- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 19 : Abandonné
J’ai l’air de quoi ? Je suis juste … un monstre. Je me suis réfugié au plus profond d’une forêt. Celle qui avoisine la ville dans laquelle j’habitais normalement. On ne peut pas me retrouver. J’ai arrêté de produire de la fumée et donc … plus personne ne peut me trouver.
J’ai juste à vivre ici … en attendant qu’ils m’oublient. J’attrape un fruit d’un arbre, commençant à le dévorer avec mes tentacules. J’arrive à ouvrir la bouche mais … je suis juste si horrible et rien d’autre. Je suis un monstre, un vrai monstre.
Je ne mérite pas de vivre comme ça … Je veux juste retrouver Belzak et le tuer … Ensuite, autant que je saute avec le reste de la Triafa. Adomantxys, je ne crois pas qu’elle soit une ennemie. Je ne crois pas mais je n’en suis pas convaincu. Donc il faut que je me méfie … Il vaut mieux que je dorme en attendant, je crois. Nous sommes quoi ? Au beau milieu de l’après-midi, n’est-ce pas ? Enfin … Même pas. On doit être à peine au début de l’après-midi, rien d’autre. Je vais dormir un peu. Je ferme les yeux, plongeant dans un profond sommeil alors que je me suis réfugié dans des fourrés.
Quand je me réveille, j’entends plusieurs grognements. Des Medhyenas m’entourent et m’observent avec colère et rage. Enfin … C’est ce que je pensais au départ mais ils semblent plus effrayés qu’autre chose par mon corps. C’est normal … Qui ne le serait pas ? Je commence à bouger et j’entends quelques glapissements. Je dis :
« Paaaaaaaaaaa ! Paaaaaaaaa ! »
Je tente de leur dire de ne pas avoir peur mais maintenant, les grognements font place à des glapissements alors que je suis écroulé au sol. Je ne tiens même plus debout … Je suis juste en train de me ramper, mes pieds traînant sur le sol, ne pouvant plus supporter le poids de mon corps alors que je cherche à bouger.
Je dois bouger … Je dois bouger … Je n’y arrive pas … Je n’y arrive pas. Mes tentacules gesticulent dans tous les sens et je ne dois pas utiliser mon canon. Je ne dois pas utiliser ma fumée, je ne dois pas utiliser ma corne. Qu’est-ce que je suis devenu ? Quelle créature horrible est-ce que je suis devenu ?
Je ne veux pas savoir … Je ne veux plus savoir. Je suis seul … tellement seul maintenant. Mais je l’ai voulu … Lania… Elle me manque quand même. Accepter ce que je suis ? Comment voudrait-elle copuler avec moi alors que je possède ce corps ? Je ne suis même pas sûr qu’à la hauteur de mon sexe, je suis encore humain. Je ne vais pas vérifier avec mes tentacules non plus hein ?
Non … Je suis un monstre, juste un monstre. Je suis juste un monstre et rien d’autre. Je ne dois pas l’oublier … Je ne dois pas oublier ce que je suis. Je ne dois pas oublier l’être hideux que je suis devenu et puis, je …
« RIIIIIIIIIIIIIIIIIICCCCCCCCCCCC ! RIIIIIIIIIIIIIC ! »
« Il est dans les environs, Séphyria. Je ressens sa présence sans que ça soit précis. »
J’entends la voix de Séphyria puis celle de Lania. Elles sont là ? Elles sont venues ? Je dois être heureux, je le suis ! Mais … Non ! Non et non ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS QU’ELLES ME TROUVENT ET …
« Désolée mon amour. »
Mon amour ? Je cligne des yeux alors que j’aperçois maintenant Lania devant moi. Elle m’embrasse sur le coin des lèvres alors que je suis effondré. Comment ? Comment ?
« Tu penses un peu trop fort. Et ne t’en fait pas, j’ai assez d’amour pour toi après celui que je donne à Emairon, hein ? »
Mais mais mais … Je veux être seul. Je veux que l’on me laisse seul. Que l’on ne s’occupe plus de moi. Je veux juste que l’on me laisse seul. Qu’on m’abandonne ! Et puis je … Quoi ? Qu’est-ce que … Lania a fait disparaître ses vêtements et se colle contre moi. NON ET NON ! Elle est nuée … Elle est nuée contre moi. Contre mon corps. Elle me chuchote :
« Tu vois, Ric ? Malgré le temps qui passe. Malgré ton corps … Je te désire toujours. Je peux aimer Emairon mais ça ne change rien que mon corps te réclamera toujours, qu’importe la forme qu’il a. Qu’importe ce que tu es… »
Mais mais mais … Elle est nue … et … je … Je … Je sais qu’elle est excitée. Enfin, même si j’ai ce corps, je le ressens parfaitement. Elle est vraiment très excitée, plus qu’excitée même. Elle ne m’a pas embrassé directement mais mais mais …
« Ric, tu veux un petit secret ? Tu es le premier à me voir dans cette tenue avec ce corps. Mes félicitations. Même Emairon va devoir patienter. »
Elle recule finalement et je peux mieux … l’observer. Elle est vraiment magnifique. Vraiment superbe. Plus de peau blanche … Juste une peau humaine … Mais elle a gardé cette même taille de poitrine. Bien entendu, maintenant, elle est moins imposante que celle de Calsidya … mais on dirait vraiment une œuvre d’art et avec les pointes de chair qui sont durcies, je sais qu’elle ne ment pas. Son corps ne ment pas. Elle … Elle …
« Tu n’es pas avare de compliments à mon sujet, Ric. Fais attention, tu vas me faire rougir. »
En fait, c’est déjà le cas, je le remarque. Ses habits réapparaissent mais trahissent facilement son excitation. C’est Lania … ma petite Gardevoir. Celle sur laquelle j’ai veillée pendant des mois … peut-être bien plus longtemps.
Je croyais qu’elle était morte mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elle est devenue une véritable femme … comme Séphyria ou Dyamia. Ah… Et elle est désirable et elle me désire. Malgré mon corps … Mais est-ce qu’elle ne veut pas profiter de ma confusion ? Je … Je ne sais pas … Je suis perdu, vraiment perdu. Mais elle me regarde en fronçant les sourcils.
« Profiter de la situation ? Oh, il y a des chances. Mais il n’y pas que d’elle dont je veux profiter, Ric. Oh que non … Il y a bien plus même. »
Je saisis parfaitement ses sous-entendus. C’est vraiment ma Lania … C’est vraiment elle. Je … Je ne serai jamais seul hein ? Elle ne me laissera jamais tomber hein ? Jamais ? Mais et Emairon ? Enfin, elle aime Emairon non ? Mais en même temps, elle dit qu’elle m’aime ? Je l’entends rigoler alors qu’elle se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres avant de déclarer avec tendresse :
« Si tu es capable de raisonner de la sorte et de penser à des futilités, c’est que tu vas bien mieux. Et ne t’en fait pas, je ne te quitterai jamais, Ric. Plus jamais. »
Je … Je me sens si rassuré maintenant. Même si ça me ferait mal que Séphyria et les autres ne veulent plus de moi, mais je sais que Céra voudra de moi. Mais savoir que Lania veut aussi de moi … Ah … Je me sens … si soulagé. Elle me téléporte hors de la forêt, il faudrait que j’aille me faire pardonner chez les autres.
Mais lorsqu’elles me voient, elles ont un faible mouvement, sauf Céra qui vient me prendre dans ses bras. Les autres avaient amorcé le geste avant de reculer. Je … Je n’ai pas à avoir honte de mon corps. Je n’ai pas à avoir honte.