, les villageois étaient toujours présents. La jeune femme n’avait pas réussi à les inquiéter plus que cela.

« … … … Et si c’était le cas ? » demanda une nouvelle fois la Vaututrice.

« RANOR ! AVOUE ! AVOUE QUE CE N’EST PAS LE CAS ! »

« Ce n’est pas à moi de répondre … Chaque spectre … ou créature ténébreuse … est une entité qui existait auparavant. Du moins, les créatures qui sont capables de parler. C’est pourquoi … Ah … Ah … Ah … Vraiment ce poison me fait souffrir. Sélia … Sais-tu que la majorité des créatures spectrales et ténébreuses non-belliqueuses … tentent de se rapprocher d’une personne qui leur est chère ? Qui leur est proche ? Ou alors qui leur ressemble ? Peut-être est-ce le cas avec cette créature en toi. »

… … … Un jour … Avant qu’elle ne lui proposer de la posséder, elle avait dit exactement ça … Enfin … Hyathéna avait dit ça. Qu’elles se ressemblaient toutes les deux. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Ca voulait dire quoi ça ?! C’était n’importe quoi ! Complètement n’importe quoi ! N’IMPORTE QUOI !

« … .. … Est-ce que tu comprends ce que ton père voulait dire en parlant de délivrance ? »

« JE NE VEUX PAS SAVOIR ! Tu n’es pas humaine ! Tu n’existes pas ! »

« JUSQU’A QUAND TU VAS RENIER LA VERITE ?! »

La Vaututrice ne semblait guère incline à laisser continuer la jeune femme à raconter n’importe quoi. Malgré son extrême fatigue à cause du poison, elle avait encore la force et la véhémence pour dire ses quatre vérités à Sélia.

« Je ne renie rien ! RIEN DU TOUT ! RIEN DE RIEN ! »

« Tu vis dans un rêve utopique, ma fille ! Tu t’es bercée d’illusions ! Accepte ce que tu as commis ! Accepte ce que tu as fait ! Accepte ce que tu as commis ! Un parricide ! »

« NON ET NON ! CE N’EST PAS MON PERE ! ET JE N’AI PAS COMMIS DE MATRICIDE NON PLUS ! JE N’AI RIEN COMMIS ! »

« Mais bon sang, depuis quand tu es comme ça ?! C’est ce que tu es devenue depuis toutes ces années ?! Une jeune femme complètement stupide ?! »

Complètement stupide ?! De la part de la Vaututrice ?! Elle se foutait de sa gueule ou quoi ?! Elle n’accepterait jamais ce qui s’est passé ! Elle n’accepterait jamais tout ça ! JAMAIS ! JAMAIS ! JAMAIS ! JAMAIS !

« Sélia … Regarde ton visage … s’il te plaît. » murmurèrent trois voix en même temps. Celles de Ranor, de la Vaututrice et d’Hyathéna.

Qu’est-ce qu’il y avait son visage ? Qu’est-ce qu’il y avait sur son visage ?! Elle n’avait pas besoin de le regarder ! Elle savait pertinemment ce qui s’était passé ! Elle savait pertinemment ce qui était en train de se passer !

Elle savait pertinemment qu’elle était en train de pleurer ! Elle savait pertinemment qu’elle venait de commettre une abomination ! Elle savait pertinemment que tuer une personne était horrible mais tuer … ses propres parents était encore pire que tout ! Pire que tout !

« Comment t’appelles-tu … créature en ma fille ? » demanda calmement Ranor.

« Hyathéna … Que me voulez-vous ? »

« Simplement que tu veilles sur elle … Tu n’as pas l’air foncièrement maléfique, n’est-ce pas ? Alors … Ca ne devrait pas être impossible … Est-ce que je peux te la confier ? Enfin, est-ce nous pouvons te la confier ? »

« … … … Je suis l’une des trois créatures ténébreuses parmi les plus puissantes dans ce monde. Est-ce que vous pensez vraiment que je vais accepter une telle requête ? »

« … Je pense que oui. » murmura doucement la Vaututrice, la voix à l’intérieur de Sélia pestant légèrement avant de répondre :

« Bien entendu … Maintenant que je suis en elle, je ne risque pas de la quitter. Ce corps est plus que spécial. Veuillez mourir maintenant. »

