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Chapitre 39 : Un mur impossible à stopper
« Lisian … Sincèrement, arrête. C’est vraiment perturbant. » murmura Earnos alors que Lisian était toujours accrochée à son bras.
Une bonne semaine était passée mais chacun s’adaptait à la nourriture qui consistait simplement à des cactus. C’était aussi simple que ça … Mais voilà … Ils n’avaient pas le choix et aucune ne s’en plaignait. On ne pouvait pas tout avoir dans son existence. C’est pourquoi ils continuaient d’avancer sans même réellement savoir où ils allaient.
« Hors de question ! Je n’ai surtout pas envie de me perdre ! » répondit la jeune fille.
« Tu ne risques pas de te perdre, Lisian. Tu le sais aussi bien que moi. »
« Non, je ne suis pas aussi sûre que toi à ce sujet. Je ne veux surtout pas te lâcher ! » s’écria-t-elle. Mais zut alors ! Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas comprendre qu’il en avait assez d’être agrippé de la sorte ? Ce n’était pourtant pas difficile à comprendre. Il tenta de la repousser mais rien n’y fit. D’ailleurs, il avait remarqué quelque chose d’étrange et de singulier pendant ces derniers jours.
Lisian … Lisian ne s’adressait jamais à Olistar ou Férast. Du moins, sauf quand il leur parlait. Alors, elle tentait de se mêler à la conversation et de se rendre plus intéressante. C’était une impression malsaine et mauvaise … comme si elle voulait essayer de s’accaparer tout son être, que ça soit son corps physique ou alors ses paroles. Elle ne voulait pas le lâcher … mais en même temps, elle ignorait ouvertement le Rapion et le Pomdepik. Et ça, il ne trouvait pas du tout que c’était plaisant, loin de là.
« Lisian, tu pourrais aussi parler à Férast et à Olistar hein ? »
« Je n’en ai pas envie, je ne vois pas pourquoi je leur parlerai. » répliqua la jeune fille sur un ton effronté. Elle ne semblait même pas comprendre le mal qu’elle était en train de faire.
« Ce n’est pas bien grave, Earnos. Si elle veut s’intéresser uniquement à ta personne, ça ne concerne qu’elle. Pour ma part, je ne vois pas ce que j’aurai à lui dire. » annonça Olistar, haussant les épaules avant de regarder autour d’eux.
Heureusement qu’Olistar était là pour les guider justement. Sans lui, ils se seraient perdus … ou plutôt, ils se seraient encore plus perdus. Il le savait très bien. Mais bon, qu’est-ce qu’il pouvait faire contre ça ? Rien du tout. Et Lisian qui ne le lâchait pas d’une semelle. Elle était vraiment collante ! Il avait l’impression de retrouver Herakié mais en pire ! Et c’était peut-être parce qu’il était plus grand maintenant mais ça devenait plus qu’exaspérant.
« Lisian … Relâche-moi maintenant. » murmura-t-il sur un ton sec.
« J’ai dit que … Bon d’accord. D’accord … Pfff … Mais on se donne quand même la main. » annonça la jeune fille aux cheveux bruns en le regardant après quelques secondes.
« On peut faire cela … si tu veux vraiment ne pas te perdre. Mais ne recommence plus ça. » termina-t-il de dire sur le même ton qu’auparavant. Est-ce qu’il était en colère ? Elle n’osa pas poser la question mais il était vrai qu’il parlait d’une voix un peu … froide.
D’autres jours s’écoulèrent mais aucune avancée. Finalement, ils durent faire une pause à cause de la fatigue et de la chaleur. Heureusement qu’Olistar était là, heureusement qu’il était là, il n’arrêtait pas de se dire ça quand il voyait le Rapion. Sans lui, ils seraient déjà morts tous les trois, depuis longtemps même.
« Puis-je proposer une idée, Earnos ? » demanda Férast.
