Chapitre 265 : La fin d’un homme

ShiroiRyu
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Chapitre 265 : La fin d’un homme

« Kéran … Je … Je n’apprécie pas ce que tu as fait. »

« Elyséa, je l’ai fait pour le meilleur. Je sais ce que j’ai fait … Je le sais parfaitement. Je pense que c’est mieux pour lui. »

« Tu as souvent tué … Tu as tué bon nombre de personnes qui le méritaient mais là … Je ne peux pas accepter ça, Kéran. Pas du tout même. »

« Ce n’est pas grave, Elyséa. Mais … Sache que ça sera le mieux … Que c’est ce qu’il fallait faire. Au moins, il sera heureux … s’il comprend. »

Comprendre quoi ? Elle-même ne saisissait pas la portée des paroles de Kéran, ce qui était vraiment étrange. Le jeune homme avait une certaine aura maintenant, une aura indéniable et impossible à cacher. Il semblait … plus mature.

« Nous n’avons pas à rester ici, Elyséa. Il faut retourner auprès de Katérina et des autres, tu as vu ce qu’est devenu ce Noctunoir ? Enfin, ce fichu Karos ! »

« Oui … On peut même l’apercevoir au loin. »

Elle changeait de conversation, comme lui … C’était la meilleure chose à faire. Elle lui en voulait pas un peu pour ça … pour Hansanio mais en même temps, elle lui faisait confiance. Kéran avait fait surement quelque chose … pour ça. Il se doutait de quelque chose.

Non-loin, Hansanio était couché au sol, ne bougeant plus. Il respirait simplement et bruyamment, observant le ciel recouvert par les nuages noirs. Sa respiration était lourd et saccadée, signe qu’il n’en avait plus pour très longtemps.

« Pourquoi ? Pourquoi je devrai m’excuser ? POURQUOI ?! »

Cette foutue gelée verte ! Il avait senti le moment où elle avait tenté de le posséder … mais étrangement, cela n’avait jamais été totalement le cas. Comme si quelqu’un avait réussi à le défendre. Mais en même temps, il n’avait pas pu apprécier réellement … ses pensées.

« Stupide ! C’est complètement stupide ! COMPLETEMENT ! Je l’ai jeté comme une malpropre ! Complètement ! Elle n’est plus là ! »

Ca ne servait plus à rien alors de continuer ! Plus rien du tout ! Plus rien … Pourquoi est-ce qu’il haïssait tant cette Magirêve ? Pourquoi ? Dès le départ … Lorsqu’il avait rencontré la Feuforêve, il avait été parcouru par cette envie destructrice.

« Une pokémon spectre qui apparait quelques semaines après qu’elle soit morte … Comme pour me narguer … Hahaha … »

Hahaha ! C’était juste aberrant ! Cette spectre qui était venue … pour se moquer de lui. Pour lui montrer que ça ne servait à rien de lutter contre les morts. Il avait tout perdu … à cause de lui. Elle était morte car il s’était disputé avec elle. Il avait voulu rejoindre l’Enceinte aux Esclaves mais elle avait refusé.

« Dire que je pensais me fiancer avec elle … Je voulais un bon métier mais la Sainte Alliance était ringarde, complètement ringarde. »

Et puis, il savait se battre … Alors, il s’était dit que l’Enceinte était pas si mal. Mais elle n’avait pas voulu. Elle criait que cela était trop dangereux pour lui, qu’elle ne voulait pas s’inquiéter de ne pas le revoir revenir chaque jour.

« Mais … On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraiche. Il fallait … de l’argent … Je voulais la combler et lui offrir une bonne vie. Hahaha … La seule chose que je lui ait offert, c’est une mort horrible, complètement horrible. »

Il éclata d’un rire sinistre, le genre de rire qui glace les os avant de se mettre à sangloter. Pourtant, aucune larme ne vint glisser le long de sa joue. Il murmura :

« Et cette Feuforêve… Qu’est-ce qu’elle comptait faire ? Je l’ai brisée … Je l’ai manipulée … J’en ai fait des choses horribles chez elle … mais elle est toujours restée. Stupide créature … qui est capable de parler. Elle ne m’a … jamais abandonné … sauf maintenant. »

Pourquoi est-ce qu’elle reviendrait ? Pourquoi donc ? Cette fois, il n’y avait pas de retour possible. Pas du tout même … Tant mieux. C’était de sa faute … et ce Noctunoir était particulièrement horrible.

« Au moins, elle pourra aller pourrir la vie de quelqu’un d’autre … qui fait moins de conneries que moi. Ca ne peut être que bon … »

« Pourrir la vie ? » murmura une voix féminine alors qu’il aurait bien sursauté mais son corps ne le lui permettait plus.

Il tourna son visage vers la droite, apercevant la Magirêve qui sortait du sol. Qu’est-ce que ça voulait dire ? POURQUOI ?! Il sentait déjà la colère l’envahir.

