Chapitre 247 : Deux chemins différents

ShiroiRyu
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Chapitre 247 : Deux chemins différents

« Pourquoi est-ce qu’elles veulent tellement que j’arrête de penser à Katérina ? Pourquoi donc ? En quoi est-ce qu’elle les dérange ? Sincèrement … »

« Je ne sais pas, Kéran. Tiens … Je pense que tu peux manger ces morceaux. »

La femme aux cheveux blancs était assise sur une chaise, une assiette sur ses genoux. Elle ne portait pas son armure, seulement son habituelle tenue consistant en un marcel blanc et un pantalon noire. Dans ses mains, elle tenait un couteau et quelques quartiers de pomme, les posant sur l’assiette avant de la lui tendre.

« Voilà … Ca devrait être bon, Kéran. On ne va pas te préparer un véritable repas. Il ne faut quand même pas exagérer, n’est-ce pas ? »

« Je sais bien que je suis assisté … Mais il y a des limites, oui. »

Alors bon, il allait prendre un morceau de pomme et … AIE ! Ca faisait mal ! AIE AIE AIE ! Il poussa un petit cri de douleur alors qu’il déposait le morceau sur l’assiette. Elyséa vint aussitôt mettre la main du jeune homme sur la sienne.

« Attends un peu … Tu n’es pas en état de serrer des choses solides, c’est bien ça ? Rien que le fait de … serrer un objet te fait souffrir, Kéran ? »

« J’ai … l’air … Non en fait, je le suis … Je suis complètement ridicule, je le sais bien. »

« Ridicule ? Mais non … Kéran. Tu es juste très affaibli. Aller … Tiens. »

Elle vient se placer réellement à côté de lui, son visage près du sien. Elle prit un morceau de pomme, lui murmurant doucement :

« Ouvre la bouche, Kéran. Je vais te donner morceau par morceau. »

« Hein ? Mais c’est quand même … très gênant. J’ai … »

« Ne fait pas l’idiot. Tu vois parfaitement que tu ne peux pas manger seul. Aller … »

Mais mais mais … Sans lui laisser le temps de parler, elle enfonça un morceau de pomme avec deux doigts à l’intérieur de la bouche de Kéran. Elle retira ses doigts lorsque le jeune homme commença à mâcher le morceau avec lenteur, regardant ceux-ci. Recouverts de salive, elle les passa un par un dans sa bouche, le jeune homme la regardant avec étonnement, les yeux grands ouverts.

« Hmm … Ca a un goût un peu acide, non ? Ca ne te dérange pas, Kéran ? »

« … … … Euh … … …. Je … Euh … Non ? Je … Je vais me forcer à manger par moi-même, Elyséa. C’est mieux. Si je commence à avoir peur d’avoir mal, ça ne sera jamais possible d’avancer ! Je … Je vais le faire ! »

Bon sang … Avec leurs idioties … Avec leurs paroles … Et puis, Elyséa … Voilà quoi ! Sans même lui laisser le temps de réagir, elle enfonça à nouveau un morceau de pomme dans sa bouche, le forçant à le manger. Et puis, elle recommença son manège. Pourquoi … Pourquoi est-ce qu’il tremblait quand il la voyait sucer ses propres doigts ? C’était … Ce n’était pas Elyséa, n’est-ce pas ? Enfin … Ce n’était pas … « sale » dans le sens où il trouvait ça horrible. C’était juste un peu érotique mais pas forcément avec l’intention de l’exciter. Sauf que voilà … Il était gêné, très gêné.
Lorsqu’il termina de manger, il était vraiment rouge de gêne, Elyséa venant le soulever sans aucune difficulté, le jeune homme bredouillant pour savoir ce qu’elle comptait faire. Avec le plus grand des sérieux, elle répondit :

« Te laver, Kéran. Tous les jours, je fais ceci. Même si tu es réveillé, tu n’es pas en état de pouvoir te laver tout seul. Et il faut surtout faire attention à … »