Sur le coup, le Coconfort comme les deux autres enfants clignèrent des yeux plusieurs fois, semblant abasourdis par ce qu’ils venaient d’entendre. C’était bien … Férast qui venait de dire cela ? Celui qu’ils connaissaient tous ? Earnos fit un petit geste de la main en disant :
« Pourquoi pas ? Elle ne peut pas être mauvaise pour que tu veuilles prendre la parole. »
« Mon idée est très simple : quittons ce désert et n’en revenons plus. Je ne crois pas que ça soit possible de travers le désert. Nous devrions faire marche arrière. »
« Impossible. » coupa Olistar, les trois têtes se tournant vers eux. « On ne peut pas revenir en arrière, malgré tout ce que tu désires. La raison est simple : nous sommes perdus dans ce désert. Est-ce que tu te rappelles de chaque chemin que nous avons pris dans le sable depuis plus de dix jours, voire deux semaines ? Si tel est le cas, on a nos chances. Si tu te trompes, c’en est fini de nous. Je me base par rapport à ce que nous faisons. »
« Je suis d’accord avec Olistar, désolé Férast. Nous n’allons pas abandonner maintenant alors que nous ne savons pas si nous sommes proches ou non. Olistar nous guide vers les endroits où se trouvent le plus de Cactus pour que nous puissions survivre. C’est grâce aux gourdes remplies d’eau que nous survivons … C’est grâce aux fleurs cueillies par Olistar que nous avons à manger. On ne peut pas arrêter maintenant. »
« Je comprends. Pardonnez-moi pour cette idée, Earnos. » murmura le Pomdepik, baissant la tête d’un air déçu. Earnos reprit aussitôt, sentant qu’il avait fait une bêtise :
« Mais attends un peu, Férast ! Si tu en as d’autres, je serai ravi de les écouter ! N’est-ce pas, Olistar ? N’est-ce pas, Lisian ? Ca fait du bien que tu proposes ça ! »
« Oui, bien entendu. Et ton idée n’est pas stupide, loin de là. Je comprends parfaitement que tu voudrais rentrer mais maintenant, ce n’est plus possible. » continua le Rapion après les paroles du Coconfort. C’était vrai que c’était spécial et ils ne devaient surtout pas abandonner ça ! Pour une fois qu’il prenait la parole …
« T’est du genre à ne pas l’ouvrir inutilement, c’est tout, le Pomdepik. » conclut Lisian en pouffant d’un air hautain. Même si ça n’en donnait pas l’impression, elle venait aussi de le complimenter, c’était donc une bonne journée.
« D’accord … Mais alors, nous devrions reprendre la route le plus tôt possible. » termina de dire Férast avant de se lever.
Oh bien entendu ! Ils étaient tous d’accord sur ce point. Les trois autres enfants vinrent se lever à leur tour. Il valait mieux pour qu’ils repartent le plus rapidement possible. Même s’ils ne savaient pas où se rendre, avec de la chance ou peut-être quelques recherches, ils finiraient par trouver des indices sur la localisation de ce peuple du désert.
« C’est quoi cette tempête ?! »
La nuit allait tomber … ou presque … mais avec une telle tempête … C’était impossible d’espérer dormir ou mettre une tente. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Et Lisian qui avait crié pour avoir une explication ! Les trois garçons restaient stoïques, chacun comme à son habitude. Ce fut Olistar qui brisa le silence :
« Ils sont de l’autre côté … Ce sont eux qui veulent nous empêcher d’avancer. »
« Le peuple du désert veut nous empêcher de les trouver ? C’est cela ? » demanda Earnos pour confirmer les dires du Rapion.
« Je réitère mon idée de faire marche arrière. Nous ne sommes pas la bienvenue, Earnos. » dit Férast, Lisian répondant aussitôt :
« Je suis d’accord avec le Pomdepik sur ce point. Ça me tente pas vraiment … »
« Hors de question de reculer maintenant. Restez derrière moi, nous allons traverser cette tempête. » affirma le garçon aux cheveux blond dans son armure dorée.
Le peuple du désert … Ceux qui avaient des réponses à ses questions … Sur Douély, sur le royaume, sur le passé du royaume … Sur tout ce qui se passait ! Il n’allait pas reculer maintenant … NON ! Ses deux rouges semblèrent briller avant qu’il ne lève le pied droit pour l’abaisser quelques centimètres plus loin devant lui. La tempête se fit bien plus violente, Olistar comme Férast et Lisian se retrouvant renvoyée en arrière. Seul Earnos était encore debout, continuant d’avancer comme si de rien n’était.
« Diri … Diri … Mettez-vous derrière lui et vite ! »
Olistar venait de crier, se redressant tout en aidant Lisian et Férast à faire de même. Rapidement, les trois enfants se placèrent derrière Earnos. C’était bizarre … Ils pouvaient marcher facilement derrière lui … comme si le vent ne venait pas les atteindre. D’ailleurs, pas un seul grain de sable ne les toucha.
Tous pouvaient voir que le sable passait à côté d’Earnos comme repoussé par quelque chose d’invisible et pourtant, bien présent. Ils n’avaient aucun souci pour marcher et pourtant la tempête redoublait d’effort pour tenter de les repousser. Pendant un court instant, les pieds d’Earnos glissèrent en arrière, le jeune garçon aux cheveux blonds serrant les dents sous son casque doré. Il murmura :
« Mon corps est d’acier, mon âme est de fer … Empêchez-moi d’avancer, vous ne ferez que retarder ma venue. Continuez donc … inlassablement … mais vous ne pourrez m’arrêter. »
Un court moment, les yeux du Rapion s’écarquillèrent. Ce qu’il venait de voir devant Earnos … Une sorte de mur. C’était un mur invisible. Le garçon aux cheveux blonds venait de créer de quoi lutter contre la tempête. Et ils allaient traverser cette tempête grâce à lui ! Il était sûr d’avoir fait le bon choix en lui faisant confiance. Il n’y avait pas à regretter sa décision.