« Qu’est-ce que tu fous là ?! Dégage ! Je suis mort ! JE VAIS MOURIR ! »

Pourquoi est-ce qu’il s’énervait autant contre cette Magirêve. Qu’est-ce qu’elle faisait de mal ? Contrairement à la majorité des spectres et des pokémons ténébreux, elle n’était pas méchante, loin de là même.

« Si tu vas mourir, est-ce que je peux t’observer ? »

« Qu’est-ce que tu racontes ? DEGAGE j’ai dit ! Ne me force pas à me relever ! Tu n’as aucune décence ou quoi ?! Ca t’amuse ?! Tu dois être heureuse ! Celui qui t’infligeait ce traitement va mourir ! Même cette fichue gelée ne peut rien ! Elle est ancrée dans mon bras droit et ne peut rien faire du tout ! «

« Pourquoi te relever ? Tu es maintenant si faible … En fait, tu l’as toujours été … mentalement. Toujours été aussi faible. »

Elle eut un petit rire mauvais alors qu’il commençait à trembler. C’est ça … C’était donc ça ! IL SAVAIT CE QU’ELLE PREPARAIT ! IL LE SAVAIT MAINTENANT !

« TU VAS ME POSSEDER ! TOI AUSSI ! TU N’ATTENDAIS QUE CA ! »

« Peut-être ? Si c’était le cas ? »

Si c’était le cas ? Peut-être ? Elle se moquait de lui délibérément ! Elle se moquait de lui effrontément ! Elle … Elle avait attendu jusqu’au bon moment ! Elle était encore pire que les autres ! PIRE QUE TOUT ! PIRE !

« Tu es la pire spectre que je connaisse ! Tu joues avec l’être que tu accompagnes jusqu’au moment où il sera le plus faible et … »

« Je suis une Magirêve. Mes paroles sont des malédictions, ma présence une damnation. »

Et elle continuait ! Elle continuait ! Et … Ah … C’est bête mais … Il était déjà aussitôt calmé. C’est bête … Vraiment bête … C’était stupide mais il alla s’étendre sur le sol sans bouger maintenant. Il murmura :

« Je ne veux pas que tu possèdes … Mais tu le peux. Vas-y. Amuse toi avec ce corps devenu complètement inutile. Tu n’attends que ça. Au moins, ça me permettra de me faire pardonner pour tout ce que je t’ai fait subir. »

« Puisque c’est une telle invitation, je ne vais pas la refuser. Tu en es sûr ? »

« Fais-le avant que je ne change d’avis. De toute façon, il ne me reste que quelques minutes à vivre … donc bon … Avec le coup porté par Kéran .. »

« Alors, prépare-toi … Tu ne contrôleras plus ton corps. En fait … Si tu veux tout savoir, je ne sais même pas comment ça se passe exactement. »

Hein ? Elle n’avait jamais possédé avant ? C’est vrai ce mensonge ? Il voulut lui poser la question mais rien ne sortit de ses lèvres. Rien du tout même … Il se laissa faire, fermant les yeux alors qu’il sentait déjà la Magirêve qui s’infiltrait en lui.

« Alors … Je dois faire comme ça ? Ou comme ça ? »

« Hein ? C’est quoi cette voix ? Pourquoi est-ce qu’elle est différente ? »

« Surement car je parle directement dans ton esprit, non ? Je n’y connais rien mais comme je n’ai pas l’intonation d’une Magirêve, ça doit être différent, je crois … Je ne sais pas trop mais bref … Alors, c’est comme ça, la possession d’un corps ? »

« Je ne veux pas être possédé ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS ! »

« C’est trop tard maintenant … Hansanio mais ce n’est pas grave … »

Ce n’est pas grave ? De qui est-ce qu’elle se moquait ? C’était grave … Tellement grave même. Il ne voulait pas … Il ne voulait pas de ça. Stop ! Il en avait assez ! Il en avait tellement assez ! Il … Oh … Cette possession, pourquoi est-ce qu’il ressentait une telle chaleur en lui ? Pourquoi ? Il allait mourir … de toute façon.

« Hansanio, est-ce que c’est si mauvais ? »

« Mauvais ? De quoi ? Par rapport à quoi ? D’être possédé ? Bien sûr que oui ! Mais j’en ai plus rien à faire … Je vais mourir. »

« Je ne pense pas pouvoir te sauver … Kéran t’a mortellement blessé … Mais en même temps, je pense que tu peux encore survivre quelques jours … ou quelques heures. Je ne pourrai pas te sauver … Je suis désolée. »

« Qu’est-ce que tu racontes encore ? Je n’ai pas besoin que tu me sauves ! Je n’en ai pas besoin ! PAS DU TOUT ! De toute façon, il valait mieux que je meure ! »

Oui, c’était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Mourir … Comme ça … Ca aurait été tellement plus simple s’il était mort. Il n’aurait jamais vécu tout ça. Rien du tout … Et puis, au moins, il aurait pu la rejoindre plus rapidement. La voix de la Magirêve résonna dans sa tête, douce et chaleureuse :