« AH NON NON ! Elyséa ! Ah non ! Je ne veux pas me laver avec toi et je … »

« Je porterai mon armure si cela te dérange … Comme je ne risque pas de me noyer à cette hauteur, ça ne m’embête pas de la porter. Si je garde ce marcel, tu seras encore embêté. »

« Bon sang ! Pourquoi est-ce que je suis aussi … stupide ! »

« Tu n’es pas stupide, juste timide et puis, je … »

« Tu ne serais pas gênée toi ? Que je te vois complètement nue ? Et que nous prenions un bain tous les deux ? Ensemble ? Avec ta forme physique et réelle ? Celle que je vois ? »

« Je pense … que j’arriverai à le supporter. Je n’ai plus de secret pour toi, Kéran … ou presque. Tu m’as vue avec Kurym et … »

« Je n’ai rien vu du tout … Même pas ta poitrine, Elyséa … Même si j’étais en Kurym, j’étais tellement plongé dans mes pensées, je voulais tellement … ne pas te voir … nue … Non pas que ça me déplairait mais, je … Même si tu m’as tellement de fois, j’estime que ce n’est pas normal que je te vois nue si tu ne le désirais pas … Et surtout si nous ne nous … Enfin, bon ! Je vais me laver seul ! Tu peux me plonger dans l’eau mais tu fermes les yeux quand tu me déposes dedans. Et puis, tu peux rester à côté de moi pour me tenir compagnie. Et sinon … Je … Ton corps physique ne te fait pas souffrir ? Je croyais que rester trop longtemps ainsi était bien trop difficile et dur pour toi. »

« Hmm ? Quand je suis proche de toi, je peux être présente autant de temps qu’il faut, rien de plus, rien de moins. C’est juste si je m’éloigne de toi que cela devient problématique. »

« D’accord, d’accord, alors restes toujours près de moi et si tu es fatiguée, tu n’as qu’à revenir … et puis surtout, à la base … Tu peux quand même me déposer ? J’ai l’air vraiment ridicule en étant porté par toi à la façon d’une mariée ! »

« Est-ce si dérangeant que ça, Kéran ? » murmura Elyséa en souriant avec amusement, le jeune homme faisant une petite moue boudeuse en croisant les bras. C’était pas dérangeant, juste très gênant. Il avait l’air de quoi si elle se comportait de la sorte par rapport à lui ? Pfiou … Si Sélia les regardait, il …

« Tiens ? Vous partez en noces tous les deux ? »

« Qu’est-ce … SELIA ! Depuis quand est-ce que tu rentres dans la chambre sans même toquer ?! AH ! Elyséa ! S’il te plaît ! Fais-moi descendre ! »

« Arrête de gesticuler, tu vas te faire plus de mal qu’autre chose. Sélia. » murmura la femme aux cheveux blancs alors qu’elle collait Kéran contre elle pour l’empêcher de se mouvoir plus longtemps. Sélia regarda les deux personnes avant de dire :

« Je venais juste faire mes adieux à Kéran … et à toi aussi par ailleurs. Normalement, vous avez encore une bonne semaine payée ici mais bon … On ne sait jamais, je vais vous laisser de l’argent au cas où. Tu t’occupes de le remettre sur pied, d’accord ? »

« Aucun souci pour ça. Je vais me charger de ça, je te le promets. Quant à toi, évites les bêtises. Cette montagne n’est pas faite pour toi. »

« Hahaha … Même maintenant, il faut que tu me mettes en garde. Ne t’en fait donc pas … Maintenant que je suis en paix avec moi-même, je devrai pouvoir me charger de n’importe quel adversaire. Kéran ? N’oublie pas ce que je t’ai dit. »

« Ce que tu as dit ? Par rapport à quoi ? »

« Ne fait donc pas l’idiot … Tu sais parfaitement de quoi je veux parler. Elyséa. »

Sélia hocha la tête alors qu’Elyséa y répondait par l’affirmatif. Il … savait de quoi elle voulait parler mais lui ne voulait pas. Il la regarda … partir … à jamais. Il espérait la revoir quand même un jour. Et cette montagne des dragons et … HEY ! Qu’est-ce que … Elyséa était en train de le déshabiller sans même qu’il ne le remarque !