Des paroles bien dures mais qui étaient réalistes. En même temps, la jeune femme était à peine encore consciente de ce qui se passait. Elle se releva avec lenteur, le visage tourné vers le sol. Hyathéna lui murmura :

« Sélia … Regarde-les tous les deux … maintenant. »

« Je n’ai pas envie … Je ne suis pas motivée à ça … Je ne veux pas … »

« Sélia, regarde-les maintenant. Regarde ce que tu as fait … mais aussi comment ils réagissent. Que tu comprennes ton erreur, ta lourde erreur. »

Elle n’en avait pas envie ! C’EST TOUT ! ELLE NE VOULAIT PAS ! ELLE NE VOULAIT PAS VOIR CA ! ELLE NE LE VOULAIT PAS ! Mais une force en elle l’obligea à relever sa tête, sa tête pour assister aux derniers instants de son père. Hyathéna possédait son corps … pour qu’elle puisse voir son père qui lui souriait. C’était bien la dernière chose qu’elle voyait chez lui alors qu’il s’écroulait en arrière. La Vaututrice bougea légèrement la tête de haut en bas, son corps ne lui répondant presque plus. Néanmoins, lorsqu’elle s’écroula à son tour, ses ailes avaient recouverts le corps de l’homme.

« M… Maman … Pa … Papa ? » bredouilla la jeune femme.

« Tu les as appelés finalement comme ils le méritaient. »

Hahaha ! HAHAHA ! Oui et alors ? Qu’est-ce que ça changeait ? Qu’est-ce que ça changeait hein ?! Elle venait de tuer ses parents ! Ses deux parents ! SES DEUX PARENTS ! Elle s’exclama avec dégoût, parcourue par les trémolos :

« J’ai tué mes parents … J’ai tout loupé … Du début jusqu’à la fin … J’ai tout loupé … J’ai échoué … J’ai échoué dans tout ce que je voulais réussir. »

« Ne dit pas cela … Sélia … Tu étais parcouru par la haine … Une haine incompréhensible, qui obstruait ta capacité de réfléchir librement à la situation. »

« Tais-toi … Tais-toi … Je ne veux plus t’entendre. Je ne veux plus que l’on me parle … Je ne veux pas que l’on me parle ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS ! »

« Arrête de te voiler la vérité … Je t’ai déjà dit cela ! SELIA ! Regarde-les une dernière fois et quitte cet endroit ! Ou alors, fais ce que tu veux ! Mais ne reste pas plantée là ! »

Mais est-ce que … c’était à elle de faire ça ? Elle … Elle n’était pas convaincue que … AH ! Son corps ne lui répondait pas ! Son corps qui s’approchait des deux cadavres. Avec aisance, la Vaututrice se retrouva sur l’épaule de la jeune femme tandis que le corps sans vie de l’homme était dans ses bras.

« Il faut respecter ceux qui t’ont donné la vie. Ils ont le droit à un enterrement décent. »

« Je … Je … Je n’en suis pas capable ! Tu m’en demandes trop ! »

« Je ne t’en demande guère trop … Loin de là même. »

« Tu sais très bien que je ne peux pas ! Arrête tes bêtises ! Je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS ! JE N’EN AI PAS … »

Elle s’arrêta dans ses paroles alors que son corps avançait sans réellement lui obéir. Les villageois étaient immobiles, n’osant guère se mêler de tout ça. Finalement, Sélia s’arrêta dans sa marche forcée, déclarant :

« Dites aux alentours que l’Enceinte aux Esclaves est morte … Du moins … Que son chef est mort … Faites passer le message. »

« Tu es sûre de cela, Sélia ? Tu sais pertinemment que … »

« J’en ai rien à faire de ce qu’Elian pensera de mes actes. Je crois que j’ai déjà payé le prix de ma victoire … Stupide victoire … J’échoue dans tout ce que j’entreprends ! »

« Tu sais pertinemment que ce n’est pas vrai. Ce n’est pas aussi simple que cela … que tu échoues ou réussisses. Loin de là. »

Qu’importe … Ce qui était fait était fait … Et maintenant … Elle avait besoin d’aller les enterrer ensemble. C’était … la dernière chose qu’elle avait à accomplir. Ah … Vraiment … Elle sanglota une dernière fois, quittant la ville. Un endroit reculé de la forêt … Ca serait un bon lieu … pour eux. Rien n’avait été arrangé … au final.

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