« Tu sais que je peux lire dans tes pensées quand je te possède, Hansanio ? Tu veux la rejoindre … C’est bien ça ? »

« La ferme ! Ne lis pas dans mes pensées ! Laisse-moi au moins ça … Fais ce que tu veux avec mon corps mais laisse-moi tranquille ! Laisse mes derniers souvenirs … »

« Elle était belle avec son collier de perles rouge sang … n’est-ce pas ? Et ses cheveux violets … Et ses yeux rouges … comme les perles. Elle adorait se prendre pour une Docte. Elle disait que les spectres n’étaient pas mauvais. Mais toi, tu ne voulais pas l’écouter. Dire qu’elle voulait devenir talentueuse dans le tissage. Elle avait même confectionné un chapeau pour ressembler à son spectre préféré. »

« ASSEZ ! JE T’INTERDIS DE PARLER DE CA ! JE TE L’INTERDIS ! JE … »

Il s’arrêta dans ses propos, les yeux grands ouverts, le regard hagard. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Si elle était capable de lire dans ses pensées, même comme ça, elle ne devrait pas être capable d’en savoir autant … normalement …

« Sorcière, sorcière, je t’attraperai. Sorcière, sorcière, je te brûlerai. Sorcière, sorcière, ma flamme de l’amour te consumera. Sorcière, sorcière, toi et moi, ensemble, on restera. »

… … … Non. Non … Non … NON … NON ! NON ! ET NON ! NON ! NON ! NON ! Ce n’était pas possible ! Ce n’était pas ça ! Ce n’était pas possible ! ELLE NE POUVAIT PAS … ELLE NE POUVAIT PAS …

« Monstre … Monstre … Je suis un monstre … Un horrible monstre … Je suis monstrueux … Comment … Comment … Est-ce que … Pourquoi j’ai été aveugle ? Ah … POURQUOI ?! POURQUOI ?! POURQUOI MAINTENANT ?! TU AURAIS PU PARLER ! NON NON ! Je ne dois pas te crier dessus ! Ah … Ah … Ah … »

« Tu as toujours été si fragile … mentalement. Mais tu jouais avec moi malgré que les autres me trouvaient bizarre. Mais tu as toujours été faible psychologiquement … alors que tu restais à mes côtés pour que l’on s’amuse, toi et moi. Tu trouves cela anormal ? Que je continue de veiller sur toi car tu as toujours été si délicat ? »

Il ne répondit pas, pleurant seulement sans bouger de l’endroit où il se trouvait. Il continuait de pleurer, pleurer, pleurer, sans jamais chercher à s’arrêter. Il pleurait toutes les larmes de son corps alors que le froid recouvrant son bras s’était mis à disparaître. La gelée verte venait de quitter son bras reformé, celui-ci ne devenant plus rien … disparaissant comme s’il n’avait jamais existé auparavant.

« Ah … Ah … Ah … Ah … »

« Respire donc, Hansanio. Je veux te demander quelque chose … »

« Tout … Tout ce que tu veux … Tu possèdes mon corps … Mais tu possédais déjà autre chose m’appartenant depuis toutes ces années, Malié. »

Et cela faisait aussi quelques années qu’il n’avait pas prononcé son nom. De longues années même … Il ferma les yeux, prenant une profonde respiration.

« Peut-être que … ce n’est pas si mal de mourir … La mort peut nous réunir … »

« Mais avant, je veux que l’on fasse une chose, Hansanio. Est-ce que je peux te le dire ? »

Bien entendu qu’elle pouvait le lui dire, il l’écoutait attentivement même. Qu’est-ce qu’elle voulait lui proposer ? Elle avait une idée en tête … mais quoi ? Il était prêt à l’écouter. Et même … Si son corps se soulevait de moins en moins, entendre cette voix … lui réchauffait le cœur. Cette voix …

« Qu’est-ce que tu en penses, Hansanio ? Est-ce que … tu crois cela réalisable ? »

« Si c’est toi qui a eu cette idée … je le ferai. Combien de temps ? »

« Quelques minutes au grand maximum … Mais je crois qu’il se doutait de ça. Enfin … Que je serai là. Et tu sais … La femme en lui … »

« Je le hais … tellement … Je le hais tellement … mais plus maintenant. »

Il ne pouvait plus le haïr complètement. Il n’y arriverait pas. Il n’y arriverait plus. Il regarda juste devant lui. Il était d’accord … Il était d’accord avec Malié.

« Faisons ça, Malié. Faisons-le pendant qu’il me reste encore un peu de temps grâce à toi. »

« C’est ce que je voulais entendre de ta part … Et ne t’en fait pas, « l’autre côté » n’est pas si déplaisant que ça, je peux te le promettre. »

« Pas si déplaisant ? Je verrai surement … bientôt. »

Oui … c’était ça … Mais il restait une dernière chose à faire avant d’aller la rejoindre. Une dernière chose … Mais il fallait juste espérer que tout cela soit possible. Cela serait surement une façon … d’en terminer avec toute cette histoire.

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