« Qu’est-ce que tu fais, Elyséa ?! »

« Tu comptes te laver avec tes habits ? Ne soit pas déraisonnable. »

« Oui mais … Attends, je devrai quand même … »

AIE ! AIE ! AIE ! Il ne pouvait même pas faire ça ! C’était beaucoup trop ! Il força Elyséa à ne rien voir, mettant ses mains devant les yeux de la jeune femme avant qu’elle ne termine son travail. Elle le déposa dans l’eau, le jeune homme étant plus rouge qu’autre chose au visage.

« Vraiment, c’est juste … stupide ça. »

« Ca ne l’est pas. S’il y a besoin que je te frotte, Kéran, tu me le dis. Je le ferai, d’accord ? »

« Je n’ai pas besoin que tu me frottes ou autres … On va juste me laver une fois et c’est tout. Après, il n’y aura plus besoin que je me lave quotidiennement et … »

« Et si … Ta peau est fragile, ton corps l’est tout autant. Il faut empêcher toute impureté de pénétrer dans ton corps sinon, tu risquerais d’être gravement malade, Kéran. Que tu le veuilles ou non, que tu le désires ou non. Aller … Tournes-moi le dos. »

Il s’exécuta alors qu’il sentait ses mains nues qui se posaient dessus. Pfiou ! Même blessé, il restait un homme … et il devait contrôler son corps. Il ferma les yeux, poussant un soupir de bonheur alors qu’il la laissait le nettoyer.
S’il ne pensait à rien, s’il ne ressentait rien, il était sûr d’y arriver. D’ailleurs, il ignorait la douleur sur son corps mais aussi les mains d’Elyséa. Elle s’occupait de lui et il devait la remercier, la remercier pour tout ce qu’elle faisait pour lui.
Elle était présente … Elle était présente à ses côtés depuis le début. Sans elle, il aurait mené une vie bien triste et morne. Enfin une autre vie … qu’il aurait sûrement regretté s’il avait connue celle qu’il vivait actuellement.

« Et voilà, Kéran. Tu es propre comme un sou neuf. Et tu vois … Tu n’as même pas réagit quand je me suis occupé du devant. »

« Hein ? Du devant ? Qu’est-ce que tu … Tu m’as lavé aussi devant ? Je … Partout ? »

« Partout. Même tes organes génitaux … mais aucune réaction, tu vois. Tu n’as pas à t’en faire, tu es lié à Katérina. »

C’était honteux, vraiment honteux même. Comment est-ce que son corps ne pouvait pas réagir à Elyséa ? Cette magnifique femme … même si elle était spectrale … même si elle était morte, il ne pouvait pas rester de marbre !

« Pardon, Elyséa. Enfin, je ne devrai pas m’excuser que je n’ai eu … une telle réaction envers toi, pas du tout. Je devrai en être heureux mais … En même temps, j’ai honte. Je m’en veux de ne pas avoir eu un quelconque … Enfin non ! Elyséa, tu es vraiment très belle et j’étais surement vraiment ailleurs. »

« Tu t’en veux de ne pas avoir eu d’érection ? Tu es blessé, Kéran. Et puis, c’est tant mieux, non ? Cela montre que nous sommes au-dessus de tout cela dans nos relations, voilà tout. »

Il remarquait … une petite pointe de déception chez elle. Enfin, il se l’imaginait surement … mais elle avait vraiment tout nettoyé … et cela pendant un mois. Et puis … Enfin ! Mais à quoi est-ce qu’il pensait ?!

Il aimait Katérina ! Enfin, il lui était fidèle ! Ne pas avoir de réaction face aux mains d’une autre femme, il devait être fier de lui ! Vraiment très fier même ! Elyséa et lui, c’était deux mondes différents. L’un était vivant, l’autre était morte.

« C’est tout … Rien de plus … Rien d’autre. »

« De quoi, Kéran ? Qu’est-ce que tu t’imaginais ? Bon … Il faut que je te sèche. »

« Hein ? Ah oui … Bien entendu. Non, rien de spécial, rien du tout même. Ne t’inquiète pas pour ça, Elyséa. Je me disais juste que j’avais de la chance d’avoir une personne aussi proche de moi dans ces moments-là. Et puis … Aussi gentille. »

« Tes paroles sont mensongères mais je ne t’en veux pas. »

Et puis … Elle était flattée maintenant. Pourquoi ? Car elle était en train de l’essuyer et elle avait la réaction de Kéran à cette hauteur. Il n’avait surement rien remarqué mais … Elle était souriante et heureuse. Pourtant, elle ne fit rien, elle ne s’attarda pas sur cette partie de son anatomie. Rien du tout … Rien …

« Maintenant, il faut que je t’habille, Kéran. »

« Elyséa ? Demain ou après-demain, tu voudras bien que l’on se promène dans les alentours ? Tu me tiendras par le bras ou la main pour que je ne tombe pas mais ça me ferait du bien de reprendre un peu l’air frais. »

« Pas de problèmes, Kéran. Tout ce que tu voudras, ça ne me dérange pas du tout. Et puis, oui … Il faut que l’on sorte un peu et que tu fasses de la marche. On fera aussi quelque exercices et on te remusclera un peu tout ça. Bien entendu, on verra aussi pour te nourrir correctement et ensuite, je pense que … »

« Ohla, ohla. Ne t’emporte pas, Elyséa. On va y aller calmement. »

« Mais il faut quand même se dépêcher … pour que tu ailles retrouver Katérina, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas que … »

« Elyséa ? On prend notre temps. Je ne suis pas pressé de la revoir. Pendant plus d’un mois, il s’en est passé des choses. Et pourtant, Sélia et toi, vous m’avez confirmé qu’il n’y a eu aucune tentative pour me retrouver, non ? »

« Qu’est-ce que … tu veux insinuer par-là, Kéran ? »

« Que même si je l’aime … Et j’espère que c’est sincère de l’autre côté … Juste que j’ai l’impression qu’elle n’est pas forcément très pressée de me rechercher. Elle doit être en train de s’entraîner durement. Et puis, elle est avec Loa et Harno, elle n’est pas seule. »

« Bien sûr que non … C’est vrai, Kéran. Je vois … »

« Sauf si ça te dérange tellement de passer un peu de temps, seule à seul. Et puis, nous avons besoin de parler entre nous, n’est-ce pas ? »

« … … … Si tu insistes, Kéran. » répondit avec neutralité alors qu’il était à nouveau correctement habillé. Elle vient le déposer à nouveau dans le lit.

« Le plus irritant … C’est l’impression que tu ignores ce qui s’est passé, Elyséa. Moi, je ne peux pas m’empêcher d’y repenser. »

« N’y pense plus. Il ne s’est rien passé, rien du tout. »

Elle pouvait dire ce qu’elle voulait, lui, ça l’irritait. Même s’il … recommençait parfaitement ce qu’il avait avec elle … Il ne pouvait pas l’oublier. Et c’est pour ça qu’il considérait que sa relation avec Elyséa avait vraiment changé depuis son réveil. Et ça … Il ne voulait pas le nier. Il allait tout faire pour qu’Elyséa comprenne qu’il n’accepterait plus son absence d’émotions dorénavant. Il espérait juste que ça ne le mènerait pas sur une mauvaise pente.

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